C€~«C C C ~ mL^csmmLc ccl cc^cctr . ■<" ^ESOSOE'.' S^-"*C?ofcT<»< C cc? rc C - <- «^< ccC«r;< t3^*C?«r CO c j* SS-cc «CCCxc C ■ . corcc crccc C <^. cc - « \\- <~ %<-*£"■ c ■"■ <^crS^ C C^O, , CfiC'csC"' C C<3TtcC CCj^ Cc< ^ S- «33iC c d <^ cccfcrcc c g cc^^c <3C«c « cc< c X <£CE c <_ c CC * CC CUCtccCC CC I. < CI' CCcccCC <31- :* t CCT CCCv--' 'C c flC«,d- CS3GCC "CC C <9CT«£L&..>^' ^cc x «T«:<-« - -■r C c c . - VSc- <-*-' ^ < c c *s& c c c c cc c;< r c < ■'. cr < -.'< < "_c C A c c ■< c <^ ■<: lit Cfi^i ■«ccc <«CcCC «ccx c:UITATI01\ BASEE SUR DE NOUVEAUX PRINCIPES REVUE ET \I;CMENTEE TR-EIZIEME EDITION Passe-Teiups Equcstrcs Dialogues sur l'Equitatiou Dictionnairc raisonne tl Equitation Aouvcaux nioyens Equcstrcs Dcrniercs innovations Exanicn retrospectif Koavcau travail raisonno avec 1c covecon PARIS CHEZ L'AUTEUR, RUE DE PENTHIEVRE, 29 LIBRAIRIEDE.J. DUMAU'E L1BRAIRU-] DE E. DENTl" tditeur (ie l'Empercur i Libraire-Uditeur I , BEE E T PASSAGE DACPUI8 V- 5ALERIE d'ORLEANS, fAI.AU - BOY V 1807 LA THADl'tTlOM BT L\ REPRODUCTION :'CVf ISTEHDltTS REMERCIEMENTS A L'EMPEREUR Sire, Recevez mes remerciements bien sinceres pour la pen- sion de 2,400 francs que Votre Majeste a bien voulu m'accorder, sans sollieitation de ma part. La postente, qui tient compte de toutes les grandes et belles actions des hommes superieurs, gardera aussi le souvenir des faits qui viennent se grouper autour de l'idole de la France. C'est avec le sentiment de la plus prol'onde reconnais- sance que j'ai l'honneur d'etre, De Votre Majeste, Le tres-hunible et tres-obeissant sujet. BAUGHER. PREFACE L'homme, le roi de la creation, a recu du Createur une intelligence superieure aux animaux, non pour les asservir a ses caprices et leur infliger des mauvais trai- tements, mais pour en recevoir tous les services qu'il est en droit de leur demander. Le cheval, ce noble animal, est peut-etre celui dont rhomme a le plus abuse, et les moyens dont on s'est servi pour le soumettre trahissent Tignorance autant que la brutalite. Des ma jennesse j'aimai le cheval, et, frappe de 1'incertitude des principes enonces par tous les auteurs qui ont ecrit sur 1'equitation, je cherchai a ouvrir une voie nouvelle et sure a tous ceux qui s'occupent de l'education du cheval. En 1830 je fis paraitre le Dlctionnaire raisonne d' Equitation. La faveur du public me recompensa de mes laborieuses recher- ches, et nrencouragea a perseverer dans mes efforts. Ouelques annees plus tard parut ma nouvelle Methode, — 8 — qui souleva dans le monde equestre, d'une part un grand enthousiasme, de la part de quelques-uns une critique passionnee, trop passionnee pouretre impartiale. Douze editions se succederenten vingtans, mes ouvrages furent traduits dans plusieurs langues, et partout les amateurs et les ofllciers intelligents adopterent mes principes. J'ai deja dit les causes qui avaient empeche ma Methode d'etre introduite dans la cavalerie francaise, malgre I'avis presque unanime deMM. lesofficiersconsultes. Le public connait l'inimitie du comte d'Aure et la partialite du due de Nemours. La mort a emporte le premier, et le vent de 1'adversite a jete le second sur la terre d'exil. Que ma plume se taise sur ce triste passe ! Cette treizieme edition se distingue des editions pre- cedentes, en ce que j'ai corrige des passages qui me sem- hlaient incomplets, et efface ceux que l'experience m'a- vait fait trouver inutiles, les remplagant par des moyens plus simples, plus surs, etsurtouten ce que j'y ai intro- duit des innovations qui perfectionnent l'education du cheval. Avec ma Methode, on pouvait bien donner a tous les chevaux 1'equilibre du troisieme et du deuxieme genre, et les vingt-six chevaux que j'ai montes en public en ont ete la preuve incontestable. Avec mes innovations, je donne non-seulement une plus grande facilite pour obte- nir sur tous les chevaux ces deux genres d'equilibre, je donne encore les moyens infaillibles d'obtenir chez tous les chevaux tme legereie constante, signe d'un 6qullibre parfait. C'est cet equilibre quej'appelle equilibre du pre- mier genre. Les deux premiers equilibres suflisentatous lesbesoins de la cavalerie et de l'gquitation ordinaire. L'equilibre parfait, ou equilibre du premier genre, ne pourra etre donne au cheval que par l'elite des cavaliers. Cesera l'equitationtranscendentale. En poesie, dans les arts, dans les sciences, il if est paspermis a tout le monde d'aller a Corinthe ! RESUME DES RAPPORTS OFFICIELS EN FAVEUR DE LA METHODE. Dans les dix premieres editions de ma Methode, j'ai publie, en entier, les divers rapports officiels de MM. les gencraux et officiers de cavalerie qui se sont occupes de mon systeme au point de vue militaire. J'ai juge neces- saire de ne donner, dans cette edition, qu'un resume succinct de toutes ces pieces, afin de pouvoir publier mes idees nouvelles sansrien changer au format du livre. Mes lecteurs me sauront gre, sans doute, de remplacer ainsi ces rapports elogieux qui m'etaient precieux lors de l'apparition de mon ouvrage, tant par la speciality et le talent de leurs redacteurs que par l'impartialite qui les leur a dictes. Je saisis cette occasion d'exprimer a MM. les officiers de l'armee ma profonde reconnaissance pour leur juste appreciation de ma Methode et le zele quils ont deploy e a son etude. Je me tiendrai toujours pour tres-honore de leur haute approbation. — It — L'interet seul du public a pu me determiner a retran- cher de mon livre leurs remarquables ecrits. Je prie ceux de mes lecteurs qui voudraient lire ces rapports en entier de se reporter aux editions prece- dentes. Je passerai sous silence quelques lettres qui ont pre- cede la mission qui m'a ete contiee de faire etudier mon systeme dans les corps de troupes a cheval. Rapport de M. do Nooital, chef d'escadrons, commandant I'eco/e avril 1842. Rapport du general marquis Oudinot au Ministre de la guerre. Constatation des heureux resultats obtenus par la methode. — Les principes de M. Baucher sont un grand — 13 — et incontestable progres. — Cooclut a ce que les corps de troupes envoient des instructeurs s'initier a la me- thode. 6 avril 1842. Rapport du chef d'escadron Grenier, charge da comman- dement des ofjiciers envoyes a Park pour eiudicr la Methode. Vingt-deux ofiiciers out recu les legons de M. Baucher {ui-meme. — Approbation entiere des principes et de leurs demonstrations pratique et orale. — G'est surlout a 1'ecole de cavalerie que la methode doit etre connue. Versailles, 24 juillel 1842. Rapport demande par le colonel president de la commission chargee d'etudier le dressage des jeunes chevaux d'apres la methode Baucher, el redige par Ml Desondes, lieutenant au 9 e cuirassiers. Ce rapport suit jour par jour 1'education d'un cheval designe. Constatation des progres simoltanes du cavalier et du cheval. La methode, par l'excellence de ses principes, remedie a la mauvaise conlormation du cheval. — Elleest appelee a diminuer les proportions efl'rayantes des pertes de che- vaux. — 1 4 — Enfin, dit M. Desondes, la plus heureuse des innova- tions doit amener une revolution dans la cavalcric. 13 juillet 1852. Rapport da commandant de I E 'cole royale dc cavalcrie de Saumttr. « . . . . Je me resume en disant que la nouvelle methode « doit etre un grand bien, une amelioration incontestable « pour la cavalerie. « Je fais done des voeux pour son adoption et sa « prompte introduction dans l'armee. » Sauunir, G aoftt 1842. Rapport sur Vessai de la nouvelle methode fait au camp dc Limeville, par M. Raucher fils. « .... La sollicitude eclairee de M. le Ministre de la « guerre pour l'armee est un sur garant que cette me- « thode trouvera en lui un puissant protecteur, et que « toutes les troupes a cheval pourront bientot mettre a « profit les importants avantages que procure son appli- '( cation. » Les Membrcs dc la Commission . Capilaines de JUNIAC, de CHOISEUL, GU0SJEAN ; lieutenant-colonel HERMET; general GUSLEK. Outre tons ces rapports, j'ai re<;u 1'adhesion de la plus grande partie des officiers dc cavalerie. Ouatre-vingt- — IS — trois colonels ou capita ines, sur cent deux, approuvent mon systeme. J'ai retranche egalement de cette edition le chapitre intitule : la Verite sur ma mission a Saumur. Les bruits contradictoires et errones qui circulaient lors des pre- mieres editions m'avaient engage a eclairer le public par cet ecrit. Mais, aujourd'hui, la mort de M. le general comte d'Esparre me fait un devoir d'abandonner une polemique dans laquelle je n'aurais plus d'adversaire. NOUVEAUX MOYENS D'OBTENIR UNE BONNE POSITION DU CAVALIER (*). On trouvera sans doute etonnant que, dans les pre- mieres editions, promptement epuisees, de cet ouvrage ayant pour objet l'education du cheval, je n'aie pas com- mence par parler de la position du cavalier. En effet, cette partie si importante del'equitation a toujours ete la base des ecrits classiques. Ce n'est pas sans motifs, cependant, que j'ai differe jusqu'a present de traiter cette question. Si je n'avais rien eu de nouveau a dire, jaurais pu, ainsi que cela se pra- tique, consulter les vieux auteurs, et, a l'aide de quelques transpositions de phrases, de quelques changements de mots, lancer dans le monde equestre une inutilite de plus. Mais j'avais d'autres idees ; je voulais une refonle complete. Mon systeme pour arriver a donner une bonne (D C.es preceptes s'adressent plus specialement aiix cavaliers militaires; mais, avec quelques legeres modifications, faciles a saisir, ils peuvent egale- menl s'appliquer a P equitation civile. — 17 — position au cavalier etant aussi une innovation, j'ai craint que tant de choses nouvelles a la fois n'effray assent les amateurs, meme les mieux intentionnes, et qu'elles ne donnassent prise a mes adversaires. On n aurait pas manque de proclamer que mes moyens d'action sur le cheval etaient imprati cables, ou qu'ils ne pouvaient elre appliques quavec le secours d'une position plus impra- ticable encore. Or, j'ai prouve le contraire : d'apres mon systeme, des chevaux ont ete dresses par la troupe, quelle que fut la position des hommes a cheval. Pour donner plus de force a cette methode, pour la rendreplus facile a comprendre, j'ai dul'isoler d'abordde tousautres accessoires, et garder le silence sur les nouveaux prin- cipes qui ont rapport a la position du cavalier. Je me reservais de ne mettre ces derniers au jour qu'apres la reussite incontestable des essais officiels. Au moyen de ces principes, ajoutesa ceux que j'ai publies sur l'art de dresser les chevaux, j'abrege egalement le travail de l'homme, j'etablis un systeme precis et complet sur ces deux parties importantes, mais jusqu'a ce jour confuses, de r Equitation. En suivant mes nouvelles indications, relativement a la position de l'homme a cheval, on arrivera prompte- ment a un resultat certain ; elles sont aussi faciles a com- prendre qu'a demontrer: deux phrases suffisent pour tout expliquer au cavalier. II est de la plus grande im- portance, pour l'intelligence etles progres del'eleve, que rinstructeur soit court, clair et persuasif; celui-ci doit — 18 — done e>iter d'6tourdir ses recrues par des de>eloppements theoriques trop prolonges. Quelques mots, expliques avec a-propos, favoriseront et dirigeront beaucoup plus vite la comprehension. L'observation silencieuse estsouvent un des caracteres distinctifs du bon professeur. Apres qu'on s'est assure que le principe pose a et£ bien com- pris, il faut laisser l'eleve studieux exercer lui-memeson mecanisme: cestainsiseulementqu'ilparviendraa trouver les effets de tact, quine s'obtiennent que par la pratique. Tout ce qui tient au sentiment sacquiert, mais ne se de- montre pas. POSITION DU CAVALIER. Le cavalier donneratoutel'extension possible au buste, de maniere que chaque partie repose sur celle qui lui est inferieurement adherente, afin d'augmenter la puis- sance des fesses sur la selle ; les bras tomberont sans force sur les cotes ; les cuisses et les jambes devront trou- ver, par leur force interne, autant de points de contact que possible avec la selle et les flancs du cheval; les pieds suivront naturellement le mouvement des jambes. On comprend dans ces quelques lignes combien est simple la position du cavalier. Les moyens que j'indique pour obtenir, en peu de temps, une bonne position levent toutes les difficultes que presentait la route tracer par nos devanciers. L'6leve ne comprenait presquerienau long catechisme recite a haute — 19 — voix par linstructeur, depuis la premiere phrase jusqu'a la derniere : en consequence, il ne pouvait pas 1'execu- ter. Ici, c'est par queiques mots que nous rendons toutes ces phrases, apres avoir cependant procede a 1'aide d'un travail d'assouplissement. Ce travail rendra le cavalier adroit et, par suite, intelligent ; un mois ne sera pas ecoule sans que le consent le plus lourd et le plus mal- adroit ne soit en etat d'etre bien place. LEf;ON PREPARATOIRE. La lecon seradune heure; il y aura deux logons par jour pendant un mois.) Le cheval est amene sur le terrain, selle et bride ; Tinstructeur ne prendra pas moins de deux eleves ; Tun tiendra le cheval par la bride, tout en observant le travail de 1'autre, ailn de Vexecuter a son tour. L'eleve s'appro- chera de l'epaule du cheval et se disposera a monter ; a cet effet, il prendra et separera avec la main droite une poignee de crins, qu'il passera dans la main gauche, le plus pres possible de leurs racines, sans qu'ils soient tor- tilles dans la main ; il saisira le pommeau de la selle avec la main droite, les quatre doigts en dedans, le pouce en dehors; puis, apres avoir ploye legerement les jarrets, il s'enleverasurlespoignets. Unefoisla ceinturea la hauteur du garrot, il passera la jambe droite par-dessus la croupe sans la toucher et semettra legerement en selle. Ce mou- vement de voltige etant d'une tres-grande utilite pour l'agilite du cavalier, on le lui t'era recommencer huit ou — 20 — dix fois, avant de le laisser s'asseoir sur la selle. Bientot la repetition de ce travail lui donnera la mesure de ce qu'il peut faire au moyen de la force bien entendue de ses bras et de ses reins. TRAVAIL EN SELLE. Ce travail doit se faire en place; on choisira de preference un cheval vieux et froid. (Les renes nouees tomberont sur le col.) Une fois l'eleve a cheval, 1'instructeur examinera sa position naturelle, afin d'exercer plus frequemment les parties qui ont de la tendance a l'affaissement oua la roi- deur. C'est par le buste que 1'instructeur commencera la legon. II fera servir a redresser le haut du corps les flexions des reins qui portent la ceinture en avant ; on tiendra pendant quelque temps dans cette position le cavalier dont les reins sont mous, sans avoir egard a la roideur qu'elle entrainera les premieres fois. C'est par la force que l'eleve arrivera a etre liant, et non par l'aban- don tant et si inutilement recommande. Un mouvement obtenu d'abord par de grands efforts nennecessitera plus au bout de quelque temps, parce qu'il y aura adresse, et que, dansce cas, l'adresse n'estqueleresultat des forces combinees et employees a propos. Ce que Ton fait primi- tivement avec dix kilogrammes de forces se reduit ensuite ;\ sept, a cinq et a deux. L'adresse sera la forcereduitea deux kilogrammes. Si Ton commencait par une force moindre, on n'arriverait pas a ce resultat. On renouvel- — 21 — lera done souvent les flexions de reins en laissant parfois l'eleve se relacher completement, afin de lui faire bien saisir l'emploi de force qui donnera promptement une bonne position au buste. Le corps etant bien place, l'in- structeur passera 1° a la lecon du bras, laquelle consiste a le mouvoir dans tous les sens, d'abord ploye et ensuite tendu ; 2° a la legon de la tete ; celle-ci devra tourner a droite et a gauche sans que ses mouvements reagissent sur les epaules. Des que la lecon du buste, des bras et de la tete don- nera un resultat satisfaisant, ce qui doit arriver au bout de quatre jours (huit lecons), on passera a celle des jambes. L'eleve eloignera, autant que possible, des quartiers de la selle Tune des deux cuisses ; il la rapprochera ensuite avec un mouvement de rotation de dehors en dedans, afin de la rendre adherente a la selle par le plus de points de contact possible. L'instructeur veillera a ce que la cuisse ne retombe pas lourdement ; elle doit reprendre sa posi- tion par un mouvement lentement progressif et sans se- cousses. II devra, en outre, pendant la premiere lecon, prendre la jambe de l'eleve et la dinger pour bien faire comprendre la maniere d'operer ce deplacement. II lui evitera ainsi de la fatigue et obtiendra de plus prompts resultats. Ce genre d'exercice necessite de frequents repos ; il y aurait inconvenient a prolonger la duree du travail au dela des forces de l'eleve. Les mouvements d'adduction — 22 — (qui rendent la cuisse adherente a la selle) et ceux d'ab- duction (qui eloignent) devenant plus faciles, les cuisses auront acquis un liant qui permettra de les fixer a la selle dans une bonne position. On passera alors a la flexion des jambes. FLEXION DES JAMBES. L'instructeur veilleraace quelesgenouxconservent tou- jours leur adherence parlaite avec Iaseile. Les jambes se mobiliseront comme le penduled'une horloge, c'est-a-dire que l'eleve les remontera jusqu'a toucher letroussequin de la selle avec les talons. Ces flexions repetees rendront les jambes promptement soupies, liantes, et leur mouve- ment independant de celui des cuisses. On continuera les flexions de jambes et de cuisses pendant quatre jours (huit legons). Pour rendre chacun decesmouvements plus correct et plus facile, on y consacrera huit jours (ou qua- torze legons). Les quatorze jours (trente legons) qui res- teront pour completer le mois continueront a etre em- ployes au travail d'assouplissement en piace ; seulement, pour que l'eleve apprenne a combiner la force de ses bras et celle de ses reins, on lui fera tenir progressivement des poids de 2a 5 kilogrammes a bras tendu. On com- mencera cet exercice par la position la moins fatigante, le bras ploye, la main pres de Tepaule, et on poussera cette flexion a la plus grande extension du bras. Le buste ne devra pas se ressentir de ce travail et restera maintenu dans la meme position. — 28 DES GENOUX. La force de pression des genoux se jugera, et meme s'obtiendra a l'aide du moyen que je vais indiquer. Ce moyen, qui de prime abord semblera peut-etre futile, amenera cependant de tres-grands resultats. L'instruc- teur prendra un morceau de cuir de l'epaisseur de cinq millimetres et long de cinquante centimetres ; il placera 1'une des extremites de ce cuir entre le genou et le quar- ter de la selle. L'eleve fera usage de la force de ses ge- noux pour ne pas le laisser glisser, tandisque l'instructeur le tirera lentement et progressivement de son cdte. Ce procede servira de dynamometre pour juger des progres de la force. Quelques paroles encourageantes placees a propos stimuleront l'amour-propre de chaque eleve. On veillera avec le plus grand soin a ce que chaque force qui agit separement n J en mette pas d'autresen jeu, c'est-a-dire que le mouvement des bras n'inilue jamais sur les epaules ; ii devra en etre de meme pour les cuisses, par rapport au tronc; pour lesjambes, par rapport aux cuisses, etc., etc. Le deplacementeU'assouplissement de chaque partie isolee une fois obtenus, on deplacera mo- mentanement le haut du corps, afin d'apprendre au cava- lier a se remettre en selle de lui-meme. Voici comment ons'y prendra : L'instructeur, place sur le cdte, poussera l'eleve par la hanche, de maniere que son assiette se trouve portee en dehors du siege de ia selle. Avant d'o- — ±i perer un nouveau deplacement, l'instructeur laissera l'e- leve se remettre en selle, en ayantsoin de veiller a ce que, pour reprendre son assiette, il ne fasse usage que des hanches et des genoux, afin de ne se servir que des par- ties les plus rapprochees del'assiette. En effet, le secours des epaules influerait bientot sur la main, et celle-ci sur le cheval ; le secours des jambes pourrait avoir de plus graves inconvenients encore. En un mot, dans tous les deplacements, on enseignera a l'eleve a ne pas avoir re- cours, pour diriger, aux forces qui maintiennent a cheval ; a ne pas employer, pour s'y maintenir , celles qui dirigent. Ce point de l'education etant atteint, un mois nesesera pas ecoule depuis le jour ou aura ete hisse en selle un lourd consent normand ou bas-breton, et deja, a l'aide d'une gymnastique equestre justement combinee et em- ployee a propos, on aura developpe les organisations physiques les plus contraires a l'arme a laquelle elles etaient destinees. L'eleve ayant t'ranchi les epreuves preliminaires, at- tendra avec impatience les premiers mouvements du che- val pour s'y livrer avec l'aisance dun cavalier deja expe- rimente. Quinze jours (trente lecons) seront consacres au pas, au trot et meme au galop. Ici l'eleve doit uniquement chercher a suivre les mouvements du cheval ; en conse- quence, l'instructeur l'obligera a ne s'occuper que de sa position et non des moyens de direction a donnerau che- val. On exigera seulement que le cavalier marche d'a- — 25 — bord droit devant lui, puis en tous sens, une rene de bri- don dans chaque main. Au bout de quatre jours (huit le- mons), on pourra lui faire prendre la bride dans la main gauche. On s'attachera a ce que la main droite, qui se trouve libre, reste acotede la gauche, afin que le cavalier prenne de bonne heure I'habitude d'etre place carrement (les epaules sur la meme ligne) ; le cheval trottera egale- ment a droite et a gauche. Lorsque l'assiette sera bien consolidee a toutes les allures, l'instructeur expliquera d'une maniere simple les rapports qui existent entre les poignets et les jambes, ainsi que leurs effets separes(l). EDUCATION DU CHEVAL. Ici le cavalier commencera l'education du cheval, en suivant la progression que j'ai indiquee et que Ton retrou- vera ci-apres. On fera comprendreal'elevetoutcequ'elle a de rationnel, et par quelle liaison intime se suivent, dans leurs rapports, l'education de l'homme et celle du cheval. Au bout de quatre mois a peine, le cavalier pourra passer a l'ecole de peloton ; les commandements ne seront plus qu'une affaire de memoire ; il lui suffira d'entendre pour executer, car il sera maitre de son cheval. J'espere que la cavalerie comprendra (comme elle a deja compris mon mode d'education du cheval) tout l'a- vantage des moyens que j'indique pour tirer le plus large (1) Voir les prill cipes pour l'education du cheval. — 26 — parti possible du peu de temps que chaque soldat reste sous les drapeaux. J'ai egalementla conviction que l'emploide ces moyens rendra prompte etparfaite l'education deshommes et des chevaux. RESUME ET PROGRESSION. Jours. Lerons. 1° Flexion des reins pour servir a l'extension du buste 4 8 2° Rotation, extension des cuisses et tlexion des jambes 4 8 3° Exercice general et successif de toutes les parties 8 14 4° Deplacement du tronc, exerciee des genoux et des bras avec des poids dans les mains 14 30 5° Position du cavalier sur le cheval au pas, au trot et au galop, pour faconner et fixer l'assiette a cps differentes allures , . . 15 30 6° Education du cheval par le cavalier 75 150 Total 120 240 II KINfiSIE EQUESTRE. ETUDE DE MECANISME DU CAVALIER. M. Rul, mon eleve, est le premier a uquelje fis con- naftre, il y a plus de vingt ans , ces nouveaux moyens de donner une bonne position au cavalier, et depuis lors il les a appliques avec le plus grand succes a 1' instruction de ses eleves dans les diverses parties de l'Europe qu'il a parcourues pour y introduire ma methoded'equitation. Je suis heureux de lui donner une nouvelle preuve de mon estime et de mon affection sincere, en public nt ici le programme de cette partie importante de l'equitation, trop peu connue en France, tel qu'il l'a i'ormule : Le pianiste commence par exercer son doigter. Il en est de meme dechaqueinstrumentiste. A plus forte raison devrait-il en etre de meme du cavalier, auquel il laudrait donner d'abord les moyens de se tenir d'aplomb sur son _ 28 — cheval, avant de Iui apprendre a le dresser, a le con- duire. La kinesie, science du mouvement, apprend au cava- lier a exercer separement, — simultanement, — unii'or- mement, — contradictoirement, toutes les parties de son mecanisme, afin dedetruire rinfluence instinctive descon- generes, et donner aux muscles une action libre, inde- pendante, afin de regler le jeu de ses divers leviers, de coordonner ses effets de force, pour demeurer en rapport constant d'equilibre avec son cheval. DIVISION DU TRAVAIL (DEUX LECONS PAR JOUR). A pied. — Assouplissement. (Flexions. . . Extensions.. (Rotations. . Adductions . A cheval sur un cheval de voltige, etc. 4 jours. a cheval (sans etriers et sans renes). a la l0nge (en cercle). En place ) 2 cavaliers par cheval : Pun tient) Au pas i lalonge, l'autre s'exerce. . . ) Au trot lis se remplacent Au galop .... Toutes les 5 minutes A cheval (sans etriers et avec les renes du filet). . A la fin de la lecon, faire desseller et monler a poil. Sauts d'obstacles A cheval (en couverte) 12 8 Ensemble 50 jours. — 29 — >ROGRESSION DE LA LECON. VOLTIGE UTILE. — MONTER, SAUTER, DESCENDRE DES DEUX COTES. 'Me. Epaulet A droite. A gauche. En arriere a droite. En arriere a gauche. En avant. En arriere. Oblique a droite. Oblique a gauche. Rotations a droite. Rotations a gauche. Rotations limitees. Elevation et abaissement. Bras. ^Separement.. . [Simultanement. Oppositivement, .Rotations. . . . ►Extensions. 'En haut. I En bas. iDe cote. ^En arriere. [En avant. 'En arriere, Rein< / Flexions entieres. I Demi-flexions. ) Rotations a droite. ' j Rotations a gauche. f Extensions a droite. , Extensions a gauche. Separement i Rotations gradutses. Cuisses Genoux. Simultanement. Oppositivement. Separement. . . Simultanement. Oppositivement. /Passives. Oppositions^ Actives. (Alternes. IPressions graduees. Oppositions alternes. — 30 i Separement. . . Jambes - Simultanement. 'Oppositivement. i Separement. . . Pieds. .... . ■ Simultanement. 'Oppositivernent. Deplacements. . ( Simples. Replacements (1) ( Multiples. i Au pas. .... Voltige Au trot ' Au galop. . . . /Flexions. . I En arriere. iE^tensions. | En avant. \ Flexions. > Extensions. 'Potations. /Descendre et remonter des { deux cot^s. Apres ces 100 lecons de kinesie, le cavalier est plus solide a cheval, plus souple, plus apte a manier ses armes et a dresser son cheval, que nimporte quel cavalier de l'armee, dont Pinstruction equestre a ete faite selon 1'or- donnance de cavalerie. II peut apprendre maintenant a dresser son cheval, cest-a-dire a se servir de ses jambes et de sa main pour parler a Intelligence du cheval. Quel service pourrait-on attendre du marin qui marcherait sur le pont d'un navire, d'un pas incertain, en patinant et en saccrochant aux amarres pour ne pas tomber? Voila cependant ce que l'ordonnance de cavalerie fait du ca- valier, auquel elle apprend a se tenir a cheval avec le secours de la main et des etriers. Elle est impuissante pour lui apprendre a mener juste son cheval. C'estce qui justifie ces paroles de M. le general Daumas : « Tandis « qu'il nous taut plusieurs annees pour obtenir un me- '1) Combiner tous ces exercices 2 a 2, 3 a 3, 4 a 4, 5 a 5. — 31 — « diocre cavalier ! » A cela je reponds : « Tandis qu'il « ne faudrait que quelques mois pour obtenir un excel- « lent cavalier militaire ! » Mais il faudrait que tous les cavaliers suivissent cette progression methodique de la kinesie, developpee par M. Baucher, et Ton verrait des merveilles ! RUL. eleve de M. Baucher. Ill DE L'EQUILIBRE DU CHEVAL. L'harmonie dti poids et des forces du cheval donne l'equilibre de la masse. L'equilibre de la masse prodnii 1'harmonie des mouvements. Baucher. Tout etre organist, pour conserver la liberte et la su- rete de ses mouvements, est astreint a observer la loi de l'equilibre. Le cheval monte, plus que tout autre animal, est soumis a cette loi, car non-seulement il doit calculer ses mouvements par rapport a sa propre masse, mais le poids additionnel de son cavalier tend a deranger cons- tamment son equilibre naturel. L'importance majeure d'equilibrer le cheval a ete vivement sentie par le monde equestre : aussi tout ecuyer se pique d'honneur et veut (rouver le secret de ce noeud gordien. Dans notre XIX e siecle, oii toutes choses doivent etre Iraitees scientifiquement, il est tout naturel qu'on ait demande a la science le secret de l'equilibre. La science a repondu par un probleme : — Pour equilibrer votre cheval, cherchez son centre de ^ravite. — 33 — Cette response n'a pas manque d'exciter une noble ar- deur. Tout le monde s'est mis a l'oeuvre. On cherche le centre de gravite partout, toujours... mais on ne le trouve pas. Des contradictions sans nombre surgissent chaque jour, les discussions s'enveniment, les traites d'equi- tation tournent au pamphlet, les decouvertes restent nulles et le centre de gravite continue a se promener dans le domaine dont on l'a fait seigneur et maitre. Un si grand personnage devrait cependant n'etre pas in- trouvable, eu egard aux limites restreintes qui le ren- ferment. Combien d'ecuyers ont use leur perseverance a cette vaine recherche ! Mais aussi, qui n'aurait voulu connaitre la solution d'un probleme qui, d'un seul coup, tranchait les difficultes de 1'equitation en donnant 1'equilibre du cheval ? La science avait parle; comme tout le monde, je crus a son oracle. Me voila done livre, pendant des anneesentieres, a des recherches journalieres. Resuitats nuls ! Ceux de la veille etaient contredits par ceux du lendemain. Fallait-il done, cependant, parcequ'il plaisait au centre de gravite de voyager incognito, iaisser le cheval et son cavalier exposes aux dangers qu'entraineledefaut d'equi- libre ! Pour m'aider dans mes recherches, je m'adressais aux ecuyers-auteurs. lis mettaient une grande erudition a — 34 — m'expliquer le deplacement du centre de gravity, quand, par exemple, une jambe se porte en avant, suivie de la jambe diagonalement opposee ; ou bien quand le ras- sembler s'opere, ou quand le cheval se cabre, rue, etc. II est la, disait Tun; non, je le vois de ce cote, disait lautre; et ces vaines discussions se continuent encore parce que Ton ne veut pas remonter aux causes premieres, et que les effets absorbent lattention gene- rale. Je m'incline devant la science. Mais son application est-elle toujours bien comprise? J'en doute, surtout dans le cas qui nous occupe. On etudie la maniere d'etre du centre de gravite. Pourquoi ? Je l'ignore. En saine pratique, n'avons-nous pas le poids du cheval a repartir et sa force a coordon- ner ? n'avons-nous pas a combiner les forces opposees du cavalier (main etjambes)?Si nous nous rendons compte des effets de ces divers agents, et si nous en tirons le parti convenable, nous arriverons a notre equilibre quand meme, n'en deplaise au centre de gravite. Messieurs les theoriciens, preparez vos anathemes! je vais porter une main profane sur le dieu de vos reves et briser votre idole, apres avoir, il est vrai, dans mon ignorance, bnilp sur son autel un inutile encens. Votre centre de gravite ne donne, n'entralne, ni ne produit rien. II existe incontestablement, mais a 1'etat de passivete. — 35 — Vous voulez 1'eriger en cause, il n'est qu'effet. Quelle que soit votre opinion a son egard, il fonction- nera toujours dans le meme ordre : bien, si votre mouvement est juste ; mal, si votre mouvement est irregulier. Pourquoi done, a propos d'equitation, avoir sans cesse a la bouche des mots scientifiques, sonores il est vrai, mais vides de sens et propres, tout au plus, a retarder les progres de Tart, par l'obscurite qu'ils repandent sur les theories ? Tenez, messieurs, abandonnez simplement le centre de gravite aux inlluences qui legouvernent, et cessez les discussions qu'il excite depuis trop longtemps. Au lieu d'enfourcher un nuage pour chevaucher a la recherche d'une idee aussi introuvable quinutile, montez un vrai cheval, et probablement vous approuverez les principes que je vais appliquer a I'obtention et au maintien de l'equilibre du cheval. 3. IV DE L'EMPLOI RAISONNE DES FORCES DU CHEVAL. Le cheval, comrae tous les etres organises, est doue d'un poids et d'une force qui lui sont propres. Le poids, inherent a la matiere constitutive de l'animal, rend sa masse inerte et tend a la fixer au sol. La force, au con- traire, par la faculte qu'elle lui donne de mobiliser ce poids, de le transferer de l'une a l'autre de ses parties, communique le mouvement, en determine la vitesse, la direction et constitue l'equilibre. Pour rendre cette verite palpable, supposons un cheval au repos. Son corps sera dans un parfait equilibre, si chacun de ses membres supporte exactement la part du poids qui lui est devolue dans cette position. S'il veul se porter en avant au pas, il devra prealablement trans- ferer, sur les jambes qui resteront fixees au sol, le poids que supporte celle qu'il en detachera la premiere. II en sera de meme pour les autres allures, la translation s'o- perant au trot, d'une diagonaie a l'autre; au galop, de — 37 — l'avant a l'arriere-main, et reciproquement. II ne taut done jamais confondre les manieres d'etre du poids et de la force. Le poids n'est que passif, la force determinante est active. C'est en reportant le poids sur telles ou telles extremites que la force les mobilise ou les fixe. La lenteur ou la vitesse des translations determine les differentes allures, qui sont elles-memes justes ou fausses, egales ou inegales, suivant que ces translations s'executent avec justesse ou irregularite. On comprend que cette puissance motrice se subdivise a I'infini, puisquelle est repartie sur tous les muscles de I' animal. Quand ce dernier en determine lui-meme l'em- ploi, je les appelle instinctives ; je les nomme transmises(l) lorsque le cavalier en coordonne l'emploi. Dans le pre- mier cas, l'homme, domine par son cheval, restele jouet de ses caprices ; dans le second, au contraire, il en fait un instrument docile, soumis a toutes les impulsions de sa volonte. Le cheval, des qu'il est monte, ne doit done plus (I) Plusieurspamphlelaires IteS'irudits et profonds anatomistes out beau- coup discute sur cette expression : forces transmises, n'ayant, disaient-ils agreablement, rien trouve de seniblable dans les chevaux qu'ils avaienl eeorches a l'ecole d'Alfort. On reconnailra sans doute avec moi que cette ItoulFonnerie est fort conchianle. Pour parler serieusement. je declare qu'en employ ant l'expression trans- mises, je ne pretends pas creer des forces en principe, mais seulement en fait. Je parviens a diriger et a uliliser des forces qui, par suite de contrac- tions et de resistances, demeuraient complelenient inertes, et qui seraient consequemment comme si elles n'etaient pas. N'est-ce point la une espece de transmission? Au surplus, j'ai adopte ce mot, tant epilogue^, parce qu'il m'a paru propre a rendre mon idee plus clairement que tout autre, et parce que je m'adressais a des ecuyers, non a des purisles academiques. — 38 — agir que par des forces transmises. L'application cons- tante de ce principe constitue le vrai talent de l'ecuyer. Mais un tel resultat ne peut s'obtenir instantanement. Le jeune cheval, habitue a regler lui-meme, dans sa liberte, l'emploi de ses ressorts, se soumettra d'abord avec peine a l'influence etrangere qui viendra en disposer sans intelligence. Une lutte s'engagera necessairement entre le cheval et le cavalier; celui-ci sera vaincu s'il ne possede l'energie, la perseverance et surtout les connais- sances necessaires pour arriver a ses fins. Les forces de l'animal etant l'element sur lequel l'ecuyer doit agir principaiement, pour les dominer d'abord et les diriger ensuite, c'est sur elles avant tout qu'il lui importe de fixer son attention. II recherchera quelles sont les parties ou elles se contractent le plus pour la resistance, les causes physiques qui peuvent occasionner ces contractions. Des qu'il saura a quoi s'en tenir sur ce point, il n'emploiera envers son eleve que des procedes en rapport avec la nature de ce dernier, et les progres seront alors rapides. Malheureusement, on chercherait en vain dans les auteurs anciens et modernesqui ont ecrit sur l'equitation, je ne dirai pas des principes rationnels, mais meme des donnees quelconques sur ce qui se rattache a l'emploi raisonne des forces du cheval. Tous ont bien parle de resistances, ft oppositions, de legerete', d'equilibre, mais aucun n'a su nous dire ce qui cause ces resistances, comment on peut les combattre, les detruire, et obtenir cette legerete, cet equilibre, qu'il nous recommande si — M — instamment. C'est cette grave lacune qui a jete sur les principes de l'equitation tant de doutes et dobscurite ; c'est elle qui a rendu cet art stationnaire pendant si longtemps ; c'est cette grave lacune, enfin, que je crois etre parvenu a combler. Et d'abord, je pose en principe que toutes les resis- tances desjeunes chevaux proviennent, en premier lieu, dune cause physique, et que cette cause ne devient mo- rale que par la maladresse, 1'ignorance ou la brutalite du cavalier. En effet, outre la roideur naturelle, commune a tous ces animaux. chacun d'eux a une conformation particuiiere dont le plus ou le moins de perfection cons- titue le degre d'harmonie existant entre le poids etles forces. Le defaut de cette harmonie occasionne l'imper- fection des allures, la difficulte des mouvements, en un mot, tous les obstacles qui s'opposent a une bonne edu- cation. A 1'etat libre, quelle que soit la mauvaise struc- ture du cheval, l'instinct seul lui suffira pour disposer ses forces de maniere a maintenir son equilibre ; mais il est des mouvements qui lui sont impossibles, jusqu'a ce qu'un travail preparatoire l'ait misameme de suppleer aux de- fectuosites de son organisation par un emploi mieux com- bine desa puissance motrice (1). Un cheval ne se met en (1) J'engage beaucQup les amateurs desireux de suivre ines preceptes dans tout ce qu'ils out de natural et de nielhodique, a bieu prendre garde d'y meler des nioyens pratiques qui y sunt elrangers et contraires. Dans le nombre de ces grotesques inventions se trouve place le jockey anglais ou I'homme de bois, auquel de graves auteurs ont attribue des proprietes que la saine equitation reprouve ; en effet, la force permanente du bridon dans — 40 — mouvement qu'a la suite d'une position donnee ; s'il est des forces qui s'opposent a cette position, il faut done les annuler d'abord pour ies remplacer par celles qui pourront, seules, la determiner. Or, je le demande, si, avant d'avoir surmonte ces pre- miers obstacles, le cavalier vienty ajouterle poids de son propre corps et ses exigences maladroites, l'animal n'e- prouvera-t-il pas une difficulty plus grande encore pour executer certains mouvements? Les efforts qu'on fera pour l'y astreindre, etant contraires a sa nature, ne devront-ils pas se briser contre cet obstacle insurmontable ? II resis- tera naturellement, etavec d'autant plusd'avantage, que la mauvaise repartition de son poids et de ses forces suf- fira pour detruire Taction du cavalier. La resistance emane done ici d'une cause physique ; cette cause devient mo- rale des l'instantou, lalutte se continuant avec les memes procedes, le cheval commence a combiner lui-meme les moyens de se soustraire au supplsce qu'on lui impose, la bunche du cheval est une gene et non pas un avis; elle lui apprend a revenir sur lui-meme en s'acculant, pour en eviter la sujetion. A l'aide de cette force brutale, ii connaitra de bonne beure comment il pent eviter les efl'ets de main du cavalier. C'est a cheval, et par de jus'.es et progressives oppositions de main et de jatnbes, que Ton obliendra des resultats prompts el int'aillibles, resultals qui seront tous en faveur du mecanisme et de Fintelligence du cavalier. Si le cheval prescntait quelques dilTicultes dangereupes, un second cavalier, a l'aide du eaveeon, produirait une action suffisante sur le moral du cheval, pour donner le temps a celui qui le monte d'agir physiquemeni, afin de dis- poser la masse dans le sens du mouvement qu'on veut exiger. Mais, on le vdit, il faut une intelligence pour parler intelligiblement au cheval, et non pas une machine fonctionuant brutalemenl. — 41 — lorsqu'on veut ainsi forcer des ressorts qu'on n'a pas as- souplisd'avance. Quand les choses en sontla, elles ne peuvent qu'empi- rer. Le cavalier, degoute bientot de l'impuissance de ses efforts, rejettera sur le cheval la responsabilite de sa pro- pre ignorance ; il fletrira du nom de rosse un animal qui possedait peut-etre de brillantes ressources, et dont, avec plus de discernement et de science, il aurait pu laire une monture dont le caractere serait aussi docile et soumis que les allures seraient gracieuses et agreables. J'ai re- marque souvent que les chevaux reputes indomptables sontceux qui developpent le plus d'energie et devigueur, des qu'on a su remedier aux inconvenients physiques qui paralysaient leur essor. Quant a ceux que, malgre leur mauvaise conformation, on flnit par soumettrea un sem- blant d'obeissance, il faut en rendre grace a la mollesse seule de leur nature ; s'ils veulent biens'astreindre a quel- ques exercices des plus simples, c'est a condition qu'on n'exigera pas davantage, car ils retrouveraient bien vite leur energie pour resister a des pretentions plus elevees. Le cavalier pourra done les faire marcher aux differentes allures ; mais quel decousu, quelle roideur, quel disgra- cieux dans leurs mouvements, et quel ridicule de sem- blables coursiers ne jettent-ils pas sur le malheureux qu'ils ballottent et entrainent ainsi a leur gre , bien plus qu'ils ne se laissent diriger par lui ! Get etat de choses est tout nature!, puisqu'on n'a pas detruit les causes premieres qui le produisent : la mauvaise repar- tition du poids el des forces et la roideur quelle entraine a sa suite. Mais, va-t-on m'objecter, puisque vous reconnaissez que ces difficultes tiennent a la conformation du cheval, comment est-il possible d'y remedier ? Vous n'avez pro- bablement pas la pretention de changer la structure de l'animal et de corriger la nature ? Non sans doute ; mais tout en convenant qu'il est impossible de donner plus d'ampleur a une poitrine elroite, d'allonger une enco- lure trop courte, d'abaisser une croupe elevee, de rac- courcir et d'etofler des reins longs, faibles et etroits, je n'en soutiens pas moins que si je detruis ies contractions diverses occasionnees par ces vices physiques, si j'assou- plis les muscles, si jeme rends maitre des forces au point d'en disposer a volonte, il me sera facile de prevenir ces resistances, de donner plus de ressort aux parties faibles, de moderer celles qui sont trop vigoureuses. et de sup- plier ainsi aux mauvais effets d'une nature imparfaite, en etablissant, dans l'equilihre du cheval, une juste reparti- tion du poids et des forces. De pareils resultats, je ne crains pas de le dire, furent et demeurent interdits a jamais aux anciennes ecoles. Mais si la science de ceux qui professent d'apres ies vieux errements vienttoujours se briser contre le grand nombre des chevaux defectueux, on rencontre des chevaux qui, par la perfection de leur organisation et la facilite d'e- ducation qui en resulte, contribuent puissamment a per- petuer ies routines impuissantes, si funestes aux progres — 43 — de I'equitation. Un cheval bien constitue est celui dont toutes les parties, regulierement harmonisees, amenent l'equilibre parfait de l'ensemble. II serait aussi difficile a pareil sujet de sortir de cet equilibre naturel, pour pren- dre une mauvaise position et se defendre, qu'il est pe- nible d'abord, au cheval mal conforme, d'acquerir cette juste repartition du poids et des forces sans laquelle on ne peut esperer aucune regularity de mouvements. C'est done dans l'education de ces derniers animaux seulement, que consistent les veritables difficultes de I'e- quitation. Chez les premiers, le dressage doit etre, pour ainsi dire, instantane, puisque, tous les ressorts etant a leur place, il ne reste plus qu'a les faire raouvoir; ceresul- tat s'obtient toujours avecmamethode. Lesanciens prin- cipes, cependant, exigent deux et trois ans pour y par- venir; etlorsqu'a force detatonnements etd'incertitudes, l'ecuyer done de quelque intelligence et de quelque prati- que finit par habituer le cheval a obeir aux impressions qui lui sont communiquees, il croit avoir surmonte de grandes difficultes, et attribue a son savoir-faire un re- sultat que l'application de bons principes aurait procure en quelques jours. Puis, comme l'animal continue a de- ployer dans tous ses mouvements la grace et la legerete naturelles a sa belle conformation, le cavalier ne se fait nul scrupule de s'en approprier le merite, se montrant alors aussi presomptueux qu'il est injuste, lorsqu'il veut rendre le cheval mal constitue responsable de l'ineffica- cite de ses eiiorts. — 44 — Si nous admettons une fois ces Veritas : Que l'education du cheval consiste dans la domination complete de ses forces et dans la juste repartition de son poids. Qu'on ne peut disposer des forces qu'enannulant toutes les resistances. Et que les resistances ont leur source dans les con- tractions occasionnees par les vices physiques. II ne s'agira plus que de rechercher les parties ou s'o- perent ces contractions, afin d' essay er de les combattre et de les faire disparaitre en provoquant un equilibre convenable du poids et des forces. De longues et consciencieuses observations m'ont de- montre que, quel que soit le vice de conformation qui s'oppose dans le cheval a la juste repartition des forces, c'est toujours sur la machoire que s'en fait ressentir l'ef- fet le plus immediat. Pas de faux mouvements, pas de resistance qui ne soient precedes par la contraction de cette partie de l'animal ; et comme l'encolure est intime- ment liee a la machoire, la roideur de Tune se communi- que instantanement a i'autre. Ces deux points sont l'arc- boutant sur lequel s'appuie le cheval pour annuler tous les efforts du cavalier. On concoit facilement l'obstacle immense qu'ils doivent presenter, puisque la tete et l'en- colure etant les deux leviers principaux par lesquels on place et dirige 1'animal, il est impossible de rien obtenir de lui tant qu'on ne sera pas entierement maitre de ces pre- mierset indispensablesmoyens d'action. ATarriere-main, les parties oules forces se contractent le plus pour les re- sistances sont les reins et la croupe (les hanches). Les contractions de ces deux extremites opposees sont mutuellement les unes pour les autres cause et effet, c'est-a-dire que la roideur de la machoire et de i'enco- lure amene celle des hanches, et reciproquement. On peut done les combattre l'une par Tautre ; et des qu'on aura reussi a les annuler, des qu'on aura ainsi retabli l'equilibre et l'harmonie entre l'avant et l'arriere-main, l'education du cheval sera a moitie faite. Je vais indiquer par quels moyens on y parviendra intailliblement. V TRAVAIL A PIED. MOBILISATION DU CHEVAL, All MOYEN DES FORCES INJUNCTIVES, POUR ORTENIR LEQUILIRRE DU POIDS. EMPLOl Dl- LA CRAVACHE POUR APPRENDRE AU CHEVAL A VENIR A L' HOMME, LE RENDRE SAGE AU MONTOIR, ETC. Avant de commences les flexions, il est essentiel de donner au cheval une premiere lecon d'assujettissement et de lui faire connaitre toute la puissance de l'homme. Ce premier acte de soumission, qui pourr it paraitre sans importance, servira promptement a le rendre calme, confiant, a reprimer tous les mouvements qui detourne- raient son attention et retarderaient son education. Quelques legons dune demi-heure suffiront pour ob- tenir ce resultat chez tous les chevaux ; le plaisir que Ton eprouvera a jouer ainsi avec le cheval portera naturel- lement le cavalier a continuer cet exercice autant qu'il sera necessaire, et a le rendre aussi instructit' pour le cheval qu'utilealui-meme. Voici comment on s'y prendra: le cavalier s'approchera du cheval, sa cravache sous le — 47 — bras, sans brusquerie ni timidity ; il lui parlera sans trop Clever la voix, etle flattera de la main sur le chanfrein ou sur l'encolure, puis avec la main gauche, il saisira les renes de la bride, a 16 centimetres des branches du mors, en soutenant le poignet avec assez d'energie pour pre- senter autant de force que possible dans les instants de resistance du cheval. La cravache sera tenue de la main droite, la pointe vers la terre, puis on Televera lentement jusqu'a la hauteur du poitrail pour en frapper delicate- ment cette partie a une seconde dintervalle. Le premier mouvement naturel du cheval sera de reculer pour evi- ter les attouchements de la cravache. Le cavalier suivra ce mouvement retrograde sans discontinuer toutefois la tension energique des renes de la bride, ni les petits coups de cravache sur le poitrail. Le cavalier devra rester maitre de ses impressions, afln qu'il n'y ait dans ses mou- vements et dans son regard aucun indice de colere ni de iaiblesse. Fatigue de ces effets de contrainte, le cheval cherchera bientot par un autre mouvement a eviter la sujetion, et cest en se portant en avant qu'il y parvien- dra ; le cavalier saisira ce second mouvement instinctil pour l'arreter et flatter lanimal du geste et de la voix. La repetition de cet exercice donnera des re- sultats surprenants, meme a la premiere legon. Le cheval, ayant bien compris le moyen a l'aide duquel il peut eviter la cravache, n'en attendra pas le contact, il le previendra en s'avancant de suite au moindre geste. Ce travail, d'ailleurs tres-recreatit, servira de plus a — 48 — rendre le cheval sage au montoir, abregera de beaucoup son education, et accelerera le developpement de son in- telligence. Dans le cas ou, par suite de sa nature inquiete ou sauvage, le cheval se livreraita des mouvements des- ordonnes, on devrait avoir recours au cavecon, comme moyen de repression, et l'employer par petites saccades. Quand le cheval se portera franchement en avant a Taction de la cravache, le moment sera venu de faire une legere opposition avec la main de la bride, afin d'obtenir un effet de ramener, sans discontinuer Failure du pas. On commencera aussi quelques temps de reculer, qu'on alternera avec les mouvements en avant, jusqu'a disparition complete des resistances. Cet exercice est tres-important pour deplacer, par les forces purement instinctives, d'abord, mais que nous regulariserons ensuite, le poids qui se fixerait trop sur l'arriere ou sur l'avant-main. Faisons une remarque sur laquelle nous reviendrons plus tard. Le poids du cheval surcharge naturellement la partie anterieure du corps; cest pour cela qu'en vertu du prin- cipe qui oppose les forces au poids dans l'ordre naturel, la nature a donne une si grande puissance aux muscles posterieurs du cheval qui doivent, aux differentes allures et surtout au galop, non-seulement recevoir le poids de l'avant-main, mais encore projeter toute la masse en avant. Dans le reculer, cette distribution du poids induit souvent en erreur le cavalier inexperimente. li s'imagine — 49 — que le mouvement retrograde est produit par le depla- cement total du poids par les forces, tandis qu'il n'est du qu'au reflux des forces impulsives qui, refoulees par une opposition de main, n'ont entraine avec elles qu'une partie du poids. Aussi, bien que le cheval recule, l'avant- main se trouve souvent surcharges d'un poids compara- tivement enorme. D'ou il suit que le mouvement est irregulier, jusqu'a ce que l'ecuyer, revenu de son erreur, ait su alleger 1'avant-main de maniere a equilibrer le poids et les forces. Les moyens d'atteindre a ce but seront donnes ulterieurement. Alors nous appellerons l'attention du lecteur sur l'emploi des aides, que la pra- tique seule peutrendre judicieux. Les exercices precedents a l'aide de la cravache, tels que : porter le cheval en avant, les commencements de ramener et de reculer, seront suivis, toujours a l'aide de lacravache, soit des pas de cote, soit des pirouettes ordi- naires ou renversees. Pour les pas de cote, la main, en se soutenant, facilite le mouvement des epaules dans le sens indique par la cravache. Dans le cas de resistance provenant de la croupe, le cavalier en triompherait par une opposition de la main qui ne reprendrait sa position que lorsque le mou- vement serait commence. Dans les pirouettes renversees, la main se maintiendra pour forcer la croupe a obeir a la cravache, et la faire tourner autour des jambes de devant, dont 1'une doit lui servir de pivot. — 50 - Dans les pirouettes ordinaires, la cravache agira sur la croupe, pour la fixer et fournir aux jambes anterieures, mobilisees par la main, le pivot necessaire a leur mouve- ment de rotation. Ces divers exercices, pratiques pendant quelques jours, en seances d'une heure, ainsi que les flexions et le travail de la chambriere, disposeront le cheval aux mou- vements qu'il devra executer avec son cavalier en selle. Bien entendu que dans cours de l'education du cheval, il faudra revenir souventa ces exercices preliminaires afin qu'il ne perde pas le fruit de ses legons precedentes. VI DE LASSOUPLISSEMENT Les nouveaux principes de ma methode ne peuvent etre pratiques que par les hommes verses dans I'art de l'equitation, et qui joignent a une assiette assuree une assez grande habitude du cheval pour comprendre tout ce qui se rattache a son mecanisme. Je ne reviendrai done pas sur les procedes elementaires ; e'est a l'instructeur a juger si son eleve possede un degre convenable de soli- dity, s'il est suffisamment en rapport d'enveloppe avec son cheval ; car, en meme temps qu'une bonne position produit cette identification, elle fa vorise lejeu facile et regulier des extremites du cavalier. Mon but ici est detraiter principalement de l'education du cheval ; mais cette education est trop intimement liee a celle du cavalier, pour qu'il soit possible de faire pro- gresser l'une sans l'autre. En expliquant les procedes qui devront amener la perfection chez l'animal, j'appren- drai necessairement a l'ecuyer a les appliquer lui-meme; il ne tiendra qu'a lui de professor demain ce que je lui demontre aujourd'hui. Nous connaissons maintenant quelles sont les parties 4. — S2 — du cheval qui se contractent le plus pour les resistances, et nous sentonsla necessite deles assouplir. Chercherons- nous des lors a les attaquer, a les exercer toutes ensem- ble, pour les soumettre du meme coup ? Non, sans doute, ce serait retomber dans les anciens errements, et nous sommes convaincu de leur inefficacite. L'animal est doue d'une puissance musculaire infiniment superieure a la n6tre ; ses forces instinctives pouvant en outre se soutenir les unes par les autres, nous serons inevitablement vaincus si nous les surexcitons toutes a la fois. Puisque les contractions ont leur siege dans des parties separees, sachons profiter de cette division pour les combattre suc- cessivement, a Fexemple de ces gene>aux habiles qui de- truisent en detail des forces auxquelles ils n'auraient pu resister en masse. Du reste, quels que puissent 6trel'age, les dispositions et la structure du cheval, mes procedes, en debutant, seronttoujours les memes. Les resultats seulement seront plus ou moins prompts et faciles, suivant le degre de per- fection de sa nature et I'influenee de la main a laquelle il aura pu etre soumis anterieurement. L'assouplissement, qui, chez un cheval bien constitue, n'aurad'autre but que de preparer ses forces a ceder a nos moyens d'action, devra deplus retablirle calme et la confiance, s'il s'agit d'un cheval mal mene, et faire disparaitre, dans une con- formation defectueuse, les contractions, causes des resis- tances et de l'opposition a un equilibre parfait. Les difli- cultesa surmonter seront en raison de cette complication — 53 — d'obstacles, qui tous disparaitront bien vite, moyennant un peu de perseverance de notre part. Dans la progression que nousallons suivrepour soumettre a l'assouplissement les diverses parties de Tanimal, nous commencerons na- turellement par les plus importantes, c'est-a-dire par la machoire et l'encolure. La tete et l'encolure du cheval sont a la fois le gouver- nail de l'animal et la boussole du cavalier. Par elles il dirige l'animal; par elles aussi il peut juger dela regula- rity, de la justesse de son mouvement ; pas d'equilibre, pas de legerete, si la tete et l'encolure ne sont aisees, liantes et gracieuses. Nulle elegance, nulle facilite dans l'ensemble, des que ces deux parties se roidissent. Pre- cedant le corps du cheval dans toutes ses impulsions, elles doivent preparer d'avance, indiquer par Ieur attitude les positions a prendre, les mouvements a executer. Nulle domination n'est permise au cavalier taut qu'elles restent contractees et rebelles ; une Ibis qu'elles sont flexibles et maniables, il dispose de l'animal a son gre. Si la tete et l'encolure n'entament pas les premieres les changements de direction, si, dans les marches circulaires, elles nese maintiennent pas inclinees sur la ligne courbe, afin de surcharger plus ou moins les extremites en raison du mou- vement, si pour le reculer elles ne se replient pas sur elles-memes, et si lew legerete n'est pas toujours en rap- port avec les differentes allures qu'on voudra prendre, le cheval sera libre d' executer ou non ces mouvements, puisqu'il restera maitre de lemploi de ses forces. VII FLEXIONS DE LA MACHOIRE ET DE L'ENCOLURE. FLEXIONS DE LA MACHOIRE. Les flexions de la machoire, ainsi que les deux flexions de l'encolurequi vont suivre, s'executent en place, le ca- valier restant a pied. Le cheval sera amene sur le ter- rain, selle et bride, les renes passees sur l'encolure. Le cavalier verifiera d'abord si le mors est bien place et si la gourmette est attachee de maniere quil puisse introduire facilement son doigt entre les mailles et la barbe. Puis regardant l'animal avec bienveillance dans les yeux, il viendra se placer en avant de son encolure, prAs de la tete, le corps droit et ferme, les pieds un peu ecartes pour assurer sa base, et se mettre a meme de lutter avec avantage contre toutes les resistances (1). 1° Pour executer la flexion a droite, le cavalier saisira (4) J'ai divise toutes les flexions en deux parties, et, afin de faciliter rintelligence du teste, j'y ai joint des planches representani la position du cheval au moment ou la flexion va commencer et a l'inslant ou elle est terminee. Page 55 et 56. I PLANCH Hostei ' e ith Becqu — 38 — la rene droitede la bride avec !a main droite, a seize cen- timetres de la branche du mors, et la rene gauche avec la main gauche, a dix centimetres seulement de la bran- che gauche. Tl rapprochera ensuite la main droite de son corps en eloignant la gauche de maniere a contourner le mors dans la bouche du cheval. La force qu'il emploiera devra etre graduee et proportionnee a la resistance seule de la machoire et de l'encolure, afin de ne pas influer sur 1'aplomb qui donne l'immobilite au corps du cheval. S'il reculait pour eviter la flexion, on n'en continuerait pas moins Topposition des mains, lesquelles, dans ce cas, se porteraient en avant, afln de faire opposition a la force qui produit l'acculement et d'attirer le cheval a soi. Si le cheval, au lieu de reculer, resistait en portant la tete de bas en haut,il faudrait cesser la flexion laterale et par un mouvement de haut en bas, ramener la tete du cheva! danssa position naturelle. Ensuite on reprendrait la flexion devenue facile, puisqu'on aurait vaincu la resistance par la force qui lui est directement opposee. Si Ton a prati- que completement et avec soin le travail precedent , il sera facile, a l'aide de la cravache, d'arreter ce mouve- ment retrograde, qui est un puissant obstacle a toute espece de flexions de machoire et d'encolure. (Planche n°l.) 2° Des que la flexion sera obtenue, la main gauche laissera glisser la rene gauche a la meme longueur que la droite, puis les deuxrenes egalement tendues ameneront la tete pres du poitrail pour l'y maintenir oblique et verti- — 56 — cale, jusqu'a ce qu'elle se soutienne d'elle-meme dans cette position. Le cheval, en machant son mors, consta- tera la mise en main ainsi quesa parfaite soumission. Le cavalier, pour le recompense!", fera cesser immediate- mentla tension desrenes, et lui permettra, apresquel- ques secondes, de reprendre sa position naturelle. (Plan- che 2.) La flexion de la machoire a gauche s'executera d'apres les m6mes principes et par les moyens inverses de la flexion a droite, le cavalier ayant soin de passer alterna- tivement de l'une al'autre. On comprendrafacilementr importance de ces flexions de machoire. Elles ont pour resultat de preparer le che- val a ceder immediatement aux plus legeres pressions de mors, d'assouplir directement les muscles qui joignent la tete a l'encolure. La tete devant preceder et determiner les diverses attitudes de l'encolure, il est indispensable que cette derniere partie soittoujours assujettie a la pre- miere. Celan'aurait lieu qu'imparfaitement avec la flexibi- lite seule de l'encolure, puisque ce serait alors celle-ci qui determinerait 1'obeissance de la tete en l'entrainant dans son mouvement. L'opposition des mains s'engagera sans a-coup, pour ne plus cesser jusqu'a parfaite obeis- sance, a moins cependant que le cheval ne s'accule ; mais elle diminuera ou augmentera son effet en proportion de la resistance, de maniere a la dominer toujours sans trop la forcer. Le cheval qui d'abord resistera, flnira par con- siderer la main de 1'homme comme un regulateur irresis- Paee 57 et ot PLAN CHE 3 PLANCHE 4 Hoster Levilly del Lilh.Becauet freres — 57 — tible, et il s'habituera si bien a obeir, qu'on obtiendra bientot, par une simple pression de rene, ce qui, dans le principe, exigeait une plus grande force. Chaque renouvellement des flexions laterales amenera un progres dans l'obeissance du cheval. Des que ses pre- mieres resistances seront un peu diminuees, on passera aux flexions verticales de l'encolure. ASSOUPLISSEMENT DE L'ENCOLURE ET FLEXION DIRECTE DE LA MACH0IRE. 1° Le cavalier se placera comme pour les flexions la- terales de la machoire ; il saisira les renes du filet avec la main gauche, a seize centimetres des anneaux, et les renes de la bride a six centimetres du mors. II fera oppo- sition des deux mains et observera avec attention dans quel sens la resistance se presente ; si la force est plus considerable de bas en haut, il faut opposer une force de haut en bas, jusqu'a parfaite cession de la part du che- val. Il doit en etre ainsi pour toutes les flexions, il faut suivre les resistances du cheval dans toutes leurs direc- tions. Exemple: si voulant porter la tete du cheval a droite, elle s'elevait au lieu de se porter de ce cote, il faudrait ne s'occuper que de 1'affaissement, afin de com- battre la force qui, seule, ferait obstacle a la flexion to- lerate; ce moyen, judicieusement employe, donne des resultats prompts et infaillibles. (PlancheS.) 