N° 11.] LE [Novembre 1881 CHRETIEN BELGE ,V W SOCIETE EYANGELIQUE (eglise chretienne missionnaire relge). § 1. — Finances. Un ami de Liverpool nous fait dire qu’il souscrit pour 100 livres sterlings, soit 2,500 francs, a condition que nous trouvions d’autres amis qui souserivent ou nous remettent 900 livres ou 22,500 francs, pour former une sorame de 25 mille francs qui fasse disparaitre le de- couvert de la Caisse. Ce qui nous a eie remis jusqu’a ce jour pour le deficit monte k pres de 8,000 francs ; il faudrait done trouver encore un peu plus de 14,000 fr. pour remplir la condition que le genereux dona- teur de Liverpool met a sa souscription de 2,500 fr. Nous clonnons connaissance de cette offre aux membres de nos con¬ gregations et aux amis de l’ceuvre, sans ajouter de reflexions, mais non sans regarder a « Celni qui tient les cceurs dans sa main et les in¬ cline comme des ruisseaux d’eau. » L. A. § 2. -— Quelques sujets de priere . Si nous prenons la liberte d’en recommander quelques-uns aux amis et aux membres de nos Eglises, nous ne pretendons nullement en epuiser la liste. L’ete dernier, l’un de nos pasleurs, M. Cacheux, de Lize-Seraing, a acheve la quarantieme annee de son entree au service du Seigneur et en meme temps au service de la Societe evangelique. Ses collegues, reunis le mois dernier a Bruxelles en conference theologique, out ete heureux de saisir cette occasion pour remettre a M. Cacheux un sou¬ venir de cet important anniversaire et pour Ini temoigner leur sincere estime et leur affectueuse et respectueuse affection. Ils ont en meme temps rendu graceh Dieu, de ce qu’il a accorde a son serviteur un mi- nistere fideie et abondamment beni; ils ont demande au Seigneur de lui conserver et de lui renouveler ses forces, afin qu’il puisse rester long- temps encore au milieu de nous et a la tete de sa nombreuse Eglise. Si cette manifestation de r£elle fraternite chretienne a produit sur nous 242 LE CHRfiTlEN BELGE, tous une impression douce et benie, elle nous a monlre aussi que Jes annees s’ecoulent rapidement, et que plusieurs de ceux qui ont ete les premiers et sont encore, Dieu soit b6ni, des plus vaillants, blanchis- sent pourtant au travail. Combien il serait desirable, k vues humaines au moins, que le Co¬ mite administrateur put appeler de jeunes pasteurs, qui soulageraient nos chers veterans dans leur labeur souvent trop rude, qui se forme- raient sous leur direction et seraient mis ainsi au benefice de leur longue experience. II nous semble done qu’un double et serieux sujet de prieres s’impose a tous les membres de nos Eglises : demander au Seigneur d’abord de fortifier puissamment nos peres en la foi afin qu’ils demeurent longtemps encore a notre tete, puis d’envoyer de jeunes ou- vriers dans la moisson si belle qu’Il nous accorde en Belgique. M. le pasteur A. Brocher, de Sart-Dame-Avelines, est parti au com¬ mencement de ce mois pour Londres pour faire connaitre aux chr£- tiens de cette ville les benedictions et les besoins de Pevangelisation de notre pays. Le Comite administrateur a aussi invite M. le pasteur Kennedy Anet, de Jumet, a faire dans le courant de decembre un voyage dans le meme but en Hollande. N'oublions pas non plus dans nos prieres ces freres et la difficile mission qui leur est confiee. §3. — Fails encouvageanls. Une conference publique a Liege. — M. le pasteur L. Durand a donne, le dimanche 6 novembre, dans le temple, une conference annoncee par la voie des journaux. L’annonce portail : « Conference publique avec defi a tout pretre ou la'ique catholique romain. Sujet: La transubstan¬ tiation % doqme absurde. Apres la conference la parole sera donnee k lout pretre ou laique qui acceptera le defi ». Le pasteur de Liege re- nouveiait ainsi le defi porte au P. Gfiislain (voir Chretien beige , N° de septembre, p. 197-199). A cinq points enseignes par les docteurs ro- mains, il a oppose neuf theses qu’il a developpees ; nous venous de les recevoir mais malheureusement trop tard pour etre inserees dans ce numero. Le public est accouru en foule ; au moins 1,000 personnes se pressaient dans le temple ; les escaliers des galeries et les couloirs etaient remplis ; bon nombre ont du repartir sans trouver de place. Pendant une heure et un quart l’orateur a ete eeoute avec une religieuse attention ; il a termine en demandant aux defenseurs du dogme romain de s’avancer ; mais nul ne s’est presente. A la sortie 64 catholiques ro- mains se sont procure les deux defis publies parM. Durand. LE CHRETIEN BELGE. 243 Dieu veuille que cette conference ail eclair^ bien des ames encore plong(5es dans les ienebres de FEglise de Rome. L’ evangelisation dans les campagnes. — Pendant longtemps les po¬ pulations de nos campagnes ont ete pour ainsi dire inaccessibles & Fevangelisation. Graces en soient rendues a Dieu, notre champ de travail commence a s’elendre dans cette partie du pays; si nous n’avons pas h y constater des moissons aussi abondantes que dans nos nombreuses populations industrielles, nous avons pourtant des sujets d’etre encourages : ainsi a Sart-Dame-Avelines, Court-Saint-Etienne et Morville, qui sont, comme on le sait, de tondation recente. Nos lecteurs se rappellent les details que nous avons donnes le mois dernier sur une course d ; evang£lisation faite dans le canton de Beau- rairig. Le journal liberal de Dinant a consacre un article fort sympa- thique a la conference donnee a Beauraing meme ; en voici quelques extraits : « L’attitude calme et silencieuse de cet auditoire de 218 per- sonnes temoignait du respect qu’imposait la parole de cet homme selon Dieu... Sa morale saine, les verit£s frappanles qu’il a revel£es ont laisse dans l’esprit de plusieurs de ses auditeurs, de ceux-la notamment qui n’avaient jamais entendu qu’une cloche, partant qu’un son, des traces qui ne s’effaceront pas de sitot,nous en sommes convaincus... C ; 6taient pour la plupart des gens intelligents, bien poses, des gens qui vont tous les dimanches ecouter le cure au prone, mais qui, sommeillant d’habitude a ses sermons politiques, pretaient ici une oreille attentive a la parole austere et lumineuse du disciple evangelique. Nous avons entendu plusieurs d’entre eux, apr&s le sermon, dire : « Au fait cet liomrne a raison, on nous trompe. » Que M. X. coniinue a donner ici de temps en temps des conferences de ce genre, et nous osons lui pre- dire quelles porleront leurs fruits et que sa doctrine sera comprise. » M. le pasteur J. Nicolet ecrivait dans son dernier rapport trimes- triel, le 23 septembre :« II semble, d’apres certains indices, que les campagnes soient plus ou moins preparees a recevoir la bonne nouvelle de l’Evangile. Pendant une douzaine de jours que je viens de passer a Spa, j’ai fait plusieurs courses dans les environs en dislribuant des traites et des portions des Ecritures, qui ont toujours ete regus avec reconnaissance. Deux anciens bourgmestres ont achete des Nouveaux Testaments. » Dans un de ses rapports de rannee derniere un lecteur de la Bible raconte ce fait interessant : a Comme j ; etais en conversation, sur le seuil de ma porle, avec un ami, je fus aborde par un homme qui me demanda si je netais pas le 244 LE CIIRfiTIEN BELGE. colporteur. Je le fis enlrer et, en lui presentant mes livres, je leques- tionnais. II me dit: « Jc ne suis pas de ce pays, mais il y a deux ans et demi j’ai eu l’occasion d’enlendre prGcher I’Evangile k V., et depuis lors ma conscience ne m’a plus permis de suivre les ceremonies de l’Eglise de Home. Dieu m’a fait la grace de me ramener encore une fois dans ce pays et j’ai voulu en profiter pour me procurer sa Parole. II me la faut, carje desire beaucoup