PQ 2220 .D9 D62 1888a Copy 1 ass ~PQ&3& Book L : PRESENTED BY \ : * THE ONLY CORRECT AND AUTHENTIC EDITION. : til (HOQUEMN-IflDING 4-EDITION.4 -^^^^f^^-- The only correct version of our plays, translated and printed from our prompt-books. ••♦•♦-•• ♦'♦ ♦ ♦ * *» *<»»«»«••«»•-«•-. r/rX: *♦'♦'♦•♦♦♦♦♦♦♦ «««»•«•< Don Cesar DE Bazan. . . . . . ►♦♦♦•♦♦♦♦♦♦♦ ► .;♦.♦..■ As represented by COQUELIjN -HACjIjNG and Company under the management of Mr. Henry E. Abbey AND Mr. Maurice Grau. ■^t^^^«5^- PUBLISHED BY F. RULLMAN, Theatre Ticket Office, 111 Broadway, NEW YORK. ♦ : ♦I I I: i :|! ill I I i# IS 'I mum •p If f ♦ ♦ Wynkoop, Hallenbeck & Co., Printers, 121 Fulton Street, New Yoric. "WEBER" OF DNTIETW" -^O^tlK, Receives the Highest Award AT THE «* C'EN TENNIAL** FOR " Sympathetic, Pure, and Rich Tone, combined with greatest power, as shown in three styles, GRAND, SQUARE, and UPRIGHT PIANOS, which show intelligence and solidity in their construction, a pliant and easy touch, which at the same time answers promptly to its requirements, together with excellence of „ workmanship," It is the sympathetic and rich* quality of tone which has made the Weber Piano the favorite of every singer as well as the public. It is these special qualities which, combined with purity and greatest power, in a voice makes the greatest singer, and which, in an instrument, make it the superior of its competitors. Purity,' power, and duration are but cold exponents of mechanical excellence. Add to these qualities — as the judges say are contained in the Weber— sympathy and richness of -tone, and you breathe into'- it warmth and life, and you have the -,n'e plus ultra of a piano. This Weber hag ;done at the Centennial ; and when the judges commend his instruments also for their solidity of construction and excellence of workmanship, they tell the public that the WeLei 1 JBajo i? Ige %$\ in flje World ! workrooms: . NEW YORK— Fifth Avenue, corner Sixteenth Street. CHICAGO— Weber Music Hal? DON CESAR DE BAZAN. DRAMA IN FIVE ACTS. DUMANOR & D'ENNERY^OJJ^ CAST OF CHARACTERS. CHARLES II., King of Spain. DON CiESAR DE BAZAN. DON JOSE DE SANTAREM. THE MARQUIS DE MONTEFIOR. THE MARCHIONESS DE MONTEFIOR. MARITANA, a street singer. LAZARILLO. A CAPTAIN. A SAILOR. A JUDGE. Policemen, Lords, Soldiers, Gypsies, Populace. SCENE TAKES PLACE IN MADRID. Entered according to Act of Congress, in the year 1888, by F. Rullman, in the Office of the Librarian of Congress at Washington. PUBLISHED BY F\ RULIvMAN, AT THE THEATRE TICKET OFFICE, No. in BROADWAY, NEW YORK. DON CESAR DE BAZAN. « ♦ i ACTE PEEMIER. Une place publique. SCENE PREMIERE. La Maritana, Le Roi, Gens du peuple, puis Don Jose. Au lever du rideau, le peuple entoure la Maritana, qui chante. Le Roi, vetu de noir et couvert d'un large manteau, se tient a l'ecart, sur la gauche, les yeux fixes sur La Maritana, et semble absorbe dans sa contemplation. CHOEUR. Air de M. Pllati. Allons, allons, ma belle, Dis-nous tes gais refrains ; Chanson vive et nouvelle Dissipe les chagrins. MARITANA. Ier. Couplet. Un roi de Castille Un jour chevauchait ; Une jeune fille Dans le pre fauchait. Sa voix douce et tendre Charmait la moisson, En faisant entendre Joyeuse chanson. Le roi de Castille. Pris pour un simple ecuyer, Lui dit : Jeune fille, Veux-tu mon coeur tout entier ? Quoi ! dit-elle, il m'aime ! A moi, qui fais la moisson, Le bonheur supreme, Pour une chanson ! CHOEUR. Ainsi, cette histoire Dans les temps se passe : Nous devons en croire La Maritana. Apres le couplet, les gens du peuple se mettent a danser. MARITANA. 2e Couplet. Mais tout bonheur passe. . . Le roi, certain jour, S'en allait en chasse, , Suivi de sa cour . . . C'est bien ! lui dit-elle ; Grand Dieu ! c'est le roi ! Puis, elle chancelle, Tremblante d'effroi . . . Mais le roi s'ecrie : Je t'aime ! et c'est pour jamais ! Suis-moi, je t'en prie, Viens chanter dans mon palais . . . Et la jeune fille Devint, apres la moisson, Reine de Castille, t Pour une chanson. CHOEUR. Ainsi, cette histoire Jadis se termine : Nous devons en croire La Maritana. Nouvelles danses, pendant lesquelles la Maritana fait sa quite. Tous. Yive la Maritana ! Le .Hoi. (La regardant.) Qu'elle est belle ! Jose. (Apercevant le Boi.) Lui ! encore lui ! C'est la troisieme Ms qu'apareille parure, je le sur- prends sur cette place ! Mar. (Au Boi.) Pour l'amour du ciel, seigneur cavalier ! Le Boi. (A part.) Sainte mere de Dieu ! Qu'elle est belle,! Mar. Yotre excellence n'a-t-elle que son regard severe et triste pour payer les chants de la Ma- ritana ? Allons, mon gentilhomme, vous trou- verez bien au fond de votre bourse quelques pauvres maravedis. (Le Boi sans la quitter des yeux, jette une piece de monnaie sur son tambour de basque, et s'eloigne precipitamment) Un qua- druple ! un beau quadruple ! d'or ! Et moi qui tremblais en approchant le cavalier ! moi qui me sentais glace par son regard! Oh! j'avais tort : c'est quelque grand seigneur, bien com- patissant, bien genereux, et surtout bien riche. Jose. (S'approchant d'elle.) On vous a done fait, mon enfant, une bien belle offrande ? Mar. Voyez ! Quelque noble seigneur. Jose. C'est don Rafael d'Arpinas, le plus riche banquier de l'Espagne. (A part.) Ah ! majeste ! vous pouviez vous trahir ! (On entend sonner les cloches.) Mar. L'angelus ! (lous s'agenouillent, pws se relevent et s'eloignent lentement.) Voila que Ton m'abandonne pour aller a l'office. — Au revoir, mes bons amis ; dans une heure vous me re- trouverez sur cette place — prete a annoncer l'avenir, a vous dire la bonne aventure. (Elle reconduit ceux qui s'eloignent.) Jose. (Sur le devant.) Lui ! le roi ! amoureux e la Maritana ! SCENE II. Maritana, Don Jose. Mar. (Bevenant.) Plus personne.— Jose. Si fait — un ami. Mar. Un ami ? Jose. Qui veut aussi payer le plaisir que vos chants lui ont cause. (II lui donne un quadruple.) DON CAESAR DE BAZAN. ACT I. (A public square). SCENE I. Maritana, The King, Populace. Then Don Jose. At rise of curtain crowd surround Maritana who is singing. The King dressed in black, enveloped in a large cloak standing apart L. His eyes fixed on Maritana and absorbed in contemplation. CHORUS. Come maiden so pretty, Give us a ditty — Something lively and new, Will make our griefs few. Maritana. 1st. verse. A King of Castile, Passed one day through a field, A young girl was mowing, Her voice tender growing, Singing so cheerily, Toiling so wearily. This haughty King of Spain, A simple squire did feign, Thus to address the maiden: "Take my heart with love laden!" "What! he loves me, said she, I who rake hay may be, Blessed for a song." CHORUS. This old story we must receive, For Maritana would ne'er deceive. Maritana. 2nd. verse. But all happiness is fleeting, She, one day the King meeting, On his gallant steed bounding, With gay court, and horns sounding. 'Tis the King in his might, She cried trembling with fright. Great God! It is he, Ah, woe is me. "I love thee, 'tis forever, I will leave thee, no never." Said the King at her side, You shall be my bride. And the maiden so pretty, All for a ditty, Became Queen of Castile. CHORUS. This ends the story, To Maritana's glory. (All dance round whilst collection.) All Long live Maritana! King. (Looking at her.) Maritana takes up How beautiful she is! Jose. (Perceiving the King.) He! He again! This is the third time that I have surprised him here on such an errand. Mar. (To the King.) For the love of Heaven, my lord. King. (Aside.) Holy Mother of God! How beautiful she is. Mar. Has your Excellency only grave and severe looks to pay Maritana for her song? Come my lord, in the bottom of your purse you mil surely find some poor farthings. (King without taking his eyes from her face tosses a piece of money in her tambourine and walks away suddenly.) A dubloon? A beautiful golden dubloon! And I who feared to approach this cavalier, who felt my heart freeze beneath his look! Oh! I was wrong. He is some great lord, who is very kind, very generous, and above all very rich. Jose. (Approaching her.) Ah, my child, you have received a beautiful gift there. Mar. See! Some noble lord. Jose. It is Don Raphael d'Arpains, the richest banker in Spain. (Aside.) Aha, your Majesty! You might have betrayed yourself. (Bells are heard ringing.) Mar. The Angels! (All kneel, then rising walk away slowly.) They all leave me to attend the service. Au revoir, my good friends; in an hour from now you will find me on this square ready to announce the future, and tell your good fortune. (She watches them going away.) Jose. (Down front.) He! The King! in love with Maritana. SCENE II. Maritana, Don Jose. Mar. (Coming back.) All gone. Jose. Yes — except one friend. Mar. One friend? Jose. Who wishes to pay you for the pleasure your song has given him. (Gives her another dubloon.) DON CESAE DE BAZAN. Mar. Un quadruple ! (Tristement.) Encore un ! Jose. De quel air vous dites cela ! Est-ce Poffre de cet or qui vous attriste ainsi ? Mar. Oui, monseigneur. Jose. Pourquoi ? Mar. (Hesitant.) Pourquoi ? Jose. Je vous ai dit que vous m'interessiez — vous pouvez filer a moi.— Eli bien ? voushesitez ? Mar. Pordonnez-moi, monseigneur ; mais je suis orpheline, trop pauvre pour avoir des amis, et il y a si longtemps que j'ai perdu ma mere, que mon cceur ne sait plus confier a personne ses joies et ses douleurs. Jose. Et d'ou vient que mon quadruple vous attriste de la sorte ? Mar. Parce que — parce que c'est trop — ou pas assez. Jose. Comment ? Mar. Lorsque j'etais enfant, ceux que mes chansons importunaient me jetaient quelque petite monnaie pour se debarasser de moi — Maintenant, que je suis femme, on ne me renvoie plus, on m'ecoute. — On ne m'ecoute pas seule- ment, on me regarde. — On ne me jette plus dedaigneusement un maravedis — on m'offre des reaux, et quelque-fois de Tor ! Eh bien ! cet or monseigneur, a chasse de mon ame la paix et la serenite. . . Enfant, j'6tais heureuse, quand j'avais le pain du jour et le pain du lendemain. . . A present, je fais des reves d'ambition et d'orgueil. . . Ces pieces d'or qu'on me donne, je les compte chaque soir, et je me desespere en songeant combien il en faudrait encore pour payer de riches parures, des joyaux, des pierreries, tout ce que je reve enfin ! Air de la Heine d'un jour. Des chevaux, des valets, Un carrosse, un palais, Des habits de duchesse Eclatants des richesse, C'est cela que je veux, Oui, voila tous mes vceux ! Ah ! quand done viendrez-vous A vous seuls je pretends, Et voila si longtemps, Si longtemps, Que je reve et que j'attends. Quand passe une comtesse, En beaux habits de cour, Je dis avec tristesse : Quand done viendra mon tour ? Mais bientot dans l'espace En vain mon ceil la suit. . . Ce char dore qui passe, C'est mon reve qui f uit ! Beau carrosse et doux reve, Qu'un seul instant m'enleve, Chaque nuit, chaque jour, J'attends votre retour !. . . Des chevaux. des valets, etc! Jose. (A part.) Ambitieuse et coquette c'est bien. Mar. Vous riez de ma folie, n'est-il pas vrai, monseigneur? Jose. Moi !. . . non pas, je vous jure. . . Je pense meme que tous vos beaux reves pourrai- ent bien s'accomplir un jour. Mar. Vous croyez me surprendre ou me flatter -en me disant cela. . . vous vous trompez, mon- seigneur. Jose. Vraiment? Mar. Oui, j'ai commeun vague pressentiment — comme une secrete esperance. Et puis, on s'oc- cupe de moi, onparle de moi dans Madrid... Des personnes du plus haut rang... et il en est une... plus puissante et plus elevee que les autres. . . i Jose. (A part, frappe de surprise.) Le Roi! (Haut.) De qui done parlez-vous ?. . . Mar. De la reine ! Jose. (Surpris.) La — Mar. La reine, qui plusieurs fois a fait arreter son carrosse pour m'entendre chanter,qui a daig- ne jeter sur moi un regard plein de compassion et de bienveillance, qui a souri a mes chansons joyeuses, a pleure a mes ballades plaintives. . . (Avec jierte.) Oui, monseigneur, j'ai fait pleurer la reine ! C. A. I). Vive la reine !. . . Mar. (Vivement.) C'est elle !. . . qui revient de l'eglise de la Visitation !. . . je cours me placer sur son passage. . . Je ferai peut-etre encore couler une de ces precieuses larmes ! Et voyez- vous, monseigneur, toute ambitieuse que je suis, j'aime encore mieux cette aumone-la que la votre ! Jose. Au re voir, la belle Maritana ! [Elle sort SCENE HI. Jose. (Seul.) Oui, tout ce que tu reves tu pour- ras le posseder — car tu possedes deja mille fois plus que ces grandes dames dont tu envies le sort — toi qui as su reveiller le coeur endormi de ce roi ! Ah ! il est amoureux, ce monarque austere et triste, inaccessible jusqu'a ce jour a toutes les seductions, dont les yeux ne s'etaient jamais arretes sur une femme, pas meme peut- etre sur la sienne ! II a un cceur et des desirs I Ce sont pour moi de puissants auxiliaires ! Donner une maitresse a ce roi, c'est a la fois le dominer par celle dont j'aurai fait une favorite, et detacher la reine de son mari, qui l'aura outragee — La reine ! qui sait quel espoir me sera permis, si je parviens a mettre autant de jalousie dans son cceur (mysterieusement) qu'il y a d'amour dans le mien ! Mais comment arriver a ce but? L'iiinexible etiquette de notre cour ne permet pas de tenter le moindre rapproche- ment entre le roi d'Espagne et une fille de riem Obstacle insurmontable ! Et cependant, pour que la pensee du roi se fixe sur cette femme, pour que ce desir devienne passion, il faut la presence de Maritana a la cour, il lui faut le droit d'ap- procher -sa majeste, c'est a dire un nom un titre — tout ce que donne un grand mariage — moins le mot cependant. (Onentendun grand bruit de Vhdtellerie.) Encore quelque querelle ! — decidement, je ferai fermer de tripot du Penas. SCfiNE IV. Don Jose,'Don Cesar. Ces. (Sortant de Vhdtellerie, un peu avine.) Vous etes de miserables fripons, que je chatierais — si ie ne craignais de salir mon epee ! (Au public.) Je viens de jouer avec des manants — et ils m'ont vole — comme des grandes seigneurs ! (Secouant sespoches.) Oh ! ils ne m'ont rien laisse — et si la Providence ne m'envoie pour ce soir un souper etungite — j'aurai le ciel pour m'abriter et le grand air pour me nourrir — Le gite n'est pas chaud et le souper est leger. Jose. (Qui Va observe.) Eh mais ! si je ne me trompe — c'est don Cesar de Bazan ! Ces. Don Jose de Santarem ! (A.part.) II est fort bien couvert. Quel interet peut-il avoir a me reconnaitre ? DON C^SAR DE BAZAN. Mar. A doubloon ! (Sadly.) Another one ? Jose. With what an air you say that. Is.it the sight of this gold that saddens you ? Mar. Yes, my lord. Jose. Why? Mar. (Hesitating.) Why ? Jose. I told you that you interested me — you can confide in me. Well ? You hesitate. Mar. Pardon me, my lord ; but I am an orphan too poor to have friends, and it is so long since I lost my mother that my heart has forgo tton how to confide its joys and its sor- rows. Jose.. But how is that my poor doubloon makes you so sad ? ' Mar. Because — because it is too much — or not enough. Jose. How ? Mar. When I was a child those whom my songs annoyed threw me a few farthings to get rid of me — now, that I am a woman, they never send me away, they listen to me. They not only listen to me, they look at me. They no longer throw, with a disdainful air, a few far- things to me, but they offer me silver and some- times gold. Well, my lord, this gold has driven all peace and serenity from my soul ; as a child, I was happy when I had bread for the day and bread for the next day — now dreams are of ambition and pride. These pieces of gold that are given me, I count every night, and become desperate when I think how many more I should need to pay for the rich jewels and fine clothes, in fact for all that I dream of! I Air of the Queen of a Day. Horses, carriages and grooms. Dresses, laces and heirlooms, Of Dukes and Princes so fine, Do I long to make mine. Yes, my soul seems on fire, With this ardent desire, Oh, how long shall I sigh — As the time passes by '? Shall I never attain— Shall I wait in vain ? When a Countess admired, In Court robes attired, I see appear, Passing so near, With envy I burn, And await my turn. But soon from my sight, A gilded chariot so bright, Bears her away to pleasure — To bliss without measure, The fruit of fortune to reap, While I watch and weep. Horses, carriages and grooms, etc. Jose. (Aside.) She is ambitious and a coquette, good. Mar. You laugh at my folly, it is not so my lord? Jose. I ! — Not at all, I swear — I was only thinking that all your beautiful dreams might some day be realized. Mar. You think you surprise or flatter me by saying that — you are mistaken, my lord. Jose. Truly. Mar. Yes, I have a vague presentiment — like a secret hope. And then they speak of me in Madrid— persons of the highest rank— and there is one — more powerful and above all the others! Jose. (Aside, surprised.) The King! (Aloud.) Of whom do you speak ? Mar. The Queen. Jose. (Surprised.) The Mar. The Queen, who often stops in her car- riage to listen to my songs, and has condescend- ed to look on me with compassion and kindness; she has smiled when my songs were joyous, and wept when they were sad — (proudly) yes, my lord, I have made the Queen cry. (Voices out- side.) Long live the Queen. (Quickly.) It is her, returning from the Church of the Visita- tion, — I will run and place myself on her path, and perhaps I can again cause those precious tears to flow. You see, my lord, ambitious as I am, still prefer her tears to your gold. Jose. Au revoir.beautiful Maritana. ]She exits.] SCENE III. Jose. (Alone.) Yes, all these dreams can be realized — for you possess already a thousand times more than these great ladies whom you envy — You have awakened the King's heart! Ah ! He is in love, this austere and gloomy Monarch, inaccessible up to this time to all at- tractions ; whose eyes have never been fixed upon a woman, not even his own wife. He has a heart and desires ! Powerful auxiliaries for me ! To give a mistress to this King would be at once to rule him through the favorite, and detach the Queen from her husband by whom she has been betrayed. The Queen ! Who knows what hopes I may aspire to, if I succeed in in- stilling in her heart the jealousy, (mysteriously) and the love which fills mine. But how to at- tain this end ? The inflexible etiquette of our Court does not allow the least approach of a peasant girl to a King of Spain. Insurmount- able obstacle ! and however, that the thoughts of the King should be fixed on this woman, that this desire should become a passion, Maritana's presence at the Court would be necessary, she must have a right to approach his Majesty, in other words she must have a name and a title — all that a great marriage can give — without its consummation however. (Noise heard in the Inn). Another quarrel! Decidedly I must close that Tavern of Penas. SCENE IV. Don Jose, Don Caesar. Cae. (Entering from the Inn, under the influ- ence of liquor.) You are miserable rogues, and I would punish you — if I were not afraid 61 soiling my sword! (To the public.) I have just been gambling with beggars — and they have robbed me — as lords? (Shaking his pockets.) Oh! They've not left me anything — and if Providence doesn't send me a supper to-night and a bed — I will have the heavens to cover me and the free air to nourish me. The shelter is not warm, and the supper is airy. Jose. (Who has been watc ing him.) Hey! If I am not mistaken this is Don Caesar de> Bazan! Cae. Don Jose de Santaren. (Aside.) He is well dressed. What interest can he have ik recognizing me? — • -< 6 DON CESAR DE BAZAN. Jose. (Lui tendant la main.) Qu'il y a long- temps que nous ne nous sommes vus ! Ces. C'est vrai. Jose. Nous etions jeunes alors. Ces. Jeunes et brillants. (11 regarde son man- teau.) Comme on change ! Jose. Vous aviez un beau nom et une grande fortune. Ces. J'ai conserve l'un, et j'ai perdu Tautre. Je n'ai pas besoin de vous dire— ce qui me reste. Jose. En effet, je m'en souviens, votre ruine a fait grand bruit autrefois. Ces. Oui, mes creanciers ont beaucoup crie. Jose. Et votre position n'a pas change ? C'est une si lourde tache qu'un arriere a com bier ! que de vieilles dettes a acquitter ! Ces. II y a cependant, par le temps qui court, une chose plus difficile encore que de payer d'anciennes dettes. Jose. Et laquelle ? Ces. C'est d'en faire de nouvelles. Jose. Vous aviez quitte Madrid ? Ces. J'y rentre aujourd'hui. Jose. Et ou etes-vous alle ? Ces. Partout ou Ton se bat, ou l'on boit, 'ou Ton aime. Mais les deux villes ou j'ai fait le plus long sejour, sont Alicante et Xeres--je ne sais plus pourquoi. Jose. Yous avez mene joyeuse vie ? Ces. Pas trop. Dans tous les pays, pour aimer et boire— on paye. N'importe, je marchais tou- jours devant moi, sans m'enquerir du nom des , contrees que je traversais-mais semant sur ma route quelques creanciers et quelques duels— i precieux jalons, qui devaient me faire reconnai- ' tre mon chemin, quand jerentrais dans ma ville natale. I Jose. Et quel motif vous a ramene a Madrid? Ces. L'esperance, la douce et folle esperance. Retournons la-bas, mesuis-je dit, le sort a du me sourire, et je trouverai mes creanciers morts. Erreur ! Un debit peut mourir, un creancier ja- mais ! Loin la le nombre des miens s'etait ac- cru. | Jose. Comment? Ces. lis avaient fait des petits. Mais que se passe-t-il de nouveau a Madrid ? Boit-on tou- j jours, chante-ton-toujours et se bat-on toujours ? j Jose. Les duels sont rares aujourd'hui. Le roi vient de rendre un edit,l'instar de ceux de France. Ces. Ah bah ! la mort pour un coup d'epee ? Jose. Quiconque se sera battu, sera fusille--et cela, pendant tout le cours de l'annee-la se- maine sainte exceptee. Ces. Vraiment ? Si Ton se bat pendant la se- maine sainte. Jose. Pendant la semaine sainte — on sera pendu. Ces. Diable ! mais c'est aujourd'hui qu'elle commence. Jose. Justement. Ces. Merci de l'avis — je deviens un agneau — pour huit grands jours au moins — je ne me soucie pas d'etre pendu ! Quant a etre fusille — j'y penserai — la semaine prochaine. Mais vous ne me parlez pas de vous-meme. Vous etiez ambitieux — a quoi etes-vous arrive? qu etes- vous devenu? Jose. Moi ? rien. Ces. Rien ? Ce n'est qu'un peu plus que moi. SCENE V. Les Memes, Un Batelier et Lazarillb. Le. B. (Amendnt Lazarille, qu'il Herd par le bras.) Allons, petit, il faut rentrer chez ta mere — secher tes larmes, et ne plus songer a ces sottises-la — Laz. (Se defendant.) Vous avez tort — s'il me convient de mourir, j'en trouverai toujours le moyen ! Ces. Hein ? qui est-ce qui parle de mourir ? un enfant ! Jose. Oui, vraiment ! Le B. Un enfant, qui voulait se noyer. Ces. Ah bah ! se noyer— dans l'eau ? LeB. Et dans quoi voulez-vous qu'on se noie? Ces. Ca depend. Ainsi, tu voulais mourir— Laz. Et je le veux encore ! Jose. Mais pourquoi ? Ces. (Gravement.) Est-ce qu'a ton age, tu aurais deja des creanciers ? Laz. Je suis apprenli armurier — c'est a moi qu'est confie le soin des arquebuses du regiment des gardes. Ces. Tu veux te noyer, quand tu as des arque- buses sous la main? — Tu n'aimes done pas ton metier ? Laz. Sous pretexte que les armes ne se sont pas trouves ce matin en bon etat, un de mes- sieurs les capitaines veut me faire donnercinqu- ante coups de baton ! Ces. Cinquante coups de baton? allons, c'est trop. Laz. Oh ! ce n'est pas le nombre qui m'ef- fraye — je ne crains pas la souffrante — je crains la honte ! Ces (A don Jose.) II a du coeur, cet enfant- la ! — Nous intercederons en ta faveur. Laz. Le capitaine est bien cruel — son lieu- tenant voulait me faire grace, il a vainement prie pour moi — Ces. (Montrant don Jose.) II ne refusera pas deux bon gentilshommes — Jose. Excusez-moi — mais j'ai dans ce moment quelques motifs pour ne prattre en rien dans cette affaire. Ces. Soit — ce sera assez de moi. Laz. (Effraye.) Ah ! grand Dieu ! — Ces. Qu'as-tu done ? Laz. C'est lui !— suivi de soldats !— ils me cherchent sans doute ! — Ces. Place-toi derriere moi — tu as pour te defendre. Cesar et son epee. Jose. (Bas.) Souvenez-vous de l'edit royal ! Ces. Oh ! diable ! et de la semaine sainte, sur- tout! SCENE VI. Les Memes, Le Capitaine, Deux Soldats. Le C. (Montrant Lazarille.) Le voici — qu'on Farrete ! Ces. (Tres-humblement.J Un instant. Souffrez, permettez, monsieur le capitaine, que je vous adresse humblement quelques mots en faveur du coupable. Le C. (Sans Vecouter, aux soldats.) Eh bien I n'avez-vous pas entendu ? obeissez ! [Les soldats s'approchent. Laz. Grace, capitaine! Ces. Vous l'entendez, ce pauvre enfant de- mande grace— et je joins respectueusement (?7 6te son chapeau) ma voix a la sienne. DON C^SAR DE BAZAN. Jose. (Extending his hand.) It has been a long time since we have seen each other. . Cae. True. Jose. We were young then. Cae. Young and brilliant. (Looks at his clothes.) How one changes. Jose. You had a fine name and a handsome fortune then. Cae. I have preserved one and lost the other. I don't need to tell you— what I have left. Jose. Yes, I remember, your ruin was much talked of. Cae. Yes, and my creditors were most noisy. Jose. Your position has not changed? Back debts are a heavy load to carry! How many old debts to pay off? Cae. There is something more difficult still to do than to pay up old debts. Jose. What is it? Cae. To make new ones. Jose. You had left Madrid? Cae. I returned to-day. Jose. Where did you go? Cae. Everywhere that they fight, they drink or they love. But in two cities in particular I remained the longest, Alicante and Xeres — I Jose. You have led a joyous life? Cae. Not very. For in all countries to love and to drink — you must pay. No matter, I went straight ahead, never inquiring the names of the countries I went through — but sowing on my road debts and duels — precious relics, by which I should recognize my road on returning to my native city. [rid ? Jose. And what brought you back to Mad- Cae. Hope, sweet, delicious hope. I will re- turn, I said, perhaps fate may smile on me, and I will find my creditors dead. Error! A debt may die, but a creditor never! On the contrary, mine have augmented. Jose. How? Cae. They've had children. But what is there new in Madrid? Do they still drink, still sing, still fight? Jose. Duels are rare at the present day. The King has just issued an edict, twin brother to the one in France. Cae. Bah! Death for a sword thrust ? Jose. Whoever fights will be shot — and that during the whole course of the year — Holy week excepted. Cae. Really, Holy week we can fight? Jose. During Holy week — they will be hung. Cae. The devil! But it commences to-day. Jose. Exactly. Cae. Thanks for the warning — I will become lamb— for eight long days at least — I am not anxious to be hung! As for being shot — I will think of that — next week. But speak to me of yourself. You were ambitious — what point have you attained? What have you become? Jose. I? Nothing. Cae. Nothing? Then you are no more than I am. SCENE V. The Same, A Sailor, Lazarillo. Sailor. (Dragging Laz. on by the arm.) Come, my boy, you must go back to your mother — dry your tears, and don't think of such nonsense again — Laz. (Struggling.) You are wrong— if it suits me to die, I will always find means to do it. Cae. Hey! Who speaks of dying? A child? Jose. Yes, indeed. Sailor. A child who wanted to drown him- self. Cae. Ah ! Bah ! Drown himself — in water ? Sailor. What else would you have him drown himself in? Cae. That depends on circumstances. So you wanted to die ? Laz. And I still wish to die. Jose. Why so ? . Cae. [Gravely.] Could it be possible that at your age you already have creditors ? Laz. I am apprenticed to an armorer. It is to my care that the guns of the regiment of the Guards is confided. Cae. And you wanted to drown yourself, when you have guns under your hands ? You don't like your trade? Laz. Upon pretext that the arms were not found in good condition this morning, one of the captains wants to have fifty lashes given me. Cae. Fifty lashes ? Come, that's too much. Laz. Oh, it's not the number that frightens me — I don't fear the pain, it is the shame that I fear. Cae. [To Don Jose.] That child has a heart — we'll intercede in his favor. Laz. The captain is very cruel — his lieutenant wanted to pardon me, and he vainly sued for mercy. Cae. [Pointing to Don Jose.] But he will not refuse two noblemen — Jose. Excuse me — but at this moment I have reasons for not appearing in this affair. Cae. Very well, one will be enough. Laz. [Frightened.] Oh, great heavens ! Cae. What's the matter ? Laz. It is he — followed by soldiers ! They are seeking me. Cae. Get behind me — you have Don Csesar and his sword to defend you. Jose. [Whispering.] Remember the Roya* edict. Cae Oh, the devil ! And Holy week above all. [SCENE VI. The Same, The Captain, Two Soldiers. Capt. [Pointing to Laz.[ There he is, arrest him. Cae. [Very humbly.] One moment. Allow me, permit me, captain, I address you most humbly in favor of this guilty boy. Capt. [Not listening, to the soldiers.] Well, didn't you hear me ? Obey ? [Soldiers approach.] Laz. Mercy, captain ! Cae. You hear him — this poor child begs for mercy — and I respectfully join [takes off hm hat] my prayers to his. 8 DON CESAB DE BAZAN. Le C. Fais exactement ton service, et tu nous €pargne ras ainsi, a toi le chatiment, a moi tes larnies — {regardant don Cesar) et de sottes prieres. Ces. (Vivement.) Hein! (Apart et changeant de ton.) Ah ! si ce n'etait la semaine sainte ! (Avec calme.) Eh bien ! capitaine, tout cela vous ennuie — faites cesser tout cela (Tun mot — larmes et prieres vont s'arreter, des que vous aurez dit: Grace ! Capitaine ! [Itprend le pan de son manteau. Le C. (Betirant son manteau.) Un manteau neiif — que je desir garder sans tache ! Ces. (Avec colere concentree) ^ Monsieur ! (Se reprenant, a part.) Oh ! la semaine sainte ! Jose. (A part.) Le capitaine est bien hautain ! Ces. (Avec calme) Finissons — Je suis certain que vous etes bon gentilhomme. Moi, j'ai en- gage mon honneur a obtenir ce pardon — vous comprenez cela, n'est-ce pas ? Eh bien ! je vous supplie — je vous conjure — Le C. Quand done ce mendiant aura-t-il fini ? Je ne peux rien vous faire, mon brave homme. Ces. (Avec explosion.) Non ? Eh bien ! je vais te faire quelque chose, moi ! Le C. Insolent ! Ces. Car e'en est trop a la fin ! Adieu la se- maine sainte ! Monsieur le capitaine, je vais vous tuer. Le C. Hein ! comment ? Ces. Comment? avec ceci — avec mon epee, qui ne peut qu'honorer la votre en la touchaot — car je me nomme don Cesar de Bazan, comte de G&rofa, et j'ai droit de rester couvert devant le roi — moi, qui vous ai parle chapeau bas ! Je vous prie, je vous supplie, je suis soumis et humble — vous me repondez avec hauteur et insolence ! Je fais un appel a votre pitie, et vous me traitez de mendiant ! moi ! Par ma f oi, e'est trop abuser de ma patience et de 1'edit royal ! (Le toisant.) Vous etes d'un riche embonpoint, capitaine — le diabie n ? observe pas la semaine sainte, lui et je vais lui ehvoyer de quoi faire gras ! [II tire son epee. Le C. Un duel ! Ces. A moins que vous ne soyez aussi lache qu'impitoyable ! Le C. Patrons ! Laz. Vous battre pour moi ! Ces. Au re voir — Le lieutenant veut te faire grace, petit? sois tranquille; dans dix minutes, je le fais capitaine ! [II sort, suivi de Lazarille et du Batelier. SCENE VII. Don Jose, puis Maritana. Jose. Don Cesar est une bonne lame — je crain- drais fort pour son adversaire, s'il m'interessait le moins du monde. Mar. (Entrant, avec des transports de joie.) Je l'ai vue ! elle a fait de nouveau arreter son car- rosse, elle a daigne me sourire ! Jose. La Maritana ! (A part.)) Qui sait ? ce fou de don Cesar travaille peut-etre, a l'heure qu'il est, a l'accomplissement de mes projets. (Allant a elle.) Toujours revant-grandeur et richesse. Mar. Vous n'etes done pas alle au devant de sa majeste, monseigneur? Jose. Non, je t'attendais. Mar. Vous desirez me parler ? le moment est bien mal choisi — voyez, l'office divin est fini — voici venir toutes les bonnes gens auxquels je vais tirer leur l'horoscope. [Tout lepeuple entre en scene. MORCEAU D'ENSEMBLE. Air du Cheval de Bronze. (Entree du prince, a ler acte. CHOEUR. Pour qu'on revele Notre avenir, A toi, la belle, II faut venir. Dis-nous notre avenir ! MARITANA. ler Couplet. Du destin, que je penetre, 1 Je sais ies secrets, Et je vais faire connaitre Ses lois, ses arrets ! Quand je parle, quand j'ordonne, ,! Que personne Ne s'etonne : Car e'est le bon Dieu qui donne Le bonheur que je promets. Voyons, par qui commencerai-je ? TOUS. Par moi ! par moi ! j Maritana, (a un jeune soldat,) A vous, d'abord. Essayez de mon sortilege ; Je vais predire votre sort. LE SOLDAT. Volontiers. Maritana, (coiisultant sa main) Vous aimez femme jeune et jolie. Le S. (Parle.) C'est vrai ! MARITANA. Qui, ce soir, fera la folie . De tromper un