2" Lorsque la tete du cheval cedera d'eile-meme et par — 58 — son propre poids, le cavalier cessera immediatement toute espece de force, et permettra a l'animal de repren- dre sa position naturelle. (Planche 4.) Cet exercice, souvent reitere, amenera bientot l'assou- plissement des muscles releveurs de l'encolure, lesquels jouent un grand role dans les resistances du cheval, et facilitera en outre les flexions directes et lamise en main, qui devront suivre les flexions laterales. Le cavalier pourra executer ce travail a lui seul, comme le precedent; cepen- dant il serait bon de placer en selle un second cavalier, afin d'habituer le cheval, sous l'homme, au travail des as- souplissements. Ce second cavalier se contenterait alors de tenir, sans les tendre, les renes du filet dans la main droite, les ongles en dessous. Les flexions de la machoire ont deja communique l'as- souplissement a l'extremite superieure de l'encolure ; mais nous 1'avons obtenu au moyen d'un agent puissant et direct, et il taut habituer le cheval a ceder a un regu- lateur moins immediat. Il est d'ailleurs important que le liant et la flexibilite, oecessaires principalementala partie anterieure de l'encolure, se transmettent sur toute son etendue, pour endetruire completement la roideur. La force de haut en bas, pratiquee avec le filet n'agis- santque parlesmontantssur le haut de la tete, exige sou- vent un temps trop long pour amener le cheval a la bais- ser. Dans ce cas, il faudrait croiser les deux renes du filet, en prenant la rene gauche avec la main droite et la rene droite avec la main gauche, a dix-sept centimetres de la — 59 — bouche du cheval, de maniere a exercer une pression assez forte sur la barbe que Ton continuerajusqu'a ce que le cheval ait cede. Si le cheval repondait aux premieres flexions representees par la planche 4, il serait inutile de se servir de celle-ci, dont 1'effet est plus puissant. (Planche 5.) On peut encore agir directement sur la m&choire, de maniere a la rendre promptement mobile. A cet effet, on prendra, je suppose, larene gauche de la bride a dix-sept centimetres de la bouche du cheval, on tirera directement vers l'epaule gauche, on donnera en meme temps une tension a la rene gauche du filet en avant, de maniere que les poignets du cavalier , tenant les deux renes , soient en regard sur la meme ligne. Si le cheval cherche a elever la tete, la main qui tient le filet devra se baisser pour faire une opposition de haut en bas; il faudra rela- cher la main une fois la resistance annulee. Ces deux forces opposees ameneront bientot la mobilite de la machoire et le terme de la resistance. La force doit toujours etre proportionnee a celle du cheval, soit dans sa resistance, soit dans sa legerete. Ainsi, au moyen de cette force di- recte, il suffira de quelques lecons pour donner a lapartie dont il s'agitun liantquel'on n'aurait pas obtenu aussi promptement par tout autre moyen. (Planche 6.) Quelques chevaux n'acquierent pas, des le principe, le moelleux de la mobilite de la machoire. lis detachent momentanement la machoire inferieure. Mais une con- traction nerveuse leur fait immediatement rapprocher — 60 — avec bruit les incisives, espece de tic qui finirait par aug- menter les resistances au lieu de les detruire, et nuire a la legerete qui est notre but. FLEXIONS LATERALES DE L'ENCOLURE. 1° Le cavalier se placera pres de l'epaule du cheval comme pour les flexions de machoire ; il saisira la rene droite du filet, qu'il tendra en l'appuyant sur l'encolure, pour etablir un point intermediate entre la force qu'il emploie et la resistance que presentera le cheval ; il sou- tiendra la rene gauche avec la main gauche a trente-trois centimetres du mors. Des que le cheval cherchera a evi- ter la tension constante de la rene droite en inclinant sa tete a droite, le cavalier laissera glisser la rene gauche, afin de ne presenter aucune opposition a la flexion de l'encolure. Cette rene gauche devra se soutenir par une succession de petites tensions spontanees, chaque fois que le cheval cherchera a se soustraire, par la croupe, a 1'effet de la rene droite. {Planche 7.) 2° Lorsque la tete et l'encolure auront completement cede a droite, le cavalier donnera une egale tension aux deux renes pour placer la tete verticalement. Le liant et la legerete suivront bientot cette position, et aussit6t que le cheval constatera l'absence de toute roideur par Tac- tion de mdcher son frein, le cavalier fera cesser la tension des renes, en prenant garde que la tete ne profile de ce Page 60 et 61 PLAN CHE 7. PLAN CHE 8. Hoster Levilly del. Lith Becquat freres . — 61 — moment d'abandon pour se deplacer brusquement. Dans ce cas, il suffirait pour la contenir d'unleger soutien de la rene droite. Apres avoir maintenu le cheval quelques secondes dans cette attitude, on le remettra en place en soutenant un peu la rene gauche. L'important est que l'animal, dans tous ses mouvements, ne prenne de lui- meme aucune initiative. (Planche 8.) La flexion de l'encolure a gauche s'executera d'apres les memes principes et par les moyens inverses. Le ca- valier pourra repeter avec les renes de la bride ce qu'il aura fait d'abord avec celle du filet ; cependant le filet devra toujours etre employe en premier lieu, son effet etant moins puissant et plus direct. Si les flexions a pied ont ete bien faites, si elles ne laissent rien a desirer, celles a cheval s'obtiendront facilement. Ces premiers exercices sont d'une grande importance, et le temps que Ton y con- sacre abrege considerablement la duree des legons qui doivent suivre. Le cavalier doit scrupuleusement s'attacher a faire flechir la machoire avant l'encolure, de maniere que cette derniere soutienne la tete et la suive, sans ladevan- cer jamais. En principe, il n'y a pas d'encolure resistante avec une machoire moelleusement mobile. C'est presque toujours 1'oppose quand la flexion de l'encolure precede celle de la machoire. Les dents restent serreesou ne se detachent qu'impariaitement. — 62 — La resistance est toujours enraison directe dumutisme du cheval (1). Dans les flexions directes ou laterales, le cheval pre- sente encore une resistance qu'il est difficile de detruire, si Ton n'en connait la cause. C'est en faisant des forces que l'animal renouvelle ces luttes, que le cavalier n'an- nulequ'imparfaitementet apres de longs efforts. J'entends par faire des forces, Taction du cheval qui contracte sa machoire infer ieure d'un cdte ou de l'autre. Exemple : si Ton porte la tete du cheval a droite, la machoire infe- rieurese portera plus a droite que la machoire superieure. II faudra done la ramener a gauche pour obtenirsa vraie mobilite et une legerete complete. Cet exercice et les suivants sont faciles a executer ; mais encore exigent-ils que l'intelligence du cavalier passe rapidement dans ses mains, s'il est a pied, dans ses mains et dans ses jambes, s'il est a cheval. Toutes les anciennes flexions se pratiquent comme par le passe. Seulement, il ne laudra jamais perdre de vue ce que j'ai dit, pour que les ruses du cheval, instinctives d'abord, intelligentes ensuite, soient dejouees prompte- ment. (J) Ce mot, qui, sous le point de vue technique, ne manque pas de cachet, apparlienl a un ecuyer qui a parfaitement prolite de quelques lecons que je lui ai donnees. M. Cinizelli, apres avoir recu les felicitations du roi de Sar- daigne, lut, un jour, invite a visiter le manege royal. II formula ainsi son opinion sur les travaux executes devant lui : « C'est Ires-bien, mais vos « chevaux sont muets. » Ce mot, dans la bouche de l'ecuyer, faisait tout simplement allusion a rimmohilite de la inachoire des chevaux. Pace 63 PLAN CHE 9. Hoster Levilly del. Lith-Beeouet freres. — 63 — Quelquesmots vont completer cette theorie des flexions. On alternera les flexions laterales avec la flexion di recte de la machoire etde l'encolure, oula mise en main. Cette derniere s'obtiendra avec la rene droite de la bride appuyee sur l'encolure et tenue dans la main droite. Avec la main gauche, on prendra la rene du meme cote, a trois centimetres de la branche du mors. Les deux renes se- ront tendues graduellement, et Taction du mors qu'elles determinent amenera le cheval a ceder completement de la machoire. (Planche 9.) Si l'encolure flechissait avant la machoire, il faudrait opposer une force spontanee de la main, pour empecher cette flexion defectueuse et prematuree. Quelques jours de cet exercice assureront la legerete de la machoire et de l'encolure. II est indispensable que le cavalier se rende compte de la disposition du poids et des forces de sa monture ; car leur mauvaise repartition retarderait le progres de l'education. Supposons done que, le cheval etant en place, le poids soit trop porte sur l'avant-main. Dans ce cas, les resis- tances seraient enormes et presque insurmontables, si, au prealable, on ne forgait le poids a se reporter sur 1'arriere-main par une pression soutenue du mors, ce qui se ferait sans chercher a obtenir aucune flexion. Par ce mouvement, le poids se combine tellement avec les forces, que Ton obtient aussitot toute la legerete de- sirable. Si, au contraire, les forces etaient toutes dirigees — u — sur I'arriere-main, ce qui provoquerait un mouvement de recul, il faudrait attirer le cheval en avant, apres s'etre assure, toutefois, en forcant le reculer, si, malgre le mouvement retrograde, le poids n'est pas trop porte sur le devant. Observation. Les flexions a pied, incompletement faites, non-seulement sont sans effet satisfaisant, mais encore elles portent le cheval plutot aux resistances qu'aux concessions qui sont les premiers elements de son education. La prolongation des flexions qui s'obtiennent facilement aurait son danger. L'encolure s'amollirait au lieu d'etre liante ; elle s'isoierait du corps, avec lequel, au contraire, elle doit s'identifier, pour etablir entre eux une espece de solidarity qui fait reagir, sur toute la masse, un leger deplacement de la tete et provoque prompte- ment tous les changements de position desirables. Lorsque le cheval se soumettra a tous ces exercices, sans resistance, ce sera une preuve que l'assouplissement a fait un grand pas et que l'education premiere est en voie deprogres. VIII TRAVAIL A LA CHAMBRIfiRE. Lachambriere a ete employee jusqu'ici comme moyen de correction; j'en ai fait un moyen assure de calmer les chevaux les plus ardents. Voici comment je l'emploie. Placez-vous du cote montoir, a la tete du cheval; tenez lesrenes de labride a quelques centimetres des branches, le corps droit, le visage calme et l'oeil bienveillant. La chambriere, tenue dans la main droite, sera levee lente- ment; la laniere sera placee doucement sur le dos de l'animal. Si, lors du contact, le cheval cherche a s'y sous- traire par un acte quelconque, la main de la bride, par un mouvement assez vif de gauche a droite et de droite a gauche, arretera bient6t cet acte de desobeissance. Le cheval, devenu calme et immobile, supportera le contact de la laniere flottant sur son dos, et amenee graduelle- ment jusque sur la queue. — 66 — On continuera cet exercice jusqu'a ce que le cheval ne manifeste plus aucune crainte et reste entierement calrae. Tel est l'effet desprocedes employes avec intelligence ; le cheval les comprend, sen souvient et s'y soumet sans peine : aussi l'emploi de la chambriere, de correctif qu'iletait, deviendra le moderateur le plus efficace. C'est alors que sera venu le moment dobtenir de legers eflets de rassembler. On y parviendra au moyen de quelques appels de langue et dun mouvement de la chambriere agitee a cote de la croupe du cheval. On se contentera d'une legere mobilite, puis on arretera le cheval par l'exclamation moderee de hola ! et en lui glissant la chambriere sur le dos ; de maniere que ce dernier moyen soit plus tard le seul employe et qu'il sullise d'un leger contact de la chambriere pour immobiliser l'animal. On alternera ces premiers essais de rassembler avec les flexions directes de niachoire, de maniere a obtenir la legerete en meme temps qu'ils se produiront. On con- tinuera cette lecon avec des repos frequents, surtout les premiers jours. Le rassembler, devenant plus facile, amenera tout na- turellement des apparences de piafler dont le cavalier devra se contenter. Si, ce qui doit etre notre but constant, la legerete s'obtient en meme temps, nous aurons pour consequence l'equilibre du poids et des forces. L'influence de ce travail est tres-grande sur le moral — 67 — des chevaux; quelques-uns qui ruaient, etant atteles, ont ete corriges de ce defaut en quelques lecons. Dans le commencement, le cheval, etonne, se livre a des mou- vements assez brusques; mais le cavalier ne doit pas se laisser intimider, convaincu, comme il doit letre, que bientot le cheval le plus fougueux deviendra calme, sou- mis et obeissant, IX DE LA BOUCHE DU GHEVAL ET DU MORS. J'ai deja traits ce sujet assez longuement dans mon Dictionnaire raisonne d' Equitation ; mais comme je de- veloppe ici un expose complet de ma methode, je crois necessaire d'y revenir en quelques mots. Je suis encore a me demander comment on a pu attri- buer si longtemps a la seule difference de conformation des barres ces dispositions contraires des chevaux qui les rendent si legers ou si lourds a la main. Comment a-t-on pu croire que, suivant qu'uncheval a une ou deux lignes de chair de plus ou de moins entre le mors et l'os de la machoire inferieure, il cede a la plus legere impul- sion de la main, ou s'emporte, malgreles efforts des deux bras les plus vigoureux ? C'est cependant en s'appuyant sur cette inconcevable erreur qu'on s'est mis a forger des mors de formes bizarres et si variees, vrais in- struments de supplice, dont l'effet ne pouvait qu'aug- menter les inconvenients auxquels on cherchait a remedier. — 69 — Si on avait voulu remonter un peu a la source des resistances, on aurait reconnu bientot que la roideur de la machoire ne provient pas de la difference de confor- mation des barres, mais bien du mauvais equilibre du cheval. C'est done en vain que nous nous suspendrons aux reneset que nous placerons dans la bouche du cheval un instrument plus ou moins meurtrier ; il restera insen- sible a nos efforts tant que nous ne lui aurons pas donne cette legerete qui peut seule le mettre a meme de ceder. Je pose done en principe qu'il n'existe point de diffe- rence de sensibility dans la bouche des chevaux; quetous presentent la meme legerete dans la position du ramener, et les memes resistances a mesure qu'ils s'eloignent de cette position importante. II est des chevaux lourds a la main; mais cette resistance provient de la longueur ou de la faiblesse des reins, de la croupe etroite, des hanches courtes, des cuisses greles, des jarrets droits, ou enfin (point important) d'une croupe trop haute ou trop basse par rapport au garrot; telles sont les veritables causes des resistances; le serrement de la machoire, la contraction de l'encolure, ne sont que les effets. Je n'admets, par consequent, qu'une seule espece de mors, et void la forme et les dimensions que je lui donne pour le rendre aussi simple que doux : Branche droite de la longueur de 16 centimetres, a partir de l'oeil du mors jusqu'a l'extremite des branches ; circonference du canon, 6 centimetres ; la liberte de la — 70 — langue, 4 centimetres a peu pres de largeur dans sa partie inferieure, et 2 centimetres dans la partie superieure. II est bien entendu que la largeur seule devra varier suivant la bouche du cheval. J'affirme qu'un pared mors suffira pour soumettre a l'obeissance la plus passive tons les chevaux qu'on y aura prepares par l'assouplissement ; et je n'ai pas besoin d'a- jouter que, puisque je nie lutilite des mors durs, je repousse, par la meme raison, tous les moyens en dehors des ressources du cavalier, tels que martingales, piliers, etc. (1). (1) Voir, dans le Dictionnaire raisonne d' Equitation, les mots Mors, Barres et Martingales. X EFFETS DE MAINS (RfiNES). Nous avons avance comme regie invariable que, lors- qu'on soumet le cheval, pour les premieres fois, a Taction du 1'rein, il faut l'emboucher avec un mors de bride accompagne d'un filet. Ajoutons qu'on devra recourir aux effets de ce dernier dans les commencements de l'education du cheval, parce que sa puissance, moins grande que celle de la bride, a une action plus directe pour faire ceder l'encolure a droite eta gauche. En effet, pour le ramener, le filet ne represente qu'un levier de 3 e genre, tandis que le mors avec branches et gourmette est un levier de 2 e genre. Pour le ramener et les mouve- ments retrogrades du corps, la puissance du mors est superieure a celle du filet ; mais pour les premiers depla- cements de la tetedu cheval et la repression de resistance venant du cote droit ou du c6te gauche, l'usage du filet amenera des resultats plus prompts, parce que, compose de deux pieces, il a un effet local qui agit sur un des cotes de la bouche du cheval. Les memes effets, avec les renes de bride separees, nepeuvent agir ni aussi direc- tement ni aussi isolement sur l'une des deux barres ; car la seule piece qui compose le mors agit necessairement sur toute la machoire et rend, par cela meme, l'intention du cavalier moins claire a l'intelligence du cheval. De la hesitation et lenteur d'un cote, impatience et colere de l'autre, et souvent luttes regrettables qui ne se termi- nentpastoujours a l'avantage du cavalier. Je sais qu'a la rigueur un ecuyer peut se passer du filet, comme il peut aussi ne se servir que du filet pour dresser un cheval, mais ce n'est qu'une exception qui justifie la regie. On se servira done, en premier, des renes du filet, une dans chaque main ; les renes de bride, reunies dans la main gauche a leur position normale, seront legerement flottantes. La rene gauche du filet sera contenueentrele pouce et l'index de la main gauche ; la rene droite, con- tenue entre le pouce et les trois premiers doigts, passera sur le petit doigt de la main droite. Ces dispositions fa- ciliteront l'emploi du filet pour les inclinaisons d'en- colure. Si, dans les flexions, le cheval portait au vent, on pas- serait les renes du filet dans la main droite, pour que la main gauche, par une tension egale des deux renes de bride, exercat une pressiondu mors qui detruise la resis- tance et ramene, la tete dans la position verticale. Cette attitude rendra le cheval plus soumis aux effets des renes du filet. Cette premiere flexion s'exercera, d'abord en plaee, ensuite aux differentes allures. Ce travail, fait convenablement a pied, deviendra facile a cheval. Tout exercice obtenu primitivement avec les renes de filet, sera pratique ensuite avec les renes de bride, pour amener la tete du cheval a droite, a gauche, ou dans la position verticale, et obtenir la mise en main. L'execution des flexions laterales avec les renes de bride prouvera un progres, puisqu'elle s'obtiendra a Taide de moyens moins directs. II est inutile de faire observer qu'avant de passer d'une flexion laterale a une autre, il faut saisir l'instant ou la tete se trouve dans le prolongement de la ligne des epau- les et de la croupe, afin de mettre le cheval en main, par une tension egale des deux renes de la bride. Cette obser- vation s'applique egalement a toutes les successions de flexions executees aux differentes allures. Le travail d'arriere-main, ou commencement des pi- rouettes renversees, se pratiquera par la tension plus grande de la reneopposee au c6te oumarchera la croupe. Si elle se porte a gauche, la rene droite se soutiendra avec plus d'energie (et vice versa), afin de maitriser les resistances que doivent faire naitre des mouvements nouveaux pour l'animal. Aussitot que le cheval obeira a la jambe, on cessera Taction isolee d'une des renes de — 74 — filet ou de bride ; car ce moyen n'etant que le correctif des resistances doit etre abandonne des qu'il est sans but. Les renes deviennent alors inutiles comme force d'opposition et ne servent plus qu'a maintenir l'attitude la plus convenable pour que le cheval demeure bien place et gracieux dans ses mouvements. Pour les pirouettes ordinaires, a droite, par exemple, on ecartera la rene droite du filet, en moderant son action avec la gauche. La rene droite ebranlera l'avant-main, l'autre fixera la croupe afin qu'elle serve de pivot. La main de la bride doit terminer tous les mouvements, pour habituer le cheval a obeir a sa seule action. Observons en passant que l'emploi du filet n'est que preparatoire a l'usage exclusif de la bride. Quand le cheval obeira a cet agent, la main de la bride seule agira pour commencer ou pour finir les mouvements. Au pas, sur la piste, on repetera les memes flexions laterales d'encolure, en ecartant faiblement les renes du filet d'abord et les renes de la bride ensuite. Meme exercice pour les changements de direction. Le cheval repondant aux moindres tensions des renes de filet ou de bride, on les remplacera par un nouvel effet de renes, qui disposera ses forces pour repartir le poids de la maniere la plus favorable au mouve- ment. II servira encore, par une juste opposition de la main, a corriger les ecarts de la croupe, et a placer, point im- — 75 — portant, le cheval parfaitement droit ; c'est-a-dire, la croupe sur la ligne des epaules. Ce nouvel effet de renes transportera le poids d'une partie sur l'autre sans detruire 1'harmonie des forces. Resultat jusqu'aiors inconnu. Preeedemment, en retablissant l'equilibre du poids, on detruisait souvent l'ensemble des forces ; puis, en reta- blissant Tequilibre des forces, on ramenait le poids a sa mauvaise disposition premiere. N'est-cepas la un travail sans fin ? Expliquons le moyen qui, malgre sa simplicity, va re- medier a ces tatonnements infructueux. Les premiers assouplissements ont mis 1'animal a meme de repondre a ce nouveau procede. Le cheval etant au pas, on separera les renes de la bride, une dans chaque main. Si Ton debute par la rene droite, la main droite se portera a gauche et appuiera la rene contre l'encolure. Celle-ci se contournera, la tete s'inclinera, et les epaules du cheval se porteront le- gerement a gauche. La pression opportune des jambes determinera au besoin la croupe dans le sens du mou- vement (les memes resultats s'obtiendront avec la rene gauche). La position propre a ce changement de direc- tion s'obtient, en partie, par deseffets de renes savamment pratiques. Les memes resultats s'obtiendront egalement a toutes les allures, y compris le travail sur les hanches. Puis il arrivera un moment oii l'education du cheval, plus complete, permettra de se dispenser meme du se- cours des jambes. (Descente dejambes.) Ilestbienen- tendu que ces effets de renes de bride separees, obtenus soit par ecartement, tension ou pression sur l'encolure, ont pour but d'amener le cheval a obeir a Taction seule de la main de la bride. Apres ces exercices, la main gauche seule suffira a faire executer les changements de direction. A cet effet, avant de se porter du cdte determinant, la main, en se contractant, fera sentir toute sa force d'opposition, sans se rapprocher du corps. Cet effet concentre de la puissance de la main demande qu'au prealable l'egale tension des renes permette de sentir facilement la bouche du cheval ; il devra completer la legerete du cheval avant que celui- ci se conforme a la nouvelle inclinaison. Ce temps bien compris, l'animal tournera a la simple indication de la main, si, en outre, comme je l'ai deja recommande, on saisit le moment ou la tete passe par la ligne prolongee de la croupe et des epaules, pour operer la mise en main avant de changer l'inclinaison d'un cote ou d'un autre. XI EFFETS DE JAMBES. Si je demandais au premier cavalier venu les moyens pour changer de direction, il me repondrait assu- rement : « Si vous voulez tourner a droite, portez la main a droite et faites sentir la jambe du meme c6te. » C'est, en effel, le principe que tous les traites d'equi- tation, jusqu'au mien, ont donne comme le seul efficace pour ce mouvement. Mais tant d'erreurs se sont erigees en principes, que j'ai voulu m'assurer de l'exactitude de ce dernier. J'ai done, pour tourner a droite, par exemple, porte la main a droite et fait sentir la jambe du meme cote. Quelque legerete qu'eutmon cheval sur la ligne droite et bien que j'eusse fait sentir la jambe indiquee, j'eprou- vais souvent une resistance dont, longtemps, j'ai cherche la cause et les moyens de la detruire. — 78 — L'experience m'a demontre que souvent, par suite de Taction de lajambe droite, la croupe se portanta gauche, empeche, par sa mobilite, le poids de se fixer sur le point d'appui necessaire au pivot de conversion et jette ainsi de 1'irregularite et de l'incertitude dans le mouvement. La repression de cette resistance exige naturellement, me suis-je dit, l'emploi de la jambe gauche. J'adoptai done ce moyen comme correctif. lime donna d'abord des resultats surprenants, mais la persistance de son emploi devint la source d'une autre resistance. La croupe, portee trop a droite par la pression de la jambe gauche, s'arc-boutait, pour ainsi dire, contre l'epaule droite, et paralysait ses mouvements. Apres de minutieuses observations, je conclusdonc que l'emploi exclusif de l'une ou l'autre jambe ne peut etre prescrit comme principe absolu dans les changements de direction, puisque, destine a prevenir, il provoque, au contraire, des resistances. En effet, quand je veux placer le cheval pour le chan- gement de direction, j'ignore de quel c6te viendra la resis- tance, puisque la croupe peut se derober a droite ou a gauche ; j' ignore meme s'il y aura resistance. II n'est done pas rationnel de determiner, dpriori, l'emploi exclusif de Tune ou l'autre jambe, et le principe, reconnu faux, doit etre abandonne. Revenons done aux vrais principes de lequitation : La main seule donne la position, les jambes donnent l'impulsion. — 79 — Si, d'apres les prescriptions formelles de ma methode, vous avez dirige l'education de votre cheval de nianiere a lui donner une juste repartition du poids et des forces, le changement de direction lui deviendra aussi facile que la marche sur la ligne droite. Le cheval etant bien place obeira a la premiere invitation de la main, la tete et l'en- colure prendront la position propre au mouvement, et le liant parfait de toute la machine amenera les epaules et la croupe a prendre sans resistance la part qui leur con- vient pour la regularite et la facilite du changement de direction. D'ou je conclus que l'emploi de l'uneoude l'autre jambe present comme jprincipe est un non-sens, pour ce mouvement, puisque sa regularite etsa facilite ne dependent que de l'harmonie apportee dans l'equilibre de l'animal. Je dis plus. L'aide des deux jambes deviendra tout a fait inutile, quand le cheval sera arrive au point d'e- ducation ou doit le conduire inevitablement ma methode. Point important. Des que le cheval commencera a prendre la position indiquee par la main, celle-ci devra cesser son action et laisser a l'animal sa liberte de mou- vement, en ayant soin toutefois de le suivre dans son de- placement. Si, au contraire, apres un commencement d' execution, la main persistaitdans son action, la position de l'encolure deviendrait forcee et amenerait un deran- gement de croupe, d'ou naitrait une resistance qu'on ne pourrait vaincre qu'a l'aide des jambes. XII EFFETS DE MAIN ET DE JAMBES. Nous avons consacre un chapitre special aux fonctions particulieres delamainetdesjambes ; nous allons, main- tenant, combiner Taction de ces puissances de telle sorte qu'elles procurent au cavalier les ressources qu'il doit retirerde leur judicieux emploi. En principe, les jambes du cavalier donnent au cheval l'impulsion necessaire aux mouvements. Mais elle n'est primitivement qu'un moyen de deplacement qui, pour obtenir un bon resultat, a besoin d'un moderateur et d'un regulateur. Ce double role appartient a la main. Aussitot qu'obeissant a la pression des jambes le che- val se mobilise, la main, savante interprete dela volonte du cavalier, dispose 1'animal dans le sens propre au mou- vement qui doit etre execute, et son action, methodique- ment reglee, fait comprendre au serviteur les intentions du maitre. — 81 Le cheval, bien place par la main, executera facilement le mouvement indique. Je dis plus : il Texecutera neces- sairement, car la disposition des diverses parties de son corps ne lui en permettrait pas d'autre. L'ecuyerdoit done avoir pour but de dominer les forces du cheval ; il faut qu'il en dispose absolument. La combi- naison intelligente de Taction de la main et des jambes produira ce resultat. Passons alatheorie. Principe essentiel. En general Taction des jambes doit preceder celle de la main pour determiner toutes les al- lures, ainsi que pour obtenir les effets d'ensemble, leras- sembler, les temps d'arretet le reculer, etc., etc. En effet, si Ton porte le cheval en avant, il faut d'a- bord que les jambes determinent son action et que, sur Timpulsion donnee, la main prenne autant de forces qu'il lui en faut pour diriger la masse dans le sens propre au mouvement. Si, au contraire, Taction de la main prece- dait celle des jambes, le cheval, manquant de Timpulsion necessaire, ne pourrait etre place convenablement, et le mouvement deviendrait incertain, d'une execution dif- ficile etsouvent impossible. Pour les effets d'ensemble, les jambes agiront les pre- mieres, afin d'eviter les effets retrogrades du cheval qui, parce moyen, se soustrairait a la bonne position de sa tete et a Timmobilite de ses quatre jambes, s'il est en place. — 82 — C'est encore en debutant par Taction des jambes qu'on fera jouer tous les ressorts du mecanisme de l'animal, et leur puissance, sagement dirigee par ia main, s'harmo- nisera de telle sorte que le cheval sera toujours place droit. L'action des jambes du cavalier produira le ras- sembler en rapprochant les membres posterieurs du cheval. Pour le vrai reculer, les jambes de derriere du cheval doivent d'abord quitter le sol. C'est encore une pression prealable des jambes du cavalier qui determinera ce mou- vement. Le cheval est porte en avant par les jambes ; mais aussitot l'impulsion donnee, la main se rapproche du corps et son effet, justement combine, force la jambe, deja levee, a se porter en arriere. Apres quelques repeti- tions de cet exercice, le cheval reculera tranchement et regulierement. L'impulsion imprimee par les jambes est encore neces- saire dans le reculer, en ce sens qu'elle s'oppose a la trop brusque concentration des forces sur Tarriere-main, ce qui donnerait un reculer precipite et irregulier. Pour l'execution des pirouettes renversees ou ordi- n aires, les jambes devront donner Timpulsion qui, comme toujours, permettra a la main de placer le cheval. Puis la pression plus energique de l'une ou l'autre jambe ser- vira arendre immobile, suivant le cas, l'avant ou l'arriere- main. C'est alors que les renes de la bride par tension, ecartement, ou pression sur l'encolure, deviendront effi- caces pour combattre les resistances indiquees par les — 83 — refus du cheval, qui arrivera graduellement a obeir a la seule pression de la j.imbe. Au moyen de ces exercices et de la combinaison sage des effets de jambes et de main, le cheval aura bientot acquis une juste repartition du poids et des forces. J'indique le but ; plus heureuxque mes devanciers dans l'etude de Tequitation, je donne les moyens infaillibles de l'atteindre. Est-ce a dire, cependant, queje veuille promettre a tous les adeptes de ma methode les resultats que beau- coup de mes eleves ont obtenus? Non ; voici pourquoi. Quelle que soit la clarte dune theorie et 1'exactitude de ses principes, le professeur ne peut donner a tous cette etincelle de feu sacre qui denote 1'aptitude, la vocation et mene au succes. Si les idees theoriques expliquees et motivees ne ren- contrent pas comme un echo dans l'esprit de Televe, si son intelligence n'est pas frappee comme d'un choc electrique, par la verite du principe, c'est que {'inspiration manque. Les efforts du professeur iutteront peniblement contre 1'inaptitude. Si Ton compare les forces de l'homme et celles du cheval, on est etonne que notre faiblesse proportionnelle ait entrepris de dominer une puissance aussi superieure ; et, cependant, avec la seule pression de nos jambes et de nos mains, nous lui imposons notre volonte. Soumis a nos lois, notre superbe antagoniste se preci- pite comme une avalanche ; ses forces, multipliees par 6. — 84 — l'impulsion, impriment a son corps une rapidity vertigi- neuse ; son elan semble indomptable. Un geste du cava- lier, et la masse impetueuse devient statue, le cheval est immobile. J'ai donne les moyens d'obtenir ces immenses resultats. Ma methode met tellement le cheval dans la dependance du cavalier, que, par la combinaison des effets dejambes et de main, nos moindres mouvements suffisent pour di- nger, a notre gre, l'ebranlement de ce puissant animal ; mais je ne puis dire precisement et clairement a l'elevele degrede force impulsive ou repressive qu'il doit employer. C'est l'appreciation exacte de l'emploi des forces combi- ners qui s'appelle Fintelligence equestre. Cette qualite est innee chez le veritable ecuyer, elle lui est indispen- sable. Une longue pratique, en donnant l'experience, peut, il est vrai, combattre heureusement l'inaptitude. Mais si, dans ce cas, les progres sontlents, devra-t-on s'en pren- dre a Timpuissance des principes ? XIII ASSOUPLISSEMENT A CHEVAL, AVANT-MAIN ET ARRIERE-MAIN. FLEXiONS LATERALES I)E L'ENCOLURE, LE CAVALIER ETANT A CHEVAL. 1° Pour executor la flexion a droite, le cavalier pren- dra une rene de filet dans chaquemain, la gauche sentani a peine 1'appui du mors ; la droite, au contraire, commu- niquant une impression moderee d'abord, mais qui aug- mentera en proportion de la resistance du cheval, et de maniere a la dominer toujours. L'animal, deja prepare par le travail precedent, com- prend la volonte du cavalier, et incline la tete du cote ou se fait sentir la pression du mors. (Planche 10.) 2° Des que la tete du cheval aura ete ramenee a droite, la rene gauche i'ormera opposition, pouremp^cherlenez de depasser la verticale. On doit attacher une grande im- portance a ce que la tete resle toujours dans celte posi- — 86 — tion : la flexion sans cela serait imparfaite et la souplesse incomplete. Le mouvement regulierement accompli, on fera reprendre aii cheval sa position naturelle par une legere tension de la rene gauche. (Planche 11.) La flexion a gauche s'executera de meme, le cavalier employant les renes du Gletet celles de la bride. J'ai ditqu'il fauts'attacheraassouplirl'extremite supe- rieure de l'encolure. Une fois a cheval, et lorsque les flexions laterales s'obtiendront sans resistance, le cavalier se contentera souvent de les executer a demi, la tete et la premiere partie de l'encolure pivotant alors sur la partie inf'erieure, qui servira de base. Cet exercice serenouvel- lera frequemment, meme lorsque l'education du cheval sera terminee, pour entretenir le liant et faciliter la mise en main. Ces flexions laterales tropprolongees ameneraient de 1'abandon dans la tete et l'encolure et les isoleraient du corps. II faut done en user sagement et les abandonner desque le cheval les execute avec facilite. U nous reste maintenant, pour completer l'assouplis- sement de la tete et de l'encolure, a combattre les con- tractions qui occasionnent les resistances directes et s'op- posent au ramener. \j r 1 3 im 1 f — '-3 " i — 87 — FLEXIONS DIRECTES DE LA TETE ET DE L'ENCOLURE, OU RAMENER. 1° Le cavalier se servira d'abord des renes du filet, qu'il reunira dans la main gauche et tiendra comme celles de la bride. II appuiera la main droite de champ sur les renes en avant de la main gauche, afin de donnera la pre- miere une plus grande puissance, en augmentant la pres- sion du mors de filet. Des que le cheval cedera, il suffira de soulever la main droite pour diminuer la tension des renes et recompenser l'animal. Lorsque le cheval obeira a Taction du filet, il cedera bien plus promptement a celle de la bride, dont l'effet est plus puissant ; c'est dire assez que la bride devra par consequent etre employee avec plus de management que le filet. (Planche 11.) 2° Le cheval aura completement cede a Taction de la main, lorsque sa machoiresera mobile. Le cavalier doit avoir soin de ne pas se laisser tromper par les feintes du cheval, feintes qui consistent dans un quart ou un tiers de cession, suivi de begaiements. On doit tout d'abord ha- bituer le cheval a supporter les jambes pour arreter tous les mouvements retrogrades de son corps, mouvements qui le mettraient a meme d'eviterles effets de la main, ou feraientnaitredes points d'appui ou des arcs-boutants pro- presa augmenter les moyens de resistance. (Planche 13.) Cette flexion est la plus importante de toutes ; les autres tendaient principalement a la preparer. Desqu'elle — 88 — s'executera avec aisance et promptitude, des qu'il suffira dun leger appui de la main pour ramener et maintenir la tete dans la bonne position, ce sera une preuve que la legerete et l'equilibre sont retablis dans l'avant-main. La direction de cette partie de 1'animal deviendra des lors aussi facile que naturelle, puisque nous 1'aurons mise a meme de comprendre toutes les indications de la main, etd'y obeir sur-le-champ sans efforts. Ouantaux fonctions des jambes, elles consistent a empechcr un mouvement retrograde du corps. XIV MOBILISATION DE LA CROUPE. Le cavalier, pour dinger le cheval, agit directement sur deux de ses parties : ravant-main et l'arriere-main. Ii emploiea cet effet deux agents : les jambes, qui donnent l'impulsion par la croupe, les mains, qui dirigent et mo- difient cette impulsion par la tete et Tencolure. Un parfait rapport de forces doit done exister toujours entre ces deux puissances, mais la meme harmonie n'est pas moins necessaire entre les parties de l'animal qu'elles sont par- ticulierement destinees a impressionner. En vain se sera- t-on efforce de rendre la tete et l'encolure flexibles, le- geres, obeissantes au contact du mors, lesresultatsseront incomplets, Tensemble et l'equilibre imparfaits, tant que la croupe restera lourde, contractee, rebelle a l'agent direct qui doit la gouverner. Je viens d'expliquer par quelle sorte de procedes sim- ples et faciles on donnera a l'avant-main les qualites — 90 — indispensables pour obtenir une bonne position ; il me reste a dire comment on assouplira de meme l'arriere- main pour completer l'assouplissement du cheval, et ramener l'ensemble et l'harmonie dans le developpement de tousses ressorts. Les resistances del'encolureetcelles de la croupe se soutenant mutuellement, notre travail deviendra plus facile, puisque nous avons deja annule les premieres. 1° Le cavalier tiendra les renes de la bride dans la main gauche, et celles du filet croisees l'une sur l'autre dans la main droite, les ongles en dessous ; il ramenera d'abord la tete du cheval dans sa bonne position par un leger appui du mors; puis, s'il veut executer le mou- vement a droite, il portera la jambe gauche en arriere des sangles et la fixera pres du flanc de l'animal jus- qu'a ce que la croupe cede a sa pression. Le cavalier fera sentir la rene du filet du meme cote que la jambe, en proportionnant son effet a la resistance qui lui sera opposee. De ces deux forces imprimees ainsi par la rene gauche et la jambe du meme cote, la premiere est des- tinee a combattre les resistances, et la seconde a deter- miner le mouvement. On se contentera dans le principe de faire executer a la croupe un ou deux pas de cote seu- lement. (P/anche 14.) 2° La croupe ayant acquis plus de facilite de mobili- sation, on pourra continuer le mouvement de maniere a completer a droite et a gauche des pirouettes renversees. — 91 — Aussit6t que les hanches cederont a la pression de la jambe, le cavalier fera sentir immediatement la rene opposee a cette jambe. Son effet, leger d'abord, sera augmente progressivement jusqiva ce que la tete soit inclinee du cote vers lequel marche la croupe, et comme pour la voir venir. (Planche 15.) Pour faire bien comprendre ce procede, j'ajouterai quelques explications d'autant plus importantes qu'elles sont applicables a tous les exercices de l'equitation. Le cheval, dans tous ses mouvements, ne peut con- server sa legerete sans une combinaison des forces oppo- sees, habilement menagee par le cavalier. Dans la pirouette renversee, par exemple, si, lorsque le cheval a cede a la pression de la jambe, on continue a opposer la rene du meme cote que cette jambe, il est evident qu'on depassera le but, puisqu'on fera usage d'une force devenue inutile. II faut done etablir deux moteurs dont reflet se balance sans se contrarier; e'est ce que produira dans la pirouette la tension dela rene opposee a la jambe. Ainsi on debutera par la rene et la jambe du meme cote, jusqu'a ce que le cheval reponde a la seule pression de la jambe, puis avec la bride tenue dans la main gauche ; enfin, avec la rene du filet ou de la bride opposee a la jambe. Les forces se trouveront alors maintenues dans une position diagonale, et, par suite, l'equilibre sera naturel, et l'execution du mouvement facile. La tete du cheval, inclinee vers le c6te ou se dirige la croupe, ajoute beaucoup au gracieux du travail, et donne au cavalier — 92 — plus de facilite pour regler l'activite des hanches et main- tenir les epaules en place. L'experience seule pourra, du reste, lui indiquer l'usage qu'il doit faire de la jambe et de la rene, de manure que leurs effets se soutiennent sans jamais se contrarier. Je n'ai pas besoin de rappeler que pendant toute la duree dece travail, commetoujours, dureste, lamachoire doit etre mobile. Tandis que la main de la bride ies maintient dans cette bonne position, la main droite, a l'aide du filet, combat les resistances laterales et deter- mine les inclinaisons diverses, jusqu'a ce que le cheval soit assez bien place pour obeir a une simple pression du mors. Si, en combattant la contraction dela croupe, nous permettions au cheval d'en rejeter la roideur sur l'avant- main, nos efforts seraient vains etle fruit de nos premiers travaux perdu. Nous faciliterons, au contraire, l'assou- plissement de Tarriere-main en conservant les avantages que nousavons deja acquis sur l'avant-main, et en forcant les contractions que nous avons encore a combattre a rester isolees. La jambe du cavalier opposeea celle qui determine la rotation de la croupe ne doit pas demeurer eloignee durant le mouvement, mais rester pres du cheval et le contenir en place, en donnant d'arriere en avant une impulsion, que l'autre jambe communique de droite a gauche ou de gauche a droite. II y aura ainsi une force qui maintiendra le cheval en position, et une autre qui — 93 — determinera la rotation. Pour que les deux jambes ne contrarient pas reciproquementles effetsde leurpression simultanee, et pour arriver de suite a s'en servir avee ensemble, on placera la jambe chargee de deplacer la croupe plus en arriere des sangles que 1'autre, qui restera soutenue avec une force egale a celle de la jambe deter- minante. Alors Taction des jambes sera distincte ; l'une portera de droite a gauche et 1'autre d'arriere en avant. C'est a l'aide de cette derniere que la main place et Gxe les jambes de devant. Afin d'accelerer les resultats, on pourra, dans le com- mencement, s'adjoindre un second cavalier qui se placera a la hauteur de la tete du cheval, tenant les renes de la bride dans la main droite et du cote oppose a celui ou se portera la croupe. Celui-ci saisira les renes a seize cen- timetres des branches du mors, afin d'etre a meme de combattre les resistances instinctives de L' animal. Le cavalier qui est en selle se contentera alors de soutenir legerement les renes du tilet, en agissant avec les jambes comme je viens de lindiquer. Le second cavalier n'est utile que lorsqu'on a affaire a un cheval d'un naturel irri- table, ou pour seconder rinexperience du cavalier; maisil faut autant que possible se passer d'aide, afin que le pra- ticien juge par lui-meme des progres de son cheval, tout en cherchant les moyens de regulariser l'emploi de ses aides. Bien que ce travail soit elementaire, il conduira nean- moins le cheval a executer promptement au pas tons les airs de manage de deux pistes. Apres hurt jours d'un exercice modere, on accomplira ainsi, sans efforts, un travail que l'ancienne ecole n'osait essayer qu'apres plus d'une annee d'etude et de tatonnements. Lorsque Je cavalier aura habitue la croupe du cheval a ceder promptement a la pression des jambes, il sera maitre de la mobiliser ou de l'immobiliser a volonte, et pourra, par consequent, executer les pirouettes ordi- nances . II prendra a cet effet une rene du filet dans chaque main ; l'une servira a determiner l'encolure et les epaules du cote ou Ton voudra operer la conversion, l'autre a seconder la jambe opposee, si elle etait insuf- fisante pour contenir la croupe en place. Dans le prin- cipe, cette jambe devra etre placee le plus en arriere possible, et n'exercer son contact qu'autant que les ban- dies se porteraient sur elle. Des que la croupe est deve- nue mobile, la jambe opposee devient inutile, line progression bien menageeamenera de prompts resultats; on se contentera done, en debutant, de quelques pas bien executes pourl'arreter par un effet d'ensemble, puis rendre immediatement au cheval sa libert6 d'action, ce qui suppose cinq ou six temps d'arret durantla rotation com- plete des epaules autour de la croupe. Si ce travail est execute avec lenteur et managements, si la legerete ac- compagne tous les mouvements, je garantis des resultats surprenants. Mes eleves livres a eux-memes , ou les personnes qui pratiquent a l'aide du livre seulement, eprouvent souvent des echecs ou des retards dans ledu- — 95 — cation de leurs chevaux : cela provient de ce que Ton passe souvent trop vite d'un exercice a un autre. Aller lentement pour arriver vite, voila le grand precepte, et, s'il est mis en pratique avec intelligence, il donnera des resultats infaillibles. Je vais expliquer comment on etablira le parfait ac- cord du mecanisme au moyen des effets d'ensemble. XV EFFETS D'ENSEMBLE. En sollicitant dans de justes limites les forces de l'ar- riere-main et de l'avant-main, on etablit leur opposition exacte ou l'harmonie des forces. On reconnaitra la jus- tesse de cette opposition des aides toutes les fois que la legerete sera obtenue sans deplacement, si Ton travaille de pied ferme, sans augmentation et surtout sans dimi- nution d'allure, si Ton est en marche. II est essentiel, dans ce travail, d'accorder Taction des jambes et de la main, pour conserver le cheval leger. L'effet d'ensemble doit toujours preparer chaque exer- cice. En eflet, il doit d'abord preceder tout mouvement, puisque, servant a disposer toutes les parties du cheval dans l'ordre le plus exact, il s'ensuit que la force dim- pulsion propre au mouvement sera, alors, d'autantplus facilement et surement transmise. Non-seulement ils sont indispensables pour que ces divers mouvements soient toujours faciles et reguliers, mais encore ils servent d reprimer toute mobilite des — 97 — extremity provenant ou non de la volonte du cheval et dans quelques mouvements que ce soil, puisqu'ils f'aci- litent la juste repartition du poids et des forces. La mise en pratique des effets d'ensemble apprend au cavalier l'accord des aides, et le conduit a parler promp- tement a Intelligence du cheval, en faisant apprecier a ce dernier, par des positions exactes , ce que nous voulons exiger de lui. Les caresses de la main et de la voix viendront ensuite comme effet moral. Ayons soin, toutefois, de n'y avoir recours qu'apres que les justes exigences des aides auront obtenu les resultats cherches. D'apres ce que je viens de dire, on comprend que tanl que l'assouplissement general du cheval n'est point parfait, les effets d'ensemble ne peuvent elre qu'ebau- ches. Mais toujours est-il que, des le premier jour, le cavalier doit commencer a les mettre en pratique, puis- que son premier soin doit etre de chercher a etablir laccord entre la force qui pousse en avant et celle qui porte en arriere, soit que le travail se fasse de pied ferme ou en marche. Souvenons-nous que Tabus des meilleurs moyens d'execution est a craindre. Ne multiplions done pas outre mesure les effets d'en- semble, sous peine d'amener 1'incertitude dans les mou- vements du cheval ; et, du reste, etablissons en principe que toutes les depenses de forces, toutes les translations de poids inutiles sont nuisibles aussi bien a l'education qu'a 1'organisation de l'animal. XVI DE LEMPLOI DE L'fiPERON L'eperon est une aide superieure a celle des jambes, je l'ai demontre depuis longtemps. Tous les chevaux doivent arriver a supporter l'e- peron. Le cheval naturellement bien equilibre supporte Ie contact des jambes et de l'eperon bien plus facilement que celui dont la conformation est defectueuse. La raison en est simple. Chez le premier, le poids est bien reparti, les forces harmonisees se pretent un mutuel concours, et le contact des jambes et de l'eperon n'a pour effet que de donner une plus grande intensite a Taction du cheval. Chez le second, aucontraire, le poids est mal distribue, les forces divergentes se heurtent, et T effet des jambes ou de l'eperon est d'augmenter les re- sistances naturelles du cheval. Le talent du cavalier consistera a ramener ce cheval — 99 — a la condition du premier, en detruisant ses resistances par une meilleure repartition du poids et de la force. Alors le cheval supportera, sans la moindre hesitation, le contact des jnmbes et de l'eperon. Voici la gradation que je recommande : quand le cheval supportera la pression graduee des jambes du cavalier, celui-ci lui fera sentir l'appui gradue de ses talons depourvus d'eperons, en place par des effets d'en- semble, et au pas, pour obtenir et entretenir la regularity de l'allure. Lorsque le cheval supportera avec le plus grand calme l'appui des talons nus, alors, mais alors seulement, on adaptera l'eperon a la botte, en ayant soin de recouvrir les molettes d'une enveloppe de peau. Le cavalier agira avec ces molettes matelassees comme il a agi avec les talons nus, par appui gradue, et ce n'est que lorsque le cheval supportera avec le plus grand calme l'appui energique des molettes recou- vertes, que le cavalier commencera a se servir des molettes rondes decouvertes, par les memes pressions progressives. Cette sage progression preparera tous les chevaux, sans exception, a supporter l'appui de l'eperon qui, bientot, deviendra inutile, car le cheval repondra aux moindres pressions des jambes du cavalier. L'abus de l'eperon aurait les plus grands inconve- nients, et comme on l'a deja dit, « l'eperon est un rasoir « dans les mains d'un singe. » — 100 — Plus que jamais Taction de la main doit etre intelli- gente et d'accord avec l'emploi de l'eperon. Les amateurs s'apercevront que dans cette nouvelle edition , je me suis efforce de rendre plus facile l'applica- tion de mes principes, en les reduisant a leur plus simple expression. XVII DE LENCAPUCHONNEMENT. Une croupe trop elevee, la predominance des muscles abaisseurs, predisposent ordinairement les chevaux a cette mauvaise position. L'ignorance du cavalier peut encore y contribuer. Quelle que soit la cause de ce defaut, le remede sera, comme toujours , la juste repartition du poids el des forces du cheval. Les moyens indiques par la methode y conduisent infailliblement ; je n'ai done qu'a engager le cavalier intelligent a les appliquer scrupuleusement, et bientot le succes repondra a son attente. XVIII EMPLOI PAR LE CAVALIER DES FORCES DIJ CHEVAL POUR LES DIFFERENTES ALLURES. Lorsque le travail qui precede aura dispose les forces du cheval au point de nous les soumettre, l'animal sera entre nos mains un instrument docile attendant , pour fonctionner, limpulsion qu'il nous plaira de lui commu- niquer. Ce sera done a nous, dispensateurs souverains de tous ces ressorts, a combiner leur emploi dans les justes proportions des mouvements que nous voudrons executer. Le jeune cheval, roide d'abord et maladroit dans l'usage de ses membres, aura besoin, pour lesdevelopper, de certains managements. Ici, comme toujours, nous suivrons cette progression rationnelle qui veut que Ton commence par le simple avant de passer au compose. Nous avons, par le travail qui precede, assure nos moyens d'action sur le cheval ; il faut nous occuper maintenant de faciliter ses moyens d'execution, en exer- gant l'ensemble de ses ressorts. Si l'animal repond aux / — 103 — aides du cavalier par la machoire, l'encolure et les han- dles ; s'il cede par la disposition generale de son corps aux impulsions qui lui sont communiquees ; si le jeu de ses extremites est facile et regulier, le mecanisme de tout l'ensemble aura une harmonie parfaite aux differentes allures. Ce sont ces qualites indispensables qui consti- tuent une bonne education (1). (1) 11 ne faut pas oublier que la main el les jambes ont aussi leur voca- bulaire, dont la concision est admirable. Ce langage muet el laconique se reduit a ce peu de mots : Tu fais mal; voila ce qu'il faut faire; hi fais bien. II suflit done que le cavalier parvienne a traduire, par son mecanisme. le sens de ces irois observations differentes pour posseder loule lerudition equeslrc et se laire comprendrc du cbeval. XIX DU RECULER. La mobility retrograde, aulrement dit le reculer, est un exercice dont on n'a pas assez apprecie 1'importaiice, et qui cependant doit avoir une tres-grande influence sur r Education du cheval. Le reculer diilere essentielle- ment de cette mauvaise impulsion retrograde qui porte le cheval en arriere avec la croupe contractee, l'encolure lendue et la machoire serree, ceci est de l'acculement. Le vrai reculer assouplit le cheval , et contribue puis- samment a la prompte et juste repartition du poids et des forces. Le cavalier, avant de commencer le reculer, devra dabord s'assurer si les handles sont sur la ligne des epaules, et si le cheval est leger a la main; puis il rap- prochera lentement les jambes, pour que Taction qu'elles communiquent a 1'arriere-main fasse quitter le sol a l'une des jambes posterieures, et que le corps ne cede qu'apres la tete et l'encolure. C'est alors que la pression — 105 — immediate du mors, forcant le cheval a reprendre son equilibre en arriere, produira le premier temps du recu- ler. Des quele cheval obeira, le cavalier rendra imme- diatement la main pour recompenser l'animal et ne pas forcer le jeu de sa partie posterieure. Si la croupe deviait de la ligne droite, il la ramenerait a l'aide du filet du meme cote, employant au besoin la jambe. 