y ; P X m> ' ',. >k> 3 : 555 > wiiife A : * * a A A A » H A A A, jr. J A l . 1 A f 1 a A s\ MinyM Tttotswrw® LIBRARY OF CONGRESS. [SMITHSONIAN DEPOSIT.] V ^W^W ^^S«»i5»w^#l^* ; - '^xvvfl/VA. ' . . ■- -^^mm^m I\ mhc ,\f\W&m :-.cfN sA iSM fen- ■ filM AAVa I ^'Aural • *:- - : . T = - M 'A AA ^A-AA' r W • IM ■ ' MAa/V* ffifeiiffis MfikitfZtfy >^« wavwaw m mm IM^AA»A*« ; ^fii^AA' 4 A^ii^A : :4AiA^A' TRAITE LI UL1I1I Dl 81K B&TES A LAINE. ERRATA. page ligne 16 16 Au lieu de : j'ai vu celle grave lesion s'occuper, lis€ occuper. 33 25 — — J'at'rapporteplusieursechantillonsdeteri et ai prie mon estimable collegue, et< lisez ayant rapporte, etc. fai prie mo estimable collegue. — etfrecouvrait, lisez recouvrait. — vesce d'hiver, lisez gesse cultivee. — grain d'ogre, lisez grain d'orge. — d'e'chauffant, lisez echauffants. — vapeurs alterees, lisez vapeurs deleteres. 37 1 43 7 55 23 76 3 14 8 £ Jf* fdfa**--/^ /&a&t **&~t ^^ TRAIT^ r ~ STIR LA MALADIE DE SANG DES BETES A LAINE SUIV1 DE L'ETUDE COMPAREE DE CETTE AFFECTION AVEC LA FIEVRE CHARBONNEUSE, l'empoisonnementpar LESVEGETAUX VENENEUX, ET LA MAX.ADIE ROUGE , Par O. nmiiAWONn , Professeur de pathologie, do therapeutique, de police sanitaire, de medecine legale et de chirurgie pratique a l'Ecole rojale velerinaire d'Alforl ; membre correspondant de la Societe royale et centrale d'agriculture de la Seine; membre honoraire des Societes veterinaires du Cakados et de la Manche, du Finistere, des departements de l'Ouest; membre correspondant de la Societe d'emulation du Jura, de la Societe d'agriculture de Rouen, etc., etc. Plus Ies yeux voient, plus l'esprit voit aussi. Zimmkrmahn, Traili de I'Experience. PARIS $ 00 IMPRIMERIE DE FELIX LOCQUIN, 16, RUE NQTRE-DAME DES VICTOIRES. 18 43. v^ # PREFACE. Les betes a laine des pays de grande culture plus que celles des localites ou Tagriculture n'a pas en- core fait beaucoup de progres, sont atteintes annuel- lement d^une maladie grave, presque toujours mor- telle, connue sous les noras de maladie de sang ou de sang de rate. Depuis longtemps les troupeaux d'une des plus riches contrees de la France, la Beauce, sont ravages par cette redoutable affection ; cette annee (1842), le chifFre de la mortalite a de- passe de beaucoup celui des annees precedentes. M. le prefet de Loir-et-Cher, MM. les deputes des arrondissemenls d'Or leans et de Pithiviers (Loiret), VI vivement alarmes des pertes qu'eprouvaient les cul- tivateurs de la Beauce orleanaise, sont venus sollici- ter M. le Ministre de Tagriculture et du commerce d'envoyer sur les lieux un professeur de Fficole royale veterinaire d'Alfort, pour faire Fetude de la maladie de sang et chercher les rnoyens de la prevenir. M. Cunin-Gridaine, dont la constante sollicitude est bien connue pour tout ce qui se rattache aux in- terets de Fagriculture, apres avoir accueilli favo- rablement la demande de ces Messieurs, a bien voulu me confier cette honorable et importante mission. Je fus done charge par lettre officielle en date du 5 septembre 1 842 , « dialler etudier la maladie » dite de sang dans les departements du Loiret et » de Loir-et-Cher, d'en rechercher les causes sur les » lieux memes ; d 1 examiner si elles ne resideraient )> pas dans le mode de culture usite dans le pays ; » d^indiquer le traitement de cette affection aux cul- » tivateurs, et de leur faire connaitre les moyens les » plus propres a en prevenir le retour. » Je me suis rendu aussitot sur le theatre ou la ma- VII ladie exercait encore de nombreux ravages, et par- tout, autant que je Fai pu, j'a'i voulu voir, toucher, m'assurer et me convaincre. MM. les prefets ayant donne Pordre aux veterinai- res des localites de m'accompagner chez les culti- vateurs, fai ainsi profite de leurs observations an- nuelles et de leur experience. . Le traite que je publie aujourd'hui sur la inaladie de sang comprend Tetude de celte affection envisa- ged sous le rapport de ses symptomes, de sa nature, deson siege, de ses causes generates et particulieres, enfin et sur tout de ses moyens preservatifs. Pour appuyer mes recherches sur une inaladie si grave et si frequente, et notamment pour justifier Pernploi des moyens que je conseille pour la preve- nir , j'ai cru convenable de joindre a mes observa- tions celles deja faites sur le sang de rate par Dau- benton, Tessier, Barrier, MM. Huzard fils, Godine, Girard et Yvart, autorites puissantes dont les travaux sur les betes alaine meritent la plus entiere confiance. Lafievrecharbonneuse, qui attaque les betes ovi- vivement alarmes des pertes qu'eprouvaient les cul- tivateurs de la Beauce orleanaise, sont venus sollici- ter M. le Ministre de Pagriculture et du commerce d^nvoyer sur les lieux un professeur de Fficole royale veterinaire d^Alfort, pour faire Petude de la mala die de sang et chercher les moyens de la prevenir. M. Cunin-Gridaine, dont la constante sollicitude est bien conmie pour tout ce qui se rattache aux in- terets de Pagriculture, apres avoir accueilli favo- rablement la demande de ces Messieurs, a bien voulu me confier cette honorable et importante mission. Je fus done charge par lettre officielle en date du 5 septembre 1 842 , « d'aller etudier la maladie » dite de sang dans les departements du Loiret et » de Loir-et-Cher, d'en rechercher les causes sur les » lieux memes ; d 1 examiner si elles ne resideraient )> pas dans le mode de culture usite dans le pays ; » d'indiquer le traitement de cette affection aux cut- » tivateurs, et de leur faire connaitre les moyens les » plus propres a en prevenir le retour. » Je me suis rendu aussitot sur le theatre ou la ma- VII ladie exercait encore de nombreux ravages, et par- tout, autanl que je l 7 ai pu, j'a'i voulu voir, toucher, m 7 assurer et me convaincre. MM. les prefets ayant donne Tordre aux veterinai- res des localites de m^accompagner chez les culti- vateurs, j^ai ainsi profite de leurs observations an- nuelles et de leur experience. . Le traite que je publie aujourd'hui sur la maladie de sang comprend Fetude de celte affection envisa- ged sous le rapport de ses symptomes, de sa nature, deson siege, de ses causes generates et particulieres, enfin et sur tout de ses moyens preservatifs. Pour appuyer mes recherches sur une maladie si grave et si frequenie, et notamment pour justifier Temploi des moyens que je conseille pour la preve- nir , j'ai cru convenable de joindre a mes observa- tions celles deja faites sur le sang de rate par Dau- benton, Tessier, Barrier, MM. Huzard fils, Godine, Girard et Yvart, autorites puissantes dont les travaux sur les betes a laine meritent la plus entiere confiance. La fievrecharbonneuse, qui attaque les betes ovi- nes de certaines localites malsaines; Pempoisonne- ment des troupeaux par des plantes acres, des cry- ptogames veneneux, la maladie rouge, sontaussi des affections redoutables qui, jusqu'a ce jour, n'ont point ete assez dislinguees de la maladie de sang due a une alimentation succulente et longtemps continuee. JTai done juge utile de faire connaitre aussi dans ce traite les causes, les symptdmes, les lesions, les moyens pre- servatifs et curatifs de ces trois maladies, afin de pou- voir signaler les differences qui les distinguent de la maladie de sang des troupeaux de la Beauce. Enfin pour faciliter les recherches des veterinaires, desagriculteurs, sur ce qui a ete observe, tant sur la maladie de sang que sur la fievre charbonneuse, les empoison nements par les plantes acres des palurages, les champignons veneneux qui vivent sur les four- rages, et la maladie rouge, j'ai indique, apres la des- cription de chacune de ces maladies, les ouvrages qui en ont traite. TRAITE LI 11LIBII II MM BETES A LAINE. CHAPITRE V. Description de la maladie. § 1". Preliminaires. — Lieux oil la maladie a ete etudi6e. — Race, qua- lites des betes a laine. — Leur nombre dans les arrondissements d'Orleanset de Pilhiviers. — Betes que la maladie attaque plus particulierement. — Mortalite pour 1'annee 1842. — Perles en ar- gent dans ces deux arrondissements. — Mortalite, perte en argent estimeesapproxirnativement pour toute la Beauce. La maladie connue sous les noms de maladie de sang, de sang de rate, est sans contredit, parmi toutes les affections graves des betes a laine, celle qui en fait perir le plus grand nombre. Annuelle et enzootique dansbeaucoup de localites, frappant de mort presque l tons les animaux quMle attaque, la maladie de sang sevit specialement sur les betes ovines des depart- ments ou la culture se fait en grand , et ou les trou- peaux sont particulie.rement alimentes soit par les fourrages des prairies artificielles, soit par les grains, cornme 1'orge etPavoine. Aussi est-cedans les plaines fertiles du midi de la France, dans la Brie et dans la Beauce , localites riches d 1 ailleurs en beaux et nom- breux troupeaux de races distinguees, que la maladie de sang faitle plus de ravages. Depuis dix ans , je me suis serieusement occupe de cette redoutable maladie. Je Fai etudiee dans les environs de Paris, dans la Brie au voisinage ^Etam- pes et de Rambouillet , et c^st avec une vive satis- faction que je me suis vu charge par M. le ministre de Fagricukure et du commerce, d'en faire Fetude dans la Beauce. Je m^etais apercu il y a longtemps que certains signes eloignes ou prochains annoncaient Fappari- lion de la maladie de sang dans les troupeaux p et je me suis convaincu que par Fappreciation de ces signes et par Femploi de moyens hygieniques, chi- rurgicaux et meuicamenteux, il etait possible, sinon de preserver entierement les betes a laine de la mala- die, au moins de diminuer beaucoup lechiffre de la mortal ite. Sa nature, son siege, qui ont ete, et qui sont en- core le sujet de vives discussions parmi les veteri- naires et les agriculleurs, avaient aussi fixe toute mon attention. Apres avoir beaucoup observe, je me suis assure que sous le nom de maladie de sang , de sang de rate, on avait confondu trois maladies qui ont entre elles, il est vrai, beaucoup de ressemblance ; mais qu^un examen serieux des causes qui les occa- sionnent, des symptdmes que presentent les animaux, des traces que Fafteclion laisse sur les cadavres, donne la possibility de pouvoir distinguer. I/etiologie d'une maladie qui ne pardonne presque jamais aux betes a laine quelle attaque, devait aussi etre Fobjet de tous mes soins dans un pays de plaine ou la culture des cereales annuelles, des prairies ar- tificielles, se fait en grand. Je devais trouver particu- lierement dans les departements duLoiret et deLoir- et-Cher des localites qui pouvaient me fournir une elude variee et instructive. En effet, dans la Beauce oil Fair est vif, le sol sec, les plantes fines et suecu- lentes, les troupeaux de i ace distinguee pour la plu- part, la maladie de sang devait etre suscitee par des causes particulieres, et je pouvais m\issurer, si dans le voisinage jde la foret d'Orleans , aux bords de la Loire, localites dont le sol est frais, la culture va- 4 riee , cette maladie s'offrirait a mes investigations avec la meme frequence et les memes caracteres. Je vais done raconter dans ce memoire ce que sans idees preconcues, j^ai vu et consciencieusement ob- serve. Parti de Tecole royale veterinaire d'Alfort au commencement de septembre et apres avoir pris les ordres de MM. les prefets de Loir-et-Cher et du Loiret , j'ai successivement parcouru cinquante- quatre communes appartenant aux arrondissements de Blois, d'OHeans et de Pithiviers, et j 1 ai visite les troupeaux de cent vingt cultivate urs. Dans cette ex- cursion, j°ai examine les lieux ou la maladie avait oc- casionne de grandes mortalites, ceux ou elle en avait fait peu , enfin ceux ou elle est en quelque sorte in- connue. Cette etude comparative m'a done permis de reconnaitre et de pouvoir en constater les cau- ses annuelles, predisposantes et determinantes. Bien qu'a Tepoque de mon arrivee en Beauce , la mortalite ait ete moins considerable que dans les mois de juin, juillet et aout, j'ai pu encore voir un grand nombre de betes malades ou sur le point de le devenir et faire Pautopsie de beaucoup de cadavres. Toutefois, je dois le dire, bien que faie fait tout mon possible pour etudier les causes de la maladie , ses symptomes et ses lesions , je ne considere point cette etude comme complete. II serait , je le crois, fort utile de visiter la Beauce au moment de la pre- miere vegetation' des plantes , ou dans le mois de mai, epoque ou la mortalite commence , et dans les mois de juillet et aout, saison des chaleurs, de la re- colte des cereales , ou la maladie regne avec vio- lence. La partie de la Beauce que fai parcourue, possede q JS;7 Leurs de beaux et nombreux troupeaux metis-merinos, troi- sieme et quatrieme croisement. Les plus petits fer- miers n'ont pas moins de deux cents betes a laines, la plupart ont quatre a cinq cents betes, bon nombre encore comptent neuf cents a onze cents merinos metis dans leur troupeau. Les brebis qui en forment la majeure partie sont fortes , bien corsees , d^ne bonne conformation, d\ine excellente constitution, et portent des toisons bien closes, mais formees d\me laine de moyenne finesse. Beaucoup de grands cul- tivaleurs possedent de beaux troupeaux ameliores, dont la toison bien fermee constitue une laine fine assez longue , ayant de la souplesse et du brillant. Ces fermiers se livrent pour la plupart, a Feleve de beliers etalons qu'ils vendent a Page de quinze a vin gt mois; ou qu'ils louent pour la lutte aux culti- vateurs voisins. Les croisements anglo-merinos sont essayes depuis quelques annees ; mais ces tentatives ne se font encore generalement que sur une petite echelle. Dans la partie de laBeauce que j 1 ai parcou- rue , les moutons anglo-merinos que^ai rencontres sont nourris , loges, gouvernes comme les betes dti pays, mais ils sont tous, quoique du meme age, plus gros que les metis merinos , s^engraissent plus vite, donnent une laine plus longue, plus brillante, mais un peu moins tassee. D^pres un recensement fait cette annee par M. le prefet du Loiret dans deux arrondissements de ce departement, appartenant autrefois en partie a Tan- cienne Beauce, il existait : Dans celui de Pithiviers 107,324 betes a laine Dans celui d : Orleans, comprenant seulement les cantons dePatay, d'Arthenay ctdeNeu- ville 56,337 » » Total . . . 163 ; 651 » » Or, ces deux arrondissements ne forment que la huitieme partie, a peu pres, de la Beauce ; d^ou il re- suite comme tres probable, que la Beauce possede 1, 309,288 -betes a laine. Cette riche contree peut done etre consideree comme une des provinces de France qui produit ie plus de belles betes a laines , tant sous le rapport de la taiile, des formes, du vo- lume des animaux, que sous celai de la finesse et du poids des toisoas. 7 La maladie dite de sang fait annuellement beau- jw** q«= qi |» _ , . )U ■ le plus ordinai- coup de victimes dans ces beaux iroupeaux. Ce soot rement. les plus belles, les plus jeunes brebis , les agneaux qui donnenl le plus dVsperances quelle fait perir. Ce n'esl que plus tard qu 1 elle sevit sur les betes agees et de peu de valeur* Ce n'est aussi que par excep- tion quelle attaque les jeunes corarae les vieilles be- tes, les grasses comme les maigres ; les agneaux a la rnamelle n'en sont pas toujours exempts. Annuellement et en moyenne, les pertes s'elevent a vingt pour cent , souvent dans les localites dont le sol est sec et calcaire, la mortalite va jusqu'au quart, au tiers etdepasseparfois la moiiiedutroupeau. Cette terrible maladie occasionneauxcultivaleurs Pfertes on'eiie occasionne. une perte reelle qui s'eleve annuellement pour uri troupeau de 400 betes a 2,000 francs J detruit peu a peu la principale source de son aisance ; le decourage et Fempeche de prendre part aux progres d^amelio- ration qui se manifestent dans beaucoup de tronpeaux des departements voisins. En outre elle porte atteinte au commerce de la boucherie et prive riudustrie manufacturiere de produils utiles alasociete. Cette annee , d'apres les releves authentiques qui m'ont ete fournis par M. le prefet du Loiret, le sang de rate aurait fait mourir dans rarrondissemertt de races la Beauce, 8 Pithiviers 23,359 betes a laine Dans celui ^Orleans, la meme maladie en aurait fait perir \ 2,044 total .... 35,403 fdanstoute ^ n estimant en moyenne chaque bete a la somme de 25 francs , la perte des 35,403 s'eleverait a 885,075 francs. Or, si la Beauce entiere possede 1 ,309,288 betes ovines , il est probable que le sang de rate en a fait mourir 283,224 et que la perte en argent doit etre de 7,080,600 francs. •Tai compris, en parcourant la Beauce Orleannaise, toute la haute importance de la mission dont M. le Ministren^avaithonore. Aussi, mesuis-je minutieuse- ment occupe a rechercher les causes du mal et les signes qui a Tavance annoncent sa manifestation. J'ai donne les conseils qui m'ontete suggeres par Texperience et Fobservation, soit pour prevenir la maladie, soitpour la combattre aussitot son apparition. Je me suis entendu avec les veterinaires de la localile pour re- pandre, a Tavenir, les plus sages avis et prescrireles meilleures pratiques dans le regime et la conduite des troupeaux. §2. Synonymie. — Description de la maladie. — Signes avant-coureurs. — Circonstances qui en exasperent la marche. — Signes mortels. — Differences dans l'invasion de la maladie. Duree. — Terminaisons. L'affection dont je vais donner la description, est connue sous les noms de chaleur, de sang, de mour- roy rouge , de pisse-sang , de coup de sang des toits , de coup de sang des champs, oVapoplexie sp Unique, de sple'norrhagie ; on lui accorde plus particulierement les noms de maladie de sang, de sang de rate. On dit , on repete, et les meilleurs auteurs de me- Description <3 1 la maladie. decine veterinaire ont publie (1) que la maladie de sang attaque les betes a laine tout a coup et les fait perir en quelques heures ; mais c'est une er- reur. Dans Timmense majorite des cas , des signes (1) Voyez : Description de la maladie de sang de la Beauce, par l'abbe Tessier, — Histoire de la Societe royale de medecine, an 1776, p. 254; Lullin, Observations sur les betes a laine, 1804, p. 176; Barrier pere, Sur la maladie rouge des moutons, — Cor- respondance de Fromage deFeugre, 1810, t. F r , p. 188 ; Tessier, Instruction sur les betes a laine, 1810, p. 248 ; Guillame, Epizootie observee sur les troupeaux des betes a laine, — Annales de la Socie'te^ d'agriculture frangaise, 2° se- rie, t. Ill, p. 129 ; Vaiel, De Vapoplexie de la rate, — Elements de pathologie veterinaire, 1828, p. 73; D'Arboval, Dictionnaire de medecine et de chirurgie vete- ' rinaires, 1*839, t. IV, p. 48. <10 avant-coureurs font reconnaitre que la maladie va bientot sevir sur les troupeaax. II importe de faire connaitre ces preludes morbides qui precedent l'in- vasion du mal de pltisieurs jours , maisquine frap- pent point des yeux peu exerces sur les maladies du menu bctail , pare© qu^l faUt les constater en gou- vernant le troupeau \ dont les betes d'ailleurs parais- sent jouir d 1 une bonne sante. signes avant- L es betes a laine qui vont prochainement etre at- :oureurs. i r teintes du sang, ont une vivacite et tine excitabilite qui ne sont point ordinaires, Leur regard esl vif, on les voit quelquefois se dresser sur Fanimal le plus voisin comme pour se livrer an coit ; la peau gene- ralement , mais surtout celle, fine et rose, qui forme les larmiers qui recouvre le bout du nez, et les oreiKes, prend une teinte rouge vif. Une inspection attentive des yeux montre que les nombreux vaisseaux eapil- laires qui s^vancent de Tangle interne de Foeil dans Fepaisseur et Fetendue de la conjunctive, sont par- courus et distendus par beaucoup de globules du sang. Le sang retire de la jngulaire de ces animaux est noir, se coagule dans le vase qui la regu en trois a qualre minutes (six a sept minutes, etat de sante), et on s'apercoit plus tard qu'il est tres riche en glo- bules, enalbumine, etpauvre en elements aqueux. Lorsque le troupeau parcourt en iiberte 4 on voit ordinairement les betes les plus belles , les plus jeu- nes et les plus grasses , s'arreter quelques instants , allongerla tete , dilaterlesnarines, ouvrir labouche etrespirerpeniblement ; mais eettedyspneedisparait bientot. Beaucoup, dans Tintervalle de la distribu- tion des aliments , lechent les murailles et reeher- chent les terres salpetrees. Apres le repas, le ventre se ballonne, mais toujours cette indisposition est de courte duree. Ces signes acquierent une haute im- portance lorsqu'en forcant les betes a uriner en ser- rant tout a la fois la bouche et les naseaux , on voit s'ecouler une urine roussatre deja sanguinolente , et qu'on s'apercoit au pare oua la bergerie, que plu- sieurs toisons sont tachees de rouge par Purine de betes deja malades. Enfin on a la certitude que le mal va attaquer plusieurs animaux, lorsqueiadepen- damment de tous ces prodromes, on voit les excre- ments , ordinairement sees et moules sous forme de petites crottes, devenir mous, etre recouverts d 1 une matiere glaireuse , blanchatre , tres souvent sangui- nolente. Tous ces symptomes preeurseurs se remar- quentaussi dans les troupeaux dont queiquesanimaux meurent du sang j tous les deux a trois jours. lis in- diquent assurement dans ce cas quek maladie existe deja dans les betes qui les presentent et que bientoC elle va peut^eti e s^ggraver, fi'exaspercr tout k cerap 12 et faire perir P animal rapidement. (Test ce qui arrive Circonstances en effet s^l fait un repas Iron substantiel ; s v \[ est ex- qui I'exasperent i i. pose a Pinsolalion ; s^l eprouve Pinfluence d^un air chaud, charge d^lectricite ; s'il reste au pare pen- dant une pluie dWage ; s'il ressent les effets d'un changement subit de temperature. Alors la bete a laine cesse de manger, reste en arriere du troupeau, respire vite et peniblement, sa vue s'egare, fait quel- ques pas en trebuchant, ebroue,rale, rejetteun sang signes morteis. ecumeux par les naseaux, tombe a la ren verse, agite convulsivement les quatre membres , expulse une petite quantite dWine sanguinolente , rend parfois des matieres excrementitielles teintes par du sang et expire apres cinq , dix , quinze , vingt minutes , une heure, deux heures, trois heures au plus. Differences La maladie n^est cependant pas touiours precedee dans l'invasion L 1 j i de la maiadie. ^ e s jg nes avant-coureurs , Finvasion en est brusque et la terminaison rapide. Dans ce cas , la bete quoi- que dans un etat plethorique est gaie, mange de grand appetit, et presente generalement toutes les ap- parences d'une sante parfaite, quand tout a coup elle cesse de prendre des aliments ou s'arrele en les ru- minant, s'allonge, se raccourcit, tournoie, tombe par terre, se debat convulsivement, expulse avec violence de Pecume sanguinolente paries naseaux, urine quel- ques gouttes de sang et meurt en cinq a dix minutes. 43 C'est notamment lorsque les betes predisposees au sang sont exposees a Finsolation , a la poussiere et pendant les journees et les nuits orageuses, qu'elles meurent ainsi et presentent les symptomes d'une asphyxie et d^une hemorrhagic interne. §3. Lesions laissees par la maladie sur les cadavres. Si on egorge Tanimal au debut des premiers sym- ptomes de la maladie, pendant son cours, enfin si on ouvre les cadavres aussitot la mort , voici les le- sions nombreuses qui frappent Tobservateur : \ ° Peau et tissu cellulaire sous-cutane. Le cadavre se decompose promptement. La peau est presque toujours rouge et vivement injectee. Ses vaisseaux capillaires sous-cutanes sont gorges de sang et laissent ecouler ce fluide en abondance lors- qu'on depouille les animaux. Exposee au contact de Fair, la face interne de la peau prend une teinte rouge vif. Le tissu ceilulaire des environs de la gorge, des parotides, est souvent infiltre par xin sang noir. Le tissu cellulaire inter-musculaire de toutes les parties du corps n'offre ordinairement rien de notable. Les chairs sont toujours rouges et fermes. 14 2° Organes digestifs. A. Rate. — La rate dans Petal de sante d^un rouge assez brun , ferme, et du poids de 30 a 60 grammes (1 a 2 onces) est, dans presque tons les cadavres, grosse, brune-noiratre, molle , facile a dechirer, du poids de 250 a 500 grammes (une demi-livre a une livre) et plus; par la section il s^en ecoule un sang noir, boueux, qui teint fortement les mains en rouge fonce. Les cellules veineuses de ce viscere, conside- rablement agrandies , contiennent cette espece de bouiliie sanguine dont on peut les debarrasser par le lavage. Dans les animaux qui ont ete egorges au debut et pendant le cours de la maladie, la rate est generale- ment peu volumineuse; mais cependant dans plu- sieurs points de son etendue, et notamment a ses bords et a sa base, se montrent des epanchements noiratres qui forment ecchymoses. Tandis que dans les ani- maux qui meurent des suites de la maladie , ceux surtout qui en sont frappes vivement lorsqu'ils sont exposes a Pinsolation, ou qui ont mange peu de temps avaat de succomber, ont la rate grosse r nojlre , pe- sante et tres gorgee de sang. Dans quelques cadavres j'ai vu cependa? it la rate ne presenter rien de particulier. 45 B. Tube digestif. — Le rumen encore nomme la panse, Vherhier?^ le reseau ou bonnet, le feuillet, ou pseautir , renferment des matieres alimentaires et n'offrent rien de notable. La caiilette ou franche- ?nule contient toujours une petite quantite d'aliments et de liquides d^ne odeur acide. La muqueuse qui tapisse la face interne de ce viscere est ordinairement dans sa moitie pylorique rouge, recouvertede mucus, et legerement epaissie. Les deux tiers anterieurs des intestins greles plus rarementle tiers posterieur, sont ordinairement d^n rouge plus ou moins fonce. Les veines mesenteriques qui s^en eleventsont noires et remplies d'un sangnoir; de petits epanchernents de sang (eccbymoses) se mon- trent souventdans les lames du mesentere au voisinage de ces vaisseaux. Dans Finlerieur de cet intestin se remarquent dif- ferentes alterations qui toutes sont en rapport avec le debut, Fetat , la terrninaison mortelle et la violence de la maladie. lei le tissu capillaire, les viliosites de la muqueuse sont arborises en rouge vif, et la surface de la mem- brane est recouverte d^une legere couche de mucus. Cet etat est le premier degre d^ne congestion. La le;? viliosites et Fepaisseur de la muqueuse sont d 7 un rouge tres vif, ces parties sont le siege d'un ve- 16 ritablc epanchement sanguin. Ce deuxieme etat est le second degre d'une congestion avec commence- ment d^emorrhagie. Ailleurs, les villosites et le tissu muqueux sont d\m rouge noir, ramollis, gorges de sang. Ce liquide en nature associe a un peu de mucus , aux epitheliums des villosites, a un peu de matieres alimentaires, bai- gne la muqueuse et remplit parfois le calibre de Pin- testin. Ce dernier etat morbide caracterise Fhemor- rhagie. Dans tous les cadavres que j'ai ouverts soit en Beauee, soit ailleurs, j 7 ai toujours note dans les pre- mieres portions des intestins greles ces trois pha- ses de Falteration de la muqueuse digestive que je viens de decrire. J 7 ai vu cette grave lesion s'occuper depuis un metre (3 pieds) jusqu^a 45 metres (45 pieds) la muqueuse intestinale, et dans toute celte etendue le tissu mu- queux etre le siege d T une violente congestion avec hemorrhagic Les brebis, les moutons, resistant davantage a la violence de la maladie , offrent , generalement des lesions inlestinales plus etendues, plus intenses que les agneaux de sept a huit mois, un an, qui en meu- rent moins promptement. 