mari trop vieux, Au profit d'un jeune amoureux. un vieillard, (s'avancant) Monsieur. . . maritana. Vous avez femme jeune et jolie— Le V. (Parle.) C'est vrai ! maritana. Qui pourrait faire la folie De tromper un mari trop vieux, Au profit d'un jeune amoureux. Le V. (Parle.) Ah bah ! (Se rassurant.) Quelle plaisanterie ! (Allant au jeune soldat.) Filleul ? Le S. C'est vous, parrain ? Le V. Viens-t'en souper chez moi. [Us sortent ensemble. maritana, (d'une jeunefille.) Pour epoux je t'annonce un riche chatelain. A qui, maintenant? — don jose, (s'avanpant.) Bohemienne, A moi, s'il te plait. maritana. Votre main. DON JOSE. Changeons de role, et donne-moi la tienne. MARITANA. La mienne ? DON JOSE. Oui, ta main. 2e COUPLET. Tu te bornes a promettre DON C^ESAK DE BAZAN. Capt Do your duty, you will save yourself punishment, and me the tears (looking at Don Caesar] , and stupid prayers. Cae. [Quickly.] Hey ! [Aside, changing tone.J Ah ! if it were not Holy week ! [Calmly.] Well, captain, all that annoys you, eh ? — It will all cease at one word — tears and prayers will stop when you have said it : Mercy ! Captain ! [Takes the edge of his cloak.] Capt [Taking his cloak away.] A new cloak — that I desire to keep clean. Cae. [With concentrated anger.] Sir ! [Catch- ing himself, aside.] Oh ! Holy week ! Jose. [Aside.] The captain is very haughty. Cae. [Calmly.] Let us end this — I am certain that you are a good gentleman. I have staked my honor to obtain this pardon — you under- stand that, do you not ? Well, I beg of you — I conjure you— Capt. When will this beggar have done ? I can do nothing for you, my good man. Cae. [Furiously.] No ? Well, I'll do some- thing for you! Capt. Insolent fellow ! Cae. For this is too much ! Farewell Holy week ! Captain, I will kill you. Capt. Hey? How? Cae. How ? With this— with my sword which can only honor you by its touch — for my name is Don Caesar de Bazan, Count of Garofa, and I have the right to keep my hat on in the pres- ence of a king — I now speak to you with hat in hand ! I beg you, I implore you, I am humble and submissive — you answer me with haughty insolence! I make an appeal to your mercy, you treat me as a beggar ! I ! On my faith this is abusing of my patience and the Boyal edict ! [Eyeing him from head to foot.] You are of a fair rotundity, captain — the devil is not keeping Holy week, I am going to send him something to feast upon. [Draws a sword.] Capt. A duel ' Cae. Unless you are as cowardly as you are merciless. Capt. By our Lady Laz. You fight for me ? Cae. Au revoir — the lieutenant will be mer- ciful to you. Be quiet ; in ten minutes I will make a captain of him. [Exits, followed by Laz. and sailor.] SCENE VII. Don Jose, Maritana. Jose. Don Caesar is a good swordsman — I should tremble for his adversary were I inter- ested in him the least bit in the world. Mar. (Entering joyfully.) I saw her! She stopped her carriage again and deigned to smile on me. Jose Maritana! (Aside.) Who knows, this lunatic of Don Caesar is working, perhaps, at this very moment to accomplish my projects. (Going to her.) Still dreaming of riches and grandeur. Mar. You did not go to meet her majesty, my lord? Jose. No, I was waiting for you. Mar. You wanted to speak to me, the mo- ment is badly chosen. Here come the good people whose fortunes I am going to tell. (Popu- j lace enter.) CONCERTED PIECE. Air du Cheval de Bronze. (Entrance of the Prince at the 1st act.) CHOKUS, For our future revealing, At thy feet we are kneeling. MARITANA. 1st Verse. What e'er fate decree, Although secret it be, I will make her speak, And tell us each freak, When I command, all obey, Without question or delay. By whom shall I begin ? ALL. By me ! by me ! maritana, (to a young soldier.) You first. I will predict your fate. SOLDIER. Willingly. MARITANA. Your love is pretty and jolly. Sol True. MARITANA. Who might commit the folly Of deceiving a husband too old For the sake of a love too bold. (An old [man advancing.) OLD MAN. Sir- MARITANA. You have a wife who is pretty and jolly — Old Man. That's true. MARITANA. Who will to-night commit the folly Of deceiving a husband too old For the sake of a lover too bold. Old Man. Bah ! How ridiculous, (going to the young soldier.) My godson ? Soldier. It is you, godfather ? Old Man. Come with me to supper. (They exit together.) maritana (to a young girl.) For a husband I announce you one rich and noble. Whose turn now ? jose (advancing.) Mine, fair Bohemian, if you please. MARITANA. Your hand. JOSE. Let us change places, you give me yours. MARITANA. Mine ? Jose. Yes, your hand. You confine yourself 10 DON CESAK DE BAZAN Un bel avenir : Mieux que toi, je puis peut-etre Promettre — et tenir. [ Gaiement. Quand je parle, quand j'ordonne, Que personne Ne s'etonne. [Plus serieusement. Car c'est moi-meme qui donne Le bonheur que je premets. On peut remplacer le morceau d 1 ensemble par ce qui suit. Mar. Voyons. par qui commencerai-je ? Tous. Par moi ! . . . Par moi ! . . . moi ! . . . Mar. Un instant! . . . Vous, d'abord, monbeau soldat. (Elle prend la main, d'un jeune soldat.) Ah ! ah ! . . . nous convoitons le bien d'autrui. Le S. (Souriant.) Moi ? . . . c'est vrai. Mar. Vous aimez une femme jeune et jolie — Le S. (Etonne.) C'est vrai! Mar. Moins cruelle que vous ne pensez — et ee soir peut-etre elle trompera un vieux mari pour un jeune amoureux. Le S. Ah bah ! Le V. (S'avanpant.) A mon tour! Mar (Examinant sa main.) Yous avez une fernme jeune et jolie. Le V. C'est vrai ! Mar. Tres-sage, a ce que vous pensez — et qui pourrait bientot tromper son vieux mari pour un jeune amoureux. Le V. Ah bah ! (LI la pay e. Se rassurant.) Ce sont des folies. (AUant au jeune soldat.) Filleul? Le S. C'est vous' parrain? Le V. Viens-t'en souper chez moi. [lis sortent ensemble. Mar. (A une jeune fille.) Ton mari sera jeune, beau et riche. [La jeune fille s'eloigne enchantee. Mar. A qui-maintenant ? Jose. A moi ! Mar. Votre main. Jose. Non, la tienne. Mar. Lamenne? Jose. Je puis te predire l'avenir, plus siirement que tu ne le predis a d'autres — car c'est au hasard que tu eonfies le soin d'accomplir tes predic- tions — Le sort que je t'annonce, moi, tu l'auras — car je le fera moi-meme, tel que je te l'aurai pro mis. Mar. Vous? Jose. (Baissant la voix.) Moi, don Jose de Santarem ! Mar. Le premier ministre ! [Elle s'incline. Jose. Oui, grace a moi, et en suivant mes con- seils, tu seras avant peu plus riche que les belles dames pour qui tu chantes — et bientot, enviee des duchesses, dont tu envies le sort aujourd'- hui. Mar. Et pour etre tout cela, que faut il faire ? Jose. Silence ! SCENE VIII. Les Memes, Don Cesar, Lazarille, Peuple, puis Un Alcade et De Soldats. Ces. (Essmjant son epee.) Ce gros capitaine n'avait pas la vie dure. Mais ce que j'ai de mieux et de plus presse a faire, c'est de reprendre le cours de mes voyages — l'edit royal me donnera des ailes. Laz. Un alcade et des soldats ? Ces. [AUant au fond.) Serait-ce deja pour moi? (Voijant que les soldats Ventourent.) C'est parbleu bien pour moi. Ale. Au nom du roi, je vous arrete Jooe. (Apart.) Ah !. . . c'est bien. Ces. Messieurs, je suis a vous. (A part.) Je crois que j'ai mal fait de revenir a Maurid. FINAL. Air de M. Pilaii. ( CHCEUR. I Ciel ! arreter un gentilhomme ! Parlez, quel crime a-t-il commis ? C'est don Cesar qu'on le nomme, Et pous sommes ses amis. Mar. ( A don Jose, avec anxiete, pendant que la foule entoure d,on Cesar.) Delivrez-moi du doute qui m'oppresse ! Kendez le calme a mon cceur eperdu ? Quand done viendra la grandeur, la richesse? Quand done ? Jose. Demain. Mar. Demain ! Jose. (A part, regardant don Cesar.) II est perdu. Mar. (A part.) Demain — je serai duchesse I Ces. (A part.) Demain — je serai pendu. (Parle.) Decidement, je suis fache de revenu a Madrid. CHCEUR. Ciel ! arreter un gentilhomme ! Parlez, quel crime a-t-il commis ? C'est don Cesar qu'on le nomme, Et nous sommes ses amis. j [On emmene don Cesar. [On peut remplacer le final par ce qui suit": Mar. (A don Jose, avec anxiete.) Et vous dites que tout cela se realisera ? Jose. Demain. Ces. Allons, partons, messieurs. Mar. (Apart.) Demain. . . je serais duchesse! Ces. Demain. . . je serai pendu. ACTE DEUXlfiME. Vinterieur d' une forter esse. Portes later ales. Au fond, grand baie ouverte dormant sur un rem- part crenele. SCENE PEEMlfiRE. Don Cesar, Lazarille. Don Cesar est a demi couche et dort. Lazarille est de bout pres de lui. Laz. (Le visage triste et les yeux fixes snr don Cesar.) En vingt-quatre heures, arrete, juge» condamne ! ( On entend sonner Vhorloge.) II n'a plus que deux heures a vivre ! — et il dort ! [II lui prend la main. Ces. (L'eve'dlant en sursaut.) Hein ! — qui m'e- veille ! Ah ! c'est toi, enfant — Maladroit ! tu viens d'interrompre le plus beau reve — (Avec expansion.) Je revais que tous mes creanciers etaient p end us ! Laz. Quoi ! e'etait — Ces. C'etait delicieux ! Quelle heure est-il ? (Lazarille, sans repondre, lui montre le cadran place a droite.) Que cela ! j'ai encore deux heures d'avenir ? A quoi, diable ! vais-je passer tout ce temps-la Lazarille ! Laz. Monseigneur? DGN CJKSAR DE BAZAN. 11 to predicting a happy mture, but I perhaps will promise — and fulfil the promise. (Gaily.) When I command all obey, Without question or delay. (Seriously.) For the happiness I promise I be- stow myself. (The above can be replaced bp the following ) ; Mar. By whom shall I begin ? | All. By me — by me — me ! Mar. One moment — you first, my handsome i soldier. (Takes the hand of a young soldier.) Ah ! ah ! — we envy the goods of our neighbor. I Sol. (Smiling.) I?— It's true. Mar. You love a woman who is young and pretty — Sol. (Surprised.) True. Mar Less cruel than you believe her to be — to-night perhaps she will deceive an old hus- band for a young lover. Sol. Ah! Old Man. (Advancing.) My turn next. Mar (Looking at his hand.) You have a wife who is young and pretty. Old Mad. True. Mar. Very true, so you believe — she may perhaps to-night deceive an old husband for a young lover. Old Man. Ah! Bah! (He pays her.) What folly. (To the young soldier.) Godson? Sol. Is it you godfather. Old Man. Come to supper with me. (They exit together.) i Mar. (To a young girl.) Your husband will be young, handsome and rich. (Young girl goes away delighted.) Mar. Whose turn now? 1 Jose. Mine. j Mar. Your hand. j Jose. No, yours. Mar. Mine? Jose. I can predict your future more surely than you have predicted for others — because you trust to chance for accomplishing your pre- dictions — the future which I announce, you will have, for I will make it myself just as I promise Mar. You? [it. Jose. (Lowering his voice.) I, Don Jose de Santaren. Mar. The Prime Minister! (She bows.) Jose. Yes; thanks to me and in following my directions, before long you will be as rich as the fine ladies for whom you sing — and very soon, envied by the Duchesses whose fate you envy to-day. SCENE VIII. The Same. Don Caesar, Lazarillo. Cae. (Wiping of his sword.) That big cap- tain was tough. But what I must do first of all, is to continue my travels — the royal edict will lend me wings. Laz. A policeman and soldiers! Cae. (Going up back.) Could it be for me al- ready? (As soldiers surround him.) By Heav- ens it is for me. Police. I arrest you in the name of the King. Jose. (Aside.) Ah, good. Cae. Gentlemen, I am at your service. (Aside.) I think I did wrong to return to Mad- rio^ Air de M. Pilati, CHORUS. To arrest a nobleman is not permitted,. Speak, what crime has be committed? Don Caesar is his name-, And you've out his friends to shame. Mar. (To Don Jose anxiously whilst the crowd surround Don Caesar.) Can you deliver my soul from the doubt that oppresses, Can you restore the calm my heart no longer possesses? When will this grandeur, these riches arrive? Jose. To-morrow. Mar. To-morrow? Jose (Aside, looking at Caesar.) He is lost. Mar. (Aside.) To-morrow — I will be a Duch- ess! Cae. (Aside.) To-morrow— I will be hung. Decidedly I am sorry I returned to Madrid. CHORUS. To arrest a nobleman is not permitted Speak, what crime has he committed? Don Caesar is his name, And you've put his friends to shame. (They lead Don Caesar off. This finale can be replaced by the following.) Mar. (To Jose anxiously.) You say that all this will be realized? Jose. To-morrow. Cae. Come, let us go gentlemen. Mar. (Aside.) To-morrow — I will be a Duch- ess! Cae. To-morrow. (Aside.) I will be hung. ACT II. [Interior o* a Fortress. Doors on either side. At back crenelated ramparts.] SCENE I. Don Caesar, Lazarillo. (Don Caesar lying down asleep. Lazarillo stand- ing near him.) Laz. (With his eyes gloomily fixed on Don Caesar.) In twenty-four hours arrested, judged and condemned! (Clock heard striking.) He has only two hours to live — and yet he sleeps! (Takes his hand.) Cae. (Waking up in surprise.) Hey Who awakes me! Ah! it is you child — you have in- terrupted a most beautiful dream. (With en- thusiasm.) I was dreaming that all my credi- tors were hung. Laz. What? It was— Cae. It was delightful. What time is it? (Laz. without answering points to the clock R) Is that all ? I have still two hours to live. How the devil shall I pass the time ? Lazarillo t Laz. My lord ? 12 BON CESAR DE BAZAN. Ces. Si tu etais condamne a mourir, et que tu eusses encore deux heures devant toi, a quoi les emploierais-tu ? Laz. A me confesser de mes peches, monseig- neur. Ces. Deux heurs te suffiraient ? (A part.) C'est si jeune ! (Haul) Moi, je ne sais pas trop si, vivant soixante ans, j'aurais assez de la seconde partie de ma vie pour reconter la premiere — Je ne me confesserai done pas, ce serait trop long — Si je faisais mon testament? Non, ce serait trop court. (S'etalant et se prelassant.) Ah! j'ai large- ment et amplement vecu, moi ! j'ai epuise, yois- tu la coupe des voluptes terrestres ! J'ai aime, j'ai bu, j'ai joue — J'ai ete riche, et j'ai mange ma fortune — sans faim, comme j'ai aime des duchesses — sans amour — mais c'est si bon de gaspiller ! J'ai ete gueux, et j'ai passe des jour- nees a soupirer apres une bonne grosse tranche de bceuf et une bonne grosse servante de posa- da — mais c'est si bon d'avoir bien faim ! Qu'- est-ce que j'ai done fait encore ? ma foi, tout — (Riant.) Et ils attendent que j'aie fini pour me dire : " Au noni du roi, don Cesar, vous allez etre mis a mort ! — " Triples belitres ! — ha ! ha ! ha! Laz. (Sejetant a ses genoux.) Et c'est pour moi, pour moi que vous allez mourir. [II sanglote, en lui baisant les mains. Ces. Eh bien? eh bien? veux ne pas pleu- rer ? regarde, tu as chiffonne mes manchettes ! Laz. (Avecrage.) Et personne ! pas un ami, — pas un parent, n'est alle tomber aux pieds de monseigneur le roi et demander votre grace ! Ces. (Severement.) Lazarille ! tu calomnies l'humanite ! (Avec emotion.) Si fait, Lazarille ; un homnie un vieillard, s'est alle poster sur le pas- sage du roi — s'est jete sous les roues du carrosse, sous les pieds des mules et a tendu ses mains tremblantes, pendant que les larmes eloquentes sillonnaient son visage et a crie a travers ses sanglots ! " Grace, grace pour don Cesar ! " Laz. (Avec elan.) Ah ! e'etait le vieux Comte de Bazan ! e'etait votre pere ! Ces. (Froidement.) C'etait un de mes crean- €iers — Tu vois, Lazarille, qu'il y a encore du bon chez les hommes — Et tiens, regarde. Aux jours de ma splendeur, j'avais pour convives et pour familiers tous les dues, les marquis de la cour — hier encore, ma misere etait eseortee de tous les avanturiers et les espadassin de Ma- drid — amis riches et amis pauvres, amis du palais et amis de la rue — Eh bien, vois comme il m'aiment ! cela leur eut fait tant de peine de me voir ici, que pas un n'est venu. Jose. (Qui vient d'entrer.) Excepte moi ! Ces. (Se levant.) Don Jose ! [Sur un geste de don Jose, Lazaeille sort. SCENE II. Don Cesar, Don Jose. ■Ces. Vous ! dans ma prison ! Jose. Ne me faits pas l'injure d'en etre sur- pris — je fus toujours de vos amis, don Cesar, et les amis sinceres et vrais sont ceux qui persis- tent jusqu'au dernier moment — Votre main ! Ces. Comment done ! apres ces affectueuses paroles — (A part.) 11 a quelque tour pendable a me jouer. Jose. Je viens d'apprendre la fin de votre mal- iieureuse aventure — e'etait, pardieu bien la peine de vous donner de bons avis — Vous n'avez plus que deux heures a vivre. Ces. Vous vous trompez — une heure trois quarts. [II montre la cadran. Jose. (Souriant.)C 'est compter juste. Ces. La vie est si courte ! Jose. La votre cependant sera encore assez longue, pour ce que j'ai a vous dire — et pour ce que vous aurez a faire ensuite, si nous nous en- tendons — Tenez, asseyons nous, et causons. Ces. Causons, et le plus lentement possible — je ne sais que faire de mon temps. Jose. Eh ! je vous apporte peut — etre de quoi l'occuper — (Elevant la voix.) Don Cesar? Ces. Don Jose ? Jose. Mettez-vous un instant en tete que je suis tout-puissant dans ce pays — que je suis — ou le premier ministre de notre seigneur le roi, ou une bonne fee, a la baguette magique — a votre choix. Ces. (Le regardant.