trouver le saint et la paix de mon arne. » — II me donna son nom el son adresse. II habite une commune fort retiree dela province de.Namur. II me demanda une douzaine de Nou- veaux Testaments, qu’il voulait distribuer parmi les habitants de son village, et me recommanda de prier pour lui et pour ses voisins. Nous priames ensemble et il me quitta tout heureux apres 1’entretien pro- longe que nous avions eu et l’acquisition qu’il venait de faire de la Pa¬ role de Dieu.» Enfin un lecteur de la Bible ecrit dans son rapport du mois dernier: « Je suis alie, accompagne de deux amis, jusqu’au hameau d’Aude- chais.silue a trois quarts d’heure de Braine-le-Chateau,sur la commune de Braine-l’Alleud. Arrives dans cet endroit, nous avons annonce, de maisou en maison.une reunion dans le centre. A 1’endroit designe nous entonnames le chant « Source feconde », si connu des ouvriers qui travaillent a Bruxelles; nous n’avions pas fini ce cantique que nous etions entoures de plus de soixante a septante personnes. J’adressai a cel auditoire improvise une allocution d’une vingtaine de minutes, je lis la piiere^ i.ous chantames encore un hymne, je fis une distribution de trades et je vendisdeux Nouveaux Testaments. » CEuvre suivie de la Bible dans les maisons. — A B..,, raeonte un lecteur de la Bible, j’entre dans une maison et la femme conteste avec moi que la religion catholique esl la bonne. Mais je lui demande si elle eslassuree de son salut et cette question la reduit au silence. J’en pro¬ file pour lui annoncer PEvangile, puis lui propose de prier. Elle accepie et quand j’eus termine je la trouvai tout en larmes. « Comment ai-je pu si longtemps resister aux appels de Dieu ! » s’ecrie*t-el!e. « Il faut que je vous Vavoue, nous lisons la Bible avec mon man et il m'a souvent dit qaeje me repentirais de ne pas Vaccepter comme la Parole de Dieu. Il voulait depuis longtemps suivre vos cubes et je l’en ai toujours empe- che. Je suis bien coupable. Je ne veux plus resister maintenant. Be- venez me voir le plus tot possible et priez pour moi. » Ecole du dimanche missionnaire. — Il vient de s’en fonder une a Couillet pres Charleroi, dans des circonstances qui permettent d’esp^- rer qu'avec la benediction de Dieu^ elle prosperera. Le premier diman- LE CHRETIEN BELGE. 245 chc 23 enfants catholiques etaient presents, aecompagues de leurs parents; le troisieme dimanche il y en avait 28. IIs apprennent regulie- rement leurs versets. — Dans les deux ecoles missionnaires de Jumet le nombre des enfants a sensiblement augmente ; a Heigne, it y a eu le dimanche 6 novembre 53 enfants et au Montagnard 96. LE V(EU DE JACOB (1) < Je te donnerai la dime de tout ce que tu me donneras. n (Genese XXVIII, 22). En examinant le voeu de Jacob, ce patriarche nous apparait vraiment grand, digne deservir de modeleaux riches etaux pauvres, en particulier aux jeunes gens. II ne possede que son baton de pelerin, mais il prometa son Dieu de lui donner la dime de tout ce qu’il gagnera... Il travailla, travailla durement, comme il le dit plus tard. Il n’atlendait rien du hasard, mais tout de son travail, et promit de donner la dime du fruit de ses sueurs. Plus d’un jeune homme reussirait mieux dans le monde si, au seud de sa carriere, il prenait garde au voeu de Jacob, afin de Limiter. Si Ton se presen tail aujourd’hui, je ne dis pas devant tous, mais seulement devant les chretiens, pour reclamer la dime des biens qu’ils oat regus ou acquis, Ton serait souvent fort mal accueilli. Yoila un grand nombre de chretiens riches, dont Dieu a beni les possessions terrestres. IIs donnent leur contribution, souvent fort belle, pour le regnedeDieu; mais e’est chez un petit nombre d’entre eux qu’elle s’eleve au dixieme du revenu. La dime du millionnaire forme unc somme importante. On trouve naturellement que e’est trop, et qu’avec la dime de la dime out pent deja faire ga et la do belles largesses. Et l’homme sans fortune, qui vit d'un gain limite, devrait aussi en sacrifice la dixieme partie! Gela ne se peut pas; il a deja taut de peine a joindre les deux bouts. « Oui, dit-il, si j’etais riche, si je n’avais pas tant de soucis et pouvais considerer l’avenir sans inquietude, je m’engagerais volontiers a faire comme Jacob. » G’est ainsi quechacun trouve quelque excuse pour se dispenser de cette regie. On pretend que personne n’a le droit de demander au chretien le voeu (1) Extrait du Pelerinage de Jaco\ ou, le pdche de I'homme et la misdricorde de Dieu, par C. Wagner-Groben. 1 vol. in-12. Lausanne, Mignot, 246 LE CHRETIEN BELGE. que fit Jacob. Ce serait se placer, dit-on, sur le terrain de l’Ancien Testament, attendu que nulle part dans le Nouveau il ne nous est present de donner la dime... II est vrai que le Nouveau Testament ne nous present nulle part de donner la dime comme le faisait l’Ancien; mais est-ce a dire qu’il ne nous commande rien ?... Quiconque lit avec attention Matth. VI, 21-34; Matth. XIII, 44-46; Luc XVI ; 2 Cor. VIII, 9, et bien d’autres passages encore, quiconque se penetre de l’esprit du Nouveau Testament reconnaitra que pour le chretien les biens terrestres ne sont qu’un moyen d’atteindre un but plus eleve : l’avance- ment du regne de Dieu. A vrai dire, un chretien ne possede rien en propre. II devrait regarder les ricliesscs comme « quelque chose qui est a aatrui » (Luc XVI, 12), comme un moyen de se faire des amis au pres et au loin, comme un bien que Dieu lui a confie dans le but d eprouver sa fidelite et de lui montrer a quoi son cceur s’affectionne surtout. Comment peut-on serieusement parler de ses possessions, de sa fortune, alors qu’on s’est vraiment donne au Seigneur? Car alors notre vraie richesse, e’est le Seigneur lui-meme et ses biens celestes. Quand on appartient veritablement a Dieu, on lui appartient, non- seulement avec la dime de ce que Ton a, mais avec tout ce que Ton a, et Ton doit etre en mesure, comme fetaient les premiers chretiens, de lui donner tout, si cela est necessaire, ou de lui donner quelque chose de plus que la dime, ou tout au moins la dime, qui dejh devait etre offerle sous l’anciennc alliance. Celui qui, se plagant au point de vue de la nouvelle alliance, s’imagine pouvoir entendre la liberte chretienne de telle maniere que ses propres besoins et ceux de sa famille l’autori- seraient k ne donner que fort peu pour le regne de Dieu, court le danger de n’etre d’accord ni avec I’Ancien ni avecle Nouveau Testament, mais de ressembler au jeune homme riche... Un des caracteres distinctifs du glorieux regne de notre Seigneur sur la terre, e’est l’humilite. Le roi de ce royaume, le Seigneur Jesus, a marche ici-bas comme un pauvre entre les pauvres, et e’est ainsi qu’il en doit etre encore de son royaume. Mais ce n’est pas ainsi que l’enten- dent les chretiens d’aujourd’hui. Les pites de la veuve, e’est-a-dire les dons qui exigent un sacrifice deviennent toujours plus rares. L’on donne de son superflu et voila tout. Celui qui n’a rien de trop ne donne rien. Or, avec le train de vie que Ton mene aujourd’hui, la plupart n’ont jamais trop, jamais assez. II y a, cependant, d’heureuses exceptions k cette maniere d’agir. II n’y a pas longtemps, je fus amene k traiter ce sujet dans unc explication biblique. Peu de semaines apres, je re^us d’une pauvre femme de ma LE CHRETIEN BELGE. 