3'ai souvent constate dans les deux tiers anterieurs des intestins greles, une bouillie glaireuse, noiratre, ou d'un vert fonce. Cette matiere se remarque toujours lorsque Tautopsie a ete faite de cinq a dix heures apreslamort. Examinee aveclegrossissement du mi- croscope, je Fai vue formee par repithelium gri- satre ou noiratre des villosites marbrees qui existent dans cette partie intestinale, de bile, de mucus mor- bide , et d^une petite quantite d" 1 aliments. Cette ma- tiere qui a fixe particulierement Fattention de quel- ques veterinaires de la Beauce, n'est point le produit de la maladie de sang, mais le resultat d^n commen- cement d'alteration cadaverique. Les gros intestins n'offrent que tres rarcment des traces maladives bien notables. Des rougeurs, des arborisations de forme, de grandeur variable, se mon- trent dans lecoeuretle colon. Lamuqueusedes deux derniers tiers de ce dernier intestin et surtout le voi- sinage du rectum est ca et la rouge , arborisee et parfois ecchymosee. Les matieres excrementitielles qui occupent ces points malades sontrecouvertes d^n produit morbide, glaireux, epais, membraneux, souvent teint par du sang. Ce sont assurement ces points malades qui donnent lieu aux matieres excre- mentitielles, muqueuses et sanguinolentes, que ren- dent les animaux au debut et pendant le cours de la maladie. (Foy. signes avant-coureurs.) 18 Le foie est noiralre, ferine et sans alteration. Organes urinaires. *** Les reins son! constamment gros et d 1 un rouge noir a Pexterieur. Coupes de la grandealapelilecourbure, le tissu renal laisseecouler beaucoup de sang. La substance tubulee est toujours d 1 un noir tres fonce.. Les tubes urinaires abordant au bassinet, qui dans Fetat naturel sont fins et delies, sont gros et tres visibles; en les pressant de la circon- ference renale au bassinet avec la lame d^un scalpel, on en fait suinter une quantite notable dWine san- guinolente. Le bassinet renal n'ofire rien de notable. La vessie renferme souvent de Furine rougie par du sang, la snuqueuse de cette poche est parfois in- jectee et rouge. Je ferai remarquer ici que les desordres de la rate, de Finlestio, peuvent parfois etre tres legers ou ne pas exister; mais les alterations des voies urinaires que je viens de relater, ne manquent jamais. 3° Organes respiratoires.. Les gros vaisseaux veineux,les vaisseaux capillai— res des glandes parotides, des maxillaires, du tissu cellulaire, des muscles qui avoisinent le pharynx et le larynx, sont gorges d 1 un sang tres noir, qui s'ecoule abondamment lorsquW coupe la gorge en travers 49 pour detacher la tete du cou. Les globules, la serosite de ce sang, s^echappent meme des vaisseaxix quelque temps apreslamort, etviennent former unehypostase cadaverique sero-sanguinolente dans les parties de- clives. Les Cavites nasales sont remplies d^ecumesangui- nolente , la pituitaire est rouge noiratre et gorgee de sang. La muqueuse du larynx est rouge noiratre, tres in- jcctee, notamment aux bords de la glotte. Poumons. — Les poumons de couleur rose sont marquetes de petites tacbes brunes, miliaires ou lenticulaires , dues a un petit epanchement sanguin circonscrit, occupant les plus petits lobules pulmo- naires. Ces petites hemorrhagies qui paraissent avoir leur siege dans plusieurs vesicules pulmonaires , lorsqu'on les examine a Faide d'un grossissement de deux cents fois , sont d'autant plus nombreuses et plus larges, que rhemorrhagie bronchi que a ele plus considerable, et queTanimal a rejele plus de sang par les naseaux pendant ies derniers moments de la vie. Uarbre hronchique est rempli d'ecume sanguino- lente. La muqueuse de toutes les nombreuses divi- sions des tuyaux aeriferes vivement injectee et d^un rouge fonce dans les grosses divisions eties moyennes, est d^n rouge noir dans les petites et les tres petites. 20 Le thymus dans les agneaux est noir et rempli de sang. Les plevres ne presentent rien de notable. A Organes circulatoires. Le sang contenu dans la veine porte', les veines caves, les jugulaires et toutes les grosses veines est abondant, d 1 unnoirfonce, assez rarement coagule. Ce liquide ne tarde cependant pas a prendre une cou- leur moins foncee, lorsqu 1 il est expose au contact de Fair. — La membrane interne des tubes arteriels ou veineux sur les betes ouvertes aussitot la mort, est blanche et a 1'etat normal. Le ventricule droit du cceur est toujours distendu par beaucoup de sang noir. Le gauche n'en contient point ordinairement. Je n^ai vu que tres rarement des ecchymoses au dessous de la sereuse des ventri- eules. Systeme lymphatique, — Les ganglions lympha- tiques du mesentere, dela region sous lombaire, des aines, de Ja region inferieure du flanc, des bronches, deFentree de la poitrine, des regions superieures et inferieures du pharynx, sont constamment rouges ou noiratres, soit generalement, soit dans quelques points de leur surface. Leur tissu est marbre par des points noirs ou rouges dus a de petits epanchements 21 de sang. Cependantla substance ganglionnaire con- serve encore la fermete qui la caracterise. Dans d 7 au- tres ganglions, les epanchements sont plus etendus, ont la largeur d'une lentille, et par Tincision , ces corps laissent suinter un liquide sanguinolent ; ici la texture ganglionnaire est molle et commence a s'e- craser facilement sous les doigts. Enfin dans beau- coup de ces ganglions et notamment dans ceux du mesentere, de Fentree de la poitrine, des environs du pharynx, tout le tissu ganglionnaire est noiratre ou marbre, ramolli et sereduit facilement sous les doigts en un deliquium brun. Dans les cadavres des animaux tues pendant le cours de la maladie et dont on fait immediatement Tautopsie avec soin, si on lie aussitot le canal thora- cique dans la poitrine , on voit que la lymphe con- tenue dans les gros lymphatiques qui arrivent au reservoir sous-lombaire, quoique parfaitement sains, charrient une lymphe rougeatre dans laquellebeau coup de globules du sang se trouvent associes aux globules de lymphe. Le reservoir lombaire , le canal thoracique, sont remplis egalement de lymphe rougie par du sang. Les vaisseaux lymphatiques de Fencolurequi trans- portent la lymphe du cou, de la tete, des ganglions 22 pharyngiens, aux ganglions de la poitrine, conclui- sent egalement une lymphe sanguinolente. Cette derniere observation dont personne, que je saclie, n^a fait encore mention, explique-t-elle pour- quoi les utricules qui composent le tissu ganglion- naire lympathique, deviennent ecchymosees et gor- gees de sang ? Je le pense avec d^autantplus de fon- dement que, plus la lymphe est rosee et charrie de globules sanguins, plus les ganglions lymphatiques sontnoirs et gorges de sang. Toutefois, j^observerai que ces lesions si remar- quables du systeme lymphatique sont toujours en rapport avee les divers degres de congestion et dlie- morrhagie du tissu cutane, des muqueuses intesti- nales, des bronches, des reins, de la rate. Si les le- sions de ces parties sont recentes, legeres, Falteration des ganglions est egalement recente et peu profonde; si au contraire, les alterations sont graves et s'accom- pagnent d'une violente hemorrhagic , les ganglions representent la gravite et fetendue de ces lesions par leur couleur noire et leur texture facile a dechirer. Enfin j'ai constate aussi que dans les betes jeunes, vigoureuses, deja grasses et riches de sante, les gan- glions etaient beaucoup plus alteres que dans les be- tes placees dans des conditions opposees. 23 5° Organes encephaliques. Les sinus veineux des meninges sont remplis, dans beaucoup de cadavres par beaucoup de sang. Les nombreux capillaires arteriels qui se divisent et se subdivisent a la face inferieure du eerveau, les in- nombrables pelites veines qui s'elevent de la sur- face de ce viscere sont remplies par du sang. Les plexus choroides du cerveau et du cervelel sont gros, noiratres et penetres de sang. La substance cerebrate est saine, ainsi que cellede la moelle epiniere. Enfin je ferai remarquer en terminant que les di- verses lesions que je viens de decrire n'existent pas toujours simultanement. Ainsi sur un animal, ce sont la rate el les reins qui les presentent ; sur un autre la rate est peu malade, c'est la muqueuse intestinale qui est noire etles intestins remplis de sang. Cbez celui-la Tafflux se monlre a la peau, dans les capil- lairessous-culanes^ et alors le sang ruissellede loutes parts en separantla peau destissussousjacents. Enfin dans celui-ci ce sort les bronches, le poumon, qui oftrent les lesions les plus remarquables* Toujours aussi, et cetie observation merite bien d'etre prise en consideration , les lesions de la mala- diede sang sont d'autant plus etendues, les desastres 24 plus grands, Phemorrhagie plus forte quelesanimaux sont ages de deux a trois ans et dans un etat d'em- bonpoint notable ; au contraire elles sont generale- ment moins repetees , plus superficielles, plus lege- res sur les animaux maigres, les agneaux dW an et les vieilles brebis. Je chercherai a expliquer plus loin, en traitant de Tetiologie de la maladie, pourquoi, selon les condi- tions qui les font naitre, les accumulations sanguines s^perent plutot sur tel organe que sur tel autre or- gane, et aussi pourquoi les lesions sont plus graves dans les animaux jeunes, vigoureux, sanguins, que dans ceux qui se trouvent places dans des conditions opposees. Si maintenant je resume rapidement les norn- breuses lesions qui appartiennent a la maladie de sang, je dirai : a iteration* ca- 1° Le cadavre se decompose rapidement, du dav^riques. sang s^coule par les cavites nasales, et le ventre se ballonne considerablement ; 2° Tantot simultanement , tantot isolement, la peau et le tissu cellulaire sous-cutane , la rate , les ganglions lymphatiques, les muqueuses intestinales, le poumon, les reins, le pancreas, le thymus dans les agneaux, les environs des parotides, le sinus du cerveau, les plexus choroides de ce viscere et du cer- 25 velet, presentent toutes les lesions successives qui accompagnent les congestions sanguines suivies d° he- morrhagic. 3° Tous ces organes, toutes ces parties, offrent leurs vaisseaux capiilaires gorges de sang ou enor- mement distendus par ce liquide; ailleurs Torgane s'est epaissi, a augmente de volume par Tabord con- siderable du sang, mais a conserve encore toute son integrite. 4° Ici, le sang est sorti des vaisseaux, a ruissele a la surface des organes membraneux, comme dans les bronches, les muqueuses digestives , le bassinet renal, la vessie ; tahdis que dans les organes compo- ses de tissus mous tres vasculaires, entoures d'une capsule propre ou de tissu cellulaire assez dense comme la rate, les reins, le poumon, les ganglions lymphati- ques, le pancreas, le thymus, les plexus choroides, le sangnonseulementadistendu, en gorge les vaisseaux; mais encore s^est echappe peu a pen de leur interieur pour former des taches brunes , lenticulaires (ecchy- moses), de petits epanchements sanguins circonscrits ou des hemorrhagies partielles, enfin pour donner lieu a une hemorrhagic complete dans Torgane dont le tissu ne forme plus, avec le sang, qu'une partie moliasse, se dechirant faiblement et laissant ruisse- 26 ler, par la plus petite dechirure oil par la plus le- gere pression, un sang noir et tres epais. 5° Le coeur, les gros vaisseaux, n\)ffrent rien de notable, le sang quails renferment est liquide et tres noir. 6° Enfin il est digne de remarque que ces lesions sont d^utant plus repandues, plus profondes et plus graves que les betes sont agees de deux a trois ans , et dans un notable embonpoint; et d^autant moins etendues et plus legeres, qu'ellessontjeunes, vieilles et maigres. § 4. Nature et siege de la maladie. Je ne c.hercherai point dans ce traite a discuter les diverses opinions des veterinaires , des auteurs, des agriculteurs, sur la maladie dite de sang. Je di- rai seulement queTaffection que je viens de decrire, telle que je Fai observee depuis longtemps soit sur les troupeaux de la Brie, soit sur ceuxdes environs de Paris, et telle queje viens de la voir sur ceux de la Beauce, a son siege dans le systeme circulatoire, et Nature etsis^e qu^e esi & resultat d'une proportion trop forte dans le de la maladie. ... . ' j l i _/?i • sang, despnncipesorqamques nommes a lobules, pbrine et aibumine> et d'une petite proportion d?eau. En eflet si. 27 sans idee preconcue, on observe les phenomenes morbides qui se passent dans Forganisme , depuis le commencement de la maladie jusqu'a la mort des reraa c r e qu q e ue P en- TT dant ie cours de animaux, que remarque-t-on surtout . Une turges- la maladie. cence sanguine se manifestant dans les petils vais- seaux de la peau et des muqueuses apparentes ; un sang noir se coagulant rapidement, riche en elements organiques et pauvre en serosite, congestionnant les capiiiaires ; puis on voit ce liquide s'echapper peu a peu desvaisseauxet teindreen rouge les urines, les ex- crements ; circuler difficilement dans le poumon , et susciter d^ibord de la dinieuUe dans Fexecution de Facte de la respiration , puis de la dyspnee; enfin sortir en nature des vaisseaux, s'etaler a la surface des organes, oouler par les orifices naturels ou s'e- pancher dans la trame des visceres. Or, ces difFe- rentes scenes morbides ne doivent-elles pas etre rattachees a un exces de sang dans le torrent circu- latoire , a la distension des dernieres divisions des vaisseaux intermediaires , a Felargissement de leur porosite d^abord, de leur dechirure ensuite et a Fe- coulement des globules du sue vital, plus petit d^aii- leurs dans le mouton que dans tons les autres ani- maux domestiques? Apres la mort aue voit-on sur les cadavres ? Les cequei'on r A consiate apres tissus, les organes composes de beaucoup de vais- lamort ' 28 seaux et recevant normalement une grande quantite de sang, baignes, gorges, impregnes, denatures, par ce liquide qui a abandonne les canaux ou il cir- culait. II est done rationnel de con dure du siege et de la nature de ces lesions , que la cause qui les a susci- tees, existe dans les vaisseaux et resulte d'un trop plein, d\m exces de sang circulant dans leur interieur, et surtout de la plus grande quantite de globules que ce fluide parait contenir. Or, s^l en est ainsi, c^st done a tort qu'on a cherche a localiser le siege de la mala- die de sang en lui donnant les noms de sang de rate ou d'apoplexie de la rate, de pisse-sang ou hematu- rie y de chaleur ou d 1 hemorrhagic des voies respira- toires , diapoplexie des intestins ou d' ] enterorrhagie ; puisque Tagent generateur de la maladie reside dans la constitution de la masse sanguine repartie dans tous les nombreux vaisseaux de Fedifice animal. II est important que les opinions medicales soient bien fixees sur la nature et le siege de la maladie de sang des moutons ; aussi vais-je chercher encore a baser Fopinion que fai enoncee plus haut sur Tob- servation des causes du mal, d'ou decoulent les moyens preservatifs convenables pour Teviter. 29 CHAPITRE II. Causes de la maladie* § 1 er . Situation topographique de la Beauce oiieanaise. — Constitution geo- logique de son sol. — Sa culture. — Envisagees comme causes pre- disposantes de la maladie. La situation, la constitution geologique du sol de la Beauce, le systeme de culture suivi dans ce beau et riche pays , ont fixe toute mon attention , dans l'etude des causes predisposantes de la maladie dont il s'agit. Je me suis attache ensuite a la maniere de nourrir et de gouverner les troupeaux pour parve- nir a la connaissance des causes occasionnelles et determinantes. Je vais exposer le resultat de mes recherches. Dans le departement du Loiret aussi bien que dans celui de Loir-et-Cher, on peut faire trois divi- sions bien distinctes sous les rapports de la situation topographique , la constitution geologique , Ja G 1- lure , Teducation des betes a laine , la frequence et la rarete de la maladie de sang qui sevit sur les trou- peaux. desTSJS^coi 8 - ^ ans * e Loiret , la region de ce department si- stitution geolo- t , -,. l •„ i i t • t giquedusoi. tuee sur la rive droite de Ja Loire , comprend une partie de la Sologne , pays humide et plat , encore peu cultive, dont la surface est sablonneuse et le fond argileux. La habite la petite et rustique race ovine appelee solognote. La maladie de sang est inconnue dans cette localite. Une affection de nature tout op- posee, quoique ayant cependant son siege dans le sang, sevit sur les troupeaux: c^est la pourriture ou cachexie aqueuse. La rive gauche de la Loire, comprenant les arron- dissements de Gien , de Montargis , une partie de cetix ^Orleans et de Pithiviers, est bocagee et cou- I verte en grande partie par les forets d^rleans et de Montargis. Dans presque toute cette seconde partie ' du Loiret , le sol est maigre, sablonneux, la vegeta- ' tion peu active. Ici c^est encore la race solognote qui forme la majeure partie des troupeaux. Quelques grands proprietaires cultivateurs y possedent cepen- dant de beaux metis merinos a laine fine. La maladie de sang est bien peu connue dans cette etendue de territoire qui forme les deux tiers ' du Loiret. Ce n'est que dans les exploitations ru- I 31 rales Ires ameliorees qiFon la voit se manifester apres la recolte des cereales seulement. La partie du Loiret ou regne annaellement la maladie de sang, comprend une petite partie de Fan- cienne Beauce, formee de la region nord-estdu Loi- ret, limitee par les departements de Loir~et-Cher, Eure-et-Loir et Seine- et-Oise* Je reviendrai plus loin sur cette partie du Loiret. Dans le departement de Loir-et-Cher , la rive droite de la Loire, occupee par Farrondissement de Romorantin, appartient encore a la Sologne. Ici la culture est ameiioree, et cependant la maladie y est presque inconnue. Dans Farrondissement de Ven- dome, dans toute la partie de Farrondissement de Blois, situee en deca de la foret de Marchenoir, pays boccage, mais bien cultive, la maladie de sang fait encore peu de victimes. II faut franchir la foret de Marchenoir et arriver sur le plateau de ia Beauce, dans le canton d^Ouzouer-le-Marche, pour se trou- ver sur le theatre de la mortalite. Ainsi, dans les departements du Loiret et de Loir-et-Cher, c 1 est dans la petite portion de ces departements comprise dans la Beauce ou la maladie de sang sevit sur les troupeaux. Dans toutes les autres regions boisees, humides, sablonneuses et arides, pourvues de prai- ries naturelles, de friches, de pres arides, de landes, 32 Lamaiadie do la maladie n'existe que peu ou point. Dans la So- sang nest que t I l Sonnue U dan P s°ies logne, je Pai deja dii, elle est remplacee par la pour- localites ou le JJj es 1 t an f [gg* It riture. II est d^ailleurs digne de remarque que dans toutes les parties de la France ou les moutons pais- sent dans des localites arides, montagneuses, bocca- gees et humides, ou les plantes poussent naturelle- ment, et sont un peu aqueuses, la maladie dont il s'agit ne fait que peu ou point de victimes. Les traites d'agri culture, d^ducation des mou- tons, de pathologie ovine, publies en Angleterre, et que j^ai pu consul ter, se taisent sur la maladie de sang. M. de Gourcy, dans son excursion agrono- n^ le en S Ang?e- mique en Angleterre et en Ecosse, assure que cette maladie est inconnue dans la Grande -Bretagne. M. l 1 inspec(eur general des ecoles veterinaires et des bergeries royales, dans ses nombreuses courses en Angleterre, pour Tachat de betes bovines et ovines, n^a assure n^voir jamais entendu parler de cette redoutable affection. J 7 ai parcouru TAngleterre, et j^ai fait la meme remarque que Fhonorable inspec- teur que je viens de citer. En France, ce sont les departements ou la culture est grande et perfectionnee, dans quelques plaines fertiles du midi de la France, dans la Brie et surtout Eiie se>it dans ^ ans * a Beauce, que Ton voit regner la maladie de lesnaysdegran- , _ . . i,.v decuiture. sang sur les troupeaux. Or, ne serais-je pas deja 33 autorise a penser que la constitution geologique du sol, la secheresse deTair, le pacage des troupeaux sur les plantes cultivees par les soins de l'homme dans les pays de grande culture, sont les causes pre- disposantes du sang de rate ? En ce qui regarde la portion dela Beauceque fai Beau*e il Sft d eii2 exploree, j'ai constate que dans toutes les parties des departements de Loir-et-Cher et du Loiret, qui bor- dent a une et raeme a deux lieues les forets de Marche- noir, de Bucy, d'Orleans, et qui forment les basses regions du plateau nord-est et nord-ouest de la Beauce dite orleanaise, localites ou la terre est om- bragee, sablonneuse et froide, ou les troupeaux d'ail- leurs, composes de deux cents a trois cents betes, paissent au voisinage des bois, sur des friches, sur les grands chemins de communication traversant les forets ; ou la culture ne se fait point encore en grand, la maladie de sang est rarej elle n^a meme fait que peu de victimes en 1842, malgre Fextreme seche- resse de Tete. Au dela de ce rayon, Paeration des lieux, la composition du sol, le systeme de culture, Phygiene des troupeaux, sont differentset la maladie de sang tres frequente. La constitution geologique du sol de la Beauce a constitution gdologique du lixe toute mon attention. «Tai rapporte plusieurs soldelaBeauco echantillons de terre et ai prie mon estimable coU 3 34 legue M. Lassaigne, de vouloir bien les analyser. Ce travail a demon tre : \ ° Que la terre cultivee, offrant generalement une couleurjaunatre, estessentiellementformee d^umus, d'argile sableuse coloree plus ou moins en jaune ou en rouge par de Thydrate de peroxyde de fer, et d'une petite proportion de carbonate de chaux. 2° Que le sous sol presente la meme composition que la terre cultivee, seulement il renferme une plus grande proportion de carbonate de chaux. 3° Que le tuf est compose de carbonate de chaux mele d^ne petite quantite d'argile blanche. 4° Enfin que les pierres, assez abondamment re- pandues sur le sol et dans le sous sol, sont formees par un calcaire compacte, dur, luisant, compose de carbonate de chaux melange a une petite propor- tion d^argile. La couche de terre cultivee est d'une profondeur qui varie entre celle de 7 a 8 pouces et celle de 10, 45 a 24 pouces. Dans beaucoup de localites le sous- sol est forme presque entierement d^ne petite quan- tite d/argile associee a du sable colore en rouge par Thydrate de peroxyde de fer. C'est ce sous-sol que les cultivateurs nomment terre rouge, et qu'ils n^o- sent point mettre a la surface de la terre en la- bourant parce qu'il est peu productif. Cette terre 35 rouge se remarque la ou le tuf a une petite profon ^ deur et recouvre ordinairement un banc epais de calcaire compacte intorrompu parfois par de i/argile carbonatee. Cette composition du sous-sol et du tuf se voit dans plusieurs communes du canton dlArthe- nay, et notamment a Sougy, dans certaines fermes de la commune de Trinay, et particulierement dans la localite occupee par la ferme dlApilly, ainsi que dans quelques communes du canton d'Ouzouer-le- Marche, et surtout a Binas. Dans la plus grande partie des plateaux de la Beauce orleanaise, le sous-sol est forme par Fargile blanche et le carbonate de chaux. On le nomme terre blanche. Souvent cette couche marno-argileuse, parfois recouverte par un peu de sable rouge , est si peu profonde, que le soc de la charrue Tamene a la surface du sol. Dans beaucoup d'endroits , et notamment entre les hauts plateaux et la marge de la Beauce, le sol cultive etle sous-sol renferment une grande quantite de pierres blanches plus ou moins volumineuses, formees, ainsi que je Tai dit, de cal- caire compacte; tandis que, touchant les forets de Marchenoir et d 1 Orleans, le sol cultive est forme d'un peu dWgile, d'une petite quantite de sable rouge et de beaucoup de sable blanc. On voit done que le sol dans les plaines de la 36 Beatice , renferme les principaux elements terreux qui concourent a favoriser la vegetation des plantes. L'argile lui conserve de Thumidite et s'oppose a la filtration profonde des sels solubles; le sous sol mar- neux lui donne de la chaleur ; les engrais qu^on y deposent unis a la marne, au sulfate de chaux ou au platre qu'on seme sur le sol cullive , au commence- ment de la vegetation , achevent de lui donner sa grande fertilile. Les plantes qui poussent sur un tel sol et au mi- lieu d^un air sec et vif, doivent assurement, sous un petit volume , renfermer une grande proportion de principesalibiles,et donner par consequent beaucoup d^lements flbrino-albumineux et globuleux au sang d es animaux . Cest ce qui arrive en effet ; et on acquiert une certitude complete a cet egard si Ton compare le sang rouge, plastique, charge de globules et peu aqueux, du mouton de la Beauce, avec le sang rose, peu globuleux et charge d'eau , du mouton qui pic- ture dans les terres sablonneuses de la iisiere de ce pays, du val de la Loire, et surtout de la Sologne. Lamaiadieest Les releves statistiques de la mortalite dans les di- plus frequenie Iecs leS cSca?res vers ueux c V ie f ai parcourus , m'ont demontre que toutes choses etant egales d'aiileurs , la mortalite etait annuellement plus considerable dans les com- munes , dans les fermes ou la terre cultivee etait 37 peu profonde et recouvrait immediatement le sable ferrugineux, et que le sol cultivable ne formait qu'une couche legere au dessus du tuf. Or, il est plus que pro- bable que lesplantes qui vegetent sur ce sol sec etcal- caire, quoique moins vigoureuses , moins elevees, moins taleesquecelles qui croissent dans un sol cultive profond , frais et abondant en humus , contiennent sous un plus petit volume autant, sinon plus, de prin- cipes nutritifs et excitants. Je ne suis point eloigne de croire que ces plantes pompant par leurs racines une eau renfermant de Phydrate de peroxyde de fer, fournissent au sang un principe ferrugineux qui doit concourir a la formation de sa matiere colorante, ou de ses globules, corpuscules considered aujour- d^ui comme la partie la plus animalisee du liquide nourricier. ^analyse de ces plantes pourrait peut-etre de- montrer que cette presomption est fondee. Ce qui est certain, c'est que la mortalite causee parle sang, eat, toutes choses etant egales d^illeurs, plus grande dans tous les lieux ou le sol cultive et le sous sol sont ferrugino-calcaires, que partout ailleurs. Barrier pere, dans une note sur lamaladie du sang des moutons (1 ) de la Beauce, disait en 4840 : « Les (t) Correspondence de Fromage de Feugre, t. I er , p. 188. 38 « causes ies plus frequentes de la maladie qui enleve « souvent des troupeaux entiers , paraissent devoir « etre attributes au sol sur lequel on Fobserve le « plus frequemment, et a la vivacite des fourrages « qui y croissent. En efFet, cette maladie est aussi fre- « quenle sur les sols legers et calcaires, sur ceux qui « produisent le sainfoin, qu'elle est rare sur tous les « autres sols. Cette cause parait tellement evidente « aux cultivateurs de ces terrains, qu 1 iis se privent « de Feducalion des merinos pour cela seul. )> M. Guillame , dans une note sur une epizootie due a la maladie de sang, et observee dans le depar- tement de Findre (I), en 1817, dit en parlant des causes de la maladie : « Le sol ou paissait le trou- « peau est d^une bonne nature et un pen ferrugineux. M. Yvart, inspecteur general des ecoles veterinaires et des bergeries royales, m'avail assure, avant mon depart pour ia Beauce, avoir remarque que dans Jes localites ou le sol etait calcaire, la maladie de sang sevissait avec plus de force que sur les sols de toute autre nature, et que les moyens preservatifs a mettre en pratique , consistaient dans Immigration du troupeau. (1) Annates de I' agriculture frangaise, 1818, 2 C serie, t. Ill, p. 129. 