11 suffira d'exercer pendant huit jours (a cinq minutes par lecon) le cheval au reculer, pour Tamener a 1'execu- ter avec facilite. On se contentera, les premieres fois, d'un pas en arriere, puis de deux, puis de trois, progres- sivement, suivis d'un effet d'ensemble, iusqu'a ce qu'il n'eprouve pas plus de difficultes pour cette marche re- trograde que pour la marche en avant. Le cavalier est souvent dans l'erreur sur les causes d'acculement de sa monture. Quand il croil le cheval accule par les forces et par le poids, il ne Test souvent que par les forces seulement, et , dans ce cas, l'avant- main est surcharges plus qu'elle ne devrait l'etre, et si alors on continuait a porter le cheval sur la main, il est constant que la vraie legerete serait impossible, puisque le poids est la cause de la resistance. II sera done urgent de porter le cheval en arriere plut6t qu'en avant. On pourra se convaincre de la verite de ce fait, en forcant le cheval a reculer, bien qu'en apparence il se prete a ce mouvement. Quelques P as retrogrades ame- neront une resistance qui prouvera que le poids est sur l'avant-main. Si, au contraire, le poids et les forces — 106 — etaient refoules sur larriere-main, le cheval vous entrai- nerait en arriere et la cabrade en serait le resultat. Dans ce cas, il faudrait porter le cheval en avant. II est un fait incontestable, c'est que pour le maintien de l'equilibre du cheval, le poids et les forces doivent etre en harmonic La legerete ne saurait done etre obte- nue, tant qn'il y aura lutte ou manque d'accord entre ces deux puissances. XX DU PAS. L'allure du pas est la mere de toutes les allures ; c'est par elle qu'on obtiendra la cadence, la regularity, l'ex- tension des autres ; mais le cavalier, pour arriver a ces brillants resultats , devra deployer autant de savoir que de tact. Les exercices precedents ont conduit le cheval a supporter des effets d'ensemble qui eussent ete impos- sibles avant d'avoir detruit ses resistances instinctives ; nous n'avons plus a agir aujourd'hui que sur les resis- tances inertes qui tiennent au poids de l'animal et sur les forces qui ne se meuvent qu'a l'aide d'une impulsion communiquee. Avant de porter le cheval en avant, on devra s'assurer d'abord s'il est leger, c'est-a-dire droit d'epaules et de hanches. On approcheraensuitegraduellementlesjambes pour donner au cheval limpulsion necessaire au mou- vement Le cavalier se souviendra toujours que la main — 108 — doit etre pour le cheval une barriere infranchissable chaque fois que celui-ci voudra sortir de la position du ramener. L'animal ne l'essaiera jamais sans ressentir une impression desagreable (1). L'application bien entendue de ma methode amene ainsi le cavalier a conduire cons- tamment son cheval avec les renes demi-tendues , ex- cepts lorsquil veut rectifier un faux mouvement ou en determiner un nouveau. Le pas, ai-je dit, doit preceder les autres allures, parce que son action est moins considerable que pour le trot ou le galop, et plus facile par consequent a regler. Pour que la cadence et la vitesse du pas se maintien- nent egales et regulieres, il est indispensable que les puissances impulsives et moderatrices du cavalier soient (1) J'ai habile Berlin pendant quelques mois; j'ai vu meltre en pratique l'equitation allemande dans toute son etendue. Je n'ai pas la pretention de m'eriger en critique ; je dirai seulement que les principes professes en Prusse sont diametralement opposes aux miens : ainsi, plusieurs ofliciers, qui jouissent dans leur pays d'une certaine reputation de cavaliers, me disaient : Nous voulons que nos chevaux soient en avant de la main; et moi, leur repondais-je, je veux qu'ils soient derriere la main el en avant des jambes; c'est a cetle condition seulement que 1'animal sera sous lentierc domination du cavalier; ses mouvements deviendront gracieux et reguliers, il passera facilement d'une allure aceeleree a une allure lente, tout en con- servanl son equilibre; car, leur disais-je, tout cheval qui est en avant de la main est derriere les jambes, alors il vous echappe par tons les bouts, ce qui entraine l'absence complete de grace et de regularity dans les mouve- ments; de plus, si sa conformation est vicieuse, comment y remedierez- vous? En procedant a voire maniere vous n'obtiendrez jamais l'equilibre ou la legercte. Toules les theories mises en pratique jusqu'a moi consistent a donner, avec plus ou moins de peines, une direction aux forces instinc- lives du cheval, mais non a les harmoniser avec le poids. Ces resultats ne peuvcnt etre obtenus sans rapplication de mes princij)es ; c'est facheux pour les opposants, mais toute l'equitation est la. — 109 — elles-memes parfaitement harmonisees. Je suppose, par exemple, que le cavalier, pour porter son cheval en avant au pas et le maintenir leger a cette allure , doit employer une force egale a quatre kilogrammes, dont trois pour l'impulsion et un pour le ramener. Si les jambes depassent leur effet sans que les mains augmen- ted le leur dans les memes proportions, il est evident que le surcroit de force communiquee pourra se rejeter sur l'encohire, la contracter, et des lors plus de legerete. Si, au contraire, c'est la main qui agit avec trop de puissance, ce ne pourra etre qu'aux depens de l'impul- sion necessaire a la marche ; celle-ci, par cela meme, se trouvera contrariee, ralentie en meme temps que la po- sition du cheval perdra de son gracieux et de son ener- gie. En effet , que doit comprendre le cheval dans ces deux cas, sinon que dans le premier il doit accelerer, et dans le second ralentir son allure. Le cavalier voil done que c'est toujours lui qui est responsable quand son che- val comprend mal. Cette courte explication suffira pour faire comprendre 1'accord qui doit toujours exister entre les jambes et les mains. Il est bien entendu que leur effet devra varier suivant que la construction du cheval obligera de le sou- lenir plus ou moins a l'avant ou a l'arriere-main; mais la regie restera la meme avec des proportions diffe- rentes. Tant que le cheval ne se maintiendra pas souple et — HO — leger dans sa marche , on continuera a l'exercer sur la ligne droite ; mais, des qu'il aura acquis plus d'aisance et d'aplomb, on commencera a lui faire executer des changements de direction a droite ou a gauche en mar- chant. XXI TRAVAIL SUR LES HANCHES. Peu de personnes comprennent les difficultes que pre- serve ce travail ; elles l'estiment dautant moins qu'elles ne connaissent ni les services ni les resultats qu'on en peut obtenir. Comme on se figure que ce n'est qu'une parade de manege, chacun l'essaie a sa maniere sans chercher a l'utiliser, soit pour l'education du cheval, soil pour Tagrement du cavalier : c'est cependant la le but qu'il faudrait se proposer. Tout cheval marche, trotte et galope naturellement, mais Tart perfectionne les allures et leur donne le lianl et la legerete qu'elles sont susceptibles d'acquerir. Le travail de deux pistes n'etant pas naturel au cheval, presente, par cela seul, des difficultes bien plus grandes \ il serait meme impossible de Tobtenir regulierement sans le secours de l'education premiere, qui tend a placer le cheval et a lamener a supporter des commencements de rassembler. Mais aussi, quand on V execute, il a pour — 112 — resultat de faire ressortir ses formes, et de lui donner cette legerete, cettejustesse de mouvements, qui lefont repondre aux plus imperceptibles actions du cavalier. Je pourrais, a la rigueur, me dispenser de dire ce qu'on appelle airs de manege, si les auteurs qui ont ecrit sur ce sujet avaient fait connaitre autre chose que la nomenclature des figures ; mais comme ils n'ont indique ni comment le cheval doit etre place, ni comment il faut s'y prendre pour que l'execution en soit reguliere, je m'efforcerai de reparer leur oubli : je dirai done que l'ecuyer qui fera executer avec precision des lignes droites de deux pistes, obtiendra, sans de grands efforts, des lignes circulaires, si, toutefois, il a exerce preala- blement son cheval aux pirouettes renversees ou ordi- nances . Aussitot que la mobilite de la machoire et la souplesse des reins auront prepare le cheval a prendre facilement tous les changements de direction, on })ourra commen- cer le travail sur les hanches. II ne faut faire executer au cheval qu'un pas de deux pistes, puis deux, ensuite trois, etc. D'abord le cavalier se servira de la rene de filet et de la jambe du meme cote, e'est-a-dire opposees a la direc- tion dans laquelle marche le cheval. Bien que la position qui en resultera soit contraire a la belle attitude que l'animal doit conserver pendant un travail regulier, on continuera neanrnoins cet effet de la main jusqu'a ce que le cheval ne resiste plus a la jambe. Bient6t apres, — 113 — la rene du filet ou de la bride du cote determinant ser- vira a placer le cheval et a regulariser le mouvement. Puis, a l'ecartement de la rene succedera sa pression sur l'encolure. Le travail sera parfait des que le cavalier saura combiner Taction des jambes avec ce nouvel elTet de renes. II devra, pour commencer le mouvement, s'at- tacher a soutenir prealablement la jambe du cote ou le cheval doit marcher, afin d'eviter que la croupe ne pre- cede les epaules. Par exemple : pour marcher a droite ? jambe droite d'abord, main portee a droite, et jambe gauche. II est inutile que je recommande la plus grande rapidite dans cet emploi successif des aides. Les pas de cote ne laissant plus rien a desirer, on les pratiquera au trot, puis au galop, apres avoir exerce le cheval a ces allures pour lesquelles on graduera ce travail comme pour le pas. Les descentes de main, les descentes de main et de jambes, en completant les pas de cote, les ameneront a leur parfaite execution. II taut bien s'attacher a la re- gularity des premiers pas de cote. Le cheval doit tra- vailler avec la meme facilite aux deux mains. L'e- cuyer sentira le cote qui resiste davantage, et il saura promptement vaincre cette resistance en l'exercant plus frequemment. On congoit que si le cheval se porte d'une jambe sur l'autre, avec une vitesse egale a celle du contact qu'il regoit, il pourra executer tous les airs de manege. Pour que les pas de cote soient reguliers , il faut : — 114 — 1° que le cheval soit toujours dans la main ; 2° que ses epaules et sa croupe soient toujours sur la meme ligne ; 3° que le passage des jambes se fasse de telle sorte que celles qui marchent les dernieres passent par-dessus celles qui entament le mouvement. C'est-a-dire que la jambe de devant du cote ou Ton determine, quitte le sol la premiere et soit suivie par la jambe opposee de der- riere ; il faut aussi que la tete soit legerement portee du cote ou Ton fait marcher le cheval , afin qu'il puisse voir le terrain sur lequel il chemine. Cette derniere position , qui le rend plus gracieux , servira aussi au cavalier pour moderer la marche des epaules de l'animal, ou leur donner plus d'activite. C'est aussi avec cette attitude qu'il pourra regler et surtout cadencer ses mouvements. Pour que le cheval demeure dans le juste equilibre qu'exige cet exercice, le cavalier doit se servir de ses deux jambes pour conserver l'harmonie et la regularity d'action dans l'avant et larriere-main. Si c'est la jambe gauche qui pousse la masse a droite, c'est la jambe droite qui sert a l'enlever et la porte en avant. Elle modere Taction de la jambe gauche, maintient le cheval dans la main, l'empeche de reculer, le porte en avant, diminue ou augmente le passage d'une jambe sur l'autre et assure ainsi la cadence gracieuse et reguliere du mouvement. XXII DU TROT Le cavalier engagera d'abord cette allure tres-mode- rement, en suivant exactement les memes principes que pour le pas. II maintiendra son cheval parfaitement le- ger, sans oublier que plus Failure est vive, plus l'animal a de dispositions a retomber dans ses contractions natu- relles. La main devra done redoubler d'habilete, afin de conserver toujours la meme legerete, sans nuire cepen- dant a l'impulsion necessaire au mouvement. Les jambes seconderont la main, et le cheval, renferme entre ces deux barrieres qui ne feront obstacle qu'a ses mauvaises dispositions, developpera bientot toutes ses belles facul- tes, et acquerra, avec la cadence du mouvement, la grace et la vitesse. 11 est evident que le cheval bien equilibre doit trotter plus vite que celui qui n'a pas cet avantage. La condition indispensable a un bon trotteur est l'equi- libre exact du corps, equilibre qui entretient le mouve- — HG — meni regulier des deux bipedes diagonaux, donne une elevation et une extension egales , avec une legerete telle, que l'animal peut executer facilement tous les changements de direction, se ralentir, s'arreter, ou ac- celerer sans effort sa vitesse. Le devant alors n'a pas l'air de trainer a la remorque le derriere ; tout devient aise, gracieux pour le cheval, parce que ses forces, etant bien harmonisees, permettent au cavalier de les disposer de maniere qu'elles se pretent un secours mutuel et constant. II me serait impossible de citer le nombre de chevaux dont les allures avaient ete tellement faussees, qu'il leur etait impossible dexecuter un seul temps de trot. Quel- ques lecons ont toujours suffi pour remettre ces animaux a des allures regulieres. II suffira, pour habituer le cheval a bien trotter, de l'exercer a cette allure cinq minutes seulement pendant cliaque lecon. Lorsqu'il aura acquis l'aisance et la lege- rete necessaires, on pourra lui i'aire conserver cette allure en pratiquant des descentes de main. J'ai dit que cinq minutes de trot sulfiraient d'abord, parce que c'est moins la continuite d'un exercice que la rectitude des procedes qui produit la bonne execution. Le cheval se pretera mieux a un travail modere et de courte duree; son intel- ligence elle-meme, en se familiarisant avec cette sage progression, hatera le succes. II se soumettra sans repu- gnance et avec calme a un travail qui n'aura rien de penible pour lui, et Ton pourra pousser ainsi son educa- — 117 — tion jusqu'aux dernieres limites, non-seulenant en con- servant intacte son organisation physique, mais en reta- blissant dans leur etat normal les parties qu'aurait pu deteriorer un travail force. Ce developpement regulier et general du mecanisme du cheval lui donnera, avec la grace, la force et la sante , et prolongera ainsi ses ser- vices, en centuplant les jouissances du veritable ecuyer. XXIII DESCENTE DE MAIN, DESCENTE DE JAMBES, DESGENTE DE MAIN ET DE JAMBES. Ce que j'ai dit d'une main savante et ignorante s'ap- plique egalement aux jambes. La gradation des pressions qu'elles devront deployer sera, suivant le cas, appreciee par Intelligence equestre du cavalier, et cette appreciation, plus ou moins juste, constituera leur science ou leur ignorance. Cependant, cherchons, autantque possible, les moyens de combiner Taction des mains et des jambes, afin que leur entente parfaite atteigne un but precis et evite ce travail sans fin que produisent leurs iautes reciproques. Pour bien determiner le role de la main et des jambes , nous allons les faire agir isolement. Puis, pour constater leur judicieux emploi, nous verrons si le cheval a ete part'aitement equilibre , en lui laisant conlinuer des mouvements reguliers, sans 1'aide de la main et des jambes. — 119 — Ces descentes de main et de jambes out une impor- tance majeure ; on devra done les pratiquer irequem- ment. La descente de main contribue a faire conserver au cheval son equilibre sans le secours des renes. On pratiquera la descente de main comme suit : Apres avoir glisse la main droite jusqu'a la jonction des renes, et s'etre assure de leur egalite, on les la- chera de la main gauche, et la droite se baissera lente- ment jusque sur le devant de la selle. Pour que cet exercice soit regulier, il faudra qu'il n'altere en rien ni l'allure ni la position. Peut-etre, dans le principe, le cheval, livre ainsi a lui-meme, ne conservera-t-il que pendant quelques pas la regularite de l'allure et de la position. Dans ce cas, le cavalier fera sentir soit les jambes soit la main, pour ramener le cheval dans ses conditions premieres. Pour la descente de jambes : celles-ci se relacheront, la main soutiendra les renes afin de leur donner une ten- sion egale. II est evident que, pour la regularite de ce mouvement, le cheval devra, en se passant de 1'aide des jambes, conserver sans alteration allure et posi- tion. Puis on arrivera a la descente simultanee de la main et des jambes. Le cheval , libre de toute espece d'aides , devra neanmoins, comme dans les cas ci-dessus , conser- ver la meme allure et la meme position au pas, au trot etau galop. — 140 — Le cavalier trouvant dans sa monture une disposition evidente a 1'obeissance , emploie la plus grande delica- tesse dans ses moyens de direction, et son intention a peine indiquee est neanmoins comprise. De ces rapports entre l'homme et l'animal, il resulte pour ce dernier une apparence de liberte qui lui inspire une noble confiance. II s'assujettit , mais a son insu, et notre esclave soumis croit encore a sa complete independance. XXIV DU RASSEMBLER. Comment definit-on le rassembler dans les ecoles d'e- quitation ? On rassemble son cheval en elevant la main el en tenant les jambes pres. Je le demande, a quoi pourra servir ce mouvement du cavalier sur un animal mal con- forme, contracte, et qui reste livre a toutes les mauvai- ses propensions de sa nature? Cet appui machinal des mains et des jambes, loin de preparer le cheval a l'obeis- sance , n'aura d'autre effet que de doubler les moyens de resistance, puisqu'en l'avertissant qu'on va exiger de lui un mouvement, on reste dans l'impuissance de dispo- ser ses forces de maniere a l'y astreindre. Le veritable rassembler consiste a reunir au centre les forces du cheval, pour faciliter plus ou moins le rap- prochement des jambes de derriere, du milieu du corps. II y a plusieurs degres de rassembler, indispensables a la facilite et a la justesse des differentes allures et des diffe- J22 • rents airs de manege. Pour bien nous faire comprendre, nous etablirons l'echelle suivante : Avant-main. Cen tie. Arriere-main. 6 5 4 3 2 1 Je dirai encore une fois qu'avant de commencer ces eff'ets de rassembler, il faut necessairement que le cheval soit parfaitement leger a la main; alors il sera facile de diminuer, sans contrainte penible , la marche des jambes de devant et d'augmenter celle des jambes de derriere. Les premiers effets de rassembler qui amene- ront les jambes de derriere aux degres 1, % 3, seront utiles aux allures du trot cadence ou allonge, du galop modere. Ce rassembler peut s'obtenir en travaillant au pas avec le concours des jambes et meme de l'eperon, si Taction des jambes etait insuffisante ; la main devra de- truire toutes les contractions nuisibles qui pourraient se produire, et faciliter ainsi le jusle equilibre utile au res- sembler. C'est par 1'emploi de ces moyens qu'on arrivera a obtenir que les jambes de derriere gagnent en vitesse sur celles de devant. Quant au rassembler plus complet, dans lequel les jambes de derriere atteignent les degres 4 , 5, 6, il faut, pour 1'obtenir, arreter le cheval et multi- plier les oppositions de main et de jambes ou d'eperons , jusqu'a ce qu'il se mobilise, autant que possible, sans avancer, ou n'avancer qu'imperceptiblement, puis l'ar- reter par un efifet d'ensembie. La repetition frequente — 123 — de cette mobility plus ou moins reguliere des jambes conduira insensiblement au rassembler le plus complet, et ce rassembler donnera pour resultat naturel le piaffer avec rhythme, mesure et cadence. Si le cheval est bien conforme, le rassembler s'obtiendra facilement et bien- t6t apres les grandes difficultes de 1' equitation qui en dependent. Reste a savoir s'il est possible de les aborder lorsqu'on a pour sujet un cheval de construction medio- cre, c'est-a-dire possedant une partie des defauts ci- apres : les hanches courtes, les reins longs et faibles, la croupe basse, ou trop haute par rapport au garrot, les cuisses effilees, les jarrets plus ou moins coudes, trop rapproches ou trop eloignes l'un de l'autre, trop ou trop peu d'action; je suis force d'avouer que ces sortes de che- vaux presentent de grandes difficultes ; mais, en les sur- montant, Ton prouve que Ton est non-seulement ecuyer , mais encore homme d' intelligence, de sens et de concep- tion equestre. J'ai deja cxplique et demontre que le cheval n'a pas la bouche dure ; j'ai dit que la faiblesse des reins , la mauvaise disposition de l'arriere-main sont en gene- ral les seules causes des resistances que presente le che- val. En effet, si la longueur des reins, par exemple, eloi- gne les jambes de derriere de la place qu'elles devraient occuper pour que le mouvement soit regulier, la flexion et 1'extension des jarrets qui recoivent le poids et le rejet- tent en avant, ne peuvent se faire que peniblement; c'est pour reraedier a ces inconvenients qui rendraient toute — 124 — belle education impossible, qu'il faut avoir recours aux premiers effets du rassembler, une fois la mise en main obtenue; dans cecas, lesjambes de derriere se rappro- cheront du centre et se trouveront a la place qu'elles occupent naturellement chez les chevaux bien confor- med. En effet, pourquoi certains chevaux resistent-ils par la machoire et l'encolure? Parce que les reins, les hanches etlesjarrets, fonctionnant mal, s'opposent a la translation reguliere du poids que doit produire le mou- vement. Ce qui confirme ce principe, c'est que plus un cheval a de legerete et de mobilite naturelle dans la ma- choire, plus sa conformation se rapproche de la perfec- tion ; dans ce cas, ses dispositions physiques sont dans de bonnes proportions pour obtenir immediatement un juste equilibre ; aussi le rassembler complet, facile pour les bonnes constructions , devient-il d'une difficulty tres- grande pour les constructions mediocres ; car l'effort que le cheval fait pour porter ses jambes de derriere plus en avant, prend d'autant sur le mouvement necessaire a la flexion qui produit l'elevation : aussi ces sortes de che- vaux presentent-ils de grandes difficultes pour les ame- ner a executer un travail complique et precis ; certes , ce n'est pas impossible, mais il faut employer des moyens bien methodiques et etre doue d'un grand tact. Je dirai meme qu'une semblable tache serait sans succes. si elle etait entreprise par un cavalier qui ne pratiquerait pas la methode dans tous ses details et dans son ensemble. Le cheval mal conforme auquel on fait executer des diffi- — 125 — cultes est loin d'etre gracieux a l'ceil des personnes qui ne se sont point occupees d'equitation ; mais combien il est beau pour les spectateurs habiles et erudits! Voila le merveilleux resultat de l'equitation ; admirez ! Le cava- lier a fait plus que la nature. Le rassembler complet, c'est-a-dire celui qui amene les jambes de derriere aux degres de 4 a 6, sert au piaf- fer, au passage en avant et en arriere, au galop raccourci, espece de terre-a-terre, aux pirouettes ordinaires, au ga- lop en arriere, etc., etc. II est indispensable a tous les mouvements ascensionnels, puisque dans cette position les jarrets executent plus facilement la flexion de bas en haut que celle d'arriere en avant, ce qui prouve qu'une fois le rassembler complet obtenu, le cheval peut executer les mouvements les plus difficiles, sans que cela lui soit penible, et sans porter atteinte a sa construction; ses poses sont toujours justes, ses points d'appui exacts, et ses mouvements toujours gracieux. L'animal se trouve alors transforme en une sorte de balance, dont l'avant-main et l'arriere-main repre- sented les deux plateaux, et il suffira du moindre appui sur l'un des deux pour les determiner immediatement dans la direction qu'on voudra leur imprimer Le ca- valier reconnaitra que le rassembler est complet lors- qu'il sentira le cheval pret, pour ainsi dire, a enlever des quatre jambes. C'est avec ce travail qu'on donne a l'animal le brillant, la grace et la majeste ; ce n'est plus le meme cheval, la transformation est complete. Si nous — 126 — avons du employer l'eperon pour pousser d'abord jusque sur ses dernieres limites cette concentration de forces, lesjambes suffiront par la suite pour obtenir lerassembler necessaire a la cadence et a l'elevation de tous les mou- vements compliques. Ai-je besoin de recommander la discretion dans ce tra- vail? Non, sansdoute, car si le cavalier, arrive a ce point de l'edu cation de son cheval, ne sait pas comprendre et saisir de lui-meme la finesse de tact, la delicatesse de procedes indispensables a la bonne application de ces principes, ce sera une preuve qu'il est denue de tout sen- timent equestre, et toutes mes instances ne sauraient remedier a cette imperfection de sa nature. XXV DU GALOP. J'ai parte longuement du galop dans le dictionnaire; je me bornerai ici a donner quelques conseils qui pourront accelerer l'education du cheval. Je suppose que le cava- lier a suivi la progression que j'ai indiquee, et que son cheval est leger a la main, droit d'epaules et de hanches, familiarise avec les jambes, Teperon, et supportant les deux premiers degres du rassembler, etc. Evidemment ce cheval est prepare pour le galop, et pourvu que le cavalier ne commette pas de fautes graves, il suffira de quelques lecons pour que le cheval prenne la position pour partir sur le pied droit etsur le gauche. Examinons les fautes que peut commettre le cavalier. II veut faire partir son cheval sur le pied droit, je suppose, et par negligence ou manque de tact il lui donne la position pour partir sur le pied gauche, necessairement le depart aura lieu sur le pied gauche : premiere faute commise. Si le cavalier s'en apergoit, et qu'il arrete de suite son cheval, — 128 — pour lui dormer la position juste qui determinerale depart sur le pied droit, cette premiere faute sera reparee. Mais si le cavalier ne s'apercoit de sa faute qu'apres quelques foulees de galop, et qu'il arrete son cheval, celui-ci ne pourra pas distinguer si l'arret a lieu parce que tel est le bon plaisir de son maitre, ou s'il est la repression un peu tardive de la faute commise. On comprend quel retard dans 1' education du cheval apportera ce manque de tact ou de science du cavalier. Non-seulement le cavalier evitera de commettre les fautesquejeviensde signaler, maisils'attachera avanttout a prevenir les faux departs, puisque chaque mouvement est le resultat d'une position qui elle-meme est la conse- quence d'une juste repartition du poids et de la force de l'animal. II devra d'abord donner au cheval la position indispensable pour le depart sur le pied droit. En suivanl ce principe, qui est la base de la science de l'equitation, il enleve au cheval tout pretexte de mal faire, l'oblige a bien faire, et, je le repete, obtient en quelques lecons les departs faciles, reguliers, sur tel ou tel pied. Les premieres fois, comme Failure du galop predis- pose le cheval a une certaine resistance, il devra employer, avec des nuances differentes , les deux forces directes, jambe gauche et rene gauche, afin de combattre ces re- sistances qu'entraine toujours un equilibre qui n'est pas exact, et donner au cheval la position qui lui permettra de partir sur le pied droit. Mais des que les departs deviendront faciles , le cavalier remplacera les forces — 129 — directes par les forces opposees, jambe droite et main portee a gauche. Puisqu'il n'y a plus de resistance , l'emploi des forces directes aurait pour effet de detruire l'equilibre devenu meilleur. Bon dans le premier cas, cet emploi des forces directes deviendrait nuisible dans le second : aussi le cavalier n'aura plus recours qu'a la jambe droite pour le depart sur le pied droit, et a la jambe gauche pour le depart sur le pied gauche. — Je crois inutile d'insister sur les avantages que les cavaliers intelligents et doues de tact retireront de cette sage progression, ou rien n'est laisse au hasard. XXVI. SAUT DE FOSSE ET DE BARRlfiRE. Tous les chevaux peuvent sauter, et l'elan est propor- lionne a leur energie et a leurs dispositions naturelles. Toutes les combinaisons de la science ne peuvent rem- placer ces conditions premieres, et faire qu'un mauvais cheval parvienne a sauter aussi bien qu'un bon sauteur; mais je dis que par l'education bien dirigee, tous les chevaux peuvent apprendre a mieux sauter. Le point capital est d'amener le cheval a essayer de bonne volonte ce travail. Si Ton suit ponctueliement tous les procedes que j'ai indiques pour maitriser les forces instinctives de Fanimal et le niettre sous l'influence des n6tres, on reconnaitra 1'utiiite de cette progression par la facilite qu'on aura a faire franchirau cheval les obstacles qui se rencontreront sur sa route. Du reste, il ne faut jamais, en cas de iutte, recourir aux moyens violents, tels que la chambriere, ni chercher a exciter Fanimal par des cris ; cela ne poarrait produire qu'un effet moral propre ;\ 1'effrayer. Neanmoins r exclamation : Hop ! — 131 — emise avec tact au moment ou le cheval doit s'enlever, lui donnera un encouragement utile. Mais on devra s'abs- tenir detous cris, si Ton n'est pas certain de les emettre en temps opportun, car ils seraient un obstacle a la regula- rity de l'elan de 1'animal. Or, c'est au moyen des aides que nous devons avant tout l'amener a l'obeissance, puisqu'elles peuvent seules le mettre a meme de com- prendre et d'executer. On doit done lutter avec calme, et chercher a surmonter les forces qui ie portent au refus, en agissant directement sur elles. On attendra, pour faire sauter un cheval, qu'il reponde franchement aux jambes et a l'eperon, afin d'avoir toujours un moyen assure de domination. La barriere restera par terre jusqu'a ce que le cheval la passe sans hesitation ; on 1'elevera ensuite de quelques centimetres, en augmentant progressivement la hauteur jusqu'au point que 1'animal pourra franchir sans de trop violents efforts. Depasser cette juste limite, seraits'ex- poser a faire naitre chez le cheval un degout que Ton doit eviter avec grand soin. La barriere ainsi elevee avec management devra etre fixee pour que le cheval, dispose a l'apathie, ne se fasse pas un jeu d'un obstacle qui ne serait plus serieux des l'instant ou le contact de ses extremites sufiirait pour le renverser. La barriere ne devra etre recouverte d'aucune enveloppe propre a dimi- nuer sa durete ; Ton doit etre severe lorsqu'on exige des choses possibles, et eviter les abus qu'eotraine toujours une complaisance irrellechie. 9. — 132 — Avant de se preparer a sauter, le cavalier se soutiendra avec assez d'energie pour que son corps ne precede pas le mouvement du cheval. Ses reins seront souples, ses fesses bien fixees sur la selle, ses cuisses et ses jambes enveloppant exactement le corps du cheval, afin qu'il n'eprouve ni choc ni reaction violente. La main, dans sa position naturelle, tiendra les renes de maniere a sentirla bouche du cheval pour juger deseffets d'impulsion. C'est dans cette position que le cavalier conduira l'animal sur l'obstacle ; si celui-ci y arrive avec la meme franchise d'allure, une legere opposition des mains et des jambes facilitera l'elevation de l'avant-main et l'elan de l'extre- mite posterieure. Des que le cheval est enleve, la main cesse son effet, pour se soutenir de nouveau lorsque les jambes de devant arrivent sur le sol, et les empecher de flechir sous le poids du corps. On se contentera d'executer quelques sauts en harmo- nie avec les ressources du cheval, et on evitera surtout de pousser la bravade jusqu'a vouloir contraindre l'ani- mal a franchir des obstacles au-dessus de ses forces. J'ai connu de tres-bons sauteurs qu'onest parvenu a rebuter ainsi pour toujours, et que nuls efforts ne pouvaient plus decider afranchir des hauteurs ou des distances de moitie inferieures a celles qu'iis sautaient aisement dans le prin- cipe. XXVII DU PIAFFER. Tous les chevaux peuvent piaffer regulierement ; mais ils ne peuvent, tous, avoir la meme elevation, la meme elegance. Je distingue trois genres de piaffer : le piaffer lent, le piaffer precipite, le piaffer depite. Le piaffer estre- gulier, lorsque chaque bipede diagonal se leve et retombe sur le sol a des intervalles egaux. L'animal ne doit pas se porter plus sur la main que sur les jambes du cavalier, afin de conserverla justesse de la balance hippique. Lorsque le cheval est prepar6 par le rassembler, il suffit, pour amener un commencement de piaffer, de communiquer au cheval, avec les jambes, une vibration legere d'abord, mais souvent reiteree. J'entends par vibration une surexcitation de forces, que le cavalier doit loujours regler. Une fois la mobilite des jambes obtenue, on pourra commencera en regler, a en distancer la cadence, lei en- core, je chercherais vainement a indiquer avec la plume le — 134 — degre de delicatesse necessaire dans les procedes du cavalier, puisque ses effets doivent sereproduire avec une grande justesse et un a-propossans egal. C'est par l'appui alterne des deux jambes qu'il arrivera a prolonger les balancements du corps du cheval, de maniere a le main- tenir plus longtemps sur l'un ou l'autre bipede. II saisira le moment ou le cheval se preparera a prendre son appui sur le sol, pour faire sentir la pression de sa jambe du meme c6te et augmenter l'inclinaison de l'animal dans le meme sens. Si ce temps est bien saisi, le cheval se balan- cera lentement, et la cadence acquerra cette elevation si propre a faire ressortir toute sa noblesse et toute sa ma- jeste. Ces temps de jambes sont difficiles et demandent une grande pratique ; mais leurs resultats sont trop bril- lants pour que le cavalier ne s'efforce pas d'en saisir les nuances. Lemouvement precipite des jambes du cavalier acce- lere aussi le piaffer. C'est done lui qui regie a volonte le plus ou moins de vitesse de la cadence. Le travail du piaffer n'est brillant et complet que lorsque le cheval l'execute sans repugnance, ce qui a toujours lieu quand l'harmonie du poids et des forces, utile a la cadence, se conserve. XXVIII MA MtfTHODE HORS DU MANAGE. Quelques amateurs qui n'ont pratique ma methode que superficiellement, bien que satisfaits des resultats obtenus au manege, sont surpris de ne plus trouver la premiere fois au dehors la meme legerete et le meme calme. Aussitot ils s'ecrient : « La methode bonne pour le manege est inefficace quand le cheval est en plein air. Des resistances inattendues surgissent, l'animal a peur, il s'eloigne des objets qu'ils rencontre, son action est plus considerable et sa gaiete devient inquietante pour le cavalier. » De consequence en consequence, ils trouvent dans la methode une lacune a l'abri de laquelle ils mas- quent leur peu d'habilete ou de sang-froid equestre. II est evident qu'au milieu de bruits et d'objets nou- veaux, avec de 1'espace devant eux, tous les chevaux, quel que soit d'ailleurs ie fini de leur education de manege, seront surpris les premieres fois qu'on les montera en plein air. Leurs sens, ieur instinct, surexcites par des sen- — 130 — sations inconnues, seront en outre soumis a Taction eni- vrante de l'air libre. Les resistances instinctives mani- festoes au commencement de l'education, surgiront en partie de nouveau, et effraieront le cavalier pusillanime qui, dans le cheval qu'il croyait soumis, ne trouve plus qu'un animal fantasque et sans legerete. « Methode im- puissante ! » s'ecrie-t-il. Voyons done sile reproche est fonde ; le raisonnement l'aura bientot reduit a sa juste valeur. Disons d'abord que nous avons vu des chevaux tres- francs d'allure dans les rues et sur les routes, devenir tres-inquiets en entrant dans un manege et perdre subi- tement la grace et la facilite de leurs mouvements. A plus forte raison, un cheval, dresse entre les quatre murs d'un manege, doit-il etre plus ou moins impressionne quand on le conduit, sans transition, au milieu de mille objets inconnus. Mais, qu'est-ce a dire? Croyez-vous qu'il soit plus facile de porter un cheval sur un objet quelconque, de moderer sa frayeur ou sa fougue, quand il dispose librement de ses forces instinc- tives, que lorsque par une education bien dirigee le ca- valier s'en est rendu maitre ? Dominerez-vous plus facilement le cheval qui n'a ja- mais ete dompte que ceiui que l'exercice a deja rendu souple et obeissant au manege? Cette hypothese est inad- missible. L'influence de l'education peut bien faiblir dans ce pre- mier moment, mais elle reprendra bien vite son empire — 137 — et fera disparaltre ces resistances d'un jour pour les rem- placer desormais par la legerete constante. Car, excepte quelques rares chevaux qui necessitent une attention continuelle de la part du cavalier pour re- primer leur impressionnabilite excessive, tous reviennent a leur degre d'education methodique. Si quelques che- vaux extraordinaires sortent quelquefois de la regie ge- nerate , il faut reconnaitre que sans les effets de l'edu- cation, ils seraient demeures tout a fait impossibles a monter. On le voit done, le cheval dresse ne demande qu'une attention soutenue du cavalier pour retrouver dehors son calme et sa soumission, tandis que dans le cas contraire, il deviendrait non-seulement inutile, mais encore dange- reux pour son maitre. Rassurons done les cavaliers timi- des, en leur certifiant qu'une education supplemental , mais tres-courte, et fondee toujours sur les principes de la methode, rendra au cheval monte soit dans les rues, soit dans les promenades, les qualites brillantes que Ton admirait au manege. A l'appui de mon assertion, je cite- rai pour exemple les chevaux d'artillerie qui, bien qu'impassibles au bruit du canon, s'effraient de la cre- pitation du feu de l'infanterie et du bruit des tambours la premiere fois qu'ils les entendent, et reprennent leur calme au bout de quelques instants. Je crois avoir de- truit les objections que Ton m'avait opposees : me sera- t-il permis de donner quelques conseils a tous les ama- teurs de chevaux? — 138 — Je signalerai a MM. les sporstmeo , dont je res- pecte infiniment les gouts, le danger d'une tendance malheureusement generate. On ne demande au cheval que d'avoir du sang. Toutes les quaiites chevalines se resument dans ce mot : Vitesse. Sous pretexte d'obtenir cet ideal du beau, le physique du cheval est tout a fait sacrifie. On veut Tamener a la rapidite de la vapeur. Mais on ne remarque pas que la vapeur reclame une ma- chine solide, et que la machine elle-meme veut des freins. A votre cheval vapeur, donnez done une machine solide en le douant d'un corps robuste, donnez des freins a votre machine en instruisant votre monture. Que les personnes qui se trouvent si souvent exposees aux dangers de l'emportement des chevaux atteles, evi- tent ces malheurs journaliers, en dressantou faisant dres- ser a la selle leurs chevaux avant de les soumettre incon- siderement au harnais de la voiture. Par cette education prealable, non-seulement les chevaux deviendraient plus faciles a conduire, mais ils auraient sous le harnais la position et les allures brillantes qui conviennent a des chevaux de luxe. XXIX REFLEXIONS SUR LA DIVISION DU TRAVAIL Je viens de developper tous les moyens a employer pour completer l'education du cheval. J'ai defini le plus succinctement possible les principes qui doivent mettre promptement le cheval a la disposi- tion du cavalier, le rendre gracieux et precis dans ses mouvements ; augmenter ses forces physiques et deve- lopper son intelligence ; je crois avoir beaucoup dit en peu de mots ; je ne me suis preoccupe que des effets qui expliquent les causes, evitant de descendre a cette mul- titude de minutieux details qui reduisent de grandes et belles choses a de fort agreables petits riens. Dans les editions precedentes, je donnais une division methodique du travail ; j'ai reconnu qu'elle pouvait in- duire en erreur ceux de mes lecteurs qui negligeraient d'apprecier les dispositions physiques et morales de leurs chevaux, pour la suivre a la lettre. Je me borne done a donner ici quelques reflexions qui pourront guider le — 140 — cavalier dans le temps plus ou moins long qu'il devra con- sacrer a tel ou tel travail. On degoute un jeune cheval en le tenant trop long- temps sur des exercices qui le fatiguent, d'autant plus que son intelligence est moins preparee a comprendre ce qu'on veut exiger de lui. Je conseille de donner deux lecons d'une demi-heure par jour, parce que, selon moi, un intervalle de vingt-quatre heures entre chaque lecon est trop long pour que l'animal puisse bien se rappeler le lendemain ce qu'il a appris la veille. Pour etablir l'ordre du travail, il est bien entendu qu'il faut se baser sur les dispositions des chevaux en gene- ral. Un ecuyer, doue de quelque tact , comprendra bien vite les modifications quil devra apporter dans la prati- que, suivant la nature particuliere de son eleve. Tel che- val, par exemple, exigera plus ou moins de persistance dans les flexions; tel autre dans le reculer ; celui-ci, froid et apathique, necessitera l'emploi de l'eperon avant le temps que j'ai indique. Tout ceci est affaire d'intelli- gence ; ce serait offenser mes lecteurs que de ne pas les supposer capables de suppleer aux details qu'il est d'ail- leurs impossible de preciser. On comprend facilement qu'il existe des chevaux irritables et mal conformes, dont les dispositions defectueuses ont ete accrues par l'influence d'une mauvaise education premiere. Avec de tels sujets , on devra mettre necessairement plus de persistance dans le travail des assouplissements et du pas. XXX APPLICATION DE LA MfiTHODE AU TRAVAIL DES CHEVAUX. PARTISAN, CAP1TAINE, NEPTUNE, BURIDAN. J'ai monte en public 26 chevaux , et si , dans le prin- cipe, quelques personnes, etonnees de ce travail nouveau pour elles, en attribuerent le raerite, les unes a la mu- sique, les autres a des procedes puerils et en dehors du domaine de l'equitation, elles revinrent bientdt de leur erreur, et reconnUrent que l'artiste n'avait fait qu'appli- quer les principes de la methode. Voici la nomenclature de ces mouvements nouveaux, avec quelques mots sur les moyens qui permettront aux cavaliers habiles de les executer. 1° Flexion instantanle et maintien en Vair de I'une ou I 'autre extremite anterieure, tandis que les trots autres res- lent fixees sur le sol. Le moyen de faire lever au cheval Tune de ses deux jambes de devant est bien simple, des que l'animal est — 142 — equilibre : il suffit, pour faire lever, par exemple, la jambe droite, d'incliner legerement la tete a droite, tout en faisant refluer le poids du corps sur la partie gauche. Les deux jambes du cavalier seront soutenues avec ener- gie (la gauche un peu plus que la droite), afin que l'effet de la main qui amene la tete a droite ne reagisse pas sur le poids, et que la force qui sert a fixer la partie sur- charges donne a la jambe droite du cheval assez d'action pour la faire soulever de terre. En repetant quelquefois cet exercice, on arrivera a maintenir cette jambe en Fair aussi longtemps qu'on le voudra. 2° Mobility des handles, le cheval s'appuyant sur les jambes de decant, pendant que celles de derriere se balan- cent alternativement I'une sur t autre, la jambe posterieure qui est en V air executant sonmouvement de gauche a droite sans toucher la terre pour devenir point d'appui a son tour, afin que V autre se soulive et execute ensuite le meme mouvement La mobilite simple des handles est un des exercices que j'ai indiques pour l'education elementaire du cheval. On completera ce travail en multipliant le contact alter- natif des jambes, jusqu'a ce qu'on arrive a porter facile- ment la croupe du cheval d'une jambe sur Fautre, de maniere que le mouvement de droite a gauche et de gauche a droite ne puisse exceder un pas. Ce travail est propre a donner au cavalier une grande finesse de tact, et prepare le cheval a repondre aux plus legeres pres- sions de jambes. II est bien entendu que tous ces airs de — J 43 — manage ne seront regulters qu'autant qu'ils seront ac- compagnes de la legerete. 3° Passage instantane du piaffer lent au piaffer preci- pite', et v ice versa. Apres avoir amene un cheval a deployer une grande mobility des quatre jambes, on doit en regler le mouve- ment. C'est par la pression lente et alternee de ses jambes que le cavalier obtiendra le piaffer lent ; il 1'accelerera en multipliant le contact de jambe.On peut obtenir ces deux piaffers sur tousles chevaux. ¥ Reculer avec une elevation egale des jambes trans- versales qui s'eloignent et se posent en m&ne temps sur le sol, le cheval executant le mouvement avec autant de fran- chise et de facilite que sil avancait et sans concours appa- rent du cavalier. Le reculer n'est pas nouveau, mais il Test certaine- ment dans les conditions que je viens de poser. Ce n'esfc qu'a 1'aide d'un equilibre exact que la repartition du poids est parfaitement reguliere. Ce mouvement devient alors aussi facile et aussi gracieux quil est penible et depourvu d'elegance lorsqu'on le transforme en accule- ment. 5° Mobilite simultanee et en place des deux jambes par la diagonale ; le cheval, apres avoir leve les deux jambes oppose'es, les porte en arriere pour les ramener ensuite a la place qu'elles occupaient, et recommencer le meme mou- ment avec V autre diagonale. Lorsque le cheval ne presente plus aucune resistance, — \u — il apprecie les plus legeres actions du cavalier, destinees dans ce cas a ne deplacer que le moins possible de poids et de forces pour arriver a mobiliser les deux extremites opposees. En reiterant cet exercice, on le rendra en peu de temps familier au cheval. L'habilete du mecanisme favorisera le developpement de l'intelligence. 6° Trot a extension soutenue ; le cheval, apres avoir leve" lesjambes, les porte en avant en les soutenant un instant en I'air avant de les poser sur le sol. Les procedes qui font la base de ma methode se re- produisent dans chaque mouvement simple, et a plus forte raison dans les mouvements compliques. Si l'equi- libre ne s'obtient que par la legerete, en revanche il n'est pas de legerete sans equilibre ; c'est par la reunion de ces deux conditions que le cheval acquerra la facilite d'etendre son trot jusqu'aux dernieres limites possibles, et changera completement son allure primitive. 7° Trot serpentin, le cheval tournant a droite et a gauche pour revenir d peu pres sur son point de depart, apres avoir fait cinq ou six pas dans chaque direction. Ce mouvement ne presentera aucune difficulte, si Ton conserve le cheval dans la main en executant au pas et au trot des flexions d'encolure. On conceit qu'un sem- blable travail est impossible sans cette condition. 8° Arr4t sur place a Vaide des eperons, le cheval etant au galop. Lorsque le cheval, parfaitement assoupli, supportera convenablement les attaqueset le rassembler, il sera dis- — 145 — pose pour executer le temps d'arret dans les conditions ci-dessus. On debutera dans l'application par le petit ga- lop, pour arriver successivement a la plus grandevitesse. Les jambes, precedant la main, rameneront les extre- mites posterieures du cheval sous le milieu du corps, puis un prompt effet de main, en les fixant dans cette position, arretera immediatement l'elan. Par ce moyen, Ton me- nage l'organisation du cheval, que i'on peut conserver ainsi toujours exempt de tares. 9° Mobilite continue en place de I'une des extremites an- terieures, le cheval executant par la volonte du cavalier le mouvement par lequel il manifesto souvent de lui-me'me son impatience. On obtiendra ce mouvement par le meme procede qui sert a maintenir en l'air la jambe du cheval. A cet effet, les jambes du cavalier doivent exercer un appui continu pour que la force qui tient la jambe du cheval levee con- serve bien son effet, tandis que, pour le mouvement dont il s'agit, il taut renouveler Taction par une multitude de petites pressions, afin de determiner la mobilite de la jambe qui est tenue en l'air. Cette extremite du cheval executera bientot un mouvement subordonne a celui des jambes du cavalier, et si les temps sont bien saisis, il semblera, pour ainsi dire, qu'on fait mouvoir l'animal a l'aide d'un moyen mecanique. 10° Reculer au passage en arriere, le cheval conservanl la me'me cadence et les me'mes battues que dans le passage en avant. 10 — U6 — La condition premiere pour obtenir le passage en ar- riere est de maintenir le cheval dans une cadence parfaite aussi rassemble que possible ; la seconde est toute dans l'habilete du cavalier. Celui-ci doit chercher insensible- ment par des effets d'ensemble a laire primer les forces du devant sur celles de derriere, sans nuire a l'harmonie du mouvement. On le voit done : par le ressembler, on obtiendra successivement le piaffer, le passage en ar- riere, meme sans le secours des renes. 11° Reculer au galop, le temps etant le meme que pour le galop ordinaire ; mais les jambes anterieures, une fois ele- vees, au lieu de gagner du terrain, se portant en arriere, pour que V arriere-main execute le m6me mouvement re- trograde aussitot que les extremites anterieures se posent sur le sol. Le principe est le meme que pour le travail precedent; avec un rassembler complet, les jambes de derriere se trouveront tellement rapprochees du centre, qu'en ele- vant l'avant-main, la detente des jarrets ne fonctionnera plus, pour ainsi dire, que de bas en haut. Ce travail, qu'on pourra faire executer apres un long travail ener- gique, ne devra pas etre exige de celui qui ne possede- rait point cette qualite. 12° Changements de pied au temps, chaque temps de galop s 'operant sur une nouvelle jambe. On comprend que, pour pratiquer ce travail difficile, le cheval doit etre habitue a executer parfaitement, et le plus frequemment possible, les changements de pied — 147 — du tact aii tact. Avant d'essayer ces changements de pied a chaque temps, on doit l'avoir amene a executer ce mouvement aux deux temps. Tout depend de son apti- tude, et surtout de Intelligence equestre du cavalier : avec cette derniere qualite, il n'est pas d'obstacle qu'on ne puisse surmonter. Pour executer ce travail avec toute la precision desirable, le cheval doit rester leger, droit d'epaules et de handles, conserver son meme degre d'ac- tion ; de son cdte, le cavalier evitera par-dessus tout les brusques renversements de l'avant-main. 13 J Pirouettes ordinaires sur trois jambes, celle de de- vant, du cdte" vers lequel on toume, restant en Vairou ten- due pendant toute la duree du mouvement. Les pirouettes ordinaires doivent etre familieres a un cheval dresse d'apres ma methode, et j'ai indique plus haut le moyen de l'obliger a tenir elevee l'une de ses ex- tremites anterieures. Si Ton execute bien separement ces deux mouvements, il sera facile de les joindre en un seul travail. Apres avoir dispose le cheval pour la pi- rouette, on equilibrera la masse de maniere a enlever une jambe anterieure ; celle-ci une fois en l'air, on sur- charges la partie opposee au cdte vers lequel on veut tourner, en appuyant sur cette partie avec la main et la jambe. La jambe du cavalier placee du cdte qui converse ne fonctionnera pendant ce temps que pour porter les forces en avant, afin d'empecher la main de produire un effet retrograde. 10. — U8 — 14° Reculer avec temps d'arril a chaque foulee, la jambe droite du cheval resiant en avant immobile et tendue de toute la distance qua parcourue la jambe gauche, et vice versa. Ce mouvement depend de I'habilete du cavalier, puis- qu'il suffit d'un effet de forces qu'il est impossible de pre- ciser. Bien que ce travail soit peu gracieux, le cavalier experimente peut l'essayer, pour apprendre a modifier les effets de forces et acquerir parfaitement toutes les nuances de son art. 15° Piaffer regulier avec un temps d 'arret imme'diat sur trois jambes, la quatrieme restant en Vair. Ici encore, comme pour les pirouettes ordinaires sur trois jambes, c'est en exercant le piaffer et la flexion isolee d'une jambe qu'on arrivera a reunir les deux mou- vements. On interrompra le piaffer en arretant la con- traction de trois jambes pour la reporter exclusivement sur la quatrieme. II suffit done, pour habituer le cbeval a ce travail, de l'arreter lorsqu'il piaffe, en le forcant a contracter une seule de ses jambes. 16° Chanyement de pied au temps, a des intervalles dgaux, le cheval restant en place ou n'avancant qu'insen- siblement. Ce mouvement s'obtient par les memes procedes que ceux qui sont employes pour les changements de pied au temps en avancant ; seulement il est beaucoup plus complique, puisquel'on doit donner une impulsion juste- ment assez forte pour determiner le mouvement des — 149 — jambes sans que le corps se porte en avant. Ce mouve- ment exige, par consequent, beaucoup de tact de la part du cavalier, et ne saurait etre pratique que sur un cheval parfaitement dresse, mais dresse comme je le com- prends. Des cavaliers ont obtenu l'apparente execution de quelques-uns de ces airs de manege. Fiers de ces resul- tats, ils s'ecriaient : Voila du systeme Baucher ! Erreur ! non-seulement l'execution n'etait pas com- plete, mais elle etait due au hasard, ou tout au moins a des moyens etrangers a ma methode. Ainsi, le cheval mal place, etait contracte; ses mouvements etaient heur- tes, sans harmonie, sans grace. Rien dans tout cela ne ressemble a mon systeme. Je ne demande jamais au cheval l'execution d'un mouvement pour lequel je ne l'ai point place, et je n'attends d'execution facile qu'autant que l'equilibre est exact. XXXI EXPOSITION SUCCINCTE DE LA M&THODE PAR DEMANDES ET RfiPONSES. Demande. Qu'entendez-vous par force ? Reponse. La puissance motrice qui resulte de la con- traction musculaire. D. Qu'entendez-vous par forces instinctive? ? R. Celles qui viennent du cheval, et dont il determine lui-meme l'emploi. D. Qu'entendez-vous par forces transmises? R. Celles dont le cavalier coordonne l'emploi et qui sont appreciees immediatement par le cheval. D. Qu'entendez-vous par resistance? R. La force que le cheval oppose et avec laquelle il cherche a etablir une lutte a son avantage. D. Doit-on s'attacher d'abord a annuler les forces que le cheval presente pour resister, avant d'exiger le mou- vement? R. Sans nul doute, puisque dans ce cas la force du — m — cavalier qui doit deplacer le poids de la masse se trou- vant annulee par une resistance equivalence, tout mouve- ment regulier devient impossible. D. Par quels moyens peut-on combattre ies resis- tances? R. Par l'assouplissement partiel et methodique de la machoire, de l'encolure, des reins et des tranches, et la juste repartition du poids. D. Quelle est l'utiiite des flexions de machoire ? R. Comme c'est sur la machoire inferieure que se re- produisent d'abord les effets de la main du cavalier, ceux- ci seront nuls ou incomplets si la machoire est contractee ou serree contre la machoire superieure. De plus, comme dans ce cas les deplacements du corps du cheval ne s'ob- tiennent qu'avec difficulty, les mouvements qui en resul- tent seront toujours penibles. D. Suffit-il que le cheval mdche son frein pour que la flexion de la machoire ne laisse plus rien a desirer? R. Non, il taut encore que le cheval Idclie son frein, c'est-a-dire qu'il ecarte (a volonte) et moelleusement la machoire inferieure. D. Tous les chevaux peuvent-ils avoir cette mobilite de machoire ? R. Tous sans exception, si Ton suit la gradation indi- quee, et si le cavalier ne se laisse pas tromper par la flexion de l'encolure precedant celle de la machoire. Bien que cette flexion soit necessaire, elle nuirait au — 152 — jeu prompt et regulier de la machoire , si elle le prece- dait. D. Dans la flexion directe de la machoire , doit-on donner en meme temps une tension aux renes de la bride etacelle dubridon? R. Non, il faut faire preceder le filet (la main placee comme l'indique la planche n° 3) jusqu'a ce que la ma- choire ait cede; alors la pression du mors, d'accord avec le filet, fera promptement cesser la resistance. D. Doit-on repeter souvent cet exercice? R. II faut le continuer jusqu'a ce que la machoire se mobilise au moyen d'une legere pression du mors ou du filet. D. Pourquoi la contraction de la machoire est-elle un aussi puissant obstacle a l'education du cheval? R. Parce qu'elle absorbe a son profit la force que le cavalier cherche vainement a transmettre pour en repartir les effets sur toute la masse. D. Les hanches peuvent-elles s'assouplir isolement? R. Oui, certainement , et cet exercice se trouve compris dans ce que Ton appelle mobilisation de la croupe. D. Quel est son but d'utilite? R. De prevenir les mauvais effets resultant des for- ces instinctives du cheval , et de lui faire apprecier , sans qu'il s'y oppose, Taction transmise par le cava- lier. — 153 — D. Le cheval peut-il executer un mouvement regulier sans avoir un equilibre exact? R. C'est impossible; il faut s'attacher a faire prendre au cheval une position qui opere dans son equilibre une variation telle que le mouvement en soit une consequence naturelle. D. Qu'entendez-vous par position? R. La juste repartition du poids et des forces dans le sens des mouvements que Ton veut faire executer au cheval. D. En quoi consiste le ramener ? R. Dans la mobilisation de la machoire et dans la le- gerete qui en est la consequence. D. Comment parle-t-on a l'intelligence du cheval? R. Par la position, en ce sens que c'est elle qui fait con- naitre au cheval les intentions du cavalier. D. Pourquoi faut-ilque, dans les mouvements retro- grades du cheval , les jambes du cavalier precedent la main? R. Parce qu'il faut deplacer les points d'appui avant de poser dessus la masse qu'ils doivent supporter. D. Est-ce le cavalier qui determine son cheval? R. Non, le cavalier donne Taction et la position qui sont la demande, le cheval y repond par le changement d'allure ou de direction qu'avait projete le cavalier. D. Est-ce au cavalier ou au cheval que Ton doit im- puter la faute d'une mauvaise execution? — 154 — R. Au cavalier, et toujours au cavalier. Comme il de- pend de lui d'equilibrer et de placer le cheval dans le sens du mouvement, et qu'avec ces deux conditions fidele- ment remplies, tout devient regulier, c'est done au cava- lier que doit appartenir le merite ou le blame. D. Quelle espece de mors convient au cheval ? R. Le mors doux. D. Pourquoi faut-il un mors doux pour tous les che- vaux, quelle que soit leur resistance? R. Parce que le mors dur a toujours pour effet de contraindre et de surprendre le cheval , tandis qu'il faut Tempecher de faire mal et le mettre a meme de bien faire. Or , on ne peut obtenir ces resultats qu'a l'aide d'un mors doux et surtout d'une main savante ; car le mors, c'est la main, et une belle main, c'est tout le ca- valier. D. Resulte-t-il d'autres inconvenients de l'emploi des instruments de supplice appeles mors durs? R. Certainement, car le cheval apprend bientdt a en eviter la penible sujetion en forgant les jambes du cava- lier : leur puissance ne peut jamais etre egale a celle de ce frein barbare. Le cheval lutte victorieusement en cedant du corps et en resistant de l'encolure et de la ma- choire ; ce qui manque tout a fait le but qu'on s'etait propose. D. Comment se fait-il que presque tous les ecuyers en renom aient invente des mors aux quels ils attri- buent des effets merveilleux ? — 155 — R. Parce que , manquant de science personnelle, ils cherchent a remplacer leur insuffisance par l'emploi de moyens mecaniques. D. Le cheval equilibre peut-il se defendre? R. Non, car la juste repartition de poids que donne cette position produit une grande regularity dans les mouvements, et il faudrait intervertir cet ordre pour quil y eut acte de rebellion de la part du cheval. D. Quelle est l'utilite du filet? R. Le filet sert a combattre les resistances (laterales) de l'encolure, a faire preceder la tete dans tons les chan- gements de direction quand le cheval n'est pas encore familiarise avec les effets du mors ; il prepare aussi l'e- levation et le soutien de l'encolure. D. Doit-on laisser le cheval longtemps aux memes allures pour developper ses moyens ? R. C'est inutile, puisque la regularity des mouve- ments resulte de la regularity des positions ; le cheval qui fait cinquante temps de trot regulierement est beau- coup plus avance dans son education que s'il en faisait mille avec une position vicieuse. C'est done a sa position qu'il faut s'altacher, e'est-a-dire a sa legerete. D. Dans quelles proportions doit-on user des forces du cheval? R. Celane peut se definir, puisque les forces varient en raison des sujets ; mais il faut en tHre avare et ne les depenser qu'avec circonspection, surtout pendant le cours — 1S6 — de l'education ; il faut, pour ainsi dire, leur creer un re- servoir pour que le cheval ne les absorbe pas inutilement ; c'est alors que le cavalier en fera un usage utile et d'une longue duree. D. A quelle distance l'eperon doit-il etre rapproche des flancs du cheval avant l'attaque? R. La molette ne doit jamais etre eloignec de plus de 4 a 5 centimetres des flancs du cheval. D. Comment doivent se pratiquer les attaques? R. Elles doivent arriver aux flancs du cheval par un mouvement prompt, et s'en eloigner aussitdt. Mais, au prealable, on doit les pratiquer par appui progressif. D. Est-il des circonstances ou l'attaque doive se pra- tiquer sans l'intervention de la main ? R. Oui, lorsqu'elle doit avoir pour but de donner l'impulsion qui permet ensuite a la main de placer le cheval. D. Sont-ce les attaques elles-memes qui chatient le cheval ? R. Non; le ch&timent est dans la position que les atta- ques et la main font prendre au cheval, en mettant ses forces a la disposition du cavalier. D. En quoi consiste la difference entre les attaques pratiquees d'apres les anciens principes et celles que pre- sent la nouvelle methode? R. Nos anciens (qu'il faut venerer) pratiquaient l'epe- ronnade pour jeter le cheval en dehors de lui-meme ; la — 157 — nouvelle methode en fait usage pour l'equilibrer, c'est- a-dire lui donner cette position premiere qui est la mere de toutes les autres. D. Quelles sont les fonctions des jambes pendant les attaques ? R. Les jambes doivent rester adherentes aux flancs du cheval, et ne partager en rien les mouvements des talons. D. Dans quel moment doit-on commencer les atta- ques? R. Quand le cheval supportera paisiblement les appuis d'6peron sans sortir de la main. D. Pourquoi un cheval , equilibre , supportera-t-il l'eperon sanss'emouvoir et meme sans mouvements brus- ques? R. Parce que la main savante du cavalier, ayant pre- venu tous les deplacements de la tete, ne laisse jamais 6chapper les forces au dehors ; elle les concentre en les Gxant. La lutte egale des forces, ou, si Ton aime mieux, leur ensemble, explique suffisamment dans ce cas l'ap- parente froideur du cheval. D. N'est-il pas a craindre que, par suite de ces atta- ques, le cheval ne devienne insensible aux jambes et ne perde toute l'activite qui lui convient pour les mouve- ments acceleres ? R. Quoique cette opinion soit celle des gens qui par- lent de la methode sans la connaitre, il n'en est rien. Puisque tous ces moyens servent seulement a maintenir le cheval dans un juste equilibre, la promptitude des — 158 — mouvements doit necessairement en etre le resultat, et , par suite, le cheval sera dispose a repondre aii con- tact progressif des jambes, quand la main ne s'y oppo- sera pas. D. Comment reconnaitre qu'une attaque est regu- liere ? R. Lorsque, bien loin de faire sortir le cheval de la main, elle l'y fait rentrer sans prendre sur la force pro- pre au mouvement, D. Comment la main doit-elle agir dans les moments de resistance du cheval ? R. Les effets de la main demandent trop de justesse et de precision pour pouvoir etre definis. D. Dans quel cas doit-on se servir du cavecon, et quel est son but d'utilite? R. On doit s'en servir dans le cas ou la mauvaise con- struction du cheval le porterait a se defendre, bien qu'il ne lui soit demande que des mouvements simples II est egalement utile d'employer le cavecon avec les chevaux retifs, attendu que son but est d'agir sur le moral, pen- dant que le cavalier agit sur le physique. D. Comment doit-on se servir du cavecon? R. Dans le principe, on doit tenir la longe du cave- con a 33 ou 40 centimetres de la tete du cheval, tendue et soutenue par un poignet energique. II faudra saisir tous les a-propos pour diminuer ou augmenter l'appui du cavecon sur le nez du cheval, afin de s'en servir comme d'un moyen d aide. Tous les actes de median- — 159 — cete seront reprimes par de petites saccades qui ne doi- vent avoir lieu que dans le moment meme de la defense. Des que les mouvements du cavalier commenceront a etre apprecies par le cheval, le cavecon deviendra inutile ; au bout de quelques jours l'animal n'aura plus besoin que du mors, auquel il repondra sans hesi- tation. D. Dans quel cas le cavalier est-il moins intelligent que son cheval? R. Quand ce dernier l'assujettit a ses caprices et lui fait faire sa volonte. D. Les defenses du cheval sont-elles physiques ou mo- rales ? R. Les defenses sont d'abord physiques, elles devien- nent morales par la suite; le cavalier doit done se rendre compte des causes qui les font naitre, et chercher, par un travail preparatoire , a retablir le juste equilibre qu'une mauvaise nature aurait refuse au cheval. D. Le cheval bien equilibre naturellement peut-il se defendre ? R. II serait aussi difficile a un sujet reunissant tout ce qui consitue le bon cheval, de se livrer a ces mouve- ments desordonnes , qu'il est impossible a celui qui n'a pas recu de semblables dons de la nature, d'avoir des mouvements reguliers, si l'art bien entendu ne lui a prete son secours. D. Qu'entendez-vous par rassembler ? — 1G0 — R. Le rapprochement des jambes de derriere du cen- tre, sans alterer la legerete du cheval. D. Peut-on bien rassembler le cheval qui ne se ren- ferme pas sur les attaques? R. Dans beaucoup de cas, les jambes seraient insufii- santes pour contre-balancer les effets de la main. D. A quel moment doit-on commencer a rassembler le cheval ? R. Q uan d le cheval est leger. D. A quoi sert le rassembler? R. A obtenir sans difficulty tout ce qu'il y a de compli- qu6 en equitation. D. En quoi consiste le piaffer ? R. Dans la pose gracieuse du corps et la cadence har- monieuse des bipedes diagonaux. D. Existe-t-il plusieurs genres de piaffer? R. Trois : le lent, le precipite et le depite\ D. De ces trois, quel est le preferable? R. Le piaffer lent, car c'est celui qui rehausse le plus le merite du cavalier et la noblesse du cheval. D. Doit-on faire piaffer le cheval qui ne supporterait pas le rassembler? R. Non, car ce serait un enjambement sur la gradation logique qui seule donne des resultats certains. Aussi, le cheval qui n'a pas et6 conduit par cette filiere de prin- cipes n'execute qu'avec peine et sans grace ce qu'il de- vrait accomplir avec enjouement et majesty. D. Tous les cavaliers sont-ils appetes a vaincre toutes — i61 — les difficultes et a saisir toutes les nuances du sentiment equestre? R. Comme les resultats en equitation ont pour point de depart Intelligence , tout est subordonne a cette dis- position innee; mais tous les cavaliers seront aptes a dres- ser leurschevaux, s'ils renferment l'education du cheval dans la mesure de leurs propres moyens. ii XXXII CONCLUSION Le gout de 1'equitation se perd, tout le monde le re- commit, et chacun donne son opinion. Les uns attribuent la decadence de l'art a l'engouement de la jeunesse pour les courses ; ils veulent voir dans le turf une succursale de la Bourse, et regrettent que le Gouvernement favorise cet entrainement, au lieu de laisser a 1'industrie privee le soin de payer ses passe-temps. Ils disent que les parieurs sur les chevaux de courses n'ont pas le droit de reclamer des primes gouvernementales, plus que les parieurs sur le trois-six, le colza ou la betterave. Les autres pensent que l'enseignement classique des maneges a fait son temps, et qu'a notre epoque de vapeur, d'electricite, ou tout se perfectionne, 1'equitation doit suivre aussi la loi du pro- gres. Je partage cette maniere de voir, et j'apporte comme temoignage les travaux de toute ma vie. Qu'il me soit permis de rappeler les innovations que j'ai introduites dans la science et l'art de l'equitation. — tffl — Les exercices de kinesie pour donner en quelques se- maines une tenue ferme, gracieuse, solide, a quiconque n'aurait jamais enfourche un cheval. Les moyens d'as- souplir la machoire, 1'encolure, les reins, la croupe de tous leschevaux. De les rendre tous legers a la main, aux trois allures. De leur donner a tous un pas regulier. Un trot uni, etendu ou cadence. Un reculer aussi facile que la marche en avant. Un galop facile. Changement de pied du tact au tact , aux deux temps, a chaque temps. Le rassembler dans tous ses degres. Les trois genres de piaffer. Le temps d'arret au galop, par l'eperon. De faire venir le cheval a l'homme et de le rendre sage au montoir. La translation du poids par les forces instinctives. 