} Je choisis le ministre — franchement, vous n avez guere la mine d'une bonne fee — et il y a un peu de ministre dans votre regard. Jose. Vous me flattez — Eh bien, done, moi, ministre ou fee, je vous dis ceci : tout homme, dans votre position — delicate, a toujours je ne sais quel regrets, quels desirs qui troublent ses dernieres heures. — Parlez,confiez-vous a un ami — je jure, si vous acceptez mes conditions, de vous accorder quoi que vous demandiez — (vivement) sauf, bien entendu, la vie. Ces. (Avec reproche.) Ah ! — pouvez vous me croire assez indiscret, pour vous demander de ces choses-la ! Jb.se. Eh bien? Ces. Eh bien ! je ne regrette et ne desire ab- solument rien. Jose. (A part.) Diable ! Ces. Ah ! cependant — attendez ! vous avez du voir ici, en entrant, un jeune homme, un enfant — Jose. Celui pour qui vous avez eu cette que- relle ? celui qui cause votre mort ? Ces. Oui, je lui dois cela, a ce petit — je dois quelque chose a tant de monde ! et vraiment il m'interesse — Je ne veux pas qu'il continue a souffrir, a etre malheureux, quand je ne serai plus la pour tuer messieurs les capitaines qui le maltraitent. — Faites quelque chose pour cet en- fant. Jose. N'est-ce que cela ? Je le prends a mon service ; je me#charge de son avenir. Ces. Merci! Jose. Mais vous me demandez la bien peu. Ces. Vous comptez done me demander beau- coup? Jose. A vous, d'abord — avez- vous quelque autre desir? Cherchez. Ces. Ma foi — je ne trouve rien. Jose. (Apart.) Je n'aurais pas son consente- ment a si bon marche. (Haut.) Tenez, je vous viens en aide — Don Cesar, vous avez dti, dans vos nombreux voyages, assister a de curieux spectacles. (U observant.) Vous est-il arrive de voir pendre un homme ? Ces. (Devenant pensif.) Oui — j'aivu cela — j'en ai vu pendre trois — C'est un souvenir qui de- puis hier, je 1'avoue, ne cesse de me preoccuper. J'ai vu trois pendus, et j'ai ri de tous les trois! — mon Dieu, oui, j'en ai ri ! Jose. Vous vous repentez de ce mouvement peu charitable ? Ces. Moi ? — ma foi, non — Je me dis seule- ment : Je ne ferai pas en l'air meilleure figure DON C-ESAR DE BAZAN. 13 Cae, If you were condemned to death, and you still had two hours before yon, he w w a\ . you pass them ? La-j. In confessing my sins, my lord. Cae. And would two hours be enough? 'Aside, i He is so young. Aloud. For my part I don't know if living sixty years more I would have time, in the second part of my life. to relate the first. I will not confess, then. I have not got time. If I were to make my will ? No, that would be too short. Pompously. Ah! I have lived largely; I have exhausted :__- cup •:: terrestial voluptuousness; I have loved I have drunk. I have gambled, been rich, and eaten my fortune, without hunger, as I have loved the Duchessess — without love; but it's sc good to waste! I have been a beggar, and spent my days sighing for a good, big slice of beef and a good, big barmaid: but it'? bo gc to be hungry! What more have I done? On my faith everything. Eaughing. And they wait till I've gotten through" with life to come and tell me: "In the name of the King Don Caesar you are going to be execute 1" Triple idiots! Ah! ha! ha! Laz. (Throwing himself at his feet. 1 And it's for me you are going to die. [Sobs as he kisses his hands. | Cae. Well! Will you stop crying? Look, you are mussing my cuffs. Laz. (With rage.) And nobody, not a friend, not a relative has gone to fall at the feet of the King and sue for your pardon. Cae. Severely*. Lazarillo. you calumniate humanity! With emotion. Yes, Lazarillo, one man, an old man placed himself in the path of the King — threw himself under the wheels of his carriage, under the feet of his mules, and extended his trembling hands, whilst eloquent tears streamed down "his cheeks as he amid his sobs, M Mercy, mercy f >r Don Caesar!" Laz. With enthusiasm.' Ah. it was the old Count de Bazan! It was kther. Coldly. It was ae : my credit :rs. You see. Lazarillo. that there are still ^ - people in the world — and look in the day- : my splendor I have had for friends and g •-:- Dukes and Marquises of the Court — yesterday, my misery was escorted by all the adventurers and bravados in Madrid — rich friends and po r friends, friends of the palace and friends of the street. Well ! see how they love me! It \ have grieved them so much to see me here that not one of them has come. Who has just entered. Except me! Cae. 'Rising.- Don Jose! Laz, retires on a sign from Jos SCENE II. Don Caesar, Don Jose. Cae. You. in my prison. Jose, Do not insult me with your surprise— I was always your friend. Don Caesar, and sin- cere friends are those who are constant at the ' last moment— your hand! Cae. What? After these affectionate words! 'Aside, i What damnable trick is he going to play me now ? Jose. I have just learned the conclusion of your unfortunate adventure — it was worth while, indeed, to give you good advice — sc you have only two hours to live. Cae. You are mistaken — Sne hour and three quarters. Points to elc ck. Jose. Smiling. You are exact in your ac- count Cae. Life is so short. Jose. Yours, however, will be long enough for what I have to tell you — and for what y : a will have to do if we come be an understan ling. L-o os sit down and talk. Cae. We "11 talk as slowly as possible— time hangs heavily on my hands. Jose. Hey! I bring you perhaps wherewith to occupy it. Raising his voice. DonCsesar? Cae. Don Jose Jose. Just imagine for an instant that I am all powerful in mis country — :ha: I am cithei Prime Minister of our Lord the King, or a gc : d fairy with a magic wand — whichever you se. Cae. (Looking at him. I choose the Minis- ter — frankly, you look little like a fairy— and there is something of the Minister in your ap- pearance. k. You natter me — well then, I, Minister or fairy, tell you this. Every man in your p : si- tion — which is a delicate one, has always some regrets, some desire* which trouble his last hours. Speak, confide in a friend — I swear tc you, if you accept my conditions. I will grant you whatever you ask — quickly except understood your lif Cae. (Reproachfully. Ah— dd y uthfnk me indiscreet en >ugh : . ask a thing like that 2 J se. Well? Cae. Well ! I am sorry, but I desire a - lately nothing. Aside. The deviL . Ah! — wait! You may have seen here a og man. a child — - ■ : i ■■■ h m y >u ha 1 this quar- Wh is the . - i leath? Yes, I owe him that — I owe something - - many people! And truly he interests m — I do not want him to continue to Buffer and to be unhappy, when I will no longer be there to kill the Captains who abuse him. Do b thing for this child. Is that all? I'll im in my service: I will take charg t his fat Cae. Thank- ! Jose. But you ask very little. Then y I : ask a great deal? Jose. Your turn first— you - . . fchej desire? Think. Cae. On my honor — I think I find nothing. Asia-. I can't have his consent so cheap. Aloud. Well, 111 help you — Don Caesar, you must, during the course : numberless travels, have seen some cur. as spectacles | observing him), have y a man hung? Cae. .Thoughtfully. Yes — I have seen that — I have s-en three hung — it's a remem- brance that since yest rday has upiednie somewhat I acknowledge I saw three men hung and I laughed at all three. By J -.-- • - yes: I laughed at them! Jose, y >w ; repent that uncharitable im- Olfi Cae. I? — No, on my faith— I only say : I will not look better dangling in the air 'than 14 DON CESAE DE BAZAN. qu'eux — et si j'ai ri de ceux-la, d'autres vont lire de moi. (S'animant pen de peu.) Pendu ! — mais c'est infaine ! jamais, dans toutes les Es- pa -lies, on n'a pendu un gentilhonirue ! qu'on pende un manant ! qu'on pende un Alcade ! — qu'on pende mes creanciers ! cela leur revient — mais don Cesar, le dernier des Bazan et des com- tes de Garofa ! Mais c'est plus qu'une mort hon- teuse ! c'est une mort ridicule, grotesque. — Al- iens done! est-ce que je veux de cela? Qu'on me place debout, la tete haute, en lace de douze soldats, aux arquebuses bien chargees, que douze bonnes balles de plomb me jettent mort, le crane et la poit'fine fracasses — a la bonne iieure ! c'est ainsi que doit mourir un gentil- liomme ! Jose. Et c'est ainsi que vous mourrez. Ces. (Vivemeni). Yrainient? . . yous me le Jurez? . . • Jose. Sur mon honneur et sur mon epee. Ces. Ah ! jerenais, je respire ! . . Douze braves soldats du roi, qui m'enverront la mort comme je la recevrai, resolument et gaiement ! . . Je veux les voir, leur serrer la main, je veux boire avec eux Jose. Boire avec des soldats, vous, comte de Garofa ! Ces. Bah 1 j'ai bien deroge avec des muletiers et des bandits ! . . et puis, franchement, tout Garofa que je suis, si je vaux un peu mieux qu'eux maintenant, ils vaudront beaucoup mieux que moi tout a Theure. Jose. Soit . . II vous sera servi un repas somptueux, qui vous rappellera vos prosperites passees . . Est-ce la tout ? Ces. C'est tout . . Mais, parbleu ! maintenant je suis curieux d'apprendre ce que vous pouvez avoir a me demander ! . . Voyons, j'ai fait mes conditions, faites les votres . . Pour que je meure content, pour que cet enfant soit heureux et pour que je ne sois pas pendu . . qu'exigez-vous ? Jose. Tres-peu de chose. Ces. Si peu que cela ! Jose. II faut tout simplement . . vous marier. Ces. Hein ?.. plait-il? . . me marier !... Pourquoi f aire ? . . . "Voyons, don Jose, dites-moi done pourquoi ? Jose. Impossible . . c'est un mystere. Ces. J'aurai si peu le temps d'etre discret ! . . Jose. Je ne puis. Ces. Ce n'est pas pour l'heritage que je laisse apres moi . . excepte mes dettes et mon nom . . {Vivemeni.) Mon nom? . . mais, j'y suis ! . . c'est uhe valeur, cela ! . . Don Jose, je vois, je com- prends tout ! Jose. Comment? Ces. C'est une femme sans nom et qui en vent un . . une femme qui briile du desir de s'appeler comtesse ou duchesse . . Allons convenez-en, c'est cela. Jose. Peut-etre. Ces. En ce cas, ce nom, elle l'aura, et grand bien lui fasse. Jose. Yous acceptez ? Ces. J'accepte . . Apres tout, je ne savais com- ment employer mon temps— je me marie: c'est une occupation comme une autre . . Je prends femme pour . . ime heure et demie . . j'aurai bien du malheur, s'il m'arrive des desagrements de menage. Jose. Ainsi, vous consentez a transmettre a votre femme le nom de Bazan, le titre de com- tesse de Garofa ? . . Ces. Et le comte de Garofa . . si elle en re- trouve les morceaux . . Ah ! mais a propos . . comment la nommez-vous, ma femme ? Jose. Je ne la nomme pas. Ces. Au moins, est-elle jeune? . . jolie? Jose. Je n'en sais rien. Ces. ( Fivement). Et moi, je le sais ! . . J'entre- vois, a travers tout ce mystere, une abominable figure de vieille ! . . Je parie ma tete . . (Se re- prenant.) Non, elle ne m'appartient plus, je ne peux pas la mettre au jeu . . Je parie la votre, que ma femme a cinquante-cmq ans ! . . On a vu des femmes avoir cet age-la. Jose. Quand cela serait ? Ces. Je romprais le marche. Jose. AUons done ! Ces. Attendez, au fait ! . . (Bejieclmsant.) Je serai fusille a sept heures . . avant la nuit . . II n'y a pas de danger . . Allons! j'epouse le demi- siecle, les yeux i'ermes. Jose. Oh ! vous pourrez les ouvrir . . un voile epais couvrira le visage de la comtesse de Bazan. Ces. (S'mclinant.) Combien je vous saisgre de cette attention ! Jose. (S'inclinant a soji tow.) Elle seule devra s'en plaindre. . car elle ne pourra guere, a travers ce voile, distinguer les traits du beau cavalier qu'on lui donne. Ces. (Avec compassion.) Pauvre vieille !.. Mais il y aura compensation . . car, si elle ne voit pas mes traits, encore florissauts . . elle ne verra pas mon habit . . Jose. (Souriant.) Qui ne Test plus. Ces. (Avec philosophic.) II a tant voyage ? Jose. Et il faut qu'il se repose . . (Appelant.) Perez ! . . Entrez la, mon cher don Cesar . . et vous y trouverez, grace a mes soins, tout ce qu'il vous faut pour paraitre dignement devant votre fiancee. Ces. En verite? . . Allons, je me decide et je me laisse entrainer au courant de ma destinee . . Qu'on me parfume, qu'on me couronne de roses, qu'on me marie . , et qu'on me tue . . Par ma foi ! mon dernier jour est un beau jour ! [llsort a droite. SCfiNE III. Don Jose, puis Perez. Jose. (Regardant sortir don Cesar.) II faut des hommes comme cela . . quand on croit qu'ils ne sont plus bons a rien, il y a encore quelque chose a en faire . . on les marie. (II appelle de nouveau.) Perez ! Per. (Entrant.) Monseigneur? . . Jose. Qu'on apporte une table richement servie. Per. Oui, monseigneur. [II va pour sortir. Jose. Ah ! . . envoie-moi Lazarille . . un enfant qui habite cette forteresse . . Ya et sois prompt. (Perez sort.) — (Triomphant.) Eh bien ! la belle Maritana, ma prediction va s'accomplir . . Entre ton seigneur et maitre, le roi d'Espagne et des Indes, et toi, humble et pauvre chanteuse des rues, il n'y a plus que l'epaisseur d'un gentil- homme ruine. . et tout a l'heure, il n'y aura plus | rien . . Ah ! tu t'es montree plus retive que lui . . il a fallu te dire ; la reine, quand je pensais : le roi . . il t'a fallu des explications sur tout . . pourquoi ce mystere. . pourquoi ce voile et cette j prison . . pourquoi ce mari qui disparait, et qu'on i ne reverra que dans des temps meilleurs . . Enfin, j le nom de la reine nous parfait raison de tes j scrupules et tu la laisses une comtesse. . Grand ' merci, la belle ! DON C^SAB DE BAZAN, 15 they did— and if I laughed at them, others will laugh at me. (Becoming animated.) Hung?