39 Dans tout le plateau de la Beauce que fai visite , , system? de r J ° culture genera- la culture se fait en grand. L'assolement triennal lementadopte * est le plus generalement adopte. Cependant Fassole- met quadriennal commence a se repandre dans les exploitations bien conduites. Le ble, Forge, Favoine, les prairies artificielles formees par les legumineuses, fournissent toule la recolte. Les vesces, les gesses cultivees, les pois des champs, sont les plantes fourrageres intercalates usitees dans la rotation de culture. Les carottes, les navets, n'entrent point dans les assolements. Je n ? ai rencontre chez les cent vingt fermiers que j'ai visites que quatre d^ntre eux qui cultivassent la betterave et la pomme de terre pour leur troupeau. La constitution et la qualite du sol , Finstruction agricole des cultivateurs , la duree plus ou moins prolongee des fermages , apportent des differences notables dans le systeme de culture suivi en Beauce. On pent cependant dire que generalement la culture du ble, de Favoine et de Forge domine , que les prairies artificielles sont tres repandues, et qiFelles prennent chaque annee plus d^extension depuis vingt ans. Je dirai meme que dans les exploitations bien conduites, les prairies artificielles Femportent sur la culture des cereales annuelles. On ne remarque de 40 prairies, de pacages naturels que dans quelques val- lees arrosees par de petits ruisseaux, qrelquesche- mins vicinaux peu frequentes, et au bord des forets. Dans ce systeme de culture, les chevaux, les va- ches, les moutons , sont alimentes toute Pannee par les pailles des cereales annuelles , les graines dWge et d'avoine , les prairies et les fourrages artificiels. Or, j'ai remarque que dans les exploitations, les com- munes, ou les troupeaux ne mangeaient exclusive- ment que les plantes cultivees par les soins de 1'hom- me, la maladie de sang sevissait dans toute sa force. Sicependant, au milieu de ces lieux perfides pour les betes a laine, se trouvent une commune, une ferme isolee ou le sol est frais , ombrage par des bois, des plantations formant avenues, arrose par un ruisseau, une riviere, pourvu de prairies naturelles, ou recon- vert de quelques hectares de friches , ces endroits sont generalement respectes par la maladie. conclusion: Je pense done pouvoir conclure que la constitu- tion calcaire-marneuse, sablo-ferrugineuse et argi- leuse du sol de la Beauce; le systeme de culture suivi dans ce pays ; les proprietes tres succulentes des plantes cereales et legumineuses qui y vegetent abon- damment ; Fair vif, pur et sec qu^elles y respirent ; le peu d^umidite qui les penetre ; et peut-etre aussi le fer quVlles pompent dans le sol, sont des causes qui 41 influent (Tune maniere remarquable pour predispo- ser les betes a laine a la maladie de sang. Dans la haute Beauce , la maladie qui nVoccupe existe depuis tres longtemps. Toute Tannee elle fait quelques victimes ; mais c'est surtout a la fin du re- gime d'hiver, au commencement du regime d 7 ete ou lors des mois d'avril, de mai, puis pendant la saison des chaleurs , ou durant les mois de juin et surtout de juillet , d'aout , et la premiere quinzaine de septembre, quelle occasionne de grandes mortalites. II etait done indispensable que je cherchasse dans la maniere de nourrir, de loger les troupeaux pen- dant Thiver et leprintemps, et de les gouverner pen- dant Fete et Tautomne , les causes predisposantes et occasionnelles de la maladie. Je vais resumer tou- tes les observations que j^ai faites a cet egard. §2. Hygiene des bStes a laine pendant l'hivernage. — Regime alimen- taire. — Abus des aliments sees et succulents. — Inconvenients. — Faits demontrant qu'ils occasionnent la maladie. Dans toute la haute Beauce , les troupeaux sont alimentes pendant Thivernage avec la paille, le tre- Regime des n n - r • ii troupeaux pen- ile, le sainfoin, la luzerne, les vesces, les gesses cul- to l'hiver. tivees en paille et en grain, Tavoine, Forge etle son. La ration de ces matieres alimentaires n 1 est generale- ment point distribute au poids, les fourrages n'etant 42 chez la plupart des cultivateurs ni botteles ni peses cTavance. Le berger prend souvent autant qu^l veut dans le grenier a fourrage et donne aux betes, selon sonbon vouloir, peu oubeaucoup. S'ilestinstruit, s 1 ii a de Fexperience, il rationneeonvenablement le trou- peau ; s'il est ignorant, ii commet des erreurs preju- diciables ainsi que j'en ai recueilli beaucoup d'exem- ples. D^autres bergers, jaloux d'avoir a condufreun troupeau dont les betes sont dans un embonpoint notable, sacrifient par ignorance les interets de leur maitre, et sont causes dWrayantes mortalites. Quel- ques uns meme donnent sciemment une trop grande quantite d'aliments , et font peiir les betes du sang par une revoltante speculation. Le cultivateur beauceron s 1 occupe bien des for- mes des animaux , du poids et de la finesse de leur toison; mais il neglige les soins particuliers de son troupeau qu^l confie au berger. Je reviendrai plus loin sur ^instruction que possedent les bergers de la Beauce, les habitudes qui sont suivies a leur egard, et ferai ressortir tous les inconvenients qui se ratta- chent a la confiance qu 1 on accorde a ces hommes. - Voici la moyenne de la ration donnee par bete et par jour dans les troupeaux de la Beauce, et calcu- lee sur les notes que j^ai recueillies chez les cent vingt cultivateurs que j'ai visites. A3 REGIME D'ENTRETIEN DES BREBIS. 1° Paille de bl6 coupe a la faux et battuaufleau iwi.^oos 1 "- a 2^- (3 a 4 liv.) 2° Luzerne de premiere coupe . . . . 500 (1 livre) ou de seconde coupe -t . 750 (1 livre V^) outrefle 450 (l4onces) 3° Vesce d'hiver en paille et en grain . 450 (14 onces) ou vesced'hiver (pois cornu). . . . 360 (12 onces) Independamment de cette ration d^entretien , une quinzaine avant l'agnelage et pendant Fallaileinent des agneaux , ou depuis le 25 decembre jusqu'au 25 mars , chaque brebis consomme tous les jours : une provende composee d'avoine, d'orge et de son de 250 a 300 grammes, distribute en deux repas. Lescultivateurs quispeculent surPelevede grosses betes, portent le poids de provende jusqu'a 500 gram- mes. Celte ration de production du laitest diminuee peu a peu pendant les mois de fevrier et de mars , et supprimee a la fin de ce dernier mois, epoque du se~ vrage. Avec celte alimentation , les betes , quoique nourrices, restent en parfait etat. REGIME ET RATION DES AGNEAUX DESTINES A FAIRE DES BEUERS. l er mois Le lait de la mere. i Le lait de la mere. 2 8 mois. . ■....< Regain de luzerne 250 grammes (y 2 liv.) I Provende, avoine et son. 250 » (^ liv.) 44 !Le hit de la mere. Regain de luzerne. 515grammes(i liv. eiy 2 once) Provende 515 » (1 liv. et ^ once) {Le lait de la mere. Regain de luzerne. 515 » (1 liv. etVfc once) Provende 750 » (lliv.^) 5°mois.... . .. Sevrage. Quelques eleveurs donnent la provende a discre- tion. Pendant les huit mois de beau temps, indepen- damment d^ne forte ration de fourrage vert pris a Ja bergerie, Tagneau belier mange toujours 750 gr. (1 livre ij2) de provende. Le second hivernage , le belier antenais alors a pour ration. Paine.-.*.. ..v • . . . 500 gr. (1 liv.) Luzerne. . . . 280 » (9onces) Provende d'avoine pure ... 500 a 620 » (1 liv. 4 one.) Cette nourriture est continuee jusqu'au moment de la vente qui se fait ordinairement en mai et juin. REGIME ET RATION DES AGNEAUX NON DESTINES A LA REPRODUCTION. 1" mois. Le lait de la mere. !Le lait de la mere. Regain fin de luzerne a discretion. / Le lait de la mere. 3 e mois | Regain fin de luzerne a discretion. | Provende, avoine,orgeet son 100 a 120gr.(4onces) ILe lait de la mere. Regain fin de luzerne 250 gr. (% livre) Provende ci-dessus 1 20 a 1 50 » (4 a 5 onces) ouvescecultivee ; pailleetgrain210 » (7 onces) 5 e mois.. Sevrage -r nourriture verte. f i ; • 2 e mois 1 45 REGIME DES MOUTONS D'UN AN. Novembre .... Paille 500 grammes (1 livre) Decembre...l Paille 50 ° " < llivre > j anvier ILuzerne 500 » (Uivre) P . . J ou vesce, paille et grain 250 » (y 2 livre) " iProvende, avoine et son..|210 » (7onces) Mars. Avril. * * ' [ Paille 1 ill (2 livres) REGIME DES MOUTONS ET BREBIS DE 2 A 3 ANS. Novembre .... Paille 500 grammes (1 livre) Decembre .... Paille 1 kil. (2 livres) Paille 1 » (2 livres) nes(lliv Ivre) F , . | Luzerne ou trefle 500 grammes (1 livre) * ' I ou vesce d'hiver 250 » (V2 )livre Brebis, agneaux, moutons d^un ou de deux a trois ans, sont dans un embonpoint notable au printemps avec cette alimentation. Je rial rencontre, je le repete, cbez les cent vingt cultivateurs dont j^ai visite les troupeaux, que quatre d'entre eux qui aient Thabitude de faire entrer dans le regime alimentaire d^ivernage, la betterave et la pomme de terre pour rafraicbir les animaux ; et en- core ces aliments etaient-ils donnes en petite quan- tite et pendant peu de temps. Au contraire, tous ajouteht un condiment excitant, le sel marin, a cette nourriture echauffante et nourrissante. «Tai consulte beaucoup de cultivateurs et d'ele- veurs de moutons dans la Brie, dans les environs de 46 Paris , et je me suis assure qu'on ne donne point une ration aussi forte en poids aux moutons. Les brebis , agneaux et beliers du troupeau de Fecole d^lfort ne recoivent point non plus une ration ali- mentaire ni aussi forte ni aussi substantielle. J^ajou- terai que la constitution du sol de la Beauce, la force de la vegetation des plantes, Temploi du platre pour augmenter celle vegetation , Fair generalement sec et vif qui regne surles plaines immenses dece riche pays , sont encore des circonslances qui contribuent a donner une qualite tres nourrissante aux plantes man gees par les moutons ; conditions qui ne se ren- contrent pent etre pas dans aucune autre localite de la France. Bien que la ration de paille et de luzerne soit j forte , ce n'est point assurement cette alimentation qui donne trop de sang aux moutons. Quant .aux provendes d 7 avoine et dWge , aux vesces et aux gesses en paille el en grain , cette alimentation dis- tribute au poids et pendant le temps que j 1 ai relate ci-dessus , je vais chercher a demontrer quelle est une des principales causes predisposantes et deter-- minantes de la maladie de sang qui se declare soit pendant, soit a la fin de Tniver. Analyse des Les interessantes analyses qui ont ete faites dans graines des ce- reaies. c ^ s Verniers temps des graines des cereales, par 47 MM. Dumas (1) el Liebig, (2) ont appris que ces ali- ments renfermaient de la fibrine, de Falbumine, de la caseine, de la glutine, des matieres grasses, de Famidon, qtielques traces de matieres sucrees et gommeuses, enfin de Feau. Les recherches sur la composition da sang des Analyses du animaux faites par les savants chimistes que je viens de nommer, ont fait connaitre ensuite que le fluide qui nourrit et vivifie tout Forganisme, renferme de la fibrine, de Falbumine, de la caseine dans quel- ques circonstances, des matieres grasses, et enfin des corpuscules colores qui n'existent point dans les vegetaux, et qu'on a nommes globules, ou matiere colorante(3). Or, les beaux travaux de MM. Dumas SpTsTrga- niques desve^e- et Liebig ont dernontre: 1° Que la fibrine du ble, tauxetdusang ° ^» 7 des animaux. de Forge, de Favoine, possede des caracteres physi- ques etchimiques qui la rapprochent de celle du sang di^-s herbivores ; ^ > .° Que Falbumine vegetale ne differe en rien de Falb amine du sang. 3° Que la caseine est semblable a celle du lait et (1) An-nal fcs de chimie et de physique . — decembre 1842. (2) Memes' annales, — fevrier 1842. (3) Le sang ' cles betes a laine bien porlantes, cl'apres les recherches que j'ai faites avec MM. Andral et Gavarret , est compose , sur 1000 parties, a\ *3 parties de fibrine, 86 parties d'albumine, 101 par- ties de globules & 804 parties d'eau. 48 peut etre celle du sang des herbivores. D'apres M. Dumas, cette substance possederait la raerae com- position elementaire que Falbumine , bien que ces deux substances soient isomeres. 4° Que la graisse qui existe en petite quantite, il est vrai, dans les vegetaux, a la merae composition que la graisse du sang et des organes. Rapproche- Les analyses elementaires de ces principes organi- naent enire les 1 i o elements ga- ques faitefi . ^ r MM> Boussingault, Marcet, Mulder, Dumas, SchereretJosnes,ont fait voir que lecarbone, 1'azote, Fhydrogeneet Foxy gene, ce dernier en pe- tite quantite, en etaient les elements constituants, et que, je le ferai remarquer, Fazote qui concourt es- sentiellement a la formation des matieres animales , etait ici plus que dans tout autre principe organique des vegetaux de notre climat, en grande proportion. Consequences. Ainsi, en maiigeant de Forge, de Favoine en pro- vende, du Lie dans les pailles mal battues, les mou- tons de la Beauce doivent done faire beaucoup de sang, puisqu'ils trouvent dans ces graines tous les elements organiques qui composent ce liquide, sans en excepter les globules. L'ecorce de ces graines leur fournit, en outre, un principe stimulant resino'ide qui les excite beaucoup. Quant au sucre, a la gomme, aFamidon, bien que ces principes organiques ne renferment pas 49 ! cTazote, ils servent cenendant a la nutrition, lors- i qu 1 ils se trouvent dans certaines proportions, selon \ M. Dumas; et d^pres M. Liebig, ils fbrment de la \ graisse en perdant un peu d'eau et d'oxygene. En resume, les graines des cereales, par les prin- ! oipes immediats qu'elles ren ferment , fournissent conclusion. j done beaucoup de niateriaux pour la constitution | du sang, liquide charge, comme on le sait, de dis~ tribuer ces materiaux a tout Torganisme. Lepois, les vesces, les gesses, en paille et en grain, donnent-ils autant de principes nourrissants au fluide p i S , gesses et vesces. vital ? Dans le but de bien fixer mon opinion a cet egard, M. Lassaigne, professeur de chimie a Pecole d'Alfort, etM. Clement, son adjoint, ont euTextreme obligeance d^nalyser les graines provenant de pois, de gesses, de vesces, prises chez des cultivateurs qui perdaient beaucoup de moutons du sang, dans le moment ou ils etaient nourris avec ces aliments en paille et en grain, Ces interessantes analyses ont demontre que ces graines contiennent de la legumine et de I'albumine, de Pamidon, du sucre, de la gomme, qui en consti- tuent les matieres solubles ou nutritives ; de Peau et un residu qui en fbrment les matieres insolubles ou non alibiles , dans les proportions consignees dans le tableau suivant. 4 50 I >a uJ o 5 o a •iS H g 1 GRAINK3 a 3 %, H H' » w en W z c M a ! ANALYSEES. ! 5 > 9 a 5 M o a a o f a pi j j Pois moisard . 3gr. 0,203 1,700 0,260 0,160 0,650 0,027 3,000 2,177 0,823 i Gesse cultiv^e ! ou pois cornu ^id. 0,165 1,630 0,350 0,170 0,600 0,600 3,000 2,187 0,813 ! Vesce d'ete . . . id. 0,087 1,550 0,453 0,146 0,712 0,052 3,000 2,016 0,984, Vesce d'hiver. id. 0,097 1,496 0,436 0,150 0,670 0,151 3,000 2, 104 0,896 Legumine. £ a leg Uffi ine, principe immediat qui existe parti- culierement dans ces graines, est, selon MM. Bra- connot, Dumas et Liebig, une substance eminem- raent nourrissante, mais qui donne particulierement bcaucoup de lait auxfemelles qui allaitent. I/amidon, la gomme, le sucre, je Fai deja dit plus haut, sont egalement alibiles. Et, d'ailleurs, si on compare la coionne du tableau qui renferme les quantitesde ma- tieres solubles ou nutritives, avec celle qui contient iabies a e? iSLiu- l'eau et les matieres insolubles ou non nutritives, on reste convaincu que les graines des pois, des gesses, des vesces, constituent des aliments tres nouwissants pour les moutons. Enfin, je ferai remar- sechese??au! es quer que le poids des matieres nutritives est, en moyenne, de 2 gr.,793,tandis que celui de Feau est de Ogr. , '231 . Les betes alaine, en mangeant ces grai- nes succulentes, introduisent done peu d^eau dans Consequences. 7 r leur sang. Aussi ce liquide, par Tusage prolonge, en m paille et en grain , des legurnineuses dont 11 s^agit, devient-il epais, poisseux aux mains, et les animaux sont-ils alteres, echaofFes, excites; et ce n^st point sans fondement q^on dit , en langage vulgaire , que ces aliments echauffent les moutons, brulent leur sang et les rendent fourbus. Je peiix done dire que la bete a laine de la Beauce,'en prenant pendant six mois de Pannee une nourritare seche compo'see de graines de cereales et d'aliments a cosse, mange son sang pour me servir de Fexpressionde Liebig; ou en d'autres termes fait trop de sang, atlendu que ces aliments etant digeres, don- nent un chyle blanc epais, lequel augmente la quantite normale du sue nourricier, fait predominer sesprin- cipes organiques et diminuer son eau. C'est d'ailleurs ce que Pexamen du sang dans Fhematometre demon- tre, et ce que P analyse quantitative prouve. En effet, ainsi que je Tai experhnente avec MM. Andral et Ga- varet, si on soumet les betes a laine dont on a d^abord analyse le sang, a une alimentation tres nourrissante, on voit le chiffre des globules, de la fibrine et de Fal- bumine, augmenter, et la quantite dVau diminuer. Je me crois done fermement autorise a dire que les troupeaux de la Beauce qui mangent pendant tout Fhiver etant en repos a la bergerie et sans faire de notables deperditions, beaucoup d^orge, d'avoine, 52 tie vesces etde gesses, fontun sang trop riche en glo- bules, en fibrine , en albumine, et trop pauvre en serosite on en eau ; que c'est ce sang ainsi constitue et partant plus rouge, plus epais, plus coagulable, plus excitant, plus nourrissant qu 7 il ne doit Fetre, qui injecte les plus petits vaisseaux, rougit la peau, les conjonctives et generalement tous les organes, force la respiration a s^acceleter, augmente la chaleur ani- mate, determine de la vivacite dans les mouvements, donne de Feinbonpoint et predispose ainsi Fanimal aux congestions, auxhemorrhagiesou end'autrester- mes a la maladie de sang, s 1 !! ne la determine pas. Vingtfaits bien circonstancies, que je crois utile de rapporter ici, recueillis chez differents cultivateurs qui ont perdu depuis cinquante jusqu'a cent cin~ quanle betes sur deux ou trois cents, soit en mars, soit en avril, apres avoir donne, eux ou les bergers, une trop forte ration de grain, ou de vesce, ou de gesse en paille et en grain, a leurs troupeaux pen- dant Fhivernage, vont demontrer toute Fexactitude de Fassertion que je viens d'enoncer. Premier fait. — En 1825, M. Braquemont, fer- mier a la Provenchere, commune deHuetre, a perdu de la maladie de sang , pendant le mois de fevrier, 150 betes sur 200 dont se composait son troupeau. II fut reconnu et constate que le berger volait du 53 ble pour le dormer aux nioutons. Ce fait m'a ete rapporte par M, Braqoemont et par M. Foucher son veterinaire. Deuxieme fait. — Pendant fhiver de 1839, M. Ri- viere, fermier a la Borde, commune deBrissy, nour- rissait ses brebis meres avec une forte ration de vesce dliiver, en paille et en grain, et une provende com- posee dWge ., d^avoine et de son. Les vesces furent continuees pendant tout riiiver, et on ajouta une pro- vende pendant rallaitement jusqu'au moment du sevrage. Sur 200 brebis, 85 perirent pendant le mois de mars de la maladie de sang. Troisieme fait. — Pendant le meme hiver, avant et apres le sevrage, les agneaux de M. Riviere furent alimentes avec des vesces et de la provende donnees a forte ration, et sur 200 agneaux, 75 perirent dans le commencement d^avril et les premiers jours de mai. Ces agneaux etaient magnifiques. Quatrieme fait. — En 1 842 , deux superbes be- liers furent achetees par M. Riviere pour hitter avec ses belles et grosses brebis. Ces animaux furent nourris avant la lutte avec une forte ration de pro- vende. M. Riviere eut la douleur de voir mourir ses deux beliers de la maladie de sang avant de les avoir fait lutter. Ces animaux ont ete ouverts par M. Fou- cher veterinaire, et le sang de rate Jut constate, 54 Cinquieme fait. — M. Riviere, independamment de son exploitation principale , fait valoir une autre petite ferme situee a un quart de lieue de la ferine de la Borde. La nature du sol est semblable et la culture est la ineme ; mais M. Riviere place dans cette ferme ses betes antenaises et de 2 ans (gandines), ainsi que ses vieilles brebis. Or , ces a.nimaux non destines a la reproduction sont peu nourris l'hiver et il n'en meurt point du sang de rate. Je ferai remar- quer ici en passant que les bergeries de la ferme de la Borde sont grandes, aerees et carees trois fois rimer ; tandis que eel les de la petite ferme sont basses, sans air et curees seulement en novembre et en mars. Sixieme fait. — En 4839, M. Verdureau, culti- vateur a Cheviily, a perdu 60 brebis en quinze jours pendant le mois de fevrier. Cette mortalite a ete at- tribute a un exces de nourriture que ce cultivateur donnait alors a ses brebis. Ce fait m^a ete commu- nique par M. Verdureau et M. Foucher veterinaire, qui a o avert la plupart des animaux. Sep Heme fait. — En 1836, M. Lefebvre, cultiva- teur et eleveur distingue a la ferme de Lagragne, commune d'Arthenay, tenia de nourrir tres abon- damment ses brebis avant et pendant rallaitement dans le but d'avoir de gros agneaux. En mars et dans 55 le commencement eTavril, ce cultivateur perdit 150 betes, brebis et agneaux. Huiti$me fait. ~ M. Barillon , cultivateur a la ferme de Creuzy, commune de Creuzy, depuis douze ans ne perdait que pen de betes de la maladie de sang. Cette annee (1842), a compter du 15 decern- bre jusqu'au mois d'avril, M. Barillon a ete force de donner de la paille et une provende cornposee tForge et d'avoine an poids de 30 kilogrammes (GO livres) pour cent moutons ; en avrii, 60 betes sonl morles sur 300 animaux composant le troupeau. Neumime fait. — En 1841, M. Langet, cultiva- teur a ia ferme de Creuzy, et voisin de M. Barillon avait ete force par une penurie de fourrage de nour- rir son troupeau avec de la paille de ble et de Forge en grain dont la ration en poids pour Forge avait ete de 560 grammes ( 1 livre 2 onces par bete pen- dant tout Fliiver. Ce cultivateur a vu mourir au com- mencement de Fete 80 betes sur 200, Dixieme fait. — En 1842, M. Langet n'ayant point recolte de fourrage tenta une seconde fois de nourrir tout Fhiver son troupeau compose de 480 betes, en ne donnant que 500 grammes (1 livre) de grain d'ogre par jour a chaque bete, et neanmoins il perdit au printemps 60 de ses plus beaux moutons. Ges deux fails, que j'ai recueillis chez le proprietaire 56 ont en outre ete constates par M. Foucher, veteri- naire a Cbevilly. Onzieme fait. — En 1841 , M. Lelut, maitre de poste et cnitivateur a Arthenay, ayant recolte beau- coup de vesces, de pois dliiver en fourrage et en grain, fit manger a son troupeau forme de 470 be'es, une forte ration de ces fourrages pendant Thiver; au printemps, ce cultivateur perdit 40 betes, Cette an- nee (1842), M. Lelut n'a donne q^une faible ration de ces aliments, et la perte ne s'est elevce qu^u nom- bre de 18 a 20 betes pour toute Tannee. Douzieme fait. — ■ M. Duval , fermier a Trinay, cultive les terres de la ferme de FArdoise depuis six ans. Chaque annee, ce cultivateur perdait, ainsi que les fermiers ses voisins , de 25 a 30 betes. En i 841 , M. Duval ayant donne pendant Fhiver une forte ra- tion d'avoine et dWge a ses animaux, a vu mourir 1 80 moutons au printemps sur 400. Depuis cette mortaiite considerable, ce cultivateur ne donne qu^une faible ration de grains ; et le chiffrede la mortaiite ne s'est eleve qu'a 30 a 40 betes malgre la secberesse de l'etede1842. Treiziemefait. — Peu aise et peu soigneux, M. Ba- raillon. fermier a Apilly, commune de Trinay, pos- sede uiRtroupeau compose armuellement de 200 a 250 betes. II le nourrit exclusivement, et depuis plus 57 de dix ans, de paille, de vesce et de grains d'orge ou d 1 avoine. D^ailleurs le sol de la ferme d^Apilly est sec , calcaire , ferrugineux, et produit des plantes qui donnentbeaucoup de sang. En i 833, M. Barail- lon perdit de la maladie de sang 193 betes sur 200, vers le commencement du printemps. En 1842, la mortalite s'est elevee a 80 sur 270. M. Boucher, veterinaire a Arthenay, aetetemoin des onzieme , douzieme et treizieme faits. Quatorzieme fait. — M. Chantrereau, fermier a Mauregard, commune de Thiey Saint-Benoist, a ete force en 1842 d'alimenter son troupeau compose de brebis , d'agneaux et de moutons de dix-huit mois, avec une ration de grain plus forte que celle qu'il don- naithabitueileruent. Lesannees precedentes, la mor- talite se manifestait pendant les mois de juillet et aout; en 1842 elle s'est declaree au mois cPavril. La perte a ete de 93 betes sur 390. La mortalite or- dinaire etait de 25 a 30 par an. M. Porchon, veteri- naire aNeuville, a constate ce fait sur les lieux. Quinzieme fait. — M. Dupre, fermier a Manche- cour , cultive une belle exploitation sur les terres de laquelle il recolte beaucoup de grains, de fourrages, et notamment des vesces d'hiver. II nourrit fortement son troupeau forme de 600 betes. Or, toujours dans cette exploitation la mortalite commence a la fin de la 58 mauvaise saison. Pendant Phiver de \ 840, M. Dupre ayant donne une forte ration de vesces recueillies en maturite , eut la douleur de voir mourir 200 betes au mois d'avril dans son troupeau. Seizieme fait. — En 1840, M. Chaumedru, a la ferme de Villers-Martin, commune de Manchecour, tenta de distribuer une bonne ration de provende a ses agneaux, afln de les avoir plus gros ; mais au mois d'avrililen perdit475 sur 200. M. Gendrot, veleri- naire a Pithiviers, a ete temoin de cette perte. Dix-septieme fait. — M. Poisson a la ferine de De- namvilliers pres Pithiviers , avait recolte en 1 839 une tres grande quantite de trefle. Une forte ration de cette plante bien emrnagasinee fut donnee tout rhiver au troupeau pour remplacer le regain de luzerne ? mais 3a ration de provende fut conservee en meaie quantite. Sous Pinfluence de cette alimentation suh- stantielie, les animaux prirent un embonpoint remar- quable; mais en mars, la maladie de sang se declara, et M. Poisson perdit 200 betes sur 250. Ge cultiva- teur s'empressa de conduire le reste du troupeau dans un pre humide au bord d'une riviere ou les animaux n'ont trouve a manger que quelques piantes vertes et tres aqueuses , et la mortalite cessa aussilot. M. Gendrot a ete temoin de ce fait. "Void un exemple qui demontre peremptoirement 59 que les vesces en tiges, en gousses et en grain sont des plantes qoi nourrissent beaucoup les betes ovines et occasionnent promptement la maladie de sang. Dix-hutiieme fait. — En 4827, M. Popot, cukiva- teur a la ferine de Cuny , commune de Gidj , avait achete a Janville 300 betes, les unes a gees de 2 ans, au nombre de 200 , les autres agees de 4 a 5 ans, au nombre de 1 00. Ces betes furenf amenees a Cuny au mois dejuiilet.AlorsM. Popot venait derecolter dela gesse cultivee (pois cornu) et de la vesce d'hiver dans 5 a 6 arpents de terre, et ce cultivateur entendu et soigneux avait remarcpie que malgre Inattention qui avait ete prise pour recolter convenablement ces four- rages par un temps chaud, beaucoup de debris de ces plantes et particulierement des gousses remplies de grain, etaient restes sur le sol. M. Popot s'absen- tant pour quelques jours, avait severement defendu a son berger de ne point conduire le troupeau sur le champ ou les vesces et les pois venaient d'etre recol- tes; mais le berger pensa devoir ne point tenir compte des ordres de son maitre, et mena le troupeau pendant trois jours sur le terrain dont le parcours lui avait ete interdit. Quatre jours apres, les animaux mouraient de la maladie de sang. 1 20 antenais sur 200 perirent. Les vieilles betes de 3 a ft ans furent epargnees en 60 partie. M. Foucher, veterinaire, a ete temoin de ces pertes. Dix-neuviemefait. — M. Camu, cultivateur aVil- lermain, nourrissait depuis long temps ses betes a laine pendant Thivernage avec de la paille , de la luzerne et une petite ration de provende. Ayant re- colte en 1840 une grande provision de vesce d 1 hiver en paille et en grain, ce cultivateur sedecida a don- ner de ce fourrage a son troupeau en reniplacement de la luzerne. 