1° Distinction entre les forces instinctives du cheval et les forces communiquees ; 2° Explication de l'influence d'une mauvaise construc- tion sur les resistances des chevaux ; 3° Effet des mauvaises constructions sur la machoire, 1'encolure et la croupe, principaux foyers de resistance ; 4° Moyens de remedier a ces inconvenients, par les as- souplissements des deux extremites et de tout le corps du cheval ; 5° Ahnulation des forces instinctives du cheval pour ii. — 164 — leur substituer les forces transmises par le cavalier , et dormer de Taisance et du brillant a l'animal le plus dis- gracieux ; 6° figalite de sensibility de bouche chez tous les che- vaux ; adoption dun genre de mors uniforme ; 7° Moyens d'habituer tous les chevaux a supporter egalement l'eperon ; 8° Tous les chevaux peuvent se ramener et acque>ir l*i meme legerete; 9° Moyen d'etablir chez un cheval mal constitue un equilibre aussi facile que celui des plus belles organisa- tions ; 10° Le cavalier donne la position, et le cheval execute le mouvement ; 11° Des causes qui font que des chevaux non tares ont souvent des allures defectueuses : moyens d'y remedier en quelques lecons ; 12° Changements de direction par de nouveaux effets de main et de jambes ; 13° Distinction entre le reculer et l'acculement; de l'effet utile du premier dans Teducation du cheval ; des inconvenients du second; 14° Des attaques employees comme moyen d'&iuca- tion ; 15° Tous les chevaux peuvent piafler ; moyens de ren- dre ce mouvement lent ou precipite ; 16° Definition du vrai rassembler; movens de l'obtenir; — 465 — de son utilite pour la grace et la regularity des mouve- ments compliques ; 17° Moyen d'amener tous les chevaux a projeter fran- chement au trot leurs jambes en avant ; 18° Moyens raisonnes pour mettre le cheval au galop; 19° Temps d'arret au galop, les jambes ou l'eperon precedant la main ; 20° Force graduee, basee sur les resistances du che- val, le cavalier ne devant ceder qu'apres les avoir annu- ities; 21° Education partielle du cheval, ou moyen d'exercer ses forces separement ; 22° Education complete des chevaux d'une conforma- tion tres-ordinaire en moins de trois mois ; 23° Seize nouvelles figures de manege propres a don- ner le fini a l'education du cheval et a perfectionner le sentiment du cavalier (1) ; 24° Nouvel effet de chambriere ; 25° Nouvel effet de main ; 26° Nouvel effet de jambes; 27' Nouveaux effets de main et de jambes combines ; 28 ' Descentes de main ; 29° Descentes de jambes; 30° Descentes de main et de jambes simultanees. (1) J'ai eu aussi le premier l'idee de faire executer, meme par des dames, les grandes diflicultes de requitalion ; le public en a ete temoin. Tout le monde a pu admirer M m,s Caroline Loyau, Pauline Cuzent, Mathilde et M me Maria d'Embrun. — 166 — II est bien entendu que tous les details dapplication qui se rattachent a ces innovations sont nouveaux comme elles et m'appartiennent egalement. Mais on se tromperait grossierement si Ton voulait chercher le but de ma methode dans ces fioritures eques- tres, destinees principalement a recreer le public. Ma methode s'adresse aux vrais amateurs, aux offi- ciers de cavalerie, aux ecuyers, a tous ceux qui veulent tirer le meilleur parti des chevaux, quelle que soit leur mauvaise conformation. L'equilibre, c'est le but que Ion doit se proposer, et la legerete est la recompense du travail. Ces fioritures servaient a reposer le cheval , en fai- sant succeder a des exercices de haute ecole, des mou- vements legers, gracieux, tres-faciles pour le cheval equilibre. Mais si, par imitation , et par des moyens etrangers a ceux de la science, quelques chevaux ont paru repro- duce ces airs nouveaux executes par mes vingt-six che- vaux, il etait facile a l'amateur de bon gout, au cavalier instruit, de voir percer le bout de I'oreille. XXXIII DES PLAGIAIRES. J'ai dit, dans la ll e edition , ce que je pensais des plagiaires, en termes un peu acerbes , peut-etre, parce que j'etais encore sous 1'impression de celui a qui on vient de voler sa bourse. Depuis, on a fait de nouveaux emprunts a ma Methode; mais je suis calme aujourd'hui, et je laisse a la conscience de mes plagiaires le soin de me venger. Si, du moins, ces messieurs n'avaient pas altere quelquefois les principes de la methode, pour mieux dis- simuler le larcin, je serais moins tente de me plaindre. Je sais bien que Racine prenait son bien partout ou il le trouvait, et ces messieurs pensent de meme, probable- ment. Mais les emprunts que faisait le grand poete n'e- taient pas le vol deguise. NOUVEAUX MOYENS EQUESTRES. « Plus tu sauras. nioins tu diras « mieux tu enseisneras. » Equilibre parfait ou equilibre du premier genre (1), Mains sans jambes. Jambes sans mains. Trots nouveaux effets de main : \° Pour obtenir la juste repartition du poids. 2° Pour re*tablir l'harmonie des forces. 3° Pour donner les positions utiles aux changements de direc- tion par la rene oppose" e. 4° Depart au galop et changements de pieds (mains sans jambes, jambes sans mains). De la force et du mouvement decomposes. Progression du dressage. (1) On reconnait les ditl'erenls equilibies par la resislance que le chcval presente a la main. Equilibre du troisieme Retire : Resistance constante dans toules les positions, dans lous les niouve- menis. Equilibre du deuxieme genre : Legerete accidentelle sous 1'iufluence de la position et du mouvement. Equilibre du premier genre : Legerete invariable dans toutes les positions et dans lous les mouve- ments. NODVEADX MOYENS EQUESTRES. EQUILIBRE DU PREMIER GENRE. L'ancienne Equitation travaillait le mouveraent par le mouvement, en donnant aux forces instinctives du che- val une direction plus ou moins juste ; mais jamais elle ne parvenait a rendre leger un cheval d'une mauvaise con- formation, parce qu'elle ne connaissait pas les moyens de changer son equilibre naturel. J'avais compris que l'education du cheval etait dans son equilibre, et toutes mes etudes ont eu pour but de trouver les moyens d'ameliorer le mauvais equilibre na- turel du cheval , convaincu que le cheval equilibre etait presque dresse, et cependant je n'etais arrive qua obte- nir l'equilibre du deuxieme genre. Par equilibre du premier genre, j'entends la legerete parfaite et constante du cheval, dans toutes les positions, dans tousles mouvements, a toutes les allures; c'est cet equilibre dont je vais m'occuper. — 172 — Qu'il me soit permis de repondre d'abord a une objec- tion que plus d'un lecteur pourra me faire. Mais les vingt-six chevaux que vous avez montes en public, et dont le travail a ete salue par les applaudisse- ments de la foule, Capitaine, Partisan, Neptune et les au- tres, n'etaient done pas dresses? Qu'entendez-vous alors par un cheval dresse? Je reponds : Oui, ils etaient dres- ses, puisque leur travail avait depasse tout ce qui s'etait fait jusqu'alors, et cependant leur equilibre n'etait que du deuxieme genre. Avec cet equilibre, je modifiais les mauvaises condi- tions de leur construction plus oumoins defectueuse, j'ob- tenais, par moments, une legerete tres-grande, mais qui diminuait par suite d'un nouveau mouvement, d'un changement de direction. Je detruisais promptement, il est vrai , cette resistance momentanee, et j'acquerais de suite une grande lege- rete, en redonnant au cheval la position juste; mdis il n'y avait pas moins eu perte de la legerete, ce qui pouvait rendre par moments le mouvement moins gracieux et le travail moins exact ; de plus , malgre les progres conti- nusde mes chevaux, je reconnaissaischaquejour un nou- veau desideratum , tandis qu'aujourd'hui, une fois leur education terminee, je n'ai plus rien a desirer. Ce que j'obtiens aujourd'hui sur les chevaux que je monte, en leur donnant cet equilibre parfait, me permet de dire que si je pouvais montrer de nouveau au public mes anciens — 473 — chevaux, tous les amateurs reconnaitraient la verite de ce quej'avance. II fallait done arriver a ce degre de perfection de l'e- quilibre chez tous les chevaux, malgre leurs defauts de conformation, pour que je pusse conserver la legerete par- faite, constante, dans tous les mouvements, changements de direction , et a toutes les allures. Tel est le resultat que j'ai obtenu et que je me hate de faire connaitre aux cavaliers intelligents de tous les pays. Les progres rapi- des qu'ils verront faire a leurs eleves en suivant la pro- gression, et en employant les nouveaux moyens que je vais faire connaitre, les jouissances ineffables qu'ils eprou- veront a monter des chevaux constamment legers, voila la recompense que jambitionne pour prix de mes re- cherches incessantes, consacrees au bonheur du cavalier et au bien-etre du cheval ! J'ignore si e'est de l'orgueil ; mais lorsque je sens mon cheval se plier a toutes mes volontes , et repondant sans resistance aucune a ma pensee, executer avec grace et unc legirete parfaite tous les mouvements que je lui demande, je suis si heureux, que bien loin de me sentir atteint par les clameurs des envieux et l'ingratitude des plagiaires, je n'ai qu'un desir, celui de leur faire partager mon bon- heur. — 174 — MAIN SANS JAMBES.— JAMBES SANS MAIN. Je vais demontrer que l'emploi simultane des jambes et de la main ne permettra jamais de dormer ail cheval I'equilibre du premier genre, ou la legerete constante. Puisque les resistances de la machoire proviennent tou- jours d'une mauvaise repartition du poids, comment le cavalier qui emploiera en meme temps la force impulsive et moderatrice, jambes et main, pourra-t-il sentir que ses jambes ne se sont pas opposees a la juste translation du poids operee par la main, et reciproquement que celle- ci n'a pas detruit la justesse de l'impulsion communiquee par les jambes ? En effet, ou la main a ete juste, ou elle a produit trop ou trop peu d'effet. Dans le premier et le troisieme cas, le concours des jambes a ete plus ou moins nuisible. Dans le second cas seulement, les jambes au- ront corrige la faute de la main, et leur aide aura ete op- portune. 11 en est de meme pour les jambes dans le premier et le troisieme cas mentionnes ci-dessus : l'opposition de la main sera nuisible, et ce n'est que dans le second cas seu- lement qu'elle sera utile en corrigeant la t'aute des jambes. On comprend, des lors, que de malentendus entre le cheval et son cavalier, quel retard dans l'education de l'animal, doit amener cette contradiction perpetuelle des jambes et de la main du cavalier qui est toujours dispose — 17S — a attribuer au cheval les fautes que lui fait commettre l'emploi simultane de ses jambes et de sa main , fautes dont il ne se doute pas, tandis qu'en se servant separe- ment de ses jambes et de sa main, il peut discerner de suite si la faute provient de son cheval ou de lui, et il sera force de reconnaitre que neuf fois sur dix, c'est lui seul qui l'a commise. 11 est vrai qu'a la longue, apres maintes erreurs corri- gees par son tact, le cavalier pourra donner a son cheval l'equilibre du second genre, mais jamais celui du premier genre, cet equilibre parfait qui permet au cheval de con- server la mobilite moelleuse de la machoire, inconnue jus- qu'ici, dans tous les mouvements, a toutes les allures. En n'employant qu'une force a la fois , soit celle des jambes pour impulsionner, soit celle de la main pour ope- rer les translations de poids utiles a tel ou tel mouvement, a telle ou telle allure, le cavalier peut apprecier a l'ins- tant le degre de justesse avec lequel il a agi. S'il commet une erreur, il peut la corriger de suite; il en connait la cause, et le pauvre cheval n'etant plus ballotte par ces deux volontes opposees des jambes et de la main, s'identifie tellement avec la pensee de son maitre, que bientdt ces deux intelligences n'en forment plus qu'une, le cheval conservant son equilibre parfait sans le secours des jambes et de la main du cavalier. Je pense que, quoique l'equilibre du second genre soit sufFisant pour les chevaux de l'armee, MM. les capi- taines instructeurs pourront cependant employer plus ou — 176 — moins ces nouveaux moyens pour accelerer l'instruction des hommes et l'education des chevaux. Je connais trop leur intelligence et leur amour de la science pour oser douter du succes. TROIS NOUVEAUX EFFETS DE MAIN. 1° Pour combaltre les resistances provenant du poids; 2° Pour combaltre les resistances produites par la force ; 3° Pour donner la position utile au changement de direction par la rene opposee. J'ai dit que l'emploi simultane des jambes et de la main ne pouvait donner que l'equilibre du deuxieme genre, et jamais celui du premier genre, c'est-a-dire cette harmonie constante du poids et de la force qui se font opposition sans se contredire ni se heurter, cette lege- rete parfaite chez le cheval, et j'ajoute que l'application seule de ces nouveaux effets nous permettra d'atteindre ce but. Si les jambes du cavalier impulsionnent le cheval, les lonctions de la main sont multiples. C'estelle qui place, di- rige, en regularisant les translations du poids, c' est la main qui sonde les causes des resistances , pour discerner si elles proviennent du poids ou de la force. Je vais indiquer trois nouveaux effets raisonnes de la main. Les deux premiers concourent a detruire les resis- — 177 — tances qui constatent la perte de l'equilibre, et en signa- lent la cause ; le troisieme sert a faciliter les changements de direction, etc. Ces resistances peuvent provenir de la mauvaise repartition du poids ou du defaut d'harmonie de la force. L'effet de la main sera different selon qu'elle devra combattre la resistance du poids ou de la force. Pour reconnaitre la cause de cette resistance, le cava- lier rapprochera graduellement etlentement la main. La resistance est-elle inerte, elle procede du poids mal re- parti; dans ce cas, la main agira par un demi-arret (1), prompt et proportionne a l'intensite de la resistance. Si ce demi-arret ne suffit pas, il sera suivi d'un deuxieme, d'un troisieme , jusqu'a ce que cette resistance inerte ait disparu. Ces demi-arrets, pratiques avec une force de bas en haut , detruisent les resistances du poids sans acculer le cheval; si la resistance provient de la force, la main agira par vibrations reiterees, jus- qu'a ce que la legerete ait reparu. Ces vibrations annu- leront les resistances locales sans detruire l'ensemble des forces; et si, a la suite de ces vibrations, la resistance persistait, ce qui indiquerait que le poids n'est pas en- core justement reparti, il faudrait revenir de suite aux (1) Le mot demi-arret, dont jc me sers pour exprimer Taction vive et energique de la main qui a pour but de reporter en arriere le poids dont le devant est trop charge, ne rend qu'imparfaitement l'idee qu'il doit repre- senter. Ce terme indique un ralenlissement. Je l'ai conserve pour ne pas changer une expression consacree par l'usage. Je l'emploie pour designer uniquement un deplacement de poids, avec la condition expresse de ne prendre en rien sur Taction propre au mouvement. Si le demi-arret se donne de pied ferine, il ne doit dans aucun cas amener le reculer. 12 — 178 — demi-arrets. Ces memes effets de main se repeteront avec plus d'importance encore dans les changements de direction. Le cavalier se servira d'abord des renes du filet sepa- rees, et, plus tard, des renes de bride egalementseparees. Mais des que le cheval tournera facilement a droite et a gauche par l'effet de la rene directe, le cavalier em- ploiera lenouvel effet (troisieme effet de main). Je sup- pose d'abord que le cheval est parfaitement droit d'epau- les et de hanches, condition indispensable : le cavalier veut tourner a droite, par exemple ; il rapprochera len- tement la main pour reconnaitre si son cheval est leger, ou s'il resiste. S'il est leger , le cavalier portera a droite la main tenant les renes du filet qui seront remplacees plus tard par les renes de bride, pour agir seulement par la r&ne gauche, re*ne opposee. Pour tourner a gauche, il portera la main a gauche, pour agir seulement par la re*ne droite, rine opposee. C'est la legerete seule du che- val, harmonie du poids et de la force, qui lui permet d'apprecier l'eftet de la rene opposee, d'y ceder et de tourner en inclinant legerement la tete de ce cote. Si le cavalier sent, au contraire, une resistance, celle du poids, par exemple, il la detruira par un, deux ou trois demi-arrets successifs. Cette resistance est-elle due au defaut d'harmonie des forces, il agira par vibrations. Ces demi-arrets et ces vibrations seront pratiques avec la r&ne directe, re*ne droite, s'il veut tourner £ droite, et rine gauche , s'il veut tourner a gauche; et des qu'il — 179 — sentira son cheval leger, il tournera a droite par 1'eflet de la r£ne opposee, re*ne gauche, et vice versa. Comme on le voit, je me sers de la rene directe, non pour tourner, mais seulement pour combattre les resistances, les de- truire, et c'est avec la rtfne opposee que j'apprends au cheval a tourner. Le cavalier demandera seulement un huitieme de conversion, s arretera, combattra avec ces nouveaux eflets de main (rene directe) les resistances qui se seraient manifestoes, et continuera avec la rine oppo- see. Bientdt le cheval pourra tourner, sans sortir de son equilibre, c'est-a-dire, la tete portee du cote ou il mar- che, la partie opposee de Tencolure demeurant con- vexe, et la mobilite moelleuse de la machoire lui permet- tant de ceder avec la plus grande facilitea Teffet de la rene opposee. On comprend le plaisir que le cavalier eprouve a suivre cette gradation, qui lui donne comme recompense l'equilibre parfait, en ne lui laissant plus rien a desirer. II se jouera avec les renes flottantes qu'il fera onduler de gauche a droite ou de droite a gauche, pour voir tourner son cheval dans l'une ou l'autre direction, en conservant cette harmonie constante du poids et de la force, ce qui constitue l'equilibre du premier genre. Le cavalier doit comprendre maintenant limportance de ces nouveaux moyens equestres, puisqu'il peut immediatement appre- cier la cause des resistances du cheval, et y remedier de suite. Il ne peut plus s'illusionner et imputer a l'animal les fautes qui lui sont personnelles. Nulle erreur n'est pos- sible. 12. — 180 — Que Ton compare un pareil cheval, gracieux, leger, prompt dans ses mouvements, avec ces pauvres chevaux que Ton faittourner avec la rene opposee, je le sais, mais l'encolure roide, la tete mal placee, la machoire ser- ree, etc., resultat infaillible de leur mauvais equilibre. Si cet inconvenient 6tait le seul, on pourrait me dire « qu'im- « porte la position des chevaux de la cavalerie, pourvu « qu'ils tournent au commandement » ? Je reponds : Pre- nez garde ! ne voyez-vous pas que si ces chevaux etaient moins braques, que si leur equilibre etait moins mau- vais, ils tourneraient plus facilement, c'est-a-dire plus promptement ? Ge que je dis des changements de direction s'applique mieux encore au travail individuel, aux voltes, demi-tours, en un mot, a tout ce qui concerne l'equita- tion militaire. Ces inconvenients sont si bien apprecies que beaucoup de cavaliers emploient la rene directe pour tourner. Mais ils n'ont pas detruit les resistances qui proviennent du poids ou de la force ; ils ont seulement donne une indica- tion, et la resistance se continue. J'espere que tousles bons cavaliers seront de mon avis, et qu'ils reconnaitront qu'il est plus agreable de monter un cheval qui tourne par l'effet de la rene opposee, en conservant sa bonne position de tete, sa legerete cons- tante, en deux mots, ayant cet equilibre pari'ait ou du pre- mier genre. Avant de terminer cet article, je vais parler d'un cer- tain maniement de renes qui produit d'heureux et — 181 — prompts resultats, inspire de la confiance au cheval, et conGrme l'equilibre, la legerete, l'harmonie, la regularite du mouvement. Le cavalier retirera la gourmette, et fera produire a la bride, par une force de bas en haut, le meme efTet que le filet, sur la commissure des levres, avec un contact moin- dre sur les barres. (La gourmette sera replacee lorsque le cheval repondra facilement a l'effet de la bride.) Puis, au pas, au trot, au galop, sans se presser, il de- posera les renes qu'il tenait, et saisira de la main les au- tres renes. Les premieres fois, le cheval accelerera peut- etre l'allure, et le cavalier devra reprendre vivement les autres renes, pour rappeler a l'ordre le cheval dispose a s'emanciper; mais bientot le cheval s'habituera a cet abandon momentane, y puisera de la confiance, du bien- etre, et conservera la regularite de Failure et la legerete, pendant que le cavalier, en jouant ainsi avec les renes du filet et les renes de la bride, acquiert du tact, de la deli— catesse, et, convaincu des merveilles que produit l'equi- libre parfait, arrive a conduire son cheval avec un fil! DE LA FORCE ET DU MOUVEMENT DfiCOMPOSfiS. L'equilibre ou la legerete etant le resultat de la juste repartition du poids et de la force, si celle-ci n'est pas harmonisee de maniere a se contracter dans la limite de l'effort a produire, dans la mesure du temps et dans l'or- dre de Taction successive des muscles agents de mouve- ment, l'equilibre ne sera que momentane, et des les pre- miers pas que fait le cheval, la legerete disparait et la resistance se produit. Si le cavalier continue a marcher , il lui faut combattre les forces qui resultent de cette mau- vaise position et celles qui donnent le mouvement. Cha- que pas de plus que fait le cheval dans cette mauvaise position vient augmenter ce disaccord qui s'oppose aux justes translations du poids, et le mouvement demeure irregulier. Le cavalier voit fuir devant lui cette legerete qu'il poursuit, et s'il finit par la fixer, ce sera apres un long et difficile travail, et quelquefois meme il ne l'aura qu'en partie, et il s'habituera a cette resistance qui sera le grand obstacle a la perfection de Teducation du cheval, telle que je la comprends. Pour moi le cheval dresse, c'est le cheval equilibre, celui qui presente cette harmonie du poids et de la force qui permet au cavalier de disposer de — \m — la force utile a tel mouvement, tout en conservant la lege- rete parfaite du cheval. C'est cette harmonie que donne en peu de temps le mouvement decompose. Apres avoir fait quelques pas a Failure a laquelle il se trouve, le cavalier s'arrete s'il rencontre une resistance, retablit l'equilibre, donne aux fibres musculaires le temps de se relacher et au calme de renaitre. Qu'il demeure arrete plusieurs minutes, s'il le faut, jusqu'a ce que le cheval soit decontracte, c'est-a-dire, que le mouvement precedent ne resonne plus. Les fibres recoivent de nou- veaux courants electriques, et la nouvelle contraction pourra etre plus harmonieuse, plus convenable. Que ce nouveau principe, le mouvement decompose, soit appli- que a chaque partie de l'education du cheval, de sorte que chaque mouvement qu'on lui fera executer, en avant, en arriere, de cote, au pas, au trot, au galop, au piaffer, au passage, soit decompose commeje viens de l'indiquer, jusqu'a ce que le cheval conserve sa legerete constante et la regularite du mouvement, re- sultat infaillible de son parfait equilibre, de meme que le mouvement regulier d'une horloge prouve que les oscillations du pendule sont isochrones. Cette regula- rite du mouvement permettra d'obtenir la regularite de l'allure que le cavalier s'attachera, avant tout, a con- server. Que l'allure soit lente ou acceleree, peu importe. Je demande seulement qu'elle soit regulidre, c'est-a-dire que le cheval ne diminue pas ou n'augmente pas son al- — 184 — lure par des fluctuations incessantes, et qu'il parcoure des espaces egaux dans des temps egaux, ce qui repro- duit la regularity du balancier, et permet, en conservant cette regularity de Failure, d'obtenir promptement lajus- tesse de lequilibre. Quoique certaines personnes, peu versees dans mes principes, blament la disposition que je fais prendre a l'encolure et a la tete du cheval : je dis qu'il est indis- pensable de leur donner toute r elevation dont elles sont susceptibles, en agissant avec les poignets de bas en haut. II ne faut pas s'effrayer de la position horizontale que prend forcement la tete. C'est alors qu'il faut decon- Iracter la machoire, dont la moelleuse mobilite permet au cheval de se ramener de lui-meme. Ce moyen, indi- rect en apparence, est le seul qui donne la grace et une legerete constante dans tous les mouvements du cheval. — 18j — QUELQUES MOTS SUR LE PRINCIPE : « MAIN SANS JAMBES, JAMBES SANS MAIN » roim LE DEPART AU GALOP ET LES CHANGEMENTS DE PIED. Ce noavel axiome etait tellement en opposition for- melle avec ce que j'avais professe et pratique moi-meme toute ma vie, que, malgre les resultats merveilleux que j'en obtenais, je voulus avoir une preuve eclatante de sa justesse. Avant done de livrer cette edition a la publicite, je reu- nis cinq cavaliers habiles (1), sur la loyaute et la discre- tion desquels je savais pouvoir compter, et je le leur fis experimenter. Le succes couronna mon attente. Je pus me convain- cre que ma grande habitude de me servir de mes aides ne me faisait point croire cette derniere decouverte plus feconde qu'elle ne I'etait reellement ; chacun de ces mes- sieurs me remit alors un memoire sur l'application qu'ils en faisaient sous mes yeux, et je demandai a M. Faverot (1) MM. Michel, capitaine instructcur dans 1'artillerie de la garde; d'Es- lienne de Chaussegros de Lioux, lieutenant au regiment des guides; le baron Faverot de Kerbrech, lieutenant au 6 e regiment de hussards ; Lacorne, et de Sainte-Reine, ecuyer connu. — 186 — de Kerbrech la permission de reproduire son travail, qui peut servir de complement et de developpement a mes nouveaux moyens. Le voici : « L'equilibre du premier genre existe dans le cheval monte quand les translations du poids sont egalemenl fa- ciles dans tous les sens. De meme qu'une sphere posee sur un plan horizontal obeit a la plus petite impulsion laterale, de meme, dans le cheval qui possede cet equili- bre, le poids cede a la plus legere pression, de quelque c6te qu'elle lui soit communiquee. « L'equilibre du premier genre est indique par la lege- rete absolue. « Cette legerete est obtenue quand Taction du mors ne rencontre jamais ni la resistance du poids, ni celle des forces. « Des les commencements du dressage, le cheval doit etre habitue progressivement a se passer entierement du secours des aides. Mais il faut que cet abandon n'altere en rien l'equilibre, c'est-a-dire que l'animal doit se sou- tenir de lui-meme, continuer exactement son allure ou son mouvement avec la meme vitesse et la meme ca- dence, et conserver toujours sa legerete, ce dont le cava- lier s'assure de temps en temps. « Pour l'execution de tout mouvement, il faut d'abord Taction, puis la position. « L'action est le resultat de la force qui pousse ; elle — 187 — doit etre telle que la position donnee par une main sa- vante ne l'altere en aucune facon. « La position est la repartition normale du poids en raison du mouvement qui en est la consequence. « Parlons du depart du pas au galop a droite par la main. « Supposons que le cheval ait Taction : lesjambes du cavalier n'auront rien a faire. La main seule agira. Si le cheval a ete amene a l'equilibre du premier genre, elle n'aura qu'a indiquer, a se porter par une force lente vers la gauche : la position sera donnee, et le mouvement suivra. « Si l'equilibre nest pas parfait, des resistances de poids ou de forces se manifesteront. La main les rencon- trera apres avoir senti, comme toujours, la bouche de l'animal, et elle les fera cesser par des demi-arrets ou des vibrations, selon le cas. « Elle devra s'efforcer d'agir sur le poids sans prendre sur la force, et elle sera d'autant plus habile que, lorsque les effets seront exageres ou faux, ils ralentiront ou arre- teront. « Des que le cavalier sentira Taction diminuee, ou si au debut elle n'est pas suffisante, ce sera, bien entendu, a ses jambes seules a la retablir. Alors viendra encore le tour de la main seule pour donner la position. « Aussitdt le mouvement obtenu, il faudra dans tous les cas relacher entierement les renes ; c'est la seule ma- — 188 — niere de se rendre un compte exact de l'equilibre du che- val et des effets de main employes. « Quand le depart au galop ainsi demande sera facile, on apprendra au cheval a s'enlever a cette allure par les aides inferieures seules. « Ici le r61e des jambes sera assez difficile. Elles de- vront donner la position sans augmenter Taction. La gauche se glissera en arriere par une pression lente et fi- nement graduee ; la droite agira un peu plus en avant par de petits coups de mollet delicatement repetes a de courts intervalles. Plus tard, cette derniere jambe suffira seule. « Si, a l'approche des mollets, le cheval part au trot, les jambes se relacheront, et la main retablira l'equilibre en luttant contre le poids ou les forces. Puis on recom- mence™ par les jambes seules a donner la position, et on continuera ces exercices jusqu'a ce que les enlevers au galop s'obtiennent facilement ainsi. On les alternera alors avec les departs par la main. « On fera ensuite passer plusieurs fois le cheval du pas autrot. La main s'abaissera, et les jambes agiront sans opposition par une pression simultanee, habilement gra- duee, et bien equivalente a droite et a gauche. Si le de- part au trot est mauvais, il faudra arreter, decontracter et recommencer. « Passons maintenant au changement de pied de gau- che a droite par la main. « Ici nous supposons dabord aussi que le cheval a — 189 — Taction. Lesjambes n'auront rien a faire. Elles pour- raient, au contraire, provoquer des contractions en aug- mentant inutilement Taction deja suffisante, et amener du poids sur le devant ; ce qui forcerait la main a corriger les fautes des jambes, defaut capital qu'entraine force- ment Temploi simultane de la main et des jambes. « Si le cheval possede Tequilibre du premier genre, la main, en se portant vers la gauche par une .force lente, inversera la repartition du poids, et la position sera ob- tenue. « Si Tequilibre n'est pas parfait, la main rencontrera des resistances de poids ou de forces qu'elle vaincra par les moyens connus. « Si les effets de la main prennent sur Taction, lesjam- bes employees seules le retabliront. « Enfin, si le cheval au changement de position se pre- cipite en avant, on decomposera le mouvement, c'est-a- dire qu'on arretera et qu'on deconlractera completement, avant de repartir. « Lecalme et Taction retablies, la main cherchera de nouveau a donner la position. « De meme que par le depart au galop sans jambes, la main abandonnera completement les renes aussit6t la position obtenue. On verra ainsi exactement ou en est Tequilibre et ce qu'a produit Teffet de la main. 11 est inu- tile d'ajouter que la main devra reprendre le cheval des que Tequilibre sera altere. — 190 — « On apprendra ensuite a l'animal a changer de pied sans main. « Le mors n'aura plus aucune action sur la bouche, et pour passer du pied gauche au pied droit, par exemple, la jambe gauche se glissera plus en arriere que la droite pendant que celle-ci agira par de petits coups de mollet un peu en avant. C'est ainsi qu'il faudra dans le principe demander la position ; plus tard, la jambe droite devra suffire. Ajoutons qu'il est impossible de prescrire d'une maniere absolue Tusage exclusif de l'une ou de l'autre. C'est au tact a suppleer a la theorie pour indiquer instan- tanement au cavalier comment combattre les resistances diverses qui peuvent se presenter. « La difficulty consiste a inverser le poids sans aug- menter Taction. « Si les premieres fois Failure augmente, les jambes cesseront d'agir et la main retablira l'equilibre avant qu'elles recommencent a demander seules le changement de position. « Puis, quand le mouvement sobtiendra facilement de cette facon, on le demandera alternativement par la main et par les jambes. « On comprend que sur un cheval arrive a cette per- fection d'equilibre, le sentiment du cavalier jouera un r61e immense et devra souvent dieter a ses aides des ac- tions d'un a-propos et d'une delicatesse presque inappre- ciables que les plus beaux et les plus longs raisonnements seraient insuffisants a lui enseigner. — 191 — « Que dire maintenant de ces nouveaux moyens si clairs, si vrais, si pratiques? Quelle simplicity grandiose! Quelle prodigieuse fecondite ! Quel magnifique resultat que cet equilibre du premier genre obtenu en quelques semaines par l'application de verites aussi peu nom- breuses que productives, qui permettent sans fatigue pour l'homme ni pour le cheval d'arriver a la perfection. » FAVEROT DE KERBRECH. Les quatre autres memoires traitaient le meme sujet. — Ne pouvant les rapporter tous et afin d'eviter les re- dites, je me borne a citer ici textuellement la partie di- dactive de ceux de messieurs de Sainte-Reine et d'Es- tienne, qui, tout en exposant les nouveaux moyens, les ont presentes sous des formes quelquefois un peu diffe- rentes qui contribuent encore a en faire comprendre la justesse. EXPLICATIONS PRtfLIMINAIRES. « Le cavalier, pour maitriser, pour dresser son cheval, a a combattre : 1° Lepoids, 2° Les forces, l'emploi de la puissance musculaire. Maitre du premier, il regularise les forces ; l'equilibre est obtenu, et il peut harmoniser les allures et les mou- vements. DE L'EQUILIBRE. L'equilibre est la repartition convenable du poids sur les quatre extremites, eu egard aux allures demandees par le cavalier. « L'homme dispose, le cheval execute. « La position est le moyen, Failure est le but. ^ Le poids peut etre mal reparti : 1° Trop sur le devant, Le cheval est dit sur les epaules ; 2° Trop sur l'arriere-main , L'animal est accule. — 193 — Dans ces deux cas, il n'y a pas equilibre equestre, ou pour mieux dire, le poids n'est pas place convenablement pour obtenir la regularity, la Iegerete, la surete et la duree. II faudra done, avant de rien exiger, repartir le poids convenablement. MOYENS POUR REPARTIR LE POIDS. Si le cheval est sur les epaules , des demi-arrets gra- dues, repetes, feront refluer le surplus de poids portant sur ravant-main, et la repartition, propreau mouvement, etant etablie, le cavalier aura mis sa monture a meme de repondre a ses exigences. II est bien entendu que ces demi-arrets ne devront jamais prendre, en marche, sur l'impulsion, ou faire, en place, refluer le poids et les forces sur l'arriere-main , de telle sorte qu'il en resulterait de l'acculement. Si l'animal est accule, le cavalier fera agir les jambes seules, pour faire refluer doucement le poids du derriere, ou il etait place, sur l'avant-main, a fin de repartir conve- nablement ce poids. Les jambes, les attaques, ne devront pas faire sortir brusquement le cheval hors de lui, et le precipiter en avant; car alors ce moyen rectificalif ferait passer le che- val dans un autre defaut d'equilibre (le poids sur les epaules). Ces deux aides, la main, les jambes, etabliraient un va- 13 — 194 — et-vient perpetuel du devant sur le derriere, de celui-ci surcelui-la, qui nuirait a l'equilibre, le detruirait, ren- drait le cheval incertain et pourrait provoquer, avec juste raison de la part de l'anima), des souffrances et par suite des defenses. Le cavalier s'assurera que ses aides ont ete con- venables, en ce sens, que les demi-arrets n'ont pas entrave la marche, mais seulement regularise le poids, que ses jambes n'ont pas agi avec trop de force, puis- qu'elles n'ont, dans Kacculement, que fait refluer le sur- plus du poids pesant sur l'arriere-main, sur la partie anterieure. REGLE GENERALE, Lamain place, t^quilibre et dirige. Les jambes stimulent. Ces deux aides ne doivent jamais agir simullanement, mais l'une sans I'autre. Lorsque le cbeval est bien equilibre, lorsqu'il tient bien l'accord, on fera des descentes de main, des descentes de jambes, des descentes de main et de jambes. Les aides ne reprendront qu'autant que l'animal se deplacera. Si le devant s'abaisse, les mains seules agiront; si le cheval se ralentit, les jambes seules se feront sentir. PARTIR AU PAS. Le pas est une allure marcher horizonlalement, c'est- u-dire que le devant ne s'eleve pas plus que l'arriere- main (horizontalite) ; marehe'e, en ce sens qu'il y a toujours trois, puis deux jambes sur lesquelles repose la masse. Le cheval, en un mot, tient toujours au sol par plu- sieurs points d'appui. Lorsque le cavalier veut obtenir cette allure, apres avoir reparti le poids convenablement, il fera sentir ses jambes en rendant la main. PARTIR AU TROT. Le trot est une allure sautce horizonlalement ; c'est- a-dire que l'animal se trouve un instant suspends loin du sol, sans elever le devant plus que l'arriere-main. JVi ernes preparations et memes effets que pour le de- part au pas, emploi plus energique des jambes. PARTIR AU GALOP. Le galop est une allure sautee non plus horizonlale- ment, mais le cheval decrivant une parabole. Dans cette allure, le devant s'eleve plus que I'arriere- main, sa preparation doit etre differente que celle des deux premieres. La repartition du poids doit, sans prendre sur Tim- 13. — 196 — pulsion, qu'au prealable on aura augmentee si besoin etait, en evitant de precipiter le cheval en avant, ce qui ferait retomber dans l'inconvenient du va-et-vient d'ai- des deja signale , etre assez reportee en arriere pour alleger le devant pour pouvoir l'enlever plus facile- ment. Lorsque cette repartition du poids est convenable , un leger demi-arret de la rene du dedans provoque : Le depart sans jambes. DEPART SANS MAINS. C'est ici que la repartition du poids doit etre encore plus exacte, car on comprendra que les jambes agissant seules, il sera facile au cheval, non maintenu par la main et sollicite par les jambes, de se remettre sur les epaules, de partir au trot, ou, s'il part au galop, de se precipiter en avant. L'effet des jambes devra done etre tres-gradue, tres- doux, tres-leger et ne devra que solliciter Yemploi, je n'ose pas dire la detente, des forces, sans interesser, en quoi que ce soit, le deplacement du poids, si ce n'est le deplacement permettant le mouvement, A savoir : presque rien. Je pourrais bien ici me jeter dans la recherche du de- placement du centre de gravite", demontrer par des rai- sons, par des deductions plus ou moins specieuses, oiseu- ses et inexactes, le passage de ce personnage voyageant — 107 — incognito; mais, connaissant plus habile que moi qui y a renonce, j'en fais autant par impuissance, et puis ce n'est pas la question. On comprendra que pour obtenir ces deux mouve- ments, departs sans jambes, departs sans mains, ii faut que le cheval soit deja arrive a un assez haut degre de dres- sage. PART1R AU TROT SANS MAINS, APRES UN ARRET DU GALOP AU PAS. Apres avoir, si besoin est, retabli l'equilibre, il faudra legerement sentir le cheval avec la main et apres faire sentir Ies jambes en la rendant. Ce depart, bien prepare, n'est qu'un simple depart du pas au trot ; il y a seulement la memoire qui pourrait parler chez le cheval ; mais comme nous savons que c'est par la position que nous parlons au cheval, il est facile de reussir en decomposant les mouvements et en s'en ren- dant bien compte. CHANGEMENTS DE PIEDS SANS JAMRES. Les jambes communiquant souvent trop de detente, viennent contrarier les demi-arrets de la rene de dedans, destinee a provoquer les changements de pieds ; c'est pourquoi le cheval, dont Taction se conserve bien, n'a pas besoin des aides stimulantes, qui derangeraient son equilibre (la convenable repartition du poids pour le mou- vemenl). — 198 — Si Taction se perdait, preuve que la main aurait agi avec trop d'energie, il faudrait rendre la main, pousser en avant doucement, puis donner de nouveau la posi- tion convenable et recommencer les changements de pied. Nota. Apres chaque changement, sans jambes, la main devra etrerendue, le temps convenable; les reprises de mains seront faites plus ou moins rapidement, suivant la repetition plus ou moins frequente desdits change- ments. CHANGEMENTS DE PIEDS SANS MAINS. Difficulty plus grande et plus compliquee que le de- part au galop dans le meme cas. Car dans le depart au galop saws main, apres avoir equilibre le cheval, la marche lente du pas a du a peine le deplacer; on comprendra qu'il est possible, j'oserai dire facile, d'obtenir ce resultat par des effets bien gradues des jambes ; mais dans les changements de pieds sans mains, le cheval, emporte par la vitesse de Failure, peut retomber sur les epaules et se precipiter en avant ; il sera done important d'avoir bien repartile poids pour l'allure et de ne donner que juste les aides necessaires, e'est-a-dire, des effets de jambes tres-legers, sollicitant mais ne poussant pas. Ce travail ne devra etre entrepris que lorsque le che- val marchera place, leger, sans mains ni jambes. Les resultats obtenus par ces moyens aussi simples — lit!) — qu'ils sont rationnels, aussi savants qu'ils sont nou- veaux, perniettront aux cavaliers intelligents de donner a leurs chevaux cet equilibre de premier genre inconnu et impossible jusqu'a ce jour. » DE SAINTE-REINE. Eleve de l'ancienne Ecole francaise et allemande, Ex-dcuyer au service de Sardaigne. TRAVAIL AU GALOP SUR LA LIGNE DROITE D'APRfiS LES 1NOUVEAUX MOYENS. « Les premieres resistances du eheval vaincues, on l'embarque sur le pied droit, par exemple, avec la rene ou la jambe droites : on emploie ce moyen le plus promp- tement possible. Des que les departs s'obtiennent de la sorte avec faci- lity, on se sert alternativement de la bride et du filet. Ces changements de renes se font d'abord rapidement, ayant soin toutefois de reprendre les renes sans a-coup, sans surprise pour le eheval. S'il vient a se contracter; s'il al- longe son allure, il faut l'arreter, le decontracter,et re- partir. Ouand on Fait passer le eheval au pas, on cherche salegerete, soitpar la flexion directe, soit par des demi- flexions a droite et a gauche. On arrive ainsi a changer de renes lentement, sans que le eheval ralentisse son allure, sans qu'il l'allonge. On l'exerce egalement peu a peu a s'enlever, en dimi- nuant TefiTet des jambes, et en multipliant les change- ments de renes. Quand le eheval part laciiement a la meme main, sur — 201 — les deux pieds, ce qui revient a dire qu'il deplace facile- ment ie poids de droite a gauche, et de gauche a droite, on arrive tout naturellement aux changements de pied. Cependant il faut les commencer avec la rene on la jambe opposees. Ainsi, un cheval galopant sur le pied droit, pour changer de pied, il faut se servir de la rene ou de la jambe droites, ayant bien soin d'arriver le plus vite pos- sible au changement de pied avec la rene ou la jambe gaudies. En resume : 1° Depart avec rene ou jambe opposees ; 2° Depart avec rene ou jambe directes ; 3° Changement de pied avec rene ou jambe opposees ; 4° Changement de pied avec rene ou jambe directes. Ici s'arrete la premiere partie du dressage, qui donne deja, au lieu de l'equilibre de troisieme genre, celui de deuxieme. Quand le cheval est arrive a ce degre destruction, on l'exerce a s'enlever au galop avec les mains, sans aucun emploi de jambes. A cet effet, on lui marque autant de demi-arrets qu'il est necessaire. S'il se ralentit, ce qui in- dique que la main a pris sur le mouvement, il faut cesser l'effet des mains , porter le cheval en avant avec les jam- bes, et le remettre dans son aplomb au pas, avant de chercher a l'enlever de nouveau. On arrive ainsi tres-ra- pidement a galoper sur le pied droit avec la rene droite, sur le pied gauche avec la rene gauche. Alterner les renes tres-frequemment. — $68 — On passe ensuite aux changements de pied avecla main settlement. Avant de marquer le demi-arret au moyen duquel on l'obtient, il fant sentir la bouche. Si ce demi-arret ne suffitpas, il faut en mirquer deux, trois, dix, coup sur coup, jusqu'a ce que le changement de pied ait eu lieu et rendre des qu'il est execute. On comprend combien cette maniere de faire est admirable pour arri- ver a une execution parfaite. En effet, une fois l'impul- sion donnee, quel peut etre le role des jambes? Elles ne servent qu'a traverser le cheval, a porter da vantage le poids en avant, surcroit de poids que la main doit de- truire. Au contraire, en se servant de la main seule, on change la position, et le changement de pied se fait tout naturellement. S'il y a ralentissement dans le mouve- ment, se servir de l'eperon pour i'accelerer ; puis revenir au demi-arret sans jambes pour le changement de pied. II faut dans ce mouvement, comme dans le precedent, alterner l'emploi des renes. On exerce ensuite le cheval a partir au galop avec les jambes seulement : la main tient les renes par leur extre- mite. Le cheval bourre-t-il sur la main, prend-il le trot? le poids est en avant; il faut aiors marquer un demi-ar- ret, et recommencer le depart, apres avoir decontracle le cheval. Arrive a ce degre destruction, on alterne les departs au galop avec les mains et avec les jambes. On muitiplie les descentes de mains. On fait de meme apres chaque changement de pied , — 2U3 — ayant soin de reprendre les renes immediatement, pour faire un nouveau changement de pied, et ainsi de suite. Enfin, on passe aux changements de pied avec les jam- bes seules : on tient les renes demi-flottantes. Dans tous ces mouvements, les renes sont d'autant plusflottantes que l'education du cheval est plus avancee; et Ton arrive ainsi a les executer, les renes sur l'encolure, sans que le cheval augmente en rien son allure. Done, en resume : 1° Depart au galop avec la main seule ; 2° Changement de pied avec la main seule ; 3° Depart au galop avec les jambes seules ; i° Depart au gaiop avec la main et les jambes alterna- tivement : descentes de mains; 5° Changement de pied, suivi d'une descente de mains ; 6° Changement de pied, avec les jambes seules. C'est seulement alors, quand tous ces mouvements s'executent facilement, sans augmentation ni ralentisse- ment d'allure, que Ton a un cheval dans un equilibre de premier genre. Comment assez admirer ici toute la beaute de ces nouveaux principes, qui, joignant a leur simplicity la puissance de leur action, rendent le cheval souple, ele- gant, et assurent sa duree. » D'ESTIENNE. Paris, 20 mars 1864. PROGRESSION DU DRESSAGE. Travait avec la cravache. A PIED. Faire venir Ie.cheval a l'homme. Faire reculer le cheval, l'encolure elevee, le cavalier tenant dans chaque main une rene du Gtet, les bras eleves de toute leur extension. (Voir la planche n° 16.) Le cavalier commencera a combattre les resistances du poids et dela force, par les demi-temps d'arret succes- sifs et les vibrations repetees. Cette position elevee de l'encolure, obtenue par une force de bas en haut, pre- vient l'acculement en reportant en arriere le poids dans la limite du mouvement retrograde. On ne fera reculer le cheval qu'un pas, en le eonser- vant aussi droit que possible d'epaules et de hanches. On comprend que la moindre deviation de la croupe se- rait un obstacle a cette juste translation du poids : aussi doit-on avoir le plus grand soin de ne recommencer un deuxieme pas en arriere qu'apres avoir replace le che- val parfaitement droit, afin d'eviter les resistances qui Tempechentde coraprendre les intentions du cavalier. Ce Page 203. < ,. .. . y+1 >.' / t-f. PLANCHE 16 HosUr LeviUy del. ip Becquel a Pans — 205 — travail du reculer fait pas a pas, chaque pas suivi d'un moment d'arret qui permet la cessation de toute con- traction musculaire autre que celle qui sert a la station, sera alterne avec celui de deux pistes a droite et a gau- che, avec les pirouettes renversees et ordinaires, en ayant soin de ne demander qu'un pas au cheval et de Tarreter des qu'il a acheve ce pas. L'essentiel, c'est que les parties qui doivent etre momentantment immobilisees, ne se mobi- sent pas (pirouettes), et que la translation du poids ait lieu selon leslois de Tequilibre et l'harmonie du mouvement. (Reculer et travail sur les hanches.) On passera ensuite aux flexions en insistant sur la flexion laterale de l'encolure, avec le filet d'abord et la bride ensuite ; sur la flexion directe et demi-laterale de la machoire, le cavalier place en face du cheval, lui levant la tete avec les deux renes du filet separees et tenues a douze centimetres des anneaux, pour faire ceder (point essentiel) la machoire avant la tete. Cette meme flexion se fera ensuite avec le mors, le cavalier tenant dans cha- que main une branche du mors pour lever la tete du che- val et obtenir le meme effet. Le cheval qui a cede a Taction plus directe du filet, pourra, les premieres fois, resister a Taction du mors a cause de Tobstacle apporte par la gourmelte ; on revien- dra au filet, pour reprendre de nouveau le mors, et des que le cheval y repondra comme au filet, ce sera la preuve evidente qu'il a bien compris les intentions de son maitre. Remarque. La flexion laterale de l'encolure a detruit — 20fi — toutes les resistances provenant de retraction ou de con- tracture des muscles de l'encolure ; la flexion directe et semi-laterale de la machoire, avec le soutien de l'enco- lure et l'elevation de la tete, detruit les resistances que la machoire pourrait presenter dans n'importe quelle position. Ce travail preparatoire durera quatre jours, pour rendre le cheval familier a l'homme, sage au montoir, etlui faire apprecier la domination de l'homme. Mais c'est sur son cheval que le cavalier l'equilibrera, c'est-a-dire le dressera. Ce travail a pied n'est pas indis- pensable, mais il est utile comme preparation , et voila pourquoi je le recommande pendant quatre jours au plus. II ne faut pas sacrifier le principe a 1'accessoire. Les chevaux de troupe peuvent etre exerces a ce tra- vail a pied, pendant huit a dix jours, pendant la premiere partie de la lecon. Ce travail a pied rend l'obeissance du cheval plus facile, etablit des rapports d'intimite entre lui et son cavalier, qui, reconnaissant des progres de l'ani- mal, devient plus indulgent ettraite son cheval avec plus de douceur. A CHEVAL. En place. Avec les renes du filet separees, elever l'encolure et ne rendre qu'apres cession de la machoire. fiviter l'accu- — 907 — lement; s'il y a resistance, agir par demi-temps d'arret successifs et vibrations repetees. Regies generates. Des les premieres legons, le cavalier se servira de ces nou- veaux effets de main pour detruire toutes les resistances du poids ou de la force, toutes les fois qu'elles se presen- teront. Repeter les flexions laterales et semi-laterales de l'en- colure, comme a pied- Des que le cavalier a obtenu un commencement de soutien de l'encolure et de mobilite de la machoire, il mettra son cheval au pas et le travail- lera a main droite et a main gauche (s'il est dans un ma- nege) sur les lignes droites et circulaires, en recherchant la legerete el employant les nouveaux effets de main pour detruire toute resistance du poids ou de la force, et en evitant Temploi simultane des jambes et de la main. II procedera a cheval comme il a agi a pied, c'est-a- dire, qu'il marchera un pas ou deux , et qu'il arretera en ne rendant de la main qu'apres avoir obtenu la mobilite de la machoire, descente de main, et repospour le cheval. Il reprendra les renes, demandera de nouveau la lege- rete et portera le cheval un pas ou deux en avant, pour l'arreter et suivre la meme gradation. II alternera ce tra- vail au pas, ainsi gradue, avec le reculer, les pirouettes, le travail sur les hanches. L'importance de decomposer chaque mouvement est tellement grande et produit des resultats tellement extraordinaires, que je ne crains pas de me repeter, et d'engager tous les cavaliers intelli- gents a suivre exactement cette gradation : 1" recher- — 208 — cher si le cheval est leger ou presente une resistance a la main ; 2° la detruire de suite par les demi-temps d'arret etles vibrations, selon la nature des resistances, obtenir la mobilite de la machoire, et porter le cheval un pas ou deux en avant, en combattant de suite toute resistance par les nouveaux moyens, arreter le cheval et ne lui ren- dre de la main que lorsqu'il est leger, le garder calme , immobile en place, pendant une demi-minute, et le re- porter de nouveau au pas, apres s'etre assure de la mobi- lite de la machoire. De meme pour le reculer, les pirouettes renversees et ordinaires, et le travail de deux pistes, ne demander qu'un pas, arreter, redonner la position on la legerete, et laisser le cheval calme, dans l'inaction, en repos quelques instants, pour continuer en suivant toujours la meme gra- dation. Ces moments de repos, repetes avec cette scru- puleuse attention, produisent des resultats qui surpren- dront le cavalier. La contraction musculaire cesse d'etre en jeu, le cheval eprouve du bien-etre, reflechit, et re- prend son travail sans fatigue. La nouvelle contraction musculaire utile a la locomo- tion, profite du relachement qui s'est opere pendant le repos, et se prete plus facilement a l'harmonie des for- ces, partant a l'equilibre, je veux dire, a la legerete du cheval. De plus, par le calme de ce travail ainsi gradue, le cavalier grave dans l'intelligence du cheval l'idee de la superiorite morale de l'homme et assure ainsi sa do- mination sur sa monture, tout en lui rendant l'obeissance — 200 — plus facile. Pour arreter son cheval, le cavalier se servira d'abord des effets d'ensemble(opposition graduee de jam- bes etde main); mais bientot la main suflira pour arre- ter le cheval droit d'epaules et de handles. Puisque Taction combinee des jambes et de la main immobilise le cheval, on comprend par cela meme que, lorsqu'il s'agit de mouvement, on ne doit pas employer les memes moyens. Le cavalier mettra ensuite son cheval au trot, et l'ar- retera apres quelques fbulees, en suivant la meme gra- dation qu'au pas; c'est-a-dire qu'il lui donnera la posi- tion ou la legerete (mobilite de la machoire) avant le partir au trot; que pendant ces quelques foulees, il com- battra les moindres resistances en se servant des nou- veauxeffets de main, et qu'en arretant son cheval, il lui demandera de nouveau la mobilite de la machoire pour le laisser quelques instants dans l'inaction, calme et im- mobile. Il continuera pendant quelques minutes le travail au trot, sur les lignes droites et circulaires, en suivant la meme gradation qu'au pas, c'est-a-dire, en faisant tou- jours succeder le repos au travail, dans une mesure plus ou moins egale. Le cavalier essayera ensuite en place quelques appa- rences de mobilit6 des extremites, pour preparer les pre- miers temps du rassembler, et il terminera la lecon par quelques departs au galop, sur les deux pieds, en sui~ vant toujour s la meme gradation qu'au trot et qu'au pas. Le cavalier aura soin d'employer le maniement des 14 — 210 — renes, tel que je 1'ai indique au chapitre des nouveaux effels de main, c'est-a-dire, d'alterner le jeu des renes du filet et des renes de bride, pour habituer le eheval a conserver de lii-meme son equilibre et sa bonne posi- tion. Ici se place une observation tres-importante. En se servant, au galop, de ia r&nedirecte, rene droite, si le eheval gaiope sur le pied droit, et rene gauche, si le eheval gaiope sur le pied gauche, pour detruire les resis- tances, par demi-arrets on vibrations, Se cavalier obtient de suite une grande legerete , conserve son eheval droit, et rend les departs et par consequent les changements de pied d'une tres-grande facilite. Tout ce travail doit se t'aire sans aucune fatigue pour le eheval, que le cavalier instruira en jouant avec lui, en lui faisant comprendre des le debut que leurs efforts reu- nis doivent tendre a obtenir Tequilibre parfait ou la le- gerete constante : aussi devra-t-il demander au eheval la mobiiite moelleuse de la machoire avant de le mettre en mouvement, et de s'etre ainsi assure que la machine est prete a fonctionner. On comprend les progres extre- mement rapides que cette gradation amenera dans I'edu- cation du eheval. Le professeur initie des les premiers pas son eleve k toutes les difBcultes de la route qu'il a a parcourir, en lui donnant les moyens de les vaincre, et en corrigeant immediatement les moindres lautes que le eheval peut commettre par ignorance. Aussi, deux mois de cette edu- — ±\\ — cation raisonnee ne se seront pas ecoules que le cavalier intelligent jouira d'un resultat qu'il n'aurait jamais pu obtenir, s'il n'avait pas donne a son cheval l'equilibre du premier genre ou cette legerete parfaite et constante qui permet a l'animal d'executer avec la plus grande facilite tous les mouvements demandes, sans lombre d'une resis- tance, et appreciant de suite ou plutot parce qu'il appre- cie immediatement les moindres effets de la main ou des jambes du cavalier. Le maitre commande, et le serviteur obeit. Quand un cheval, par l'application de tous les prin- cipes enseignes dans cette derniere edition, a ete amene a l'equilibre du premier genre, toutes les resistances ayant disparu , les moyens doux doivent seuls etre employes. La main agira par une force lente, delicate et finement graduee. J'ai dit ce que je crois etre la verite equestre. Je pense etre utile aux cavaliers intelligents et serieux, en leur recommandant de suivre la progression que je viens d'indiquer. Je me permets de leur donner un conseil d'ami, et j'ose dire, d'un vieil ami, en leur disant : rejetez mes principes, s'ils ne vous conviennent pas; mais si vous y reconnaissez la verite en equitation, acceptez-les en entier, ne les mutilez pas, et rappelez-vous que l'auteur qui a etudie pendant quarante ans, connait assez l'oeuvre de toute sa vie pour apprecier l'importance de toutes ses parties. H. — 212 — L'armee, comme je l'ai dit souvent, a toujours eu et aura toujours mes sympathies. Le reve de toute ma vie a ete de rendre ses cavaliers d'abord , ses ecuyers en- suite, les meilleurs de lEurope. Je ne crois pas que Dieu me permette d'en voir la realisation ; mais j'ai confiance. Je sais que la verite fait son chemin lentement et qu'elle finit toujours par percer. Pourquoi ne le dirais-je pas ? C'est la consolation de mes vieux jours de voir bien des hauts personnages , des generaux eclaires rendre justice a mes principes. Chaque fois que le nom d'une celebrite equestre de l'armee ar- rive a mes oreilles, je consulte mes souvenirs, car c'est bien souvent, j'allais dire presque toujours, celui d'un de mes eleves ou du moins d'un partisan de ma methode. Ce sont eux que je vois dinger l'enseignement de 1'equi- tation dans les ecoles du Gouvernement. Au moment ou j'ecris, j'apprends avec plaisir que le commandement du manege de Saumur vient d'etre donne a M. le chef d'es- cadrons L'hotle, qui m'a fait, pendant douze ans, 1'hon- neur de me demander mes conseils et dont la reputation comme ecuyer ne peut craindre, avec raison, le rappro- chement d'aucune autre. DIALOGUE ENTRE LA MAIN ET LES JAMBES. LA MAIN. Vous avez des torts que je ne puis omettre. LES JAMBES. La vertu des anges peut seule etre comparee a la vdtre, n'est-ce pas ? LA MAIN. Je ne me plains pas sans motifs. LES JAMBES. Dites-nous, s'il vous plait, quels sont vos griefs ; nous verrons s'ils sont plus graves que ceux que nous pouvons avoir contre vous. LA MAIN. Quoique de la meme famille, nous sommes rarement d'accord. LES JAMBES. Des amis qui s'aiment valent mieux que des parents qui ne s'entendent pas. LA MAIN. La raison ne devrait-elle pas toujours dominer un en- tetement ridicule? — 2U — LES JAMBES. C'est aussi notre avis. LA MAIN. Le bon sens convient de ses torts, en faisant un retour sur lui-meme. LES JAMBES. La vanite pretentieuse est une des plaies de la so- ciete. LA MAIN. Pourquoi parler toujours sans raison? LES JAMBES. C'est que l'homme est porte a abuser des dons de la Providence. LA MAIN. On decouvre facilement la paille dans l'oeil de son pro- chain. LES JAMBES. A moins, cependant , qu'on ne soit aveugle de nais- sance. LA MAIN. Je m'etonne qu'il soit difficile de faire meme le bien. LES JAMBES. Les concessions mutuelles faites a propos permettent de s'entendre plus facilement pour rechercher la verite. LA M41N. On voit souvent l'ignorance bavarde l'emporter sni- le savoir modeste. — 215 — LES JAMBES. Cela ne devrait pas etre. LA MAIN. Cela est, cependant. LES JAMBES. A qui la faute ? LA MAIN. Dieu l'a-t-il voulu ainsi ? LES JAMBES. L'harmonie de la nature repond a votre question. LA MAIN. Ne voyez-vous pas que je cherche a excuser vos de- fauts et a menager votre susceptibilite? LES JAMBES. Nous admirerions davantage votre cliarite, si elle etait sans restriction. LA MAIN. Treve a toutes ces equivoques ; dites-moi , sans peri- phrases, en quoi consistent vos fonctions. LES JAMBES. Nous provoquons Timpulsion, et, rapide comme la va- peur, le cheval franchit 1'espace. LA MAIN. Doucement, mes toutes belles, vous donnez rimpul- sion, c'est vrai ; mais c'est moi qui dispose les rails pour imprimer une direction juste aux mouvements que vous — 246 — provoquez. Je ne suis ni injuste ni exclusive. Ouelques explications suffiront, je n'en doute pas, pour me faire comprendre. Vous le savez, plus on se rapproche de la verite, plus on s'eloigne du doute. LES JAMBES. Nous avouons que si nous cedons difficilement a la jac- tance des faux oracles , en revanche, nous nous rendons toujours avec empressement au langage de la raison. LA MAIN. Cet aveu me fait plaisir. L'exemple de trois soeurs qui oublient leurs dissentiments pour cimenter leur affection de famille ne peut etre que digne d'eloges. LES JAMBES. Et notre amitie est le plus siir garant de notre bonne foi et de notre sincerite. LA MAIN. Quel est notre but? Parfaire l'education du cheval, quelle que soit sa conformation. Q ue nous faut-il pour reussir? L'action et la position. Vous donnez la premiere, mais c'est moi qui donne la seconde. LES JAMBES. Tres-bien. Mais devons-nous prendre 1'initiative, ou devons-nous agir simultanement ? N'existe-t-il pas des cas ou nous devons vous attendre? Veuillez nous eclairer. — 217 — Nous vous ecoutons, en nous reservant le droit de repli- quer. LA MAIN. Le cheval a aussi son initiative. — 11 peut etre froid ou ardent, rester dans les jambes ou se porter sur la main. Notre role doit done etre tantot passif, tant6t actif. A de- faut d'erudition, prenons conseil de notre sentiment, et nous commettrons moins d'erreurs. N'oublions jamais que le cheval doue d'intelligence veut bien mettre ses precieuses qualites au service de l'homme, a condition que celui-ci en usera avec tact et discretion. LES JAMBES. Dans ce cas, nous devons partager le blame et l'eloge; si le tact nous manque, tout raisonnement devient impos- sible, et nous aurons la bouche close ; mais si, possedant ce tact precieux que nous appellerons le sixieme sens , noussommes capables depreciation et de discernement, le raisonnement donnera un corps a cette intuition que Ton nomme sentiment. LA MAIN. Qui, car ce qui n'est que le tact, dans le commence- ment de l'education du cheval, sera, plus tard, le raison- nement, et une fois mes eflets de contact apprecies, les forces instinctives du cheval perdront de leur puissance, et il n'agira plus que sous l'influence des forces harmo- nisees. LES JAMBES. Pourquoi ne dites-vous pas transmises? — 2J8 — LA MAIN. Qu'importe! Je poursuis. Supposons que, par une mauvaise repartition du poids, le cheval contracte forte- ment sa machoire et son encolure, il opposera une resis- tance qui rendra vaines toutes mes forces, et malgre tons mes efforts il nous emportera. Au contraire. si par un acculement outre il paralyse vos moyens d'action, dans Tun comme dans l'autre cas, que pouvez-vous transmet- tre? Rien, parce que le cheval, dans le deuxieme cas (je ne parle pas du premier) aura annule vos forces par des forces plus considerables. Voila le danger auquel nous sommes exposes au debut de son education. 