— But that's infamous! Never in' all Spain has a nobleman been hung! They hang a beggar, or a policeman— they may hang my creditors, that is their due — but Don Caesar, the last of the Bazans and the Count of Garofa! This death is shameful! It is ridiculous, grotesque. Come, come, I can't have that? That they should stand me up with my head erect, in the face of twelve soldiers with loaded guns, and that twelve good leaden balls should extend me in death, with my head and breast pierced— so much the better! That is the way a nobleman should die. Jose. And that is the way you shall die. Cae. (Quickly.) Beally? You swear it? Jose. On my honor and on my sword. Cae. Ah, I breathe again! Twelve brave soldiers of the King will send me to a death which I will receive firmly and gaily! I want to see them, take them by the hand, drink with them— Jose. Drink with them, you, Count of Garofa! Cae. Pshaw! I have frequented with mule- drivers and bandits! And then frankly all Garofa that I am, I am worth but little more than they just now, and I will not be worth half as much in an hour. Jose. So be it. A sumptuous repast will be served you which will recall your past pros- perity—is that all? Cae. That is all. And now, by Jove, I am curious to hear what you have to ask me! Come, I have made my conditions, now make yours— that I should die content that this child should be happy and that I should not be hung — what are your conditions? Jose. A trifle. Cae. So little as that ? Jose. You must simply — get married. Cae. Hey ? What do you say ? Get married ? What for? Come, Don Jose, tell me, if you please, what for ? Jose. Impossible — It's a mystery. Cae. I will have so little time to be indis- creet. Jose. I cannot. Cae. It's not for the legacy I will leave after me — except my debts and my name — (quickly) — my name ? I have it ! That is of value — Don Jose. I see, I understand all. Jose. How ? Cae. It is a woman without a name who wishes to have one— a woman who burns with the desire of being called Countess — come, ac- knowledge it is that. Jose. Perhaps. Cae. In that case she can have my name, and much good may it do her. Cae. You accept ? Jose. I accept — after all I did not know how to pass my time — I will get married. That's an occupation like any other. I will take a wife — for an hour and a half — I will be unlucky in- deed if we disagree in that time. Jose. Then you consent to transmit to your wife the name of Bazan, the title of Countess of Garofa ? Cae. And the county of Garofa, if she can find a vestige of it. Ah ! by the way, what is the name of my wife ? Jose. I will not name her. Cae. At least is she young ? Pretty? Jose. I don't know. Cae. But I know ! I see amid all this mys- tery an abominable old face ! I bet my head. (Correcting himself.) No, that does not belong to me ; I can't bet that— I bet your head that my wife is fifty years old ! Women have been known to attain that age. Jose. Well, What of that ? Cae. I break the contract. Jose. Come, come ! Cae. Wait. • (Beflecting.) I will be shot at 7 o'clock — before night — there is no danger — well! I will marry the half century Wxth my eyes shut. Jose. Oh, you can open them, a thick veil will cover the face of the Countess de Bazan. Cae. [Bowing.] How much I appreciate this attention ! Jose. [Bowing.] She alone is to be pitied, because through this thick veil she will hardly distinguish the features of the handsome cav- alier they give her. Cae. [With compassion.] Poor old woman ! But there is a compensation, for if she can't see my face, which is still young and fresh, she will not see my clothes — Jose. [Smiling.] Which are no longer so. Cae. [With philosophy.] They have trav- eled so much. Jose. And they need rest. [Calling.] Perez ! Go in there, my dear Don Caesar, you will find, thanks to my care, all that you need to appear with dignity before your betrothed. Cae. In truth ? Then I am decided. I will follow the current of my destiny. Let them perfume me, crown me with roses, marry me — and then kill me — on my honor, my last day is an enviable one. [Exits R.] SCENE III. Don Jose, then Perez. Jose. [Watching Don Caesar off.] Such men are necessary — when you think they are no longer any good you can still make use of them — make husbands of them. [Calls again.] Perez ! [Perez enters.] Perez. My lord. Jose. Have a table brought richly served. Perez. Yes, my lord. [Starts to go.] Jose. Ah ! Send Lazarillo to me — a child who lives here in the fortress — go, and be quick. [Perez exits.] [Triumphantly.] And so beautiful Maritana, my prediction will be accom- plished — between your lord and master, the King of Spain and the Indias, and you, poor street singer, there remains but the thickness of a ruined nobleman — and in a short time even that will disappear, ah ! you showed yourself more difficult than he — I was obliged to say the Queen, when I thought the King — you wanted explanations on every point — why this mystery — this veil, this prison, this husband who should disappear and not be seen until happier days. But finally the name of the Queen did away with all your scruples and left you a countess — many thanks, pretty one. 16 DON CESAR DE BAZAN. SCENE IV. Don Jose, Lazarille. Las (Entrant). Monseigneur m'a fait ap- peler ? . . Jose. Oui . . approche, mon enfant . . tes parents ? . . Laz. Je n'en ai pas, monseigneur . . Jose. Tes amis ? . . Laz. Un seul . . qui s'est interesse moi hier, et qui va mourir . . aujourd'hui ! Jose. Don Cesar, n'est-ce pas ? . . En effet, il t'aime ; et c'est a sa recommandation que je me charge de ton avenir. Laz. Eh quoi ! votre excellence daignerait . . Jose. Des a present, je t'attache a mon ser- vice. Laz. A present? . . Tardon, monseigneur, mais c'est dans quelques heures que don Cesar va mourir . . mourir pour moi . . et j'aurais voulu etre le dernier a lui serrer la main, le premier a prier pour lui. Jose (A part). Un cceur genereux ! . . J'ai besoin de quelqu'un en qui je puisse me fier . . (Haut.) C'est ien. Lazarille ; demain seulement tu feras partie de ma maison. # Laz. Et des demain, monseigneur, je vous serai tout devoue, comme je l'aurais ete a don Cesar lui meme . . Jose. J'y compte . . Fais monter les arquebu- siers que don Cesar a demandes pour convives. [Lazarille salue et sort. Jose (Seul, tirant des papier s de sa pocJie). A mon role politique, maintenant ! . . (S'asseyant et lisant.) Nous Charles II . . et caetera . . laisons grace pleine et entiere a don Cesar de Bazan, compte de Garofa." II ne manque plus a cela que la signature royale. (Serrant les papier s.) L'admirable comedie ! II faut bien que ce pauvre Charles II soit beni quelquefois — On ne l'aime guere, on ne l'admire pas, on le craint peu — C'est bien le moins q'un prand acte de clemence rappelle de temps en temps au peuple d'Espagne, qu'il a, quelque part par la, un roi auquel il ne pensait plux — des qu'un de ses sujets, gentilhomme ou manant, est condamne a mort, le cceur du bon roi s'emeut — par nos conseils— il signe, avec des larmes de joie — tou- joursconseillees par nous — la grace du coupable. — Mais, par un hasard, une fatalite inexplica- ble — que nous avons preparee d'avance — la grace arrive toujours une heure trop tard — C'est un malheur La sentence de don Cesar doit etre executee a sept heures— la grace de don Cesar arrivera a huit heures- Don Cesar mourra-mais sa majeste tres-catholique sera benie. Laz. Monseigneur, voici les arquebusiers. II va au fond, fait un signe ; des valets apportent une table richement servie. Des soldats entrent d'un autre cote. Chceur des Soldats. Air Bacchanale du Lac des Fees. La belle vie ! Marche en avant, heureux soldat, Que Ton convie Pour un festin, pour un combat. Au bruit des canons, Des trompes guerrieres, Comme au son des verres, Braves soldats, gaiment attaquons. SCfiNE V. Les Hemes, Don Cesar. Ces. Magnifiquement pare. Eli bien ! don Jose, comment, trouvez-vous que ma misere porte le velours et Tor? Jb.se, Eoyalement .... Voici le festin, voici les convives. Ces. Vous etes vraiment une bonne fee ... . votre baguette magique a fait merveilleusc ment les choses . . . De l'or et du vin ! . . c'est tout mon passe qui renait ! . . . moins les belles . ( Gaiement.) A quand la noce? Jose. C'est moi-meme qui vais vous pre- enter votre fiancee. [II lui serre la main, et sort. SCENE VI. Don Cesar, Les Soldats. Ces. A table, mes amis ! (Les soldats font un pas en arriere.) A table, sur-le-champ ! . . . vous n'avez pas le temps d'hesiter. Tous. A table! [On prend place, et il leur verse du vin. Ces. flair ant son verre. O mon vieil ami ! . . . voila bien longtemps qui je ne ta'i vu . . . et bu . . . (Aux soldats) Faites moi raison. mes braves. (Elevant le verre,) A la comtesse de Bazan !... Tous. A la comtesse de Bazan ! Ces. A son heureux veuvage !... Buvez, amis, buvez... jusqu'a la limite de l'ivresse... et repetez avec moi la chanson de Matalobos, mon ami le voleur... Air de Mr. Pilati. DON CESAR. Amis, le bonheur sur terre, C'est de boire, c'est d'aimer ! LES ARQUEBUSIERS. Amis, le bonheur sur terre, C'est de boire, c'est d'aimer ! DON CESAR. Mais le vin que je piefere, Celui qui sait me charmer... LES ARQUEBUSIERS. Mais le vin que je prefere, Celui qui sait me charmer... DON CESAR. Le vin que j'aime a boire C'est le vin du prochain; Quand mon verre en est plein, C'est presque une victoire, Au risque d'etre pendu, Vive le fruit defendu ! LES ARQUEBUSIERS Au risque d'etre pendu, Vive le fruit defendu ! DON CESAR Beaute trop prompte a se rendre Ne saurait me stimuler. LES ARQUEBUSIERS. Beaute trop prompte a se rendre Ne saurait me stimuler. DON CESAR. Un baiser, je veux le prendre, Un cceur, je veux le voler ! LES ARQUEBUSIERS Un baiser, je veux le prendre, Un cceur, je veux le voler! DON C^SAR DE BAZAN. 17 SCENE IV. Don Jose, Lazarillo. Zaz. [Entering.] My lord, you sent for me? Jose. Yes, approach my child — your parents ? Laz. I have none, my lord. Jose, Your friends? Laz. One alone — who took an interest in me yesterday and will die to-day ! Jose. Don Caesar, is it not ? Truly he loves you ; on his recommendation I take charge of your future. Laz. What? Your Excellency would deign — Jose. From this moment I attach you to. my service. Laz. From this moment ? Your pardon, my lord, but in some hours Don Caesar will die — die for me — and I would like to be the last to press his hand, the first to pray for him. Jose. (Aside.) A generous heart. I need one in whom I can confide. (Aloud.) It is well, Lazarillo, to-morrow you will make part of my household. Laz. And from to-morrow, my lord, I will be devoted to you as I would have been to Don Caesar himself. Jose. I count upon that. Bid the gunners enter whom Don Caesar wished for his guests. (Laz. bows and exits. Jose alone. Drawing papers out of his pocket.) And now for the political part I play. (Sits down and reads.) We, Charles II., etc., grant full and entire par- don to Caesar de Baz^n, Count of Garofa. The royal signature is all that that needs. (Folding up papers.) Admirable comedy ! It is neces- sary that poor Charles II. should be bless d sometimes — he is but little loved, not admired at all, and feared still less. It is well that at least one act of clemency should remind the people from time to time that somewhere in Spain there is a King who remembers them, and that they had almost forgotten. As soon as one of his subjects, nobleman or beggar, is con- demned to death the heart of the good King is touched — by our advice — he signs with tears of joy — ordered by our advice the pardon of a guilty one. By a mischance, a fatality that is almost inexplicable — which we also prepare in advance — the pardon arrives an hour too late — it is a misfortune. The sentence of Don Caesar is to be executed at 7 o'clock — Don Caesar's par- don will arrive at 8 o'clock — Don Caesar will die but his most Catholic majesty will be blessed. Laz. My lord here are the gunners. (Goes to back, makes a sign. Servants bring in a table richly set. Soldiers enter from the other side. Chorus of soldiers). CHORUS OF SOLDIERS. Air Bacchanale of the Lac des Fees. Drink soldier brave, With no thought save Of banquet or fray, Marching with heart so gaj Always an envied guest, With love and glory blest, Where wine merrily flows, Or warrior's trumpet gayly blows. SCENE \. The Same. Don Caesar. ^ae. (Handsomely attired.) Well, Don Jose, how do you find that my poverty wears velvet and gold? Jose. Royally — here is the banquet; here are the guests. Cae. You are truly a good fairy — your magic wand works marvels. Gold and wine ! All my past returns ! Less the beautiful ladies. (Gayly.) When is the wedding to be? Jose. I myself will present you your bride. (Shakes hands and exits.) SCENE VI. Don Caesar and Soldiers. Cae. At table my friends. (Soldiers step back.) At table at once ! You have no time to hesitate. All. At table! (Draw around the table, he pours out the wine.) Cae. (Sipping the wine.) Oh my ancient friend! how long since I have 'seen you— and tasted you ! (To soldiers.) Keep me company my brave fellows! (Raising his glass.) To the Countess of Bazan ! All. To the Countess cf Bazan ! Cae. To her happy widowhood! Drink, friends drink — drink to the limits of intoxica- tion, and repeat with me the song of Matalobos. my friend the thief— Air of Mr. Pilati. Cae. Friends, of happiness there's no dear;h, If you drink and love on this earth. Soldiers. Friends, of happiness there's no dearth, If you drink and love on this earth. Cae. But the wine I prefer, Which all bliss does confer— Soldiers. But the wine I prefer, Which all bliss does confer Cae. Is the wine of my neighbor I drink without labor ; As I fill my glass again, I think a victory to gain, Forbidden fruit is so sweet, To win it death I would meet ! Soldiers. Forbidden fruit is so sweet, To win it death I would meet ! Cae. Beauty too quickly won, Has attractions for none. Soldiers. Beauty too q uiekly won, Has attractions for none. Cae. In a kiss stealing, My heart revealing, Soldiers. In a kiss stealing, My heart revealing. 18 DON CESAR DE BAZAN. DON CESAR. Ce qu'il faut a ma gloire, C'est la femme du voisin... Et quand j'y joins sonvin, Je double ma victoire ! Au risque d'etre pendu, Vive le fruit defendu. LES ARQUEBUSIERS. Au risque d'etre pendu, Vive le fruit defendu ! Un des soldats, (se levant tout a coup). Monsei- gneur !... monseigneur !... les juges ! Ces. Laissez entrer la justice du roi. SCENE VII. Les Memes, Les JUGES. lis entrent sollennellement et s'arretent au fond; un d'eux s'avance, tenant un large parchemin. le juge. Don Cesar de Bazan ! (Don Cesar salue, les soldats s'inclinent avec respect. — Lisant lentement.) u De par notre seigneur le roi tres- catholique, Charles deuxieme, roi d' Espagne et des Indes. . . a don Cesar de Bazan, comte de Garofa, condamne a mort, il est fait grace du supplice de la corde. (Don Cesar releve la tete et se campe sur la hanche.) Douze arquebuses, chargees en presence de messeigneurs les juges, seront Denies, comme il convient qu'il soit fait, et laissees a la surveillance de l'armurier des gardes ou d'un de ses aides Don Cesar sera conduit dans la grande cour de la prison, s'agen- ouillera, recommandera soi a Dieu, et justice sera faite. La nuit venue, le corps sera releve par deux freres du monastere de San-Benito, qui lui rendront les derniers honneurs dus a un gen- tilhomme et a un Chretien. Ainsi soit fait. Charles, roi. Les juges se retirent sollennellement, comme ils sont entres; les soldats demeurent frappes de consternation. don cesar, gaiement, et comme si rien de 'tout cela ne s'etait passe. Troisieme couplet. II ne suffit pas, sur la terre, Mes amis, pour nous charmer... LES ARQUEBUSIERS' II ne suffit pas sur la terre, Mes amis, pour nous charmer... DON CESAR. De remplir gratis son verre, Gratis de se faire aimer ! LES ARQUEBUSIERS. De remplir gratis son verre, Gratis de se faire aimer ! DON CESAR. II faut, sachez 1' apprendre, Pour couler d'heureux jours, Prendre, prendre tou jours, Mais sans se laisser prendre. Vive le fruit defendu, Sans risquer d'etre pendu ! On entend les sons d'un orgue. Ces. {Remontant.) Ma femme ! (Aux soldats.) JLa comtesse ! [Les arquebusiers quittent la table et se ran- ' gent aufond. SCENE VIII Don Cesar, Don Jose, Maritana, le visage cou- vert d'un voile epais, et amenee par don Jose, deux temoins, les soldats. Jose. (Bas a don Cesar.) Pas un mot ! pas un regard ! Ces. Pas un regard ! A quoi bon ? (Montrant le voile.) Ce n'est pas un voile, cela c'est une cloison. Jose. (Haut.) Don Cesar — la main a la senora. Ces. (A part.) La main ! Oh ! je saurai bien, au contact d'une main veloutee ou rugueuse — (S'ap- prochant et cherchant a distinguer le visage a tr avers le voile.) Jamais je n'ai vu de femme si calfeutree — Allons — (II regarde le cadran. A part.) Moins dix — (Bas a Maritana.) Allons, madame — a vous, ma vie tout entiere ! [Don Cesar sort emmenant la Maritana qui n'a pas leve la tite, et suivi des temoins et des soldats ! Jose.^ (Au moment de les suivre, d'un valet.) Maintenant, introduisez le marquis de Montefior et la senora, sa femme. [II suit don Cesar. — Le valet introduit le marquis et la marquise. SCENE EX. Le Marquis, La Marquise. Ils entrent en regardant autour d'eux d'un air ebahi, et jinissent par se regarder jixement Vun Vautre. Le Mar. Ou sommes-nous ? La Mar. Est-ce une prison ? Le Mar. Est-ce un cloitre ? La Mar. Les debris d'un festin ! n'est point une prison. Le Mar. ( Qui a pris une bouteille.) Du vin en- core dans les bouteilles ! ce n'est point un cloitre. La Mar. Les pauvres prisoniers ne dinent pas aussi bien que cela. Le Mar. Les pauvres moines boivent mieux que cela. La Mar. Serait-ce ? LeMar. (Gaiement.) Qu'importe, apres tout? Don Jose de Santarem nous a dit : Montez dans ce carrosse, allez ou Ton vous conduira, et at- tendez-moi ou vous serez — Nous avons obei aveuglement — nous sommes venus aveugle- ment — Attendons et asseyons-nous — aveugle- ment. La Mar. (Avec depit.) Tout cela est fort bien — mais prenez-y garde, marquis ! votre soumis- sion a don Jose devient celle d'un — Le Mar. D'un ? La Mar. Vous n'etes plus un homme — vous etes une dependance de don Jose — une chose a lui — une sorte de mannequin, dont il tire les fils a droite et a gauche — et vos bras, vos jambes, votre intelligence meme, tout cela va, grouille et remue comme il lui plait. Le Mar. (Se levant) Senora, ne profanez pas le sentiment sacre de la reconnaissance ! r— Ce que nous sommes, nous le sommes par don Jose de Santarem — Biche, mais obscur hidalgo du fond de la Galic^, j'aspirais a me montrer a la cour, et a t'y montrer surtout, toi, ma Gazella ! Mais je n'etais que don Carasco Jaquez y Balsamo della Botunda — Don Jose m'a fait marquis de Montefior, et gouverneur de la voliere du roi — poste hereditaire, qui mettra sous les ordres de DON CAESAR DE BAZAN. 