560 grammes (1 livre 2 onces") de ce fourrage seulement xurent dislribues a chaque bete pendant les mois de fevrier et mars. La maladie de sang se declara a la fin de ce dernier mois, et 50 be- tes sur 300 en perirent. Durant les hivers de 1841-1842, M. Camu ne donna point de ce fourrage perfide, et il ne perdit de la maladie de sang que quelques betes pendant les chaieurs. Vingtiemefait. — - M. Gaullier de la ferme de Se- ronvilie, commune de Prenouvelon, cultive une tres vaste exploitation. Son troupeau compose de 900 a 1 ,000 betes metis merinos est nourri abondamment Thiver, aussi M. Gaullier de meme que tous les grands cultivateurs de la Beauce, perd-il annuellement beau- coup d'animaux du sang. En 1830 , M. Gaullier es- saya de donner a ses brebis une plus forte ration de 64 provende et de vesce que les hivers precedents, afin de faire secreter plus de la it a ses brebiset d^elever de plus gros agneaux ; mais le sang se declara au mois de mars, peu avant le sevrage, sur ses belles brebis, et ii en perdit 90 sur 300. Pour bien convaincre encore les agriculteurs que la nourriture seche et substantielle est bien reelle- ment la cause principale de la maladie de sang, je vais rapporter encore quelques faits qui ont ete re- cueillis par des personnes dignes de toute con- fiance. Lullin, dans ses observations sur les betes a laine (1) , distingue le coup de sang des moutons en coup de sang des toils et coups de sang des champs, a Le premier, dil cet auteur, se declare a la bergerie <( lorsque les betes sont nourries d'aliments trop suc- a culents, dNine provende trop forte en grain, et « qu'on a laisse rccumuler le fumier en trop grande « quantite. » Tessier, qxfon consulte toujours avec fruit lors- qu'il s'agit de Thygiene des troupeaux, dit dans son instruction sur les betes a laine (2) : « J 7 ai vu regner (1) Observations faites sur les betes a laine pendant 20 ans, par Lullin; 1804, p. 176. (2) Instruction sur les betes a laine; Paris 1810, p. 250. 62 « la maladie de sang dans im pays ou les betes a « laine sont n'ourries pendant cinq mois de Fannee « de fourrages et de grains sees et enfermes long- « temps dans des bergeries echanffees par le peu i3 G debie e des Les bles etant semes sur un labour plat dans toute la Beauce, sont coupes ayec la faux. Cette ope- ration marche vite, evitedesmoissonneurs; mais elle a Finconvenient de bouleverser le ble, de secouer brusquement la pailFe, d'ebranler fortement les epis, et de les briser pres de leur collet. En 4842, la paille a ete vivement dessechee par la grande cha- leur qui a existe pendant la moisson, beaucoup d^epis ont ete detaches de la paille qui etait tres cas- sante , soit pendant le fauchage, soft pendant Fac- tion delier et de ramasser les gerbes. Pius que les annees anterieures a 1842, un grand nombre d^epis etaient done repandas sur le sol, et malgre les nom- breuses glaneuses qui ont parcourules champs, mal- gre les grands troupeaux d^oies venus de la So- logne pour etre conduits sur les chaumes, les betes a laine ont encore trouve beaucoup d'epis qu elles ont manges avec avidite (1). Le plus grand nombre des cultivateurs de la Beauce nMgnorent point que leble glaneparlesmou- (1) L'avidite des betes a laine pour les epis de ble, lorsqu'elles pa- turentles chaumes, n'avait point echappe a Tessier, car il en a fait la remarque dans son Instruction sur les merinos (p. 248). 75 tons pousse au sang , pour me servir de leur expres- sion ; mais un mercantile interet les engage a s'em- presser a Penvi les tins des aatres, de conduire leurs troupeaux sur les paturages comraunaux aussitot que les glaneuses ont quifte les champs. Cetix qui ne possedent que peu de paturages artificiels au moment de la moisson, croient bien faire d'attendre sept a huit jours apres {'enlevement des gerbes, pour conduire dans les chaumes ; mais bientot ils eprou- vent de grandes mortalites. Quelques uns retardent jusqu'a ce que les pluies aient mouille les champs, pretendant que le b]e gonfle par rhomidite est moins ixuisible aux moulons, ceux-ci perdent moins d 1 animaux ; enfin des cultivatetirs plus sages ne menent sur les chaumes, qu'un mois apres la re- colte, limitent le pacage, font en meme temps pa- turer sur des regains de luzerne et n'eprouvent que trespeu de pertes. Les chaumes d'avoine, dWge, regardes avec juste raison par les cultivateurs comme moins dangereux que les chaumes de ble, n'en sont pas moins tres nui- sibles aux troupeaux. Le ble, Forge, Tavoine, renferment beaucoup de gluten, de fibrine, d'albumine vegetale et d'amidon; Forge et Favoine contiennent en outre dan9 leur ecorceun principe resinoide excitant et echauffant. 76 hes moutons en mangeant ces graines prennent done sous un petit volume , beaucoup cT elements nour- rissants, ecbauffant meme , et unis a une tres faible proportion d'eau. Aussi pendant cette saison des chaumes, si on ob- serve les animaux, voit-on la peau, les muqueuses se colorer d'un rouge vif, le sang retire de la veine etre epais , se coaguler avec promptitude et ne renfermer qu'une tres petite proportion d'eau. Beaucoup de be- Effetsdu bte. tes s'arretent, cessent de manger, allongent la tete, agitent peniblement leurs flancs, et parfois sortent la langue hors de la bouche. Cet etat que les bergers qualifient de Piper, et qui ne dure que quelques in- stans, annonce toutefois une djspnee laborieuse due a un embarras dans la circulation pulmonaire, pro- venant de la grande quantite de globules que con- tient le sang. Quelques jours apres, la mortalife cau- see par le sang se declare et les betes meurent en grand nombre. Independamment des epis, les mou- tons trouvent encore dans ces pacages de jeunes trefles, de petites minettes et surtout de la renouee ou centinode {polygonum centinodium) , plantes tres nourrissantes. Enfin, je ferai remarquer que dans toutes les par- ties de la Beauce, ou le sol est sec et calcaire, les effets produits par les chaumes sont encore ghs terribles. 77 Je considere done le paturage sur les chaumes conclusion, apres la moisson, et surtout le glanage du grain, comme une des causes principales de la maladie de sang dans la Beauce. JPajouterai en outre que si en 4 842 la mortalite a ete plus considerable que les an- nees precedentes, on doit Tattribuer entre autres cau- ses a une plus grande quantite d'epis repandus sur les chaumes. A cette cause puissante vient s'en ajou- ter une autre non moins dangereuse determinee par le parcage. D. Parcage, insolation, inconvenients .—~V &\ dit que generalement la tonte des betes a laine se faisait du 20 au 30 juin. Le plus grand nombre des cultivateurs etablissent le pare sept a huit jours apres la tonte. Epoque da parcage. Quelques uns attendent quinze jours. Pendant toute la saison du pare qui dure Tete et une partie de Pan- tonine, les troupeauxne sont rentresala bergerie que pendant les trop grandes chaleurs et lorsq^on pre- voit une nuit orageuse. Le parcage des moutons est assurement une prati- ]e Vai }u v g a e i que excellente pour fumer les terres ; mais il nuit es- S'enTs "pour . . ^ les troupe aux. sentieileinent a la sante des moutons lorsqu'on specule trop sur son emploi, ainsi qu'on le fait en Beauce. Ramassees en grand nombre dans un endroit circon- scrit, exposees a Pardee des rayons du soleil, forcees de se coucher sur un sol soUVcot brulant et de respi- 78 rer nn air chnud , sec, avide d'humidite et souvent charge d^une poussiere fine, irritante, emporlee des guerets par le vent; tourmentees par les attaques des mouches et des taons; les betes a laine sont ainsi condamnees par Phomme a rester dans nne position tres fatigante pendant cinq a six hemes. Aussi vo.it- on les betes se rassembler en tas dans un coin du pare, respirer vite et penibleuient, baisser la tete, la cacher sous le corps de leurs voisines et se coucher le ventre a plat sur le sol , pour y chercher un peu de fraicheur qu'elles n 7 y trouvent pas. Alors on voit la peau rougir, se dessecher, se fendre et des erysi- peles, designes sous le nom de coups de soleil, se de- clarer a la tete, sur le doset sur les cotes. En \ 842 sur- lout, a cause de la persistance des grandes chaleurs, aussibien quedans les annees4 775(1), 4 780, 1782(2), 4811 et 1835, les effets produits par Tinsolation ont ete terribles. Les moutons, dit Daubenton, resis- tent a toutes les intetnperies de Tair dans notre cli- mat, excepte a la grande chaleur du soleil (3). Effets perni- U est evident que sous de telles conditions et maJ- cieux de l'inso- ,,,. , in • i < n lation. gre la resistance opposee par les forces vitaics a l ac- tion des causes qui tendent a detruire IVi-ganisme, l e (1) Histoire de la Societe de medeeine; an 1770, p, 254. (2) Instruction veierinaire; t. p. pages 368 et suivantes. (3) Daubenton, Instruction $W les bergers j 3 e edition, p. 208, 79 sang, (Tune part, par Finfluence de la secheresse et du degre de temperature de Fair, ne doit-il pas perdre beaucoiip de son eau naturelJe et circuler plus difficile- ment dans les plus petits vaisseaux ; et d^autre part, ce liquide si essentiel a la vie mis en contact dans le pou- mon avec un air chaud^ dilate, charge parfois d^elec- tricite, souvent rempli de poussiere, ne doit-il pas etre imparfaitement transforme de sang veineux en sang arteriel pendant Facte de la respiration, et eprouver des alterations dans la qualite de ses principes glo- buleux ou fibrino-albumineux? Ces efFets me pa- raissentincontestables, D^ailleurs, ces causes determi- nantes s^ajoutant a la predisposition suscitee par une nourriture echaufFante et donnant beaucoup de glo- bules au sang , ne seraient-elles pas deja suffisantes pour determiner le sang ainsi altere dans sa compo- sition, a stagner dans les organes qui en recoivent beaucoup et A susciter des congestions , des hemor- rhagies? Jele crois fermement. Mais a ces deux causes qui ont agi avec une energie peu commune en 1842, vient s^en aj outer encore une troisieme non moins efficiente qu'elles, et queje vais relater. E. Boisson pendant Vete. — Usage del eau salee. — Inconvenients \ — Dans la cour ou dans le voisinage de fermes de la Beauce , existe ordinairement une mare pour abreuver les troupeaux. L'ete cette mare 80 Eauvaseuse: est souvent dessechee et ne conlient quWe eau va- seuse, croupie, infecte,que beaucoup de cultivateurs laissent boire aux betes a laine. En 1 8/42, surlout a cause de la persistance de la secheresse qui a existe, les troupeaux ont ete forces de s'abreuver avec ces eaux impuresetmalfaisantes. L 1 absence de mares, de ruis- seaux dans la plaine, Peloignement parfois du pare des habitations, forcent les fermiers a conduire avec un tonneau Teau destinee aux moutons parques. Cette eau qui provient generalement de puits tres profonds, est , . tres fraiche et souvent vaseuse, mais s'echaufle bien- Eau fraiche. 7 tot dans le tonneau, depose sa vase et acquiert ainsi une salubrite convenable. Elle ne me parait done pas avoir des qualites nuisibles a la sante des troupeaux. Mais pendant les chaleurs de Fete, les eaux de puits etant basses et les animaux etant alteres, tant par la temperature que par une nourriture echauffante , demandent une quantite d 1 eau qu^n ne pent pas tou- jours leur donner. Parfois deja malades ils refusent de boire, lechent les murailles, et les cultivateurs, ainsi que Tessier le recommande (1), s'empressent alors de faire dissoudredu selmarin dansTeau qui sert de bois- Eau salee. x son. La proportion est d'un kilo 500 gr. (1 livre 1/2) par \ 00 litres d'eau pour cent betes et par jour. (t) Histoira de l'Academie de medecine , 1776 , p. 254 \ — et In- struction sur les merinos, p. 252. 81 Les animaux boivent done de cette eau salee qui inconvenient . les altere et les excite a boire davantage; aussi cul- tivateurset bergers sont-ils satisfaits d'avoir trouvele moyen d'abreuver le troupeau. Mais cette boisson ex- citante reunie a Fusage de grain dans les chaumes, a Finsolation au pare, aggrave Fetat des animaux qui sont predisposes a la maladie, et bientot on la voit se manifester, ou bien sidle sevit deja sur le troupeau, elle prend tout a coup une exasperation terrible. Les cultivateurs qui pensent generalement que le sel est rafraichissant , salent alors Feau davantage, les animaux qui appetentFeau salee en boivent une plus grande quantite , et le mal va toujours en augmen- tant. J'ai note chez quarante-cinq cultivateurs, qui avaient ainsi l'habitude de donner de Teau salee pendant le paturage sur les chaumes et la saison du pare , que la mortalite , toutes choses etant £gales d^illeurs, avail ete plus considerable. En resume, quatre causes puissantes contribuent, itdsum^ des 1 r causes de la ma- pendant les mois de juillet , aout et septembre, a Jjjj,^ ^g™ 8 augmenter la mortalite due a la maladie de sang dans la Beauce. Je les classerai selon Tenergie de leurs eiFets morbides, ce sont : 4° La predisposition des animaux a. contracter cette maladie par F usage des* aliments qui donnent 82 beaucoup d'elements organiques au sang soit durant Fhivernage, soit pendant les mois de mai et juin; 2 9 Les grains de ble, d'orge, d 1 avoine etlesjeu- nes legumineuses tres nutritives que les betes trou- vent a manger dans les champs de chaurne eu juillet et aoiit? 3° L'insolation, Pair chaud, poussiereux, eharge d'eleetricite que les animaux respirent etant au pare, causes qui nuisent essentiellement a Fhematose; 4° IVinsuffisanqe des boissons, leur insalubrite dans quelques eirconstances , Feau salee dans d'au- tres ; 5 9 Enfin j'ajquterai que si en 1842 la morta- lity causee par la maladie a ete beaucoup plus con- siderable que les annees preeedentes, on doit Faitri- buer au plus grand nombre d'epis que les animaux out glane dans les cbaumes, a la persistance des fortes chaleurs qui ont existe pendant Fete, a Pinsa- lubrite plus grande des eaux de mares, dont les ani- maux ont ete forces de sVbreuver pendant un temps plus ■ong »• Les orages qui amenent tout a coup des recrudes- cences dans la mortalite , doivent etre considered comme des eirconstances aggravantes qui precipi- tent la marehe et la terminaison mortelle de la ma- 83 ladie soit sur les animaux qui y sont predisposes , soit sur ceux qui en sont deja atteints. F. Hygiene de Vautomne. — Lorsque les pluies du commencement de septembre arrivent , que les re- gains de luzerne, de trefle, de sainfoin, poussent et deviennent aqueux, que les chaumes de ble, d^avoine, dWge, se garnissent d^erbes , qu'enh'n les Iron- peaux trouvent dans les champs une nourritnre plus - La moTtaHl6 , , *. r <#r . i . diminue et ccs- aqueuse et temperante, la mortahte dimmue de jour se en amomne. en jour. Quelques betes meurent cependant encore, lors- que le mois de septembre est beau, et que les ber- gers laissent paturer sans discernement , soit sur les chaumes de ble, d^voine, ou vegete beaucoup alors la renouee ou hache'e , plante sanguine et tres nour- rissante , soit sur les regains succulent? dont on a recolte les graines. Vers la mi-septembre , le com- mencement d'octobre, la maladie disparait tout a fait. §5. Instruction des cultivateurs et des bergers sur l'hygiene des b6tes a laine. — Avantages que les bergers retirent de la mortality. — In~ convenients. Les bergers de la Beauce sont generalement pea instruits sur ce qui regarde Phygiene des troupeaux. 84 Leur maxime est que les betes a laine doivent manger beaucoup afin queiles donnent le plus de profit possible, soit en chair, soit en lait pour Ve- leve de beaux agneaux , soit en laine. Presque tous les cultivatears ont aussi cette opinion. Sans doute il est convenable de bien sustenter les betes a laine pour obtenir de la taille , du volume dans le corps, et du poids dans la toison ; mais il est nuisible En donnant , , , . . , 1 , una forte ration de les trop bien nourrir au point de determiner une aux animation i L e? g on d perd C °de maladie qui fait perdre d'un cote ce qu'on gagnc de l ' autre * ii , n • 1 autre; or, cest malheureusemeul ce qui existe en Beauce; les cultivateurs perdent beaucoup parce quails veulent trop gagner sur les troupeaux. Les cuiuva- Maitres etbergers ne connaissent que pen ou point teurs et les ber- ° . , . sentpoinTaS ^ a valeur alibile des aliments qu'ils donnent aux be- la valeur alibile . v imii des aliments, tes a laine, et c est la le mal. Tel berger par amour- propre desirera avoir des betes rondes et grasses, et pour atteindre ce but donnera journellement une plus forte ration de grain. II volera merae de la pro- vende dans le grenier de son maitre , pour la faire manger a son troupeau. JTai recueilli beaucoup d^exemples de ces sortes de larcins. Tel autre berger est insouciant, ignorant, entete, et fera manger une forte ration, pretendant que ce ne sont point les ali- ments qui causent le maLOr, dans ces circonstances, il est rare que la maladie ne ravage pas le troupeau 85 du cultivateur quipossede de tels serviteurs. Au con- traire, dans toutes les exploitations ou j'ai rencontre des bergers ages , instruits sur Thygiene des trou- peaux, partout aussi, toutes choses etant egales d^ail- leurs, la maladie faisait peu de victimes. Des cultivateurs qui possedaient depuis long- Bons bergers. x A to ^vantages. temps de ces hommes rares et precieux, ne per- daient que peu ou point de betes ; depuis leur mort, leur changement, ils perdent beaucoup. Et en effet, il suffit que le berger laisse manger des ali- ments tres nourrissants pendant quinze jours , un mois, souvent moins; qu'il laisse le troupeau au pare expose a Tinsolation pendant quelques jours , pour voir se declarer la maladie a laquelle les ani- maux sont predisposes. Je n'ai rencontre dans toute la Beauce que fai ex- Les bergers ne 1 J saignent point a ploree , quW seul berger sachant saigner les betes ajugulaire - a laine a la jugulaire. Tous pratiquent cette ope- ration soit a la veine angulaire , d^apres Dauben- ton et Tessier, soit a la veine de Tars , soit en coupant en travers une petite division de Partere sous-pubienne. Ces saignees ne donnent jamais assez de sang pour faire obtenir une depletion san- guine generate. En outre, pour les saignees a Pars, a Tartere sous-pubienne, incisant la peau en travers de la direction du vaisseau, dissequant le tissu eel- 86 lulaire sous-cutane , ces hommes font une plaie qui renfermant bientot du sang altere par le contact de Fair, de la sanie purulente et des larves de mouches, se gangrene rapidement et amene la mort. En Beauce , lorsque la maladie de sang regne dans un troupeau , assurement le proprietaire fait des pertes; le berger fait des benefices* Voici com- ment : ber C e"™ont des 5) ans ^ es conditions de louage , il est convenu que dantia C raort P aiue le suif des betes qui meurent est pour le berger ; causee par la maladie de sang. et on se rappellera que ce sont les betes les plus belles, les plus grasses, qui sont les premieres vic- times dans le troupeau. Le berger depouille Fam- ilial, remet la peau au maitre etrecueilleavec soinle suif que le cadavre pent donner. Selon les rensei- gaements qui nVonft ete fournis , une brebis, en bon etat, a toujours en moyenne deux kil. de graisse ; cette graisse appelee suif mort ^ se vend au prix de 65 centimes au moins le kil. ; et celui des animaux tues dans les boucheries , nomme suif vivant, se vend ordinairement de 80 a 90 centimes le kil. Or si dans un troupeau de 500 betes, il meurt en une annee 50 animaux, chiffre tout a fait ordinaire, le berger peut done recolter 100 kilog. de suif qui lui rapporteront 65 a 70 francs ; eh bien, je puis har- diment Fassurer, cette somme est lc pis aller du gain du berger qui, ainsi, obiient une prime sur la mor- talite, Je dirai plus, des cultivateurs dignes de toute confiance, m'ont assure que des bergers avaient fait la honteuse speculation de faire perir de la maladie de sang beaucoup de betes dansle troupeau quileur etait confie, et certes cela n'est pas difficile, pour aug- menter ainsi le petit revenu quails retiraient de la mortalite annuelle. Je dirai done, en terminant, qu^ndependamment Conclusion. de Fexistence de toutes les causes predisposantes et determinantes de la maladie de sang, dont j**ai trace Fhistoire, je dois encore ajouter quele peu de con- naissances que possedent bon nombre de cultivateurs et de bergers de la Beauce, sur la valeur alibile des aliments etfbygiene des troupeaux, que l'usage ge- neralement etabii de laisser profiter les bergers du suif des cadavres, sont des conditions qui conlri- buent puissamment a Ja naissance et a la persis- tance de la mortalite annuelle due a la maladie de sang. 89 CHAPITRE III. May eras curatlfs ei pr£servatlfs tie la nialadie i en upeau, malgre la diminution de la ra- tion, montre encore trop de sang, il sera tres utile Sel marin. 405 de faire dissoudre dans Peau des baquets renfermant la boisson, 500 gr. (1 livre) cle sulfate de soude ou sel de Glauber, dans 1 00 litres d'eau. Ce sel rafraichit le canal intestinal, fait couler les urines plus abondam- ment et, condition importante, la soude qu'il con- tient, agissant sur les principes organiques du sang, rend celiquide moins fibrino-albumineux, plus fluide et plus facilement circulable dans les petits vaisseaux. Ce sel dont deja beaucoup de cultivateurs des envi- rons d'Arthenay et de Pithiviers ont fait usage, est moins cber que le sel marin. II coute 30 a 35 centi- mes la livre cbez les droguistes. Un mouton qui boit ordinairement par jour un litre et demi a deux litres d^eau en hiver, depensera done en sulfate de soude , le tiers d'un centime. 1 0° Les bergeries devront etre curees au moins Salubrit6 des quatre fois pendant Thivernage. Ce n'est point la ergenes ' quantite de fumier amoncele dans la bergerie qui donne de la chaleur aux betes , et notamment aux agneaux lors de Fagnelage , mais seulement la cou- cbe d\m pied qui en forme la superficie. Le reste de la masse du fumier diminue la hauteur de la berge- rie et altere la quantite d'air pur que les betes doi- vent avoir pour respirer. L 1 accumulation du fumier r^est done utile que dans le moment de Fagnelage , pour donner de la chaleur aux petits agneaux. On 106 ne devra point calfeutrer les portes et les fenetres pendant Fhiver, ainsi que beau coup de cultivateurs ont Fhabitude de le faire. Le sol de la bergerie est souvent depuis tres long- temps impregne , a un metre et plus , de matieres animales qui degagent des gaz malfaisants. Ce sol noiratre et infect devra etre enleve tous les deux ans et remplace par une nouvelle couche de terre bat- tue. Cette terre forme un excellent engrais qui don- nera une recolle superbe. Pour eviter le froid et pour entrainer au dehors de la bergerie Fair impur et les emanations malfai- santes qui s'eievent constamment des fumiers, il est indispensable de pratiquer une eheminee deration dans chaque bergerie. Ges cheminees sont faciles a etablir et a peu de frais. On pratique, dans le milieu du plafond de la bergerie, ordinairement entre deux solives , une ouverlure de un a deux pieds de dia- metre. Une semblable ouverlure doit etre egalement faite au toit vis a vis ceile-ci. On prepare avec plu- sieurs planches de sapin un conduit de 1 5 a 20 pon- ces de diametre, et assez long pour, etant engage dans Fouverture du plafond, aller gagner le toit et s^elever d^un pied au dessus. Ce simple appareii eta- blit un courant d^air de bas en haut, qui entraine au dessus Fair chaud , les vapeurs infectes , les gaz 107 irritants, tout en maintenant une temperature egale dans Fetable. Un seul ventilafeur suffit pour aerer une bergerie contenant 200 moutons. Toutefois on tiendra coinpte des ouvertures qui existeront aux murs. Moyens preservatift applicables au regime du printemps et de l'ete , *a, la tonte, au parcage et au paturage d'automne. Regime du printemps. — Le pare devra toujours etreetabli, aussi bien pour les betes faites que pour les agneaux, sur les seigles, let refle incarnat, la mi- nette , le sainfoin , la luzerne et le trefle cultive , si peu que ces plantes soient grandes et fortes. Le ber- ger certes aura un peu plus de mal pour etablir et changer son pare , mais le proprietaire j trouvera de Teconomie en ce quHl evitera le gaspillage , et rationnant ainsi ses betes selon ['indication fournie par Fetat des yeux, de la peau, de Tembonpoint , ii evitera la maladie de sang. 4° Les plantes d^speces diverses qui vegetent sur les jacheres en mars et avril, sont rafraichissantes et tres utiles a la sante des betes a laine; on fera done bien d ? y conduirele plus possible les troupeaux ; 2° Les trefles sont surtout a craindre ; il ne faut y faire paturer les moutons qu'avec beaucoup de cir- i08 conspection. Cette verdure leur fait promptement pisser le sang et les predispose a la maladie ; 3° Les vesces driver associees au seigle ne seront paturees qu'avec la plus grande moderation et tou- jours au pare ; 4° Les animaux qui n'ont eu qu\me faible ration d^aliments pendant Fhiver , de meme que ceux qui ont ete abondamment nourris, devront principale- ment etre surveilles et parques avec tout le soin pos- sible ; attendu que ces animaux seront les premieres victimes de la maladie ; juguiSre? 8 * la 5° Le cultivateur soigneux qui s'apercoit que ses plus beaux et ses plus gros animaux ont les yeux rouges, injectes, la peau d^unrose vif et parfois bru- natre, devra les faire saigner a la jugulaire (veine du cou) et non a Foeil , aux ars et aux aines comme les bergers ont Thabitude de le faire en Beauce, L'ou - verture pratiquee a la jugulaire permettra de laisser ecouler la quantite de sang que Ton croira convena- ble de soustraire des vaisseaux. On pourra sans incon- venient retirer a cette veine 250 gr. (A/2 livre) jus- qu'a 500 gr. (4 livre) de sang a un belier ? a une grosse brebis ou a un mouton de deux a trois ans, et 1 20 gr. (4 onces) a un agneau de Fannee. La saignee pourra etre repetee une , deux , meme trois fois, si Tetat du troupeau reclame cette operation. 109 6° (Test en avril, mai et iuin que les betes a laine Pamragesna- * J ^ turels. ont surtout besoin de manger les plantes des prai- ries naturelles pour changer les proportions des prin- cipes organiques et aqueux du sang. Je me suis assure depuis longtemps que dans toutes les exploitations ou il etait possible de faire paturer les plantes qui croissent naturellement pendant les mois d'avril, mai et juin , le sang ne se declarait pas parmi les troupeaux ou bien n'y faisait que tres peu de victi- mes. Les cultivateurs qui auront done des chemins, des allees , des avenues , des bois , des friches , des landes , des prairies naturelles, devront y mener le troupeau de temps en temps pendant plusieurs jours et meme plusieurs semaines. Le ray-grass vegeterail, ie le crois, en Beauce, la paturages avec J & ° J le ray-grass d'l- surtout ou la terre est un peu fraiche. Cette plante a laIie * Tavantage d^etre precoce et de pouvoir etre paturee des le commencement du printemps ; elle ne s^leve pas tres haut, forme un gazon toufFu et constitue un excellent parcours pour les moutons. Cependant , pour donner plus de duree a la prairie, le ray-grass etant bisannuel , on peut y associer Tivraie vivace. Alors, selon Gilbert (1), il peut durer neuf, dix et quelquefois douze ans. Ces paturages, si abondam- (1) Traite des prairies ariificielles^ p. 102. ; MO ment repandusen Angleterre, sont fort precieux, je le repete , pour les troupeaux. Tels sont les soins a mettre en pratique pour pre- venir la maladie de sang dans les mois de mars, avril, mai et juin. Mo-yens preservalifs a employer pendant les chaleurs de l'ete. Tonte. \° Xante. — La tonte se fait generalement en Beauce du 20 au 30 juin, et je me suis attache a en faire ressortir les inconvenients. II serait utile defaire tondre ies mou- cette operation du 15 au 20 mai pour les agneaux tons en mai. L \ et les moutons, et du 1 er au 11 juin pour les brebis qui ont fait agneau, et dont la toison n'est pas encore assez haute. En nourrissant a cette epoque les ani- maux a la bergerie pendant huit jours pour eviter les premieres impressions du froid, il serait possible alors, dans le courant de juin, de les sortir toute la journee. Or, depuis le 20 mai jusqu^u 15 juiliet, epoque ordinaire de l'etablissement du pare, la toi- son aurait le temps de repousser et d'abriter la peau de la temperature elevee de Patmosphere, du rajon- nement de la chaleur du sol, de Thumidite de la terreet despluies dWages. On pourra objecter que la mois de mai n^st pas Fepoque de la vente des lai- 111 nes , que les marchands pourront dedaigner de les acheter, parcequ'ii ne fait point encore assez de cha- leur pour, apres les avoir lavees, les faire secher au soleil ; mais ces considerations mercantiles ne devront point influencer les cultivateurs sur des interets plus chers, la conservation en sante de leurs troupeaux. Deja plusieurs cultivateurs ont mis cet usage en pratique et en ont recueilli les fruits. Les fermiers auront, il est vrai, une difference en moins dans le poids de la toison, Pannee ou ils mettront en prati- que cetfce innovation ; mais la difference en plus de Tannee suivante fera compensation. 