11 en est tout autrement lorsque, par notre entente judicieuse, nous agissons aussi facilement sur le poids que sur la force, et donnons, sans effort, Tequilibre le plus convenable a la justesse eta la promptitude des mouvements. LES JAMBES. Nous comprenons maintenant votre innovation ; n'ar- rive-t-il pas neanmoins que nos forces se transmettent. qu'elles deplacent la masse sans que les forces instinc- tives du cheval aient ete compietement annulees? L'equilibre est loin d'etre parfait, et cependant le che- val fait notre volonte, et la foule nous applaudit a deux mains. LA MAIN. Ce n'est que trop vrai; on parle, on ecrit une langue sans la posseder entierement ; on fait de la peinture, de la musique , sans etre peintre ou musicien con- — 219 — somme, et ainsi do toutes les chores crepes par 1'homme. La perfection est rare, si elle n'est impossible. Quant a la voix du peuple, elle n'est pas toujours la voix de Dieu ! Lors meme que nos effets de force trouvent d'assez grandes oppositions de la part du cheval, ils ne produi- sent pas, il est vrai, des mouvements d'une grande pre- cision, mais enfin ils sont suffisants pour jeter de la poudre aux yeux du public. LES JAMBES. Nous le voyons, tous nos efforts doivent avoir pour but le parfait equilibre du cheval, et cet equilibre doit etre constate par la legerete constante. LA MAIN. Oui, c'est quand la modestie du cheval ne lui permet pas, pour ainsi dire, d'oser nous toucher. LES JAMBES. C'est dans ce but qu'il est urgent que nous deGnissions tous nos efl'ets d'impulsion. Si le cheval y repond, nous pouvons done porter toute la masse en avant ou donner plus d'activite a larriere-main qua l'avant-main. LA MAIN. Doucement, mes petites amies ; il taut toujours nous entendre pour rendre faciles et gracieux tous les mouve- ments, et operer le rapprochement du centre des jambes du derriere, ce que les erudits appellent le rassembler. LES JAMBES. Pensez-vous que pour ce dernier mouvement il ne — 220 — vous soit pas souvent arrive de nous etre plus nuisible qu'utile ? LA MAIN. Expliquez-vous, je vous prie. LES JAMBES. Ne vous arrive-t-il pas de marquer parfois une op- position inopportune, en produisant trop ou trop peu d'effet? Dans le premier cas, vous detruisez l'effet que nous avons voulu produire; dans le deuxieme cas, vous avez oublie de repondre a notre interpellation. LA main. J'admets vos reproches ; je reconnais qu'ils sont fon- des, et je consens a prendre la responsabilite de la moi- tie des fautes ; en bonne conscience, je ne puis faire da- vantage ! LES JAMBES. Amen, que la paix soit avec vous ! LA MAIN. Rendons-nous bien compte, mes cheres parentes, de l'importance de nos fonctions respectives, et qu'un bon accord nous fasse chercher les moyens de nous corriger de nos fautes. Alors nous ne porterons plus de fausses accusations contre ce pauvre cheval, en lui attribuant des torts dont seules nous sommes coupables. Mettons tout amour-propre de cote : nous avons, cheres belles , des defauts dont il faut nous corriger. Nous donnerons ainsi un bel exemple a suivre a tous ceux qui aiment l'art et, par-dessus tout, la verite. 221 LES JAMBES. C'est facile a se dire : se corriger, mais que faire? Quoi- que les moyens les plus simples soient les meilleurs, on s'est trop souvent livre aux ecarts de l'imagination, qui d'un rien fait un monde qui est a la verite ce que l'ombre est a la lumiere. LA MAIN. Je pense etre, apres maintes recherches, en posses- sion d'un secret qui guidera le cavalier intelligent et donnera au cheval la liberte dans l'assujettissement. LES JAMBES. Comment ! chere amie, vous avez des secrets? LA MAIN. Plaisantez, si vous le voulez, je n'en ai pas moins trouve un diamant de la plus belle eau, et vous serez les premie- res a en apprecier la valeur. LES JAMBES. Voyons cette trouvaille ; nous connaissons plus d'un sot qui a cru avoir trouve le mouvement perpetuel. LA MAIN. Attendez un peu, et votre ton baissera. LES JAMBES. Pourquoi nous faire languir ainsi ? LA MAIN. Je cede a vos instances, et je vais vous expliquer ce que j'appelle ma decouverte, et bientot vous me remer- cierez. Quant au cheval, je ne doute pas qu'il ne m'en conserve une reconnaissance elernelle. ^22 Des le debut de l'education du cheval, nous ne t'onc- tionnerons qu'alternativement, ou, pour mieux dire, se- parement. LES JAMBES. Nous comprenons un peu moins qu'auparavant. LA MAIN. Par ce moyen, nous reglerons notre action respective. Exemple : Vous poussez le cheval en avant avec trop de force, je corrige de suite votre faute; ai-je agi avec trop de puissance, vous accourez pour reparer le tort que j'ai commis. LES JAMBES. Une lueur nous eclaire ; mais a quel signe reconnai- trons-nous la justesse de nos procedes? LA MAIN. Je vais vous le dire, soeurs de saint Thomas. S'il s'agit d'augmenter la vitesse de Failure, ou de donner plus d'action au cheval, sans nuire a son equilibre, je vous laisserai agir seules; mais si l'harmonie du poids et de la force venait a etre momentanement detruite, vous vous abstiendriez de toute intrusion inopportune, et vous me verrez a l'instant reparer le desordre, sans peine, sans effort. C'est ainsi que nous arriverons a la pratique de cette maxime de l'antiquite. « Conn is-toi toi-meme. » LES JAMBES. Si nous avons bien compris ce que vous venez de dire, votre role consiste a donner au cheval les positions — 223 utiles aux changements failure, de direction , et cela sans alterer i'equilibre, et sans notre participation. LA MAIN. Tres-bien. LES JAMBES. Ainsi, c'est bien vous seule qui ierez tourner le che- val a droite, a gauche, changer de pied au galop, mar- cher de deux pistes, arreter, reculer. LA main. De mieux en mieux. LES JAMBES. Notre mission demeure celle d'actionner le cheval, de lui communiquer l'impulsion. LA MAIN. Parfaitement compris En observant cette division du travail, en evitant d'empieter sur nos attributions res- pectives et desormais bien definies, en restant toujours d'accord, comme il convient a des soeurs qui s'aimenl, nous amenerons le cheval a cet equiiibre parfait ou du premier genre, qui rendra son travail facile, a tel point que gradueilement nos effets de force diminueront, et que bientot le cheval pourra se passer de notre secours pour conserver sa legerete parfaite et constante, meme dans les mouvements les plus composes. LES JAMBES. Quel nom donnez-vous a votre decouverte? LA MAIN. Jambes sans main, main sans jambes. DIALOGUE ENTRE LE CHEVAL ET LA MAGHOIRE. LE CHEVAL. Quelle arrogance ! comment ! sans votre bavardage, je ne puis Irouver l'equilibre de ma masse, l'harmonie de mes mouvements? LA MACHOIRE. J'en doute fori. LE CHEVAL. Vous m'exasperez, machoire ; que vous meritez bien votre nom ! LA MAGHOIRE. Le nom ne fait rien a la chose; passez outre. LE CHEVAL. Je vous le demande : si ce n'est pour manger et boire, qu'ai-je besoin d'une machoire ? LA MACHOIRE. Sur quel ton le prenez-vous, beau quadrupede ? Depuis que le cavalier vous a subjugue, ignorez-vous que vous etes son esclave, le jOuet de ses caprices? LE CHEVAL. Je le sais, j'y consens, mais je n'ai nul besoin de votre concours. — 225 — LA MACHOIHE. Pour vous, c'est possible, mais il n'en est pas de meme pour votre seigneur et maitre. LE CHEVAL. Du moment que je consens a me soumettre a ses exi- gences plus ou moins justes, que peut-il me demander de plus? LA MACHOIHE. Que votre langage soit plus poli, et je vous le dirai. LE CHEVAL. Volontiers, mais parlez peu et bien. LA MACHOIHE. Votre air de douceur ne me rassure qu'a demi, et je vais m'efforcer de vous satisfaire. Depuis que vous avez passe par la main des hommes, vos formes ont perdu de leur beaute, vos mouvements sont devenus moins gracieux, vous ne possedez plus au meme degre cette essence de vos qualites qui se nomme equilibre, harmonic LE CHEVAL. Quand je jouis de ma liberte, je ne m'apercois pas de cette difference. Je franchis l'espace, change d'allure et de mouvement avec la plus grande facilite, au gre de ma volonte, sans vous consulter. — Je respire Pair comme l'enfant libre du desert, je reponds au signal que me donne en fremissant la cavale qui m'attend, et vous etes pour moi comme si vous n'etiez pas ! is — esc — LA MACHOIRE. L'homme, par son intelligence, est le roi de la terre. Votre belle nature, vos quaiites precieuses vous desi- gnaient, parmi tons les animaux, pour etre le premier asservi a sa volonte. Vous etiez destin6 a devenir le com- pagnon de ses travaux, de ses plaisirs et de sa gloire. LE CHEVAL. Ou voulez-vous en venir avec tant de paroles? Je suis, j'existe. Civilise ou inculte, si je suis ne avec de bonnes on de mauvaises dispositions, que peut y faire la volonte de l'homine? LA MACHOIRE. Pardon, beau seigneur, on vous translormera, et moi aussi. Laissons de cote les travaux penibles pour lesquels nous nations pas faits, et auxquels, cependant, il a fallu nous soumettre. L'homme use et abuse de tout. LE CHEVAL. Ma destinee est d'etre monte par l'homme, vous le sa- vez. Ma bonte est proverbiale, et cependant, si le cava- lier m'extrapasse, en voulant singer le savoir, rien ne m'est plus facile que d'humilier son sot orgueil, en le fou- lant sous mes pieds, vous le savez encore. LA MACHOIRE, C'est bien, je vois avec plaisir que vous commencez a apprecier mon importance. LE CHEVAL. Pas le moins du monde. Je ne vous connais pas d'aulre fonction que celle que la nature vous a don- nee. — Vous ne faites pas la hausse ou la baisse comme a la Bourse, la pluie ou le beau temps comme le b irome- tre. — Mais a quoi vous sert d'avoir constamment la bouche ouverte, en dehors des heures de repas? LA MACHOIRE. Vosai'eux, que la main indiscrete de 1'homme navait pas deteriores, jouissaient de cette harmonie naturelle, resultat de leur belle conformation, harmonie que ma mobilite moelleuse accompagnait ; mais aujourd'hui qu'il y a degenerescence, j'expie, par ma roidenr, l'ignorance deshommes. LE CHEVAL. Le mal est et sera toujours le mal, Dieu seul pourrait le detruire. IA MACHOIRE. L'art peut le corriger. LE CHEVAL. Ne me parlez pas d'art; sans ma bonne construction, raes forces seraient depuis longtemps epuisees, et mes ressorts fatigues par Temploi de ces mille moyens oppo- ses les uns aux autres, accuseraient la barbaric et Tigno- rance des cavaliers ! LA MACHOIRE. Je comprends votre ressentiment. C'est que malgre cette diversite d'opinions, on ne connaissait pas encore l'importance de ce que vous aussi appelez mon babil- lage. 15. — 228 — LE CHEVAL. Mais je pensais, et je pense encore que je me contracte quand je ressens des impressions desagreables, et vous- meme alors, vous pourriez broyer du diamant. LA MACHOIRE. Bravo! Nous y voila ; vous savez done que je ressens le contre-coup de vos impressions desagreables. Pourquoi neressentirais-je pas egalement les influences agreables ? LE CHEVAL. Mais que peut faire a tout cela votre mobilite moel- leuse et douceresse ? LA MACHOIRE. Vous me le demandez! Mais cette mobilite que vous avez trop longtemps meconnue, ingrat, sera un avertis- sement pour vous, qui vous indiquera que le cavalier est intelligent, instruit, et le bien-etre general que vous eprouverez viendra confirmer la verite de ce que je vous dis. LE CHEVAL. Mais comment le cavalier saura-t-il qu'il fait bien ? LA MACHOIRE. C'est moi seule qui le lui dirai, e'est moi qui serai sa boussole, car des qu'il trouve les moyens de vaincre ma resistance, il trouve en meme temps le secret de part'aire votre equilibre, et vous dispose a executer tous les mou- vements, sans effort. LE CHEVAL. Ainsi vous pretendez que mon equilibre seraparfait quelle que soit ma conformation, que mes mouvements seront faciles et reguliers lorsque votre jeu sera meil- leur ? Vous dites que le cavalier en retirera des effets d'une justesse surprenante dont profitera mon bien-etre physique et moral? C'est prodigieux. LA MACHOIRE. J'ajouterai que personne n'avait indique le moyen de peser, pour ainsi dire, le degre de votre equilibre. — Aujourd'hui, le cavalier peut a 1'aide de mon ministcre, dire a premiere vue, en vous montant pour la premiere fois, et sans le secours du veterinaire, quelles sont vos bonnes et mauvaises qualites, etc., etc. LE CHEVAL. Vos etc. peuvent etre eloquents, mais ils ne me per- suadent pas encore. Comment le cavalier pourra-t-il ju- ger de mes mauvaises intentions morales? LA MACHOIRE. Je Ten previendrai par un serrement de dents ; cette espece de garde a vous lui donnera le temps et les moyens de dejouer vos petites manoeuvres. Ne savez-vous pas que, comme l'homme, le cheval n'est jamais en colere, tar.t que ses dents se detachent facilement? Je termine en disant que si la mobilite moelleuse de la machoire se continue a toutes les allures, les mouvements du cheval seront surs, precis et gracieux ; en echange, je predis au cavalier qui en sera l'initiateur, des jours files de soie et d'or. PASSE-TEMPS EQUESTRES A l'epoque ou les passe-temps parurent, un de mes meilleurs eleves et amis, M. Gaussen, eut 1'obligeance de dire au public, dans une preface, les motifs qui m'avaient decide a publier ce qui n'avait £te ecrit que pour l'inti- mite. Les grands changements que j'ai introduits dans ma Methode rendent aujourd'hui cette preface rnoins opportune, et je saisis avec empressement cette occasion de remercier celui qui s'est toujours montre un de mes eleves les plus devoues, M. Maxime Gaussen. PASSE-TEMPS EQUESTRES ABANDONNER UN CHEVAL. Le sot ou 1'etourdi peut seul jouer sa vie contre celle d'un insense. AGGULER (S'). L'esprit cultive doit s'inspirer de la nature. ACCULER UN CHEVAL. Les caracteres les plus flegmatiques ont leurs moments d'exasperation quand ils sont pousses a bout. AGHEMINER UN CHEVAL. Les mauvais principes paralysent souvent les bonnes intentions. ACHEVER UN CHEVAL, Apres Dieu, rhomme seul a un pouvoir magique sur tout ce qui l'entoure. ACTION. Un bon naturel ne peut jamais dissimuler ses genereux elans. NOTES DES PASSE-TEMPS EQUESTRES ABANDONNER UN CHEVAL. Le cheval abandonne a lui-meme peut se livrer a tous les egare- ments de sa fougue, exposer les jours du cavalier et les siens. acculer (s'j. Le cheval dresse ne saccule jamais, il est au cheval brut ce qu'est l'horame erudit a l'homme ignorant : ni l'un ni l'autre ne fera des choses entieremenl opposees aux bonnes lecons qu'ils ontrecues et dont ils ont appr^ci^ les avantages. AGGULER UN GHEVAL. Quelque calrae quo soit un cheval, si le cavalier le comprime trop peniblement, il I'acculera et pourra rneine le renverser, surtout alors que le cheval a peu de force dans son arriere-main. ACHEMINER UN CHEVAL. Les defenses des chevaux ont souvent pour cause la negligence que Ton apporte a les acheminer : ils sont entraines a faire le mal lorsqu'ils sont chaties pour le bien qu'ils font. AGHEVER UN GHEVAL. Je ne sache pas qu'il y ait d'autre auteur des lois naturelles que Dieu, et d'autre coordonnateur pour leur application que l'homme. Achever un cheval en est une preuve vivante. ACTION. Les dons veritables de la nature percent a travers tous les ages. V action est une qualite" de l'ame; elle parait et disparait avec la vie. — 236 — ADELA. L'influence qu'exerce un mol n'est bien significative que par le geste qui l'accompagne : leur desaccord en change Interpretation. AIDES (LES). II faut secourir l'enfance, encourager l'age mur, et ra- nimer la vieillesse. AIRS RAS. II faut elever la voix pour se faire entendre, et non pour etourdir. AIRS RELEVES. La jactance peut etourdir, se fera-t-elle mieux en- tendre? AJUSTER UN CHEVAL. La bravoure a ses perils, et le talent ses ecueils. AJUSTER LES RENES. La paternite doit partager egalement ses affections , bien que sa severite ne soit pas toujours la meme. ALLEGER. La gloire qu'entraine une belle action rejaillit toujours sur son auteur. AMAZONE. La grace peut etendre sa domination si la douceur l'accompagne. AMBLE (L'). La franchise du campagnard n'est-elle pas preferable a la faussete du ciladin? — 237 — ADELA. II faut, si Ton veut etre cornpris du cheval, que les naouvement* des mains et du corps soient bien en rapport avec le mot insigni- fiant Adela. aides (les). II faut aider le jeune cheval pour s'en faire comprendre, conser- ver la force et les bonnes dispositions du cheval adulte pour en tirer parti, et donner au vieux cheval les moyens de rendre encore quel- ques services. AIRS I5AS. Les airs bas laissent peu de chose pour la gloriole; mais ils ont du moins le double avantage de ne compromettre ni la reputation de l'ecuyer, ni l'organisation du cheval. AIRS RELEVtfS. L'ecuyer qui ne vise qu'aux airs releves ne comprend l'art qu'a demi et manque souvent son but. Heureux quand il ne rend pas l'or- ganisation du cheval victimede son vaniteux savoir! AJUSTER DM CHEVAL. II est peu d'ecuyers qui n'aient monte des chevaux avec la certi- tude qu'ils exposaient leurs jours; il en est peu aussi qui soient mo- ralement surs d'arriver a bien ajuster un cheval. AJUSTER LES RENES. Ajuster les 7-enes, c'estleur donner une juste etegale tension ; nean- moins, dans les divers plis a donner a l'encolure, l'une doit primer snr l'autre. AI.LEGER. Le cheval lourd a la main estnon-seulementdisgracieux, mais su- jet aux chutes et incapable d'apprecier les effets du mors. C'est en allegeant cette lourde masse que le cavalier pourra compter sur une obeissance passive. AMAZONE. La condition indispensable pour une amazone , c : est un cheval dresse ; elle pourra alors rivaliser, pour la precision du travail, avec les premiers ecuyers. AMBLE (l'). Gamble, etant une allure naturelle a une espece de chevaux qui rend de tres-grands services, doit certainement etre prefere aux allures decousues de ces chevaux d'un dixieme de sang que nos fashionables ont a la mode. — 238 — ANJMER UN CHEVAL. II taut secourir la faiblesse et stimuler la paresse, la bonte et 1'energie etant le fait d'une belle ame. APPUI. On se soumet au langage de la raison, mais on resiste a l'interpellation de I'impudence. APPUYER DES DEUX. La severite nexclut pas la justice. ARDEUR. Les qualites du cceur ont souvent ete payees d'ingrati- tude; les faux amis abusent de tout. ARMER (S'). On ne connait souvent son bienfaiteur qu'apres qu'il vous a sauve du peril. ARRET (l). C'est avec le present qu'on se rappelle le passe et qu'on peut reflechir sur un meilleur avenir. ARRET (LE DEMI-). Les traits d'esprit, lances a propos, reveillent l'atten- tion et entretiennent le feu de la conversation. ARRONDIR UN CHEVAL. On est d'autant mieux recu qu'on sait bien se pre- senter. — 239 — ANIMER UN CHEVAL. 11 y a de la cruaute a rouer de coups le pauvre animal auquel il est physiquement impossible de precipiter ses mouvements, ou celui qui est naturellement paresseux ; il faut secourir l'un et animer l'au- tre, si Ton veut encore en tirer quelques services. APPUI. Tous les cbevaux peuvent etre equilibres; c'est a l'aide de mou- vements justement raisonnes que Ton ubtiendra cette legerete. Les mouvements non coordonnes , etant sans but , sentient sans re- sultat. APPUYER DES DEUX. On ne doit pas, corame le prescrivaient les anciens auteurs, ap- puyer des deux toujours vigoureusement et seulement comme chati- ment : c'est en se servant des eperons graduellement, et surtout comme moyen d'education, qu'on en tirera des effets magiques. ARDEUR. L'ardeur est une qualite innee cbez le bon cheval; malheureuse- ment on en abuse souvent, et le cheval est epuise avantl'age. Iln'y a, il est vrai, que de mauvais cavaliers qui mesusent ainsi des pre- cieuses qualites de leurs chevaux Mais, chut ! ils sont en raa- jorite. armer (s'). Le cheval qui s'arme pourrait se briser la tete contre un mur ou tout autre obstacle si le cavalier ne detruisait instantanement toutes les forces qui amenent ce moment d'exasperation. C'est apres la reus- site de ce moyen pratique que le cheval semble lemoigner sa recon- naissance par une grande legerete'. arret (l'). Le cavalier doit profiter des temps Garret pour repasser dans son esprit toutes les nuances du travail qui a precede, s'adresser de gra- ves reproches si le cheval a mal compris, et bien se promettre d'ob- server dans la suite plus d'ordre el de gradation. ARRET (LE DEMf- . Les demi-arrets servent a reveiller le cheval et le forcent a porter son attention sur le cavalier ; ils donnent encore de la grace a sa position et de la cadence a ses mouvements. ARROND1R UN CHEVAL. Le cheval suivra d'autant plus exactement le contour d'une ligne circulaire qu'il s'arrondira plus facilement. — 240 — ASSEMBLER UN CHEVAL. Faute du developpement des facultes, on ne trouve qu'un esprit ordinaire la ou il y avait un genie. ASSEOIR UN CHEVAL SUR LES HANGHES. L' eloquence met en jeu les ressorts de l'esprit, sans ja- mais les fausser. ASSOUPLISSEMENT. Les demarches qui paraissent inutiles amenent souvent des resultats inattendus. ASSURE. Les pensees qui elevent vers le ciel font mepriser la terre. ATTACHER (s). On ne doit emprunter qu'avec discretion et avec la certitude de pouvoir rendre. ATTAQUER. C'est le discernement qui doit juger si la cause d'une injure est premeditee ou involontaire. ATTENDRE UN CHEVAL. La connaissance du cceur humain conduit a l'indul- gence. AUBIN. Tetejadis bien organisee qui, vainement, cherche ses idees premieres. — 2ii — ASSEMBLER UN CHEVAL. Chaque jour on prononce le mot assembler sans se rendre comple de ce qui constitue sa mise en pratique : aussi , les dispositions du cheval etant paralysers, il est mis, malgre ses qualites, au rang des chevaux incapables. Voild le revers de la medaille. ASSEOIR UN CHEVAL SLR LES RANCHES. Le manque ou l'exces d'exercice dans les jarrets detruit leur elas- ticity, et, les reactions ne s'operant plus qu'a temps inegaux, le che- val ne peut s'asseoir que tres-difiicilement. ASSOUPLLSSEMENT. Ce n'est qu'aujourd'hui que Ton comprend reellement quelle in- tluence exerce sur toute la masse Yassouplissement complet de la ma- choire et de l'encolure, et de quelle utilite il est pour la prompte et belle education du cheval. ASSURE. Pour faire comprendre que le cheval trotte bien et est assure, les maquignons normands se servent de cette expression : Ilmeprise la terre qui le parte. ATTACHER (S'). Les resistances que Ton presente au cheval qui s' attache a la main ne doivent pas etre machinalement employees, mais avoir pour but de detruire les forces qu'il nous oppose. L'action de rendre doit sui- _ vre i mmediatement chaque acte '.8 — CADENCE. Plus la nature est avare , plus l'art doit etre pro- digue. CARACOLEK. La fatuite est un hommage rendu au talent par l'igno- ranee. CARRIERE (LA). Les belles maximes peuvent se pratiquer dans l'ombre comme au grand jour. CARROUSEL (le). Les choses nobles stimulent 1'amour-propre et donncnt la ficrte qui convient pour ne pas dechoir. CASSE-COU. Le corps ne doit pas etre la dupe de l'immortalite de Tame. CAVE CON. 11 i'aut cacher soigneusement les instruments tran- chants; ils sont toujours dangereux s'ils tombent dans les mains d'un singe. CENTRE DE GRAViTE. Le jugement ne devrait-il pas toujours premunir lhomme et l'enfant centre les chime-res? CHAMRRIERE. La crinillerie neparle que desagreablement aux sens; l'esprit en est effraye, sans en comprendre davantage. CUANGEMENT DE MAIN. La conscience pure ne redoute pas l'examen. — 249 — CADENCE. La cadence etant un des mouvements les plus gracieux du cheval, l'equitation doit chercher les moyens d'en donner a tous les che- vaux, quelque vicieuse que soit leur nature. Le titre d'ecuyer est a ce prix. CARACOLER. Rien ue fait mieux sentir les difticultes que presente un art que de les voir executer par un ignorant pretentieux. II s'imagine faire ca- racole?' son cheval quand il ne fait que l'extrapasser. CARRIERE (LA). Quel que soit le lieu que choisisse l'ecuyer pour demontrer ses principes, s'il jouit d'une reputation meritee, on courra, pour en- tendre ses lecons, du manege a la carriere, et de la carriere au ma- nege, sans aucune distinction. CARROUSEL (LE). Parmi les exercices, les cai^rousels sont ceux qui font le mieux bril- ler la grace, l'habilete et la noblesse de l'homme. CASSE-COU. On peut, sans etre taxe de poltronnerie, ne pas etre le bourreau de son corps et etre un casse-cou raisonnable. CAVECON. J'ai toujours ete oppose a l'usage du cavecon comme moyen d'as- souplissement pour les jeunes chevaux ; il est inutile pour un homme habile et dangereux dans de mauvaises mains. C'est a cheval que doit s'etendre l'influence du cavalier sur sa monture. CENTRE DE GRAVITE. Coordonner le poids et les forces de maniere a obtenir la regula- rity des mouvements, n'est-ce pas s'occuper du centre de gravite, quand meme ? CHAMRRIERE. La chambriere est une arme dont il ne faut user qu'avec la plus grande discretion ; son usage continuel et immodere produit un mau- vais effet sur le moral du cheval ; elle lui apprend a fuir et a resister. CHANGEMENT DE MAIN. Le cheval bien dresse doit conserver le meme gracieux dans sa position, et la meme facilite dans ses mouvements sur la ligne droile et sur la ligne clu changement de main. — 250 — CHANGEMENT DL MAIN REINVERSE. On doit se tracer un plan de conduite afin de trouver des points de repere pour se rectifier soi-meme. CHASSER SON CHEVAL EN AVANT. Les ressources s'accroissent toujours en raison de la modicite des depenses. CHATIER. L'argument de la brute est dans la force, et celui de la science dans le raisonnement. GHATOUILLER. L'indiscretion irrite la susceptibility des esprits faibles, et se fait mepriser des esprits forts. CHATOUILLEUX A L'EPERON. Les impressions que Ton recoit sont d'autant plus frois- santes qu'on est mal prevenu. CHERCHER SA CINQUIEME JAMBE. Plus on se degage des liens qui rattachenta l'existence, plus elle devient fragile. CHEVAL. II faut traiter comme son egal le fidele serviteur a qui, pour augmenter vos jouissances, vous demandez le sa- crifice de sa vie entiere. CHEVAL DANS LA MAIN. C'est par des consequences successives qu'on arrive a toute la clarte du raisonnement. — 2f>1 — CIIANGEMENT DE MAIN RENVERSE. II faut, dans le chcmgement de main renverse comme dans tous les airs de manege que Ton fait executer au cheval, mesurer de l'ceil le terrain qu'il doit parcourir, afin de donner au travail tout le fini et toute la justesse desirables. CHASSER SON CHEVAL EN AVANT. La gradation dans la pression des jarabes du cavalier menage les forces du cbeval et les siennes propres, parce qu'il reserve pour les occasions une puissance capable de chasser son cheval en avant. CHATIER. Savoir chalier un cheval, c'est savoir le dresser. Pour y parvenir, il faut joindre aux connaissances equestres de Intelligence. Cha- tier un cheval n'est done pas le fait d'un homme ordinaire. CHATOUILLER. L'approche continuelle et involontaire des eperons chatouille des- agreablement le cheval susceptible. Le cheval franc et froid sent bien qu'un insecte le pique, mais il laisse s'emousser son inutile aiguillon. CHATOUILLEUX A L'EPERON. Pour corriger le cheval chatouilkux, il faut se servir des mains et des jambes avec lenteur et progression ; bientot il en appreciera l'effet sans que l'impression lui en soit desagreable. CHERCHER SA CINQUIEME JAMBE. Moins le cheval est en equilibre, plus il est expose aux chutes, sur- tout si le poids de son corps est rejete sur les epaules, ou si, comme on le dit vulgairement, il cherche sa cinquieme jambe. CHEVAL. L'homme qui ne porte pas d'amitie au cheval et n'est pas penetre d'admiration pour ce noble animal, est un homme incomplet. CHEVAL DANS LA MAIN. La distribution du poids et des forces ne s'opere surement qu'avec le cheval dans la main; et c'est a l'aide de cette distribution bien en- tendue que le cheval execute avec precision les plus grandes diffi- cultes de l'equitation. — 252 GHEVAL ENTJEB A UNE MAIN. L'accusateur qui confond les noms et les lieux ne mc- rite aucune confiance. GHEVAL PORTANT BAS. On doit tout i'aire pour conserver sa dignite. CHEVAL PORTANT AU VENT. Si la nature donne des dispositions que la societe re- prouve, l'education doit en supporter les consequences. CHEVALER. Gardez qu'une voyelle a courir trop hatee, Ne soit d'une voyelle en son chemin heurtee. (Boileau.) CHEVAUCHER. 11 ne faut jamais croire la jaclance sur parole ; elle donne souvent comme dune grande importance des choses de peu cle valeur. CHOPPER. Un style neglige jette une grande defaveur sur 1'ou- vrage. COL OU ENCOLURE. La patience et le savoir subjugueront toujours I'esprit rebelle, quelle que soit son opiniatrete. CONDUIRE SON CHEVAL ETROIT OU LARGE. II la Lit passer par toutes les vicissitudes dela vie pour apprecier les avantages qu'elle renferme. — 2^3 — CHEVAL ENTIER A UNE MAIN. La denomination de cheval entier a une main est un non-sens, et la cause de ce vice une erreur. Les auteurs ont attribue a la durete d'une barre ou a une mauvaise conformation la resistance qn'oppo- saient certains cbevaux pour tourner d'un cote, tandis que le man- que de souplesse en etait la veritable cause. CHEVAL PORTANT BAS. Cette position, qui retire au cbeval sa fierte, paralyse aussi ses mouvements ; il faut done mettre a contribution toutes les ressources de l'art pour rendre au cbeval portant bas toute ladignite de son ori- gine primitive. CHEVAL PORTANT AU VENT. L'dcuyer qui laisserait son cheval porter au vent serait octogenaire de fait, malgre son jeune age. CHEVALIER. Les pas de cote, pour etre corrects, doivent etre cadences et separes les uns des autres, de maniere que le pied qui chevale ne toucbe jamais celui qui fait appui. CHEVAUCHER. Les auteurs modernes ont mis le mot c/ievauc/ier a la mode en lui donnant une seule signification : tandis que les dictionnaires les plus renommes, tout en lui donnant diverses acceptions, le consi- dered comme un vieux mot use. CHOPPER. Quelque beau que soit un cheval, s'il a pour defaut de chopper, il perd une grande partie de sa valeur. COL OU ENCOLURE. Quelle que soit la roideur de Vencolure, elle ne resistera pas cinq minutes a l'emploi bien combine des effets de tact d'un cavalier habile. CONDUIRE SON CHEVAL ETROIT OU LARGE. II suffit de bien exercer les forces du cheval en tons sens pour etre aspurt! de le comduire facilement etroit on large. — 2S4 — (XWF1RMER UN CHEVAL. On ne doit admirer un nom que quand eelui qui le porte s'en est rendu digne. CONTREDANSE. La gaiete qui a pour compagne la raison, a le double avantage de plaire et d'instruire. CONTRE-CHANGEMENT DE MAIN (LE) . La ruse n'est admissible que quand elle a pour but de surprendre et non de tromper. CONTRE-TEMPS. Les passions franchissent tous les obstacles jusqu'a ce qu'elles ecoutent la voix puissante de la raison. COUCHER (Sli). La paresse conduit a 1'oubli de soi-meme et rend im- propre aux actions energiques. COUP DE HACHE. Qui etes-vous pour imposer votre domination? COUPER (SE). Le mensonge qui se montre a decouvei t compte sur l'ignorance ou la simplicity. COURBETTE (EA) . Le faste aime la superfluite que la simplicity de- daigne. — 255 — CONFIRMER UN CHEVAL. Si con firmer un cheval est terminer son education, il taut, avant de lui donner ce titre, s'assurer s'il est bien digne de le porter. GONTREDANSE. Pour bien executer les contredanses equestres, il faut, pour con- dition premiere, que le travail du cheval soit regulier et les figures des quadrilles executees en mesure. G'est alors que les contredanses joindront a l'agrement qu'elles procurent, 1'avantage d'apprendre a bien manier son clieval. CONTRE-CHANGEMENT DE MAIN (le). Les contre-changements de main n'auront rien de penible pour le cheval, s'il passe d'une jambe sur l'autre sans confusion ni contre- temps. CONTRE-TEMPS. Les forces du cheval, mal coordonnees, s'entre-choquent entre elles et donnent naissance au contre-temps ; l'assouplissement est le seul remede pour leur donner tout Tensemble desirable. coucher (se). Le cheval qui se jette sur les jambes du cavalier, au point de se coucher dessus, n'est certainement pas un cheval d'action. II serait impossible d'en tirer un bon service, s'il ne passait par une serie d'exercices habilement concus et bases sur une theorie methodique. COUP DE hache. La forme d'encolure designee sous se nom de coup de hache n'est pas un obstacle a la bonne position de cette partie; mais, pour etre sur d'y parvenir, il ne faut entreprendre cette tache difficile qu'apres avoir acquis la conscience de son habilete. couper (se). L'action de se couper est generalement un signe de faiblesse chez le cheval. II faut etre bien peu clairvoyant pour ne pas s'en aperce- voir. , COURBETTE (la). Jusqu'a ce que les ecuyers aient bien prouve ce qu'ils entendent par equilibre, et ce qui le constitue, ils ne trouveront pas mauvais que j'eleve des doutes sur l'utilite des courbettes, puisque, selon moi, elles tendent a eloigner le cheval de la belle position, sans laquelle il n'est rien de juste ni de combine. — 23G — COURSE. La volubility du langage est souvenl nuisible pour soi et plus souvent incomprehensible pour les autres. COURSES AU CLOCHER. C'est empieter sur les decrets supremes que d'exposer son present et son avenir, au mepris de la nature et des arts. COURSES DE 15AGUES. Le plaisir, qui slimule et rend entreprenant, retire ses , largesses quand on depasse les bornes. COCSU. L'ame forte est a l'epreuve des revers. CKAVACHE. L'abus gate tout ce qu'il touche ; la prudence tire avantage de tout ce qu'elle possede. CROUPADE. L'enfance a ses etourderies, et les siecles leurs fai- blesses. CROUPE AU MUR. A defaut d'yeux, le sentiment trace une route facile a suivre. CROUPIERE. On doit se dispenser des particularites, si elles sont blessantes et sans utilite reelle. — 237 — COURSE. Quoique les amateurs de chevaux vantent l'utilite des courses pour le perfectionnement des races, je la revoque en doute pour les che- vaux dont on se sert journellement. Cette vitesse ruine tous ceux qui y sont sacrifies, et est tout au plus bonne a faire ouvrir de grands yeux aux indifferents. COURSES AU CLOCHER. Les cowses au clocher sont une des folies de nos voisins d'outre- mer. II me semble que notre manie d'imitation anglicane aurait pu mieux trouver. Ces tours de force, sans interet pour Fart hippique, sans utilite pour la science equestre, ne sont bons qu'a servir de piedestal a la vanite, ou a satisfaire la cupidite des heritiers. COURSES DE RAGUES. L'avantage, entre deux joueurs d'une egale force, reste toujours a celui qui, stir de son adresse, ne se hate pas. Les courses de bagues sont, au surplus, un puissant motif d'emulation. cousu. Heureux celui qui joint a une bonne disposition physique un moral bien trempe; il suivra, sans vaciller, les mouvements du cheval, et paraitra cousu surla selle. CRAVACHE. II en est de la cravache commc de tous les moyens coercitifs : il faut savoir saisir le moment de son application; du reste, l'eperon doit avoir sur elle une preference marquee, puisqu'il fait partie des moyens d'aides et qu'il agit plus directement sur la masse. CROUPADE. La croupade est un saut de gaiete familier aux jeunes chevaux. Les de Labroue, de Pluvinel et de Lagueriniere n'avaient rien trouve de mieux que de passer leur temps a contraindre le cheval a executer ces airs releves. Respect aux anciens ! CROUPE AU MUR. Le cavalier qui sent toutes les positions de son cheval contien- dra sa croupe a la meme distance du mur, tout en conservant une direction juste aux epaules. CROUPIERE. Les inconvenients qu'entraine l'usage de la croupiere ne sont pas compenses par les avantages qu'elle procure. Le culeron blesse ou fait ruer quantite de chevaux; il faut done, autant que possible, ne pas en embarrasser 1'animal. 17 — 258 — CRU (MONTER A). On doit respecter la simplicite primitive des arts, car le present est fils du passe. DEBOURRER UN CHEVAL. Heureux si le temps fait revenir sur de fausses idees ! DEFENDRE (SE). L'etude des physionomies apprend a dejouer les mau- vaises pensees. DEFENDRE (LES CHEVAUX NE PEUVENT SE DEFENDRE SANS UN TEMPS D' ARRET PREALABLE). Le choix n'est pas douteux entre l'instinct qui , machi- nalement, divulgue les secretes manoeuvres, et le raison- nement qui ne les dejoue qu'apres avoir failli en etre la victime. DFlLIBERER UN CHEVAL. La morale est surtout profitable lorsqu'elle est faite en temps opportun. DEMANDER. Lebonheur consiste a se contenter de peu. DESARCONNER. On est etranger a tout bon sentiment quand, sans mo- tifs plausibles, on se degage de l'intimite. — 259 — CRU (MONTER A). Xenophon est im des premiers cavaliers celebres qui aient monte le cheval d cm. Si le pere de l'equitation avait eu des selles a la Theurkauff, il est probable qu'il aurait domic plus de brillaut a sa tenue et plus de delicatesse a ses mouvemeuts. DEBOURRER UN CHEVAL. Je crois avoir suffisamment prouve que les moyens dont on s'etait servi jusqu'a present pour debourrer un cheval sont impropres. J'es- pere qu'enfin on ouvrira les yeux et qu'on cessera d'etre en dis- accord avec des animaux aussi intelligents. D^FENDRE (se). L'ecuyer veritable doit, d'apres les resistances du cheval, savoir quelles sont ses defenses et en prevenir l'execution. DEFENDRE (LES CHEVAUX NE PEUVENT SE DETENDRE SANS UN TEMPS d' ARRET PREALABLE). Toutes les defenses des chevaux sont precedees d'un cliangement de position, puis d'un temps d'arret; l'ecuyer qui ne sait pas saisir ces changements devient naturellement le jouet du cheval, qui bientut en fait sa victime. DELIBERER UN CHEVAL. Deliberer un cheval, c'est employer avec a-propos les moyens qui contribuent a lui faire prendre immediatement et avec regularite telle ou telle allure. DEMANDER. Le cheval execute d'autant plus facilement un mouvement qu'il lui a et^ demande avec discretion. DESARCONNER. A moins d'un cas tout a fait imprevu, on n'est pas cavalier quand on se laisse desarconner par quelques ruades ou autres mouvements tout aussi faciles a suivre. 17. — 200 — DESCENTE DE MAIN. L'amour veritable se contient avec un fil; la passion desordonnee rompt les liens les plus forts. dEsesperade. II faut se mettre en garde contre les caprices du sort, ou croire a la fatalite. D^SUNI. Ne pas savoir se dominer entierement est une victoirc incomplete. « DETACHER LA RUADE. Le malavise qui repond a vos procedes par des imper- tinences na nul droit a vos egards. DETERMINER UN CHEVAL. Une resolution ferme detruit promptement les mauvais germes d'une nature vicieuse. DETRAQUER UN CHEVAL. Pour elre bien compris, il faut parler distinctement. DEVIDER. II faut concentrer toutes ses pensees pour se livrcr avec succes aux etudes serieuses. DOMPTER ON CHEVAL. II faut de la superiority pour imposer anx autres, et avoir de l'empire sur soi-meme pour n'en pas abuser. DONNER LA MAIN. Les faux amis profiteqt de vos faiblesses pour vous Iraliir. — 261 — DESCENTE DE MAIN. Le cheval qui conserve une legerete constante, meme avec unc descente de main, est dans un equilibre parfait ; celui qui nc prend celte belle position qu'acciclentcllement, passe souvent de la legerete a des resistances que ne peuvent vaincre les mors les plus violents. d£sesp£rade. Celui qui veut braver la fougue d'un cheval qui va a la desespe- rade, et ignore les moyens de le maitriser, s'expose a des accidents que le hasard seul peut prevenir. DtfSUNI. Le cheval est desuni quand le mouvement d'une jambe est en di- saccord avec celui des autres jambes. Le cavalier qui ne sent pas l'irregularite de Failure ne peut pretendre au titre d'ecuyer; il doit attendre, pour dresser un cheval, qu'il ait acquis plus de tact ct de sentiment. DETACHER LA RUADE. Le cheval qui, sans provocation indiscrete, detache la made, doit etre severement puni : la meilleure punition est celle qui l'empe- che de renouveler cet acte de defense. DETERMINER UN CHEVAL. II faut une excellente assiette et un mecanisme bien exerce pour vaincre loutes les resistances d'un cheval et le determiner franche- ment en avant. DETRAQUER UN CHEVAL. Jamais le bon cavalier, dont tons les efforts ont pour but d'har- monier les forces du cheval, ne detraquera ses allures. DIVIDER. Si un rassembler exact a precede le travail des deux pistes, le cheval ne pourra decider a l'insu de son cavalier. DOMPTER UN CHEVAL. Non-seulement il faut de l'habilete en equitation pour dompter un cheval, mais il faut encore y joindre beaucoup de sang-froid, afin de trouver dans le calme de son esprit la cause, les effets et les moyens. DONNER LA MAIN. Si le cheval se maintient sans efforts dans une belle position, on peut sans crainte lui donner la main; mais il y aurail de l'imprudence k en acrir ainsi avec un cheval sur la main. — 262 — DOS DE CARPE, OU DOUBLER LES REINS. La malignity est ingenieuse; il faut, pour n'en pas etre la dupe, dejouer ses projets hostiles, a leur premier signe d'existence. DOUBLER. On charme par une conversation variee sans etre dif- fuse. DRESSER. La generosite fait honte a l'avarice ; l'une donne avec grandeur ce qu'elle possede, l'autre convoite ce qui ne lui appartient pas. DBESSER (SE). t La faiblesse qui singe la force est dangereuse, car elle a souvent pour auxiliaire la mechancete. DUR A GU1RE. Quiconque ne sent pas les justes reprimandes qui lui sont genereusement adressees a un mauvais co3ur. EBRANLER SON CHEVAL AU GALOP. Pour ne blesser aucune des susceptibilites du monde exigeant, il faut s'y presenter avec candeur et retenue. tfCART. La vieillesse n'est pas exempte des faiblesses du jeune age. EGHAPPER. La licence a des bornes qu'on ne peut depasser sans danger. — 263 — DOS DE CARPE, OU DOUBLER LES REINS. Les chevaux, pour se debarrasser du cavalier, prenncnt diverses positions, et entre autres celle du dos de carpe. On s'exposerait a en etre la victime si Ton ne detruisait immediatement tout ce que fo- mente leur malignity. DOUBLER. Le cheval suit d'autant plus exactement la ligne du doubler qu'il y a 616 bien prepare par le contour gracieux de ses formes. DRESSER. Pour obtenir un dresser parfait, Pecuyer veritable utilise toutes ses connaissances; celui qui n'en a que le titre ne peut briller qu'en detournant a son profit le talent des autres. DRESSER (SE). Les chevaux ne se dressent un moment que pour se porter en avant avec energie ; les chevaux faibles, au contraire, ne prennent cette position que parce que l'arriere-main manque de force pour chasser la masse en avant. DUR A CUIRE. On ne peut espdrer un service agrdable du cheval qui reste in- sensible a de violentes attaques ou qui est dur a cuire. ET5RANLER SON CHEVAL AU GALOP. I/ecuyer qui sait bien ebranler un cheval au galop sait le rassem- bler. Cette derniere condition obtenue, le cheval continuera gra- cieusement la cadence de cette belle allure. ECART. Les jeunes chevaux s'eloignent souvent, par des ecarts, des objets qui les effraient; les vieux chevaux, quoique moins sujets a ces mouvements brusques, s'y livrent encore quelquefois. tfCHAPPER. II y a toujours du danger a laisser e'chapper son cheval, surtout a une allure acceleree. II faut laisser cette insignifiante bravade aux fous et aux casse-cou. — 21 ii — gCOUTEB SON GHEVAL. II ne taut pas chercher a detourner les pensees qui donnent le bonheur, quelle qu'en soit la source. ECOUTEUX. II faut scruter le coeur humain jusqu'a ce qu'on ait ren- contre les qualites qui peuvent s'y trouver. L^CUYER. Celui qui manque a ses engagements d'honneur est d'autant plus criminel qu'il est certain de ne pas etre tra- duit en justice. Education raisonn£e du cheval. Le mal est grandement compense par le bien, si Ton apprecie ce dernier dans toutes ses nuances; mais, faute de reflexion, il nous ecbappe, le mal seul nous reste. EFFETS. Accepter dignement le malheur, c'est se grandir. C'est retrecir l'intelligence que de la restreindre a la seule ana- lyse des cboses. £garer la bouche d'un cheval. II y a folie ou mauvaise foi a rendre la chastete res- ponsible du metait qu'on lui inflige. ELARGIR UN CHEVAL. On gagne a prolonger les moments qui concourent au bonheur. EMBOUCHER UN CHEVAL (BIEN) . Les sujets de plaintes ne doivent pas rendre injuste ; Phomme de tact sait quel langage il convient de tenir pour ne blesser aucune susceptibilite. — 265 — ECOUTER SON CHEVAL. II suffit de blen ecouter son chev.il pour eviter d'apporter le moin- dre changement dans le travail qu'il execute avec facilite. Le cavalier qui possede ce sentiment merite deja une mention honorable. ECOUTEUX. G'est en tatant son cheval que Ton parvient a trouver la corde sen- sible et vibrante qui donne de la franchise aux allures et fait dis- paraitre promptement son caractere ecouleux. tfCUYER. Je voudrais que le prestige de l'ancienne chevalerie put rejaillir sur celui que son talent fit decorer du titre d'ecuyer. EDUCATION RA1SONNEE DU CHEVAL. ^education du cheval, habilement raisonnee, procure une foule de jouissances; mais si les moyens pratiques sont embrouilles, le plaisir s'envole et l'edueation est a refaire. EFFETS. On doit scruter dans les plus petits details tout ce qui peut con- tribuer et entretenir la sante du cheval. Mais, pour l'art et la science, on ne doit pas se laisser entrainer trop loin. Car, souvent, la suc- cession multiple des effets fail perdre de vue la cause qui les pro- duit. Roarer la rouche d'un cheval. G'est en demandant au cheval des choses impossibles, e'est en contraignant peniblement toutes ses parties agissantes, qu'on le desespere au point de le rendre dangereusement mechant : on egare ses forces, son esprit, mais sa bouche reste intacte. ELARGIR UN CHEVAL. Savoir elargir un cheval, e'est savoir le diriger et commencer a trouver la clef des jouissances equestres. EMROUCHER UN CHEVAL (RIEN) . II faut bien se garder d'augmenter la durete du mors en propor- tion des resistances du cheval. Bien emboucherun cheval, e'est placer dans sa bouche le mors le plus douxavec les proportions expliquees dans le Dicthmnaire raisonne. — 266 — EMBRASSER SON CHEVAL. L'intimite nest durable que par ses nombreux points de contact. EMPORTER (S'). Une premiere faute en entraine d'autres a sa suite ; on s'en apercoit dans le danger, mais il est trop tard. ENCAPUCHONNER (s'). Si les impressions de l'ame se refletent sur la physio- nomie, il taut s'appliquer a en saisir toutes les nuances. ENFONCER LES EPERONS DANS LE VENTRE DU CHEVAL. La force qui n'est pas moderee par la raison perd les avantages qu'elle possedait auparavant. ENJAMBEMENT. Reparer les erreurs de sa jeunesse est le propre d'un coeur droit et d'un esprit intelligent. ENSEMBLE. L'esprit est un arsenal ou Ton doit trouver au besoin les armes propres a sa defense. ENTABLER (s'). L'absence de sentiments rend insensible aux bonnes actions. ENTAMER LE CHEMIN A DROITE. L'accomplissement d'une bonne action fait bien augu- rer des sentiments pour favenir. — 267 — EMBRASSER SON CHEVAL. L'adherence de la partie laterale interne de la cuisse du cavalier lui donne les moyens de suivre les mouvements du cheval, et la science lui indique ceux pour le diriger. EMPORTER (S'). Des forces mal harmonisees rendent les efforts du cavalier impuis- sants quand il plait au cheval de s'emporter. Les harmoniser est le seul moyen d'assurer votre domination. ENCAPUCHONNER (s'). Les clievaux, pour nous resister, outre-passent toujours la posi- tion qui leur est naturelle ; -ainsi le cheval qui a l'encolure rouee s'encapuchonne et paralyse ainsi les effets du mors ; le cavalier doit etre apte a dejouer cette ruse, qui pourrait lui devenir funeste. ENFONCER LES EPERONS DANS LE VENTRE DU CHEVAL. Quelque vigonreux que soit le contact des eperons avec les llancs du cheval, ils doivent toujours avoir la main pour auxiliaire ; dans le cas contraire, la force d'impulsion qu'ils communiquent tournerait a l'avantage du cheval. ENJAMBEMENT. Ne pas suivre la filiere des exercices, c'est s'exposer a ne faire qu'un tout incomplet. Heureux le cavalier qui apprecie sa faute et repare cet enjambement par un travail mieux entendu et plus ra- tionnel. ENSEMBLE. C'est par Yensemble que donne l'accord des poignets et des jambes qu'un cavalier peut dejouer les defenses instinctives ou premeditees du cheval, et le conduire insensiblement au fini de l'education ENTABLER (s'). Le cheval est dit s'entabler lorsque, dans le travail de deux pistes, la croupe precede les epaules. Le cavalier qui n'a pas le tact equestre assez developpe pour sentir cette fausse position doit rester sous la tutelle du professeur. ENTAMER LE CHEMIN A DROITE. Le cavalier qui sent bien sur quel pied son cheval entame le galop se rendra facilement compte des changements qui peuvcnt survenir dans le jeu de ses membres pendant le cours de son travail. — 268 — ENTRER DAHS LES COINS. II y a presomption a vouloir juger un homme sur une particularite. ENTRETENIR. L'amour qui vous oblige a le surveiller n'inspire pas de confiancc. EPAULE EN DEDANS (l). Le merite d'une ocuvre peut faire excuser la pretention de rauleur. EPERON. C'est au detriment de la raison et de la justice que la forme I'emporte sur le fond. EQUITATION (l') . La consideration que Ton doit a la vieillesse n'oblige point a partager ses erreurs ; on doit se servir de son experience pour discerner le mensonge de la verite et s'elancer vers le progres de toutes ses forces. ESRRILLADE. Le temps fait toujours justice des erreurs accreditees; son jugement est lent, mais irrevocable. ESCAPADE. Une elourderie de jeunesse n'est pas toujours sans consequence. - 269 — ENTRER DANS LES COINS. L'ancienne equitation attuchait une grande importance a bien faire entrer le cheval dans les coins. Je pense qu'on peut mieux juger de l'habilete da cavalier sur une ligne droite, parce que c'est la seu- lement qu'il pourra executer la plus grande difiiculte equestre, le rassembler. ENTRETEN1R. Le clieval dont il faut sans cesse entretenir Taction n'en a pas assez par sa nature pour rendre jamais un service agreable. EPAULE EN DEDANS (l'). Quoiqu'il paraisse simple de faire executer Vepaule en dedans a un cheval, il faut bien se garder d'entreprendre cette difficulte avant d'avoir surmontt; celles qui en presentent moins. EPERON. Presque toute la cavalerie de 1'Empire portait de longues branches d'e'perons; apres elle, vinrent les marchands de calicot qui en aug- menterent encore la longueur. Comme les premiers dressaient pen de chevaux et que les seconds n'en montaient jamais, on pouvait sans crainte leur laisscr ce ridicule de l'epoque. Le Dictionnaire rai- sonne a donne, pour la longueur des branches, des dimensions que la raison et le talent se sont empresses d'admettre. Equitation (l'). L'art de 1 'equitation etait reste longtemps stationnaire ; il fallait le detacher de cette filiere de principes faux et confus transmis de pere en fds ; il fallait transformer ce labyrinthe en une route droite et bien tracee. Quoi qu'il en coute pour faire adopter une nouvelle doctrine, on doit la propager, sans crainte des obstacles qu'elle ne manquera pas de rencontrer. ESBRILLADE. Depuis longtemps la bonne equitation ne se sert plus de mouve- ments brusques; elle a compris que Vesbrillade etait en dehors de toute instruction raisonnee. escapade. Les escapades ou sauts de gaiete auxquels se livrent les jeunes che- vaux peuvent degenerer en defenses, si on ne les arrete des le prin- cipe. — 270 — ESCAVECADE. Le bourru heurte tout ce qu'il rencontre : aussi est-il peu ecoute ou tourne en ridicule. ESSAIS. Que de deceptions avant de trouver un ami veritable ! en chercher deux serait de la presomption. ESTRAPADE. Nos ai'eux ont transmis leurs badinages sans songer a l'abus qu'on pourrait en faire. ETR1ERS. Ne s'appuyer que sur autrui, c'est se creer des decep- tions. EXTRAPASSER. Le sot orgueil compromet tout ce qu'il touchc et pa- rodie les plus nobles actions. FACONNER UN CHEVAL. La culture bien entendue embellit la nature ; mal com- prise, elle la deteriore. — 271 — ESCAVECADE. Le cavalier qui sans raison applique cMtiment sur chatiment abrutit son clieval ou l'exaspere ; quel que soit le resultat de 1'esca- vepade, il est toujours au desavantage de son auteur. ESSAIS. II serait curieux de raconter tous les essais auxquels je me suis livre. Les uns ont reussi, les autres ont echoue. C'est quand la ve- rite a jailli que mon esprit s'est trouve satisfait, et que je l'ai com- munique^ au public. ESTRAPADE. L'ancienne equitation contraignait les chevaux a executer des estrapades a la vue de certains gestes. Les singes modernes ont voulu imiter ces innovateurs ; mais s'ils n'ont rien fait pour la science, ils ont, en revanche, coopere a la ruine des chevaux. ^TRIERS. La solidite a cheval doit etre le resultat d'un juste emploi de toutes les forces du cavalier, et non de l'appui exerce sur les etriers. Leur usage ne doit avoir d'autre but d'utilite que de soutenir et de soulager les jambes. EXTRAPASSER. II est pardonnable de ne pas savoir tirer parti d'un cheval et de le suivre a la grace de Dieu; mais il faut etre bien imprudent pour pretendre a une science qu'on ne possede pas. Aussi ces cavaliers extrapassenl-ils leurs chevaux en cherchant a imiter ce qu'ils ont vu faire habilement. Savoir qu'on ne sait rien, denote deja quelques connaissances ; mais croire qu'on peut beaucoup, est le fait du genie ou du creti- nisme. FACONNER UN CHEVAL. Les moyens employes pour faconner un cheval peuvent avoir d'heureux ou de facheux resultats, selon que l'ecuyer est habile ou ignorant. Le premier aide et embellit les mouvements du cheval ; le second contrarie et paralyse meme ses dispositions naturelles. 272 FAIRE LA REVERENCE. Un esprit bien trempe a peii de f'aiblesses. FAIRE VALOIR UN CHEVAL. Rehausser le talent des autres, c'est augmenter le sien pro pre. FAIT (LE CHEVAL). Jl i'aut une experience bien acquise pour ne pas retom- ber dans les folies du jeune 3ge. FALCADE (LA). Tout ce qui reluit n'est pas or. FAiNTAISIE. Heureux si le present n'est pas aux depens de l'avenir! FAROLC1IE. On attribue souvent a des defauts naturels des vices qui ne sont dus qu'a une mauvaise trequentation. FAUX. Les mauvaises intentions sont toujours visibles a l'oeil exerce. FERME. La justesse et la rapidite des pensees n'appartiennent quaux intelligences superieures. — 273 — FAIRE LA REVERENCE. II n'est pas de bon cheval qui ne choppe, dit un vieux proverbe ; cependant un cbeval d'action et bien proportion^ sera moins sujct a buter ou a faire la reverence. FAIRE VALOIR UN CHEVAL. L'ecuyer est d'autant plus brillaut sur son cheval qu'il sait mieux le faire valoir, c'est-a-dire donner une harmonie parfaite a tous ses mouvements. FAIT (LE CHEVAL). Si l'education du cheval fait a ete obtenue graduellement, elle ne pourra jamais se perdre entierement; il faudrait, pour revenir a son ignorance premiere, qu'il passat par gradation inverse, ce qui est de toute impossibility. FALCADE (LA). II est toujours a craindre que la falcade ne s'obtienne qu'au detri- ment de l'organisation du cbeval, ou que, pour y parvenir, on n'ait sacrifie des cboses essentielles au fmi de son education. FANTAISIE. II faut un cavalier experimente pour ne pas laisser les fantaisies du cbeval se perpetuer et degenerer en defenses ; le succes depend des premieres lecons. FAROUCHE. II ne nait point de cbevaux farouches ; ce defaut est contre la na- ture propre du cbeval ; mais, approcbes sans management, rudoyds, battus, effrayes, les chevaux cbercbent naturellement a eviter l'bomme d'aussi loin qulls l'apercoivent. FAUX. II est peu de cavaliers capables de seutir immediatement sur quel piod le cbeval galope ; mais il n ? en est pas qui, a pied, ne voient si un cbeval est faux et n'en temoignent leur improbation. FERME. Pour qu'un cbeval parte au galop de pied ferme, il lui faut une action premiere, des banches et des jarrets sobdement construits; il lui faut encore, et par-dessus tout, un cavalier doue d'un puis- sant ensemble de moyens d'aide. 18 — 274 — FERMER. Les coeurs ne s'eteignent au vrai sentiment qu'apres avoir ete le flambeau du bonheur. FIER. Les hommes ont leurs defauts et les animaux leurs qualites. FILET. II faut toujours s'adjoindre un ami qui, plus que vous- 1 meme, veille a votre surete. FIN. Ce que Ton concoit bien s'exprime clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisement. (Boileau.) FINGARD. 11 faut laisser vieillir lejugement de la jeunesse, pour qu'ensuite elle rajeunisse nos vieilleries. FINIR UN CHEVAL. Une confidence n'a de merite qu'autant qu'elle est en- tiere. FONDS. L'education peut donner quelque relief a une nature in grate, mais rien n'est comparable aux dispositions na- turelles. FORCER LA MAIN. On doit contenir dans les bornes du respect l'etourdi qui s'emancipe a la premiere licence qu'on lui permet. — 275 — FERMER. M. de la Gueriniere entendait par fermer, le dernier pas de cote" qui terminait un air de manege ; partant de la, quelques dcuyers ont designe tout le travail de deux pistes par le mot de fermer. Cette corruption de langage rend la demonstration confuse ; car l'eleve doit naturellement faire cette reflexion : Quand et comment ouvre- t-on un changement de main? FIER. Le cheval fier est celui dont toutes les formes se deploient avec grace et ^nergie ; il devient alors un objet d'admiration. Dans l'espece humaine, la fierte ne peut etre admiree que par la sottise, dont elle est la sceur. FILET. J'ai dit pourquoi il fallait se servir du filet accompagnant le mors de la bride, parce que son effet plus direct sert a combattre les resistances locales. FIN. Le cheval fin appreciera les moindres mouvements du cavalier et repondra avec prestesse a ce qu'il lui demandera. FINGARD. Le Dictionnaire raisonne, d'accord avec les dictionnaires francais, a remplace le mot fingard par celui de ruminque, en indiquant de plus les moyens de repression. FINIR UN CHEVAL. Finir un cheval est la recompense du veritable ecuyer. FONDS. On peut, par l'education et une hygiene bien entendue, donner a un cheval les moyens de resister a la fatigue ; pourra-t-il jamais va- loir celui qui, par sa nature, a ce que l'on appelle du fonds? FORCER LA MAIN. Forcer la main est le fait d'un cheval non equilibre. Pour etre leger a la main, le cheval doit avoir la machoire mobile ; l'assouplisse- ment du corps peut seule la lui donner. 18. — 270 — FORCES (FAIRE DES). L'adresse profile avec raison de tous les stratagemes pour echapper a la violence qui la tient emprisonnee. FORCES INSTINCTIVES. Jouez, sautez, mes enfants, et les bienfaits de Dieu saccompliront. FORCES TRANSMISES. On reste avec la nature, quand on a pour egide ses immuables lois. FORGER. Les egarements de I'esprit sont dus le plus souvent a la mauvaise frequentation. FOUGUEUX. 