247 paroisse une aimable lettre accompagnee de la dime des recedes que, e avail faites pendanl un mois dans son petit commerce, et, dc plus el e me declarait vouloir avec Ic secours de Dieu, on faire autant da suite. Cette femme, abandonnee dc son mechant man, e eve - secours humain et par son soul travail, quatre pelits enfants^ Mamtenant et depuis des mois, elle m’envoie regulierement son offrande qm s eltve souvent jusqu’4 vingt francs par mois. Pendant un hiver on, par sui e dela stagnation des affaires, des centainesd'ouvnersfurent sans ouvrage ctdurent avoir recourse la bienfaisance pubbque pour 1 en.reticn de leur famille, cette femme n’a pas donne moins de 120 francs pour les Missions. C'estqu’elledonne la dime, non de ses benefices ma.s de ses recettes. Je suis persuade que. cette pieuse mere amasse 4 ses enfants, dans labanquede Dieu, un tresor qui leur sera d’une utilile plus grande nu’n n heritage, gugI ciu il soit. Ouelqu’un s’est-il jamais appauvri en faisant, d’uncoeur joyeux, de pieux dons pour la cause du Seigneur? Je ne le cro.s pas, je crois bien plutbt le contraire. Maint ouvrier ferait plus d economies avec son modeste salaire, s’il voulait en consacrer une pile au Seigneur, et tel capital n'aurait pas ete perdu ou gravement ebreche, s. on 1 avail fait servir dans une juste mesure ii l’ceuvre de Dieu. II va sans dire que lfseigneur n’a besoin ni de nous ni de noire argent, mais nous, n’avons-nous pas besoin de lui et de ses benedictions . ALLIANCE EVANGELIQUE. Appel k la pnifiRE. — 1-8 janvier 1882. Les comiles des diverses branches de 1’Alliance evangeliquc adres- setit l’invitation suivanlc aux chretiens du monde entier: Bien-aimEs frEres en JEsus-Christ. - Nous venous pour la lrente-c„i- quifemo fois nous adresser k vous, pour vous demander lnstammen de consacrer il la priere la premise semaine de 1 annee qm va s ouvrir vous exhortant 4 vous placer en tous beux sous 1 influence heme Sa L’empressement avec lequel il a toujours ete repondu 4 noire appel nous encourage 4 le renouvelcr aupres de vous. Le spectacle annu , donne par cet accord dans la prihre a ete bem pour 1 Lglise universelle. C’esl bien dans l’unitd de la foi que les croyants, malgre les differences LE CHRETIEN BELGE. 248 de langage, de forme ei de rite, se rassemblent chaque annee autour de leur commun Maitre ; nous avons l’espoir que, presses par l’esprit d’amour, vous accueillerez la presente invitation avec la meme favour que par le passe. Nous la publions done, en exprimant le voeu que ceux qui invoquent le Seigneur Jesus-Christ en sincerite, se rencontrent tcujours plus nom- breux autour du trone de la grace, pour y implorer du Seigneur qui esl le meme pour tous, un reveil de leur commune foi, un renouvellement de la force sanctifiante du meme Esprit et une plus riche manifestation de l’amour du Pfcre, duquel « loute la famille dans les cicux ct sur la terre tire son nom. » Nous nous permettons de vous proposer les sujets suivants, mais sans vouloir y limiter les besoins a exprimer. En presence de l’esprit de dereglement qui se manifeste partout, nous vous exhortons d’une fagon toute speciale a ce que « des requetes, des prieres, des supplications et des actions de graces soient faites pour tons les homines, pour les rois el pour tous ceux qui sont conslitues en diguile.carcelaest bon et agreable devant Dieu, nolie Sauveur.» Dimanche l er janvier. — Predications : « Ne crains point, jesuis le premier et le dernier ; et je vis ; mais j’ai ete mort ; et voici, je suis vi- vant aux siecles des siecles. Amen ! Et je tiens les clefs de l’enfer et de la mort. » Ap. I, IT, 18. Lundi 2. — Louanges et actions de grace : Rendre gloire a Dieu pour sa majeste souveraine, pour son regne aux cieux et sur la terre, et pour la certitude du triomphe definitif de ce regne. Rendre grace pour la fondation et l’extension du royaume de Christ; pour le don et l’effusion du Saint-Esprit; pour la liberte et la protection qui ont envi- ronne ceux qui out travaille, pendant 1’anneeecoulee, a la propagation de la verite ; pour la paix accordee aux grandes nations de la terre ; pour tous les dons dela Providence, pour les temoignages d’amour fraternel que les disciples du Christ se sont donnes entre eux; pour les nouvelles portes ouvertes a l’Evangile; pour la conversion des pecheurs et l’atfar- missement cl’eglises ; — et pour toutes les benedictions particulieres regues pendant 1’a inee. — Ps. CXLYI1I, XXXIII, CVII ; Hab. Ill ; Es. XXV ; Col. II, 1-16 ; Deut. XXXII, 1-14. Mardi, 3.— Confession et humiliation : Confesser nos infidelites aux enseignements et aux appels de Dieu ; noire manque de zele dans son oeuvre, l’insuffisance de notre foi a realiscr noire complete depen- LE CHRETIEN BELGE. 249 dance du Saint-Esprit ; nos legeretes, nos omissions, nos peches en paroles et en actes ; les occasions perdues, les peches nationaux, la profanation du jour du Seigneur et des choses saintes ; les peches de l’intemp^rance, de I’infidelite manifeste et de Fimmoralile grossiere. S 'humilier de ce que nous avons si mal combattu le bon combat et si peu cherche a faire triompher partout la cause du Christ. — Ps. LI; Osee XIV; Ez. XVIH, 20-32 ; Dan. IX, 3-20 ; Ps. XXXII; Michee VII, 18, 19 ; Joel II, 12-15. Mercredi , 4. — Prieres pour l eglise universelle : Demander h Dieu tous les dons du Saint-Esprit pour l’Eglise universelle, et pour chaque Eglise en particulier, afin qu’elles soient plus tideles, plus vivantes et entierement consacrees h son glorieux service ; que Dieu suscite des homines pleins de foi et du Saint-Esprit, qu’il repande des donsde connaissance, de parole, de foi, de puissance et de sagesse, qu’il accorde des pasteurs vivants, des maitres capables d’enseigner, des evangelistes et des ouvriers pleins de zele. Prieres pour une meil- leure observation du jour du repos, pour les progres de la temperance, pour la delivrance de ceux qui sont persecutes, pour le soulagement de ceux qui soufrrent, pour le succes dans le travail, le triomphe de l’Eglise et une sainte union de tous les hommes. —Es. XLIV, 1-9 ; Jean VII,37-43 ; Eph. I, 3-23 ; Jean XVI,1-15 ; 1 Cor. XII, 12-31 ; Rom. XII. Jeudi , 5. — Prieres pour la jeunesse et geux qui l’enseignent : Pour les parents chretiens afin qu’ils soient vivifies dans leur desir delever leurs enfants pour Christ; pour des chretiens remplis de dons spirituels, et propres a conduire les enfants et les jeunes gens a la connaissance de Dieu; pour une effusion du Saint-Esprit sur tous ceux qui s’occupent destruction ; pour les maitres des ecoles du dimanche et de toutes les ecoles publiques jusqu’aux professeurs des universites ; pour demander a Dieu de faire surgir dans la presse et dans la litteralure des hommes « puissants dans les Ecritures, » et revetus « d’une sagesse a laquelle les adversaires ne pourront contre- dire ni resister. » — Deut. XI, 18-28 ; 2 Rois XXII; Ps. CXIX 9-24 ; Prov. IV ; Col. III. Vendredi, 6. — Prieres pour les nations : pour qu’elles soient pre¬ serves de l’incredulite et de l’oubli de Dieu ; pour que les juifs et les mahometans soient amenes h confesser Christ comme leur vrai Sau- veur ; pour que les nations pa'iennes se detournent de leurs idoles, et tous les peuples de leurs peches ; qu’ils cessent d’aimerla guerre et de 250 LE CHRETIEN BELGE. la faire. Prieres pour que tous les hommes se soumettent de bon coeur aux lois et aux autorites; pour l’abrogation des articles de loi favori- sant la cruaute et le vice; pour la cessation du commerce de l’opium; pour que les souverains, les magistrats et tous ceux qui sont consti- tues en autorite soient eclaires de 1’esprit de Dieu et qu’ils recherchent de plus en plus la justice et la paix. Que la connaissance de l’Eternel couvre la terre. Jean XII, 20-36; Michee VII; Rom. XIII; Job XXXVI; Zach. VIII, 1-9 et 20-33 ; 1 Tim. Ill, IV, 1-5. Samedi 7. — Prieres pour les missions interieures et exterieures. Pour que le peuple de Dieu rende un temoignage fidele en face des er- reurs de ce siecle; pour