19 Cae. The glory of my life, ' Is to steal my neighbor's wife — And when I add his wine, My victory is divine. Forbidden fruit is so sweet, To win it death I would meet. Soldiers. Forbidden fruit is so sweet, To win it. death I would meet. (One of the soldiers rising suddenly.) Soldier. My Lord ! My Lord ! The Judges ! Cae. Let the Justice of the King enter. SCENE VII. The Same. The Judges. (They enter solemnly, stop at back; one ad- vances holding a large parchment.) Judge. Don Caesar de Bazan. (Cae. salutes. Soldiers salute with respect. Reading slowly.) From his most Catholic Majesty Charles II., King of Spain and the Indias — to Don Caesar de Bazan, Count of Garofa, condemned to death, mercy is accorded from the punishment of hanging (Caesar raises his head.) Twelve gun- ners, selected in the presence of the Judges will be blessed, as is customary, and left to the sur- veillance of the armorer of the guards or of one of his aids. Don Caesar will be led in the great prison yard, will kneel, commend his soul to God and justice will take its course. At night, the body will be taken care of by the Brothers of the Monastery of San Benito, who will render him the last honors due a gentleman and a christian. Amen. Charles King. (Judges re- tire solemnly as they enter, soldiers remain struck with consternation.) Cae. (Gayly, as if nothing had happened.) 3d Verse. For those my friends who court mirth. It will not suffice on this earth — Soldieks. For those my friends who court mirth, It will not suffice on this earth — Cae. To fill your glass without loss, Or to love without cross. Soldiers. To fill your glass without loss, Or to love without cross — Cae. To spend gay and happy days. You must take and take always. But this lesson let us learn, Ne'er let others take in turn. (Sound of organ heard.) Cae. (Going up stage.) My wife ! diers.) The Countess ! (Soldiers table and form a line at back. (To sol- leave the SCENE VIII. (Don Caesar, Don Jose. Maritana heavily veiled led in by Don Jose. Two witnesses, sol- diers!) Jose. (Low to Don Caesar.) Not a word ! Not a look ! Cae. Not a look ! What use would it be? (Pointing to the veil.) That's not a veil, it is a wall. Jose. (Aloud.) Don Caesar — your hand to the Senora. Cae. (Aside.) The hand! Oh! I will know from the contact of the hand if it is soft or rough (approaching, trying to distinguish the face through the veil.) I never saw a woman so closely walled up — come — (Looks at the clock. Aside.) Less than ten minutes. (Looks to Mari- tana.) To you Madame — to you my whole ex- istence belongs. (Don Caesar exits, leading Maritana, who has raised her head, followed by witnesses and soldiers.) Jose. (About to follow them, to a valet.) Now show the Marquis de Montefior and his wife, in — (Follows Don Caesar. Servant shows the Mar- quis and Marchioness on.) SCENE IX. The Marquis, Marchioness. (Tlieij enter and look around in amazement, then look at each other.) Marq. Where are we ? March. Is this a prison? Marq. Is this a cloister ? March. The remains of a feast ! It is not a prison. Marq. (Taking up a bottle.) Wine left in the bottles ! it is not a monastery. March, The poor prisoners don't dine as well as this. Marq. The poor monks drink better wine than this. March. Would it be — ? Marq. (Gaily.) What does it matter after all? Don Jose de Santaren said to us : Get in this carriage ; go where it will take you, and wait there for me — We have obeyed blindly — we came here blindly — Let us sit down and wait blindly. March. (Annoyed.) All that is very well — but take care, marquis, your submission to Don Jose becomes that of a — Marq. Of a ? March. You are no longer a man — you are a dependant of Don Jose — a thing — a kind of a dummy, he draws the wires right and left — and your arms, your legs, your intelligence even, grovels and jumps about at his will. Marq. Senora, do not profane the sacred sen- timent of gratitude ! What we are, we are through Don Jose de Santaren— Rich, but ob- scure hidalgo in the heart of Galasia, I aspired to go to the court of Madrid, and above all that you should shine there, my Gazella ! But I was only Don Carasco Jaquez of Balsamo della Ro- tunda — Don Jose made me Marquis de Monte- fior, and governor of the aviary of the king — a position which is heriditary, which will put un- 20 DON CESAR DE BAZAN. mes descendants les descendants des oiseaux de sa majeste — Comble de tant de bien faits, j'ai lure d'etre devoue a toujours a don Jose, d'exe- cuter sur-le-champ tous les ordres qu'il me don- nera, si etranges, si bizarre qu'ils soient, et sans essayer de comprendre — Je ne tiens jamais a comprendre ce que je fais. La Mar. Mais s'il y allait de votre honneur ! — du mien ! Le Mar. Vive Dieu ! Thonneur de ma Gazella ! Vienne qui le menace, et ma vieille lame brillera au soleil ! (S'approchant d'elle avec un peu d' in- quietude.) L'aurait-on menace, Gazella ? quelque jeune insolent aurait-il chante des seguedilles sous ton balcon ? La Mar. (Fierement.) Monsieur ! qui l'eut ose, apres m'avoir regardee en face ? Le Mar. (Tendrement.) Oh ! c'est que tu es tou- jours jeune et toujours belle, Gazella — les an- nees ont passe sur ton front, sans que leur souffle avait creuse une ride — Et ce n'est pas mon amour, reste jeune comme ton visage, qui m'abuse et m'aveugle — Tous mes amis, tous ceux que j 'invite a mes festins, tous me disent, en buvant mon vieux vin d'Alicante : Pardieu ! marquis, que lasenoraest jeune ! que la senora est belle ! Et voila trente ans qu'ils me disent cela — et il faut que ce soit bien vrai, pour qu'ils me le disent ainsi, chez moi, a ma table, en buvant mon vin. La Mar. ( Vivement.) Silence ! On vient ! Nous allons peut-etre enfin comprendre. . . Le Mar. Je n'y tiens pas. SCENE X. Le Marquis, La Marquise, Don Jose, Maritana. Jose. (Tenant la main de Maritana.) Monsieur le marquis de Montefior. . . (Le marquis ^incline.) Emmenez dans votre palais de San-Fernando, madame la comtesse de Bazan, — votre niece. Le Mar. (A part, etonne.) Hein? Plait-il? Le Mar. (De meme.) Que signine ? Jose. (Continuant.) Que vous n'avez pas vue de- puis cinq ans. Le Mar. (Tout etourdi.) Mais, — je crois — qu'il y a plus longtemps que cela. La Mar. (Avec precaution.) Une jeune veuve ? Jose. Non. Le Mar. Et, — le comte, — son mari ? [Maritana parait ecouter avec anxiete. Jose. Le comte, son mari. [A ces mots, on entend une decharge de mous- queterie. Mar. (poussant un cri et chancelant.) Ah ! Air de M. Pilati. Je fremis, je chancelle ! 6 mortelles alarmes ! Qu'est-ce done ? Jose. Ce n'est rien. Mar. Parlez ! Jose. Rassurez vous ! Quelque pauvre soldat qu'on passe par les armes. (A part.) C'est fait, il est mort ! elle n'a plus d'epoux ! Ensemble. Maritana. A lui je m'abandonne. . . Et pourtant, malgre moi, Tout ce qui m'environne i Glace mon cceur d'effroi. Don Jose. (Apart en la regardant.) La force l'abandonne. . . Pour calmer son effroi, J'ai presque une couronne : Car j'ai l'amour d'un roi. Le Marquis et La Marquise. Tout ce qui m'environne Me trouble malgre moi. . . Mais don Jose l'ordonne : II faut subir sa loi. Don Jose sort avec Maritana, suivis du marquis et de la marquise, qui semblent s'interroger. La nuit est venue graduellement. SCENE XI. Don CfiSAR, Lazarille. Laporte a droites'entr'ouvre^tluAZkmiAM parait a demi. (Nuit). Laz. Personne ! (II va regarder au fond. Bos, a don Cesar, qui parait.) Fuyez ! cette clef ou- vre la poterne. Hatez-vous ! Ces. (Chancelant comme un homme ivre, et se frottant les yeux.) Ah ca, ce n'est pas un reve ! Je suis vivant ! (A Lazarille.) Je n'ai done pas entendu les balles siffler a mon oreille ? Laz. (Bas.) Impossible !. . . les voici toutes ! Ces. Comment? Laz. Le gardien des arquebuses e'etait moi I Moi, qui vous ai dit : Tombez et ne bougez pas ! Ces. (Prenant les balles.) Douze ! le compte y est. (Les mettant dans sa poche.) Allons, j'aime mieux les avoir dans ma poche que dans ma poitrine. Laz. ( Vivement, en Ventrainant.) Partez ! quit- tez Madrid! Ces. (Franchissant le rempart.) Adieu ! (Au mo- ment de disparaiti-e, et comme par reminiscence.) Tiens ! mais maintenant que je suis mort, je n'ai plus de creanciers ! (lis se baissent tous deux. Be- paraissant) Ah ! diable ! mais je suis marie ! ACTE TEOISIEME. Au palais du marquis de Montefior. Un pavilion d'ete au milieu d'un jardin. SCENE PREMIERE. Une fete a lieu au palais du marquis de Montefior. Des danseurs executeDt un pas en presence de la comtesse de Bazan, qui est assise et entour^e de jeunes cavaliers. — Don Jose, place en face de la Maritana, a les yeux fixes sur elle. — La marquise est au milieu d'un groupe et recoit des felicitations. — Des cavaliers et de jeunes dames se promenent au fond dans les allees du jardin. — Une musique lointaine et mysterieuse accompagne toute cette premiere scene. Un des jeunes Seigneurs. ( Qui entourent Mari- tana.) La belle et joyeuse fete, senora ! ces dan- seuses, venues de Seville, ont une grace et une souplesse qui enchantent. N'est-ce pas, don Juan d'Alcasar? Un autre Seigneur. Comment le saurais-je ?. . . Puis-je regarder la-bas, quand la senora est ici ? Mar. (Qui revait.) Pardon, — vous disiez, mon- sieur le comte ? [Le jeune seigneur se penche et continue a lui parler bas. Un Cavalier. (Au Marquis.) Oui, d'honneur, marquis, dona Gazella est toujours jeune. Un autre. Et toujours belle. La Mar. (S'inclinanl.) Ah ! messeigneurs ! Le Mar. (A part, enchante.) Encore ! Tout le DON C^SAR DE BAZAN. 21 der the orders of my descendants, the descend- ants of his majesty's birds. Overwhelmed by so many favors, I swore to devote myself to Don Jose's interests, to execute, on the spot, all his commands, however strange or peculiar they may be, witnout trying to understand them — I never care to understand what I do. March. But if your honor — my honor were concerned ! Marq. Great heavens ! My Gazella's honor ! Let some one dare threaten that, and my old blade will glisten in the sunlight. ( Approach t s her anxiously.) Is it, that it has been threat- ened, Gazella ? Has any young, insolent fellow been singing verses beneath your window ? March. (Proudly.) Sir ! Would he have dared after looking me in the face ? Marq. (Tenderly.) Oh! you know you are ever young, ever beautiful, Gazella — years have kissed your brow so lightly that their breath has not even left a wrinkle. It is not my love — still as fresh as your face which deceives and blinds me — All the friends whom I invite to my banquets, all say, as they drink my old absinte; By Jove, marquis, how young the senora is! How beautiful the senora is still ! And they have been telling me that for thirty years— it must be true, for them to say so in my own house, at my own table, and in drinking my own wine. March. (Quickly.) Silence! Some one is coming ! Perhaps we are going to understand at last — Marq. I don't care to understand. SCENE X. Marquis, Marchioness, Don Jose, Maritana. Jose. (Holding Maritana by the hand.) Mar- quis de Monterior, (Marq. bows.) Conduct your niece, the Countess de Bazan, to your palace of San Fernando. [don ? Marq. (Aside, surprised.) Hey ? I beg par- March. What does this mean ? Jose. The niece that you have not seen for five years. Marq. (Amazed,) But — I believe it has been longer than that. March. (Cautiously.) A young widow? Jose. No. Marq. And — the count — her husband? (Mari- tana listens, anxiously.) Jose. The count her husband — (Discharge of musketry heard.) Mar. (Totters and screams.) Ah! I shud- der, I can scarcely stand! Oh, mortal agony! What is this? Jose. Nothing. Mar. Speak! Jose. Calm yourself! It is only a poor sold- ier who has been executed. (Aside.) It is over He is dead! She has no husband! Maritana. To him I abandon my fate, But my heart too late Misgives at every sound — My pulse leaps and bounds! Jose. Her strength leaves, it appears, I must calm her fears, — A crown I shall gain And the King's love retain. Marquis and Marchioness. All that surrounds me Surprises and confounds me But at Don Jose's will My heart must be still. (Don Jose goes out with Maritana, followed by Marquis and Marchioness, who seem to be consulting. Night comes on gradually.) SCENE XI. Don Caesar, Lazarillo. (Door opens K. and Lazarillo peeps in. Night) Laz. Nobody? (Goes up back and looks around — Low to Don Caesar, who appears.) Ely! This key unlocks the postern gate. Castle! Cae. (Staggering like a drunken man, and rubbing his eyes.) I say, this is no dream! I am alive? (To Laz.) Did I not hear the balls whistle by my ears? Laz. (Low.) Impossible! — here they are all! Cae. How? Laz. I have the care of the guns. I, who said to you: Fall, and do not stir! Cae. (Taking the balls.) Twelve! The count is exact. (Putting them in his pocket.) Well, I rather have them in my pocket than in my breast. Laz. (Quickly dragging him away.) Fly! Leave Madrid! Cae. (Jumping over the rampart.) Fare- well! (About to disappear, as if reflecting.) Hey, now that, I am dead, I have no more creditors! (Both stoop, then reappear.) Ah! the devil! I am married! ACT III, [The palace of the Marquis de Montefior. A summer pavillion in the midst of a garden.] SCENE I. An entertainment at the palace of the Marquis Monte- fiore. Dancers are dancing a fancy dance in the presence of the Countess de Bazan, who is seated and surrounded by admirers. Don Jose standing in front of Maritana, with his eyes fixed upon her. The Marchioness in the midst of a group receiving compliments. Cavaliers and young ladies are promenading at b ick in the avenue to the garden. Music in the distance accompanies the whole of the first scene. A Cav. What a beautiful and joyous enter- tainment, Senora, these dancers from Seville are graceful and supple, are they not, Juan d'Alcasar? Ano. Lord. How should I know? I can't look there, when the Senora is here. Mar. (Absently.) Pardon, — you were saying. Count? (Young Lord leans over and continues to converse with her in a low tone.) A Cav. (To the Marquis.) Yes, on my honor, Marquis, Dona Gazella is ever youthful. Ano. Lord. And ever beautiful. March. (Bowing.) Ah! My Lords! Marq. (Aside. Delighted.) Again! Every- 22 DON CESAR DE BAZAN. monde est du merne avis. (A ux deux cavaliers.) Mes chers amis, je vous attends demain a diner, — vous boirez encore do mon vieux vin d'Ali- cante. Jos. (A lui-meme, regardant Maritana.) Re- veuse. — preoccupee, — c'est bien. Le Mar. (S'ajjprocltant de lid.) Que regardez- vous done la si attentive-merit, monseigneur ? Jose. Je contemple et j 'admire mon oeuvre, — la votre, marquis, — car vousm'avezmerveilleu- sement seconde. {La regardant toujours.) Com- me la jeune fille s'est vite transformed en belle et noble dame ! comme la Maritana est vite de- venue la omtesse de Bazan ! Et, chose etrange, ces facons, ce langage, que nous avons cru lui reveler, on aurait dit qu'elle les avait oublies et qu'elle ne s'en souvenait tout a coup. Je crois, Dieu me damne! que c'est une distraction du destin qui l'avait jetee dans les carrefours de Madrid, et que nous lui avons rendu sa verita- ble place. Le Mar. Je crois. . . tout ce que vous croyez. * Jose. Ce cher marquis !. . . il a un tact ! Com- ment gouvernez-vous les oiseaux de sarnajeste? Le Mar, J'en suis fort content, — ils produisent beaucoup. Jose. Grace a vous, assurement. (Le Marquis s'incline. Confidentiellement.) Le grand maitre des petits chiens du cabinet se fait vieux, — nous causerons de sa survivance. Le Mar. Ah ! monseigneur ! ce poste de con- fiance, a moi ! Jose. Vous en etes tout a fait digne. (Bas, en lui montrant la marquise,) Mais prenez garde, — voila deux jeunes cavaliers qui parlent de pres a la marquise. Ah ! c'est qu'elle est toujours jeune et toujours belle. [LI s'eloigne. Le Mar. (Avec joie.) Lui aussi ! La Mar. Plait-il? Jose. (S'approchant de Maritana. ) Comme vous voila songeuse, au milieu du bruit et du mouvement ! ne seriez-vous pas heureuse des plaisirs que le marquis reunit autour de vous ? Rien ne manque a cette fete. Mar. (A demi-voix et avec melancolie.) Non, — rien n'y manque, monseigneur, — mais il y manque quelqu'un. Un valet. (S'approchant de don Jose, et a demi- voix.) Monseigneur, — la, — on attend. Jose. ( Vivement.) C'est bien ! (Bas