11 y a souvent un coeur excellent sous une enveloppe grossiere, et Ton est bien pave des concessions momen- tanees qu'on lui a i'aites. FOLLE. Une societe bien clioisie contribue au bien-elre. FODHN1R LA CARRIERE. Pourlenir beaucoup, il est prudent de peu promeltre. I REIN. La fortune n'exclut point la bienseance. — 277 — FORCES (FA1RE DES). Les cavaliers, en general, s'occupent si peu des positions que comporte tel on tel mouvement, qu'elles sont souvent fausses. II n'est pas etonnant que, pour se soustraire a la volonte du cavalier, le cheval cherche a faire des forces. FORGES INSTINCTIVES. L'education du cheval doit modifier la direction des forces ins- iinctives pour les harmonise r. FORCES TRANSMISES. Les forces transmises sont provoquees par le cavalier qui a su mo- difier les facheuses consequences d'une mauvaise construction, en exploitant la trop grande force de certaines parties au benefice des plus faibles. II est evident que les forces transmises sont les forces equilibrees. FORGER. Si le cheval ne forge que par suite de son etat d'abandon, le cava- lier en est responsable, car, par l'equilibre, il peut rectifier les mauvaises positions qui sont la cause du contact des fers. FOUGUEUX. Le cheval fougueux est tres-sensible aux mauvais traitemenls ct s'en irrite avec toute la violence de son caractere. II sufiit de savoir s'y prendre pour transformer sa fougne en docilite durable. FOULE. Autrefois les cavaliers etablissaient des rapports d'intelligence avec les chevaux; et, au lieu de les extenuer aux courses, steeple-cha- ses, etc., etc., ils les reunissaient dans l'enceinte d'un magnifique manege et leur faisaient executer tout ce que la foule comportait de mouvements precis et gracieux. Le bien qu'ils en retiraient pour eux-memes etait incalculable. FOURINIR LA CARRIERE. « Qui veut voyager loin menage sa monture. » C'est ce vieux proverbe qu'il faut mettre en pratique quand on tient a fournir sa carriere. FREIN. L'usage immodere du frein rend l'homme indigne du cheval et de lui-meme. — 278 — FREIN (MACHER SON). Un bieni'ait n'est jamais perdu. FUIR LES HANCHES. Les ressources du cceur sont inepuisables, mais Tabus en tarit la source. GALOP. La nature retire ses prodigalites a quiconque en abuse. GALOP GAILLARD. Remets a demain ce que tu ne peux expliquer aujour- d'hui. GALOPADE. II peut convenir de s'elever, mais jamais aux depens des autres. GALOPER PRES DU TAPIS. II faut se roidir contre l'adversite. GASPILLEUR D'lDEES. On deshonore une rose en l'effeuillant ; le parfum dis- parait, en meme temps que la tige dedaignee vous reste dans la main. GAIN ACHE. II ne faut pas changer les noms des choses, mais bien les sottises qui s'y rattachent. — 279 — FREIN (MACHER SON). Quand il y a opportunity clans les effets du mors, le cheval tenioi- gne son contentement en mdchant son frein. FUIR LES HANCHES. Rien n'est plus gracieux que de faire fair les handles a un cheval. G'est l'ensemble des aides du cavalier qui cnleve le cheval; mais c'est aussi leur disaccord qui le transforme en masse inerte. GALOP. C'est au galop que le cheval developpe le plus gracieusement ses formes; mais il ne faut pas trop prolonger cette allure, car la fatigue affaiblirait l'elasticite des ressorts, et bientot il ne resterait plus du galop que l'ombre. GALOP GAILLARD. L'aphorisme du galop gaillard s'explique de lui-meme. J'aurais du ajouter que ces mots inutiles devraient etre exclus des diction- naires, ou Ton passe son temps plutot a feuilleter qu'a lire. (Voyez Pas.) GALOPADE (LA). Plus le galop est cadence, plus il est gracieux; mais il ne faut pas que cette galopade, donnee par l'art, soit au detriment de l'ar- riere-main du cheval. C'est en vivifiant tout en meme temps que l'art deploie toute la puissance de sa fecondite. GALOPER PRES DU TAPIS. L'art n'est vraiment utile que pour soulager les natures incom- pletes : un bon ecuyer pourra facilement elever du sol le cheval qui galope pres du tapis. GASPILLEUR D'TD^ES. Si la reflexion donne des idees justes, l'irreflexion ne doit pas les gaspiller. GANACHE. La ganache est l'espace entre les deux branches du maxillaire. C'est a tort qu'on a avance que lorsqu'il est trop retreci, il est plus difficile de ramener le cheval. Tous les chevaux, ai-je dit, peuvent etre ramenes, et par consequent mis dans la main. — 280 — GAULE. L'homme sans prej uges hante le pauvre comme le riche. GOURMANDER UN GHEVAL. L'esprit de taquinerie manque souvent d'a-propos et indispose tout ce qui l'approche. GOURMETTE. II faut toujours etre en garde contre les caprices du sort. GOURMETTE (FAUSSE). Sans les petits, les grands seraient sans force. (iOUTER LA BRIDE. La modestie use avec moderation de ses avantages et se trouve rehaussee par le fait meme de sa discretion. GOUVERNER SOiN GHEVAL. La mouche qui terrasse le lion est Texemple de la fai- blesse subjuguant la force par son cote faible. GRAS DE JAMBE. On peut attendre au lendemain si Ton est porteur de mauvaises nouvelles ; mais si elles sont agreables, il faut s'empresser de les annoncer. GUEULARD. C'est par le raisonnement qu'on arrete la force bru- tale. — 281 — GAULE. La seule difference qui existe entre la gaule et la eravache, c'est que l'une etait en bouleau, tandis que l'autre est en bois et en ba- leine recouverts d'un fil cire. Leur usage et leurs effets sont les rnemes. GOURMANDER UN CHEVAL. Les gens dont la main n'est pas plus stable que la tete gourmandent leurs chevaux sans raison ou pour de legers motifs. C'est alors que les chevaux repondent par des manifestations hostiles au joug insup- portable qui les tourmente sans cesse. GOURMETTE. De la disposition de la gourmette dependent les effets du mors. 11 faut non-seulement qu'elle soit bien placee, mais encore qu'elle soit solide, pour ne pas se rompre dans les resistances violentes qu'op- pose le cheval non assujetti. GOURMETTE (FAUSSE). La fausse gourmette a pour propriete d'assujettir les branches du mors de maniere que le cheval ne puisse les saisir avec ses incisives. Sans cette precaution , le mors serait sans effet pour arreter le cheval, qui, a juste titre, prendrait le mors aux dents. GOUTER LA BRIDE. Le cavalier qui sait graduer ses effets de force amenera promp- tement le cheval a goider la bride et rendra tous ses mouvemenls faciles et gracieux. GOUVERNER SON CHEVAL. Le cavalier ne gouvernerait qu'imparfaitement son cheval s'il de- vait lutter de force avec lui. C'est par des effets de tact insensible- ment gradues qu'on paralyse les forces du cheval et qu'on fait d'un animal formidable un glorieux esclave. GRAS DE JAMBE. On entend par gras de jambe la partie qui impressionne les flancs du cheval. Si son bon emploi sert a le subjuguer, sa forct: mal trans- mise produit souvent l'effet contraire. Pauvre cavalier, pauvre cheval ! GUEULARD. On appelle gueulard le cheval qui resiste aux effets du mors en ou- vrant la bouche et en la contractant. II n'y a pas moyen de detruire ce vice quand on en rend la bouche responsable. J'ai suffisamment demontre que la mauvaise construction generale du cheval en est la cause, et j'ai donne les moyens d'y remedier. 282 GUINDfi. On doit eclairer l'ignorance et mepriser l'arrogance. H HAQUENfiE. Piedestal du foyer ou certains batards prirent nais- sance. HAGARD. La defiance ne peut arriver a voir les choses sous leur veritable aspect qu'en prenant la raison pour confi- dente. HANCHES (ETRE SUR LES). II ne faut pas oublier ce qu'on se doit a soi-meme et aux autres. HARAS. Les illusions de la jeunesse s'evanouissent peu a peu devant lage mur, et font place a la realite. HARDIES (RRANCHES). L'ignorance conduit a la brutalite — 283 GUINDE\ II est une marche a suivre en equitation, pour rendre Televe qui est fjuinde souple et liant. Quant a celui qui, par systeme, prendune position diametralement opposee a celle que l'art present, il faut l'abandonner, lui et son inepte gloriole. H HAQUENtfE. L'equitation n'etait pas fort en vogue a Tepoque des haquenees, surtout parrai les dames. De toutes les haquenees qui ont figure sous les dames chatelaines, celle d'Agnes Sorel s'est surtout fait remarquer par la beaute de ses formes. La posterite pretend qu'Agnes Sorel ne fut pas insensible aux bontes du roi Charles VII, et qu'entre autres qualites elle eut celle d'etre bonne mere. HAGARD. II n'y a rien dans la nature du cheval qui le porte a etre hagard ; les mauvais traitements seuls lui font contracter ce vice. L'homme spirituel et bon doit detruire ce que l'homme stupide et brutal a fait naitre dans l'esprit du cheval. HANCHES (ETRE SUR LES). G'est une des grandes difficultes de l'equitation que de mettre un cheval sur les hunches; mais e'en est une plus grande encore de sentir le point ou il faut l'arreter. Faute de ce sentiment, le cavalier perd sa puissance et le cheval son energie. HARAS. Nos directeurs et inspecteurs de haras ont fait beaucoup, sans doute, pour l'amelioration de la race chevaline ; mais ils n'ont pu trouver encore un type de chevaux capable de rendre un service utile a la societe. G'est la que devait tendre leur grande experience. Esperons, carle temps est un grand maitre etles hommes de grands enfants. , HARDIES (BRANCHES). Les branches hardies donnaient une puissance plus grande au mors en en rendant la sujetion plus penible au cheval. Toujours des su- jetions penibles! Oh! dame, certainement! Le maitre d'ecole de ce temps-la (1600) ne marchait jamais sans son martinet. — 284 — HAR1DELLE. La nature a ses miseres, et l'homme ses froides raille- ries. HARPER. Une bonne ou une mauvaise education aide ou contra- rie la nature. HARASSER UN CHEVAL. Le bon sens n'abuse jamais de sa superiorite. HAUTE ECOLE. La noblesse est vraiment hereditaire par la noblesse des actions. HOLA. Le laconisme est d'autant mieux compris qu'il est en- tendu plus distinctement. HOMME DE CHLIVAL. II faut etre sur de soi-meme pour imposer aux au- tres. HORS MOMOIR. L'habitude est une seconde nature. HU1T DE CIIIFFRE. Ne revient pas au point de depart qui veut. — 285 — HARIDELLE. On est, en general, sans pitie pour une haridelle, et cependant la faule en est a la nature que nous admirons, ou a rhomme, dont nous proclamons la superiorite. HARPER. Les saecades et les actes de violence d'un mauvais cavalier peu- vent operer une distension des muscles et faire harper le cheval; une bonne education, au contraire, le conserve dans son etat normal. HARASSER UN CHEVAL. Celui qui, sans motif plausible, harasse un cheval, merite d'etre taxe de betise ou de brutalite. HAUTE ECOLE. Les dillicultes de l'equitation, telles que le travail des deux pistes, les changements de pieds en l'air, etc., etc., constituent la haute ecole. Tous les cavaliers font la haute ecole, mais peu savent lui donner la cadence et la regularity desirables; et si ces deux con- ditions ne sont pas exactement remplies, la noblesse du travail dis- parait et son titre est usurpe. IIOLA. II faut eviter de faire entendre trop d'exclamations diverses; elles bourdonnent aux oreilles du cheval et ne le frappent plus distincte- ment. Si le hold est prononce avec opportunite, il sera prompte- ment compris du cheval. HOMME DE CHEVAL. Une des conditions premieres, pour Yhomme de cheval, est la soli- dite : c'est par elle qu'il reste lie au cheval et trouve la puissance de moyens avec laquelle il augmente sa superiorite. HORS MONTOIR. Pour le cavalier non militaire, il n'y a pas de hors montoir. HUIT DE CHIFFRE. Les huit de chiffre se font au pas, au trot et surtout au galop. Le merite de ce travail est de dessiner exactement un huit avec les jambes du cheval. — 286 — INACTION. Le silence est plus puissant qu'on ne pense ; sa force d'inertie apaise la fougue des passions. INDOMPTABLE. L'ignorance et la paresse ont fait accoucher le ciron d'un elephant. INSTINCT. La vanite humaine est insatiable. INTELLIGENCE. La fatuite meconnait chez les autres les qualites qu'elle ne possede qu'imparfaitement. LACHER LA MAIN A SON CHEVAL. Une minute d'imprudence peut compromettre toute la vie. 287 — INACTION. Le travail de V inaction consiste a exercer en place la machoire et l'encolure. C'est a l'aide de ee travail prealable qu'on obtient des effets magiques, et que les chevaux les plus fougueux acquierent en quel- que temps un calme et une souplesse qui les conduisent a une prompte obeissance. INDOMPTABLE. Les ecuyers capables et consciencieux n'ont jamais rencontre de chevaux indomptables ; mais l'ignorance, qui base son savoir sur l'amour-propre, a trouve chez les chevaux mille defauts incorrigibles, tandis qu'en bonne justice ils lui appartiennent en propre. INSTINCT. 11 existe encore des cavaliers qui s'attribuent courageusement les mouvements heureux fournis par ['instinct du cheval, et savent en profiter pour en imposer aux masses ingnorantes. INTELLIGENCE. II suffit d'avoir vu beaucoup de chevaux, d'avoir fait une etude speciale de leur nature, pour reconnaltre qu'ils sont intelligents. Les mille et une actions qu'ils font avec connaissance de cause n'en sont- elles pas une preuve convaincante ? Ils ont moins d' intelligence que l'homme, c'est possible, mais est-ce une raison pour qu'ils n'en aient point? Je ne vois pas quelle humiliation il y aurait pour notre ma- gnifique espece humaine a accorder de ['intelligence aux animaux en general et au cheval en particulier. LACHER LA MAIN A SON CHEVAL. Les plaisirs que procure l'exercice du cheval sont quelquefois pe- rilleux pour les ignorants : aussi lacher la main sur des resistances est non-seulement un barbarisme equestre, mais une imprudence qui rend le cavalier le jouet des moindres caprices du cheval. — 288 — LECON. Le langage sans a-propos est un bavardage en pure perte. LEGER A LA MAIN. Les etais ne sont utiles que pour les constructions vi- cieuses. LOYAL (CHEVAL). Plus la generosite est prodigue, plus il faut de reserve dans l'acceptation de ses dons. LOYALE (BOUCHE). On est injuste et souvent cruel quand l'irreflexion attri- bue a l'un les qualites ou les defauts de l'autre. M MAIN LEGERE. La bnnte, sans discernement, change de noni, — 289 — LEC0N. Connaitre la disposition d'esprit et le degre d'intelligence de 1'eleve doit etre la premiere occupation du professeur; sesconseils, alors, iront droit au but; rnais s'ils sont donnes gdneralement, s'il se contente de les debiter comme un catdchisme, sa lecon sera sans fruit. LEGER A LA MAIN. Les chevaux d'une bonne construction, c'est-a-dire dont toutes les parties s'harmonisent bien entre elles, sont naturellement tigers a la main. Si l'art est inutile pour ces chevaux, il n'en est pas de meme pour ceux que la disposition des formes rend lourds a la main. Donner une meme legerete a tous les chevaux est le but que doit atteindre l'ecuyer et la raison qui fait un science exacte de l'art de l'equitation. LOYAL (CHEVAL). Plus le cheval a de bonnes qualites premieres, plus il faut user de menagements avec lui. Le cheval loyal obeit a tout et devine pour ainsi dire les intentions du cavalier. Aussi est-ce une raison pour ne pas mdsuser de ses forces et ne lui demander que ce qu'il peut faire. LOYALE (BOUCHE). Toutes les bouches sont egalement loyales, mais les constructions que presentent les chevaux sont ditftirentes ; malheureusement on a toujours erre sur la cause, en attribuant a la conformation parti - culiere de la bouche du cheval ce qui n'elait du qu'a la mauvaise disposition de sa charpente osseuse. J'ai deja demontre combien cette erreur, qui s'est transmise jusqu'a nos jours, avait retarde et retardait encore la marche de l'education. M MAIN LEGERE. Quelques cavaliers entendent par main legerecelle quin'oppose que tres-peudc force, quelles que soient la position et les resistances de la tete et de l'encolure. On doit avec justice remplacer cette epithete de leyere par celle de savante. Cela suffira, je pense, pour forcer a la reflexion quelques cavaliers. 19 — 290 — MANAGE. Quelques travers que Ton rencontre dans le cours de la vie, il faut marcher droit son chemin et dire la verite a qui veut l'entendre. MAQUJGNON. La renommee est criarde : il faut, avant de se rendre a ses decrets, s'assurer si ce qu'elle attribue a l'un n'ap- partient pas a 1'autre. MARCHER DROIT. La probite qui biaise suit d'un pas incertain le chemin de l'honneur. MARTINGALE. Plus on arecours aux autres, moins on compte sur soi- meme. MELER UN CHEVAL. Cest une perfidie que d'entraver les bonnes inten- tions. MENER SON CHEVAL SAGEMENT. La justesse du sentiment donne la delicatesse du tou- chiir. — 291 — MANAGE. La routine que Ton a si longtemps suivie en Equitation a 4t6 le plus puissant obstacle a la perfection de Tart. Sortir de la route tracee, renverser les principes qui ont fait ecole, n'est pas chose facile ; mais l'amour du beau et du vrai doit l'emporter sur la crainte de heurter de sots prejuges. Le manege est le forum de l'ecuyer : c'est la qu'il doit convaincre ses auditeurs de la verite" de ses asser- tions. MAQU1GNON. II n'est pas de roi, de ministre, de negotiant, de boutiquier, qui n'ait menti a sa conscience. Les maquignons sont sur une ligne exactement pareille. Pourquoi les accabler de mille epithetes inju- rieuses? Si la reflexion vient a notre aide, nous dirons avec raison qu'il y a des maquignons dans tous les etats. MARCHER DROIT. Le cheval qui n'est pas droit aux differentes allures ne sera jamais parfaitement leger. Dans ce cas, l'harrnonie des mouvements laissera toujours a desirer. MARTINGALE. De toutes les inventions qui rappellent l'enfance de l'equitation, la martingale est une de celles qui ont cache le plus longtemps leur inutilite et leurs inconvenients. J'en demande bien pardon a la bonue foi de mes confreres passes et presents, mais, jusqu'a ce jour, ils ont ete dans l'erreur la plus complete sur ses effets. « Plus nos outils sont ingenieux, a dit Rousseau, plus nos organes devien- nent grossiers et maladroits : a force de rassembler des machines autourde nous, nous n'en trouvons plus en nous-memes. » MELER UN CHEVAL. Les chevaux cherchent souvent a bien faire; mais aussi, malgre leur instinct , ils sont meles dans leurs allures par les exigences outrees de leurs cavaliers. Quand done le savoir viendra-t-il a notre aide pour nous faire prendre la premiere place, que ces modestes unimaux sout si bien disposes a nous accorder ? MENER SON CHEVAL SAGEMENT. Le cavalier mene son cheval sagement lorsqu'il n'exige de lui que ce qu'il peut faire, et le idi demande avec gradation. 19. — 292 — METTRE DANS LA MAIN. II taut faire le bien sans s'inquieter de la clameur des envieux. MEZAIR. Ce qu'on fait par la gloriole est rarement utile pour l'art. MIS. Un service ne doit pas se rendre a demi. MOLETTE. L'homme qui voit grandir sa puissance sans perdre ses qualites de coeur, est un phenomene. MONTER DANS LES PILIERS. La veritable bravoure entre en lice quels que soient ses adversaires. MOMOin. Ou trouver sur terre la verity absolue? — £03 — METTRE DANS LA MAIN. Est-il possible de croire que des dcuyers & reputation eontestent encore l'utilite de la mise en main du cheval ! Qu'ils ignorent les raoyens d'araener tous les chevaux a prendre cette position, on le comprend sans peine, puisque ce nest pas du ressort de l'ancienne equitation ; mais qu'ils ne sentent pas le ridicule de leurs reflexions anti-equestres, la est le probleme. MEZAIR. Le mezair a peu d'utilite pour la science et beaucoup d'inconve- nients pour les clievaux : c'est quand l'ignorance ouvre de grands yeux que la science ferrae les siens ! ! ! MIS. On peut, avec quelques soins, debourrer un cheval, lui donner des allures regulieres et faciles, arriver enfm a une demi-^ducation ; mais il faut une ddlicatesse de tact peu commune pour faire d'un cheval brut un cbeval parfaitement mis : voila l'ecuyer. MOLETTE. C'est en prenantlecontre-pied de tout ce quia etc" ecrit sur l'e^qui- tation que j'ai rencontre juste; j'ai aussi change la forme des mo- lettes a cinq pointes, pour les remplacer par celles a roues avec de petites entailles peu saillantes. On devra done s'en servir sur tous les chevaux, quel que soit d'ailleurs leur etat d'irritabilite' ou d'apathie. MONTER DANS LES P1LIERS. Le cavalier qui monte dans les piliers sur un sauteur en selle rase, et qui, en dehors de ces deux poteaux, tient sur toute espece de chevaux, peut revendiquer a bon droit le titre de solidc cavalier. Celui, au contraire, qui n'a tenu que sur une selle a piqucr, ne peut pretendre qu'a une solidite relative. Inutile de parler de ceux qui ne pratiquent ce dernier exercice qu'en se raccrochant par tous les moyens possibles : leur instruction a cheval est une vraie bouffon- ncrie equestre. MONTOIR. Bien que je me sois fait une loi de definir chaque chose, je n'a? pu encore me rendre compte de la necessite pour les bourgeois de monter plutot a gauche (ou cote montoir) qu'a droite. Quoique eclte explication soit de peu d'importance, on m'obligerait beaucoup en -ne la dormant. — 294 — Q MORS (DU) ET DE SES EFFETS. Les impressions que Ton recoit doivent etre Techo des sensations que Ton fait eprouver. MORS AUX DENTS. L'esclave est-il blamable de briser sa chaine ? N NATURE (MAUVAISE). II est difficile d'arracher les vices avec toutes leurs ra- tines, quelque soin qu'on y mette. NEUF (CHEVAL). L'intelligence la plus heureuse a encore besoin d'un guide 6claire. OBTENIR D UN CHEVAL. Les recherches consciencieuses permettent d'arriver au but. OMBRAGKUX (CHEVAL). L' esprit faible se cree des i'antomes dont il se debar- rasseavec peine. — 295 — MORS (DU) ET DES SES EFFETS. Les moyens indicateurs seront toujours justes, la recompense et le cbatiment arriveront toujours a propos, lorsque les effels du mors augmenteront ou diminueront de puissance, selon les diverses re- sistances du cheval. MORS AUX DENTS. 11 est bien naturel que le cheval evite par tous les mouvements posibles la contrainte a laquelle l'assujettit un indiscret cavalier. L'ecuyer habile saura lui rendre le joug du mors moins penible et lui otera meme jusqu'a l'idee de prendre le mors aux dents. N NATURE (MAUVAISE). On pent, a l'aide de beaucoup d'art, erabellir et donner quelque e"clat a une nature commune ; mais le cheval d'une mouvaise nature ne pourra jamais executer des mouvements aussi gracieux. neuf (cheval). Si le cheval neuf joint a de belles proportions un degre suffisant d'action, son education seraprompte et facile. Est-il besoin d'ajouter que, quelle que soit la nature du cheval, l'ecuyer doit toujours etre choisi parmi les plus capables? OBTENIR 1) UN CHEVAL. Obtenir de tous les chevaux est le fait d'un veritable ecuyer. Mal- heur au cavalier qui, aveugle sur ses imperfections, rend le cheval passible de ses non-succes ! OMBRAGEUX (CHEVAL). Est-ce la conformation vicieuse de l'ceil ou du cerveau qui rend le cheval ombrageux? Quant a moi, j'adopte la derniere opinion; mais, quelle que soit la cause, il sera facile d'en attenuer les effets, si Ton ne peut reussir a les faire disparaitre entiereruent. — 296 — OSCILLATION. On flotte d'erreurs en erreurs avant d'aborder la realite. OUTRER UN CIIEYAL. Le sot en colere abuse de tout. P PALEFROI. Le nom est le souffle de rhomme, la chose est le souf- fle de la nature : le premier s'envole, le second reste. PARTAGER LES RENES. II faut suivre son adversaire dans toutes ses digressions pour le combattre avec succes. PAS (LE). Le calme est indispensable pour la meditation. PAS DE COTE. La science profite des demarches faites a propos. PAS (LE), LE SAUT ET LE GALOP GAILLARD. Les sarcasmes sont de mauvais gout au milieu d'un discours serieux. PASSADE. II faut etre enjoue, mais toujours bienseant. — 297 — OSCILLATION. L'aplomb est le resultat des forces bien coordonnees ; mais avant d'en arriver a ce point, elles se divisent a l'infini et amenent les oscil- lations que Ton remarque chez les eleves coramencants. Du reste, si ces incertitudes sont bien dirigees, elles peuvent etre un achemi- nement a une solide position. OUTRER UN CHEVAL. Outrer un cheval sans raison devrait etre puni d'une peine infa- mante. PALEFROI. Quelle que soit la signification qu'on donne au mot palefroi, le cheval n'en restera pas moins, comme l'a dit Buffon, le roi des animaux. PARTAGER LES RENES. Les resistances du cheval qui ne peuvent etre dominees par la bride necessitent souvent l'usage du filet; c'est en partageant les renes que le cavalier e^ablira une lutte qui tournera & son avanlage, si toute- fois il en connait le maniement. pas (le). Le pas est Failure mere d'ou procedent les autres allures. Le tact equestre et le discernement du cavalier sont les secrets moteurs de cette succession de mouvements. PAS DE COTE\ II faut etre bien severe sur les conditions que doit presenter le cheval avant de passer aux pas de cote; sans quoi Ton s'expose a ddtruire le peu qu'on lui aurait appris, et a le mettre dans l'impos- sibilite d'en apprendre davantage. PAS (LE), LE SAUT ET LE GALOP GAILLARD. Les belles difficultes de lequitation ne s'executent avec precision qu'a la suite d'un rassembler complet ; tous les mouvements, tels quelesai^etle galop gaillard, qui endemandent souvent le sacrifice, ne devraient se pratiquer qu'avec la plus grande discretion. PASSADE. On peut, sans sortir des vrais principes de l'equitation, faire exe- cuter a son cheval quelques passades. Elles n'ontaucun inconvenient pour l'art, et ont un but d'utilite reelle pour le cheval de troupe. — 298 — PASSAGE. Un langage correct fait admirer la promptitude des pen- sees. PATIENCE. Pareils a I'6cureuil captif, que d'hommes tournent dans un cercle etroit! Trouveront-ils une issue? PERSEVERANCE. Tout vient a souhait a quiconque est sur la route du vrai. PESADE (LA). ,. On expose son avenir en negligeant ses appuis natu- rels. PIAFFER. La perseverance et le savoir peuvent donner a la na- ture inculte la noblesse et Tharmonie. PICOTER UN CHEVAL. On froisse souvent lirritabilite des autres quand on ne se possede pas soi-meme. P1LIERS (LES). Chassez loin de vous les intrigants qui, a force de flat- teries, feraient douter de votre talent. — 299 — PASSAGE. Les chevaux ne sont lourds et disgracieux qu'a cause du peu d'e^- rudition equestre de leurs cavaliers. De meilleures mains mettraient en peu de temps ces chevaux au passage ; c'est alors qu'en embellis- sant leurs formes on les rendrait aptes a de brillants exercices. PATIENCE. La patience ne remplace pas toujours l'intelligence. PERSF>£RANCE. L'homme intelligent et perseverant fait des merveilles. pesade (la). Moins le cheval a de points d'appui sur le sol, moins il est en equi- libre. Lessauts pe>illeux, dans lesquels la pesade se trouve comprise, doiventse pratiquer rarement et avec discretion. PIAFFER. Le plus beau triomphe de l'ecuyer, c'est lorsque, a l'egal du sta- tuaire qui reproduit la nature dans un bloc de marbre, il transforme un cheval froid, roide et informe , en un cheval souple etpiaffant avec grace. PICOTER UN CHEVAL. L'incertitude de 1'assiette se transmet aux jambes du cavalier ; c'est alors que les eperons viennent sans necessite picoter les tlancs *du cheval. II n'est pas etonnant qu'il cherche ase debarrasser d'un cavalier aussi nuisible qu'incommode. piliers (les). Quel retard l'usage des piliers n'a-t-il pas apporte au sentiment du cavalier et au raisonneinent scientifique, qui ne peuvent s'ac- querir que par un rapport direct avec le cheval ! En admettant que les piliers puissent remplacer quelquefois les effets de tact du cava- lier, n'est-il pas honteux d'y avoir recours? Que dirions-nous d'un musicien distingue" qui, au lieu de faire sortir sous ses doigts des sons harmonieux, trouverait le moyen de produire a peu pres le meme etfet sur une machine organisee ? On lui rirait au nez, je n'en doute pas. Eh bien ! croirait-on que des ecuyers de talent ne sont pas encore revenus de cette vieillerie, aussi perfide pour l'art que pour les chevaux ? — 300 — PIROUETTE. Les secretes pensees ne doivent etre confines qu'a la plus grande intimite. PISTE (LA). On doit tracer a l'avance son plan de conduite, pour ne pas s'egarer sur le chemin sinueux de la vie. PLACER UN CHEVAL. La vie serait un fardeau, si Ton ne savait rembellir. PLAGIAIRE. La science fait toujours justice des mauvaises copies qu'on veut faire passer pour des tableaux de maitres. PLATE-LONGE. La superiorite etend ses moyens de domination a l'aide de fils imperceptibles. PLIER LE COL DUN CHEVAL. C'est par le Gni des details qu'on harmonise le tout. POINTE. La pusillanimite encourage les injures. — 301 — PIROUETTE. La pirouette fait partie des raouvements compliquds ; elle est diffi- cile a executer pour la mediocrite. L'ecuyer capable dispose si bien ses points d'appui que le clieval parait ne tenir au sol que pour se disposer a mieux s'en eloigner. piste (la). Quelle que soit la piste sur laquelle le cheval marche, la premiere condition est qu'il soit bien droit d'epaules et de banches. PLACER UN CHEVAL. II est de la plus grande rarete de rencontrer un cheval qui, par une cause quelconque, ne cherche pas un appui sur la main. Savoir bien placer tous les chevaux, e'est savoir augmenler son bonheur equestre. PLAGIA1RE. On dit que l'abbe Plancbctte Preche les sermons d'autrui; Moi, qui sais qu'il les achete , Je soutiens qu'ils sont a lui. Gresset. plate-longe. La plaie-longe est encore une de ces vieilleries religieusement con- servees par beaucoup d'ecuyers. Le talent a-t-il done besoin, pom se faire comprendre du cheval, d'un intermediaire de 10 metres de long, comme pour prendre des moineaux au trebuchet? Brulons ces instruments inutiles ou barbares; mais, par respect pour nos ai'eux, conservons-en soigneusement les cendres! plier le col d'un cheval. Comme le cheval paralyse tous les effets du mors par la contrac- tion de son encolure, il est rationnel de lui plier le col afin d'arriver a dominer le reste de la masse. POINTE. Quelle que soit la cause qui determine les pointes, le cavalier ne doit pas attendre que le cheval s'en serve comme d'un moyen de rebellion, car celui-ci abuse toujours de sa superiorite , qu'elle lui vienne de sa force ou de notre faiblesse. — 302 — POSITION DE LHOMME A CHEVAL. La nature a ses lois, les principes leurs consequences, et l'homme ses erreurs. R RACE. Les masses sont encore, plus qu'elles ne pensent, sous 1'influence des prejuges. RACCOURCIR UN CHEVAL. L' esprit concis previent en sa faveur. RALENTIR UN CHEVAL. Uri mot bienveillant place a propos est d'un grand sou- lagement. RALENTIR (SE). On echappe aux influences incapables qui veulent s'im- poser. RAMENER (TOUS LLS CHEVAUX PEUVENT). La verite a ses ennemis, et l'erreur ses partisans. — 303 — POSITJON DE L'HOMME A CHEVAL. Les lois physiques et anatomiques sont basees surla nature, et chaque jour on les meconnait. Les os n'ont-ils pas lamerae position et les muscles la meme direction chez tous les individns? Et cepen- dant les professeurs ont etabli des regies differentes sur la bonne position de I'homme d cheval. J'en dirais bien la raisou, mais je n'ose. RACE. Les chevaux issus d'une race pure m^ritent sans doute une grande preference ; mais a part ces chevaux de ehoix, quel prix peut- on attacher a toutes ces ficelles (Tun sixieme ou cl'un huitieme de sang qui n'ont d'autre qualite que de presenter moins de surface a Tair? RACCOURC1R UN CHEVAL. Plus un cheval a d'energie, plus il est facile de le raccourcir. Une cadence exacte et bien reguliere est une des premieres conditions de ce travail. RALENTIR UN CHEVAL. Ne pas attendre que les forces du cheval soient epuisees pour le ralentir est une attention digne d'un bon cavalier, et qui concourra au bien-etre et a Teducation du cheval. RALENTIR (SE) . Le cheval qui, deja malintentionne, en est arrive a sentir la mol- lesse et Tincertitude du cavalier, force les jambes, se raleniit, s'ar- rete et se defend. RAMENER 5 — Je supprime pour mon eleve tout changement de direction, ne tenant meme pas a ce qu'il conduise regu- lierement son cheval en ligne droite ; je veux qu'il ne soit occupe que d'un seul point, celui de se tenir de son mieux. Quand il est place convenablement, c'est-a-dire les reins bien disposes et les cuisses adherentes a la selle, alors, mais seulement alors, je lui fais connaitre les fonc- tions des poignets et des jambes et leur influence sur le cheval, en lui expliquant clairemcnt leurs effets, separes ou combines. C'est par cet exercice que l'eleve parvient promptement a s'en servir d'une maniere locale et avec un ensembie raisonne, et qu'il en communique les impul- sions au cheval, non pour lui donner des directions, mais bien pour le placer ; je lui apprends ainsi qu'a son exemple le cheval doit etre assujetti a un aplomb veritable, sans lequel il n'y a pas de travail possible. Enfin, ce n'est que quand l'eleve obtient une amelioration sensible dans l'equilibre de l'animal qu'il doit essayer a le diriger ; mais, des lors, il le fait avec precision et surete, je dirai plus, avec conviction. N'est-il pas mieux de suivre cette marchetoute logique et naturelle que de franchir sans discernement les eche- lons qui servent de base fondamentale a la science ? Je le repete, la premiere chose que l'eleve doit acquerir est une bonne position, car la position est a l'emploi des forces motrices ce que le point d'appui est au ievier. Les ecuyers se plaignent assez souvent du peu de per- — mc — severance des eleves et du degout qu'ils apportent aux legons. Le moyen d'obvier a cet inconvenient est d'abord de faire disparaitre la monotonie et la longueur des legons classiques, de rajeunir les errements de nos vieux professeurs, qui pensaient que sans bottes a l'ecuyere et chapeau a trois comes on ne pouvait bien monter a che- val, et laissaient le commengant beaucoup trop de temps aux premiers principes. £vitons ces ennuis a nos eleves, mais sans pourtant tomber dans l'exces contraire, en les faisant monter, au bout de quinze jours de legons, avec des eperons et des etriers, sans leur avoir reconnu des -dispositions extraordinaires ; car, dans un cas comme dans l'autre, ils se degouteraient promptement : dans le premier, parce qu'ils croiraient r equitation d'une insup- portable difficulty ; dans le second, au contraire, parce qu'ils penseraient de suite tout savoir. Comme on ne leur aurait fait connaitre aucune des difficultes de l'art, loin de chercher a surmonter celles qui s'y rencontrent, ils ne les devineraient meme pas. Nos chevaux, bons et paisibles, suppleent souvent a l'incapacite de ces derniers cavaliers et ilatient leur igno- rance ; car le cheval qui a de bons yeux va naturellement droit devant lui, evitant soigneusement ce qui se trouve sur son passage ; mais, s'ils viennent a en monter de quel- que peu difficiles, que deviennent nos cavaliers improvi- ses ? Ils sont le jouet du cheval et la risee des assistants, et bientot se degoutent d'un art qui aurait fait leurs deli- ces, s'il leur avait ete demontre avec plus de m^thode. — 527 — Je le repete, en apportant cette suite et cette progres- sion dans l'ordre des lecons et des exercices, les profes- seurs gagneront sous le rapport pecuniaire ; et, sous celui de l'opinion publique, ils rajeuniront l'equitation, qui tombe en desuetude ; il donneront le gout des chevaux et feront une science d'un art auquel 1'indifference publique ferait bientot meme refuser ce nom. LfiGER A LA MAIN ou LEGER DU DEVANT. Les ecuyers etablissent a tort une difference entre ces deux legeretes. Le cheval leger de 1'avant-main le sera toujours a la main, et vice versd, quelle que soit la construction de sa bouche. J'ai deja dit trop de fois, dans le courant de ce volume, a quoi j'attribue les resistances d'un cheval et quels sont les moyens de les vaincre, pour y revenir encore. LIANT (le cheval) est celui dont on est parvenu, par une sage progression dans le travail, a annihiler les forces instinctives, et cbez lequel l'assouplissement, l'as- sujettissement partiel de toutes les parties rebelles, nous ont bientot soumis l'ensemble de son mecanisme, a ce point que Ton puisse le dominer completement et rame- ner l'aisance et rharmonie entre des ressorts que leur mauvaise disposition paraissait devoir opposer les uns aux autres. Liant se dit egalement quand la force, arrivee a un tel — 528 — degre de souplesse, permet au cavalier de faire prendre toutes les positions possibles au cheval. LOYAL est le cheval qui emploie ses forces sans mar- quer de resistances, dans quelque exercice que ce soit. II est des chevaux qui doivent naturellement cet avan- tage a leur bonne conformation ; mais il peut etre aussi le resuitat d'une bonne education, et l'habilete du cava- lier donnera toujours, plusoumoins, cette precieuse qua- lite au cheval. G'est a tort qu'on dit bouche loyale : la bouche n'a ni les qualites, ni les defauts qu'on lui prete; elle fait partie du tout dont se compose le cheval, elle en supporte soli— dairement les bonnes ou les mauvaises consequences, mais elle est loin d'en etre seule responsable. MACHER SON MORS. (Voyez Frein.) MACHOIRE. Les machoires constituent la bouche du cheval ; elles se divisent en machoire superieure et en machoire inferieure. Le cavalier studieux qui cherche a donner a son cheval la plus grande legerete possible doit s'attacher principalement a obtenir une facile mobilit6 de la machoire. Tous les chevaux qui repondront a Taction du mors en mobilisant la machoire seront legers a la main — 529 — et repondront facilement a toutes ies indications $u cava- lier : ainsi, regie generate, tous les chevaux qui resis- tent ou se defendent ont une contraction continue de la machoire. Ce doit etre une raison bien puissante pour mettre toute l'attention possible a entretenir une facile mobilite de cette partie. MAIN LfiGfiRE. On designe ainsi la main du cava- lier qui n'oppose a son cheval que peu de forces, et lui laisse meme les renes presque flottantes. Cette maniere peut etre bonne avec un cheval bien dresse ; mais, pris comme eloge general, c'est un non-sens. Pour indiquer un cavalier qui conduit bien et par des mouvements peu apparents, il faut dire qu'il a la main savante, et non pas quV/ a la main Ugere. En effet, si la legerete est utile dans les moments ou le cheval est bien ramene, la resistance, a son tour, est egalement indispensable quand il cherche a se deplacer, et c'est par un juste emploi de force qu'on donne au cheval la finesse qui constitue le dresser. Cette condition remplie, on aura alors, non ce qu'on appelle si improprement une main Ugere, mais une main savante. Main ignorante est celle qui ne saura pas saisir les temps et changer a propos le mauvais emploi de ses forces. La main qui abandonnerait le cheval, sans avoir egard a sa position d'equilibre, serait comprise dans celle denomination. 34 — 330 — MAITRE A DANSER (avoir les pieds en) signifie Ies avoir en dehors. Cette mauvaise position, disgracieuse et contraire au bon usage des jambes, tient le plus souvent a ce que les cuisses du cavalier ne sont pas tournees sur leur plat. C'est un defaut a rectifier en exercant ces parties par de frequents mouvements de rotation de dehors en de- dans. Une fois les cuisses bien placees, les jambes et les pieds le seront aussi s'ils tombent naturellement, et ainsi toute la force de ces derniers sera reservee pour l'usage v des eperons. Afin de se donner un air plus cavalier, il est des jeunes gens qui forcent en dedans la position des pieds ; c'est une mode non-seulement ridicule, mais nuisible, puis- qu'elle contracte la jambe, empeche sa liaison intime avec le clieval et rend sa mobilite difficile. MANEGE. On entend par ce mot le lieu ou Ton dresse les chevaux et ou 1'on donne des lecons d'equitation. II y en a de diverses grandeurs ; les beaux maneges civils ont ordinairement quarante metres de long sur dix metres de large. Ceux de cavalerie sont beaucoup plus grands, mais toujours dans les memes proportions. Bien qu'ii soit facile de dresser les chevaux et d'apprendre a les monter en plein air et sur des routes non circonscrites, je crois que rien n'est comparable a un manege couvert. La, leleve n'est distrait par rien, et toujours en vue du pro- — 531 — fesseur & qui il est facile de suivre ses mouvements et de profiter de toutes les circonstances qui peuvent accelerer ses progres. Aussitot que le cheval est apte a compren- dre, et l'eleve arrive a user par lui-meme de ses moyens de repression, il est utile qu'ils sortent pour qu'ils acquie- rent toute la hardiesse qui leur est necessaire ; mais il faut que le cheval conserve la bonne position qui lui a ete donnee au manege, et que le cavalier (quoique je lui prescrive moi-meme de trotter a l'anglaise) s'attache a ne deroger en rien aux principes qu'il a recus. En effet, de ces principes dependent sa grace, sa solidite et les moyens de bien diriger son cheval. Pourquoi la mode ac- tuelle, qui est le fruit de l'ignorance, prevaudrait-elle sur le savoir ? C'est cependant ce qui arrive. L'eleve qui se faisait remarquer au manege par sa position et la preci- sion de ses mouvements n'est plus reconnaissable quel- que temps apres ; son corps est ploye en deux , ses cuisses sont en avant des quartiers de la selle, et ses jam- bes a soixante centimetres des flancs du cheval ; ses renes flottent, et le cheval abandonne n'a bientdt plus aucun rapport avec le cavalier, dont la science et la surete sont tout a sa disposition. Quelle peut etre la cause de ce funeste changement? La crainte, sans doute, d'etre ridicule en restant bel homme de cheval. Ne compren- dra-t-on jamais que la position grotesque de nos fas- hionables tient a leur amour-propre ? lis veulent savoir sans apprendre, l'argent devant leur tenir lieu de tout, et pour cela il a fallu creer une mode nouvelle de monter a 34. — 532 — cheval qui fut tout a leur avantage ; aussi, bientot, le plus ridiculement place dut-il avoir la palme. Cest ainsi que les arts degenerent et que Ton retombe dans Tignorance et dans 1'absurde. Les professeurs doivent done redoubler de zele pour soutenir et rehausser cet art sublime ; art qu'on ne peut acquerir que dans un manege et en presence d'un maitre experiments ; e'est avec des principes puises dans la na- ture et demontres avec clarte qu'on peut esperer voir augmenter le nombre des hommes de cheval, et remettre a la mode le beau et le vrai, dont on ne devrait jamais s' eloigner. MAQUIGNON. Jadis on nommait indistinctement ma- quignom tous les marchands de chevaux ; aujourd'hui ce mot ne s'applique guere qu'en mauvaise part. Les dic- tionnaires nouveaux disent que Ton appelle ainsi les marchands de chevaux qui font metier de tromper les acheteurs. Cest un tres-grand tort, sans doute, d'abuser ainsi dela confiance de quiconque paie largement les qua- lites qu'il croit rencontrer dans un cheval; mais pourquoi les marchands de chevaux seraient-ils plus coupables que les autres marchands ou negotiants dont les reputations sont le mieux etablies ? En est-il un qui ne cherche a persuader a son acheteur que telle partie de marchandise ne soit d'une qualite superieure a ce qu'elle est reelle- ment? Ne s'efforce-t-il pas de vendre le plus cher possi- ble? Peut-il en etre autrement, et le prix ne doit-il pas — 533 — etre en rapport avec les chances plus ou moins nom- breuses de perte ? Est-il im genre de commerce ou elles soient plus frequentes et ou les frais d'entretien soient plus couteux ? Cela doit me faire insister avec plus de force sur l'injustice de la qualification de voleur appli- quee seulement a quiconque fait le metier de vendre des chevaux. Que Ton dise avec moi qu'il y a des maquignons dans tous les etats, et que, s'ils sont plus nombreux dans le commerce de chevaux, c'est que de toutes les marchan- dises celle-ci est la plus difficile a connaitre et celle qui presente le plus de chances de pertes. MACHER DE DEUX PISTES. (Voyez Fum les han- CHES.) MARTINGALE. On entend par martingale une large courroie qui s'adapte a la muserole ou au mors de la bride et correspond aux sangles. Des ecuyers ont encore recours a la martingale pour assurer la tete du cheval qui bat a la main, ou bien encore pour ramener le nez de celui qui l'eloigne trop, qui porte au vent, selon l'expression consacree. Quel effet peut produire la martingale dont les points extremes d'attache sont fixes ? Elle agit necessairement sur toutes les verte- bres du cou ; si eile ramene la tete, elle baisse l'encolure. Cet inconvenient seul suffirait pour la faire proscrire, mais elle a le desavantage de provoquer le cheval a s'ac- — 534 — culer, a se renverser meme. Le mors par les renes peut n'agir que sur les premieres vertebres cervicales, et ra- mener par consequent la tete dans sa juste position sans nuire au soutien de Fencolure. MfiCANISME. Le mot mtcanisme s'appiique aux moyens physiques que le cavalier emploie pour obtenir du cheval les mouvements qu'il exige. Le cavalier qui a exerce toutes les parties du corps du cheval, de maniere a rendre ses articulations souples et a modifier a volonte toutes les contractions musculaires que necessite un mouvement, aura fait beaucoup. C'est alors que le passage de l'intelligence au mecanisme sera facile, et que la pensee se produira avec avantage. MfiLER UN CHEVAL, c'est embrouiller son tra- vail de maniere qu'il ne sache ce qu'on lui demande. Cest le defaut de ceux qui ne savent qu'a moitie ; il serait difficile, en effet, que le cavalier qui n'a pas su se penetrer de la suite necessaire aux exercices de Tequi- tation put la rendre comprehensible aux chevaux qu'il monte. Ici, c'est done encore sur lui-meme que le cavalier doit agir en premier lieu. MENER SON CHEVAL SAGEMENT, c'est le con- duire selon les regies de l'art, e'est-a-dire ne lui deman- der que ce qu'il peut faire, et le lui demander avec me- — 533 — nagement. Malheureusement, la maniere de conduire un cheval tient le plus souvent au caractere du cavalier, et les principes sont inefficaces : la reflexion seule opere a cet egard. METTRE DANS LA MAIN. C'est equilibrer le che- val et lui donner cette legerete qui lui permet d'appre- cier les moindres actions du cavalier instruit. Mettre dans la main est done donner a son cheval cette position indispensable pour tous les exercices. (Voijez Ramener.) MfiZAIR (le) est une suite de sauts en avant, ou les jambes de devant sont moins detachees du sol que dans la courbette : aussi le cheval les fait— il se succeder plus vivement. C'est a l'aide des piliers qu'on obtient tous ces mouve- ments eleves du devant. Comme je n'admets de veritable instruction pour le cheval que celle qui lui est donnee sans moyens etrangers, j'ajouterai qu'il faut les prati- quer a cheval, attendre que son education soit entsere- ment terminee si Ton ne veut s'exposer a ce que ce mou- vement qui ressemble a une defense n'en devienne une reelle par la suite. MIS. Un cheval bien ou mal mis est un cheval bien ou mal dresse. (Voyez Dresser.) MOLETTE. C'est l'extremite mobile de l'eperon qui se trouve en contact avec les flancs du cheval. — 536 — J'ai deja dit que la molette devait etre ronde, gar- nie de legeres entailles tout autour, de facon qu'elles soient aussi iuoffensives que possible. Ce qui impose au cheval, c'est la position juste que lui fait prendre un veritable cavalier au moyen de l'ensemble de ses mou- vements ; ce sont les a-propos qui font tout, et c'est l'in- telligence du cavalier qui doit y presider. Les moyens simples sont preferes par l'homme experimente ; l'inca- pacite, au contraire, emploie toujours des procedes ri- goureux pour arriver a ses fins ; mais elle manque son but, car la violence ne produit rien de bon. MONTER ENTRE LES PILIERS se dit de Taction de l'eleve qui monte le sauteur. Les lecons donnees dans les piliers peuvent etre de quelque utilite, mais il faut mettre de la gradation dans le choix des sauteurs pour qu'ils soient en rapport avec la force de l'eleve, afin que celui-ci ne prenne pas l'habi- tude de se raccrocher et de se maintenir en selle par tous les moyens possibles ; il faudrait, pour eviter cet in- convenient, bannir les selles a piquer, ne faire usage que de selles rases et avoir un sauteur tellement bien dresse qu'il graduat ses mouvements de facon que l'eleve put les suivre avec de bonnes positions. MONTOIR designe le cote gauche du cheval, et hors du montoir est le cote droit. Rendre facile au montoir, c'est accoutumer un cheval a etre tranquille quand on le monte. — 537 — J'ai entendu des gens qui s'occupaient de dresser des chevaux dire serieusement qu'un cheval dont ils vantaient les qualites n'avait qu'un seul defaut, celui d'etre diffi- cile au montoir. II semblait, a les entendre, que ce fut un vice incorrigible. J'ai fait venir un cheval de ce genre, qui cherchait a ruer a 1'approche de 1'homme ; je lui ai fait mettre un cavecon dont je tenais la longe, et en moins d'une demi-heure, avec une application judicieuse de cette espece de collier de force, et des caresses quand il ruait moins, je l'ai rendu promptement sage et corrige pour toujours de cette mauvaise habitude. Le moyen sera le meme pour les chevaux trop ardents, pour ceux qui se cabrent, etc. MORS (du) ET DE SES EFFETS. Le mors se com- pose de trois pieces qui, par leur combinaison, n'en font qu'une. II est forme de deux branches et de 1'embouchure qui se subdivise en deux canons et un cintre au milieu, appele liberie de la langue. Les anneaux et autres ou- vertures qui se trouvent dans le haut et le bas des bran- ches sont destines, dans la partie superieure, a recevoir les montants, et dans la partie inferieure les renes de la bride. Tant d'autres ont deja defini le mors et decrit toutes ses parties, que je n'entrerai pas dans des details qui ne seraient que des repetitions ; je me contenterai de faire connaitre ses diverses proportions. Les eperonniers et selliers ont profite de l'ignorance — 538 — ou de la frivolity de la purpart des cavaliers pour chan- ger la forme des mors et leur donner des dimensions qui, presque toujours, sont devenues nuisibles aux chevaux, et contraires au parti qu'on en voulait tirer. Mais on se gardait bien de convenir de ces inconvenients, que com- battait d'ailleurs l'attrait puissant de la nouveaute, ou que n'entrevoyait pas l'inexperience des acheteurs. On a done suivi les differentes modes que l'avidite des specu- lateurs accreditait, et bient6t des mors simples, mais utiles, ont ete remplaces par des mors composes, mais dangereux. " Le principe que je vais emettre ne laissera pas de sur- prendre sans doute, car il ne s'agit de rien moins que d'adopter un seul mors pour tous les chevaux, quels que soient d'ailleurs leur conformation et leur etat de sen- sibilite. Yoici la forme et les proportions du mors auquel je donne la preference : Branches droites, de la longueur de dix-sept centi- metres, a partir de Toeil du mors jusqu'a l'extremite des branches ; circonference du canon, six centimetres ; liberte de la langue, de la largeur de cinq centimetres a peu pres dans sa partie inferieure, et de vingt-sept millimetres dans la partie superieure. On comprendra sans peine qu'en disant que la meme forme convient a tous les chevaux, je n'entends point parler de la largeur ; sous ce rapport, il faut admettre differentes dimensions, selon la bouche des chevaux, afin — 539 — que le mors n'y vacille pas et que les parties qui doivent avoir un point d'appui fixe le conservent toujours exacte- ment. Quoique le mors ci-dessus detaille soit tres-doux, je puis affirmer qu'il peut suffire a rendre legers et a sou- mettre A la plus passive obeissance les chevaux les plus froids, les plus sujets a s'emporter, et ceux meme qui offrent le plus de resistance. Les barres sur lesquelles le mors agit sont deux os recouverts du perioste et de la gencive. Ces parties sont plus ou moins saillantes, plus ou moins rondes ; mais ni cette rondeur ni cette sailliene sont des raisons pour faire subir des variations de forme au mors, et surtout pour en admettre un plus dur pour les barres charnues. Quelle que soit leur conformation, le mors dont je recommande 1'usage produira tout 1'effet desirable ; car il est errone de croire que la resistance que les chevaux nous oppo- sent a sa cause dans la conformation de leur bouche. La sensibilite de cette partie est invariable. Admettons, pour un instant, que les barres du cheval soient bien confor- mees, c'est-a-dire ni trop ni trop peu charnues. A mon sens, des pressions legeres eveilleront bientot l'irritabi- lite de ces parties. Supposons que, pour obtenir ces resultats, il nous faille employer cinquante grammes de force ; supposons encore maintenant que ces memes barres soient chargees d'un centimetre de chair en plus (ce qui ne varie jamais davantage), et que chaque centi- metre augmente l'insensibilite de vingt-cinq grammes, — 540 — ce que je suppose encore sans 1'admettre : eh bien ! ce maximum reduira le tout a cinquante grammes. Quel sera l'homme, meme le moins solidement place a cheval, qui ne pourra disposer d'une aussi petite force? II faut done imputer cette resistance a une cause tout autre, puisque parfois les chevaux opposent des resistances telles que toutes les forces d'un cavalier bien constitue et solide- ment place a cheval ne sont pas suffisantes pour les arreter. C'est done ailleurs qu'il faut chercher les moyens d'op- position du cheval ; il faut jeter les yeux sur les autres parties de son corps, et observer attentivement si des tares, un vice de conformation ou la mauvaise attitude qui en resulte, ne contribuent pas plus que tout le reste a amener cette resistance. En effet, la force que l'animal oppose est toujours le resultat d'un manque d'equilibre ; c'est pour moi une verite incontestable, sanctionnee par l'experience. Que de personnes ont ete emportees par leurs chevaux et se plaignaient de la durete de leur bou- che (expression banale et fausse) ! J'ai monte ces memes chevaux, et, en peu de temps, au grand etonnement de leurs maitres, ils ont cede a toutes mes exigences sans la moindre opposition, et, pour cela, je n'ai mis en usage que des forces proportionnees et employees a propos. Je le demande, est-ce la bouche qui, dans ce court espace, a retrouve sa sensibilite ? Cela est impossible ; on ne peut, instantanement, obtenir des resultats avec une force de cinquante grammes quand une puissance dix fois — 544 — superieure ne produisait aucun effet ; le cheval ne pour- rait passer immediatement d'une insensibilite aussi grande a autant d'irritabilite, surtout s'il avait un vice de confor- mation qu'il n'est pas donne a l'homme de pouvoir de- truire ; c'est done la position qui, etant rectifiee, Ta mis dans l'impossibilite d'opposer la resistance attribuee a tort a l'insensibilite de sa bouche. Detruisons cette erreur trop accreditee, et remplagons bouche dure par celle de dur d la main. Une expression a souvent dans les arts plus d'influence qu'on ne pense sur le mode d'agir de ceux qui les professent ; celle-ci, par exemple, a laisse l'equitation de deux siecles en arriere ; l'expression que j'y substitue aura le double avantage de rectifier une idee fausse et d'indiquer le moyen d'arriver plus tot au but. On comprendra alors que ce n'est plus la forme du mors qu'il faut changer, et qu'il ne s'agit ni dallonger les branches, ni de diminuer l'epaisseur des canons, puisqu'on a du reconnaitre que la bouche n'est pour rien dans la resistance du cheval, et qu'un mors doux produit autant d' effet qu'un mors dur. Ce dernier d'ailleurs ne peut occasionner que des resultats facheux, tels que d'acculer, de comprimer plus maladroitement le cheval et de l'ame- ner a des defenses plus dangereuses. Cette verite une fois admise, on s'occupera speciale- ment de ramener le cheval a la bonne position en le tra- vaillant en place et au pas. J'ai acquis, meme avec les chevaux les plus difficiles, la certitude que e'etait moins — S42 — la force que le bon usage de la main et des jambes qui, en determinant la juste position du cheval, le soumettait a notre volonte et lui donnait ce qu'on appelle si impropre- ment une bouche sensible. Pour mon propre compte, j'atteste que j'ai rencontre des chevaux qui, malgre la rondeur des barres et l'epais- seur de la gencive, ont toujours eu ces parties d'une extreme sensibility ; et comme chacun peut se convaincre de cette verite, je persiste a dire que la durete que Ion croit rencontrer dans la bouche ne depend pas de la dis- position des barres et des gencives, mais bien de la con- formation generate du cheval, ou de son mauvais equi- libre. Aussi la science de l'equitation reside-t-elle dans l'a- dresse a saisir les moments favorables d'agir, de punir, de recompenser et d'indiquer ; et pour cela il faut un mors doux qui puisse se preter a tous les mouvements d'une main habile et communiquer au cheval Taction du cavalier avec la justesse et la promptitude que celui-ci y met. Les cas dans lesquels on fait usage ordinairement de plusieurs especes de mors sont : celui ou le cheval eloigne son nez (ouporte au vent), celui ou il est lourd a la main, et enfin celui ou il s'emporte. Je parlerai seulement du mors dont on se sert pour la premiere de ces positions , puisque les inconvenients sont les memes pour les au- tres. Dans ce premier cas, on fait usage d'un mors a — 543 — branches longues pour ramener le nez du cheval qui l'e- loigne trop. Or, si c'est par un vice de conformation ou de posi- tion que le cheval presente de la resistance, les moyens doux pourront seuls assouplir et ramener l'animal dans un plus juste equilibre. Le mors, avec des branches plus longues, aurait une force et une rapidite d'action si graudes, que la crainte excessive qui en resulterait met- trait le cheval dans 1'impossibilite d'apprecier avec autant de spontaneite la pensee du cavalier. Qu'on se rappelle done bien que les forces qui doivent arreter, secourir , enlever et determiner, reposent dans l'assiette, le judicieux mecanisme du cavalier, et dans une pratique basee sur le raisonnement, bien plus que dans la durete des instruments qu'on emploie. Si le cava- lier saisit bien Faction du mors, s'il sait en graduer les effets, s'il sait se servir des jambes et des eperons avec la gradation que je recommande, le cheval pourra changer l'emploi de ses forces , changer ses positions et devenir d'une soumission prompte et durable. MORS AUX DENTS. On devrait entendre par mors aux dents Taction du cheval qui prend les branches de ce frein avec les incisives, et qui, des lors, lutte avec avan- tage contre son cavalier ; mais en disant qu'un cheval prend le mors aux dents, on entend generalement parler de celui qui s'emporte , bien que le frein ait conserve sa position normale. — su — On peut parer au premier inconvenient par l'usage de la fausse gourmette, et eviter le second en assouplissant le cheval et en l'amenant a un etat d'equilibre assez parfait, pour qu'ii soit facile ensuite de vaincre, au mo- ment ou elles naissent, toutes les forces dont il se sert pour mat faire. (Voyez Emporter.) MOYENS PRATIQUES. Tant que l'equilibre sera maintenu exact, le principe etablissant les moyens a em- ployer pour obtenir un mouvement designe sera unique ; mais lorsque le cheval perclra sa rectitude de position, la combinaison d'aides indiquee devra subir des modifica- tions en rapport avec les resistances. N NATURE (mauvaise). Le cheval de mauvaise nature est celui qui resiste a la volonte du cavalier. Un cheval retif ou ramingue est de mauvaise nature. J'ai deja dit que les vices attribues aux mauvaises dis- positions morales du cheval ne sont, le plus souvent, que le resuitat d'une mauvaise construction. Un bon cavalier saura rectifier cette mauvaise nature et rendre ce cheval d'un emploi facile. Voila Fequitation, voila l'ecuyer. Bonne nature a le sens contraire ; cette expression s'emploie aussi pour designer le cheval d'un bon tempe- rament, qui se maintient en parfait etat avec peu denour- — rur> — riture. Ces chevaux sont excellents pour faire la guerre et pour register a la fatigue. NEUF. Cheval new/'s'entend de celui qui n'a pas en- core ete monte. Ne livrez jamais votre cheval, pour le panser ou le monter, aux gens dont yous ne connaissez pas le carac- tere. La maniere dont il sera traite dans les commence- ments influera beaucoup sur sa comprehension et sur ses bonnes ou mauvaises dispositions. Combien n'a-t-on pas vu de bons chevaux que les mauvais traitements ont ren- dus incapables de tout service ! Si vous n'avez pas le savoir requis pour familiariser et dresser vos chevaux, ne les confiez du moins qu'a quel- qu'un de sur, ou soyez present aux legons qu'on leur don- nera. Grace a ce soin, vous menagerez vos interets et vous garantirez votre cheval des defauts qu'il eut pu con- tractor en de mauvaises mains. OBTENIR DUN CHEVAL, c'est le faire passer par la flliere des exercices de la Methode. OMBRAGETJX. Le cheval ombrageux est celui qui a peur de tous les objets qu'il rencontre, et quelquetbis meme de son ombre. II faut monter ces chevaux avec une 33 — 546 — attention particuliere, et s'occuper avec soin de les porter sur tout ce qu'ils cherchent a eviter. Ces frayeurs etant presque toujours ie resultatde mau- vaises lecons, de mauvaises habitudes ou d'evenements desagreables survenus lorsqu'ils etaient poulains, il faut, pour corriger les chevaux ombrageux, y mettre beaucoup de management et de perseverance. Les veterinaires pretendent que certain es conforma- tions de l'oeil contribuent beaucoup a donner ce defaut. En admettant, sans y croire, ce vice d'organisation, les moyens seront toujours les memes. Je ferai observer en- core qu'il ne faut employer le chatiment qu'a la derniere extremite. J'ai connu des chevaux tres-ombrageux, dont les he- sitations et les craintes ont ete dissipees en moins de huit jours, sans avoir eu recours d Voculisie. OPPOSITIONS. Former des oppositions, se dit de l'emploi bien entendu de la main et des jambes pour immobiiiser le cheval. OSCILLATIONS, mouvement qui fait aller le cavalier de c6te et d'autre sur la selle. C'est avec le secours des hanches et des genoux qu'il doit reprendre son equilibre. Comme ces parties constituent ce qu'on appelle l'as- siette, et que c'est l'assiette qui se deplace, c'est avec leurs forces seules qu'il faut retrouver un juste point d'appui. — 547 — Par ce moyen, les bras, les poignets et les jambes n'agiront pas indiscretement sur le cheval, et seront tou- jours disposes pour le contenir et le diriger (1). OUTRER UN CHEVAL, c'est le faire aller au dela de ses forces. Un bon cavalier n'outre jamais les forces de son cheval ; il se garde bien d'abuser de ses services, et leur assure ainsi une plus longue duree. PALEFROI. On appelait ainsi, anciennement, les che- vaux qui ne servaient qu'aux promenades, aux fetes et surtout aux dames, avant 1'invention des carrosses. Nos chevaux actuels sont moins privilegies ; ils font toute espece d'exercices, heureux encore quand ils ne cumulent pas la voiture, la promenade, les courses for- cees, etc., etc. ! PARTAGER LES RfiNES, c'est les separer une dans chaque main. II est souvent utile d'en user ainsi pour agir d'une ma- niere plus locale, donner des directions, detruire les re- sistances laterales de l'encolure et preparer l'emploi des (1) Voir la M£thode, nouveau moyen d'obtenir une bonne position du cavalier. 