que Dieu suscite des hommes et des femmes prels a tout donner et se donner eux-mSmes pour faire connaitre Christ a ceux qui Pignorent; pour le developpement spirituel des eglises naissantes, pour qu’elles croissenten nombre.en foi et en puis¬ sance ; pour qu’une benediction abondante repose sur les pasteurs in¬ digenes et les nouveau eonvertis des eglises missionnaires ; pour que les directeurs des oeuvres de missions soient conduits en toutes choses et remplis de sagesse ; pour une effusion du Saint-Esprit sur toute chair. — Acles VIII, 3448; Es. LIV ; Col. II, 1-15 ; Joel II, 21-32 ; Jean XIV, 12-27 ; Es. LV ; 2 Sam. XXII, 29-51. Dimanche , 8. — Predications : « La nuit est passee et le jour est approche. » Rom. XIII, 12. Note. — 11 est recommande aux presidents des reunions de manager entre les prieres des moments de silence de maniere a ce que chacun puisse supplier mentalement a ce qui n’aura pu etre exprime publiquement. Ce serait surtout desirable pendant les prieres de confession et cedes pour les families, pour les malades, pour les mourants. II n’est pas n^cessaire que ces intervalles de si¬ lence durent plus cl’une minute. LES APPELS DU SEIGNEUR (1). Je me tiens & la porte, et je frappe.. (Apoc. Ill, 20.) « Je me tiens it la porte et je frappe. » Celui qui profere ces humbles paroles, ce n’est pas, comme on serait presque tentc de le penser a premiere vue, ce n’est pas un malheureux presse par la faint; ce n’est (1) Extrait des Sermons et homdies, par T. Pertuzon. Voir Bibliographie ; page 2G0. LE CHRETIEN BELGE. 251 pas un de nos semblables dans la detresse. G’est celui devant le trone duquel les anges et les bienheureux jettent leurs couronnes; celui devant qui tout genou flechit dans le ciel, et devrait flechir sur la terre; celui qui est, dit la sainte Parole, « digne de recevoir honneur, gloire etlouauge aux siecles des siecles. » Quels tresors d’indulgenee, de sollicitude, de tendresse dans ce peu de mots adresses a l’homme pecheur« par le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs! » Se peut-il qu’un Etre si grand et si saint aille ainsi a la rencontre d un etre si petit et si impur; dun etre qui n’a repondu ses bienfaits que par Finsouciance ou Fingratitude, et a son amour que par la froideur ou la haine? Est-ce la ce que nous ferions, nous, lout remplis d’imperfections et de miseres que nous sommes?... Si, pendant que nous frappons a une demeure, on en fermait les portes sans meme daigner nous repondre, ne nous retirerions-nous pas le coeur ulcere et decides a n’y plus repa- raitre jamais? Eh bien ce que nous ferions, nous qui avons un si grand besoin de Findulgence de nos freres, Dieu, « le Dieu saint et juste, le Dieu dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, » ne le fait pas. Repousse par l’homme, non-seulement il ne 1’accable pas de son de- dain et de sa colere, mais il revient constamment a lui pour lui dire : « Mon fils, donne-moi, » oh! donne-moi done enfin « ton coeur. » 11 pourrait le laisser rouler dans l’abime sans que sa justice en regut la moindre atteinte; mais sa justice se voile et s’efface devant sa misc- ricorde. On dirait que Finiquit6 du pecheur n’a fait que redoubler l’amour de Dieu pour lui. Ce Dieu est bien veritablement ce tendre Pere qui voudrait presser de nouveau son enfant prodigue dans ses bras.... Il Favait cree pour etre heureux; il sait que s’il persiste a se tenir loin de lui sa destination est manquee, qu’il ne pourra trainer dans ce monde qu’une existence angoissee que suivra bientot une eternile de remords; et h la pensee de cette effrayante destinee, les entraillcs de Dieu s’emeuvent. Laisse dehors, il pourrait s’eloigner et s’eloigner sans retour; mais non, il ne s’eloignera point; non, il n abandonnera point sa pauvre et malheureuse creature; il la suivra d un regard compa- tissant, il Fappellera d’une voix emue et suppliante, lui repetant sans cesse : « Viens maintenant, viens et debattons nos droits. Quand tes peches seraient rouges comme le vermilion, ils seront blanchis comme la neige. » Que de moyens, en efi'et, mes chers freres, le Dieu Sauveur n’emploie- t-il pas pour vaincre la resistance des pecheurs, pour les arracher a leur indolence, h leurs illusions, a leurs convoitises, a leur endurcissc- 252 LE CHUETIEN BELGE. merit; pour ies amener, en un mot, k faireleur paix avec lui et a ren- trer ainsi dans sa communion! « Je me tiens a la porte et je frappe, » leur dit-il lui-meme. Oui, Dieu frappe k la porte des pecheurs; il y frappe de mille ma¬ nures et sans jamais se lasser, 11 y frappe par Taction incessante de sa providence, qui semble ne pouvoirse r^signer k leur rendre selon leurs oeuvres. II v frappe, nous Tavons deja dit, par la voix de la conscience qui leur crie que si le repos et le bonheur sont quelque part, ce ne peut etre qu’en lui. II y frappe tout particulierement par sa parole, « ce marteau qui brise la pierre, cette epee a deux tranchants qui penetre jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles, cette puissance de Dieu pour le salut des croyanls.)) II y frappe encore, a la porte des pecheurs, tantot par des bienfaits, par des secours ou des delivrances inesperees, pour les emouvoir et les gagner a lui; tantot par des revers, des pertes, des accidents, des afflictions, des chatiments,des fleaux, destines a leur mon- trer la vanite et l’instabilite de tout ce qu’on cherche et estime le plus ici-bas. II frappe aux portes des pecheurs dans tous les temps, dans tous les lieux et dans toutes les circon dances. Le jour et la nuit, le monde et la solitude, la sante et la maladie, la joie et le deuil, la crainte et la securite, la viedu foyer domestique et les evenements du dehors, les triomphes de TEvangile et les defaillances de la foi, les bons exem- ples et les scandales, la paix avec ses benedictions et la guerre avec ses atrocites et ses epouvantes, tout lui sertde vehicule ou d’echo pour faire entendre sa voix. .Dans cescirconstances et dans des milliers d’autres que je laisse a vos consciences le soin de vous rappeler, c’est Dieu meme qui se tient k votre porte et qui y frappe, c’est lui qui vous appelle et, vous sollicite de venir a lui pour avoir le pardon et la vie ; c’est sa voix qui vous parle et qui voudrait, dans l’interet de vos ames et en vue du sort qui les attend dans Teternit^, triompher enfin de vos hesitations, de vos d^lais, de vos refus ou de vos revoltes. Cest sa compassion qui vous reclame, c’est son amour qui vous poursuit et qui ne peut se re- soudre k vous delaisser. Pensez, ah! pensez k cet amour, lequel, dit 1’apotrePaul, « surpasse toute connaissance; d et efforcez-vous a son exemple, d’en mesurer «la largeur et la longueur, la profondeur et la hauteur. » Pensez ensuite k la maniere dont vous y avez repondu. Re- gardez k votre misere pour vous en humilier ; regardez a sa bonte infi- nie pour vous laisser flechir, c’est ce qu’il vous demande a tous avec instance lorsqu’il vous dit: c Voici je me tiens k la porte et je frappe.» Obeissez done, bien-aimes freres, obeissez k son appel; examinez- CE CHRETIEN RELGE. 