2° Parcage. — I^etablissement du pare apres la Parcage . tonte, le paturage sur les cbaumes apres la moisson, signaleut Pepoque de la plus grande mortalite en Beauce, II est done important que je nPattache abien specifier les moyens preservatifs a employer a cette epoque qui coincide avec les plus grandes chaleurs de Tan nee. JPai fait observer que generalement on forcait les troupeaux a sojourner au pare nuit et jour trop peu de temps apres la tonte , et que cette mau- vaise pratique eta it une des principales causes oc- casionnelles de la maladie de sang sur les animaux qui y etaient predisposes. Plusieurs fermiers intel- ligents m'ont assure avoir fait tondre leurs agneaux 112 a la fin de mai et avoir conserve ces animaux bien portants pendant ies chaleurs, landis que leurs me- res depouillees de leur toison le 22 juin et mises au pare le 15 juillet, etaient mortes de la maladie. (Test done un motif a ajouter a ceux que j^ai deja fait va- loir en disant qu 1 il etait utile de laisser repousser la toison des betes avant de les exposer a la chaleur du jour et a la fraicheur des nuits pendant le sejour au pare. Neanmoins les precautions suivantes seront prises. 1° On ne devra jamais laisser les troupeaux au pare pendant les chaleurs. Les cultivateurs n'ignorent point que pendant le milieu de la journee les betes a laine se ramassent dans un coin du pare, pour sV briter en commun des rayons du soleil, et qu'alors elles fument tres irreguiierement le sol. Or, en evi- tant la chaleur de dixheures a quatre heures, les cul- tivateurs previendront le mal cause par Finsolation, et en outre les betes , se dispersant ca et la dans le pare, fumeront le sol plus uniformement. Les ani- maux devront etre sortis le plus matin possible pour quails mangent les herbes recouvertes encore de to - see ; ils seront rentresa la bergerie des neuf heures du matin etn^en sortiront qu'a quatre heures dusoir. Le sol de la bergerie devra etre recouvert d'un pen de fumier seulement, pour eviter les refroidissements 443 du ventre sur un sol frais. Toutesles portes et les fe- netres exposees au nord seront ouvertes pour donner acces a Fair et eviter la ehaleur. Je regarde comme une condition tres importante a remplir pendant le sejour a la bergerie, de donner, si on le peut, une ration de fourrayes , et de tenir toujours les baquets remplis d'une boisson rafraichissante, comme il sera ci-apres indique. Des hangards construits a peu de frais, adosses aux murs des locaux de la ferme du cote nord, pour y placer les troupeaux pendant les chaleurs, seraient des depenses bien faites. Les betes en s'y reposant respireraient un air pur et ne seraient point as- phyxiees par la poussiere emportee par le hale qui souffle sur les guerets. Lors des nuits orageuses de Pete, des nuits frai- ches et humides d« Fautomne, les betes devront etre rentrees a la bergerie. Les bains froids, l'immersion dans les mares , les rivieres, sont plus nuisibles q^utiles. 3° Boisson des animaux. — La temperature, la Boisson des 1 animaux. secheresse de Fair, Tusage du grain que les betes gianent dans les chaumes, excitent la soil' et portent les aniinaux a boire beaucoup. L ? eau fraiche sorlant des puits profoncls de toute la Beauce, peut occa- sionner et determine en effet des indigestions dVau. 114 On pent eviter ces inconvenients en laissant sejour- ner Teau pendant quelques heures dans les tonneaux destines a ]a conduire an pare. Pendant les mois de juillet et aout, Feau devra etre rendue desalterante et rafraichissante. Or, le sel marin qu\)n y fait dissoudre ne peut remplir ce but. An contraire, cette eau salee, ainsi que je Fai dit, echauffe les animaux et les altere beaucoup. Les cultivateurs observent que pendant les chaleurs les betes recherchent instinctivement les matieres sali- nes, parce quails les voient lecher les niurailles, et c^st une raison pour eux que les betes ont besoin d'eau salee ; mais le sel que les animaux recherchent alors nVst pas le sel marin : e'est le nitrate de potasse on salpetre, sel tres rafraichissant. L^eau salee, je m'en suisassure, lorsquVlleestbuedurant les chaleurs, pen- dant l'exislence de la maladie, augmente la mortalite. sei de Glauber. Le sel qui devra etre dissous dans la boisson sera le sel de Glauber, dans les proportions que j^ai in- diquees page 4 05. Limonade L'aeide sulfurique ou vitriol liquide uni a Teau min6rate ralVai- chissame. constitue une excellente limonade minerale pour rafraichir le sang et temperer la soif. Cet acide coute un franc lekilog., et en versant dans 200 litres d'eau 250 gr. (8onces) de cet acide, etremuant le liquide, on confectionnera a bon marche une excellente bois- •115 son rafraichissante pour un (roupeau compose de 100 a 130 betes. Uacide acetique ou le vinaiere du commerce est Boisson tem- 1 ° peranie avec le aussi Ires precieux pour former avec Teau une bois- vma,gre - son parfaite pour etancher la soif, faire couler la salive, les urines en plus grande quantite, temperer la chaleur de toutes les parties du corps, etendre le sang d^une plus forte proportion d'eau et favoriser la transpiration cutanee insensible qui agit par Te- vaporation comme refrigerante. 4 litres de bon vinai- gre da commerce dans 200 litres d'eau, sont suffi- sants pour procurer cette hienfaisante boisson a 100 ou 130 betes, et qu^il est facile de confectionner par- tout et a pen de frais. Bon nombre de cullivateurs , a Pepoque des cha- leurs et lorsque les betes paturent sur les cbaumes, font casser de Forge au moulin, jettent ces matieres dans des baquets remplis d^eau et offrent a boire cette espece de tisane aux troupeaux. Cette boisson est emolliente et temperante, mais elle ne rafraichit pas aussi vile que Feau acidulee, et elle est plus cou- teuse. Gependant, je la considere comme fort utile. §8. Paturages des chaumes apres la moisson. Je me suis attache a demontrer que le glanage des epis de ble dans les chaumes, Tusage des succulentes 116 petites legumineuses qui y croissent , etaient des causes efficienles de la maladie de sang. chaumes ien dot- ^ e cullivateur ami de son troupeau ne doit point r!s! le faire conduire sur les chaumes de ble, d^avoine et dWge, avant le commencement de septembre, ou avant que ces paturages n'aient ete completement mouilles plusieurs fois par la pluie. Alors le ble est penetre d'humidite, il est germeparfois et n'est quepeu ou point nuisible aux moutons. Toutefois encore, ce pacage ne doit etre tolere qu'aux conditions suivanles: f Le berger ne fera paturer que pendant deux heures par jour sur les chaumes de ble, et troisheures au plus sur ceux d'orge et d^avoine. 2°Lerestedu parcours devra etre fait sur des guerets et notamment sur des luzernes, des herbes croissant naturellement au bord des chemins, des bois, si ces parcours il j a. 5° Si le cultivateur ne peut faire paturer que des trefles ou des sainfoins, il aura encore la precaution de ne point laisser manger a volonte les animaux sur ces prairies qui donnent le sang. 4° Enfin it est preferable dans cette saison si dan- gereuse pour les moutons, de laisser deperir le trou- peau, quede chercher a lui donner de l'etat ainsi que le font les fermiers qui calculent mal. II sera toujours possible et avec beaucoup moins de danger de faire 417 acquerir de Fembon point aux animaux vers la fin de septembre et la premiere quinzaine d'octobre. 5° Si le berger s^percoit que les animaux ont les yeux rouges et lechent les murailles ; qu'ils s'arrelent et respirent peniblement dans les champs : si en outre quelques betes ont une urine- rougie par du sang, et rendent des excrements mous, glaireux et sanguinolents, la saignee a la jugulaire devra etre pratiquee sur toutes les betes les plus sanguines du troupeau. Une plusgrande quantite de sang sera re- tiree a celles qui offrent deja les signes avant-cou- reurs du mal. Tout le troupeau devra etre mis a la diete, aux boissons acidulees et a paturer sur des luzernes seu- lement, si cela est possible, jusqu 1 ^ ce que les mu- queuses, la peau,aientrepris une teinted^n rose pale. JVi employe, jePassure, ces saignees, ces moyens preservatifs sur un grand nombre de troupeaux de la Brie, et j #, ai pu prevenir ainsi ou arreter la maladie de sang. §9. P&turages particuliers pour rafraickir les troupeaux pendant les chaleurs et apres la moisson. Des cultivateurs distingues parmi lesquels je cite- rai MM. Lucereau aTripleville, Faucheux (Sebastien) a Trogny, Penot a Ecouy, etc. etc. ; font des patura- 448 ges frais et temporaires, pendant les chaleurs et la saison des chaumes, qui meritent d'etre mentionnes ici tout particulierement. En mai, en juin et a diverses epoques de ces deux mois, ces cultivateurs ensemencent sur un labour fait sur des chaumes d'avoine ou d'orge, un melange d'a- orgeetavoine voine et dWge. Ces graines semees epais, poussent des plantes serrees, tendres, aqueuses et exeellentes a faire manger en vert pendant les inois de juin, juillet et aout. Paturees le matin et avant la vaporisation de la rosee pour quViles soient plus aqueuses , ces gra- minees ne meteorisent point les animaux, les rafrai- chissentbeaucoupet rendent, chose importante,leur sang plus aqueux. Ges pacages peuvent etre formes sans fumier, ils ne content au cultivateur que la peine de les faire en temps opportun. On ne doit point les regarder corame tres alterants pour le sol , puisqu'ils n'occupent la terre que fort pen de temps et qu'ils sont manges avant la floraison etla formation do grain . Quelques cultivateurs objectent que ce paturage seche tres rapidement et n'est qu'ephemere: cela est vrai ; mais je dirai avec les hommes intelligents qui les metlent en pratique , qu'il ne peut en etre ainsi lorsqu'on a Fattention de les semer a diverses epo- ques de mai et de juin , de maniere a pouvoir les faire manger successivement pendant les chaleurs. 119 Les cultivateurs que fai cites, qui ont ainsi pris la peine de faire de ces paturages d^ete , font beaucoup moins de pertes dans leurs troupeaux. Je les considere done conime eminemment utiles t °J K™ceue t mi n pratique. et ne saurais trop les loner et en conseiiler I usage pour les betes a laine pendant les chaleurs de fete. Les prairies naturelles composees avec le ray-grass seraient aussi tres utiles a cette raeme epoque. Je suis entierement persuade que si tons les culti- vateurs de la Beauce voulaient bien se donner la peine de chercher a faire plusieurs hectares de patu- rages avec les graminees vivaces, ce qui ne me parait pas impossible, et ne point s'adonner autant a la cul- ture des cereales et des legumineuses en prairies arti- ficielles; de planter des bouquets d'arbres dans les champs pour donner de Sombre aux troupeaux pendant Tete, ils perdraient considerablemenl moins de betes du sang. § 10. Soins a prendre pendant !e paturage d'aulomne. Pendant le mois de septembre, la mortalite dimi- nue , mais persiste cependant encore si ce mois est sec. Les troupeaux a cette epoque paturent sur les chau- mes de ble, d'avoine, dWge, et y trouvent les minet- 120 tes, les trefles , les luzernes, les sainfoins de Fannee et surtout la renouee ou hachee. II est necessaire de modererencorebeaucouptepacage sur ces chaumes, qui sontalors pourvus de plantes succulentes et san- guines, et de conduire aHernativement sur ces lieux, sur les luzernes , sur les chemins et sur les prairies naturelles. A la fin de septembre et pendant la premiere quin- zaine d'octobre, les prairies artificielles deviennent perfides, parce qu'elles meteorisent dangereusement les animaux. On ne devra done les faire paturer qu'avec moderation, et seulement dansle milieu de la journee. § H. Ce qu'il conviendrait de faire a 1'egard des bergers. Pour prevenir tout abus de confiance de la part des bergers dans le regime des troupeaux, il serait a desir^r que les cultivateurs retirassent les benefices donnes par le suif recueilli a Tautopsie des cada- vres. Mais il serait en meme temps tres essentiel pour les encourager a s'instruire dans laconduite etFhy- giene des troupeaux, de leur accorder, independam- ment de leur salaire, une prime basee sur le petit nombre de betes mortes du sang dans Fannee. Je vais expliquer ma pensee. 121 La mortalite ordinaire dans toule la Beauce est en Prime a awar- der aux bergers moyenne de 20 sur 100 par an. Or, je crois qu'i! se- pe U debates Ln rait fort sage d'aecorder au berger qui, par nn re- gime et des soins bienentendus, ne perdrait que 15, 40, 5, 2 pour 100, une prime dom le chifFre serait proportionnel au petit nombre de betes mortes dans Fannee. Cette prime pourrait s'elever jusqu'a 300 fr; Ainsi assure d'etre recompense de ses bons services, le berger serait interesse a etudier les moyens d'hy- gienecapablesde prevenir la maladie; et le proprie- taire, tout en payantla prime, trouverait encore dans cet arrangement un grand benefice dans la conser- vation de son troupeau. On peut alleguer contre cette innovation que le Motifs comre JT . o t. cette innovation. berger n'etant plus interesse a la recolte du suif , pourra refuser de depouiller les animaux et d'ouvrir les cavites du corps pretendant qu'il y a danger de contracter la pustule maligne ? Cette objection ne peut etre serieuse, la maladie de sang des moutons de la Beauce ne revet point le cachet du sang de rate charbonneux des marais. D'ailleurs les bergers ont I depouille !es animaux jusqu'alors sans crainte d'acci- | dents, et j'ai dit que je n'avais pas , de moncdte, re- I cueilli dans toute mon excursion, un seul exemple j de cette transmission. Je crois done qu'aujourd'hui les bergers de la conclusion. 122 Beauce trouvent un a vantage dans la mortalite des troupeaux, par la maladie de sang, ce qui est un mal; que ce serait une heureuse innovation que celle qui consisterait a interesser les bergers a s'instraire et a concourir a la conservation des troupeaux en leur accordant une prime proportionnee sur le petit n ombre de pertes, ce qui serait un bien. § 42. Moyens preservatifs a rnetlre en pratique lorsque la maladie sevit violemment dans un troupeau. Lorsque la maladie debute dans un troupeau et qii'en peu de temps elle fait de nombreuses victimes, que 10, 15, 20 betes a laine meurentjournellement, des moyens preservatifs doivent etre mis aussitot en pratique pour cbercher a arreter ces grandes raor- talites. Ces mojens sontla saignee a 3a jugulaire, la diete severe, le regime temperant, enfin Immigration de tout le troupeau dans des paturages naturels , frais et meme bamides. II ne faudrait cependant pas s'i- maginer que ces moyens preservatifs arretent le mal tout a coup , Inexperience a demontre le contraire. Ce nVst gaere qu'apres buit , dix et meme quinze jours qu 1 il est possible d'en apprecier les salutaires efiets. 423 V Saigne'es. — La quantite de sang a retirer des jug s u a ^ n r e e es * la vaisseaux devra varier selon Page, la taille, rembon- point des animaux, et surtout Finjection des con- jonctives et de la peau. Proprietaire et berger devront savoir que, toutes choses etant egales d^ailleurs, les agneaux de Tannce, les antenais, les beliers, ont generalement les rau- queuses et la peau d^un rose plus vif que les brebis; et que les betes de quatre a ciuq ans ont Toeil moins injecte. Les agneaux et les antenais seront saignes moins fortement que les adultes; les brebis qui ont lutte de- puis peu de temps moins que les moutons de deux a trois ans, les animaux gras moins que les maigres. Les emissions sanguines amenent toujours d^x- cellents effets sur la masse du troupeau. Dauben- ton (1), Tessier (2), Guillame (3), D'Arboval (4), les recommandent. L'experience d^ailleurs en a de- mon tre les bons effets un grand nombre de fois (5). (1) Instruction citee, p. 300. (2) Tessier, Instruction cilee, p. 251, — et Histoire de l'acade- mie, 1776, p. 254, (3) Guillame, Annates de 1'agriculture franchise , 2 e serie, t. Ill, p. 139. (4) D'Arbovai , Dictionnaire de medecine et de ehirurgie veleri- naire, 2 e edition, t. IV, p. 57. (5) Instructions velerinaires, t. I er , p. 370, 371 et 372. 124 Quant a moi, Tobservation m 1 a tout a fait edifie sur les avanlages qui en resultent. Jl est vrai que cer- taines betes deja maladesou fortement predisposees a le devenir, meurent encore pendant quelques jours; quelquefois meme on voit perir des betes, le jour ou leur veine a ete ouverte ; mais la mortalite s^rrete bientot pendant le regime dietetique qui doit suivre Femploi des saignees. Diete. 2° Diete. — Le troupeau devra etre rentre a la bergerie et soumis a une diete severe peudant trois a quatre jours d'abord, mis ensuite a une demi-diete pendant quinze jours, et enfin ramene a une ration d'entretien qui ne puisse pas faire recuperer aux be- tes le sang qu'elles ont perdu par la diete et la sai- gnee. Emigration. 3° Emigration. — Immigration des troupeaux atteints de la lnaiadie de sang , dans des paturages naturels, humides surtout, des bois, des vallees arro- sees par des rivieres ou des fleuves, est connue de- puis tres longtemps comme souverainement efficace pour arreter la maladie de sang. Les cultivateurs de la cir conference de la Beauce , ceux surtout voi- sins des forets de Marchenoir , d'Orleans , de la Sologne, de la vallee de la Loire, peuvent seulement profiter des bienfaits de Temigration; mais dans tous les hauts plateaux de la Beauce , cette transhu- 125 mation etant lointaine et tres dispendieuse est , il faut le dire, impraticable. Les cultivateurs de ces localites ne peuvent done avoir recours qu'a la saignee et au regime dietetique. Immigration, de meme que la saignee generale , la diete severe, n'arrete pas la maiadie incontinent. Si le lieu ou doit sojourner le troupeau necessite plusieurs jours de marche , bon nombre de betes meurent en route. Les premiers jours de parcours, dans les lieux humides , il en meurt encore; mais apres sept a huit jours la mortalite diminue, s'arrete tout a fait et ne reparait plus. Immigration est la derniere preuve qui me reste a invoquer pour prouver definitivement que la ma- iadie de sang est due a un exces ^alimentation, qui donne naissance a la predominance des elements fibrino-alburnineux, et siirtout globulaires du sang, puisque des conditions opposees font cesser la ma- iadie. J 7 ai recueilli douze faits en Beauce, qui m^ont demontre positivement que Immigration agissait en modifiant Falteration du sang qui cause les morta- lites. Ces faits circonstancies confirment si bien la bonte de cette pratique , que je me fais un devoir de les consigner ici. Premier fait. — En 1842, la maiadie de sang s'est Faits. declaree dWe maniere effrayante dans le troupeau 426 de M. Bubreuil, cultivateur a Sercueux (Loir-et- Cher). Les animaux paturaient alors sur les chau- mes. On saigna loutes les betes, soit a la veine de Pars, soit a Fangulaire, et on fit emigrer le troupeau dans de mauvaises prairies situees au bord de la Loire. La maladie fut bientot arretee. Au mois de septembre, le troopeau fat ramene a Sercueux, et le sang ne reparut plus. Deuxieme fait, — En -1836, M. RobiHard, culti- vateur et maire de la commune de Binas (Loir-et- Clier), avait perdu, du 15 juillet au 15 aout, 100 belles betes sur 460 composant son troupeau, qui paturait alors sur les chaumes. M. Robillard s'em- pressa de conduire les 300 betes restantes dans un paturage frais et marecageux situe pres des bords de la Loire, aux environs de Beaugency, etla morta- lity s'arreta quelques jours apres. L'emigration dura un mois, et, rentre a Binas, le troupeau ne se ressen- tit plus de Finfluence de la maladie. Troisieme fait. — En 1838 et dans le courant d'aout, M. Gaullier, cultivateur a Seronville (Loir- et-Cher), perdait beaucoup de betes du sang. Tout le troupeau fut conduit dans la vallee de la commune deMer, dans des paturages voisins de la Loire. Uire bete mourut pendant le trajet. Quatre jours apres Tarrivee du troupeau, 27 betes perirent en quelques 427 jours. Mais la mortalite sWreta a ce chiffre. Revenu apres trois seniaines a la feraie de Seronville, le troupeau resta parfaitement bien portant. Quatrieme fait, — Dans la premiere quinzaine du mois d'aout 4834. et peii de temps apres avoir fait tondre son troupeau, M. Louis Faucheux, fermier a Trogny, perdait 10 a 4 2 betes tous les jours. Toute la troupe fut conduite dans les allees d\m bois ap- par tenant a M. Darblay, maitre de poste a Chevilly, et y resta pendant trois semaines. La mala die s'ar- reta tout a coup dans ce nouveau paturage; mais le troupeau , ramene sur le parcours de Trogny, M. Faucheux perdit encore 4 a 5 betes. La morta- lite sWreta la. Pendant cinq annees de suite, a Ye- poque des mois de juillet et d^aout, et aussitot que la mortalite commencait dans le troupeau , M. Fau- cheux le faisait conduire, pendant quinze a vingt jours, dans les allees du bois dont j'ai deja parle, et cette emigration preserva toujours chaque annee le troupeau de la maladie. Depuis 1 830, que M. Dar- blay a retire Fautorisation quHi avait accordee a M. Faucheux de conduire son troupeau dans ses bois, la maladie de sang a occasionne de grandes pertes tous ies ans. Cinquieme fait, — Depuis longtemps les terres du chateau de Chevilly ne composaient que les de- 128 pendances (Tun seul domaine , et le cultivateur qui les avait afiermees ne perdait que fort peu de betes de h maladie de sang. En 18^8, le domaine fut di- vise en deux fermes, dont Fune fut appelee la ferine du chateau, et Pautre la ferine du petit Chevilly. La premiere de ces fermes eut en partage beaucoup de terres humides, iongeantla foret d^rleans, ainsi que de longues et vastes allees plantees d^ormes magnifiques , a Tombre desquels pousse pendant la chaleur un gazon tendre et frais. Cetle ferme fut louee a M. Verdureau. La seconde ferme dite du petit Chevilly , dont les terres, situees au loin de la foret d^rleans, sont seches et calcaires, pourvues aussi de quelques belles allees, mais cultivees, fut louee a M. Darnaud. Or, a partir de Tannee ou cette division dela grande ferme de Chevilly en deux petites fermes fut operee, M. Verdureau, cultivateur de la ferme ou les terres sont humides, ombragees et voisines de la foret, ne perd que peu ou point de betes a laine; tandis que M. Darnaud , cultivateur de la ferme du petit Che- villy , eprouve de grandes mor'alites, notamment lorsqu^il conduit son troupeau sur les champs sees et calcaires qui s'eloignent des terres humides ap- partenant a son voisin. M. Verdureau peut con- duire son troupeau paturer soit au voisinage de la 129 foret, soit a P ombre des arbres des allees, pendant la chaleur, lasaison des chaumes,etsesmoutonsse con- servenl en bonne sante. M. Darnaud, an contraire, qui ne peut point changer son troupeau de localite, fait beaucoup de perles pendant toute la belle saison. M. Foucher, veterinaire a Chevilly, a ete temoin de ces faits. Pai recueilli d'ailleurs sur leslieux, des deux fermiers , les details interessants que je viens de rapporter. La visite des deux troupeaux m'a fait voir, dans les betes composant celui de M. Darnaud, les conjonctives et la peau rouges et injectees; et dans eel- les du troupeau de M. Verdureau, les memes parties d\m rose fond blanc. II y avait done moins de sang dans le systeme sanguin des betes de ce dernier trou- peau. Ces observations demontrent done combien Tem- placement q^occupent les terrains ou paissent les moutons, la nature du sol, la qualite des plantes qui y vegetent, peuvent predisposer les betes a laine a contracter la maladie de sang et memela determiner. Sixieme fait. — M. Darblay, maitre de poste a Chevilly, possede dans sa belle exploitation, un beau troupeau, compose de 285 betes. La ferme de ce cultivateur distingue est formee comme celle du chateau de Chevilly, d\ine partie de terres seches dont le tuf marneux et calcaire (terre blanche) est a 130 7 on 8 pouces du sol, et dune autre partie dont la terre est fraiche et bordee par la foret d^Orleans. En 1835 et 1836, M. Darblay s^apercut que lors- qu^l perdait des animaux de la maladie de sang, c^e- tait toujours lorsque son troupeau sejournait sur la partie haute et seche de la ferme, tandis que dans la partie voisine de la foret, les betes n'en etaient que tres rarement atteintes. Depuis eette epoque, le ber- ger recut Tordre de ne conduire son troupeau que dans la partie fraiche de la ferme, et des lors, M. Dar- blay ne perdit plus ou que fort peu de betes a laine du sang de rate. Septieme fait. -— II existe entre Arthenay et Jan- ville une, commune qui porte le nom deDambron. Le sol de cette localite et particulierement celui de Poupris, un peu plus has que celui des terrains en- vironn.an.ts, sont argileux. L'eau sejourne a la surface de la terre pendant une grande partie de Thiver, et josqu'aux beaux jours. Uetendue de ces terrains hu- mides est d^ne lieue de long , d'une lieue et quart de large, et separee de distance en distance par des ilots variables en etendue. Tout le territoire environ- nant est sec et eleve. Or, les troupeaux des environs de Dambron et.de Poupris sont comme dans toute la grande Beauce, ravages par la maladie de sang, tan- dis que ceux de ces deux locahtes sont epargnes. Au 131 contraire, des precautions sont prises pour eviter Vhy- drohemie ou pourriture, uialadie de nature lout op- posee an sang de rate, et dans laquelle les elements aqueux da sang , en trop grande abon dance, fil- trent par les porosites vasculaires , et se deposent dans le tissu cellulaire de toutes les parties du corps. Aussi quand les troupeaux des environs sont atteints de la maladie de sang, s'empresse-t-on de les emigrer dans les flaques d'eau dessechees de Dambron et Poupris , pour eviter la mortalite, et en effet il est rare que des betes predisposees au sang , meurent apres une buitaine de sejour dans ces paturages. On observe meme que si les troupeaux mangent les planles aqueuses de ces lieux bumides au-dela de ce qui est utile pour modifier Fetat de leur sang, ils contractent bientot la pourriture. M. Boucher, veterinaire a Arthenay, est temoin de ces faits tous les ans. Huitieme fait. — Au commencement d 7 aout 1842, et alors que les betes a laine de M. Charrier, maire de la commune de Bouilly ( Loiret ), paturaient sur les chaumes, la maladie de sang se declara parmi le troupeau. M. Charrier s'empressa de faire emigrer ses moutons au rivage de la foret d^Orleans , et la mortalite diminua considerablement pendant trois semaines. Les betes ramenees a la ferme de Bouilly 4 32 furent reconduites sur les chaumes ; la maladie re- parut apres 1 2 a 1 5 jours : on retira tout a fait les moutons de ce pacage mortel , et la maladie cessa. Neavieme fait. — M. Chambon, maire de la com- mune de Rouvres (Loiret), perdait beaucoup de moutons de la maladie pendant le mois de jtiil— let 1 841 . Le troupeau fat conduit dans la foret d 1 Or- leans pendant 42 a 45 jours. — Quelques betes pe- rirent encore, mais la mortalite fut bientot arretee. Le troupeau ramene a Rouvres fut remis dans les meraes paturages; la maladie reparut apres 40 a 42 jours, et se continua jusqu'a la mi-septembre. Dixieme fait. — Depuis une dixaine