au mar- quis.) Eloignez tout ce monde. Le Mar. A l'instant ! (Haul) Messieurs, une collation a la francaise, dans le gout si fin de la cour de Versailles, vous attend dans la grande salle du palais. Jose. (A Maritana, avec intention.) II ne man- quera personne a cette fete. (Bas, au marquis en sortant.) Retenez ici la senora. [LI soi*t. Tous les personnages muets se sont retires. SCENE II. Le Marquis, La Marquise, Maritana. Mar. (Frappee de ces demieres paroles.) Qu'a-t-il dit la ! Personne ne manquera — Avez-vous entendu ce qu'a dit don Jose? Le Mar. Non — mais ce doit etre fort bien. Mar. Personne ! Oh non, on nr abuse encore—on me trompe toujours — Tout estmystere depuis ce mysterieux mariage. C'est la reine, m'a-t- on dit, c'est ma noble et veneree maitresse, qui m'a faite comtesse de Bazan, pour qu'un nom, un titre me donnait le droit de l'approcher et si, le cceur tout plein ? d'ambitieux desirs je demande quand je verrai enfin ma souvaraine dans son palais de PEscurie ! plus tard, me repond don Jose, plus tard : et si, tressaillant chaque fois que Ton nrappelle comtesse de Bazan je demande ou il est, et quand il reviendra de son long exil, le mari qu'on m'a donne dans la sombre chapelle d'une prison — plus tard, me repond encore don Jose. A mon orgueil, qui veut les splendeurs,' de la cour, a ma tendresse d'un epoux, toujours cette froide reponse : Plus tard! Monsieur le marquis, don Jose me trompe, n'est-ce-pas '? — il me trompe ! Le M. Ah ! sainte Vierge ! Don Jose ! — mais. il m'aurait done trompe aussi, moi ? Je ne serais done pas gouverneur de la voliere du roi?. La M. Puis, d'ailleurs, ma niece, ce mari que vous aimez — de confiance. Le M. (Bas et vivement.) Gazella ! prenez garde ! La M. (Poursuivant.) Ce mari, vous ne le con- naissez pas — vous ne l'avez rneme pas vu. MARITANA. Air de la Fille du Lac. Non — mais je sais, madame, Qu'il est plein de bonte, Lui, qui me prit pour femme Malgre ma pauvrete — Je sais qu'une sentence Loin de nous le proscrit, Que sa triste existence Dans l'exil se fletrit — II f ut genereux, II est malheureux : Quand vers lui mon cceur s'elance, Une douce voix Me dit que je dois, Que le dois l'aimer deux fois. On pent remplacer le couplet par ce qui suit. -Non — mais je sais qu'il est bon et gene- reux — puisqu'il a voulu partager son rang et sa noblesse avec une pauvre fille comme moi. Je sais qu'il a souffert, puisque notre hymen s'est fait dans les tenebres d'une prison, puisque aujourd'hui encore il est condamne a vivre loin de son pays, loin de moi. Dites-moi, madame, ne dois-je pas l'aimer deux fois, et parce qu'il est bon, parce qu'il est malheureux? (Resolument.) Oh ! je ne veux pas vivre ainsi plus longtemps, dans ce doute et dans cette in- certitude ! Je veux que don Jose me reponde enfin, lorsque je lui dirai : Monsieur, quand verrai -je la reine ? Monsieur, quand verrai- je mon mari ? SCENE in. Les Memes, Don Jose. Jose. (Qui vient d'entrer.) Aujourd'hui, Senora. Mar. (Tressaillant.) Aujourd'hui? Le M. (Apart.) Aujourd'hui ! (Bas a don Jose.) II n'est done pas mort ? La M. (A don Jose.) Mais vous disiez qu'I etait. Jose. (Bas.) Silence ! Mar. (Avec anxiete.) Monsieur le comte — j'ai mal entendu, n'est-ce pas. Jose. Calmez-vous — ne tremblez pas ainsi„ pauvre enfant, et ecoutez-moi. Le M. (A pari.) Je vais done savoir quelque chose ! [LI se rapproclie ainsi que la marquise, Jose. Monsieur le marquis, et vous senora. [LI les invite du geste a se retirer. DON C^SAB DE BAZAN. 23 body is of the same opinion. (To two other cavaliers.) My dear friends, I expect you to dinner to-morrow — you will drink some more of my old wine of Alicante. Jose. (Aside, looking at Mar.) Absent-mind- ed — preoccupied — good! Marq. (Approaching him.) What are you looking at so attentively, my lord? Jose. I am contemplating, admiring my work — and yours, Marquis — for you have mar- velously seconded me. (Still looking at him.) How quickly the young girl has transformed into the beautiful and noble lady! How quickly Maritana became the Countess de Bazan! And stranger still, these manners, this language, which we thought would be a revelation to her, one would say she had forgotten and remem- bered again suddenly. I believe that it is a freak of destiny that threw upon the public squares of Madrid, this young girl whom we have simply placed in her true position. Marq. I believe — all that you believe. Jose. This, dear Marquis! — he has so much tact! How are you getting along with His Maj- esty's birds? Marq. I am well pleased with them — they mul- tiply very fast, Jose. Thanks to you undoubtedly. (Marq. bOws confidentially.) The grand master of the little dogs of the Cabinet is getting old — we will talk of his successor. Marq. Ah, my Lord! A position of such con- fidence to me ! Jose. You are entirely worthy of it. (Aside to him, pointing to the March.) Take care ; there are two young cavaliers edging up very close to the Marchioness. Ah ! You know she is always young and always beautiful. (He goes away.) Marq. (Joyfully.) He too ! March. What is it ? Jose. (Approaches Maritana.) How absent- minded you are in the midst of all this bustle and gaiety ! Are you not happy amid the pleas- ures with which the Marquis surrounds you ? There is nothing wanting to this fete. Mar. (Sadly.) No, there is nothing wanting, my lord ; but something is wanting. A Servant. (Approaching Don Jose, low to him.) My lord, there — they are waiting. Jose. (Quickly.) It is well ! (Low to the Marq.) Get rid of everybody. Mar. Immediately. (Aloud.) Gentlemen, a luncheon in the style of the Court of Versailles awaits you in the banquet hall of the Palace. Jose. (To Maritana. Pointedly.) No one will be wanting at this feast. (Low to the Marq. as he goes out.) Detain the Marchioness here. (He exits.) 'SCENE II. The Marquis, The Marchioness, Maritana. Maritana is 'struck witji the last words of Jose. Mar. What did he say ? No one would be wanting ; did you hear what Don Jose said ? Marq. No ; but it must be well said. Mar. No one ! Oh, no ; they are still deceiv- ing me — they are always deceiving me. It was the Queen they told me, my noble and respected mistress, who made me the Countess de Bazan ; that a name, a title, should give me the right to approach her ; if, with my heart filled with am- bitious desires, I ask when I will see my sover- eign in her Palace of the Escurial ? later, an- swers Don Jose, later ; and if, trembling each time they call me the Countess of Bazan, I ask where my husband is, and when he will return. from his long exile, this husband given to me in the gloomy chapel of a prison — later, answers again Don Jose. When my pride demands the splendors of a court, when my heart demands the tenderness of a husband, always this cold answer : later. Marquis, Don Jose is deceiving me, is he not ? Marq. Ah, Holy Virgin ! Don Jose ! Per- haps I am not the Governor of the King's Avi- ary. March. At any rate, my niece, you love this husband — by faith. Marq. (Low and quickly.) Gazella ! Take care ! March. This husband whom you do not know — whom you have never seen. Mar. Air of the Daughter of the Lake. No, madam, but on my life, He, who in my poor estate Chose me to be his wife, ' ') Can but with goodness mate. I know that a rude sentence Detains him so far away, „. \ In spite of his repentance In gloom he is obliged to stay. In my heart a sweet voice Pleads for love, I have no choice. (The above can be replaced by the following.) No — but I know that he is good and generous — since he bestowed his rank upon a poor girl like me. I know that he has suffered, since our union was contracted in the prison gloom, since he is obliged to live far from his country and far from me. Tell me, madame, should I not love him doubly, because he is good, and be- cause he is unhappy? (With decision.) Oh! I cannot live any longer in doubt, in this incerti- tude! Don Jose must answer me when I say to him: My Lord, when shall I see the Queen? My Lord, when shall I see my husband? SCENE m. The Same, Don Jose. Jose. (Entering.) To-day, Senora. Mar. (Shuddering.) To-day? Marq. (Aside.) To-day! (Low to Don Jose.) Then he is not dead? March. (To Don Jose.) But you said that he was. Jose. (Low.) Silence! Mar. (Anxiously.) The Count — I did not hear right did I? Jose. Calm yourself — Do not tremble so poor child, and listen to me. Marq. (Aside.) At last I am going to find out something. (Marq. and March, approach Jose.) Jose. Marquis, and you Senora (makes a sign to them to leave.) 24 DON CESAR DE BAZAN. Le M. Ah bah ! [II s'incline et sort avec la marquise. Mar (Avec anxiete. Nous sommes seuls ! Par- lez, parlez, de grace ! Mon mari — Jose. II est ici — pres de vous. Mais force de se cacher a tous les yeux, tant qu'un condamnation terrible pesera sur lui — c'est pour vous, pour vous seule qu'il revient ! Mar. (Vivement.) Oh ! nous lui trouverons un asile ! Mais ou est-il done ? Jose. Le voici ! [Le Boi parait. ■ SCfiNE IV. Don Jose, Maritana, Le Koi. Mar (Beculant a sa vue, avec un cri etouffe.) Mon Dieu ! Le B. (S'avangant et aVune voice troublee. Ma- dame ! Maritana ! me reconnaissez-vous ? Mar. (Apart, et commie brisee.) Lui! — e'etait lui !— dont l'aspect me glagait autre-fois ! Le B. (Avec passion contenue.) Reconnaissez- vous l'homme dont le regard vous poursuivait en tous lieux ? — qui seul etait silencieux et sombre, au milieu de la foule joyeuse, quand vous chantiez pour le peuple, sur les places de Madrid ? Mar. (Avec effort.) Je vous reconnais, monseig- neur. Le B. C'est que je vous aimais tant, Mari- tana !-^c'est que mon bonheur et ma joie n'etai- ent plus que la ou vous etiez ! Oh ! il fallait que la distance flit franchie entre vous et moi ! II fallait que nous fussions pauvres tous deux, ou tous deux riches et nobles ! Jose. ( Craignant qu'il ne se trahisse. Et don Cesar proscrit n'eut plus a vous offrir que la | seule chose, qui ne pouvait lui etre ravie — son ' nom puis, il fallut vous separer. I Le B, Mais je vous revois enfln ! Oh ! par grace et pitie, un seul mot, qui soit un espoir, une promesse d'amour ! — et ma souveraine maitresse, ce sera vous ! — ma patrie, au lieu ou ' vous serez ! Je ne vivrai plus que par vous et pour vous ! Jose. (Vivement.) Don Cesar. II y a qu'au pa-, lais — on peut venir de ce cote. . Le B. Et il ne faut pas qu'on soupgonne son ' retour ! Mais, si je suis contraiut de me cacher ' encore, je puis du moins vous voir, vous aimer en secret. Je puis etre heureux loin des regards du monde. Nous partirons ensemble. Maritana! Mar. Ensemble! Le B. A quelques lieues de Madrid, pres d'Aranjuez, il est une maison isolee, inconnue, presque invisible au milieu d'un bois sombre — c'est la que je vais vous conduire. Jose. Mais hatez-vous ! Le B. Oui — venez, Maritana — partons. Mar. (Avec effroi.) Partir ! Le B. 'Vous — hesitez ? Mar. (Timidement.) Partir ainsi — brusque- ment — sans un mot au marquis ! Le B. Ref usez-vous de me suivre, Maritana ? Jose. Non, mais la comtesse a raison, il faut aussi qu'elle congedie ses invites. Elle vous suivra, don Cesar. Le B. (D'une voix suppliante.) Maritana — un carrosse est la, au bout de cejardin — une maison est la-bas, au fond d'un bois, et votre amant — (Mouvement de don Jose.) Votre mari — vous y attend. Jose. On vient-- partez, partez ! [Le roi s'eloigne rapidement par la gauche. La marquise parait, et, sur un signe de don Jose, emmene Maritana eploree. SCENE V. Don Jose, seul, triomphant. Le roi aura une maitresse ! — et la reine se vengera du roi. J'aurai courbe toutes les vol- ontes et toutes les resistances sous mon audace et sous mon habilete ! Que des obstacles in- connus se dressent sur ma route — je les bris- erai ! Un moine se presente et s'avance avec humilite. —Arrive pres de don Jose, qui s'incline, il enleve sa barbe et la jette au loin. SCENE VI. Don Jose, Don Cesar. Ces. (Gaiement.) C'est moi— Bonjour, mon cher ! Jose. (Comme frappe de la. foudre.) Don Cesar ! — est-il possible ! Vous ! vous n'etes pas mort ! Ces. Et vous? — cela va bien? — moi je me porte a merveille. Jose. (Ccnisterne.) Vivant ! — Vivant ! Qui done vous a sauve ? Ces. (Otant sa'robe de moine.) Qui? pardieu, ma bonne fee ! Jose. Votre — bonne fee ? Ces. Qui, d'un coup de baguette, a brise la corde qui menacait mon cou et fait rentrer sous terre le gibet qui me tendait ses bras. Jose. Mais, apres ce mariage, je vous ai vu marcher au supplice ! Ces. Oui— mais j'y marchais calme et souriant — car il est impossible, me disais-je a part moi, que ma bonne fee m'abandonne au moment le plus interessant — sa baguette aura charge les arquebuses de balles magiques. Et, en effet, quand l'explosion eclate, quand je crois et dois recevoir en pleine poitrine une livre de plomb grossier — et malfaisant — (avec volupte) je vois des masses de fleurs voltiger, fraiches et odor- antes, autour de mon front — je sens une brise embaumee qui souleve les boucles de ma chev- elure — ravi, extasie, je tombe avec grace — comme tout gentilhomme fusille doit le faire. Jose. Vous tombez ! Ces. Par politesse — et pour me donner une contenance. Je me sens mourir. Erreur ! e'etait un reve, et deux heures apres, je m'eveillais dans le reduit mysterieux de Matalobos, une bouteille d'une main et un cornet de l'autre. Merci, bonne fee, merci ! Jose (Apart, avec rage.) Oh ! Ton m'a trahi. Mais qui done ? — qui done ? Ces. (S'asseyant sans fagon.) Ah 5a, il y a grande fete ici — est-ce pour celebrer le retour de l'epoux, ou la resurrection du mort ? Je suis un et l'autre. Jose. Vous dites ! — Ces. Oh ! attendez la fin de l'histoire — vous netes pas a bout de miracles et de merveilles; done, hier, j'etais attable entre un spadas-sin et un aventurier, quand vient a passer un carrosse, oii deux femmes etaient — l'une jeune belle ! — l'autre — (s'a?Teomf)je ne m'occupe que de l'une (avec ?'avissement) — le front pur d'un ange, les doux yeux d'une madone. Je regardais, sans parlor-- sans penser- absorbe dans ma contem- DON C^SAR DE BAZAN. 25 Pshaw! (Bows and exits with the Speak, Marq. March.) Mar. (Anxiously.) We are alone! speak, I implore you! My husband — Jove. He is here — near you. But forced to hide from all eyes as long as this terrible sen- tence hangs over him— It is for you, and you alone that he returns. Mar. Oh! We will find him a hiding place? But where is he? Jose. Here he is! (King appears.) SCENE IV. Don Jose, Makitana, The Kino. Mar. (Drawing back with a stifled cry.) Great Heavens! King. (Advancing with emotion.) Madame! Maritana! Do you recognize me? Mar. (Aside.) He! It was he — whose looks seemed to freeze my heart! King. (Impulsively.) Do you recognize the man whose eyes followed you everywhere? Who alone was silent and gloomy in the midst of the joyous crowd, when you sang to the people on the squares of Madrid? Mar. (With an effort.) I recognize you, my lord. King. It was because I loved you so much Maritana! — And that my happiness was only where you were — Oh! it was necessary that the distance between us should be abridged! Either that we should both be poor, or both be rich and noble! Jose (Fearing that he should betray himself.) And Don Caesar expatriated had but one thing to offer you — and that was his name, since you were oblige to separated. King. But I see you at last! Oh! in mercy give me one word of hope, one promise of love! — and you will be my sovereign mistress! — my country will be where you are! I will live only for you, and by you! Jose. (Quickly.) Don Caesar, it is only in the palace — some one may come — King. And my return must not be suspected! But, if I am still obliged to hide myself, at least I can see you, love you in secret. I can he Jiappy far from the eyes of the world. We will fly together. Maritana! Mar. Together? King. Some miles from Madrid, near Aran- juez, there is an isolated house, unknown, al- most invisible in the nrdst of a dark wood — it Is there that I would take you. Jose. But be quick! King. Yes — come Maritana let us go. Mar. (Frightened.) Go! King. You — hesitate? Mar. (Timidly.) To leave this way — so sud- denly—without a word to the Marquis? King. Dj you refuse to follow me, Maritana! Jose. No, but the Countess is right, she must take leave of her guests. She will follow you Don Caesar. King. (Imploring her.) Maritana — a carriage is there, at the foot of the garden — a house is there, in the midst of the woods, and your lover — (movement on the part of Jose) your husband —awaits you. Jose. Some one is coming — go, go, (the King walks away rapidly L.) (The Marchioness ap- pears and on a sign from Jose leads Maritana away weeping.) SCENE V.