253 vous, rendez-vous compte a vous-memes de l’etat de vos antes. Voyez si ce Dieu qui vous a en tout temps proteges, soutenus, supportes, mais dont la patience a pourtant des bornes; voyez si ce Dieu., votre createur, votre bienfaiteur, votre « haute retraite, » votre « grande esperance » apres tout, est en vous ou s’il en esl encore k frapper a vo¬ tre porte... Ah ! s’il etait vrai qu’entraines par I’exemple ou cedant a votre legerete naturelle, vous eussiez eu le malheur de le repousser jus- qu’k ce jour, ne persistez pas, au nom de votre avenir eternel, ne per- sistez pas plus longtemps dans cette resistance insensee.Dites-vousbien qu’il n’y a de paix que dans lesdemeures, ni de veritable joie que dans les coeurs ou Dieu est regu etglorifie, et permettez-lui, ou plutbt sup- pliez-le vous-memes de prendre enfin dans votre demeure et dans votre coeur la place qui lui appartient, lui disant du fond de votre ante: II n’y a, 6 mon Dieu ! que de fois ne l’ai-je pas eprouve, il n’y a de force, de consolation, de salut qu’en Toi; oh! je ne veux plus, Seigneur, nonjene veux plus desormais repousser tes appels, ni « te laisser aller que tu ne m’aies beni. » REVUE CRITIQUE. •leau-Louis I*aschale et les martyrs de Calabre, par A. Lombard. G. Fiscli- bacher, Paris, 1 vol. in-8 de 108 pages. — 2 fr. 50. Ce volume que nous presentons a nos lecteurs, decrit l’histoire dou- loureuse des Yaudois du Piemont qui vinrent s’elablir en assez grand nombre en Calabre dans le courant du XIV me siecle. Deja bien avant cette epoque, apres les massacres des Albigeois au Midi de la France, beaucoup de proscrits s’etaient refugies en Italie, quelques-uns s’etaient diriges vers la Calabre, ou ils se tenaient caches dans les pro- fondeurs des vallees. Ils regurent le nom d’ultramontains, c’est ainsi qu’on designait alors les pauvres de Lyon et les Yaudois qui venaient, dans ces contrees lointaines, chercher un abri pour echapper aux poursuites dont ils etaient l’objet dans la haute-Italie. Pendant plus de deux siecles, cette colonie vecut, paisible et ignoree, cultivant les terres des seigneurs ca- labrais, tout en conservant, sanstrop exciter les inquietudes du clerge, les croyances religieuses qu’elle avait revues de ses fondateurs. « On etait d’accord pour repousser le formalisme romain, et la 254 LE CHRETIEN BELGE suprematie prepotente du clerge et pour prendre comme guide les Saintes Ecritures.» Tout en cachant leurs opinions, ils perseveraient dans leurs doctri¬ nes. Ges communautes de la Calabre, ainsi que cedes qui se trouvaient dans d’autres parties de ITtalie, avaient des pasteurs itinerants appeles bardes. « Adoptant generalement, dit M. Lombard, la profession de tailleurs, colporteurs ou marchands, ils s’en allaient deux h deux, prechant tout le long du chemin l’Evangile, qu’ils pouvaient d’ordinaire reciter par coeur. Leurs visites avaient lieu d’habitude tous les deux ans et, de station en station, ils parcouraient ITtalie enliere, allant parfois de Messine jusqu’aux frontieres des Grisons, le plus souvent sans s’ar- reter ailleurs que chez des freres. 11s se faisaient reconnailre dans les maisons amies par un signe ou par un mot de passe; et, apres avoir apporte le message de paix, ils s’en retournaient par un autre chemin pour ne pas attirer l’attention. » La Reforme du XVI me siecle donna un nouvel elan a ces chretiens. En comparant leurs doctrines avec cedes de Luther, ils y trouverent des rapports trappants. Enflammes par les nouvelles de Geneve, ou se trou- vait Calvin, les troupeaux resolurent de renoncer a toutes leurs pre- cedentes dissimulations. Ils reclamerent un pasteur. Geneve leur en- voya J. L. Paschale , homme eloquent et capable, d'une famille riche et lettree. Malgre les dangers qu’il avait a courir, il n’hesita pas a accep¬ ter Fappel. II partit, mais en laissant en arriere sa jeune femme qu’il ne crut pas devoir associer aux perils qui l’attendaient; elle ne devait plus le revoir. Son ministere ne fut pas de longue duree. En 1559 la persecution eclata. Rome d6cida de trapper un grand coup. Des inquisiteurs furent envoyes; ils n’executerent que trop bien leur mandat; tous les pauvres Vaudois, qui ne voulurent pas apostasier ou ne purent. emigrer, peri- rent de la maniere la plus atroce, par le fer, le feu ou la famine. Voici les paroles d’un temoin catholique, serviteur du grand inqui- siteur Alexandrini, extrailes d’une lettre qu’il adresse a son maitre : « J’ai voulu... donner advis de ce qui s’est ensuivi jusqu’aujourd’hui touchant le lait des heretiques, qu’on nomme dega outremontains , des- quels, devant que Monseigneur fut ici, furent livres par les reverends commissaires et vicaire de Cosenza, 86,... tous pour heretiques relaps desquels qu’on a longuement essaye de les reduire h la foi selon la pieuse diligence usee en tel cas par l’Eglise catholique, ne voyant a la fin autre qu’une obstinee perfidie, il en a fait une sincere justice et LE CHRETIEN BELGE. farent les 86escorches tout vifs, puis fendus en deux parts, furent atta¬ ches en ceste maniere a des trongons places le long du chemin,par l’es- pace de trente-six milles... plusieurs femmes sont demeurees prison- nieres pour leur grande perfidie, lesquelles toules comme instrument du diable seront jetees au feu, etc. » Voici ce que dit encore un autre temom catholique : « Je vais m in¬ former des discours tenus par les heretiques endurcis lorsqu on les menait au supplice; quelques-uns d’enlre eux ont bien pousse 1 entete- ment jusqua ne pas vouloir jeter les yeux sur un crucifix ni se confes- ser a un pretre; ceux-la serontbrules vifs.. on n’en a fait mourir que 88. Parmi ceux-ci la plupart sont morts dans leur infernale opiniatrete, tous les vieillards ont fini avec un calme imperturbable. » Thomaso Costa, chroniqueur napolitain tres estime, raconte ce qui suit: «Les uns ont eu la gorge coupee, d’autres ont ete sciespar le mi¬ lieu du corps, ou jetes du haut d une tour elevee. Tous enfin ont subi une mort cruelle mais juste. On ne saurait se representer leur obstina- tion. Le pere voyait mourir son fils, le fils voyait un pere immol£. Loin de montrer aucune douleur, ils disaient joyeusement qu ils allaient devenir des anges de Dieu, tant le demon dont il setaient rendus la proie les avait aveugles! » —Soixante femmes de S. Sisto furent appli- quees a la question et si cruellement torturees que dans les plaies cau- sees par les cordes dont elles etaient etreintes, s’engendrerent des vers « qui les tourmentaient estrangement. » J. L. Paschale fut jete dans d’etroites et horribles prisons et traine,de ville en ville, de Cosenzaa Naples, de lh a Rome, ou il rendit son su¬ preme temoignage. Sa fermete ne se dementit jamais, malgre les obses¬ sions des inquisiteurs et les tortures auxquelles on le soumettait.« Tu eusses mieux fait, lui dit un jour un de ses juges, de demeurer en ta maison et de jouirde ton bien que d’entrer en tes heresies, pour perdre le tien. » Paschale : « Je n’ai rien laisse que je ne laissasse encore pour suivre Jesus-Christ, lequel j’ai toujours eu grave dans mon cceur. » Le juge : « Oui, ton Jesus-Christ de Geneve qui est de faire grand’- chere, se lacher bride h toute licence et se donner du bon temps. » Paschale : « Vous l’avez bien devine, si c’est faire grand’chere que d’etre enterre en un fond de fosse si aspre, et jete gh et lh pour demeu¬ rer avec les rats et la vermine, ayant les bras lies en croix comme je le suis maintenant. » Le 15 septembre 1560 il monta sur le bdcher a Rome, sur une place devant le chhteau St-Ange, en presence du pape Pie IV avec un cortege LE CHRETIEN BELGE. 