d'annees, M. Poisson , cultivateur a Denainvillers , pres Pithi- viers, a beaucoup ameliore sa ferme ; et ses troupeaux ont ete alimentes plus abondamment Phiver et Pete. Avant ces ameliorations, M. Poisson perdait dans un troupeau compose de 600 belles betes, trente animaux par aim ee. Aujourd^hui ce cultivateur en voit mourir 125 a 450. Cette annee (4842), pendant les chaleurs etalors que la maladie frappait 10 a 42 animaux par jour, on conduisit le troupeau dans des pres bas et humides de la riviere d^Essonne pres de Pithiviers. Pendant 44 jours que les betes paturerent dans ce nouveau pacage, la maladie, apres avoir fait pe~ rir quelques betes les premiers jours , s'arreta : on 433 ramena des lors le troupeau dans les champs de chaume, et la maladie se manifesta au bout de 15 jours. Les animaux furent aiors mis a paturer dans d^autres pres de la meme localite, pourvus de beau- coup d'herbes aqueuses, et la mortalite cessa de nou- veau au bout de 1 5 jours. Trois semaines apres, tou- tes les betes furent reconduites a la ferme de Denain- villiers, et la maladie ne reparut plus. M. Gendrot, veterinaire a Pithiviers, a eletemoin de ces faits. Onzieme jail. — M. Morise, cultivateur a la ferme de la Haie, commune de Saint-Sigismond, et posses- seur de 400 betes a laine, a pris !e parti, pour eviter la maladie de sang qui decimait annuellement son troupeau, de louer, depuis 5 ans, le parcours de beaucoup de routes qui traversent la foret de Bucy. Les moutons antenais sont conduits sur ces routes pendant le mois de mars, et reviennent sur les terres de la ferme a la Saint-Jean. A cette meme epoque, les brebis vont succeder aux antenais dans le pacage de la foret, pendant 5 semaines, epoque ou, ramenees a la ferme , elles sont remplacees par les moutons de 2 a 3 ans. Depuis cette innovation, M. Morize perd fort peu de betes du sang. Douzieme fait. — Dans le courant de mai 1 842, les betes a laine de M. Poisson, fermieraMontcharville, rarent atteintes de la maladie de sang. Ce cultivateur 134 emigra aussitot son troupeau compose de 720 betes, dans des friches de la foret d^Orieans, ou il sejourna 15 jours. II futensuiteramene a la ferine etla morta- lite ne se declara que versle 15juillet. On s'empressa de reconduire les betes dans la foret ; mais alors la secheresse etait tres grande et les plantes qui vege- taient sur les friches etaient brulees par le soleil , aussi les moutons perirent-ils comme a la ferme pen- dant les 8 jours quails sejournerent sur ces lieux de- pourvus detoute vegetation. Je pourrais encore multiplier ces faits si je croyais n'avoir pas suffisamment demontre que le sejour des moutons dans les chaumes, Fusage du grain, de plantes tres succuientes, etaient les veritables causes de la maladie, et qu 1 en placant les troupeaux dans des conditions opposees, on arretait ou on dimi- nuait les ravages determines par la maladie de sang. Voici quelques faits rapportes par Tessier qui me- ritent d'etre mentionnes tout particulierement. En 1782, 1783, 1784, 1785 eH786, beaucoup de fer- miers de la Beauce qui perdaient la moitie de leur menu betail dela maladie desang, demanderent avis a Tessier sur les moyens a meitre en pratique_pour en preserver leurs troupeaux. Ce savant agriculteur conseilla de ne conserver pendant Fhiver que les brebis meres et, ao moment du pacage, de louer ou 135 d'acheter en Sologne, chez des propri£taires connus, des moutons pour paturer sur les chaumes pendant toutela belle saison. Tessier, qui savait fortbien que les troupeaux de la Sologne avaient unsang rose, aqueux etqu'ilsetaient predisposes a la pourriture, pensaii que ces animaux en reconstituant leur sang appauvri dans les champs ferliles delaBeauee, ne mourraienl point de la maladie de sang. 3,800 betes a lainesolognoles furent done de \ 781 a 1786 conduites en Beauce chez differents fermiers qui perdaient annueliement beaucoup de betes du sang, et y resterent jusqu 1 a Thivernage. Tous ces animaux se conserverent en parfaitesante.Mais ce qu^iya de fort remarquable dans cette experience faite en grand, cVst que beau- coup de troupeaux qui n'avaienteteloues que pour la saison du pare retournerent passer Thiver en Sologne, et, au lieu d 7 y contracter la pourriture, qui attaqua les betes qui n'avaient point emigre, ces troupeaux conserverent la brillante sante, la vigueur, et la bonne constitution qu'ils avaient acquises avec les epis de ble, les succulentes legumineuses et toutesles plantes sanguines quails avaient paturees dans les champs de la Beauce (1). (1) Tessier, — Memoire sur les avantages de la migration des troupeaux pour les preserver de maladies. Memoires de laSociete de Medecine, 1783, page 5.^5. 436 Peut-on trouver des exemples plus con clu ants que ceux-ci pour demontrer positivement que la mala- die de sang des moutons de laBeauceestbien reel- lenient due aux causes que je lui ai assignees? Voici d'autres faits non moins importants a relater ici. Les betes a laine d^spagne qui errent pendant Thiver dans les basses plaines de TEstramadure, de PAndalousie, de la Nouvelle-Castille, qui sont con- duites en ete sur les montagnes septentrionales de ces provinces ou elles man gent des plantes de par- cours naturels , ne contractent jamais la maladie de sang. La meme observation a ete faite en France sur les troupeaux du Roussillon, de la Provence, du Quercy, etc., qui passent aussi les etes dans les montagnes et les hivers dans la plaine. M. Piazza medecin de Bastia en Corse , voyant dans les plaines un tres grand nombre de betes a laine perir de la maladie de sang, crut ne pouvoir mieux arreter cette mortalite qu'en envoyant Jes troupeaux dans les montagnes. Les sources et les herbes fraiches que ces animaux y trouverent firent cesser le mal tout a coup. Ces faits plus concluants les uns que les autres et observes dans diverses localites, me fortifient done 437 | encore dans Fopinion que j'ai emise sur les causes de I la maladie de sang qui sevit sur les troupeaux des I i plaines de la Beauce. BIBLIOGRAPHIE SUR LA MALADIE DE SANG. Carlier, — Trait6 des bStes a laine, ou Melhode d'elever et de gou- verner les troupeaux; edition de 1770. t, II, p. 479. Tessier, — Memoiresde la Societe de medecine de Paris •, 1776, I re par- tie, p. 254. Instructions veterinaires, — Differentes notes inserees dans le tome I er , p. 370 et suivantes. Observations faites en l'an 1780. Tessier, — Memoire sur les avantages des migrations des troupeaux pour les preserver de maladies ; Memoires de la Societe de medecine, 1783, p. 555. Thorel , — Cours d'agriculture de Rosier, 1796, art. Maladie desancj. Lullin, — Observations sur les betes a laine faites dans les environs de Geneve pendant 20 ans, 1804. p. 176. Daubenton, — Instruction sur les bergers, 3 e edition, 1804, p. 208, et Memoire sur lesremedes les plus necessaires aux troupeaux, p. 300. Barrier pere, — Sur la maladie rouge des moutons de la Beauce; Correspondance de Fromage deFeugre, t. I er , p. 188. — 1810. Tessier, — Instruction sur les betes a laine et particulierement la race merinos; edition de 1810, p. 248. Godine jeune, — Compte rendu de l'ecole d'Alfort en 1812. Guillame, — Epizootie observee sur un troupeau de b6tesa laine en 1817 ; Annales de l'agriculture francaise, 2 e serie, t. Ill, p. 129. Huzard fils, — Esquissede nosographie veterinaire, 1820, p. 317. De Gasparin, — Des maladies contagieuses des betes a laine , 1821, p. 67 et suivantes. Caunes, — Sur la maladie nommee vulgairement pissesang; Journal pratique de medecine veterinaire, t. II, p. 22. Yvart, — Note sur Temploi du chlore propose par M. le marquis de Sainte-Fere comme moyen curatif de la maladie de sang; Recueil de medecine veterinaire, t. IV, 1827, p, 61. Yvart, —Note sur la maladie des moutons connuesous lenom de sang de rate ; Recueil de medecine veterinaire, t. V, p. 323. Favre, — Critique d'une note sur line maladie des moutons par M. Dupuy; Recueil de medecine veterinaire, t. YI, 1829. p. 702. Delafond , — Memoire sur les alterations essenlielles du sang des animaux domestiques ; Recueil de medecine veterinaire , t. XVI, p. 345. D'Arboval, — Diclionnaire de medecine et de cbirurgie veterinaire, 2 e edition, t.IV, art. maladie desang. 139 CHAP1TRE IV. Fievre cBiarboiraeuse des betes a lalne. Causes de la fievre charboimeuse. — Sympl&mes. — Alterations cada- veriques. — Nature et siege. — Moyens preservaiifs et curalifs. Cette redoutable maladie encore connue sous les noms de charbon interieur, Rapoplexie charhonneuse de la rate* de maladie pulride, de splenite gangreneuse, de fievre intermittente peimicie use, a quelque ressem- blance avec la maladie de sang , sous le rapport de sa marche, de ses terminaisons, de certaines altera- tions cadaveriques ; mais elle s'en eloigne sous le rapport de ses causes, de ses syinptomes et de ses moyens preservatifs et curalifs. A. Causes. \° Emanations putndes. Les betes a laine contrac- tent la fievre charbonneuse, lorsquVUes paturent et sejournent nuit etjour, pendant les chaleurs des mois de juillet et aout, soit au voisinage des marais, 140 des etangs, des lacs formes d'eau stagnante, des fla- ques d 1 eau, des fosses de dessechement, soit sur des prairies qui out ete submergees en avril , en mai ou en juin par le debordement des fleuves ou des rivieres. ^Eaux stagnan- Les eaux stagnantes, il est facile de s'en convain- cre, repandent une odeur infecte; la plupart sont troubles, nauseabondes , et ont une saveur salee et repoussante. Leur analyse demontre qu'elles tiennent en dissolution des substances salines, et surtoutune matiere animale facilement putrescible, provenant de la fermentation et dela decomposition putride des ve- getaux et des nombreuxinsectes qui vi vent etmeurent dans les marais. Or, ces eaux en se volatilisant par les chaleurs de Pete donnent naissance a des vapeurs infectes tenant en suspension des elements putrefiants, conn us sous le nora di 1 emanations septiques. Des gaz impropres a la vie, tels que Fazote, rhydrogene car- bone, s^echappent de la vase qui forme le fond des marais, des lieux inondes, et viennent ajouter leur efFet pernicieux a Timpurete de ces emanations. Ces vapeurs, ces gaz , se degagent avec d'autant plus d^abondance que les eaux stagnantes sont a Te- tat de concentration, etque la vase ou le depot limon- neux vient a se dessecher par les grandes chaleurs de Fete. L'air de ces lieux impregne de ces vapeurs 441 putrides les entraine et les disperse dans les environs, et les animaux, les hommes meme, qui respirent cet air malfaisant , contractent des maladies putrides. Pendant la chaleur du jour, ces emanations plus le- geres que Fair, gagnent les regions elevees de Tat- mosphere, et alors la respiration des vapeursdesma- rais est moins dangereuse ; mais pendant la nuit , ces vapeurs alterees , s'approchant de la surface du sol par le refroidissement terrestre, constituent des brumes, des brouillards infects, dont la respiration est tres pernicieuse. Larosee qui resulte de leur con- densation en eau et qui recouvre les plantes, recele surtout une grande proportion de ces elements pu- trefiants. Or les moutons qui jour et nuit respirent les emanations septiques, qui broutent les plantes re- couvertes de la rosee qui les tient en solution, ne tardent point a contracter de veritablesempoisonne- ments miasmatiques qui engendrent les maladies pu- trides et charbonneuses. Les principales epizooties ciui ont regne sur ]es Epozooties 111 * ° dues aux ema- moutons a diverses epoques, dans les etatsRomains, nal,0DS putrides les environs de laRochelle, lebasLanguedoc, locali- tes ou existent de vastes marais qui se dessechent pen- dant les chaleurs de Fete, ont, de tout temps, ete at- tribuees aux emanations putrides et marecageuses. Les enzootics annuelles de fievre charbonneuse U2 que les veterinaires observent sur les betes bovines et ovines dans le Bas-Poitou , la Basse Vendee r 3e pays Narbonnais, les communes de Saint- Jean de la Blaquiere, le Bosc, le Puech, Celles, Veron, Sarcel- les,LaRoquette,silueesdans leBas-Languedoc,etc, sont toujours attributes aux memes causes. Ces faits sont incontestables puisqu'ils reposent sur Texpe- rience et Tobservation (1). Or lamaiadie de sang des betes a lainedelaBeauce, pays sec, cultive, on Fair est vif, pur et les piantes succulentes, peut-elle etre considered comme due a une maladie putride et charbonneuse ? Je ne le pense pas. opinions sur On a dit et quelques personnes instruites ncTont les emanations SiS esdesfu " repete que les champs de la Beauce etant tres fumes, que beaucoup de prairies artiiicielles etant retour- nees etenfouies dansle sol pour s'y putrefier, ces en- grais , pourraient , pendant les chaleurs , laisser . (1) Voyez: Article Sang, maladie du, — Cours d'agriculture de Rosier, t. IX, p. 79. Le recueil des medecins de Geneve ; Paulet, — Hisioire des maladies epizootiques ; Bailly, — Sur les fievres intermiltentespernicieuses qui atta- quent les liommes et les animaux; Archives generates de medecine, t. IV, p. 214; et M. Dupuy, — Journal pratique de medecine veterinaire, t. II, p. 57, et t. Ill, p. 287. U3 emaner da sein de la terre des matieres animales septiques capables de donner naissance a la maladie de sang chez les troupeaux qui paissent sur les chau- mes de Pannee pendant les chaleurs de Pete. II me sera facile de combattre cette opinion. Et d'abord les fumiers qui sont enfouis dans le sol de la Beauce, soit avant Phiver, soil au moment du printemps, sont completement putrefies. La ma- tiere animale transformed en acide humique com- bine a la soude, a la chaux, a Pammoniaque, consti- tue des humates solubles qui , servant a la nutrition des plantes, ne peuvent plus donner naissance a des emanations septiques. D'ailleurs, s^il en etait ainsi, les terres de la Beauce etant partout plus ou moins bien fumees, la maladie devail etre plus frequente, plus meurtriere dans les champs ou on a enfoui beaucoup d^engrais, que dans ceux qui n^ont ete que mediocrement fumes. Or, cVst une remarque que je n 1 ait point faite; c'est aussi ce que personne, queje sache, n'a eu occasion de constater. Que voit-on au surplus dans les lieux malsains ou se degagent des matieres animales ou vegetales en putrefaction? Que les nommes, les animaux mal nourris et debiles, sont les premieres victimes de ces emanations, a cause de leur peu de resistance a Paction de ces causes morbifiques. Or, dans la Beauce, les hommes ne sont point atleints de fievres intermittentes pu- trides ressemblant a celles des marais, et parmi les betes ovines ce sont, au contraire, les plus beaux troupeaux, et dans la troupe, ce sont les betes les plus belles, les plus vigoureuses, les plus sanguines, qui sont les premieres atteintes de la maladie. Je dirai en outre que le sang de rate qui regne au prin- temps dans les bergeries les mieux tenues et les mieux aerees, saison d'ailleurs ou les troupeaux pa- turent sur les seigles, les succulentes minettes, et se portent le mieux, ne peut etre determine par des emanations septiques. J^ajouterai, enfin, quejecon- nais des fermiers qui, ayant la possibility de se pro- curer beaucoup d'engrais dans la capitale fument bien plus fort leurs terres que dans la Beauce, ne perdent cependant que peu ou point de betes a* laine du sang. On pent objecter que Fargile marneuse, qui entre en proportion n of able dans le sol de la Beauce, re- tenant Feau a sa surface, peut conserver de l'humi- dite jusqu'au moment des grandes chaleurs, et qu'a cette epoque de Fannee, les dernieres portions d 1 eau, tenant en solution des matieres solubles etant vapo- risees, causent Finfeclion. Je dirai, a cet egard, que Fobservation des faits est en disaccord avec cette explication. En effet, la 145 ou le sol, soit de la Beauce, soit de la Brie, soit de toute autre localite, est argiieux, frais, et ou vege- tent des plantes tant soit peu aqueuses, la maladie de sang ne fait presque pas de ravages. Au contraire, la ou le sol est sec, marno-calcaire, sablo-ferrugi- neux, ainsi qu'on Fobserve dans certaines parties de la Beauce, de la Brie, du haut Languedoc (1), cette maladie tue la moitie, les trois quarts des betes com- posant les troupeaux. De ces remarques, de ces observations pratiques, conclusions . , , , sur les emana- ie me crois done autonse a conclure que Fenfouis- t»ons P utridesde J a la Beauce. sement des engrais dans les terres des departements ou la culture se fait en grand, comme dans la Beauce, dans la Brie, ou par tout ailleurs, n'est pas une des causes, pendant les chaleurs, de la maladie de sang. 2° Eaux insalubres. — Les eaux vaseuses, trou- bles, jaunes, noiratres, infectes, des abreuvoirs qui recoivent Fegoutdes ecuries, des etables, desberge- ries, des fumiers ; les eaux stagnantes et impui es des marais, des etangs, des mares, des fosses, des fla- ques d^eau, a moitie desseches par les chaleurs de Fete, tenant en suspension des matieres salines et (1) Voyez: Cannes, — Sur la maladie vulgairement nominee pisse-sang en Languedoc j Journal pratique de medecine vtteri- naire, t. II, p. 22. 40 U6 putrides, en introduisant dans fe tube digestif, et par suite dans le sang, des elements septiques, ont ete considerees par tous les auteurs veterinaires comme des causes efficientes des maladies putrides et cbar- bonneuses. Je suis tout a fait de cet avis; et je le ferai remarquer, toutes les fois que ces causes agissent de concert avee les efHuves des marais, des etangs, des prairies inondees, Tempoisonnement putriden^n est que plus prompt et plus terrible. Ces causes maladives existent-elles en Beauce ? As- surement non. La Beauce est seche, aride, sans cours d'eau, sans marais, sans etangs, sans flaques dVau. Les animaux sont abreuves, ainsi que je Fai dit page 79, avec de Peau de puits piutot qu^vec Teau des mares. Cette derniere est impure, infecte, il est vrai, dans quelque fermes pendant les chaleurs prolon- gees 5 mais, le dessechement prompt de ces mares pendant les secheresses un peu longues, leur eloi- gnement des lieux ou parquent les troupeaux, for- cent les cultivateurs a conduire, dans des tonneaux, de Teau de puits aux troupeaux, et, je Fai dit, ces eaux sont pures. Ce ne sont done point les eaux impures des mares qui occasionnent la maladie de sang en Beauce. Je ne les ai jamais accusees non plus pour les betes a A hi laine de la Brie, du moins chez les cultivaleurs dont fai visite les troupeaux atteints dusang de rate. 3° Insalvbrite des hergeries. — Dans toutes les localites de la France, et quelle que soit Palimenta- tion donnee aux moutons, Pair insalubre des berge- ries peut engendrer la maladie de sang de nature putride. Le sejour des troupeaux pendant Phiver dans des bergeries mal aerees, basses, etroites, en- combrees pardufumier, construites au voisinage de mares, de puisards, de fosses d'aisances, adossees a des coteaux eleves, des montagnes, ou dont le sol est situe plus bas que celui des terrains environnants, peut, sans contredit, etre range parmi les causes qui occasionnent la maladie de sang de nature cbarbon- neuse. L'impregnation du sol des bergeries par des matieres animales provenant de la decomposition de Purine, des excrements, et dans quelques cas ra- res, il estvrai, la putrefaction de cadavres d'animaux morts et enfouis dans ce sol, sont encore les causes ordinaires de la fievre charbonneuse, et celles aussi qui lui donnent le plus de malignite (1). Dans ces (l) Certains cultivateurs, par une ignorance etpar une ridicule et coupable superstition , enterrent les cadavres dans le sol voisin de la porte de la bergerie, esperant par cette pratique absurde, empecher la maladie d'y entrer. — Voyez : le me'moire de Gilbert sur les mala- dies cliarbonneuses , et Instructions veterinaires , t. I er , p. 373, 448 bergeries infectes, ou les chandelles allumees brulent avec une flamme pale, ou les hommes qui y pene- trent pendant la nuit respirent peniblement, ou les betes a laine les plus robustes eloignent les plus fai- bles du voisinage des ouvertures qui communiquenl avec Fair exterieur, pour y trouver un air plus pur, est— il ctonnant que les animaux qui les habitent, y contractent des maladies putrides ? Les trou- peaux des pays de montagnes, renfermes parfois tout Thiver dans les bergeries, alors que les vallees sont encombrees par les neiges, sont souvent attaques, et perissent en grand nombre de maladies putrides el ebarbonneuses, dues a une semblable infection. En Beauce , Pair malsain des bergeries n'est point , ainsi que je crois Tavoir prouve , la cause principale de la maladie de sang, puisque, comme je Fai fait remarquer, ce sont les localites ou les betes sont le plus mal logees que le sang ne les attaque pas ; mais , je le repeterai encore , Fair im- pur est une condition qui , dans les bergeries ou les troupeaux sont nourris abondamment, donne un ca- ractere de septicite a la maladie. 4° Contagion, — La fievre eharbonneuse des befes a laine est une maladie contagieuse. Les ele- ments virulents ont pour vehicule Fair expire, la 149 transpiration cutanee, les emanations qui s'elevent des matieres excrementitielles des betes malades, les produits volatils infects qui s'exhalent des cadavres encore chauds qui sejournent sur le sol ; les exha- laisons putrides qui s^en echappent pendant la putre- faction ; Fair des bergeries qui ont renferme des troupeaux malades, la terre qui en forme le sol, enfin les fourrages qui en constituent parfois le pla- fond. Cette contagion s'opere, non seuiement par le contact immediat des betes malades ou des cada- vres dans les bergeries, mais encore par un air con- tagieux qui peut se repandre au loin et infecter des troupeaux paturant dans les memes lieux. JPai rapporte, dans mon traite sur la police sani- taire des maladies contagieuses des animaux , un grand nombre d'exemples qui metlenthors de doute cette contagion pour les chevaux, les betes a comes Contagion a et les pores. Je possede aussi quelques faits de cette distance, redoutable transmission par des troupeaux atteints de la fievre charbonneuse, a des troupeaux bien por- tants paturant dans les memes lieux. J'ai vu meme des troupeaux emigres a une assez grande distance, dans desfermes ou la maladie de sang n'exislait pas, y transporter le mal contagieux a des troupeaux bien tenus, bien gouvernes, et paturant dans des lieux reunissant toutes les conditions possibles de salu- 150 conclusion, brite (4 ). Je suis done fonde a penser que le charbon des betes a laine, de meme que le charbon du che- val, du bceuf, du pore, est susceptible de se trans- mettre des troupeaux malades a des troupeaux bien portants dans les memes lieux, et j^admets que les emanations qui s'echappent des cadavres qu'on laisse putrefier sur le sol, sont une des principales causes de cette contagion. Contagion mix hommes. — Lorsqu'on saigne les betes malades, le sejour de leur sang sur la peau de Thomme , et particulierement sur la figure, la poi- trine, les bras, comme aussi le contact du sang qui s^cbappe des cadavres; les manipulations faites sur les debris cadaveriques aussitot ou peu de temps apres la mort, soit par les bergers qui depouillentles animaux el qui en retirent le suif, soit par les vete- rinaires pour etudier la maladie, soit par les tan- neurs, les corroyeurs, pour en travailler les peaux; les blessures faites en depouillant, dissequant les cada- vres, sont des conditions qui communiquent la pus- tule maligne ou le charbon a Fespece bumaine. J'ai consigne dans mon travail sur les maladies contagieu- (1) Voyez un exemple bien remarquable de contagion dans le me- moire de M. Herpin, — Annales de Fagriculture francaise, 3' serie, p. 16. 45i ses, des faits qui ne prouvent rnalheureusement que trop cette dangereuse communication (1). Je n'ai observe aucun fait de contagion aux /SJ^h'u- ■• -, ,. ,-, T »„% « maine en Beau- nommes pendant mon sejour en lieauce. Les veten- ce. naires que j'ai interroges sur ce point important, nVontrepondu negativemenl;etcependant, ainsi que j'aipu m'en assurer, les bergersne prennent aucune precaution pour depouiller les cadavres. Dans les champs ou aux pares, tres souvent ils n'ont point d 7 eau pour se laver les mains, et sont forces de se les nettoyer avec leur urine. Je ne vois done rien sous le rapport de Tetiologie ^conclusion, de la maladie de sang de la Beauce qui puisse la faire considerer comme une maladie charbonneuse. B. Symptomes. Les distinctions que les auleurs veterinaires ont faites du charbon , en fievre charbonneuse et en charbon symptomatique. me paraissent une con- vention scholastique , car la maladie , dans Tun comme dans Pautre cas , est de la meme nature , et derive des memes causes ; elle n^oifre de diffe- rences que dans la forme qui la traduit au sens de Pobservateur. Nous ne ferons done aucune distinc- (1) Voyez : Traite sur la police sanitaire des maladies contagieuses desanimaux domestiques, p. 490 ei suivantes. ■152 tion dans les symptomes de Pune or de Tautre des deux formes que peut presenter la fievre charbon- neuse des betes a laine. Dehut 9 marc he et terminaison de la maladie. — Lorsque la fievre charbonneuse debute , la bete a laine eprouve des frissons passagers, est triste, reste couchee a la bergerie, ou marche en arriere du troupeau lorsqu'elle est au champ; la peau du nez, les larmiers, les levres, les conjonctives , au lieu d'etre d'un rose vif , ont une teinte d'un noir bleuatre ou fonce. La bete est rapidement abattue, faible et chancelante. Bientot de petites taches bru- nes se montrent sur la muqueuse des yeux, et a la peau ; souvent aussi des cedemes d'un rouge li- vide se declarent a la tete, sous les machoires, aux aines, aux mamelles ; une crepitation particu- liere se fait entendre lorsqu'on presse la peau dans la region des reins. Si on ouvre la jugulaire ou toute autre veine, un sang noir epais s'ecoule du vaisseau. Le sang recueilli dans un vase reste souvent in- coagule, et se putrefie avec une grande rapidite. Marche de la La marche de la maladie est prompte, durant son maladie. . . . cours les animaux eprouvent de violents frissons ; parfois la bouche est chaude, seche, d'autres fbis la muqueuse est froide , et une salive abondante s'e- coule par la commissure des levres. Quelques betes 453 eprouvent des coliques qui sont suivies du rejet de matieres excrementitieMes rougies par du sang. D'au- tres rendent une urine sanguinolente , et rejettent un sang ecumeux par les naseaux. Bientot les (aches noires de la peau, des conjonctives, se multiplient et s'elargissent 5 les tumeurs cedemateuses deviennent livides , noires, insensibles, et marchent vers la gan- grene ; un emphyseme general se manifeste, un sang noir incoagulable s'ecoule des vaisseaux veineux qu'on a ouverts , les tumeurs se fletrissent , se creu- sent, se gangrenent, et la mort termine bientot cette scene morbide. La duree totale de la maladie varie selon la Dur6 « tolaIe - violence de son debut et Tage des animaux. Les jeunes betes ineurent ordinairement apres un temps plus court que les adultes et les vieilles. Toutefois cette duree nVst pas moins d^une heure au moins, et de douze a vingt-quatre heures au plus. Symptomes differentiels. — Les frissons, la couleur symptdmes , . . caracteristiques. des conjonctives et ae la peau, les petechies des mu- queuses, les tacbes rouges livides etles engorgements charbonneux de la peau et du tissu cellulaire sous- cutane , la non coagulation, la couleur noire et la rapide decomposition putridedusang, sont les prin- cipaux symptomes qui distinguent la fievre char- 454 bonneuse de la maladie de sang due a une alimen- tation trop substantielle et de nature polyliemique. C. Lesions cadaveriques . Les cadavres se decomposent avec ime grande promptitude, en repandant une odeur infecte et in- supportable. Un sang noir s'ecouie de tous les gros vaisseaux veineux ; des infiltrations jaunatres se mon- trent dansle tissu