35. — W8 — nouveaux effets de main : aussi est-il bon de s'habituer a partager les renes du filet et de la bride, car cet exer- cice exige encore une certaine dexterite. PAS (le) est l'allure la plus lente, la moins elevee et la plus douce de toutes les allures. Apres le travail en place, Failure du pas est la plus favorable pour disposer le cheval a executer plus tard les principales difficultes de l'equitation. Son action, etant moindre, se prete a ce qu'il sente plus facilement les diverses impressions qu'on lui communique pour le bien placer, et de celte bonne position (celle ou il est leger) dependent le gracieux et le precis de tous ses mouve- ments. PAS DE COT£. (Joyez Fum les uanches.) PAS (le), le galop gaillard et le saut sont trois temps, dont le premier se compose de deux pas, le second d'un temps de galop raccourci, et le troisieme d'une courbette ou d'une cabriole. Tous les mouvements sont praticables ; mais il faut un bon ecuyer, une bonne education et un bon cheval. Le saut de gaiete que font certains chevaux, au galop, s'appelle aussi galop gaillard. Galop capricieux convien- drait mieux, puisqu'il n'est que le resultat d'une fantaisie du cheval. — m — PAS ESPAGNOL. On entend par pas espagnol Tac- tion du cheval qui en marchant donne toute l'extension possible a chacune des jambes de devant alternativement. C'est a tort que Ton a attribue ce mouvement aux che- vaux espagnols, dont la marche est tout a fait differente. lis elevent, il est vrai, tres-haut les jambes de devant, mais sans l'extension soutenue que nous exigeons pour en faire un de nos airs de manege. Pour obtenir ce mou- vement, il faut d'abord forcer le cheval a tenir une de ses jambes en Fair ; on y parviendra promptement en rame- nant la tete du cheval, par exemple a droite, a l'aide de la rene du filet ou de la bride. Cette position prise, on portera la main de la bride a gauche en soutenant forte- ment les deux jambes ; toutefois, la gauche sera fixee au flanc avec plus d'energie, afin de former opposition a la main ; peu a peu le poids. de la jambe droite du cheval se reportera sur la gauche, et la premiere quittera le sol. Ce que Ton aura fait a droite se pratiquera egalement a gau- che. Une fois que cette flexion sera devenue facile, on soutiendra les deux jambes comme si Ton voulait porter le cheval en avant, et la tension s'executera. line fois que le cheval marquera les temps d'une maniere distincte a Failure du pas, on augmentera faction pour arriver a les obtenir au trot. Ce travail ne doit s'executer qu'apres avoir amene le cheval a un etat d'equilibre par- fait. II faut que la position a l'aide de laquelle on obtient le pas espagnol soit bien juste et que le cavalier en soit toujours le promoteur, afin que le cheval ne prenne — 550 — jamais l'initiative, puisque c'est un air de manage qui ne doit s'executer qu'a un moment donne. PASSADE (la) se dit des divers mouvements, des tours, detours etretours, que le cheval execute au galop, avec la plus grande rapidite. Cela peut avoir aussi un but d'utilite pour les officiers de cavalerie, qui veulent apprendre a manier leurs che- vaux avec promptitude ; mais, pour cela, il faut avoir un cheval bien subordonne aux effets du mors et des jambes, et dont on puisse changer les positions du tact au tact. Ce point est le plus important, pour qu'un defaut d'equi- libre ne fasse pas manquer une evolution et n'amene pas la chute de l'animal. PASSAGE, c'est le piaffer en marchant. Dans cet air, le cheval leve les jambes, comme pour le trot ; mais il n'avance qu'imperceptiblement a chaque temps. Pour ce travail, le talent du cavalier consiste, non pas a faire une opposition continue avec la bride, chaque fois que les jambes agissent, mais bien a reunir tellement toutes les forces au centre, comme pour le piaffer, que, meme avec les renes flottantes, le cheval n'avance qu'in- sensiblement a chaque surcroit d'action. On concoit qu'il faut un rassembler bien complet pour que le cheval puisse executer avec regularity ce brillant et savant air de manege. PESADE (la) se dit du cheval qui leve tres-haut son — 551 — avant-main en ne quittant pas le sol de ses pieds de derriere. Ce mouvement est une imitation du cabrer, mais c'est le cavalier qui le provoque. II faut que le cheval soit bien dresse pour qu'il ne s'y livre pas malicieusement, ce qui degenererait en defense. Le cheval arrive a un certain degre d'instruction peut faire tous ses mouvements sans contrainte penible, si le prudent et savant cavalier s'est attache a perfectionner et a rectifier les positions du che- val, et s'il veille a la surete de ses points d'appui. PIAFFER se dit du cheval qui leve ses jambes par la diagonale, comme au trot, mais sans avancer ni reculer. Si ce mouvement, qui rend le cheval fier, ne coute au cavalier que d'imperceptibles effets alternes de main et de jambes, il prouve son savoir ; car, pour lui donner cette cadence precieuse, que cl'obstacles a surmonter par des exercices habilement gradues ! Il faut faire une exception pour les chevaux appeles piaffeurs, qui se pretent si aisement ace mouvement, que la difficulty, avec eux, est de les corriger et de leur don- ner d'autres allures. Neanmoins, la plus grande partie des chevaux est sus- ceptible d'acquerir un piaffer plus ou moins gracieux. Pour en arriver la, non-seulement il est essentiel de mettre son cheval dans un parfait equilibre et de lui don- ner le rassembler le plus complet, mais il faut exiger peu a la fois, le caresser aussit6t qu'on obtient un mouve- ment; puis, peu & peu, regularise!*, rhythmer, sije puis me servir de cette expression, Taction des extremites, et quinze jours ne s'ecouleront pas sans qu'on obtienne un beau commencement de piaffer. PICOTER un cheval, c'est lui faire sentir les eperons sans cause et avec incertitude. C'est Ie defaut des gens chancelants a cheval, qui se servent des jambes commemoyen de solidite. Les chevaux mal monies ainsi contractent l'habitude de ruer a la botte : heureux encore s'ils bornent la toute defense ! Le remede est d'acquerir de Fassiette avant de chercher a faire usage des aides, y compris l'eperon. PILIERS (les) sont deux poteauy. places aux trois quarts de Tun des bouts du manege, et entre lesquels on met un cheval pour lui apprendre a executer tous les airs releves. Beaucoup d'ecuyers ont encore recours a cet expe- dient pour asseoir un cheval sur les handles ou le former au piaffer. C'est un tort, selon moi : car les longes qui Tassujettissent, la chambriere qui l'excite, ne peuvent jamais remplacer l'accord des mains et des jambes. Ce n'est qu'avec leur aide qu'on peut saisir ces milliers de petits deplacements dont la repression accelere l'educa- tion du cheval. Le cavalier seul peut intercepter et reti- rer a temps la force et le poids qui nuisent, ou donner immediatement la position utile a une prompte execution. — 5j3 — Ce sont Ik des effets de tact que les piliers ne peuvent remplacer. En effet, dans les piliers, c'est par les yeux seuls qu'on distingue quand le cheval fait mal ou bien ; les yeux ne peuvent apercevoir qu'un deplacement operd, et c'est le deplacement naissant qu'il fallaitprevenir. II est done impossible, avec ce genre d'exercice, de saisir justement les temps et de les reprimer dune maniere convenable. Les piliers sont sans doute indispensables pour les airs releves (que doit posseder ce que Ton appelle un sauteur). Comme ces mouvements sont tous forces, il n'est pas etonnant qu'on emploie, pour l'y faconner, le secours des piliers. Mais, pour tout ce qui tient a donner ou a par- faire l'equilibre d'un cheval, c'est a cheval que le cava- lier doit l'obtenir ; il y arrivera plus vite, et tout en me- nageant l'organisation de son cheval, il acquerra du sentiment et du savoir. PINCER DES DEUX. (Voyez Attaquer.) PIROUETTE (la) s'execute sur les jambes de devant ou sur celles de derriere. La premiere s'appelle pirouette renversee : c'est la jambe de devant du cdte oppose ou se porte la croupe qui doit etre le pivot autour duquel tour- nent les trois autres jambes ; c'est l'oppose dans la pi- rouette ordinaire : c'est la jambe de derriere du cote ou Ton porte les epaules qui doit servir de pivot. Cela se congoit aisement, puisque, dans ces deux cas, ce sont — 354 — les deux jambes qui ont le moins grand cercle a par- courir. II faut commencer par les pirouettes renversees ; elles sont plus faciles, puisque la jambe qui donne Taction a Tarriere-main sert en meme temps a la deplacer. C'est l'oppose dans la pirouette ordinaire : Taction doit se re- partir pour donner aux epaules la plus grande mobilit6 possible, et le poids doit rester en arriere. On se conten- tera dans le principe d'un pas ou deux. PISTE (la) est la ligne sur laquelle on fait marcher le cheval. Quand les jambes de derriere suivent la meme ligne que celles de devant, le cheval est dit marcher d'une piste. II va de deux pistes quand ses pieds de derriere parcourent une ligne parallele a celle tracee par les pieds de devant. Dans un cas comme dans Tautre, il est essen- tiel de conserver le cheval leger. PLACER UN CHEVAL, c'est, apres Tavoir assoupli, coordonner ses forces pour le mettre en equilibre. Pour eviter des repetitions, je me contenterai d'ajouter ici que le premier conseil a donner aux jeunes cavaliers, c'est d'acquerir eux-memes assez de tact equestre pour sentir immediatement toutes les positions defectueuses du cheval et les rectifier aussitot. PLATE-LONGE. On entend par plate-longe une Ion- — 555 — gue corde bouclee a l'anneau du cavecon. On s'en sert a tort pour debourrer les jeunes clievaux. Travail de plate-longe est celui auquel on exerce ge- neralement les eleves aux premieres legons. PLIER LE COU DUN CHEVAL : un des premiers points destruction par lesquels le cavalier doit commen- cer l'education. J'ai dit ailleurs quels etaient les moyens les plus pro- pres a effectuer cet exercice : j'y renvoie done le lecteur. (Voyez Flexions et Ramener.) POINTE. On entend par pointe une espece de cabrade dans laquelle le cheval, apres s'etre enleve du devant, au lieu de retomber a la meme place, se porte en avant. Cette defense estmoins dangereuse que l'autre. (Voyez Cabrer, pour les moyens a employer.) POSITION DE L HOMME A CHEVAL. Comme bien d'autres points de l'equitation , la position de 1'homme a cheval a ete l'objet de grandes erreurs de la part des auteurs, meme les plus modernes, qui ont ecrit sur ce sujet. L'un des plus en vogue, par exemple, dont le traite a paru en 1826, pour indiquer la position convenable au cavalier, s'exprime comme ii suit : « L'homme qui sait se tenir sans contrarier les diffe- « rents mouvemeuts qu'il voudra faire executer a son — 556 — o cheval, qui saura se placer de telle fagon que le cheval, a libre dans ses exercices, obeisse avec facilite, cet « homme pourra se dire excellent cavalier, quels que « soient d'ailleurs son attitude et les moyens qu'il em- « ploiera pour faire concevoir au cheval sa volonte. » Ou l'auteur s'explique mal, ou il se trompe. S'il veut dire simplement a l'eleve que le talent d'un cavalier est de se mettre en position de bien conduire son cheval , quelle que soit du reste cette position, c'est ce que chacun devine tout d'abord, et ce n'etait pas la peine de l'ecrire. S'il veut dire qu'on peut atteindre ce but avec toutes les positions possibles, je le crois dans l'erreur. Certes, je suis loin de pretendfe qu'une position stric- tement academique soit indispensable pour tirer parti d'un cheval ; mais encore faut-il etre place de maniere a suivre facilement le cheval pour se servir habilement des aides. En autorisant une pareille licence, ne craint-on pas de voir l'eleve en abuser ? Pense-t-on d'ailleurs qu'il y ait plusieurs positions propres a donner ce tact exquis dans toutes les parties qui constituent l'assiette ? 11 est demontre qu'une bonne disposition de fesses et de cuisses est indispensable pour toucher la selle par au- tant de points que possible ; et, pour atteindre le resultat qu'indique l'auteur des principes cites ci-dessus, l'eleve serait oblige de passer par une multitude de fausses po- sitions qu'il eut ete plus simple de lui eviter en lui indi- quant tout de suite la bonne. — 557 — Cependant il est encore moins dangereux pour 1'art de se tenir dans cette reserve si prudente, et de se contenter d'indiquer le but a l'eleve en le laissant libre d'essayer cent moyens pour y arriver, que de le conduire par de fausses routes, comme le fait l'auteur d'un autre traite. Je lis dans celui-ci (ouvrage publie en 1822) : « Pour qu'un cavalier soit bien place en selle, il faut « trois points d'appui : les deux premiers points du haut « des cuisses, et le troisieme du croupion. Les trois « points doivent former un triangle ; mais pour que le « triangle soit bien regulier et avantageux, il faut avancer « la ceinture et les hanches, etendre les cuisses et les « tourner en dedans, retirer les genoux et les fermer, « creuser le bas des reins et placer les fesses de maniere « que le croupion soit force de porter sur la selle. » Il est physiquement impossible de faire appui sur le coccyx, ainsi que le veut l'auteur de cette methode. Outre qu'il est recourbe et par consequent trop court pour de- venir un troisieme point d'appui, cette partie est inca- pable de supporter la moindre pression, a plus forte raison de servir de base a la masse du corps. De plus, on concoit qu'en supposant meme cette position soutenable, le buste du cavalier serait disgracieusement place, et le haut du corps trop porte en arriere pour qu'on put user facilement de ses aides. Mieux valait cent fois repeter les principes contenus dans l'ordonnance de cavalerie touchant la position de 1'homme a cheval ; la definition en est simple : aussi je — 538 — me contenterai de la transcrire , me reservant toutefois de faire quelques observations sur les moyens les plus efficaces pour acquerir promptement cette bonne position et ia conserver toujours la meme, malgre le jeu des par- ties mobiles : « La tete haute , aisee , d'aplomb , degagee des « epaules ; les epaules tombantes et bien effacees, la « poitrine saillante, les bras libres, les coudes tombant « naturellement, les deux fesses portant egalement sur « le siege de la selle, la ceinture en avant, les reins « droits, fermes et bien soutenus, le haut du corps aise, « libre et droit, de maniere que l'homme soit maintenu « dans son assiette par son propre poids et par son equi- « libre ; les cuisses, embrassant egalement le corps du « cheval, doivent etre tournees sur leur plat depuis les « hanches jusqu'aux genoux, et ne s'allonger que par « leur propre poids et celui des jambes ; le pli des ge- « noux liant, les jambes et la pointe des pieds tombant a naturellement. » Les reins fermes et les epaules tombantes, voila de grandes diflicultes pour un eleve ; avec l'abandon des epaules, il mollira les reins, ou, avec la vigueur neces- saire a leur soutien, il roidira les epaules. Comment surmontera-t-on ces obstacles ? En lui re- sumant tous ces details en ce peu de mots : Flechir le has des reins. C'est seulement en renouvelant la flexion de cette partie qu'on donnera au busle la position la plus convenable. — 559 — On concoit quelle sera I'influence de cette mobilite : les reins servant de base aux epaules, celles-ci n'acquer- ront le degre d'abandon necessaire qu'autant qu'elles pourront, pour ainsi dire, se fier au juste soutien des reins. En effet, si les reins sont dans un etat permanent de roideur, tous les chocs se reperCuteront chez le cavalier, derangeront son equilibre et le forceront, pour le reta- blir, de faire usage de toutes les parties de son corps ; si, au contraire, par des flexions faites a propos et sou- vent repetees, on s'habitue a suivre tous les mouvements du cheval, on conservera aux autres muscles tout le liant et la liberte desirables. Or, pour en arriver la, il faut que la flexibility des reins ait detruit la roideur qui rend tous les chocs sensibles, et par suite 1'assiette incertaine. Sans doute ces temps seront loin d'etre bien saisis la premiere fois, ils ameneront beaucoup d'oscillations dans 1'as- siette ; mais il n'y a rien la de decourageant ni de dan- gereux. II faut que l'eleve chancelle, sans quoi il n'apprendra pas a se tenir solidement. C'est par les deplacements continuels, meme des parties qui, plus tard, seront im- mobiies, qu'on leur donnera le juste emploi de force d'oii nattra la liaison intime des deux corps ; cela permettra au cavalier de distinguer rapidement, entre ces diverses puissances, celles qui le mettent en garde contre les mouvements brusques du cheval et celles qui doivent le diriger. Ainsi, jUchir les reins (c'est-a-dire les vertebres — 560 - lombaires) est la seule expression qui, sans embrouiller l'eleve, le mettra promptement a meme de prendre et conserver la position voulue et de s'y trouver a l'aise. Si les bras tombent sans force, les epaules seront effa- cees et la poitrine saillante, par la raison bien simple qu'on ne peut pas faire ceder le bas des reins sans porter la ceinture en avant, sans se grandir du haut du corps et sans que la poitrine soit ouverte. Une fois que, par la multiplicite des mouvements des Iombes, le corps aura acquis la souplesse convenable, il faudra babituer les bras a tous les mouvements possibles, 6n ayant bien soin que le corps n'en eprouve aucun deplacement. Les renes du filet seront separees, une dans chaque main, en leur laissant assez de longueur pour que le jeudes bras nefasseeprouveraucune sensation aucheval. On pourra meme les croiser dans une seule main, afin que le bras libre puisse s'eloigner et se rapprocher du corps sans deplacer les epaules, et s'habituer par ce moyen a rendre local 1'emploi des forces. Ainsi on ar- rivera promptement au seul mouvement utile pour bien diriger le cbeval. Le poignet a trois mouvements sur l'avant-bras, con- nus en anatomie sous les noms de rotation , supination et pronation. La premiere de ces positions sert a donner une egale tension aux renes (il s'agit ici de la main de la bride) ; la seconde augmente la pression de la rene gauche sur ce cdte de 1'encolure pour porter a droite, et la troi- — SGI — sieme, la pression de la rene droite pour determiner a gauche. L'avant-bras pretera son secours au poignet quand la force propre de celui-ci sera insuffisante, mais sans pour cela faire 6prouver la moindre oscillation au bras. C'est avec ces explications qu'on fera connaitre au ca- valier les divers leviers que donne chaque articulation, et dont le jeu combine produit la force, la grace et la precision. Je l'ai deja dit, le cheval ne peut prendre une allure quelconque ni se livrer a aucune defense sans revenir sur lui-meme ; comme il faut Tattendre pour lesuivre, l'appui des fesses, produit par la flexion des lombes, donnera cette facility. II en sera de meme pour le conduire ; comme on ne lui resiste qu'en vertu d'un levier, et qu'il n'en existe pas sans point d'appui, c'est aux fesses a le prendre sur la selle afln que les bras et les jambes, consi- dered comme puissances, puissent communiquer le mou- vement. Si l'ordre des leviers secondares, du poignet a l'avant-bras, de celui-ci au bras, de ce dernier a lepaule, est bien observe, et que le point d'appui de chacun d'eux ne se mobilise qu'autant que la circonstance l'exige , on pourra lutter avec avantage contre les resistances du cheval et le diriger avec precision. « Les cuisses, embrassant le corps du cheval, doivent « etre tournees sur leur plat, depuis les handles jus- « qu'aux genoux , et ne s'allonger que par leur propre « poids et celui des jambes. » 3G — 362 — Comment donnera-t-on cette position aux cuisses? L'abandon qu'on present n'est pas suffisant pour les bien placer ; les reactions des flancs du cheval et l'effort qu'il fait pour se porter en avant les eloigneront toujours de la perpendiculaire qu'on leur assigne. Ce n'est pas non plus par la force continue qu'elles ac- quierent cette adherence a la selle, mais bien par de petits mouvements de rotation multiplies ; la meme force qui amene cette rotation des cuisses sert aussi pour les porter en arriere, afin qu'elles acquierent toute la lon- gueur dont elles sont susceptibles. " L'eleve prendra, en outre, la bonne habitude de cam- brer les reins chaque fois qu'il portera les cuisses en ar- riere ; il evitera par la l'effet de bascule qui accompagne pour Fordinaire le deplacement des parties inferieures , et donnera en meme temps une base plus etendue a son assiette. De cette juste flexion des reins depend la bonne position des cuisses qui fixe les fesses sur la selle, et fait de cette partie le principal ievier autour duquel viennent se grouper tous les autres. Les jambes sont emboitees avec les cuisses de telle maniere qu'en suivant l'impulsion de celles-ci, elles se trouveront naturellement bien placees ; elles devront etre rapprochees autant que possible du corps du cheval ; on leur donnera cette liaison intime en renouvelant les flexions en arriere, et bientot elles acquerront le moel- leux necessaire pour que la force communicative ne de- truise pas celle qui les maintient en place. — 863 — C'est en rendant les mouvements independants les uns des autres qu'on aura la facilite de bien coordonner le jeu des poignets et des jambes ; celles-ci ne doivent ja- mais user que d'un seul mouvement, eelui qui les porte en arriere ; en voici les deux raisons : la premiere, c'est que tout autre mouvement detruirait l'immobilite des cuisses ; la seconde, c'est qu'en portant les jambes au dela des sangles, on augmente les points de contact, et on leur imprime plus de vigueur et de precision : aussi ce mouvement en arriere doit-il toujours preceder la pression des jambes sur les flancs du cheval. # Les pieds sont aux jambes ce que les jambes sont aux cuisses, soumis aux mouvements de la partie qui leur est superieure ; de la 1'utilite d'assurer les jambes, pour que les pieds ne soient mus que par la force qui leur est propre, et qu'ils agissent localement pour l'attaque, sans que les jambes en eprouvent aucune reaction. Ce deplacement est d'autant plus a craindre qu'il retire la solidite et rend incapable de profiler des bons effets de ce moyen puissant. 11 faut repeter souvent le mouvement qui porte les ta- lons en arriere. Ces essais doivent se faire avant que les eperons soient adaptes aux talons, ou avec eux sur un cheval tres-lroid. Plus quejamais, avecle toucher des eperons, la flexion des reins doit etre mise en pratique : 1° pour que Ton soit en garde contre les deplacements quelquefois violents qui resultent de ce contact ; 2° pour que le bras et la 36. — 564 — main, constamment soutenus, puissent, par un temps prompt et bien saisi, intercepter la force et paralyser les mouvements brusques du cheval, dont les suites sont souvent facheuses, attendu qu'elles apportent toujours un retard dans son education. En resume, c'est avec la flexion renouvelee du bas des reins et la continuelle rotation des cuisses que le cavalier acquerra promptement la grace, la solidite et une bonne position, principe simple, qui ne fatigue pas la tete de l'eleve et ne lui laisse pas mettre de confusion dans l'emploi de ses forces. POSITION DU CHEVAL. Donner la position a un cheval, c'est disposer a l'avance la tete, l'encolure et le corps, dans le sens du mouvement que Ton doit executer. C'est ainsi que Ton parle distinctement au cheval et que le cavalier lui fait comprendre ses intentions. PORTANT BAS. (Voyes Cheval.) PORTANT AU VENT. {Voyez Cheval.) RACE. Le cheval de race est celui qui appartient a une espece connue et signalee plus specialement : c'est le cheval arabe de premiere origine. A l'exception des chevaux appeles chevaux de pur sang, qui conservent en partie les qualites de leurs pere — oG5 — et mere, j'ai peu de coniiance dans les chevaux dont on ne vante que les titres de noblesse hereditaire, bien qu'iis aient la queue en balai et peu de poil aux jambes ; selon moi, ce ne sont pas la des signes caracteristiques de bonte : il faut avec le sang une bonne construction. On m'appellera vandale, mais je n'apprecie qu'une chose chez le cheval : ses moyens daction et de mouvement ; des lors, je m'inquiete peu de son pays et de son origine. Combien y a-t-il a Paris de ces chevaux d'espece qui n'ont que les qualites qu'on leur prete ! G'est assez dire qu'iis en ont peu de reelles. Quoique mon amour-propre national s'en irrite , je donne la preference aux chevaux de choix de race an- glaise ; ils sont brillants, propres au manege et aptes a tout genre d'exercice. Nos chevaux, et meme ceux des autres pays, ne peuvent qu'imparfaitement les remplacer ; mais je n'en reste pas moins convaincu qu'avec de l'art et de l'aptitude il n'est pas de chevaux, non tares, dont on ne puisse tirer bon parti. RACCOURCIR UN CHEVAL, c'est ralentir son al- lure sans diminuer son action. Un effet juste de jambes et de main lui fera gagner en hauteur ce qui lui ser- vait a prendre du terrain. Cela s'obtient aux allures du pas, du trot et surtout du galop. On donne au cheval une noblesse a laquelle le cavalier lui-meme participe, s'il a su mettre un accord entre ses forces et celles du cheval. — 566 — RALENTIR UN CHEVAL, c'est moderer son mouve- ment dans des proportions telles que la force d'equilibre ne soit pas alteree. RALENTIR (se) se dit du cheval qui diminue son allure a l'insu de son cavalier, ce qui a lieu par un reflux de poids que le cavalier doit corriger s'il n'a su le pre- venir. RAMENER (tous les chevaux peuvent se). La me- thode permet de donner a tous les chevaux cette legerete ou mobilite moelieuse de la machoire qui constitue le ve- ritable ramener. RAMINGUE. Un cheval ramingue est celui qui se de- fend seulement a l'eperon et ne refuse d'avancer qu'aus- sitot qu'il sent son approche. Les chevaux attaques a tort ou sans discernement con- tractent souvent cette habitude. L'emploi judicieux de l'eperon ou de la cravache les forcera alors a se porter en avant ; la recompense doit suivre immediatement ce pre- mier acte de soumission. II faut recommencer ensuite la meme lecon, qui sera toujours precedee d'une forte pression de jambes. Avec ces sortes de chevaux, le principal est de ne rien faire mollement. Les moyens d'impulsion doivent etre toujours fermes et decides ; mais il faudra revenir aux moyens de douceur aussitot que le cheval aura fait acte de soumission. — 567 — RARE. Chevalrare signifie un cheval qui a des quali- tes superieures. Ce mot est un peu prodigue : il est peu de persormes qui n'aient, a ce qu'elles disent, un cheval rare, bien qu'il ne soit que tres-ordinaire. JL'amour de la propriete est une excuse. RASER LE TAPIS. (Voijez Galoper pres du tapis.) RASSEMRLER. On entend par rassembler, en equi- tation, l'art de disposer le poids et les forces du cheval de maniere que les jambes de derriere restent rappro- chees du centre. L'habilete du cavalier consiste a entretenir cette har- monie d'action par Taction menagee et graduee des jam- bes et de la main. On congoit, d'apres ce que nous venons de dire, que le rassembler exige de la part du cavalier une finesse de tact qu'il ne peut acquerir que par une longue pratique, secondee d'une bonne theorie, et necessite, de la part du cheval, une souplesse generale, qui sera le resultat d'un travail preliminaire ayant pour but de l'amener a un etat de ramener parfait ou de legerete. Comme le resultat que doit se proposer un ecuyer est de faire executer a son cheval toutes les belies difficultes de la haute equitation, c'est au rassembler qu'il doit dabord s'attacher ; c'est alors que la flexion des ban- — 56S — ches et des jarrets a lieu plutot de bas en haut que d'ar- riere en avant. G'est done par le rassembler qu'on mettra le cheval dans une situation propre a faire ressortir«les belles for- mes dont la nature l'aura doue, qu'on suppleera aux qualites qu'elle lui aura refusees, et que Fecuyer en ob- tiendra le travail le plus difficile. Le cheval a-t-il l'encolure basse ou la tete mal atta- ches, le rassembler corrige ces parties defectueuses en changeant leur attitude. Les jambes de devant sont-elles faibles, le rassembler vient a leur aide, et leur donne un poids moins lourd a supporter en surchargeant davantage l'arriere-main. C'est ainsi qu'on peut expliquer facilement la raison pour laquelle un cheval dont la partie anterieure est bien placee, soitnaturellement, soit par l'art, n'est jamais lourd a la main, quelle que soit la conformation de sa bouche. On m'objectera peut-etre qu'en raison de la defec- tuosite des extremites posterieures, il est parfois presque impossible d'alleger la partie anterieure, puisque, pour secourir une partie mal conformee, il faut se servir d'une autre aussi defectueuse. Cette objection n'est qu'excep- tionnelle. Tous les chevaux ne sont pas egalement sus- ceptibles d'etre bien rassembles. Pour remplir cette condition, il leur faut des reins solides et de bons jarrets, sans quoi la partie posterieure ne peut prendre le poids qui incommode la partie anterieure. Mais cela ne s'oppo- — 569 — sera point a un rassembler imparfait qui, pour ne pas atteindre au plus haut degre, n'en rendra pas moins le cheval beaucoup plus leger, le disposera a se laisser conduire avec moins de force, et lui donnera une partie de cette finesse sans laquelle il n'y a ni grace ni surete dans le travail. Avant de terminer, je repeterai encore qu'on ne doit commencer les effets de rassembler qu'apres avoir obtenu un ramener complet ; autrement il serait a craindre que les jambes de derriere, en se rapprochant trop vite du centre, ne diminuent le soutien dont elles ont besoin pour faire opposition a la main et pour obtenir le ramener, qui, bien entendu, est le preliminaire oblige du rassembler. Il faut une etude bien approfondie de cette derniere posi- tion pour s'en servir a propos. Pour obtenir les premiers effets du rassembler, on cherchera, par des effets alternes des jambes et de la main, a obtenir une legere mobilite, sans avancer ni re- culer. Cest a l'aide de ces soupcons de mobilite, obtenus avec prudence, que Ton ramenera les jambes de derriere sous le centre ; mais, pour cela, il faut contenir Tavant- main, car si elle gagnait en avant autant que le derriere s'avance, le rassembler serait impossible. Le rassembler judicieusement mis en pratique conduira tout naturelle- ment au piaffer : c'est done par un rassembler parfait que Ton pourra obtenir tousles mouvements. Garde a vous, cavaliers ! la mer est belle et transparente, mais entouree d'ecueils. — 570 — REBOURS. On entend par rebours un cheval qui s'ar- rete, recule, se cabre ou rue, en depit des corrections de son cavalier. Ce defaut est un de ceux qu'on corrige le plus difficilement. Le cheval qui se defend aussi opiniatrement connait et brave tous les moyens de rigueur que le cavalier peut employer contre lui, et sait tout ce qu'il doit faire pour le rebuter, Feffrayer ou s'en debarrasser. On concoit que le cheval, organise pour braver unjoug quel qu'il soit, s'il a ete monte par un cavalier inexperi- .mente, ou qu'il ait ete exerce avant l'age convenable, a du promptement arriver a la derniere periode de ce de- faut ; car la faiblesse du cheval est pour moitie dans ses defenses, et l'imperitie du cavalier pour le reste. 11 n'y a pas d'autres moyens pour corriger le cheval rebours, s'il est passablement constitue, que de ie main- tenir trois semaines ou un mois au travail en place et au pas. Le secours d'un manege est indispensable pour ces sortes de chevaux, afin qu'aucune distraction ne vieone les preoccuper, et que le lieu meme contribue encore a leur assujettissement. REBUTER UN CHEVAL, c'est exiger de lui plus qu'il ne peut faire, et finir par le rendre insensible aux aides et au chatiment. II y a des chevaux qui, a force de complication dans le travail et dans la correction, restent immobiles et comme — 571 — hebetes. Cela devrait servir de lecon a ceux qui usent aussi immoderement de leurs forces. R^CHAUFFER UN CHEVAL* c'est se servir des aides pour rendre plus actif un cheval paresseux. Quand un cheval est froid et incertain, il est bon de lui donner une impulsion plus grande par quelques attaques vigoureuses. Ce moyen, qui reveille son apathie, stimule sa paresse et le determine a se porter plus en avant, ce qui le rend bient6t impressionnable aux moindres mou- vements du cavalier. RECHERCHER UN CHEVAL, c'est lui donner toute la souplesse et le gracieux dont il est susceptible. L'ecuyer qui proportionne ses exigences aux moyens du cheval peut seul le faire ressortir avec avantage et lui faire executer des mouvements prompts et precis. RECOMMENCER UN CHEVAL. Celui qui, faute de methode, a precipite l'instruction du cheval, puis revient sur ses pas et observe une gradation, sans laquelle les idees du cheval sont toujours confuses, et l'education factice et imparfaite; celui-la, dis-je, recommence un cheval. On est souvent oblige de recommencer un cheval qui a ete malmene apres avoir ete dresse. Dans ce cas, l'ecuyer peut facilement, en reprenant son education aux deux tiers ou aux trois quarts, le remettre promptement au — 572 — point d'ou il etait parti ; car il n'est pas possible qu'un cheval dresse avec gradation perde souvenance de tout ce qu'il a appris ; il faudrait, pour cela, qu'il oubliat tout, par une gradation opposee a celle qui a fait son educa- tion, et cela est de toute impossibilite. Les chevaux ont une memoire trop heureuse pour per- dre entierement le savoir qu'on leur a inculque ; mais la position qui donne l'equilibre peut se deteriorer, et il n'en 1'aut pas davantage pour rendre les mouvements lents et l'execution difficile. Aussi, pour leur rendre le savoir, suffit-il de leur ren- dre la position qu'ils avaient precedemment, en admet- tant toutefois que leur education ait ete commencee sur des donnees exactes ; dans le cas contraire, il faudrait le recommencer entierement, comme s'il n'avait jamais ete monte. RECULER (du). Apres avoir habitue le cheval a venir a la cravache, on commence le reculer. (A voir la pro- gression dans la Methode.) RfiDUIRE UN CHEVAL, c'est le dompter. Ceux qui n'ont confiance que dans leur savoir tiennent a dresser eux-memes leurs chevaux, et leur grand moyen de suc- ces est un terrain de labour d'une grande dimension. C'est la qu'ils font galoper le cheval jusqu'a ce qu'il soit epuise ; Us reviennent ensuite glorieux de leur pretendue science. — 573 — J'ai vu des chevaux que cet exercice force avait rendus fourbus. A quoi mene un pareil travail ? A tuer le cheval s'il est faible, a le harasser s'il est fort ; mais cela change- t-il la mauvaise direction de ses forces? cela le soumet-il a aucune de nos premieres exigences ? Non, et la fatigue passee, l'education est au meme point ; c'est besogne a recommencer. RfiNES, especes de longes en cuir, plates et attachees a l'extremite du mors. L'art de se servir des renes est celui de placer le che- val pour qu'il prenne facilement toutes les directions possibles. RfiNE (prendre la cinquieme). On appelle prendre la cinquieme rene s'attacher aux crins ou a la selle pour supporter et suivre les mouvements brusques du cheval et pour retrouver son assiette. Ce moyen est perfide et a ete la cause de nombreux accidents que la pusillani- mity du cavalier a seule occasionnes. En effet, pendant qu'il prend ainsi la selle ou les crins , il abandonne son cheval et s'expose a toute sorte de dangers ; en outre, s'il se fait une habitude d'user de ses poignets comme moyen de solidite, il neglige de bien fixer les parties qui constituent l'assiette, et rend sa position plus incertaine encore. J'ai cherche a prevenir mes eleves contre ce defaut , qui peut avoir de graves consequences, et j'y suis parvenu — 574 — a l'aide d'un travail de plate-longe qui m'est particulier. A cet effet, j'ai choisi un cheval dont les reactions ne sont ni trop fortes ni trop douces. Sans avoir une belle conformation, il se soutient dans une assez bonne posi- tion pour ne pas faire de faux pas, bien que le cavalier ne se serve pas des renes. J'ai dresse ce cheval a diminuer ou a augmenter avec une grande prestesse le cercle sur lequel il marche , a changer de main sur place, a faire des ruades et dessauts de mouton avec plus ou moins de deplacements, le tout en raison des mouvements de la main qui tient la cham- briere, et que je gradue sur la force de 1'e-leve. Je le fais monter sur ce cheval sans le secours des renes , pour qu'il s'habitue a toutes les oscillations et reactions pos- sibles, et qu'il se ramene en selle seulement par la pression des genoux et la mobilite des hanches. Ce travail, qui differe essentiellement du travail dans les piliers, puisqu'il se fait sur de grands cercles, donne rapidement aux commencants de la confiance et de la solidite ; il leur apprend a connaitre les moyens de se remettre en selle en leur reservant le libre usage de leurs poignets et de leurs jambes, a l'aide desquels plus tard ils tiendront le cheval en respect. RENVERSER. Le cheval se renverse lorsque, etant leve tout droit, il perd son equilibre et tombe en arriere. Quand on s'est laisse surprendre par le cheval et qu'il est parvenu a se cabrer, il faut, lors de son mouvement ascensionnel, eviter toute correction violente et prendre une position qui permette de le suivre ; pour cela, on portera le corps et les bras en avant, afin que les renes ne presentent aucune resistance. Dans le cas ou la posi- tion du corps serait insuffisante pour se maintenir en selle, on saisira le cou avec le bras ; il est rare que le cheval se renverse si Ton suit ainsi regulierement ses mouvements. On se gardera bien d'employer les grands moyens des gens a mauvaise pratique, telsque de casserunebouteille pleine d'eau sur sa tete ; c'est alors qu'etourdi par ce coup, le cheval se renverserait et exposerait les jours du cavalier. Qu'on evite encore de Tattaquer dans la position perpendiculaire : on ebranlerait le seul point d'appui qui lui reste, et le danger serait imminent sans que le moyen soit efficace. Ces chevaux demandent a etre contenus par les jambes ou les eperons avec une grande energie, pour eviter tous les mouvements retrogrades et d'acculement qui donnent naissance a celte dangereuse cabrade. RENVERSER se dit aussi du cheval qu'on incline for- tement pour lui faire changer de pieds. C'est la que git le talent des glorieuses incapacites. REPL1ER se dit d'un cheval qui se retourne de la tete a la queue. Le cheval auquel on connait ce defaut doit etre porte — 376 — vigoureusement en avant, puis contenu avec les deux renes du filet, afin qu'on puisse lui opposer a temps une force egale a celle qu'il emploie pour se livrer a cette de- fense ; il faut done d'abord porter le cheval sur la main avec toute l'energie dont on pourra disposer. REPRISE. La reprise est un terme de manege qui exprime l'intervalle du repos entre chaque genre d'exer- cice. Ordinairement, les lecons sont composees de deux re- prises pour les commencants, et de trois pour les eleves plus avances ; dans les deux premieres, ils changent de chevaux ; la troisieme est destinee au galop ; les deux premieres sont ordinairement de vingt minutes chacune, avec lesquelles dix minutes de pas et dix de galop com- posent l'heure de la legon. Avez-vous fait votre reprise ? etes-vous de la reprise de galop ? questions des eleves entre eux pour sMnter- roger sur leurs forces ou leur travail respectif. RETIF. Le cheval retif est celui qui refuse d'obeir, en se livrant a toute sorte de defenses. Le moyen d'y re- medier consiste a mettre en pratique mes principes dans toute leur etendue. ROULER A CHEVAL, e'est eprouver du deplacement sur le cheval, bien que celui-ci ne fasse que des mouve- ments tres-ordinaires. — 577 — L'homme qui vacille ainsi n'est capable de rien exe- cuter ; un pauvre animal sera bien a plaindre si, malgre ce manque de solidite, le pretendu cavalier ne s'apprecie pas a sa juste valeur. II punira le cheval de fautes dues a sa propre maladresse. Heureusement les chevauxsont de mauvais courtisans, et ils ne souffrent pas longtemps ces mauvais traitements sans fouler aux pieds leur agres- seur. ROUTINE. Le cheval dresse par routine est celui pour lequel la position n'est pas le langage dont se sert le cavalier pour se l'aire comprendre. Alors ce n'est qu'en repetant a satiete des indications plus ou moins compre- hensibles pour l'animal qu'on obtient enfin une obeis- sance machinate, lei, on ne cherche qu'a exploiter la memoire du cheval au lieu d'eclairer progressivement son intelligence par son physique, sur lequel nos aides ont une action constante et certaine. Lorsque l'education est basee sur la routine, elle ne marche qu'avec une lenteur desesperante, et le dresser est aussi limite qu'incertain. II arrive frequemment aussi que le cheval previent la volonte du cavalier , et la diffi- cult ne consiste plus a lui faire executer le mouvement, mais bien a 1'empecher de l'executer a un moment ou a un endroit donne. La routine ne saurait etre la regie de conduite du cheval equilibre qui execute, non pas a la suite d'actions machinales, mais bien a la condition seule que les actions 37 — S7S — employees donneront la position imposant le mouvement demande. II faut, avant tout, de l'intelligence au cavalier pour qu'il puisse se faire comprendre par le cheval ; et sa position, par suite de nuances infinies, constitue le seul langage pouvant nous mettre a meme de transmettre au cheval toutes nos impressions. RUADE, action du cheval lorsqu'il leve le derriere a une distance plus ou moins grande du sol . Cette defense est une des moins dangereuses et des plus faciles a corriger. Ou le cheval detache la ruade dans une allure moderee et avec une telle rapidite qu'il s'enleve a peine, ou il la premedite, pour ainsi dire, et alors elle est toujours precedee d'une telle translation de forces et de poids sur les jambes de devant, qu'il fau- drait etre bien faible cavalier pour ne pas la sentir. Comme les jambes de devant se surchargent et se fixent un moment sur le sol, il sera bien facile, en sciant du filet, d'elever l'encolure qui tend a s'affaisser, mais encore faudra-t-il pousser energiquement en avant pour eviter le temps d'arret. Les juments chatouilleuses et pisseuses qui se livrent a la ruade, par un vice d'organisation , sont difficiles a corriger; cependant le moyen queje viens d'indiquer moderera toujours la violence de leur mouvement. Dans tous les cas, on concoit que les defenses ne peu- vent etre arretees que par des temps saisis et marques a propos. Tous ces moyens, du reste, ne peuvent arreter — 379 — que l'effet; replication graduee comme je l'indique peut seule detruire le principe de cette defense sans qu'il en reste de trace. RUDOYER SON CHEVAL. Quand on confie in- discretementdeschevauxades palefreniers brusques, qui les malmenent, il se developpe souvent chez eux, en peu de temps, un caractere d'irritabilite et de mechancete qu'ils n'auraient jamais eu sans les mauvais traitements qu'ils ont essuyes. Heureux encore lorsque les allures ne perdent pas leur regularity. On ne peut trop blamer le maitre qui pousse aussi loin l'indifference. Qu'il sache done que, pour obtenir d'un cheval tout le plaisir qu'il en attend, il taut s'en occuper avec zele et assiduite. Richesse oblige. S SACCADE, e'est le passage subit et sans gradation de l'abandon a une force instantanee et excessive du mors. Non-seuiement on n'apprend rien au cheval avec les mouvements brusques qui n'ont pas ete precedes d'une sujetion moindre, mais on blase promptement son irrita- bility et sa comprehension, ce qui le rend peu capable d'un service agreable. Pour obvier a cet inconvenient, mettez toujours le mors en contact avec les barres avant d'exercer une pression ; que cette pression elle-meme soit toujours graduee, ou bien, s'il y a spontaneite dans 37. — 580 — la force, ce qui est parfois utile pour detruire un empla- cement brusque du cheval, que ce soit pour revenir im- mediatement aux mouvements progressifs : avec ceux- la seuls le cheval peut apprendre, parce qu'avec ceux-la seuls il peut comprendre. SAGE (le cheval) est celui qui, avec un degre d'action juste et convenable pour toutes les allures, n'oppose, par sa bonne conformation, aucune resistance aux volontes du cavalier. Les chevaux de dame exigent plus particulierement ces qualites, qui sont malheureusement assez rares, mais sans lesquelles cependant une dame ne serait pas a l'abri de tout danger , si une bonne education ne venait y suppleer. On dit monter son cheval sagement. Cela s'entend du cavalier qui le conduit avec art, et ne lui demande rien au dela de ses forces. SAUT. (Le pas, le saut et le galop gaillard. Voyez Pas.) SAUT DE MOUTON est un saut par lequel le cheval s'enleve du devant et immediatement du derriere. L'en- semble bien saisi entre la force des reins et des genoux permettra de suivre aisement le cheval dans cet acte violent, qui n'est souvent amene que par une excessive gaiete. — 581 — Quelques minutes de plate-longe modereront cette fougue ; le travail en place et Failure du pas, ayant tou- jours pour but l'assouplissement et la mise en main, in- tercepteront les forces instinctives de l'animal et les sou- mettront bient6t a l'effet des n6tres. SAUT DE PIE, c'est un petit mouvement du cheval qui imite le saut d'une pie. Rien ne denote le cheval mal monto, comme de le voir, tous les cinq ou six temps de pas, se contracter de devant et faire ce petit saut. Ce defaut, car e'en est un, est pour l'ordinaire un signe de faiblesse chez le cheval, et dune irrecusable mal- adresse chez le cavalier, qui le recherche mal a propos, sans consulter ses moyens. L'ensemble de mon ouvrage n'a pas d'autre but que de faire comprendre comment on evite de detruire ainsi l'harmonie des forces d'un cheval. Une fois ce defaut con- tracts, le remede est le meme que pour tous ceux qui tiennent a des vices d'education. C'est encore et toujours par l'assouplissement en place et les allures lentes qu'on rend aux chevaux ainsi vicies l'equilibre, la regularity des allures et l'obeissance. (Voir la Methode.) SCIER DU BRIDON ou DU FILET, c'est tirer alter- nativement sur l'une et l'autre rene. A l'aide de ce mouvement, on eleve la tete du cheval qui s'encapuchonne ou de celui dont 1'encolure s'affaisse, — £82 — et on l'arrete plusi'acilement, lorsqu'il s'emporte, en pre- nant l'une de ces deux positions. L'action de scier du filet doit etre vive, augmcntee graduellement et diminuee de meme, quand le cheval vient a ceder. SCIENCE (la) equestre consiste a penetrer les secrets de la nature physique et morale du cheval et a connaitre les causes premieres et determinantes de ses actions. Nulle etude n'exige plus de pcrspicacite et de perseve- rance, par suite de la succession des effets, qui s'eloi- gnent toujours de leur cause en raison directe de leur multiplicite. II faut neanmoins que l'observation triomphe de ces difficultes, puisque la connaissance des causes peut seule nous donner les principes vrais, dont l'expose constitue la science, qui elle-meme devient la base de l'art equestre pris dans sa veritable acception. SELLE. Cette partie du harnachement du cheval est trop generalement connue pour qu'il soit besoin de la definir. Quelle que soit la selle (1) que Ton adopte, il faut, pour ne pas blesser le cheval, qu'elle touche egalement toutes les parties de son corps, a Texception du garrot, de l'epine dorsale et du rognon, dont elle devra etre (1) C'est a Theurkauff, sellier, rue Neuve-Saint-Augustin, 65, que Ton doit le pcrfectionnement des selles anglaises ; elles prennent tellement bien le corps du cheval que le cavalier peut le serrer dans ses deux genoiix, comme s'il etail a poil. Tous les amateurs qui garnissent sa bourse lui doi- vent encore des remerciments. — S83 — eloignee de vingt-sept a trente millimetres. Les sangles doivent avoir un juste degre de tension qui empeche le vacillement de la selle, sans pour cela gener en rien l'animal. Bien des defenses, dont on ne se rend pas compte, tiennent a ce que la selle ou les sangles ne sont pas dis— posees convenablement. SENTIR SON CHEVAL, c'est se rendre raison, avec Yassiette et les aides, de tous ses mouvements, et savoir en profiter pour obtenir ce qu'on exige de lui. Ce senti- ment constitue le veritable homme de cheval. SOLLICITER, se dit d'un cheval paresseux qui a besoin d'etre constamment anime pour marcher. II est rare que les eperons, judicieusement employes, ne sti- mulent pas assez un cheval pour le faire changer de po- sition a l'approche des jambes. C'est en se servant de ces chevaux, peu agreables du reste, que le cavalier acquiert une plus haute importance equestre, car il donne par la une preuve incontestable de la superiorite de l'homme sur les animaux. SOUBRESAUT, saut imprevu et a contre-temps que fait le cheval pour se soustraire a la volonte du ca- valier. Le cheval qui est monte avec distraction semble epier la negligence de son oublieux cavalier : aussi le rappelle- — 584 — t-il souvent d Vordre par quelques soubresauts qui peu- vent avoir des suites facheuses. II est done important d'etre toujours attentif et en garde contre les gaietes d'un cheval, qui degenereraient promptement en defenses morales et seraient d'autant plus difficiles a corriger. SOUPLE, cheval qui a les mouvements Hants. J'ai indique presque a chaque page de ce Dictionnaire Futility de la souplesse et les moyens de Tobtenir. Resumons encore ce principe des principes : 77 faut assouplir un cheval pour le placer, et il faut le placer pour qu'il execute facilement. Les regies pour dresser un cheval sont dans ces deux lignes ; e'est au cavalier a les commenter pour en tirer toutes les consequences qui en decoulent. SOUTENIR UN CHEVAL, c^est l'empecher de s'en aller sur les epaules en portant le poids de son corps sur les jambes de devant ; le cavalier qui connait ce qui con- stitue l'equilibre du cheval s'attachera toujours a disposer le poids et les forces de maniere a l'obtenir. SURMENER UN CHEVAL, e'est la meme chose que l'outrer. (Voyez Outrer.) SURPRENDRE UN CHEVAL , e'est se servir des aides par a-coup. Le cheval est ce qu'on le fait, quand il est soumis a la — 585 — volonte de l'homme ; son maitre lui imprime ses d6fauts comme ses qualites, et, s'il est mene brusquement, ses mouvements ne tarderont pas a acquerir toute l'irregu- larite de ceux du cavalier; tel homme, tel cheval. TACT. Le tact, dans le langage ordinaire, consiste a agir et parler a propos ; il est un attribut de l'intelli- gence, et se perfectionne par l'education; mais de meme qu'il y a des intelligences bornees que l'instruction ne peut developper au dela d'une certaine limite, de meme celui qui manque de tact ne pourra l'acquerir malgre l'education la plus brillante. TATER SON CHEVAL, c'est essayer ses moyens. Un bon cavalier doit connaitre en peu de temps les dis- positions physiques et morales de son cheval. Par un emploi gradue des aides, on appreciera promp- tement le degre d'irritabilite du cheval, et comment il supporte les effets de jambes et de main. S'il s'y refuse, on sentira pourquoi il ne veut pas s'y soumettre et quelles sontles forces qui s'y opposent. C'est avec ce tact 6ques- tre qu'on tatera son cheval avec fruit. Cette espece d'in- terrogatoire, qui fait connaitre les parties fortes ou fai- bles du cheval, donnera promptement les moyens de le bien dinger. — 586 — TERRE-A-TERRE. Dans ce galop en deux temps, beaucoup plus eleve du devant que le galop ordinaire, le cheval leve et pose en meme temps les deux jambes de devant sur le sol, et celles de derriere, egalement enlevees, suivent immediatement celles de devant. Ces anciennes pratiques equestres ont heureusement disparu avec les progres de la science. TETE AU MUR, c'est quand le cheval marche de deux pistes et que sa tete fait face a la muraille. Dans ce tra- vail, les jambes de devant restent sur la piste, et celles de derriere rentrent dans le manege en decrivant avec les premieres une ligne parallele. II ne faut pas attendre trop tard, a l'approche des coins, pour augmenter le croise des jambes de devant. En sup- posant que celles-ci aient un metre de plus a parcourir que les jambes de derriere, et qu'il y ait six pas de cote a faire pour passer un angle, il faudra augmenter chacun de ces pas de seize centimetres environ, ce que le cheval fera tres-bien sans perdre la cadence deses mouvements. Si Ton attendait trop tard pour augmenter la marche des jambes de devant, il serait impossible de conserver l'equi- libre du cheval, en raison des pas trop grands qu'il serait oblige de faire pour se maintenir droit. Si, au contraire, le derriere precedait le devant, il detruirait l'harmonie et la regularity du mouvement. Comme cet exercice touche a la poesie de l'equitation, on ne doit pas plus pardonner a un auteur de faire de — 5S7 — mauvais vers qu'a un cavalier de i'aire de mauvais pas de cote. II faut bien executer les pas de cote pour ne pas etre sous le coup d'une juste critique. TRAVAIL DES CHEVAUX EN LIBERTE. La pre- miere fois qu'on a yu les chevaux s'agenouiller, se cou- cher, se mettre a table, etc., etc., onadunecessairement 6tre emerveille ; maintenant encore, on eprouve un mo- ment de surprise (1), et cependant il y a peu-de personnes qui ne puissent parvenir a faire operer ces mouvements en suivant les regies et les moyens que je vais detainer. Comme bien on pense, je negligerai completement ces singeries, qui n'exigent aucun savoir chez l'instructeur, aucune etude pour l'animal, et qui n'eblouissent le vul- gaire que parce qu'il en ignore les causes. Mon but n'est (1) L'etonnement est alle souvcnt jusqu'a la crainte da sortilege. Nous avons sous les yeux un vieil ouvrage sur Y equitation de M. Delcampe, ecuyer de la grande ecurie du roi, imprime en 1664, qui nous en donne un triste exemple : « Un Napolilain, nomme Pielro, avail un petit cheval dont il sut mettre a profit les dispositions naturellcs; il le nommait Mauraco. II le drcssa, et lui apprit a se nianier sans selle ni bride, et sans que person ne fut dessus. « Ce petit animal se couchait, se meltait a genoux el marquait aulant de courbetles que son maitre lui disait. II porlait un gant on tel autre gage qu'il plaisait a son maitre de lui donner et a la personne qu'il lui designait. II sautait le baton et passait a travers deux ou trois cercles les uns devant les autres, et faisait mille autres singeries. « Apres avoir parcouru une grande partie de l'Europe, son maitre voulut se retirer ; mais en passant par Aries, il s'y arreta. Ces merveilles frappe- rent tellement le peuple, et l'etonnement fut pone a un tel point qu'on le pril pour un sorcier. Pietro et Mauraco furenl brules comme tels sur la place publique. » Ainsi le cheval a repondu a I 'intelligence tie son maitre : Ven- tcndement humain etail done infi'rieur a celui de Mauraco? Cet exenylc ri'est pas le premier; sera-t-il le dernier? — 588 — pas de traiter ces actes de pur charlatanisme (1), mais seulement d'indiquer les exercices qui demandent a l'homme du tact et de la perseverance, et denotent chez le cheval une intelligence irrecusable. Le point essentiel, pour instruire un cheval, consiste a bien discerner si, lorsqu'il refuse d'obeir, il agit par caprice, opiniatrete, mechancete, ou bien par ignorance. L'art de l'instructeur n'offre pas d'autres difficultes. En effet, si le cheval n'a pas bien compris ce qu'on lui demande, et qu'on le frappe pour le punir de ne pouvoir executer ce qu'il n'a pas compris, comprendra-t-il da- vantage? La premiere chose a faire, c'est d'apprendre au cheval ce qu'on lui demande ; pour y arriver, il faut de- terminer, par une serie bien exacte d'actes intellectuels, ce qu'on veut fixer dans sa memoire. Est-ce avec des coups qu'on lui donnera cette comprehension ? Non, sans doute ; c'est d'abord en lui indiquant bien clairement le but desire, ensuite, par des chatiments ou des recom- (1) Par exemple,dans un mimodrame intitule, je crois, Gerard de Nevcrs, un cavalier amoureux, plonge dans le chagrin, fait debrider son cheval pour lui donner de l'avoine; ranimal (telle est l'intention de l'auteur) doit par- tager la douleur de son mailre ; il ne veut pas manger le grain qu'on lui a jete : aussi, apres avoir mis le nez dedans, leve-t-il la tete avec un signe negatif, et cela au grand etonnement et aux applaudissements des specta- teurs II faut dire que l'auge est a claire-voie et herissee de clous d'epingle. Dans une autre piece, un maitre assure que son cheval repond & ses questions : pour le prouver, il lui adresse la parole et le pince immediate- ment a Tepaule. Alors le cheval pousse un petit cri, et tout le monde de se pamer d'admiration. On obliendra sans peine un pareil resultat avec tous les chevaux chatouilleux. — 589 — penses appliques a propos, en lui inculquant dans la me- moire les mouvements qu'il doit executer. Le plus beau travail pour le cheval est celui ou il est presque livre a lui-meme : aussi nous en occuperons- nous d'abord. Pour ce genre d'education le manege cir- culaire est le plus propice ; l'instructeur se trouve plus pres du cheval, et toujours egalement a portee de repri- mer ses fautes. Nous apprendrons d'abord au cheval a rester sur la piste pres des planches, au pas, au trot, au galop, puis a les quitter pour tourner a droite ou a gauche. II faut mettre le cheval nu, avec un surfaix et un anneau rond fixe sur le coussinet, pour y passer les renes d'un filet ou d'une bride ; en les y fixant, on proportionnera convenablement leur tension sur son action et sur la po- sition naturelle de son encolure, puis on lui adaptera un cavecon auquel sera bouclee une grande longe de dix metres. Une f bis le cheval entre dans le manege, on s'appro- chera de lui avec douceur, on lui donnera du sucre, ce a quoi on l'aura habitue a l'avance ; la longe sera tenue de la main gauche et la chambriere de la droite ; on ne lui laissera d'abord que seize centimetres de longe, on l'habituera au claquement du fouet, et s'il ne cherche pas a s'en eloigner, on lui prodiguera des caresses. On se placera vis-a-vis de lui a trois pas environ, en le regar- dant avec bienveillance : les chevaux savent parfaitement distinguer si Ton est plus oumoins favorablement dispose — 590 — a leur egard ; ils se rapprochent plutot de celui dont le regard est doux. On doit prendre le meme soin de sa voix, et lui donner les inflexions qu'exigent les circon- stances. Ce ne sont pas la des regies de peu d'importance : plus l'homme veut avoir d'empire sur l'animal, plus il doit s'attacher a lui faire comprendre et juger ses propres impressions. On le fait venir a soi des trois pas de distance dont il est eloigne en lui disant a haute voix : A mot ! Il ne com- prendra rien les premieres fois ; mais quon se serve de la chambriere, en lui cinglant de petits coups sur la partie inferieure du ventre jusqu'a ce qu'il s'approche, puis on calmera l'irritation qui a du suivre le chatiment par la voix, les caresses et le sucre ; on recommencera ce memo travail en lui donnant unpeu plus delonge, quand on sera assure qu'il ne cherche plus a fuir, et bientdt il obeira a la voix ; enfin on le fera tenir eloigne autant que la longe le permettra. Au mot : A moil le paletrenier le laissera aller ; s'il vient directement, on le recompense™ du geste et de la voix, et on lui donnera du sucre ; autre- ment, on tiendra ferme la longe, en restant toujours a la meme place, et on se servira de la chambriere pour Ten toucher vigoureusement, jusqu'a ce quil obeisse. Il vaut mieuxhabituerlecheval a obeir par la craintedu chatiment que par l'attrait des recompenses. II n'oubliera jamais les causes qui font naitre le chatiment, et comme on lui aura appris a l'eviter en s'approchant, il obeira tranche- — 59i — ment et avec promptitude ; si, au contraire, on ne mettait en usage que des moyens de douceur, il pourrait les ou- blier, pour se livrer a un caprice quelconque. Comment le punir alors de cet ecart? Ce serait chose difficile, puis- que son idee de revolte lui aurait fait perdre de vue la recompense habituelle : il faudrait done attendre qu'il lui plut de revenir vers vous. On serait alors a sa discretion, et il n'obeirait qu'autant que le souvenir de la recom- pense lui reviendrait en tete. On doit, tout a la fois, se faire craindre et se faire aimer. 