2o6 de cardinaux et de prelats. Attache au poteau fatal, Paschale ne chan- cela point, il confessa encore Jesus-Christ et chercha k exhorter le peuple. II mourut, 6crivent les historiens de l’epoque, « avec une Constance et une joie merveilleuse. * Quelques instants avant sa mort il disait au moine qui le conjurait de se convertir : « Dieu me donne une telle force que jamais je ne me departirai de Lui. Ce que j’ai dit, je l’ai dit.» Pendant son emprisonnement il avait reussi k ecrire plusieurs fois a sa femme. Gitons quelques lignes qui depeignent ce noble caractere. « Je vous desire etre en letat auquel je suis maintenant par la grace de Dieu; c’esl-k-dire que tous deux soyons a Dieu a la vie et k la mort... Consolez-vous en Jesus-Christ et faites que les trois premieres requetes de I’oraison qu’il nous a enseignee vous soient toujours imprimees au coeur. Remettez en Dieu tout votre soin et sollicitude; fiez-vous en lui qu’il accomplira tout votre desir, quand il sera bien regie et fera en vous tout ce qui est ecrit au 34 e psaume, lequel je vous ai envoye tout particulterement. Rejouissez-vous au Seigneur. Craignez Dieu. Lisez incessamment l’Ecriture sainte. Frequentez les sermons. Secourez les pauvres; visilez les malades; employez-vous de tout votre pouvoir a consoler les affliges. Soyez surtout soigneuse de prier Dieu, et faites que votre vie soit un portrait de la doctrine dont vous faites profession.... Quant a moi, je m’offre et consacre k Jesus-Christ, mon Seigneur et Sauveur, m’assurant qu’Il ne m’abandonnera jamais, jusques a tant qu’Il m’ait donne la victoire de cette sainte bataille. Et suis honteux en moi-meme de tant d’honneur qu’Il me fait; a moi, dis-je, qui n’etant qu’un pauvre et miserable soldat, doit etre conduit en champ clos pour maintenir l’honneur d’un tel capitaine comme est Jesus-Christ. » « Dans un moment, dit M. Lombard, ou le septicisme et l’incredulite portent le trouble dans tant d’ames et tendent a detroner les verites qi]i ont soutenu et dirige nos freres au temps de la Reformation, il pouvait etre utile d’exposer les luttes victorieuses de ces humbles martyrs de la Calabre. » Il est bon en effet que nos regards se portent souvent sur ce passe glorieux, pour retremper dans la noble compagnie de ces heros notre faible foi, et pour recevoir d’eux une legon tout a la fois d’humi- liation etd’encouragement. M. 1 LE CHRETIEN RELGE. 287 LE SYNODE GENERAL OFFICIEUX DE L EGLISE REFORMEE DE FRANCE. Le Synode general de l’Eglise reformee a tenu sa session a Marseille du 18 au 26 octobre. Pour ceux de nos lecteurs qui ne sont pas au courantdes circonstances de I’Eglise protestante de France, quelques details sont necessaires. Ge Synode n’est qu’officieux ; pour se reunir officiellement, il aurait besoin de l’autorisation du gouvernement, or, celui-ci ne veut l’accorder qu’a la condition que les deux partis, ortho- doxe et liberal, qui divisent I’Eglise, s’unissent et tombent d’accord. Corame cette condition est irrealisable, il est k prevoir que de long- temps encore aucun Synode ofjiciel ne sera possible. Disons aussi qu’en France l’Eglise unie al’Etat ne jouit pas des libertes quelle possede ici. Le gouvernement sanctionne la nomination des pasteurs, des profes- seurs de theologie; il a seul le droit d’autoriser la convocation du Synode dont il ne ratifie les decisions que s’il le trouve bon, comme nous le prouve le resultat du Synode officiel de 1872. De la des abus : aucun contrble ecclesiastique ne s’exergant, le gou¬ vernement, ballotte entre les deux partis, a pris plusieurs mesures des plus defavorables a l’independance et a la dignile de l’Eglise reformee. Le parti evangelique a trouve le meilleur moyen de soutenir la lutte contre les empietements de l’Etat. Il a retabli sans le concours ni la per¬ mission de celui-ci, l’organisalion synodale refusee depuis si longtemps. 11 s’est reuni une premiere fois en 1879, a vote un reglement, decide la creation d’une caisse centrale; une ecole preparatoire de theologie a ete fondee; des bourses ont ete institutes k la faculte de Montauban, etc. Cette annee un nouveau synode reuni a Marseille a ttt fort remarqua- ble, et par l’esprit qui y a regnt et par les resolutions votees. Il a adopte un reglement d’organisation du regime synodal; il s’est oecupe du service militaire pour les etudiants en theologie et les pasteurs ; de la position des evangelistes, necessaires dans les paroisses depourvues de pasteurs; des ecoles primaires et des ecoles du dimanche; des diverses versions de la Bible, et de l’evangelisation en general; sur la proposition de la commission des finances une somme de 75,000 francs a ete repartie entre diverses oeuvres, dont 45,000 ont ete consacres a des supplements de traitement pour les pasteurs. En s’habituant ainsi kdirigerelle-memesesinterets^ns'affranchissant de la tutelle de l’Etat, en prenant conscience de sa lache et de sa responsabilite, l’EglisedeFrance renouvelle sa viespirituelle, et marche, 258 LE CHRETIEN BELGE. nous n’hesitons pas a lc dire, sur les traces de ses glorieux ancetres. Elle apprend h se passer du concours de l’Elat, et s avance vers le jour, plus rapproche qifon ne croit.oi, le lien qui l’unit k l’Etat sera complete- ment brise. JOHN BOST. 11 v a deux mois notre journal donnait un compte-rendu des oeuvres de Laforce (1). Nous no pensions pas alors devoir annoncer si promp- tement la mort du fondateur de ces etablissements, vrais monuments de la charitd chretienne. Nous pleurons en John Bost un frere, un i- dfele etvivant defenseur de la verite chretienne, beau modele dune fo, active et eclairee. Void comment un journal politique frames, qui no peut etre accuse de partialite pour les ceuvres evangeliques, parle de 1U1 , ( ' La France vient de perdreun des hommes les plus charitables de ce temps, le pasteur John Bost, directeur des asiles de Laforce. Dans un temps oil l’ego'isme tient une si grande place, on ne saurait Hop ap- peler l’attention sur les hommes qui lui font la meilleure de toutes les guerres, celle qui consiste h se divouer soi-mhme pour le bien d au- ^ John Bost, ne en 1817, etait lc second fils d’un pasteur suisse qui fit quelque bruit dans les premieres annees de ce sihcle par la ferveur deles convictions et les relations qu’il entretmt avec les litterateurs les plus eminents de Kpoque. Ayant une tres-nombreuse famille il laissa h chacun de ses enfants le soin de se tirer d affaire et de se fane une situation dans le monde. C’est ainsi que John Bost, apres avoir ete dans ses ieunes annhes apprenti relieur, se fit ensuite professeur de musique. « 11 avait herite de son pere des gouts artistiques tres-prononces, une oriainalite de bon aloi qu’il a gardee jusqu’h la fin et qui a ete pour beaucoup dans les succes qu’il a remportes au profit de ses ceuvres, lorsque, devenu pasteur a Laforce dans la Dordogne, il les soutintvail- lammeut dans lo monde protestant. nCes asiles, qui sont connus de I’Europe enUftre, commencerent mo- destement, comme toutes les fondations dues i l’mitiative des cceurs vaillants. John Bost se dit que les epileptiques, les idiots, les gftteuv, les enfants rachitiques et scrofuleux, appartenant aux classes pauvres, _ r % * i\ f, * * 1 # -j i . i ' \ j JI i! i * *.• ' 4 • * 1 • •-* * v • 1 * ' * * (1) Voir notre numero du 20 septembre. LE CHRETIEN BELGE. 