eellulaire sous-cutane,dans Tepais- seur des muscles, soit dans les regions correspondant aux tumeurs cedemateuses , soit et principalement aux environs de la gorge . Les vaisseaux mesenteriques sont remplis d'un sang noir, des epanchements se- reux et sero-sanguinolents existent entre les lames du mesentere. Les intestins contiennent quelque- fois une bouillie noiratre infecte , due a du sang epanche et decompose. La muqueuse est d 1 un rouge noir et infiltree par du sang, le tissu eellulaire sous- muqueux et sous-sereux est gorge de serosite roussa- tre. La rate est parfois grosse et remplie d^un sang noiratre et deja decompose ; d^utres fois cet organe offre seulement des taches noires plus on moins lar- ges occupant sa superficie et son epaisseur. La sub- stance renale est ecchymosee, ainsi que la vessie; une infiltration sereuse existe souvent a la region sous- lombaire. Le foie est jaunatre, des taches brunes ou 455 livides se montrent dans 1'epaisseur de son tissu. Les poumonspresententbeaucoupd'ecchymoses, les bronches n^ffrent rien de notable. Les cavites du coeur droit , les grosses veines, sont remplies par un sangfluide, epais, tres noir et ternissant les ins- truments polis. Les ganglions lymphatiques des di- verses parlies du corps sontnoirs, ecchymoses et ra- mollis. Les alterations que je viens de signaler ont ete indiquees par la plupart des auteurs qui ont decrit le charbon des betes a laine, ce sont celles que les veterinaires observent annuellement, ce sont aussi celles que j^ai toujours remarquees depuis long- temps. Les princi pales differences qui distinguent les lesions de la fievre charbonneuse de la maladie de sang, consistent done dans la putrefaction tres rapide des cadavres, la presence d ? un sang noir in- coagule infecte dans les gros vaisseaux, etsurtoutles infiltrations sereuses gelatiniformes ou noiratres, existant dans le tissu celkilaire sous-cutane, les la- mes du mesentere ; enfin les ecchymoses nombreu- ses de tons les tissus, de tous les organes. D. Nature et siege. On pourra objecter que dans la fievre char- bonneuse , de mime que dans la maladie dite de 156 sang, les intestins, la rate, les ganglions lymphati- ques, les reins, presentent a peu pres les memes le- sions, cela est vrai ; que dans Yun comme dans Tau- tre cas, la maladie a son siege dans le sue vital, cela est encore vrai; mais dans le sang de rate de la Beauce, de meme que dans celui de tous les pays sains et de grande culture, le sang est altere parce qu'il est trop riche en raateriauxreparateurs et exci- tants et trop charge de globules ; tandis que dans la fievre charbonneuse, les principes organiques de ce fluide sont alteres par un element putride etran- ger a sa composition normale qui en altere ses princi- pes organiques et en modifie ses proprietes excitantes et nutritives. Que si dans ce dernier cas le sang s^e- panche sous la forme d^ecchymoses , dans le canal intestinal, dans les reins, dans la rate, dans les gan- glions et generalement dans tous les organes, cette circonstance insolite doit etre rattachee a une alte- ration putride encore peu connue de ses globules , de ses elements fibrino-albumineux, alteration grave qui en facilite la sortie passive, c^est le mot, a travers les porosites des vaisseaux capillaires intermediai- res. E. Moyens preservatifs. Pour preserver les animaux de la maladie de sang charbonneuse, il est indispensable : 457 \° De ne point conduire les betes a laine aux environs des lieux ou se degagent des miasmes pu- trides, soit du sein dela terre, soit des eaux croupis- santes; d'eviter surtout le parcage au voisinage de ces lieux perfides et mortels pour les troupeaux. Ces attentions devront notamment efre remplies, le soir, le matin, les jours brumeux, et les journees de chaleur qui suiventles pluies d'orage; 2° D'eviter les abreuvoirs dont les eaux sont cor- rompues et impures; d'abreuver les animaux, soit au pare, soit a la bergerie avec de Feau de puits bien aeree, dans laquelle on ajoutera le vinaigre ou Facide sulfurique dans les proportions que j'ai indi- queespage \ 11 ; 3° De percer des jours dans les bergeries, dans le but de les aerer ; d^eviter Famoncellement des fu- iniers pour prevenir le degagement de gaz putrides et ammoniacaux qui engendrcnt la maladie ; d'enle- ver le sol impregne de matieres ani males tous les ans ou tous les deux ans au moins, et de le rem- placer par une couche de terre vierge ; 4° De ne point conduire les troupeaux au voisi- nage des lieux ou d'autres troupeaux meurent de la maladie cbarbonneuse, aim de ne point s^exposer a la contagion $ 4 58 5° De bannir les saignees preservatives, parce quYiIes activent Fabsorption cle3 elements septi- ques qui causent la fievre charbonneuse. F. Moyens pre'servatifs a mettre en 'pratique lorsque la maladie est declaree dans un troupeau. J i° ^emigration des betes a laine des lieux infec- tants est le moyen le plus sur d'arreter le mal. Ce- pendant, si la contagion s^st repandue dans le trou- peau, si des animaux porlant en eux les germes de cette contagion, sont de temps en temps atteints de la fievre charbonneuse, et repandent de nouveaux germes de destruction, Immigration devient souvent inutile, puisque sans cesse le mal se reproduit et se transmet. 2° L'enfouissement des cadavres est une mesure de rigueur ; les animaux seront done enterres dans des endroits isoles de maniere que, jetes dans la fosse, ils soient recouverts de 50 a 60 centimetres (un a deux pieds) de terre bien battue pour pre- venir tout degagement d^emanations contagieuses. Les peaux ne seront point exposees a Fair, pour les : faire secher, aux environs de la bergerie. 3° La saignee pour prevenir la maladie est en- core ici plus nuisible qu'utile. 4° L'administration de substances toniques et le- I 159 gerement astringentes est d 7 un tres puissant se- cours pour prevenir la septicite du sang, tonifier Porganisme, et rendre les liquides et les sodides moins impressionnables a Faction putrefiante des elements septiques. G. Moyens curatifs. Si Falteration du sang est rapide, si la maladie a une marche foudroyante , si surtout elle s'accompa- gne de eoliques , d^xpulsion de matieres excremen- titielles rougies par du sang, si les urines sont san- guinolentes, il nVst guere possible d^n guerir les ani- maux. II vaut mieux les sacrilier et les enfouir sur le champ. Si la fievre charbonneuse parcourt une marche moins rapide; si surtout elle s^accompagne de depots sanguins dans le tissu cellulaire sous cu- tane, de taches erysipelateuses a la peau, de pete- chies sur les conjonctives ; si les animaux n'expulsent point de sang par Tanus, si leur urine n^est point sanguinolente, il est possible quelquefois de sauver la vie a ceux qui sont bien constitues et d ? un bon temperament, en administrant la teinture, levin de quinquina, le vin de gentiane, les defections con- centrees de petite centauree, d'aunee, d^ecorce de chene, unies au vin ? a la biere ou au cidre. Un cen- tilitre d^eau de Rabel dans deux decilitres d 7 eau, con- 1G0 stilue un excellent breuvage tonique et antiseptique, peu cher , qui eonvient beaucoup dans ces mala- dies. Les scarifications, les mouchetures, lotionnees en- suife avec Fessence de terebenthine, la cauterisation avec le fer rouge des depots sanguinolents nommes charbon, qui se inanifestent a la peau et dans ie tissu cellulaire sous-cutane, les frictions avec le liniment ammoniacal aux environs des points cauterises, pro- curent bon nombre de guerisons. Independamment de tous ces moyens therapeutiques, une alimenta- tion succulenie prise en petite quantite, pour eviter les indigestions, est indispensable pour reconstituer le sang altere, nourrir et tonifier Forganisme. L'eau acidulee par Facide sulfurique, constitue une excel- lente boisson antiseptique dont on abreuvera jour- nellement les animaux malades. Le quinquina et ses preparations se placent en premiere ligne pour faire atteindre ce but ; mais ce precieux medicament ne peut etre donne qu'a des animaux d'uue grande valeur, ou a quelques betes de choix, a. cause de son prix eleve. Les baies de genievre concassees, la poudre de gentiane, a la dose de 4 a 5 grammes (un gros) par jour et par bete, unies a une provende de son dans laquelle on ajoute en outre 3 a 4 grammes (un gros) de set de 461 cuisine ; les feuilles de pin, de sapin unies aux four- rages, sont des moyens preservatifs moins couteux, plus faciles a se procurer que le quinquina, et qui donnent egalement de bons resultats. BIBLIOGRAPHIE. Paulet, — Reclierches sur les maladies epizootiques ; 1775 , t. I er , p. 23, 49, 54, 373, 375, — t. II, p. 245, 260, 263, 457. Chabert. — Instructions veterinaires; 1790, 4 e edition, t. I er , p. 128. Damoiseau, — Observations sur les causes probables d'une maladie contagieuse qui infecta tous les besliaux de la ferme du sieur Le Gouet; 1807. Annates del'Agriculture franchise, l re serie, t. XXX, p. 332. Tscheulin,— Observ ttions theoriques et pratiques sur l'inflammation gangreneuse de la rate du cheval, du boeuf, du mouton, etc. Corres- pondance de Fromage de Feugre; t. II, p. 74, 1810. Tessier, — Instruction sur les merinos ; 1810, p. 232. De Gasparin, — Des maladies contagieuses des betes a laine; p. 67, 1821. Barthelemy, — Notes surlafievre charbonneuse desmoutons. Compte rendu de l'Ecole d'Alfort; 1823, p. 44. Bailly, — Recherches sur les fievres intermittentes pernicieuses des hommes et des animaux; 1823. Archives generates de medecine, 1824,t.IV,p.214. Duptjy, — Note sur une maladie des moutons. Journal pratique de medecine veterinaire; t. H, p. 57, 1827. Dupct, — Rapport a M. le prefetdu departementdesPyrenees-Orien- tales. Journal pratique de medecine veterinaire; t. Ill, p. 287, 1828. Cruzel, — Observations de gastro-enterite miasmatique. M6me jour- nal; t. IV, p. 24,1829, Gayot, — Memoire sur la fievreintermittente des moutons. Recueil de medecine veterinaire; t. XIII, p. 364, 1836. 11 162 Herpin, — Memoire sur une apoplexie charbonneuse de la rate qui a regne epizootiquement sur les betes a laine dans les departements de l'Indre et du Cher, 1836 ; — et Annales de l'Agriculture franchise, 3 C serie, t. XVII, p. 5. Deiafond, — Traite sur la police sanitaire des maladies contagieuses des animaux domestiques; 1838, p. 486, D'Arboval, — Dictionnaire de medecine et de chirurgie veterinaire ; art. Charbon. 463 CHAPITRE V. ©e VempoisonneiaieiaS des lsetes a laine par lies planter ve~n£neMses. Plantes qui empoisonnentles bStes a laine dans les diverses saisons de l'annee. — Lieux oil ces plantes vegetent. — Symptomes de l'empoi- sonnement. — Alterations cadaveriqucs. — Moyens preservalifs et curatifs. L'empoisonnement des betes a laine par les plan- Synonymic tes veneneuses, est encore connu sous les noms de Gastro-enterite aigu'e, de Gastro-enlerilis , & entente sur-aigu'e, decoliques sanguines, de colique des champs; son siege principal est dans la caillette (franche-mule) et les intestins ; sa nature consisle dans une inflam- mation aigue de la muqueuse du tube digestif, par- fois compliquee d'alteration du sang. Cet empoison- nement se distingue de la maladie de sang par ses causes, ses symptomes, les lesions qu^il laisse sur les cadavres, ses moyens preservatifs et son traitement. 164 ETIOLOGIE. sont yeneneuses La maladie dont je vais tracer Fhistoire, se mani- feste sur les troupeaux de certaines localites, dans diverses saisons de Fannee. II est done important que ^en specifie les causes au printemps, pendant Fete, Fautonme, et durant Phivernage. A. Printemps. Printemps. Les betes a laine s^empoisonnent au printemps , depuis la mi-mars jusqua la fin d 1 avril, par les re- noncules, les adonides, les dauphinelles, les euphor- bes et les aconits. Les renoncuies A. Renoncules. — Les renoncules sont tres perni- cieuses pour les betes a laine, et les desastres qu^el- les occasionnent sont ordinairement ignores des cui- tivateurs. Des que la pointe des herbes commence a paraitre dans les prairies, dans les guerels, les j ache- res, on se hate trop souvent dHj conduireles betes a laine, et comme les fourrages sees ont ete leur princi- pale nourriture pendant presque lout Fhiver, elles sont tellementafFamees dlierbes fraiches, quVlles de- vorent indistinctement tout ce qu^lles rencontrent. Les agneaux qui n'ont point encore pris de fourrages verts, et dont Finstinct, le gout peut-etre, ne sont pas encore bien developpes pour pouvoir distin- guer les mauvaises plantes des bonnes, en sont gene- 165 ralement les premieres victimes. Les renoncules ren- £ P oques de ferment dans Jeurs feuilles, leurs tiges qui commen- cent a s'etaler a la surface du sol, un sue verdatre, acre, irritant et meme caustique, possedant -i i nesom point ve- tres rares dans les terrains cultives. Ces plantes se neneuses. renconlrent particulierement au bord des chemins, des fosses, des haies, sur les pelouses des boxs, et sont toujours dedaignees par les moutons. Le sue des potentilles n'est ni acre ni astringent, si ce n'est dans les especes Potentille quint efeuille (P. rep- tans) et P, anserine (P.. anserina), qui ne sont point mangees assurement par les moutons. D^ailleurs, je n'ai lu dans aucun traite de botanique, d^agricul- ture, d'hygiene veterinaire, que les potentilles fus- sent des plantes nuisiblesaux betes a laine, si cen'est dans le livre de M. de Gasparin. 3° Orobanclies. — Les Orobanc/ies majeure (0. ches eS ne rob so n irt major), vulgaire (0. vulgaris), a petites fieurs (O. point acres. minor), se rencontrent tres rarement dans les chau- mes. Ces plantes vtvent dans les bois, au bord des chemins , des haies, dans les genetieres, quelque- m fois parmi les legumineuses et surtout le trefle. Elles ne sont point man gees par les moutons, et ne recelent cPailieurs aucun principe acre et veneneux. Personne, que je sache, si ce n'est encore M. de Gasparin , n^a parle de la propriete malfaisante des orobanches pour les moutons. 4° La Renoncule des champs, XAdonide $ete, \aDau- phinelle, sont alors grandes, dessechees en partie, ou ont ete coupees et enlevees avec les cereales. Le pied de ces plantes peut, il est vrai, repousser des feuilles et des tiges; quelques graines dans les etes humides peuvent germer ; mais toujours ces nouvelles plantes sont peu repandues et ne sont point, je le crois, la cause des mortalites qui regnent apres la moisson sur les troupeaux des pays ou la culture se fait en grand. Toutefois je me propose de visiter les champs de la Beauce et de la Brie, aussitot la moisson, pour faire de nouvelles recherches a cet egard. II est done permis de croire que les plantes citees particulierement par M. de Gasparin, ne sont point les causes principales de la maladie de sang, lorsque les moutons paturent sur les chaumes apres la mois- son. Je ne connais point non plus d'autres plantes susceptibles d^occasionner des accidents a cette epo- que de Fannee. La renoncule acre ne peut etre accu- see, puisqu'elie est dessechee alors. Ce ne sont point 4 80 non plus les autres especes de renoncules, puisqu^el- les y sont rares el qu'elles croissent en grande par- tie dans les lieux humides. L'euphorbe des mois- sons se rencontre assez souvent dans les chau- mes des terrains sees el un peu sablonneux ; mais cette plante, je Pai dit, a cause du sue acre et caus- tique quelle repand dans la bouche des moutons lorsqu^ils la broutent, est tout a fait dedaignee par ces animaux, notamment lorsqu'ils la rencontrent a cote d'autres plantes qu^lsappetent et qu^ls trouvent sou- vent en abondance dans les chaumes. Quant aux euphorbes peplus et peplis qui vegetent au bord des chemins et dans les lieux sees et en jacheres, ces plantes ne sont point broutees non plus dans cette saison par les betes a laine. Resume et Certes, je suis loin derepousser completement Fo- ci onclusion. pinion emise par M. de Gasparin. Assurement des inflammations du canal intestinal peuvent elre de- terminers par les plantes acres qui poussent dans les cereales annuelles; mais je pense que ces mala- dies sont tres rares, et qaelles ne doivent pas etre confondues avec la maladie de sang qui regne dans les pays de grande culture, ou la terre est remuee souvent, ensemencee de cereales, de prairies arti- ficietles et de plantes intercalates. Je crois done fermement que dans Timmense majorite des cas , si 481 la maladie de sang fait de grands ravages dans les troupeaux apres la moisson et pendant les chaleurs de Fete, cette maladie ne doit point etre attribute exclusivement aux plantes acres et irritantes patu- rees par les moutons dans les chaumes, mais bien a Fensemble des causes que j'ai fait connaitre. Et d'ailleurs les symptomes qui signalent Fempoison- nement par les plantes acres, les lesions que la ma- ladie laisse sur les cadavres, les moyens de traite- ment employes pour la combattre, appuyeront encore mon opinion a eel egard. C. Automne. Du 15 septembre au 4 5 octobre, alors que les Automne. pluies d'automne ont ranime la vegetation des re- noncules vivaces, des adonides, des dauphinelles, des euphorbes, qui poussent dans les jacheres, les guerets, les prairies, les chaumes, ces plantes peuvent etre man gees par les moutons, mais alors elles sont peu acres, peu irritantes et n^occasionnent que rarement des accidents. D. Hirer, Pendant Fhivernage, Fempoisonnement des betes Hiver. a laine peut etre suscite par les fourrages rouilles , moists , vases ou lerreux. II est important de bien 182 fixer Faltention des veterinaires, des agriculteurs sur ces maladies. 1° Fourrages rouilles. — Les pailles de ble, d'a- voine, d'orge, les plantes diverses qui composent le foiri des prairies naturelles et artificielles, lorsqu'el- les portent sur leurs feuilles, leurs tiges, leurs epis, des taches roussatres, rougeatres ou noires , recoi- vent le nom de fourrages rouilles. La rouille, encore nominee nielle, qui se montre sur les graminees dans les annees humides et chau- des, pendant les niois demai et de juin, est formee par de petits champignons acres , irritants et vene- neux, dont les caracieres ont ete bien etudies par les botanistes. rindiquerai ici succinetement les carac- teres de ces cryptogames veneneux, ainsi que les vegetaux manges par les moutons, sur lesquels on les remarque ie plus frequemaient. Genre uredo. — 1° Uredo des cer dales ( uredo se~ meios^ resdes ^ eium i Lamarck et Deeandole). Ce champignon nait sur les feuilles, les tiges des graminees, en ve- sicules infiniment petites et visibles seulement au mi- croscope, tres nombreuses, ovales, jaunatres ou blan- chatres dans leur jeunesse, lesquelles finissent par se fendre longitudinalement pour laisser echapper une poussiere d\ibord jaune, puis rousse , coinposee de sporules eparses, presque globuleuses. Get uredo se 183 voil particulierement a la face superieure desfeuilles du ble, de Forge, de Favoine et de presque toulesles graminees annuelles et vivaces, et les couvre cFun grand norabre de petils poinds, de petites taches rous- satres. 2° Uredo carbo, vulgairement charhon des grami- nees. Ce champignon qui se developpe et vegete parti- culierement sur les glumes et les ovaires qui compo- sent Fepi de Favoine, se presente sous la forme d^une poussiere noire, ties fine, s'attachant aux mains. 3° Uredo des renoncules (wedo ranuncularum, De- candple). Get uredo qui s^offVe d'abord en taches jau- natres dans sa jeunesse, forme plus tard des plaques noires , oblongues ou irregulieres proeminentes, larges d^un pouce au moins, etalees et souvent con- fluentes. Toutes ces laches sont constitutes par une capsule renfermant une abondnnte poussiere pelle de ce nom les four- rages dont les tiges et les feuilles sont encore recon- verts par un depot limonneux laisse sur les plantes par les eaux proven ant du debordement des rivieres ou desfleuves, pendant les mois de mai et dejuin. Celimon, forme de terre, de matieres animales,de~ gluti avec les aliments, irrite le canal intestinal, et suscite son inflammation. Souvent a cette alteration du fourrage se joint la rouille et la moisissure. Dans le premier comme dans le second cas, ces aliments sont tres dangereux pour les moutons. Vegetaux acres et astringents. Dans les localites Aliments acres . j .1.1 t Ta j 1,0' el astringents. montagneuses du midi de la France, dans les Le- vennes notamment, et surtout dans la partie meri- dionale dite les ruffes, les moutons qui sont conduits en decembre, Janvier et fevrier dans les montagnes, et qui y broutent le genet d'Espagne, genista hispanica, contractent une inflammation des voies intestinales j ei des organes urinaires qui porte le nom de ge- nes fade (1). (1) Tessier, — Instruction sur les betes a laine, p. 243; — et Memoire de Tancienne societe d'agricuiture de Paris, annee 1735. 188 Comme on le voit, en hiver comme en ete, il est done possible de reconnaitre par Finspecsion de la matiere alimentaire les causes qui determinent Fem- MM.Numannet poisonnement. MM. Numann, directeur de Fecole Marchand. veterinaire du roy aume des Pays-Bas, el L. Marchand, veterinaire , eleve de cette ecole, dans un ouvrage remarquable sur les maladies causees par les cham- pignons veneneux qui croissent sur les vegetaux, pensent que ces plantes parasites occasionnent les maladies connues sous les noms de charbon, de fie- vre charbonneuse : je ne partage pas entierement cette opinion. II est vrai que les maladies dont il s^agit ne s 1 accompagnent point seulement d'une ir- ritation du canal intestinal, mais encore d^ne alte- ration du sang par la matiere veneneuse des cham- pignons qui, je le crois fermement, penetre dans le sang, et altere ce liquide. Toutefois cette maladie n'est point semblable aux affections carbunculaires determinees par les agents infectieux des marais : aussi en diflere-t-elle par ses causes, ses symptomes, ses lesions, ses moyens preservatifs et curatifs, ainsi que je chercherai a le prouver plus loin. Les causes nombreuses d^mpoisonnement des betes a laine que je viens de passer en revue, peu- vent determiner, et occasionnent en effet, des en- zootics sur les troupeaux , dans diverses saisons de 189 Tannee , dans des localites , des paturages parfois peu eloignes les uns des a litres, donfc le sol, la culture, la nature des plantes qui y vegetent , sont differents ; observation ii i • t • tit i ^ • fondeedeM.de maiscommeiODservejudicieusementM. deCrasparin, Gasparin. « les faits sont si varies, les circonstances si diverses, « les causes d'empoisonnement si nombreuses, quHl « faut examiner les faits dans chaque localite , les « analyser avec lenteur avant de se presser de ne « rien affirmer, et attacher d'autant plus d^impor- « tancea saisir Tanalogie des maladies sur tout quand « il s^agit de medecine veterinaire appliquee aux « troupeaux, et que c'est sur les methodes preserva- « tives que doit etre fondee cette medecine (1). » SYMPTOMES. Que Tempoisonnement des betes a laine soit de- termine par des plantes acres ou par des champi- gnons veneneux, parmi les symptomes que presen- tent les animaux, les uns sont communs a toules les especes d^mpoisonnements, les autres sont particu- liers au genre de plantes qui les ont suscites. Je crois utile de faire connaitre les uns et les autres. Symptomes communs* Ce n'est point lorsque la bete a laine vient de man- (1) Traite des maladies conlagieuses des betes a laine, p. 96. 190 ger des plantes veneneuses quVlle tombe malade , niais bien lorsqu'elle les a ruminees,et que le sue on le principe acre quVilesren ferment est parvenu dans la caillette et dans les intestins. Les auteurs qui ont avance qu'aussitot la plante mangee la bete a laine tombait malade, se sont done trompes sous ce rap- port (1). Voici ce que j^ai constate. syraptdmes La bete a laine s'arrete, cesse de manner et de mmuns. ruminer. Sa bouche est chaude, rouge et remplie d'une salive filante qui s^chappe par la commissure des levres (2). Un mucus abondant et queiquefois verdatre s^coule par les naseaux. Le ventre est tu- mefie, douloureux a la pression, principalement au flanc droit, region de I'abdomen occupee par Fin- testin grele. Bientot la bete eprouve des douleurs d'entrailles pendant lesquelles elle se couche , s n al- longe, et secontracte. Ses yeux sont rouges et injec- tes; le doigt introduit dans Tanus, et dans la vulve chez les femelles, y percoit beaucoup de chaleur. La respiration acceleree de temps en temps , s'accom- pagne d'un battement de flancs particulier. Quel- ques betes se campent frequemment pour expulser (i) De Gasparin, — loco citato, p. 90. (2) Cette inflammation buccale, cette salivation abondante, sont dues assurement a Taction irritante du sue acre des plantes sur la muqueuse etl'orifice des canaux salivaires. 491 avec douleur une petite quantite dWine roussatre ou sanguinolente. Bientol Fanimal eprouve des convulsions, s'agite, Marche. se debat, tourne qtielquefois en rond pendant quel- ques instants. Ses pupilles se dilatent , ses levres, sa queue, eprouvent un tremblement convulsif, en- fin il se jette a terre, se debat, et meurt. Quelques betes restent constamment couchees, s^al- longent de temps en temps , regardent leur ventre, sont tres abattues et meurent sans convulsions. Cette scene morbide est d'une duree variable se- Terminaison. Ion la quantite de plantes mangee par la bete et se- lon Tacrete de leur sue. Certains animaux goulus ou affames meurent en deux ou trois heures ; d 1 autres vivent pendant 10 a 12 heures. Rarement la maladie se prolonge au dela de trois ou quatre jours. Symptomes particuliers. i° Benoncules. Adonides. Dauphinelles. Enphor- bes. Ces quatre plantes determinent de violentes coli- ques. La bouche des animaux est toujours chaude, remplie de salive, et rempoisonnement se termine ordinairement soit par une diarrhee striee de sang, soit par {'expulsion d^une urine roussatre, qui prece- dent la mort de peu de temps. 2° Aconite. Ces plantes independamment des dou- 492 leurs intestinales occasionnent de la stupefaction, de Tabattemeiit , dus aux principes narcotico- acres qu'elles renferment. 3° Bourgeons de chene. Genet (FEspagne. Labouche est seche , brune ou noiratre. Les coliques sont peu violentes, la colonne vertebrale en arriere du gar- rot est tres sensible ; des frissons passagers se mani- fested. La constipation est opiniatre et les crottessont dures, luisantes, recouvertes d^une enveloppe blan- chatre. Dans certains cas et vers la fin de la maladie, la constipation est suivie de Texpulsion de matieres liquides, noiratres et infectes. Dans d^autres circon- stances des cedemes se declarent parfois , soit aux extremites des membres, soit aux mamelles, soit a la ganache, soit a la vulve. La duree de la maladie est de 1 2 a 15 heures, rarement plus. 4° Champignons veneneux, Coliques suivies de de diarrbee, bouche ecumeuse ; parfois des taches rouges, erysipelateuses, se montrent a lapeau. Les conjonctives soot jaunatres et souvent elles portent de petites eecbymoses. Le sang est noir et peu coa- gulable. Les urines sont a l'etat naturel ; le cceur bat violemment, le pouls est toujours petit et vite, Pa- battement considerable; frissons passagers, point de convulsions. La marche de la maladie est assez rapide ; les 193 animaux meurenten 24 ou 36 heures, et quelquefois beaucoup plus tot selon la quantile cT aliments alteres dont ils se sont nourris. Thaer (1) a constate que le trefle moisi mange par les brebis qui allaitent, donneaux agneaux une para- tysie particuliere, s'acoompagnant dVine claudication suivie d'un tetanos mortel, apres 3 ou h jours. Alterations cadaveriques generates, Le rumen, lereseau, le feuillet, presentent au des- sous de leur epithelium des taches rouges ou noi- ratres; les villosites, malgre leur fourreau epidermi- que, sont rouges et injectees. La muqueuse de la caillette est toujours rouge ou AU6ration des noiralre, et parsemee de taches noires dues au con- tact de la matiere irritante. Les intestins greles sont brunatres a Pinlerieur dans plusieurs points de leur etendue. Ouverts d^un bout a Fautre, leur muqueuse se montre rouge, injectee par plaques repandues ca et la ; parfois elle se montre noiralre, et facile a dechirer; ses villosites fines et nombreuses sont, dans beaucoup de points, detruites par la violence de ^inflammation. Les gros intestins offrent egale- ment quelques traces d^irritation. (1) Numann ct Marchaud, — Snrles proprieles nuisibles que peu- ventacquerir les fourrages ; p. 71. 