11 faut que le cheval s'approche a la voix, et que le mouvement en arriere de votre corps lui fasse prendre facilement toute espece de changement de direction. Conduisez-le sur la piste a main droite, placez-vous pres de son epaule, en le tenant avec la longe du cavegon , ne vous eloignez de lui que progressivement et quand il ne cherchera plus a revenir sur vous ,• montrez-lui le bout de votre chambriere chaque fois qu'il quittera la piste. S'il prend le trot avant votre commandement , dites-lui : Au pas ! en prolongeant le premier mot. Si le cheval est instruit par un homme patient, ayant le tact observateur, son intelligence ne restera pas en de- faut, et, enpeu de jours, avec cette gradation dans le tra- vail, il marchera au pas avec regularity, bien que vous soyez a huit metres de lui. Pour le faire partir au trot, elevez la main, en avan- gant votre chambriere pour la lui faire voir ; commandez : Au trot I en elevant la voix et en allongeant le dernier — 592 — mot ; prevenez le retour au pas en entretenant son action par la chambriere, ou faites onduler horizontale- ment la plate-longe s'il precipite son allure ; faites-le passer souvent du trot au pas, en vous servant des mots : Au pas ! et en faisant un usage modere du cavegon. Le galop s'obtiendra par les memes procedes quant a la chambriere ; mais lorsque vous prononcerez : Au galop ! la voix prendra un ton plus eleve que pour le trot. Ce n'est pas le mot qui le force a obeir, mais la dif- ference qui existe dans les intonations. Le passage du galop au trot s'execute comme celui du trot au pas, en baissant la voix et prolongeant les mots : Au trot ! Outre l'intonation, il faut aider au sens des paroles par une marche plus ou moins vive, en raison des allures que vous lui commandez. Ainsi, marchez plus vite quand il est au galop, moins vite quand il va au trot, et ralentissez encore votre marche pour Failure du pas. Bien que vous soyez a une grande distance du cheval, il n'en aura pas moins les yeux sur vous, et suivra plus facilement la mobilite de votre corps qu'il n'obeira a des paroles qu'il ne comprendra que par les indications accessoires. Le cheval ayant ete habitue d'avance a s'approcher aux mots : A moi ! accompagnes d'une retraite de corps , prendra aisement des changements de direction par le moyen suivant : dites-lui : Doublez ! S'il hesite,lacham- briere et le cavegon feront leurs fonctions pour l'amener — 593 — jusqu'a vous ; puis vous le conduirez jusqu'a l'extremite de la ligne du double en restant a son epaule ; si, apres avoir repete ce mouvement autant de fois qu'il marquera de l'hesitation, il vient franchement a vous, marchez pour entretenir son action et pour le conduire sur la piste op- posee. Les changements demain s'obtiendront plus facilement encore, puisque le cheval cherche toujours a s'eloigner de son instructeur. Pour obtenir ce changement, vous vous porterez un peu en avant, du cote vers lequel il marche, en lui montrant la chambriere. Le reste de de- fiance qu'il eprouve le poussera naturellement a couper le manege par la moitie et a reprendre la piste dans l'autre sens ; cependant soutenez-le avec le cavecon ; ayez meme recours au fouet pour le laire venir jusqu'a vous, car il finirait par tourner sur lui-meme. Caressez-le et faites-lui connaitre la route qu'il doitsuivre. Lesmemes mouvements, frequemment repetes, finiront par pene- trer son intelligence ; alors il vous secondera et vous previendra, pour ainsi dire. Ceci est tellement vrai qu'il ne m'etait pas possible de me moucher en exergant un de mes chevaux, sans que le mouvement de mon bras pour cette action le fit immediatement rentrer dans le manege. II faut dire que je m'etais empare de ses facultes intellec- tuelles a un tel point que toute son attention etait portee sur moi : aussi lui faisais-je executer toute espece d'evo- lutions sans ouvrir la bouche et avec des mouvements de tete et d'epaules imperceptibles aux spectateurs. 38 — 594 — Quand le cheval repondra a votre pensee sans la moindre hesitation, debarrassez-ledu cavecon, et exigez qu'il fasse en liberte le meme travail qu'il executait precedemment; vous reviendrez a ce premier expedient quand il n'y mettra plus la meme regularite. II serait bon, pour pre- venir toute insubordination, de partager le temps de la legon en deux reprises, la premiere avec le cavecon, et la seconde sans son secours. II faut une grande patience pour apprendre au cheval a rapporter ; cependant, si les progres sont, pour ainsi dire, nuls les premiers jours, ne vous decouragez pas : c'est dans ce moment-la que le cheval classe dans sa me- moire les faits qui doivent, plus tard, se developper dans son intelligence, et qu'il arrive ainsi a comprendre par- faitement. Ne compliquez pas ce que vous lui demandez par trop de promptitude , et il saura bientot mettre a profit vos bonnes lecons. Du reste, voici a peu pres la marche a suivre : Pour qu'il ne se tourmente pas et s'occupe uniquement de vous, laissez-le dans l'ecurie et a sa place habituelle ; ayez, dans un mouchoir blanc de lessive, une bonne pincee d'avoine et quelques petits morceaux de sucre ; mettez-vous du cote du montoir, passez votre bras droit sous sa tete, faites qu'il ouvre la bouche en appuyant l'index sur la barre inferieure, et introduisez (avec la main gauche) entre les incisives le petit tampon prepare ; appuyez le pouce et le troisieme doigt sur les levres su- perieure et inferieure, et chaque fois que le cheval fera — S95 — un mouvement pour se debarrasser de ce qu'il tient entre les dents, marquez une pression forte et rapide ; recom- mencez cent fois de suite, s'il le taut, et replacez le mou- choir dans sa bouche chaque fois qu'il s'en echappera ; surtout saisissez bien l'instant de la petite correction que je viens d'indiquer. Quelque temps apres cet ennuyeux commencement, les dents seront plus de temps sans se desserrer ; com- mencez alors a le caresser de la voix et de la main. L'avoine et le sucre impregnes de salive ne tarderont pas a eveiller la friandise du cheval, a tel point que bient6t il se jettera sur le mouchoir, si on le place pres de ses levres. £loignez-le petit a petit, ou baissez-le, mais tou- jours progressivement, et, en peu de temps, il ira le cher- cher partout ou ou I'aura place, de fagon, toutefois, qu'il puisse le voir. Pour le lui faire prendre sur le sol , vous vous servirez des mots : A terre! S'il resiste, on lui fera connaitre ce qu'on lui demande, en lui indiquant de la main ce qu'il doit faire et l'endroit ou se trouve l'objet qu'il doit saisir. En cas de refus, lecavegon pourrait encore etre mis en ceuvre avec avantage. Tout ceci doit se faire avec beaucoup de management, jusqu'a ce qu'on se soit apercu qu'il n'y a plus d'ignorance. Il y aurait caprice si, ayant bien execute, il venait a s'y refuser ; alors parlez-lui avec severite, et servez-vous du fouet vigoureusement, sans toutefois y mettre de colere. II est si vrai qu'on ne saurait se passer du chatiment pour forcer le cheval, meme instruit, a une 38. — 596 — obeissance passive, que souvent il m'est arrive, avec une jument fort intelligente, de lui jeter le mouchoir a une certaine distance , et de ne pouvoir obtenir qu'elle le saisit sans la menacer de la chambriere ; mais alors elle se lancait dessus avec une action considerable, et me le rapportait immediatement. C'est avec regret que je fais connaitre les moyens a employer pour faire mettre le cheval a genoux, le faire boiter, le forcer a se coucher et a rester assis sur ses fesses dans la position dite du cheval gastronome. Ce genre d'exercice, qui degrade le cheval, est penible pour l'ecuyer, qui ne retrouve plus, dans cette bete tremblante et humiliee, le coursier plein de fougue et d'ardeur qu'il a eu tant de joie a dompter. Mais je me suis avance, et, bien quil m'en coute, je dois remplir la tache que je me suis imposee. Pour obtenir du cheval qu'il se mette a genoux, nouez, a l'aide dune corde, le paturon pour fixer la partie infe- rieure de la jambe en l'air ; servez-vous d'une seconde longe, que vous adapterez de meme au paturon de l'autre jambe. Faites-la tenir bien tendue, et frappez cette jambe de plusieurs petits coups de cravache ; profitezde l'instant oii le cheval s'enleve pour tirer sur cette seconde corde, de maniere a faire plier la jambe. II ne peut alors faire autrement que de tomber sur les genoux. Ayez soin de garnir de sciure de bois, ou de toute autre substance molle, le terrain sur lequel il se trouve, pour qu'il n'e- prouve pas de douleur par cette espece de chute et qu'il — 597 — ne se blesse pas ; on doit aussi, pour plus de surety, lui mettredes genouilleres. Flattez-le beaucoup dans cette position, etlaissez-le se relever sur le pied, degage de tout lien. Quand il n'offrira plus de difficultes, vous ne ferez plus usage de la longe qui lui fait plier la jambe ; bient6t apres vous lui laisserez les deux jambes libres , et il saura qu'il doit se mettre a genoux a la suite de pe- tits coups de cravache frappes sur cette partie. Cette position une fois obtenue, soutenez-lui fortement la tete a gauche en vous plagant de ce c6te, et appuyez la rene droite du filet sur son encolure pour le faire tomber sur le cote du montoir ; ne discontinuez pas cet emploi de force qu'il n'ait cede ; une fois couche tout de son long , caressez-le sur tout le corps ; pendant ce temps, faites-lui tenir la tete pour qu'il ne se releve ni malgre vous, ni trop brusquement ; profitez de cette po- sition pour l'asseoir sur ses fesses et sur ses jarrets. Pour y parvenir, elevez-lui doucement la tete et l'enco- lure ; avancez-lui les jambes de devant, soutenez-le for- tement avec le filet tenu par les deux mains, et placez- vous pres de sa croupe. En relevant ainsi graduellement, vous parviendrez en quelques lecons a le placer en gas- tronome. Une fois le cheval pose sur les genoux et habitue a y rester, il sera facile, a l'aide de la cravache, de le faire ainsi marcher ; pour cela on allegera , je suppose, d'a- bordla partie droite, en portant l'encolure plus a gauche, et de legers coups de cravache activeront le cote allege ; — 598 — quand le cheval aura fait un mouvement progressif de cote, on operera sur l'autre de la meme maniere; et ainsi de suite pour Tune et l'autre jambe, jusqu'a ce que cette marche lui soit devenue familiere. Limitation du cheval boiteux se fera encore avec le secours d'une longe qui souliendra la jambe libre. Apres quelques repetitions de cet exercice, il le fera avec un leger mouvement de la cravache. C'est au moyen d'un autre mouvement qu'on obtiendra ce qu'on appelle le pas de basque ; pour y reussir promp- tement, il faut mettre le cheval dans les piliers, l'habituer aux demi-pesades, et, chaque fois qu'il retombe, le frap- per de la cravache sur une jambe, puis sur l'autre, alter- nativement, pour qu'il neprenne jamais son point d'appui que sur une jambe. Le cave^on, pour facililer ce mouve- ment, sera soutenu avec force du cote ou le point d'appui doit avoir lieu, ce qui bientot donnera le balance qui caracterise cette espece de danse. Le cheval tirera un coup de pistolet quand il saura rapporter, et lorsqu'on l'aura habitue a supporter la deto- nation sans crainte. On disposera le pistolet de maniere qu'un bouton, long de vingt-sept millimetres, rembourre legerement , fasse partir la detente quand le cheval le prendra avec les dents ; le pistolet sera solidement attach6sur une table par des vis placees en dessous. On trouvera d'abord tres-difficile d'amener le cheval a donner de lui-meme la secousse qui fait partir le pis- — 599 — tolet ; c'est en peu de temps cependant qu'il s'y sou- mettra, quand on l'aura bien familiarise avec cette arme. Voici la gradation a observer : Placez le cheval dans un endroit isole, pour qu'il n'ait aucun sujet de distraction ; montrez-lui le pistolet non charge, eloignez-le et rapprochez-le de ses yeux a plu- sieurs reprises. Quand il ne cherchera plus a l'eviter, mettez en jeu la batterie ou le chien, puis apres lachez la detente pour abattre le chien sur la cheminee. £loignez le pistolet de ses yeux, et ne le rapprochez qu'au fur et a mesure qu'il s'y habituera. Commencez a bruler de le- geres amorces, placez-vous a cinq ou six pas de sa tete et continuez jusqu'a ce qu'etant bien pres de lui, sa tete reste dans une immobility parfaite. II existe des chevaux dont 1'oui'e se familiarise aux detonations plus vite que la vue ne s'accoutume au feu (1) ; pour ces derniers, il faut pendant quelques jours battre le briquet pres de leurs yeux. Quand ces deux organes seront bien accoutumes a ces diverses operations, mettez la dixieme partie d'une charge sans bourre dans le canon du pistolet. Restez a une distance pareille a celle que vous conserviez pour l'habituer aux amorces ; apres le coup parti, venez le flatter, en tenant toujours le pistolet a bras tendu vis- a-vis de sa tete ; augmentez la charge et rapprochez- vous insensiblement de lui. Si le cheval cherche a se de- rober a ce bruit, ne le frappez pas, car les coups n'ame- (1) Les armes a feu eiant actuellement a capsules, le cheval n'aura plus qu'a se familiariser avec la detonation, ce qui abregera son education. — 600 — neraient pas la serie (Tidies qui lui font apprecier et dis- cerner l'effet de la sensation qu'il eprouve ; mais rame- nez-le avec beaucoup de managements a son point de depart, et revenez a des detonations plus faibles. II faut avoir soin de charger le pistolet devant le cheval et de maniere qu'il puisse suivre tous vos mouvements. Voila, selon moi, les moyens les plus efficaces pour fa- miliariser les chevaux avec le pistolet, les mouvements de la charge et la detonation qui en resulte ; une fois cet avantage obtenu, il n'y a plus qu'a leur faire serrer les dents sur le ressort, et nous avons indique plus haut les moyens propres a les fagonner a ce travail ; il faut qu'un cheval soit bien farouche pour ne pas etre entierement familiarise avec cette arme, si on l'exerce ainsi une demi- heure chaque jour pendant un mois. Je ne m'etendrai pas davantage sur les exemples de ce genre ; on trouvera suffisamment de quoi exercer sa pa- tience dans ce que je viens d'expliquer. Je me serais m6me abstenu de ces demonstrations si plusieurs per- sonnes ne m'avaient manifesto le desir de connaitre la theorie la plus prompte pour developper l'intelligence du cheval, theorie qui ne se trouve en effet dans aucun ouvrage. Peu de gens se livrent a ce genre de travail, qui cepen- dant n'est pas sans quelque merite, quand on le possede assez pour lire dans la pensee de l'animal et pour le sou- mettre au moindre geste. J'engagerai l'homme de cheval observateur a se livrer — C01 — quelquefois a cette etude ; elle n'est pas inutile pour 1'art qu'il cultive, et c'est une distraction instructive et amu- sante, quand on n'en abuse pas. Cet article aura de plus l'avantage de faire perdre au charlatanisme cette espece de suprematie qu'il avait usurpee sur la veritable equitation, en donnantpour mer- veilleux les moyens employes pour arriver a ces sin- geries dont la plupart exigent moins de science et de tact qu'il n'en faut pour le simple dressage d'un cheval monte. Les ecuyers-voltigeurs qui, par etat, sont obliges de satisfaire la curiosite publique, trouveront, je crois, dans cette esquisse, les moyens d'arriver a des resultats pareils a ceux qu'ils obtiennent, mais beaucoup plus vite, et sans avoir recours aussi souvent au chatiment machinal. On congoit que je n'ai pu tenir compte ni de l'aptitude plus ou moins vive des chevaux que Ton dresse, ni de celle plus ou moins prompte de l'ecuyer a saisir les nuances et les a-propos. II faut reflechir, etudier pour acquerir ce tact indispensable qui renferme en lui seul les deux tiers des principes. TRAVAIL EN PLACE. Le travail en place est, d'a- pres mes principes, le moyen dont on doit se servir pour graduer l'education du cheval. (Voyez Methode.) TRAVAIL PRfiPARATOIRE. Avant de commencer les flexions, il est essentiel de donner au cheval une pre- — 602 — miere lecon d'assujettissement et de lui faire connaftre toute la puissance de 1'homme. Void comment on s'y prendra : Le cavalier s'appro- chera du cheval, sa cravache sous le bras, sans brus- querie ni timidite, puis avec la main gauche il saisira les renes de la bride a seize centimetres des branches du mors, en soutenant le poignet avec assez d'energie pour presenter autant de force que possible dans les instants de resistance du cheval. La cravache sera tenue a pleine main de la main droite, la pointe vers la terre, puis elle sera levee lentement jusqu'a la hauteur du poitrail pour en frapper delicatement cette partie a des intervalles d'une seconde. Le premier mouvement naturel du cheval sera de fuir en s'eloignant du cote oppose a celui ou il sentira le contact de la cravache. C'est par le reculer qu'il cher- chera a eviter les atteintes. Le cavalier suivra ce mouve- ment retrograde sans discontinuer toutefois la tension energique des renes de la bride, ni les petits coups de cravache sur le poitrail. Fatigue de ces effets de con- trainte, le cheval cherchera bientot par un autre mouve- ment a eviter la sujetion, et c'est en se portant en avant qu'il y parviendra ; le cavalier saisira ce second mouve- ment instinctif, pour arreter et flatter l'animal du geste et de la voix. Le cheval ayant bien compris le moyen a l'aide duquel il peut eviter la cravache, n'en attendra pas le contact : il le previendra en s'avancant au moindre geste. Le cavalier en profitera pour operer avec la main de la bride des effets de mise en main ; il disposera ainsi — 603 — de bonne heure le cheval pour les exercices qui doivent suivre. TRAVERSER (se). Le cheval se traverse quand il jette la croupe sur Tune des jambes du cavalier et la force. Pour arreter ce mouvement, il taut user du filet pour opposer les epaules a la croupe. Le cavalier doit etre averti par son assiette de ces sortes de deplacements, et se mettre de suite en mesure de les prevenir; car, pour qu'une correction opere, il faut qu'elle suive meme l'intention de la faute. 11 y a plus : le cheval ne comprendrait la volonte de l'ecuyer qu'a la longue, si le mouvement de celui-ci suc- cedait au sien, au lieu de le prevenir ; il saurait bien qu'il doit revenir dans sa premiere position, quand on l'y for- cerait ; mais , comme on ne lui aurait pas dit qu'il de- vait s'y maintenir, il ne croirait pas faire acte de des- obeissance en se deplacant de temps a autre. Or, voila ce qu'on doit lui expliquer clairement. TRfiPIGNER, c'est Taction d'un cheval colere qui precipite le mouvement de ses jambes en battant la terre a la meme place. Cette impatience nait quelquefois de l'irritabilite du caractere d'un cheval, souvent aussi de la contrainte ma- ladroite dans laquellele mettent les exigences outrees du cavalier. — 604 — Dans le premier cas, la douceur, les bons traitements, des lecons simples et courtes sont les calmants a em- ployer; dans le second, il faut que le cheval change de cavalier, ou ce defaut ne fera que s'accroitre dans des mains inhabiles. II y a des cavaliers qui croient faire piaffer leurs che- vaux en les faisant trepigner. II est cependant ais6 de reconnaitre ce dernier mouvement a la mauvaise humeur que le cheval y deploie, et qu'il n'a pas dans le vrai piaffer. Le manque d' ensemble dans la motion des jambes est un signe caracteristique qui aide a distinguer l'un de l'autre ; dans le trepigner, les jambes de devant sont seules mobiles, et l'arriere-main n'a qu'une action irre- guliere, tandis que chacune d'elles doit fonctionner comme dans untrot regulier. Le piaffer precipite, depite, peut encore etre un effet de l'art, c'est-a-dire que Ton peut l'obtenir sans que le cheval perde son calme moral, et il ne se contractera que dans un moment donne. TRIDE est une qualite du cheval qui leve les jambes avec vitesse et leur donne une cadence reguliere. Cela se dit surtout des jambes de derriere, quand, malgre le poids plus considerable dont elles sont surchar- ges, elles quittent le sol par un mouvement prompt ; on dit alors : Ce cheval a du tride. C'est une beaute pour les chevaux de manege ; ils se cadencent plus agreablement, et comme ce mouvement leur est naturel, ils le prennent et le conservent tout le temps qu'on les recherche. Ces — 60S — chevaux ont pour l'ordinaire de bonnes hanches et d'excellents jarrets. Si le cavalier parvient a donner du tride a un cheval dont la construction s'oppose a ce mouvement, il pourra s'arroger le titre de savant cavalier. II faut bien garder de confondre le mouvement moel- leux du tride avec la contraction convulsive de l'eparvin sec. TROT (le) est une allure naturelle que le cheval prend en levant en meme temps deux jambes tranversalement, c'est-a-dire l'une des deux jambes de devant indistincte- ment et l'opposee de derriere. Si la motion en est bien exacte, on dit que le cheval trotte regulierement. Comme je l'ai deja avance dans plusieurs articles, je conteste fortement l'utilite du grand trot pour donner du liant aux jeunes chevaux ; il est, au contraire, indis- pensable de leur donner une souplesse pr6alable pour qu'ils puissent se maintenir gracieusement a cette belle allure. Les mouvements avec lesquels l'6quilibre s'ob- tient le plus aisement doivent preceder ceux qui presen- ted plus de difficultes ; c'est le travail en place et Failure du pas qui preparent le cheval au trot, et le mettent a meme de conserver aux allures allongees l'aplomb qu'il a acquis aux exercices precedents. Ce n'est pas assez que le cheval trotte vite ; il faut en- core que l'effort qu'il fait a cette allure ne prenne pas sur son equilibre, et qu'il reponde aussi vivement et avec — 606 — autant de precision qu'au pas a tout ce que le cavalier lui demande ; alors seulement on pourra se glorifier de la velocite du trot de son cheval, puisqu'on ne lui don- nera pas moins les positions qui le rendent gracieux et lui font prendre toutes les directions. TROT (battue de). On entend par battue de trot Tac- tion produite par les jambes anterieures et posterieures transversales du cheval, en se levant et en posant en meme temps sur le sol. Plus le corps du cheval est bien place, soit naturellement , soit par l'art, plus la battue du trot est reguliere. II est essentiel que cette battue se fasse distinctement a l'instant ou les deux pieds posent a terre ; sans cela les mouvements manquent d'harmonie ; la confusion qui en resulte rend le cheval plus difficile a conduire et met son equilibre en defaut. Le cavalier doit done s'attacher a donner une battue de trot reguliere a son cheval, sous peine de le rendre promptement inca- pable d'aucun beau service. TROT ESPAGNOL. (Voyez Pas espagnol.) UN1R UN CHEVAL, e'est le remettre sur le bon pied quand il est desuni, e'est-a-dire sur le pied droit quand il est a main droite, et vice versa. — 607 — En ligne droite, il n'y a pas de bon ou de mauvais pied, et, pourvu que le cheval galope uniment, on ne doit rien lui demander de plus ; mais, du moins, est-il essentiel de le maintenir uni. (Voyez Galop, pour les moyens a employer.) VAILLANT (un cheval) est celui qui joint le courage a la vigueur. Ces deux qualites, bien difficiles a rencontrer, laissent peu de chose a faire a l'ecuyer : aussi n'est-ce pas la qu'il peut developper tout son savoir. VENTRE A TERRE. On designe par ce mot le che- val qui galope de toute sa vitesse, et de maniere que l'extension de ses extremites et leur eloignement du centre rapprochent autant que possible son ventre de la terre. Les chevaux destines aux courses sont ceux auxquels cette position est la plus habituelle. Si Ton me demande a quoi peut servir cette accelera- tion outree dans les mouvements des chevaux : A rien, repondrais-je, soit comme utilite, soit pour l'amelioration de la race chevaline. Mais l'interet particulier Temporte toujours sur l'interet general ; on a voulu surprendre, eblouir, emouvoir meme, et cette excessive rapidite est tres-propre a produire ce resultat. — 608 — (Voyez le mot Courses, pour les moyens qu'il faudrait employer, afin de les rendre fructueuses, sans rien dimi- nuer de l'admiration publique.) VIBRATIONS. Nouvel effet de main pour detruire les resistances de la machoire. (Voir Nouveaux moyens.) VOLONTAIRE se dit d'un cheval qui se livre conti- nuellement a des actes de fantaisie et de desobeissance. Le cheval bien assoupli, dont on epie et dirige tous les mouvements, ne peut etre volontaire ; car, sentant le pouvoir du cavalier, il se soumet a son influence ; mais il faut faire en sorte que le raisonnement serve de base a tous les moyens que Ton mettra en pratique. Je l'ai deja dit, ce n'est que par la raison qu'on dominera le physi- que du cheval, et bien tot son intelligence. VOLTE (demi-). On appelle demi-volte une figure dans laquelle le cheval decrit la moitie d'un cercle. Dans la demi-volte ordinaire, les jambes du devant ont le plus grand cercle a parcourir ; c'est l'oppose dans la demi- volte renversee. L'une et Tautre se prennent indistincte- ment dans toutes les parties du manege; ordinaire- ment, on les commence apres le passage d'un des petits cotes. La demi-volte renversee est plus facile a executer au pas que la demi-volte ordinaire, en ce que le contact des jambes du cavalier, qui active d'abord l'arriere-main, aide en ineme temps a sa mobilite. — GOD — Pour la demi-volic ordinaire, il faut, an contraire, re- porter toute l'aclion sur la partie anterieure, pour que celle-ciait un niouvement de rotation sur les hanches. La difficulty consiste done a contcnir la croupe de maniere qu'elle attende les epaules. VOLTIGER, e'est Taction de sauter sur le clieval, soit qu'il reste en place, soit qu'il galope. On confond souvent sous le menie litre les ecuyers et les voltigeurs, quoiqu'il n'y ait entre eux aucun rapport, les etudes de i'equitation et de la voltige etant entiere- ment differentes. 11 est vraique le voltigeur esttoujours a cheval, ce qui, aux ycux du vulgaire, rassimile a l'ecuyer; niais, le plus souvent, il neglige et ignore les principes de i'equitation. Saui'quelques exceptions rares, les voltigeurs sont loin d'etre des ecuyers. On devrait done, pour distinguer les voltigeurs des ecuyers, conserver a chacun le nom qui iui apparlient. 39 NOUVEAU MORS L'application de mes nouveaox moyens m'avait fait reconnaitre I'inconvenient de la gourmette. Je me servis du mors sans gourmette, et les resultats que j'obtins repondirent a mon attente ; mais la longueur des bran- ches, en faisant par trop basculer le mors dans la bouche du cheval, empechait encore l'effet juste que je cher- chais. Je modifiai comme suit le mors. Je supprimai la gourmette ; je donnai une longueur de quatre centimetres a la branche superieure, une longueur de cinq centi- metres a la partie inferieure, ce qui, avec les deux centimetres d'epaisseur des canons, fait une longueur totale de 11 centimetres. J'adaptai une courroie d'un centimetre de largeur aux montants de la bride, derriere les passants du porte-mors, en donnant a l'oeil des mon- tants de la bride la forme carree, ce qui permet a la courroie d'avoir la fixite necessaire pour empecher toute oscillation. (Voir la planche 17.) Cette courroie doit ttre bouclee de maniere a toucher toutes les parties sur les- quelles elle repose. :vj. DEB MERES INNOVATIONS Dcpuis quaranteansqueje m'occupe del'art do dresser les chevaux, j'ai toujours compris que l'unique probleme a resoudre par Fecuyer etait de pari'aire lequilibre natu- rel du cheval, et les recherches de loute ma vie n'ont en d'autre but que de rcndre plus facile la solution du pro- bleme. Chacune des Ireize editions de la methode ren- ferme un nouveau progres qui simplifie le travail de Fecuyer. A tous les instruments de torture employes pre- cedemment, je substituai d'abord le mors qui porte mon nom ; plus tard, je le remplacai par un mors plus doux encore, aux branches plus courtes et sans gourmelte ; enfln, aujourd'hui je ne me sers plus que d'un simple bri- don. Qu'on n'aille pas croire quece bridon, nouveau par sa disposition, possede une vertu magique qui dispense de l'etude de la science; ce cerait une grave erreur! Ce nouveau bridon demontre le perfeclionnement de ma methode, l'efficacit^ des moyens qu'elle prescrit, puisque — 614 — avec ce simple frein je puis dompter le cheval le plus fou- gueux et le soumettre a ma volonte. Quelque simples que soient les nouveaux moyens que j'indique, ils ne peu- vent etre bien compris dans leurs details et dans leur ensemble que par un ecuyer habile. Je dirai done aux jeunes cavaliers : adressez-vous a un professeur imbu de tons mes principes et familiarise avec la pratique de ma methode, lui seul pourra vous rendre facile et sure la route a parcourir, en vousindiquant ces nuances diverses, ces effets multiples de mains et do jambes, ce je ne sais quoi que le sentiment pergoit, que 1'ceil du professeur saisit , mais que 1'auteur ne peut 6crire. Acquerez ainsi la science, apprenez a vous servir de ce nouveau bridon, etvous obtiendrez des resultats inesperes ; une ibis le cheval dresse, vous pourrez, si tel est votre bon plaisir, employer a la promenade le mors que vous prefererez. DU COEVAL EN LIBERTfi. II n'est personne qui n'ait vu un cheval courant en li- berie dans la prairie. Quelle souplesse, quelle legerete dans tous ses mouvements ! Prenez ce cheval, mettez-lui une selle, une bride et cherchez a l'astreindre a votre volonte, quelle metamorphose! Ce cheval qui, en etat de liberty, planait au-dessus du sol, se Iraine peniblement. — 615 — et s'arrcte entre vos jambes. Pourquoi? Le cheval libre, maitre absolu de ses forces, dispose son poids comme il l'entend, poor executer ces mouvements si gracieux que nous aduiirons. Des qu'il est monte par l'homme, il se sent gene, paralyse dans sa liberie ; il est force d'abdi- quer sa volonte, et il n'est pas encore capable de com- prendre celle du cavalier. II existe alors entre ces deux volontes un etat transitoire d'incertitude qui explique de la part du cheval ces resistances qui degenerent en de- fenses sous son cavalier inexperimente. Comment de- truire ces resistances avant-coureurs de la defense, si le cavalier ignore que la cause de toutes ies resistances re- side dans le mauvais equilibre du cheval, par suite du desaccord qui existe entre 1'avant et l'arriere-main ? Les translations de poids ne sont faciles qu'autant que le cheval demeure droit, c'est-a-dire que les jambes de derriere soient sur la meme ligne que celles de devant. Avec le cheval ainsi dispose, la force motrice peut agir avec egalite et simultaneity de contraction et de detente. L'effet sera transmis de l'arriere-main a l'avant-main sans decomposition deforce, et le cheval prendra facile- ment la position utile au mouvement demande. Supposez, aucontraire, le chevalayant la croupe en dehors de la ligne des epauies, aussitot cesse la juste repartition du poids, parce que telle partie est trop surcharges, telle autre trop allegee ; les contractions musculaires ne sont plus justes, rinstrument n'est plus d'accord, et, au moindre changement de direction, la croupe vient faire arc-bou- — G16 — tant aux epaules, et le cheval resiste. Si le cavalier ne se Mte de detraire la cause de ces resistances en mettant son cheval droit, il h'arrivera jamais a la legerete par- faite et constante. DU SENTIMENT. La routine traditionnelie vent que tout cavalier qui monte dans le manege suive la piste pres du mur. Je pre- fere le voir se tracer une piste a un metre de distance du mur, aGn de m'assurer s'il salt mainlenir son cheval droit, sans le secours d'un guide-ane. De cette maniere, le cavalier acquerra, outre le sentiment des lignes, ce juste accord qui lui permettra de discerner plus facile- ment la nature des contractions, — bonnes, si la legerete en est la consequence, — mauvaises, lorsque les resis- tances du cheval augmentent au lieu de diminuer. Celui qui n'a pas le sentiment des contractions est incapable de juger dela position du cheval, je veux dire desentir si la distribution de son poids est convenabie, si la force est harmonisee par rapport au mouvement a executer. II ne peut done ni preparer la position (1) ni la corriger, ni, par consequent, atteindre le but qu'il s'est propose, ame- Uorer I'equilibre nature! du cheval en le rendant leger ( 1 ) On enlend par position la disposition du poids ct de la force du cheval, par rapport a chaque mouvement qu'il doit executer. — G17 — dans tons ser> mouvemenls. Le sentiment se developpe par i'exercice; 1'essentiel est de suivre la progression que jindique et de se penetrer de la verite du principe dont un seul mot exprinie les consequences : « tquilibre ou le- qtrele. » DE LA BOUCHE DU COEVAL. Le langage a etc donne a I'homme pour dissimuier sa pensee, a dit le prince de Talleyrand. Plus loyal que I'homme, le cheval ne salt pas, ne peut pas dissimuier ses impressions. Est-il content de son cavalier, illui lemoigne sa satisfaction par la mobilite moelleusc de sa machoire. Surprend-il une faute, un oubli (le meilleur cavalier peut se tromper), l'ami Odele semble s'altrister ; il perdsa lege- rete, son enjouement ; si le cavalier comprend cct avis donne a voix basse, s'il repare sa faute, le cheval se hate de reprendre son air de gaiete, et, par la mobilite de sa machoire, remercie son maitre d'avoir ecoute l'humble remontrancc de son serviteur. Mais la faute s'aggrave- t-elie, l'ignorance etlavanite dedaignent-eiles d'ecouter les reproches discrets qui Iui sont adresses, dors le che- val retire sa condance a ce maitre dont ii n'est pas com- pris; il cesse tout echange depensees et proteste par le mutisrae conlre i'ignorance de son cavalier. On peut — 618 — contraindre im esclave a marcher, on ne peut 1'obliger a vous temoigner sa satisfaction. j'ai dit que toutes les resistances du chevai provien- nent de son mauvais equilibre. A qui la faute? Au cava- lier ! toujours au cavalier! LE PROFESSEUR. ^ Plus les formules de la science se simplifient, plus im- portant devient le role du professeur instruit, charge de transmettre fidelement la pensee de 1'auteur, de la faire appliquer et de demontrer la verite de ses principes. J'ecris qu'il faut avoir le chevai droit, et j'en dis la raison ; mais qui indiquera a l'eleve que son chevai est ou n'est pas droit? Je parle des effets de main, de jambes et d'eperons employes tantot separement, tantot simultane- nie'nt. Qui dira au cavalier qui se sera trompe dans 1'em- ploi de ces aides la cause de son erreur? Qui l'aidera a la reparer et a prevenir ainsi les consequences graves qui en resulteraient ? Je dis qu'il faut detruire toutes les causes de resistances du chevai ; mais qui indiquera a Feleveles moyensjustes, opportuns, qu'il devra employer, le degre de force dont il devra se servir ? Qui developpera le sentiment de l'eleve par desconseiis donnes a propos? Le professeur. Mais je parle du professeur eleve a mon ecole, imbu de mes principes, initie a tous mes perfec™ — 619 — tionnements, car lui seul pcurra vous les traduire fidele- ment et vous donner lesmoyens de les appliquer toujours d'une maniere juste, exacte. Jevous donne lesprincipes, ils sont vrais ; jevous indique les moyens, ils sont exacts ; je vous fais coimaitre la progression des exercices, ils sont essentiellement abreviateurs. Mais, vouloir ecrire Fapplication, ce serait tomber dans la faute de mes de~ vanciers, en confondant deux choses bien distinctes, la science et l'art. Si l'auteur est la pensee qui concoit, la science qui formule, 1'habile professeur sera la parole qui transmet, 1'ceil qui observe, la main qui fait agir. SAUT DE BARRlfcRES. J'ai depuis longtemps conseille de s'abstenir de barres rembourrees pour faire sauter le cheval, afln de 1'habi- tuer a eviter de toucher la barre avec ses pieds. Je viens recommander un procede plus efficace, plus methodique, pour apprendre a tous les chevaux a mieux sauter. 1° Je fais mettre la barre a terre, et je la fais depasser par le cheval jusqu'a ce qu'il passe par-dessus, sans hesitation, sans sauter, sans se traverser, avec le plus grand calme, condition tres-importante pour assurer sa faculte de franchir tous les obstacles en rapport avec son degre d'energie ; 2° je fais tenir par deux horames, loindu mur, une barre nue, a G pouces du sol. Le cavalier marche an — 020 — pas sur cette barre, et au moment ou le cheval, aide par son cavalier, franchit, les deux hommes elevent la barre de 6 ponces. Je i'ais recommencer jusqua ce que le che- val iranchisse la barre sans la toucher, malgre 1'exhaus- sement repete a chaque saut. Alors je lais tenir la barre a un pied au-dessus du sol, et, comme precedemment, eile sera eievee de 6 pouces au moment du saut. Des que le cheval sera habitue a iranchir cette nouvelle hauteur, je fais graduellement tenir la barre i\ pouces plus haut, en la iaisant exhausser de 6 pouces a chaque saut, et Tarrive, apres quelques lecons donnees avec la gradation precitec, a faire sauter a tous les chevaux, en hauteur, des obstacles qu'ils n'auraient jamais pu franchir. Ge pro- cede simple et bien applique sera utile meme aux che- vaux exceptionnels, tels que les chevaux de steeple- chase, en leur apprenant a mieux revenir sur eux pour prendre le temps, et pourra rendre moins frequentes des chutes, si dangereuses pour leurs cavaliers (1). CAVALER1E. La methode appartient surtout maintenant a la cava- lerie ; e'est a elle a la conserver, a la developper en l'ap- (1) Jo reconimandc de s'abstenir en loules circonstanccs de la chambrierc pour exciter, par derriere, !e elieval a sauter. II faut parler a son intelligence, lorsqu'il s'agil de son education, et la chambriere ou la cravacbe doit avoir pour effet de rapprocber le elieval de l'bomme, el non pas de Ten eloigner par crainle. — cA\ propriant a tons ses besoins. Dans io civil, a 1'exception de quelques brillantes individuality, de quel resultat pent etre la science equestre? Bans la cavalerie, au contraire, le cheval est voire outil, voire compagnon de gloire. Recherchez done les moyens d'accroitre voire domina- tion sur le cheval, aOn de parlor plus faciicment a son intelligence. N'oubliez pas que les cavaleries etrangeres ont deja proSte de la melhode, et n'attendez pas que ces idees nouvelles vous arriver.t plus tard du dehors, car voire patriotisme souffrirait de recevoir de I'etranger ce qu'un de vos cornpatriotes confie avec lant de bonheur a la cavalerie francaise ! Le type du cheval de selle dfesse doit elre le cheval de l'oflicier do cavalerie. Prompt corame 1'eclair, il s'e- lance en avant; il s'arreie immobile commc la baionnette croisee; il semble fuir et par miile detours vouloiruchap- per a ceux qui le poursuivent ; rnais, par des demi-tours rapides, il revient sur ses pas, change de pied, volte, de- crit des cercles, franchit haies et barrieres ! Le cavalier sur deson cheval n'a besoin que du simple contact des jambes, d'un mouvement imperceptible dela main pour transmeltre, comme par une commotion elec- trique, sa pensee a son coursier. G'est la Heche qui fend l'air ! C'est le martcau qui s'abat ! Cost la lance qui voltige I C'est le sabre qui fauche ! EXAMEN RETROSPECTS. La verite n'est pas sortie tout armee de mon cerveau, et il m'a fallu quarante ans de travail, de recherches et de meditations pour perfectionner la methode telle quelle est aujourd'hui. J'avais, je l'ai deja dit, etudie tous les auteurs qui out ecrit sur 1'equitatioi), et j'avais retire de mes lectures la conviction que la science equestre n'existait pas, qu'elle etait a creer. Comme tout le monde, j'etais imbu des prejuges que 1'ignorance traditionnelle avait fait accepter comme des verites. Je croyais aux barres dures, a l'influence de leur epais- seur sur la sensibilite de la bouche du cheval, et je me livrai a une foule d' experiences pour decouvrir un mors assez puissant pour combattre cette pretendue insensi- bilite des barres. J'etaisau Havre, et je revenais, un jour, de la foirc aux chevaux, avec un cheval que j'avais paye 300 francs. Mon examen rapide avait embrasse I'ensemble de 1'ani- — 024 — mal, et de relour an manege, j'examinai altentivement la bouche de mon cheval, et je reconnus avec tristesse que I'epaisseur des barres cxpliquait l'enorme resistance qu'il opposait a Taction du mors. Je lui appliquai tour a tour les freins les plus puissants, etla bouche demeurait insensible. Pouvait-il en etre autrement eu egard a sa conformation? Un jour, je me le rappelle, je montais Bieniaisant, que la douceur de son caractere m'avait fait nommer ainsi, et je venais de m'arreter dans le manege. Je reflechis- sais, et pendant que mon esprit travaillait, ma main etait demeuree fixe. Tout a coup je sens Bienfaisant leger ; Bienfaisant a rendu, Bieniaisant ne resiste plus! Que s'est-ii done passe? Comme iln'y a pas d'effet sans cause, je reconnus que la fixite de ma main avait determine la cession du cheval, et j'acquss ainsi lapreuve que labouchc n'etait pour rien dans les resistances, et qu'elles provc- naient des contractions de Fencolure, car je n'avais pas modifie les conditions anatomiques des barres, je n'avais pas diminue leur epaisseur. Tel fut le debut de la me- S bode. Bieniaisant m'avait appris qu'il n'y a pasde bouches dures, de barres insensibles. ,1'experimentaisur cent chevaux,.et la pratique vint con- firmer cbaque fois la verite de eclte decouverte. « li n'y « a pas de bouches dures, il y a des chevaux lourds a la « main dans le principe, que 1'on rend facilemonl legers. »• Qu'il me soit permisde reiater une anectode qui trouve ici sa place. — 025 — Vingt ans plus tard, apres que ia methodc eut ete adoptee par S. A. R. 1c due d'Orleans, en presence de son frere le due de Nemours, des membres du Comite de cavalerie, et d'un grand nombre de generaux, un de ces derniers, le general X..., me demanda d'examiner la bouche dc son cheval, se plaignant de Finsensibilite des barres. Je regardai de suite les reins, la croupe, les jarrets de l'animal. « Pardon, me dit le general, e'est de « la bouche du cheval que jeparle. — Je comprendsparfai- « tement, general. — Mais je ne vous comprends pas, » me repliqua-t-il. J'expliquai alors au general que la bouche etait a tort accusee d'un del'aut qui venait de la mauvaise conformation du cheval. C'etait un homme in- telligent, et ileomprit. Bienfaisant m'avait appris que la mauvaise position de la tete et de l'encolure etait la cause des resistances de la machoire. Mais comment obtenir cette bonne position? Parmi tous ces mors quel etait le meilleur? Dirai-je toutes les tentatives que je Gs avec ces instruments de torture? Enfin, apres nombre d'essais, apres mille com- binaisons, je me convainquis de cette nouvelle verite que Ion pouvait, avec un mors doux, amener tous les che- vaux a prendre une bonne position de tete, et j'adoptai le mors qui porte mon nom. Ce fut avec ce mors que je cherchai a donner a mes chevaux cette legerete que je pressentais, et que le temps seul devait me permettre de rendre parfaite et constante. Ces deux premieres decouvertes me mirent sur la trace 40 — 626 — dune troisieme non moins importante. Je me demandai s'il n'en etait pas de ia sensibilite des flancs du cheval comme de ses barres, et j'arrivai a la merae conclusion. Jeme servais alors d'eperons pointus a cinq pointes, et je calmais les chevaux les plus irritables , au moyen des attaques appliquees a propos. Je pus alors formuler cette troisieme verite : « La sensibilite des flancs « du cheval n'est pas inherentc a cette partie, elle de- « pend de l'irritabilite generate, du systeme nerveux, de « la mauvaise conformation du cheval. » J'ai dit que les jnauvaises contractions des muscles de l'encolure faisaient sentir leur effet sur la bouche, mais il fallait arriver a les detruire, afin de discipliner, en les harmonisant, ces cordes si impressionnables. C'est ce qui me donna l'idee des flexions de l'encolure, que je fls a pied, a cheval, au pas et au trot. J'obtins des eJDfets de legerete, des mou- vements plus faciles ; mais que j'etais loin de cet equili- bre, de cette legerete que j'obtiens aujourdhui , en quelques heures, sur n'importe quel cheval ! Si j'obte- nais avec I'eperon pointu, le ramener, le rassembler, le piaffer et tous ces airs nouveaux que je lis produire a tousmes chevaux, dont je montai une vingtaine, en pu- blic, je ne pouvais me dissimuler que le resultat n'etait pas le meme chez tous mes eleves dont beaucoup faisaient defendre leurs chevaux. II fallait eviter cet inconvenient, et je recherchai si en traitant les flancs avec la meme dou- ceur que j'apportais dans mes rapports avec la bouche, je n'arriverais pas au meme resultat. J'essayai les eperons — 627 — a molettes rondes, quej'adoptaideGnitivement apres en avoir constate les excellenls resultats. Cetait on progres nouveau. Je lecompietai en introduisantle travail a pied. En apprenant au cheval a venir a i'homme au contact de la cravache, je donnais au cavalier le premier sentiment de sa domination, et j'6tablissais des rapports plus directs entre le maitre et le serviteur. Plus tard, je completai le travail a pied par les flexions de croupes, d'epaules, par le reculer. Le progres appelle le progres. J'arrivai a substituer a mon mors un mors plus doux encore, a branches plus courtes, et depourvu degourmette, et comme ce nouveau morspermettait denouveaux effets de main, je prescrivis 1'action isolee des jambes et de la main. J'ai dit les rai- sons qui m'avaientfait introduire cette nouvelle t'ormule. J'avais etc temoin de tant de mecomptes essuyes par les cavaliers chez qui le mecanisme laissait a desirer, que je crus leur rendre un grand service en leur recommandant ma nouvelle iormule : « Main sans jambes, jambes sans main. » En effet, a l'exception de mes eleves d'elite, presque tous se servaient de leurs jambes pour reparer les fautes de la main, et vice versa. On comprend que Fac- tion isolee de la main et des jambes devait prevenir cette contradiction dans les aides et accelerer l'education du cheval. Mais je voulais obtenir plus encore, et donner a la masse des cavaliers les moyens certains d'equilibrer facilement leurs chevaux. C'est a quoi je suis heureuse- ment arrive par i'emploi du bridon pour mors unique. 40. — G28 — Avec ce simple bridon j'obtiens, en quelques heures, des resultats plus satisiaisants, plus complels que je n'en ai jamais obtenu avec le mors de bride. Deux effets de main suffisent a detruire loutes les resistances de l'enco- lure, et a donner au cheval la belle position de la tete, qui rendra plus faciles les translations de poids utiles a tous les mouvements que le cavalier peut lui demander. Le premier effet a lieu par l'elevation des poignets, agis- sant par une force de bas en haut sur la commissure des levres, en donnanta l'encoluretoutel'extension possible. Des que le cheval cedera a Taction des renes du bridon, dans celte position elevee, le cavalier abaissera les poignets, serrera energiquement les doigts et attendra que la tete du cheval soil revenue dans la position verli- cale, en meme temps que la machoire cedera moelleuse- ment. Avecces deux effets de main, employes seuls, ou simultanement avec le concours des jambes ou l'appui del'eperon, le cavalier obtiendra de son cheval (out ce qu'un cavalier intelligent est en droit de lui demander, puisqu'il peut agir en haut, en bas, ou de cote, selon la force a combaltre ou la position a donner a la tete du cheval. La cavalerie reconnaitra les nombreux avantages que le bridon lui offre pour le dressage de ses chevaux, et peut-etre arrivera-t-elle plus tard a employer, comme je le fais aujourd'hui, le bridon pour T unique frein, pour le plus convenable a tous les besoins du service. Aprcs avoir recommande tour a lour l'emploi de ia jambe oppo- — C29 — see ou de la jambe directe, je suis arrive a reconnaitre que des que le cheval est droit, la jambe directe doit etre toujours employee pour disposer la croupe. De celte ma- niere j'evite l'espece d'arc-boutant que les bandies oppo- saient aux epaules, dans les changements de direction, pirouettes, travail de deux pistes, et par la disposition de la croupe, je determine necessairement la direction des epaules. Avec le cheval droit et la disposition de la croupe, j'enleveau cheval le moindre pretexte a la re- sistance, je rends tous les mouvements faciles, gracieux, avec la mobilite moeileuse de la machoire ! Je ne puis terminer cette revue retrospective des pro- gres qu'a faits la Methode, sans me rappeler, avec un juste sentiment de satisfaction, que les meilleurs cavaliers de l'armee, que tous les officiers de cavalerie qui ontecrit sur l'equitation, tels que : le capitaine Raabe, le colonel Guerin, le capitaine Gerhardt, le lieutenant Wachter, sont mes eleves, et qu'en toutes circonstances ils ont eu le courage de leur opinion. NOUVEAD TRAYAIL RAISONNE AVEG LE CAVECON. Encore un progres nouvcau que je dois a la pratique et que je me hate de porter a la connaissance du public. D'un instrument employe jusqu'ici comme moyen de coercition, comme une espece de collier de force, je suis parvenu a faire un instrument puissant d'education. Je veux parlerdu cavecon. Je m'en sers pour developper le sentiment equestre de l'eleve. A cet effet, je fais mettre le cavecon au cheval monte, et je fais suivre a l'eleve toute la progression, en com- mencant par le travail en place, au pas, au trot, au galop et de deux pistes. Mon butest defaire sentir a l'eleve les fautes qu'il a commises ou qu'il commet. Je m'explique. Je tiens la longe horizontalement al metre de distance, — G32 — et je dis & l'eleve d'elever les poignets pour decon- tracter les muscles de l'encolure, et je fais, en meme temps, une opposition attractive. Deux causes peu- vent faire revenir le cheval sur lui : les mauvaises con- tractions de l'encolure, ou un faux effet de main du cavalier. J'ai soin, par une traction horizontale, d'empe- cher l'acculement du cheval, et je fais observer a l'eleve qu'il aurait du, dans le premier cas, agir par pression des jambes sans main ; dans le deuxieme, qu'il a eu trop de main. — J'ai prevenu l'effet de l'acculement, par la trac- tion horizontale de la longe, j'ai done empeche le cheval de percevoir la faute commise par le cavalier auquel, ce- pendant, j'ai pu la faire remarquer, sans inconvenient pour l'educalion du cheval. — De temps en temps, je laisse la faute produire ses consequences inevitables, la perte de la legerete, la modiQcation de l'equilibre, en un mot, l'acculement. Je dis a l'eleve de n'agir m par les jambes ni par la main, et de se contenter de sentir ce qui va se passer sous lui. Je retablis l'equilibre par une trac- tion horizontale du cavegon, et je repare la faute com- mise par l'eleve. Les professeurs, les officiers de cavalerie, compren- dront par ce qui precede de quelle importance peut etre ce nouveau travail avec le cavegon, pour aider aux progres du cavalier et accelerer l'education du cheval. — Mais je dis ce qu'il faut faire, et ce nesera que sous la direction dun habile professeur eleve a mon ccole que 'eleve pourra apprendre a se servir avec justesse du — G33 — cavecon, comme je le comprends. — Je fais repeter le meme travail en cercle (le professeur tiendra la longe a 2 ou 3 metres de distance), au pas, au trot, au galop, en recommandant a l'eleve de ne chercher qu'nne seule chose, la legerete. — Or, noslecteurs doivent savoirau- jourd'hui que la legerete suppose l'equilibre du poids pre- pare par 1'harmonie de la force. — Et pour tout resumer en quelques mots, disons : « HAimoNiE de la force pro- duite, a l'aide du cavecon, par la detente des muscles de lencolure, equilibre du poids, concentration de la force harmonisee. » La est toute 1' equitation, et tout ce que Ion pourrait dire en plus ressemblerait a ces bois flottants dont parlait le iabuliste. Qu'il me soit permis, cependant, avant de terminer, d'exprimer mes regrets de ce que la fortune plus cle- mente ne m'ait pas permis d'appliquer sur une plus grande scene, que celle ou j'ai vecu, la verite des principes equestres, que je crois avoir demontres par mes ecrils et par mon enseignement. — II m'aurait fallu etre a la tele d'une ecole du gouvernement pour (aire tout le bien, rendre tous les services que je me croyais capable d'ap- porter a l'instruction de la cavalerie. — C'est a elle que je dedie mes dernieres pensees equestres, attendu qu'elle renferme un grand nombre de cavaliers intelligents, animesde 1'amour de la science, et qui n'attendent qu'unc etincelle pour briller au premier rang. Puissent mes dernieres innovations rendre icur lache plus facile et contribuer aux progres de noire belle ca- — 634 — valcrie! Tei est lo vceu d'un citoyen, ami do son pays, dont toutes Ics etudes n'ont cu qu'un but, lo prog-res do 1'equitntion ! TABLE DES MATIERES. Remerciements a l'Empereur 5 Preface 7 Resume succinct des rapports officielssur l'applicaiion de maMethode dans l'armee 10 Nouveaux moyens de donner une bonne position an cavalier 16 Kinesie equestre 27 De l'equilibredu cheval 32 De l'emploi raisonne des forces du cheval 36 Mobilisation du cheval par les forces instinclivcs 46 De l'assouplissement 51 « Flexions de la machoire et de 1'encolure 54 Travail de la chambriere 65 De la bouche, du mors 68 Effels de main 71 Effets de jambes 77 Effets de main et de jambes 80 Assouplissement a cheval 85 Mobilisation de la croupe 89- Pirouettes 90 Effets d'ensemble 96 Eperon 98 Encapuchonnement 101 Emploi par le cavalier des forces du cheval aux differcntcs allures. . 102 Reculer 10* Pas 107 Travail sur les hanches m Trot 115 Descente de main, de jambes, de main ct de jambes . H8 Rassembler 121 Galop 127 — G36 — Saul de fosse ou dc barrierc 130 Piaffer 133 Ma metbode hors du manege 133 Reflexions sur la division du travail • 139 Application de la Metbode au travail des cbevaux Partisan, Capiiaine, Neptune, Duridan 141 Exposition succincle de la Metbode par demandes el par reponses. . 150 Conclusion 1G2 Des plagialres 167 Nouveaux moyens equcstres 1G0 Equilibre du premier genre 171 Main sans jambes 174 Jambes sans main ' 174 Trois nouveaux effets de main 176 1° Pour retablir l'equilibre 17G -2° Pour retablir l'barmonie ties forces 176 " 3" Pour donner les positions utiles aux cbangcmcnts de direction par la rene opposee 176 De la force et du mouvemenl decomposes 182 Travail au galop sur la ligne droilc d'apres les nouveaux moyens. . . 200 Progression du dressage 204 Dialogue entre la main et les jambes 213 Dialogue enfre le cbeval et la machoire 224 Passe-temps equestres 231 Premier dialogue sur requitalion 328 Deuxieme dialogue sur requitalion 351 Diclionnaire raisonne d'equitalion 3G7 Nouveau mors 611 Dernieres innovations 613 Du cbeval en liberie GJ4 Du sentiment GIG De la boucbe du cbeval 617 Le professeur 618 Saut de barrieres 619 Cavalerie 620 Examen relrospectif 623 Nouveau travail raisonne avee le cavecon 631 Liste des mots compris dans le Diclionnaire d'equilalion 637 LISTE DES MOTS COMPRIS DANS LE DICTIOMNAIRE D'EQUITATION. Abandonncr un cheval, 369. Academie, 370. Accord, ib. Acculer (s'), ib. Acbeminerun cheval, 371. Acliever un cheval, 372. Action, ib. Adela, ib. Aides (les), 373. Airs has, airs releves, ib. Ajtisler un cheval, 377. Ajuster les renes, 378. Alleger, ib. Amazone, ib. Amble (I'j, 381. Animer un cheval, 382. Appui, ib. Appuyer des deux, ib. Ardeur, ib. Anner, 383. Arret, ib. Arret (demi-temps d'), ib. Arronair un cheval, ib. Art, 381. Assembler un cheval, ib. Asseoir un cheval, 383. Assouplisseinent, ib. Assure, 380. Attacher (s'), ib. Altaque, ib. Attaqucr, ib. Attcndrc un cheval, 38S. Aubin (1'), 389. A vantage (etre monle a son), ib. Averli (pas), 390. Avcrlir un cheval, ib. B Balancer, 390. Ballotadc (la), ib. Barres, 391. Batlre a la main, 394. Begayer, 395. Bercer, ib. Bond (le), ib. Bouchc egaree, 396. Bouts en dedans(les deux), ib. Branle de galop, 397. Brave, ib. Brider (se hicn), ib. Bridon, ib. Brillant, 398. Bringue, ib. Brouiller (se), ib. Buade, ib. Cabrer (se), 399. Cabriole ou Capriole, 400. Cadence (la), ib. Caracoler, ib. Carricre (la), 401. Carrousel (Ic), ib. Casse-cou, ib. Cavecon, 403. Centre de gravite, 403. Chainbrierc, ib. Cbangement de direction, ib. Changement de main, 406. Cbangement de main renversc, ib. Changement de pied (a chaquc lou- lee), 407. Chasser son cheval en avant, 408. Chalier, ib. Chatouiller, ib. Chatouilleux a I'eperon, 409. Cbercher sa cinquicme jambe, ib. Cheval, 410. Cheval dans la main, 411. Cheval cnlier a une main, 412. Cheval porlant has, ib. — 638 — Cheval portani auvent, 413. Chevalier, ib. Chevaline, ib. Chcvaucher, 414. Choper, ib. Col ou cncolurc, ib. Conduirc son cheval etroil ou large, 415. Conlirmer un cheval, ib. Contraction, 416. Contredanse, 117. Contre-changement de main, 4)9. Contre-lenips, 420. Coucher (se), ib. Coup de hache, 421. Couper (se), ib. Courbette(la),422. Course, ib. Courses de bagues, 426. Cousu, 428. Cravache, ib. Croupade (la), 429. Croupe au mur, ib. Cituipionner, 430. Cru (monter a), ib. D Debourrer un cheval, 431. Decousu, ib. Deiendre (se), 432. Defense, ib. Deliberer un cheval, 436. Demander, ib. Desarconner, ib. Descente de main, 437. Desesperade, 438. Desuni, ib. Detacher la made, ib. Determiner un cheval, 439. Delraquer, ib. Devider, 440. Dompler un cheval, ib. Donnerla main, 441. Dosde carpe, ib. Doubler, ib. Doubler les reins, 443. Dresser, ib. Dresser (se),450. Dura cuire, 451. Ebranler son cheval au galop, 451 Ecart, ib. Echapper, 452. Ecouter son cheval, 453. Ecouteux, ib. Ecuycr, ib. Education raisonneedu cheval, 458* Ellets, 461. Effets d'ensemble, ib. Egarer la bouche d'un cheval, 462. Elargir son cheval, ib. Emboucher un cheval, ib. Embrasser son cheval, 463. Emporler (s'), ib. Encapuchonner (s'), ib. Enfoncer les eperons dans le ventre, 464. Enjambcment, ib. Ensemble, ib. Entabler (s'),465. Entamer le chemin a droite, ib. Enlier, 466. Entrerdans les coins, ib. Entretenir, ib. Epaule en dedans (1'), ib. Eperon, 468. Equilibre, 469. Equitation (1'), ib. Esbrillade, 474. Escapade, ib. Escavessade, 475. Essais, ib. Eslrapade, ib. Eslrapasser, 476. Etriers, ib. Fa Conner un cheval, 477. Faire la reverence, ib. Fail (cheval), ib. Falcade (la), 478. Fantaisie, ib. Fantasque, 479. Farouche, ib. Faux, ib. Ferine, 480. Fermer, i6. Fier, 481. Filet, ib. Fin, 483. Fingart, 484. Finir un cheval, ib. Flexions, ib. Fond, ib. Forcer la main, 485. Forces (laire les), ib. Forces du cheval, ib. Forger, 486. Fougueux, 487. Foule, ib. Fourche (la troisieme), 488. Fournir sa carriere, ib. Frein, ib. 639 — Frein (macher son), 488. Fuirles handles, 489. Galop, 489. Galop gaillard, 502. Galopade (la), ib. Galoper pres du tapis, 503. Ganache, ib. Gaule, ib. Gourmander un cheval, 504. Gourmette, ib. Gournietle (fausse), 505. Gouterla bride, ib. Gouverner son cheval, 506. Gras de jambe, ib. Gueulard, ib. Guinde, ib. H Haquenee, 507. Hagard, ib. Handles (etresur les), 509. Haras, 510. Harasser un cheval, ib. Hardies (branches), 511. Haridelle, ib. Harper, ib. Haute ecole, ib. Hola,512. Homme de cheval, 513. Hors montoir, ib. Huit de chiffres, ib. I Impulsion, 51 4. Inaction, 515. lndomplable, 516. Instinct, ib. Intelligence, 517. Jockey anglais, ou homme dc bois, 520. Lacher la main & son cheval, 521. Lecon, ib. Leger a la main, 527. Liant (cheval), ib. Loyal, 528. M Macher son mors, 528. Macho ire, ib. Main legere, 529. Main iguoranle, ib. Maitre a danscr, 530. Manege, ib. Maquignon, 532. Marcher de deux pistes, 533. Martingale, ib. Mecanisnie, 534. Meier un cheval, ib. Mener son cheval sagcment, ib. Mettre dans la main, 535. Mezair (le), ib. Mis, ib. Moletle, ib. Monler entre lespiliers, 536. Montoir, ib. Mors (du) et de ses diets, 537. Mors aux dents, 543. Moyens pratiques, 544. N Nature (mauvaise),544. INcuf (cheval), 545. Oblenir d'un cheval, 545. Ombrageux, ib. Oppositions, 546. Oscillations, ib. Outrer un cheval, 547. Palefroi, 547. Partagerles renes, ib. Pas (le), 548. Pas de cote, ib. Pas (le), le saul et le galop gaillard, ib. Pas espagnol, 549. Passade (la), 550. Passage, ib. Pesade (la), ib. Piaffer, 551. Picoler, 552. Piliers (les), ib. Pincer des deux, 553. Pirouette (la), ib. Piste (la), 554. Placer un cheval, ib. Plate-longe, ib. Plier le con d'un cheval, 555. Poinle, ib. Position de 1'homme a cheval, ib. Position du cheval, 564. Portant bas (cheval), ib. Porlant au vent (cheval), ib. — G40 — R Race, 564. Raccourcir un cheval, 565. Ralenlir un cheval, 566. Ralentir(se), ib. Ramener (tous lcs chcvaux pcuvcnt &e),ib. Ramingue,?7>. Rare, 567. Raserle tapis, ib. Rassembler, ib. Rebours, 570. Rebuter un cheval, ib. Rechauffer un cheval, 571. Rechercherun cheval, ib. Recommencer un cheval, ib. Reculer (du), 572. Reduire un cheval, ib. Renes, 573. Rene (prendre la cinquieme), ib. Renverscr, 574. Renverser un cheval, 575. fteplier, ib. Reprise, 576. Relif, ib. Rouler a cheval, ib. Routine, 577. Rnade, 578. Rudoycr son cheval, 579. Saccade, 579. Sage (le cheval), 580. Saul (le), le pas et galop gaillard, ib. Saul dc niouton, ib. Sauide pie, 581. Scicr du bridon ou du filet, ib. Science, 582. Selle, ib. Sentir son cheval, 583. Solliciier, ib. Soubresaul, ib. Souple, 584. Sou ten ir un cheval, ib. Sunnener un cheval, ib. Surprendreun cheval, ib. Tact, 585. 'later son cheval, ib. Tcrre-a-terre, 586. Tcte au niur, ib. Travail des chevaux en liberie, Travail en place, 601. Travail preparatoire, ib. Traverser (se),603. Trepigner, ib. Tride, 604. Trot (le), 605. Trot (battue de), 006. Trot espagnol, ib. U 587. Unirun cheval, 60G. Vaillant (un cheval), 607. Venire a lerre, ib. Vibrations, 608. Volontaire, ib. Voile (deini-), ib. Voltigcr, 609. ^^amJ^> > is>:>^^ ► "lL> -> J „ j-^-J* ; » """t>.> ^=^f^ - » '3> 3 : ^v> ;;.; > » -..--. --s TE> 2» »>:> » , > >> " s :> _„>..> ._.; $% _3£>3J ^> >>>5 >: t> >»> 2» -? 7 >^D£»1S>» >;y^x>: Z>'^fc>^ 3» > - 1 ^ ; 3- ..j >">> ' :■> o:> uo^^> i!3fe-3 ^^^ -^r ^>>^>JO 3 3Fj v ~5C«p ->>■- -"?J39»~a> ■">" 3> 2*^ J3» J>. 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