259 etaient trop souvent exposes a perir prematuremenl faute de soins et de sympathies. II eut k coeur d’en former une colonie, de les grouper autour du vieux manoir en ruines des dues de La Force, qui domine une plaine riante et fertile. II lui sembla qu’au milieu d’une nature aussi belle oes pauvres enfants seraient mieux que dans les galetas de leurs faubourgs. « Cette entreprise hardie devait reussir. John Bost s’y employa tout entier. II devint le familier, l’ami, le pere de ces malheureux. On avait le coeur serre en voyant de pres toutes ces miseres, mais on se conso- lait ensongeant k celui qui s’etait impose la tache de les soulager. II y avait unecertaine humeur joyeuse au milieu meme de ces horreurs. « Que d’argent il a fallu, et que d argent il faudra encore pour en- tretenir cette colonie de Laforce! John Bost avait le genie de la charite. Cethomme quine reculait devant aucun sacrifice personnel, connaissait a mervcillece grand art qui consiste k solliciter les sacrifices d’autrui. C’etait avec humour et bonhomie qu’il exposait les charges qui, tous les jours, devenaient plus lourdes pour ses etablissements, et il s’y prenait si bien qu’il trouvait sans peine les ressources qui lui manquaient. Que de fois, je l’ai vu, seance tenante, recueillir des sommes assez importan- tes que son eloquence avait obtenues. Il avait le talent de s’imposer au public, et le public lui savait gre desjougs charitables qu’il lui impo- sait. « John Bost etait chevalier de la Legion d’honneur et il regut, il y a quelques annees, un des prix Monthyon. Mais il finit par obtenir ce qu’il ambitionnait le plus, ce qui devait assurer la perpetuite de ses oeuvres, la reconnaissance comme d’utilit6 publique de ses etablisse¬ ments. « Cet homme de bien, ce pasteur devoue,aux convictions fortes et au coeurgenereux,n’estplus. Depuislongtempsdeja, ses forces letrahissaient el il n’avait plus d’energie que pour le bien. Son souvenir demeurera vivanl, non seulement parmi la grande famille de miserables de La- force, nonseulement dans FEglise Reformee de France qu’il a honorec en lui laissant le glorieux heritage de ses oeuvres, mais encore dans les coeurs de tous ceux qui, sans distinction de croyances, rendent hom- mage aux idees qui font naitre les grands devouements. » 260 LE CHRETIEN BELGE. BIBLIO GR APHIE. Nos devoirs envers lesouvriers de l’industrie moderne, par G. Steinheil. — Librairie G. Fischbacher. Paris 1881; brochure grand in-8. Prix: 1 franc. Nous ne pouvons qu’applaudir a la publication de celte brochure qui est la reproduction du rapport que M. Steinheil avait presente en 1879 a l’assemblee generate de 1’Alliance evangelique a Bale. L’auteur est lui-meme manufacturier en Alsace, il parle done d’experience : Nous voudrions voir cette brochure serepandre dans notre pays* elle devrait 6tre lue par tous les grands industriels et par les ouvriers, tous y trouve- raient de sages et de precieux conseils. Le salaire des ouvriers, le rapport entre'le travail et le capital, l’offre et la demande, les interrup¬ tions de travail, les greves, l’epargne, la participation de 1’ouvrier aux benefices; toutes ces questions et d’autres encore sont successivenrient abordees par l’auteur. Un souffle de vraie philanthropic chretienne anime tout ce discours, et eveille dans Fesprit et le coeur de genereux mouvements et des senti¬ ments d’amour fraternel. M. Sermons el Hoinelies, par T. Pertuzon, pasteur. Paris, Neucbatel et Ceneve, J. Sandoz, 1882. Un vol. in-12 de 310 p. 3 fr. 50 c. « Ces meditations, dit l’auteur, sont particulierement destinees aux families privees du culte public et aux assemblies religieuses des protestants dissemines. y> Ge but a ete atteint; aussi ne pouvons-nous que recommander vivement ce volume (dont nous donnons un court extrait page 250) a nos Eglises et stations privees de pasteurs, a nos lecteurs de la Bible, et aux freres qui souvent sont charges du culte du dimanche et seraient heureux d avoir a lire quelque meditation approprieeauxbesoins de leursauditeurs. Gee sermons sont interessants, utiles, simples et peuvent etre compris de cbacun. Ils contierment des appels pressants, serieux et s’adressent tour a tour a toutes les facultes de l’homme; ils saisissent la conscience et la forcent a rentrer en elle- meme. Nous souhaitons de voir ce volume se repandre au milieu de nos congregations; il contient une nourriture solide, une instruction serieuse et pleine d’edification. ^L NOUYELLES. France. — Evangelisation des matelois. — Les chretiens anglais ont, comme on le sait, des vaisseaux speciaux dont ils se servent essentiellement pour Fevang^lisation des matelots. Dernierement, un de ces vaisseaux, YAnnie, qui stationne babituellement a Portsmouth, est venue dans un des bassins du port de Trouville (Normandie). Des reunions ont ete immediatement organisees a bord avec le concours de 261 LE CHRETIEN RELGE. chretiens du voisinage. Ces reunions ont reussi, mais YAnnie s’etant transportee a Honfleur, le succes a ete plus grand encore. M. L. Sautter, de Paris, qui a assiste aux debuts de cette oeuvre, en est tout enthou- siasme : il raconte dans le Signal ce qu’il a vu et se demande si ces commencements ne seront pas suivis de quelque chose de stable. 11 propose que les chretiens frangais se cotisent pour acheter un vaisseau de l’amiraute anglaise, solidement construit et en bon etat. Ce vaisseau est un peu plus grand que 1 'Annie ; ce vaisseau, tout repare et organise en vue d’un servcie missionnaire, couterait seulement 8 a 9000 francs. 1 . V . . . Grande-Bretagne. — Congres annuel de VEglise anglicane. — Le 21 e Congres annuel de l’Eglise anglicane, quia eu lieu a Newcastle, du 4 au 7 octobre, sous la presidence du D r Lightfoot, eveque de Durham, n’a pas compte moins de 2,500 membres munis de cartes payantes. Toutes les questions theoriques et pratiques qui se posent a cette heureau sein dePEglise anglicaney ontete abordees avec franchise et discutees avec courtoisie. L’une des plus brulanles etait celle de la separation de l’Eglise etde l’Etat. Comme la plupart des grandes cites industrielles du Nord de PAngleterre, Newcastle est en grande partie acquise a la dissidence; un recensement faitle dimanche 2 octobre, au matin, dans les 109 eglises et chapelles de cette ville et de se? faubourgs, a etabli que, sur une population de 214,649 habitants, 8,486 personnes seulement assistaient au culte anglican, et 20,309 aux divers services dissidents. Le Congres n’en a pas moins ete fort bien re$u a Newcastle, et le maire non- eonformiste lui a tres cordialement souhaite la bienvenue. Mais quand, au grand meeting d’ouvriers quia eulieuau cirque lejeudi soir6 octo¬ bre, Peveque de Carlisle a cru pouvoir glisser un mot de la separation, et qu’il s’est mis a invoquer contre cette mesure divers arguments assez triviaux (les eglises seront changeesencabarets, etc.),ilaeteinterrompu par les cris de non! non! et un ouvrier, se levant dans l’assemblee, s’est eerie. « Nous ne sommes pas venus icipour entendre ces choses! » — L’excellent eveque a done sagement change de theme, etil a consacre le reste de son discours a la defense des grandes verites chretiennes. Le sujet des rapports entre l’Eglise et PEtat avail du reste ete debattu par le Congres Pun des jours precedents. A cote d’un grand nombre d’orateurs de diverses ecoles dogmatiques, tous favorables au maintien de l’Egliseetablie, le Congres en aentendu trois ou quatre qui inclinaient plutot dans le sens de la separation. Le Rev. Malcolm Mac*Coll n’a pas ete le seui a plaider ce cote de la question; il a ete appuye par M. Layman, tresorier de la Disestablishment League; par le Rev. T.*J. Lawrence, qui s’est plaint de ce que le clorge de l’Eglise etablie s’opposait toujours aux reformes les plus necessaires, voire meme par 1’eveque Mitchinson, des iles Barbades, qui a raconte comment la suppression de l’appui de l’Etat avait vivifie l’Eglise de son diocese. Ces orateurs ont ete ecoules par le Congres avec un peu d’impatience, mais nul n’a songe a leur fermerla bouche ni a leur montrer la porte. [Semaine religieuse). LE CHRETIEN BRLGE. 