- Don Jose, alone. Jose. (Triumphantly.) The King will have a mistress! — and the Queen will revenge herself ! With my audacity and my dexterity I have curbed at will all that resisted me! How many- unknown obstacles have arised in my path — I rill crush them! (A priest advances numbly, reaches Don Jose, bows, then takes off his beard and throws it away.) P * -** SCENE VI. Don Jose, Don Caesae. Cae. (Gaily.) It is I — good day my dear fel- low. Jose. (Amazed.) Don Caesar !~^Is it possible? You ? You are not dead ? Cae. And you ? How goes it ? I feel excel- lently well. Jose. (In consternation.) A~fre ! — Alive! — Who saved you ? Cae. [Taking off his priest's gown.) Who ? By Jove, my good fairy ! Jose. Your — good fairy ? Cae. Yes. Who, with a stroke of her wand, cut the cord which threatened my neck and sent the whole gibbet, which was extending its arms to me, down into the earth. Jose. But after this marriage, I saw you march off to execution ? Cae. Yes — but I was marching with a calm smile — because it was impossible I thought to myself that my good fairy should abandon me at the most interesting moment — her wand has perhaps changed the balls in the guns by magic. And sure enough, when the explosion took place, when I thought to receive a pound of unwhole- some lead in my breast (with ecstacy) I saw masses of flowers flying round in the air, fresh and sweet — I felt a perfumed breeze fanning the ringlets on my brow — in ecstacy I gracefully fell — as every nobleman should do when he is shot. Jose. You fell ? Cae. Out of politeness— I felt that I was dy- ing. Not so ! It was but a dream. Two hours afterwards I woke up in the mysterious retreat of Matalobos, with a bottle in one hand, and a horn in the other. Thanks, good fairy, thanks ? Jose. (Aside. Furiously.) Oh ! I have been betrayed. But, by whom ? — By whom ? Cae. (Sitting down unceremoniously.) I say, you have an entertainment here — is it to cele- brate the return of the husband, or the resur- rection of the dead ? For I am both. Jose. You say ? — Cae. Oh, wait till you hear the end of the story — you have not heard the end of the mira- cles and marvels ; yesterday I was at table be- tween a bravado and an adventurer, when a carriage passed with two ladies seated in it — one was young and beautiful — the other— (stop- ping short) well, never mind the other one (in ecstacy), the brow pure as an angel, the eyes of a Madonna. I looked at her without speaking 26 DON CESAE DE BAZAN. plation-- quand un demes compaguons me dit: Vous, qui etes gentilhomme, mon maitre, con- naissez-vous pas ces armoiries? Je regarde— c'etaient les mlennes ! Quelle est cette fernme, dans ce carrosse ? demandai-je. Un paysan me repond : C'est la comtesse de Bazan, qui depuis un mois liabite le palais de San-Fernando. Jose. (A part.) Malediction ! Ces. Oebondis. Tout a coup, je me souviens d'une petite main blanche et douce que j 'a vais pressee, le jour que vous savez. Je m'elance a la poursuite du carrosse. Arrive aux portes de ce palais, la nuit etait venue, les portes se ferme- rent devant moi, et la voix d'un valet me cria : Passez au loin ! Je me retirai triste et reveur. (Confidentiellement.) J'errai toute la nuit dans la campagne-enfin, vous le dirai-je, j'aimais-j'ai- mais--pour la premiere fois! Le jour est revenu les portes du palais se sont rouvertes,et me voila! Ou est ma f emme ? repondez vite— car il ne fait pas bon ici, pour moi. Je suis vivant, c'est vrai, mais sous le coup d'une condamnation capitale- Jose (Apart, avec joie.) Ah ! II ignore qu'il a sa grace ! (Haut et d'un ton calme.) Quels sont done vos dosseins, don Cesar ? Ces. {Riant) Veuillez me dire, s'il vous plait, pourquoi on se marie en Espagne. Suis-je marie, oui ou non ? oui. Ma femme est belle-et je l'aime comme un fou. Elle est a moi, elle m'appartient-et jela veux. Jose. (A part.) Et tout cet edifice eleve a grand'peine s'ecroulerait ainsi ! Ces. C'est vous qui me l'avez donee-et vous m'en repondez. Don Jose, ou est ma femme ? Jose. [Quia reHechi, tout a coup, avec force.) Non ! cela ne sera pas ! SCfiNE VII. Les Memes, Le Marquis. Le M. Vive Dieu ! mes convives sont d'une gaiete ! ils ne cessent de boire a la comtesse de Bazan, ma- Ces. (Vivement.) La comtesse? ma femme? Ou est-elle ? Le M. (Tout aliuri.) Plait-il? Vous etes don Cesar? don Cesar--il n'est pas mort? Jose. (Bas au Marquis.) Pas un mot de plus, et que rien de ce qui va se passer ne vous etonne. N' essayez meme pas de comprendre. (Haut, et du ton de la resignation.) Don Cesar, vos droits sont sacres, et nul ne songe a vous les ravir. La comtesse de Bazan, votre femme, va venir a l'instant. (Avec intention.) Attendez-- SCENE VIII. Don CfiSAR, Le Marquis, puis Don Jose et La Marquise. Ces. (En extase.) Elle va venir! je vais la revoir ! rayonnante de jeunesse et de beaute ! Ah ! monsieur, monsieur ! restez la, pres de moi, pour me soutenir, si je chancelle a force de bon- heur et de ravissement ! Le M. Je suis pret a vous soutenir. [Don Jose par ait, condidsant La Marquise par la main. Jose. (Apres avoir serre la, main de La Mar- quise, etejete un coup d'oe'd au marquis.) Don Cesar, voici la comtesse de Bazan. Ces. (Reculant.) Misericorde ! Jje M. (A part.) II lui donne ma femme ! Ces. C'est l'autre. (Consterne.) Voila done ce que cachait le voile maudit ! Ces. (Bas au marquis.) Monsieur ! par 011 sort- on le plus vite de ce palais ? Jose. (Beprenant haut.) Don Cesar ! voici la comtesse de Bazan, qui est prete a remplir tous ses devoirs en vers l'epoux qui reclame t us ses droits. ' Ces. (BalbuUant.) Pardon — ai-;je d.t-tous ? Je ne crois pas avoir dit. (Bas a don Jose.) Vous n'auriez pas la vos dons arquebusieis ? Non ? J'aurais mieux aime cela. (Bas au marquis.') Mais regardez-la done, monsieur ! C'est une effroyable vieille ! Le M. (A part.) Qu'est-ce qu'il dit ! Jose. • (Insistant.) Madame est prete a vous suivre. Ces. (A la Marquise.) Non, reassurez vous, madame. Apres tout, suis-je un gentilhomme — ou un manant qui ne sait quels egards, quels managements sont dus a vous, noble dame ? Non, je ne reclame, je n'explique rien ! (Bas au mar- quis.) Mais voyez-vous ces etoiles de rides! Le M. (A part.) Ah ! je me contiens a peine ! Ces. Non, madame, non ; ce n'est qu'apres de longues annes, qu'un ]owo-(vivement) peut-etre 1 j'oserai. (A part.) Ah ! je n'oserai jamais ! (Bas, au marqws.) A vous, monsieur— vous qui etes personne aussi vieux qu'elle, vous n'en voudriez pas pour femme ! Le M. (Hors de lui.) Ah ! e'en est trop ! Si elle ne vous plait pas, au moins nen de-couragez pas les autres ! Ces. (Besespere.) Qu'est-ce que cela fait aux autres ! Ils sont bien hereux les autres ! Jose. (Avec force.) Allons plus de mensonges et de contrainte— parlons nous a visage decouvert. (Brusquement.) Don Cesar, il nous fallait votre nom, vos titres— rien de plus— Le mari qu'on - prenait en vous, e'etait l'homme qui n'avait plus que deux heures a vivre. Ces. (A part, regardant La Marquise.) Et j'etais moins a plaindre qu'a present ! Jose. Madame la comtesse de Bazan ne vous aime pas. Ces. ( B part.) II y a sympathie. Jose. Eh bien ! un marche pent encore se faire entre vous. Votre femme est riche, tres-riche, et vous n'avez rien- Ces. Le compte est exact. Jose. A vous une pension de six mille piastres — que vous depenserez comme vous voudrez, et ou vous \oudrez—(viveme7d) mais partoutailleurs qu'a Madrid (appuyant) si vous jurez de renoncer a tous les droits que vous donne ce mariage— Ces. (Vivement.) A tous ! je le jure ! Jose. Si vous eerivez et signez a l'instant ce que je vais vous dire- Ces. (S'assayant.) J'ecris et je signe. Dictez. Jose. (Dictant.) " Moi, don Cesar de Bazan, comte de Garofa — je m'engage — sur mon honneur et ma foi de gentilhomme-a quitter Madrid-a n'y jamais reparaitre-a ne jamais revoir la comtesse de Bazan, ma femme." Ces. (A part.) II me donne six mille piastres pour cela ! Je lui en aurais donne douze mille ! (Haut, ecrivant.) "Ma femme." Jose. ( Continuant.) "A ne jamais reclamer les droits d'un mail" Ces. Jamais ! Jose. Signez ! Ces. (Signant.) Don Cesar de — Un V. (Passant au fond.) La carrosse dfc madame la Comtesse de Bazan ! [Don C£sar s'arr&e* DON CESAR DE BAZAN. 27 — without thinking — absorbed in my contempla- tion — when one of my companions said to me : You, who are noble, my master, do you recog- nize this coat of arms? I looked — it was my own ! Who is that woman in the carriage, I asked. A peasant answered me : It is the Countess of Bazan, who has been living in the palace of the San Fernando for the last month. , Jose. (Aside.) Damnation ! J Cae. I started to my feet. All at once I re- I membered a little, soft, white hand which I had J pressed on that memorable day. I darted in i pursuit of the carriage. When I arrived at the doors of the palace it was night, and the ser- vant shut the door in my face as he cried out, pass on ! I went away absorbed in gloom. (Confidentially.) All night long I wandered about the country, for, shall I avow, that I loved — I loved — for the first time 1 Day has returned, the doors of the palace are open — and here I am ! Where is my wife ? Answer quickly — be- cause it is not well for me to be here. I am alive, it is true, but under sentence — Jose. (Aside. Joyfully.) Ah, he is ignorant of his pardon ! (Aloud with calmness.) What are your plans, Don Caesar ? Cae. (Laughing.) Be so kind as to tell me, if you please, why people get married in Spain ? Ami married, yes, or no? Yes. My wife is beautiful — and I am madly in love with her. She is mine, she belongs to me — and I want her. Jose. (Aside.) And that all this edifice, that I have built with so much trouble, should be shattered thus ! Cae. It is you who gave her to me — and you answer for her. Don Jose, where is my wife ? i Jose. (After a moment's reflection. Suddenly with decision.) No — it will not be ! I SCENE VII. The Same, The Marquis. Marq. God be praised ! My guests are en- joying themselves, they never cease drinking the health of the Countess de Bazan, my — Cae. (Quickly.) The countess? My wife? Where is she ? Marq. (Taken aback.) I beg pardon? You are Don Caesar ? Don Caesar — is he not dead ? Jose. (Low to the marquis.) Not another word, and let nothing which takes place surprise you. Don't even try to understand it. (Aloud with resignation.) Don Caesar, your rights are sacred, let no one attempt to deprive you of them. The Countess de Bazan, your wife, will be here in a moment. (Pointedly.) Wait — SCENE VIII. , Don Caesar, The Marquis, Don Jose, The Marchioness. ' Cae. (In ecstacy.) She is coming ! I will see her in her dazzling youth and beauty ! Ah, sir, remain near me to sustain me if I faint from over happiness. Marq. I am ready to sustain you. Jose. (Appears leading on the marchioness.) (Presses the hand of the marchioness and gives the marquis a look.) Don Caesar, this is the Countess of Bazan. Cae. (Drawing back.) Merciful heavens ! Marq. (Aside.) He is giving him my wife. Cae. It's the other one ! This is what that horrible veil was concealing ! (Low to the mar- quis.) Sir, which is the shortest way out of this palace ? Jose. (Aloud.) Don Caesar ! This is the Countess de Bazan, who is ready to obey the husband who claims all his rights. Cae. (Stammering.) Pardon — did I say all? I don't think I said that. (Aside to Don Jose.) Would you happen to have any gunners among i your fairy gifts ? No? I would prefer them. (Low to the Marq.) But look at that, sir ! That frightful old woman ! Marq. (Aside.) What does he say ? Jose. (Insisting.) Madame is ready to follow you. Cae. (To the March.) No, reassure yourself, madame. After all am I a gentleman — or a ruffian, who does not know how to treat a noble lady? No, I claim nothing, I explain nothing. (Low to the Marq.) Do you see those millions of wrinkles ? [myself ! Marq. (Aside.) Ah ! I can hardly contain Cae. No, Madam, no ; it will only be in years from now that some day — (quickly) perhaps ! I will dare. (Aside.) Ah ! I will never dare £ (Low to the Marq.) You, sir, who are almost as old as she is, you would not have her for a wife I Marq. (Excitedly.) Ah! This is too much !. If she does not please you, at least don't dis- courage others ! Cae. (In despair.) What is that to others ? Others are lucky ! Jose. Come, no more subterfuges — let us un- mask. (Quickly.) Don Caesar, we needed your name, your titles — nothing more — the husband we selected in you was a man who had but two hours to live. Cae. (Aside, looking at the March.) And I was less to be pitied then than now ! Jose. The Countess de Bazan does not love you. Cae. (Aside.) I can shake hands with her. Jose. Well, a bargain can be made between us. Your wife is rich, very rich, and you have nothing — Cae. Your calculation is exact. Jose. You will have a pension of 6,000 pias- tres — which you will spend as you like and where you like — (quickly) except, however, in Madrid. You swear to renounce all rights that ths mar- riage gives you — Cae. (Quickly.) All ! I swear ! Jose. If you write and sign at once what I dictate — Cae. (Sitting down.) I write and I Dictate. Jose. (Dictating.) "I, Don Caesar de Bazan, Count de Garofa — promise — on my word of honor and word of a gentleman — to leave Madrid— and never return to it — never to see the Countess de Bazan, my wife." Cae. (Aside.) And he gives me 6,000 piastres for that! I would have paid him 12,000 for it. (Aloud, writing.) "My wife." Jose. "And never to claim the rights of a husband." Cae. Never! Jose. Sign. Cae. (Signing.) Don Caesar de — (A servant appearing at the back.) Servant, The carriage of the Countess de Bazan. (Caesar stops.) sign. 28 DON CESAE DE BAZAN. Jose. (Tivement.) Signez, signez done ! (Maritana parait au fond et est aussitot en- touree des personnages de la fete. Ces. (La reconna'issant.) Elle ! Un S. (A Maritana.) Madame la comtesse de Bazan me permettra-t-elle de lui offrir la main ? Ces. (Brisant la plume qu'il tenait.) On me irompait ! [Maritana s'eloigne ; il veut s'elancei* sur ses pas. Jose. (Se plapant devant lui.) Arretez, don Cesar ! (Lui montrant le papier.) Vous venez de jurer, sur votre l'honneur et sur votre foi de gentilhomme. Ces. (Dechirant le papier.) Bamassez done les morceux de mon serment ! [11 veut sortir. Jose. (L'arretant de nouveau.) Don Cesar ! une sentence de mort pese sur vous--et moi, comte Jose de Santarem, mmistre du roi, je n'ai qu'un geste a faire pour que vous mouriez ! Ces. Ah ! vouz jetez le masque enfin, et je comprends vo j infames machinations ! Jose. La fuite vous est encore possible— mais souvenez-vous que tout obei aux ordres que je donne. Ces. Donnez-les done, ces ordres—mais ne me proposez plus de vos honteux marches ! car, si vous etes devenu assez vil pour les offrir, je suis trop noble encore pour les accepter ! Jose. Prenez-y garde ! Un pas de plus sur les traces de cette femme— un pas de plus— vous conduit a la mort ! Ces. Alors, faites-moi place ! [II repousse don Jose et sort. Jose. Dix alguazils a la poursuite cet homme ! Qu'on l'arrete et, s'il resiste qu'on le tue ! ACTE IV. Au fond une grande fenetre ouvrant sur un bal- con et dominant des jar dins. Portes laterales. Des flambeaux brulent sur une table. SCfiNE PKEMlEBE. Laz. (Seul.) Tout est pret-Le signeur don Jose a bien tenusa parole, je dois fidelement le servir--Mais que signifie cette mysterieuse in- trigue? Le maitre a fait acheter secretement cette maison, a deux lieues d'Aranjuez— a peine m'y a\ ? ait-il laisse seul, qu'une femme, que je ne connais pas, est venu s'y installer. (Baissant la voix et mysterieusement.) Je croyais, monseigneur, que vous n'aviez qu'on seul amour dans le cceur —amour insense, criminel, que personne, ex- ■cepte moi, ne peut soupgonner ! Ne serait-il pas le seul ? nous verrons bien. II m'a dit d'atten- .dre-attendons. SCENE II. Lazarille, Don Jose. Jose. Est-onvenu? Laz. Oui, monseigneur-une dame, qui s'est enfermee dans cette chambre. Jose. Le carrosse et les gens ? — Laz. Sont aussitot repartis. Jose. C'est bien. Laz. Annoncerai-je monseigneur ? Jose. Non. Tu n'annonceras, ni moi, ni celui qui va venir. Laz. Celui qui va venir ? Jose. (Plus Bas.) Hier, tu m'as suivi au palais