262 Progr'es du proteMntisme . — On sail que le calholicisme se vante d’avoir fait bien des conquetes dans I’Eglise anglicane. Pour repondre a une lisle de conversions, qui a ete public il y a deux ou trois ans, «un proteslant anglais, dit la Semainereligieuse... s’est a son tour attache h dresser une liste des pretres, moines, nonnes, seminaristes, etc,, de divers pays qui ont abandonne ces derniers temps FEglise romaine. Cette liste, qui a paru a Londres en 1879, est aussi trappante que longue. On y voit figurer un prince* eveque, deux vicaires apostoliques, un vicaire general, deuxabbes, unprieur, deux chamoines, un missionnaire apostolique, trois superieurs de couvent, vingt-trois professeurs, la plupart en theologie, vingt-quatre docteurs en theologie, trois membres de la Sainte-lnquisition, quatre fonctionnaires de la courdu pape, etc. (Vami chretien). Italie. — Synode de VEglise Vaudoise. — Le synode de FEglise Yaudoise d’ltalie s ; est tenu a La Tour, du 5 au 9 septembre. II se composait de 90 membres, dont 33 la'iques. II s'est occupe des formes du culte et d’une nouvelle liturgie. II a entrepris de r6unir un capital dont les interets serviront a accroitre le traitement des pasteurs, et il a deja recueilli pres de 100,000 francs dans les vallees vaudoises. — Les Eglises se sont accrues de pres de 500 membres, dont plus de 300 venus du catbolicisme, et les contributions volontaires n’ont jamais ete si abondantes. — Le premier jour des seances, trois candidats ont requ l’imposition des mains, savoir MM. Charles Gay, Edouard Jalla et Arthur Muston. Suisse. — La Societe des missions de Dale a ete irbs eprouvee cette annee, car la mort lui a enleve plusieurs serviteurs et servantes fideles qui ont et6 rappeles par leur di\in maitre. Elle a eu aussi le privilege de pouvoir remplacer immediatement plusieurs d’entre eux et plus de douze freres et sceurs sont partis, ces derniers mois, pour la Chine, la Cote des esclaves, la Cote d’Or et les Indes. Asie — Lapatrie d'Abraham et VEvangile. — Urta enMesopotamie, l’ancienne Ur, patrie d’Abraham, possede depuis une trentaine d’annees une eglise evangelique independante. Aujourd’hui elle construit un edifice°pour son culte. 11 n’y manque plus que la toilure, je veux dire une dizaine de mille francs pour l’elever. L’Angleterre et TAllemangne s’in- t6ressent a cette oeuvre et nous ne doutons pas qu’avec l’appui des Chre¬ tiens d’Europe le berceau du patriarche ne devienne de plus en plus ce- lui de Levangelisalion des contrees de l’Euphrate. Amerique. — Le general Garfield et le dimanche. - - Depuis un mois ou deux, que 1’interet a ete grand autour du nom respecte et res¬ pectable de Garfield, les journaux americains renferment de nom- breuses anecdotes qui nous font mieux connaitre le caractere de cet horn me de bien. En voici entre autres, une tiree de la Cincinnati Gazette: C’etait l’automne dernier, au moment de nommer le nouveau Pre¬ sident de la R6publique : la Chicago convention iFayant pu terminer 263 LE CHRETIEN BELGE. lesamedi soir l’election, plusieurs membres avaient vivement insisle pour que lejugeHoar, president de la Convention, pro ongeat a seance afin que le ballottage put setaire dans la nuit, et que le lesultatput e etre connu des le lenderaain : , . A , tv . _ « Non, avail repondu le juge Hoar, 1 Amenque, grace a Dieu, est une nation qui revere le Sabbat, et je ne presiderai point cette assemble une minute apres minuit.)) , , Cette courageuse conduite avail ete blanaee par ungrand nombre d’homraes politiques, et quelques amis du marechal Field, reunis a diner cbez lui ce n.eme dimanehe, n’avaient pas ete moms severes. Seul pendant cette conversation, le general Garfield lui-meme, assis parmi les invites, avail garde le silence sur ce sujet, quipourtant le tou- chait de pres. Enfm, lorsque la conversation se fut calmee : , « Oui, dit-il gravement, ce jour est un jour de repos, el un jour de prifere aussi, et j’ai plus de foi en les pneres qui, aujourd hui, sortiront des cceurs chretiens, en faveur de noire nation, qu en toutes les tacti- ques des meilleurs politiciens » M (Chnstiamsme au XIX e siecle.) Une Union chretienne de jeunes gens modele.— Du^l er janvier au l er iuillet de cetle annee, l’union de Chicago a tenu d55 reunions du milieu du jour (noon-meetings), avec une mojenne de 170^stants 26 reunions du dimanehe soir, avec une moyennede 310 assistants, lecons bibliques du dimanehe apres-midi, avec une moyenne de 6 auditeurs. Elle a tenu en outre de nombreuses reunions d e ^yageu r ^ de commerce, de jeunes gardens, etc,reunions speciales et reunions plein air. Elle a trouve des emplois pour 2,130 jeunes gens et gardens. Elle a une belle oeuvre parmi les employes de chemin de fer. Un hotel chretien.— Dans un grand hotel a Saratoga, Etats-Unis, cet ete un voyageur, presse de dejeuner, ecarte du dehors les persien¬ nes de'la salle a manger, pour voir si les preparatifs avancent et a sa grande surprise il voit tous les domestiques, des negres, group^s au fiombre de P 200 it 1’extrcmite de la vaste salle, celebrant un cube, sous la prfeidence de leur chef, homme a figure venerable. II appiit que tous les matins ils commenQaient ainsi la journee. YARIETES UN BAGAGE QUI EN DIT LONG. a L’examen des bagages de Debaize (missionnaire catholique romain au centre de l’Afrique) nous a fait faire d’etranges decouverles. 11 y avail douze caisses de fusbes et feux d’artifice, dont le transport exi- geait un personnel de 48 porteurs, plusieurs caisses de dynamite (on se demande en vain pour quel usage), deux grands tonneaus de pou- dre, des fusils et des revolvers sans nombre; deux codes d armes, plu- 264 LE CHRETIEN BELGE. sieurs caisses d’eau-de-vie, deux charges de petiles canonnieres dedeux sous pour enfants, une charge de sonuettes, de granues provisions de papier pour botanique, des flacons et tubes a insecles brises, des ins- Iruments de chirurgie, des boites de medecine sans etiquettes, des appareils photographiques ; tous les instruments possibles pour obser¬ vations geographiques, bien quil tut tout a fait ignorant de 1 usage a faire du plus simple instrument.il avail aussi avec lui un orgue de Barbarie, instrument de choix, d’un prix fort eleve. Son procede pour traverser des contrees hostiles etait aussi admirable que grotesque. Quand il arrivait a un village dont les natifs voulaient s’opposer a son passage, il essayait de l’influence calmante de la musique sur cescceurs sauvages. Il mettait son orgue sur le dos d’un homme, un autre mar- chait a cote tournant la manivelle, et, comme il convient ^ un pretre, il s’avangait pacifiquement a la rencontre de ces paiens. Mais si les entrailles des naturels demeuraient insensibles, refusant de se laisser convaincre par ces sons harmonieux, alors leur sang etait sur leur tete, lui en etait net, et ils avaient affaire h I’Eglise militante! Il se revetait de son armure, il jetait d’abord la confusion dans les rangs ennemis en lancant une volee de petards, puis il marchait resolumenl a la vicloire ou a la moit.» (Central African Lakes, Thomson.) La responsabilite des chretiens. — Nous ne devons pas hesiter a reconnaitrc, queique Strange que cela nous paraisse, comme une loi de la providence divine, que le Seigneur ne sauve jamais des ftmes que par l’intermediaire de ses enfants. Ce peut etre des trois manieres sui- vantes : ou ils s’adressent personnellement a ces ames et les attaquent en face; ou ils mettent la Parole de Dieu entre leurs mains; ou, ne pouvant faire ni Pun ni l’autre, ils prient avec ferveur pour ces ames. Je ne pense pas qu’on puisse prouver que, depuis le jour de la Pente- cdte, aucune ame ait etc sauvee autrement que d’une de ces trois ma¬ nieres. Le Seigneur reveille parfois les gens sans employer aucune instrumentality apparente, mais II ne les sauve pas autrement. Quelle responsabilite repose done sur ceux qui possedent la lumiere pour la faire luire dans les tenebres ! D r And. Bonar. VIENT DE PARAITRE A LA LIBRAIRIE J. SANDOZ, Meuchatel et Geneve (Suisse) SERMONS & HOMELIES T. PERTUZON, 1 vol. in-12, fr. 3,50. par