13 194 Les reins sont souvent rouges, noiratres et gor- ges de sang; la vessie renferme une petite quantite Murine roussatre, parfois sa inuqueuse est pointillee en rouge. La rate est rarement alleree ; quelquefois, cepen- dant des taches noires se montrent dans son epais- seur. Le sang contenu dans le coeur et les vaisseaux est toujours noir. Le pouraon, les bronches, les cavites du coeur, ne presentent rien de notable. Le cerveau et les enveloppes n'offrent rien de remarquable. Les estomacs renferment des matieres rnolles et liquides comme dans Tetat ordinaire. Alterations particulieres. 1° Renoncules, adonides, dauphinelles, euphorbes, aconits, anemones. — Taches noiratres dans les esto- macs et surtout dans la caillette ; memes taches dans toute la longueur des intestins. Matieres excremen- titielles, liquides, et quelquefois sanguinolentes dans leccecum, inuqueuse de cet intestin ecchymosee et rouae. Reins noiratres, vessie contenant de Purine roussatre et sanguinolente. Rate a Tetat norma!, rien de particulier dans les autres visceres. 2° Pousses de genet, bourgeons de chene et defrene. — Estomacs renfermant des matieres alimentaires 195 dures, noiratres, attachees a Tepithelium, surtout 1 Alterations des dans le rumen et dans le feuillet. Taches noires ou intestins - marbrees dans la caillette et les intestins greles, mu- queuse de ces organes noiratre et recouverte d'une couche de mucus epais. Gros intestin renfermant tantot des matieres dures et noiratres, d'autres foisli- quides, brunes et infectes. Reins noirs ou marbres, substance tubulee noi- ratre ecchymosee ; vessie pointillee en rouge et ren- fermant une urine sanguinolente. Infiltrations sereuses dans le tissu cellulaire sous- cutane de la ganache, du cou, des aines. Sang noir et coagule ddns les vaisseaux. Cadavre se decomposant rapidement. 3° Champignons veneneux. — Estomacs renfer- mant des plantes sur les parties desquelles on peut reconnaitre tres bien au microscope, les champi- gnons veneneux. Taches rouges dans les villosites Alterations des intestins. du rumen et du feuillet. Rougeur interne de la cail- lette et des intestins. Taches noiratres repandues ca et la, ecchymoses dans lemesentere, dans les reins, la rateetlefoie. Unpen dWinejaunatre dans la vessie, Rien de notable dans le coeur et dairies poumons. Sang con ten u dans les vaisseaux noir et incoagule. La description que je viens de donner des sym- Mwwfc ptomes sucsitespar les diverses especes d'empoison- 496 nements determines par les plantes acres et les cham- pignons veneneux, permet doncde pouvoir constater a quel genre d'empoisonnement les animaux sont soumis, et, Fautopsie cadaverique peut done aussi faire reconnaitre la nature de la maladie qui a deter- mine la mort. DWe autre part, si Finspection des paturages a fait decouvrir des plantes irritantes , si , en inspectant les fourrages, on a constate qu'ils sont alteres par des cryptogames veneneux, on est alors certain et dela nature de la maladie et de la cause qui Fa determinee. II ne reste plus qu'a mettre en prati- que les moyens qui peuvent prevenir le mal et les remedes propres a le combattre. A. Moyens preservatifs. Eviter de conduire les betes a laine paturer dans les lieux ou croissent les plantes veneneuses, retran- cher de la ration les fourrages alteres, modifier cette alteration pour rendre les aliments le moins nuisibles possible, telles sont les conditions qui doivent etre rem- plies pour prevenir Tempoisonnement des ti oupeaux. Pour detourner les troupeaux des paturages malfai- sants, les bergers, les agriculteurs, devront connaitre les plantes qui %ausent la mort aux animaux, les sai- sons de Fannee ou elles vegefent et les lieux ou elles croissent (1). (1) J'aurais vivement desire joindre a ce traite' la descripiion de 497 Au moment de la premiere vegetation, si ces plantes sont peu nombreuses et disseminees ca et la dans les paturages, on devra toujours apaiser la faim des betes a laine, en distribuant une ration ^aliments sees au troupeau, avant de le sortir. Cette attention devra particulierement etre prise a Tegard des agneaux et des antenais, qui sont plus exposes a s'empoisonner que les vieilles betes. Les cultivateurs, les bersers soigrieux et amis de , petruire ies 7 n o plantes vene- leurs troupeaux, devront detruire, autant que faire n se pourra, les plantes nuisibles soit en labourant les chaumes, les guerets ou elles poussent au prin- temps, soit en les arrachnnt des bles, des seigles, des jeunes sainfoins , des minettes nouv elles , avant qu'elles aient donne des graines. Moyen de remedier a V alteration des fourrages par les champignons vene'n e ux . \ ° Failles et foins rouilles. — Les uredos, les puc- cinies, vegetent, ainsi que je Pai fait remarquer, au dessous de Fepiderme des graminees, lorsqu'elles toutes les plantes nuisibles dont j'ai parle, et des planches coloriees representant ces plantes, afin que les cultivateurs fussent a meme de les connaitre. Presse de faire imprimer ce travail par M. le mi- nistre du commerce et del'agriculture, le temps nem'a point permis de realiser ce projet, que je desire cependant mettre plus tard a execution. 498 renferment encore les sporules qui causent Fempoi- sonneraent et la mart. En battant, en secouant les fourrages, on detache bien les capsules, les recepta- cles situes en dehors de Fepiderme qui, pendant Toperation , repandent une poussiere roussatre; mais comme beaucoup de capsules situees dans le parenchyme de la planle, restent intactes, ainsi qu^il est facile de s'en convaincre, il vaut mieux, si les fourrages sont parsemes de beaucoup de taches de rouille, les convertir en fumier. Certains proprie- taires s'en servent pour faire de la litiere, mais eVst toujours une tres mauvaise economie, parce que les animaux goulus peuvent manger cette litiere et s'empoisonner. Les fourrages peu alteres par la rouille pourront etre battus au fleau et bien secoues au grand air, pour les debarrasser du plus grand nombre possible de champignons veneneux; ils seront ensuite asperges avec de Teau salee, et, s^l est possible, on les melan- gera avec d'autres fourrages de bonne qualite (1). 2° Fourrages moisis. — Les fourrages recouverts de beaucoup de moisissure, et d^une odeur infecte, seront convertis en fumier. Ceux dont quelques par- (t) 500 grammes (1 Jivre) de sel de cuisine en solution dans cinq seaux d'eau suffisent pour arroser 50 kilogrammes ou lOOlivresde fourrage. 199 ties seulement sont pourvues de moisissures, seront battus, secoues, jusqu'a ce qiFils ne repandent plus de poussiere, et asperges d^eau salee. 3° Fourrages vases. — Ces fourrages devront etre battus, secoues et debarrasses le plus possible du limon infect qui y est attache; de meme que les fourrages moisis, ils seront en suite asperges avec de Feau salee. B. Moyens curatifs. 4° Renoncules, adomdes, dauphinelles, euyhorbes, aconits. — D^pres des experiences reiterees de Crapf, le vinaigre vante par les anciensagriculteurs, le sucre, le miel, Feau salee, developpent Fenergie du sue acre et irritant des renoncules(l). Brugnone, qui a eu a combattre Fempoisonnement par la re- noncule des champs, dit, au contraire, avoir gueri des brebis en proie a mi empoisonnement rapide, par Fadministration du vinaigre pur, qui fit cesser tout accident en tres peu de temps. L'eau acidulee legerement avec le vinaigre fut or- Boissons aci- dules. donnee pour boisson au reste du troupeau par Bru- gnone, et toutes les betes guerirent (2). J'ai eu plusieurs fois a combattre Fempoisonne- (1) Crapf, — loco citato. (2) Brugnone, — loco citato. 200 ment determine par la renoncule acre, tres abon- dante dans lespalurages, les guerets du departement de la Nievre, ou j #, ai exerce la medecine veterinaire, et je me suis toujours loue d'avoir employe les breu- vages acidules conseilles par Brugnone. Faireabreu- Avant, toutefois, de donner des breuvages aux ver le iroupeau. 7 D animaux malades, il est necessaire de faire abreuver tout le troupeau avec de Feau pure, tant pour etan- cher la soif des betes en proie a Firritation du canal intestinal cause parle sue des renoncules, que pour delayer le poison contenu dans les premiers esto- macs, la caillette et les intestins. Aux betes tres malades on pourra administrer des lavements avec les decoctions de mauves, de guimau- ves, de graine de lin, dans lesquels on ajoutera quel- EGioiHents et ques cuillerees d'huile, ou de beurre fondu, pour les huileux. rendre legerement purgatifs. Le lait coupe avec de Feau, administre en breuvage> donne des resuitats tres satisfaisants. Selon Gronier, les bergers qui con- duisent les moutons dans les montagnes ou vegetent les aconits, emportent, pour remedier aux accidents causes par ces plantes, des vases remplis de lait. La theriaque, a la dose de 8 grammes (2 gros) dans deux verres de decoction de plantes aromatiques, et dont les bons effets ont ete constates sur les chevaux 204 empoisonnes par Paconit napel, par M. Hugues (1), pourrait etre essay ee sur les moutons. Le sulfate de soude (sel de Glauber) a la dose de Sel ^Glauber. 16 grammes (1/2 once), dissous dans 2 verres d'eau, en purgeant promptement les moutons et evacuant le poison, donne de tres bons resultats. 2° Bourgeons de chene, de frene, tiges de genet. — Les decoctions emollientes de graines de lin, de mau- ves, uniesa Phuileou a 8 grammes (2 gros)de creme de tartre soluble, et administrees alternativement avec des breuvages mielles, rendus temperants et Brcuvages diuretiques avec de k a 8 grammes (1 a 2 gros) de sel de nitre par litre d'eau, en faisant cesser la consti- pation, suscitant des contractions du canal intestinal, changeant la nature des urines, produisent d^excel- lents eflfets. Tessier conseille, contrela genestade, de donner en lavements quelques gouttes d'essence de terebenthine dans 1/2 litre d'eau. Ces lavements, dit ce savant agriculteur, rappellent les urines, qui sont toujours rares dans cette maladie. Je prefere le nitrate de po- tasse, qui agit moms violemment sur les reins pour obtenir cet eflet. Champignons veneneux. — Apres avoir retire ou (1) Journal pratique de medecine veterinaire ; t, II, p. 598. 202 modifie, ainsi queje Pai dit, le fourrage altere par les champignons, on donnera aux betes a laine des boissons blanchies avec la farine dWge, dans les- quelles on ajoutera 90 a 1 00 gr. (4 onces) de nitrate de potasse. Les betteraves ernes, les porames de terre, les navets, dislribues alternativement avec une petite ration (1/2 livre), de regain fin de bonne qualite, de telle sorte que les betes soient a une demi-diete pen- dant quelques jours, arreterontla mortalite. Breuvages Quant aux betes tres nialades, il sera utile de leur emollients avec leiait. £ a « re ^gg] ut i r j es breuvages d^au de son, de graine de lin, de mauves, dans lesquels on ajoutera du miel et une petite quantite de vinaigre. On passera beau- coup de lavements emollients. Le lait, le petit lait, sont encore ici tres utiles. Lorsque les animaux sont tres faibles, Fadministration d^une decoction vineuse de gentiane ; la teinlure de quinquina unie au vin, a la biere, a la dose d'un decilitre par bete, reieve les forces de Panimal et procure quelquefois la gue- rison. BIBLIOGRAPHIE. PLANTES ACRES ET VENENEUSES. 1752. Hebenstreit, — De curapascuorum, 1752. — On trouve dans cet ouvrage des exemples d'empoisonnement par la renoncule acre. 203 1766. Crapf, — JExperimenta de nonnulorum ranuncutorum venenata qua-* litate, horum externo et interno usu; Yiennse Austria?, 1766, in-8°. 1775. Paulet,— Recberches historiques et physiques surles maladies epizootiques ; t. II. p. 377. 1780. Eulliard, — Herbierde la France, contenantla description des plantes veneneuses; Paris 1780. 1788. Giulio, — Dissertation sur les meilleures et lesplus mauvaises herbes des pres du Piemont. Memoria della realSocietaagraria di Torino, 1788, p. 84, note E. 1789. Gmelin, — De herbis venenatis Germanic. 1789. Brugnone, — Observations et experiences sur la qualite vene- neuse et merne meurtriere de la renoncule des champs. — In- structions veterinaires, 3 e edit., t. Ill, p. 311, etMemoiresde l'academie des sciences de Turin, 1688-1789; avec planches. La planche de cette renoncule existe dans la l rc edition des Instructions veterinaires, publiee en 1793. 1806. Delamarck et Decandole, — Flore franchise, ou Description succincte de toutes les plantes qui croissent naturellement en France ; Paris 1805. 1821. DeGasparin, — Des maladies contagieuses des b6tes a laine; 1821, art, Chorion, p. 88. 1821. Joseph Roques, — Phytograpbie medicale, orn6e de figures colo- riees ; Paris 1821. — On trouve dans ce beau travail la descrip- tion et le dessin colorie de presque toutes les plantes vene- neuses dont il a ete question dans ce traite. 1823. Nouveau cours complet d'agriculture theorique et pratique; 1823 ; t. XIII, art. Renoncule, Adonide et Dauphinelle. 1827. Dictionnaire des sciences naturelles; 1827, t. XLV, art. Renon- cule, Adonide et Dauphinelle, p. 70. 1831. Rigot, — Elements de botanique medicale et hygienique ; Paris 1831. 1833. Grower , — Precis d'un cours d'hygiene veterinaire; 1833, p. 164. 1836. Orfila, — Traite de medecine legale : 3 e edition, t. Ill, p. 321. 1838. De Gasparin, — Discussion de la loi sur les vices redhibitoi- res; art. Sang derate. — Recueil de medecine veterinaire; t. XV, p. 204. 1842. Magnb, -— Principes d'hygiene veterinaire ; 1842, p. 195. 204 PLANTES ASTRINGENTES. 1785. Tessier — Memoires de l'ancienne societe d'agriculture de Paris, 1785. 1793. Chabert. — Instructions veterinaires ; 3 e edition, t. IV, p. 102. 1810. Tessier, — Instruction sur les merinos; p. 243 et 245. CHAMPIGNONS VENENEUX. 1783. Tessier, — Traite des maladies des grains; in-8°. — On trouve dans ce travail des dessins representant les alterations des graminees par les champignons veneneux. 1801. Gohier, professeur veterinaire, — Expose des rapports, recher- ches et experiences sur les pailles affectees de rouille. 1804. Gorier, — Memoire sur l'epizootie des chevaux du 20 c regiment de chasseurs en garnison a Metz; Lyon 1804. 1805. De Lamarck et Decandole, — Flore franchise; t. II, p. 226 et suivantes. 1826. Dictionnaire des sciences naturelles ; t. XLIV, art. Puccinie, et t. LVI, art. Uredo. 1830. A. Ncmann el L. Marchand, — Sur les proprietes nuisibles que les fourrages peuvent acquerir par des productions cryptoga- miques; traduitdu hollandais. — ■ On trouve dans cet excel- lent travail les caracteres des plantes cryptogames nuisibles aux animaux, et des dessins representant ces plantes vene- neuses. 205 CHAPITRE VI. Pe la maladie roog^. Opinions sur cette maladie. — Sympt6mes. — Lesions morbides. — Nature et siege. — Causes. — Moyens preservatife et curatifs. La maladie rouge des betes a laine, ainsi nominee synonymic parce que les larmes, Purine, le mucus intestinal et nasal, sont rougis par du sang, est encore appelee maladie de Sologne, parce quelle se montre plus particulierement sur les Iroupeaux de la Sologne. Des personnes instruites, des cultivateurs eclaires, opinions de -, ,. -.. r • • quelques per- pendant mou sejour en iieauce, me faisaient ooser- sonnes. ver que la maladie de sang ne pouvait etre attribute a une alimentation trop succulente, a la nature du sol, a Fair sec et vif, puisque les betes a laine de la Sologne, localite ou les paturages sont maigres, frais, humides, Fair peu pur, et ^alimentation tres 206 peu alibile, en hiver surtout, en sont egalement atteintes. On ajoutait a cette raison que dans la description donnee par beaucoup ti^auteurs, et de la maladie de sang, et de la maladie rouge, on re- connaissait les causes, les symptdmes, les alterations et meme les moyens de traitement de ces deux mala- dies. J^ai combattu cette opinion autant que j'ai pu, et je me crois oblige aujourd^hui de revenir sur cette question importante dans ce traite, car il importe que les veterinaires, les cultivateurs , soient bien eclaires sur ce point, s^ils veulent avoir confiance dans les moyens preservatifs que j^ai presents contre la maladie de sang des pays de grande culture. Je vais done faire connaitre succinctement les symptd- mes, les alterations morbides de la maladie rouge ; j^en indiquerai les causes, les moyens preservatifs et curatifs, et je dirai quels sont les auteurs qui ont confondu, tant par les noms que par la nature et le siege, la maladie rouge et la maladie de sang. A. Symptom es. Symptomes. La bete a laine atteinte de la maladie rouge est triste et reste en arriere du troupeau, sa laine est he- rissee et son ceil pale et larmoyant. Sa peau, ses gencives, sont plutot pales que rosees. Son sang 207 retire a la jugulaire , est clair , et tache legere- ment la main. Recueilli dans un vase, sa pesanteur specifique comparee a celle de Feau, est diminuee; sa coagulation est lente et le caillot donne beau coup de serosite. A ces signes precurseurs de la maladie, viennent bientot s'en joindre d'autres qui annoncent son debut et ses progres. Un jettage froid, mucoso- sereux, s^coule par les naseaux ; la bouche est cliaude; Tanimal boit abondamment et parait toujours altere. Bientot des larmes roussatres s^echappent de ses yeux,un jettage tantot abondant et glaireux, d^utres fois rare, epais, strie de sang, sYcoule par les deux naseaux. Les matieres excrementitielles , d'abord recouvertes de grumeaux sanguinolents, sont bien- tot liquides, muqueuses et rougies par du sang pres- que pur. Les urines s^ecoulent d^bord roussatres, puis charrient des globules de sang. A cette periode dela maladie, le fluidenourricier est rose, tacbe peu les mains et le linge, et ressemble a de la lavure de cbair ; son caillot peu consistant laisse echapper une grande quantite de serosite. Plustard des cedemes sedeclarentsous la ganache „ h „. „, _ o Marche et pro- et aux membres anterieurs ; les animaux sont tres gres * faibles, ils refusent dialler aux champs, restent cou- ches, salivent beaucoup et boivent toujours abon- damment. Un grand nombre de betes eprouvent vers 208 la fin de la maladie im flux immodere dWines, et une diarrhee epuisante , el si la bete n^est pas conve- Terminaisons. r * nablement traitee, la mort termine ordinairement celte scene pathologique, dont la duree est de deux a trois jours au moins, et de huit a quinze jours au plus. B. Lesions morbides. Les cadavres sont ients a se decomposer ; les vais- seaux sous-cutanes ne laissent ecouler, en detachant la peau 9 qu ? une petite quantite de sang rose. Les chairs sont plutot pales que rouges. intestins et ^es hitestics presentent ca et la des ecchymoses tant a leur surface exlerieure que dans leur interieur. Les intestins greles ne renferment jamais desang. Les matieres alimentaires sont seulement rougies par un pen de mucus sanguinolent. Tessier qui a etudie cette maladie en grand dans la Sologne, par ordre du gou- vernement, ne parle nuliement des alterations de la rate, dans son instruction surles merinos. Flaadrin dit : « La rate est plus volumineuse quelle ne Test ordinairement; elle raontre a sa surface et surtout a son bord arrondi ea dehors, des elevations vesicu- lates extremement petites, pleines d'une liqueur epaisse et rougeatre ; son parenchyme est plus epais qu^a l 1 ordinaire, et d'un rouge moins {once. » Je n^ai vu que quelques ecchymoses repandus ca et la dans repaisseur du Urn de la rate, dans tous les cadavres 209 que j'ai eu occasion cTouvrir. Les ganglions lympha- tiques du mesentereet de toules les parties du corps, sont exempts d'alteraiion. Les reins sont a Fetal nor- mal ; la vessie renferme une petite quantite d 1 urine roussalre ou rougie par du sang. Les cavites nasales sont obstruees par du mucus sanguinolent. Les bronches renferment un mucus strie par du sang; les poumons sont parsemes de tres petites ecchymoses; le coeur offre parfois de petites lacbes brunes dans ses ventricules ; le sang contenu dans les vaisseaux est en petite quantite, et forme un caillot retreci d'un rose clair. Dans beaucoup de betes, le pericarde, la poi- trine, le peritoine, contiennent un liquide rougea- tre, souvent aussi les chairs des parties declives sont infiltrees de serosite. C. Nature et siege. La maladie rouge offre done des differences frap- pantes avec la maladie de sang, dans ses signes pre- curseurs, son debut, sa marche, sa duree et les lesions qu 1 elle laisse sur les cadavres. Le seul point de ressemblance qu'on puisse trouver entre Tune et Tautre affection, consiste dans Tecoulement parfois d'une urine sanguinolente pendant le cours de la maladie, ou peu de temps avant la mort. Tou- 44 210 tes les autres lesions cadaveriques offrent des dis- semblances frappantes. ^opinions de Tessier, qui le premier a decrit cette maladie, en 4 776, dans les Memoires de VAcademie de medecine, puis en 1782, dans son Traite sur plusteurs maladies des bestiaux , et enfin dans son Instruction sur les betes d laine, disait : « Cette maladie est-elle une af- fection particuliere ? doit-elle se rapporter an sang on a la pourriture ? ou bien est-elle une combinai- son des deux maladies ? Puis apres avoir compare les deux affections, il ajoute : « Je suis cependant plus porte a la rattacher a la pourriture (1). Flandrin ne se prononce point sur la nature ni sur le siege de la maladie, mais, par la description qu^il en donne, on reconnait facilement une affection anhemique diffe- Auteurs qui maiadiei nsu6 la rente & e * a maladie de sang. Thorel (2) ensuite, puis Lullin (3), Arthur- Joung (4), D^Arboval (5), ont parfaitement distingue ces deux maladies. Nous avons aussi insiste en 1839, sur cette distinction, (1) Tessier, — Instruction sur les merinos; p. 263 et 264. (2) Thorel, — Cours d'agriculture de Rosier, 1796, art. mal rouge, t. VI, p. 380, etNouveau Cours complet d'agriculture theorique et pratique, t. VHI, p. 138. (3) Lullin, — Observation sur les betes a laine j 167. (4) Arthur Joung, — Voyage en France. (5) D'Arboval, — Dictionnaire de med. et de chirurgie vet. j t. IV, p. 58. 2\\ dans un memoire sur les alterations essentielles du sang, que nous avons offert a PAcademie royale de medecine (1). Les auteurs qui ont jele de la confusion sur la ma- en ^fSS?- , t . t i t i A i dus la nature e t ladie rouge et la maladie de sang, tant par les noms ie siege. quails ont donnes indislinctement a Tune et a Fautre maladie, que par la description des symptomes, des lesions qu^ls en ont faite, sont : M. Ie docteur Guer- sent dans son Essai sur les epizooties, Desplas dans son article Maladie de sang, insere dans le Nouveau Cours d'agriculture theorique et pratique , M. Huzard fils , dans sa Nosographie veterinaire , et surtout M. Dupuy, dansle Journal pratique (2). En effet, ces opinions et surtout celles de Desplas et de M. Huzard, publiees dans des ouvrages repan- dus parmi les agriculteurs, ont jete la plus grande confusion dans les idees vraies qu^on avait alors sur la maladie de sang. La maladie rouge ou de Sologne, d 1 apres mes re- cherches, est due a une alteration du sang, dans la- quelle la matiere globule^e ou colorante de ce li- quide est en petite quantite dans les vaisseaux , et sa serosite abondante ; sa nature est done toute diffe- (1) Recueil de med. vet. \ 1839, p. 356. (2) Dupuy, — Journal demed. veter. pratique ; t. II. p. 57, t. Ill; p. 287. Distinction. 212 rente de la maladie de sang de la Beauce, et de tons les pays de grande culture , puisque celle-ci est due a un exces de sang contenu dans les vaisseaux , et a la trop grande richesse des globules de ce fluide. Man opinion. Pour moi, si dans la maladie rouge, le sang s'e- chappe des vaisseaux, se raele aux urines, aux excre- ments, au mucus nasal, aux larmes meme , cette he- morrhagic est due a la trop grande fluidite du sang, a son peu de plasticite, et a la faiblesse des solides de tout Forganisrne ; tandis que dans le sang de rate de la Beauce, ainsi que j^ai cherche a le prouver, le sang est en exces dans les vaisseaux, il est tres riche en globules , pauvre en eau, et s'echappe des plus petits tubes vasculaires, en raison de sa trop grande abondance. Cette comparaison serait deja sum- sante pour faire sentir les caracteres maladifs op- poses des deux affections; mais les causes de la maladie rouge, ses moyens preservatifs et curatifs vont convaincre les plus incredules a cet egard. Caused ffine'rales. Je consulterai ici particulierement les ouvrages de Tessier et du professeur veterinaire Flandrin, qui, tousles deux,ont ete envoyesen Sologne par le gou- vernement, pour etudier lea causes de la maladie rouge; je dirai aussi ce que j'ai vu. 213 Selon Flandrin, les brebis, les beliers, les mou- tons, les agneaux, sont egalement atteints de la ma- ladie de Sologne ; d^apres Tessier, elle exercerait particulierement ses ravages sur les agneaux et sur les antenais. Elle attaque quelquefois la mere et Fagneau en meme temps, ou Fun ou Fautre sepa- rement. Constitution du sol. — La Sologne, pays compris entre la Loire et le Cher, est presque perpetuelle- ment abreuvee d'eau. La surface du sol est sablon- neuse et le fond est argileux, en sorte que la terre reste constamment fraiche et humide. II n'y a peut- etre nulle part, en France, un aussi grand nombre d^etangs que dans la Sologne. Bergeries. — Les bergeries sont generalement humides, mal closes et sans litiere. Les betes a laine y souffrentle froid pendant Fhiver ; elles croupissent en outre dans un fumier humide. Regime oVhiver. — Au mois de novembre on forme, dans chaque metairie, deux troupeaux. Le premier est compose de brebis pleines et de jeunes femelles antenaises. Le second est forme d'agneaux nes au mois de mars precedent. Ces deux troupeaux, quelque temps qu'il fasse, excepte cependant par les neiges abondantes, sont conduits separement dans les champs.A la bergerie on leur distribue du chau- 2U me, de la paille de seigle, des branches d^rbres avec leursfeuilles. Dans la Basse-Sologne qui louche le Berri, dans celles de Tarrondissement de Romo- rantin, ou la culture a fait beaucoup de progres, les moutons sont cependant un peu moins mal alimentes. Certains proprietaires vont couper des genets a balais, d'aulres elaguent les pins, les sapins, dont les plantations sont devenues nombreuses dans les terres steriles de la Sologne, et distribuent de temps en temps de ces aliments aux troupeaux affames, qui les mangent volontiers. Pendant les moins mauvaises journees driver le troupeau sort de la bergerie pour etre coLfduit dans les hautes bruyeres, les genetieres, lelong ties haies ou, assurement, il soufFre la faini. Les brebis qui ont fait agneau sont un peu mieu^ soignees. Les cultivateurs reservent les qnelques herbes dessechees qu'ils possedent pour le moment de Tallaitement, mais ce n 1 est que tres rarement quon leur distribue une ration de grain. RJgime duprintemps. — £~ mo is d'avril, les fe- melles, ainsi que leur- agneaux, sont conduits dans quelques bon$ chaumes ou dans des palures qu'on leur a reservees, le reste du troupeau est mene sur les landes. L'habitiirj^ de traire les meres pour con- 215 feclionner des fromages avec lelait, est rare aujour- d^hui en Sologne. Au mois de mai et dans la premiere quinzaine de juin, ]es moutoos sont conduits aux paturages par des bergers, ou plutot par des bergeres, des enfants, dans les endroits ou Therbe tendre, fraiche et aqueuse, commence a pousser. Les moutons appetent cette herbe, et s'en rassasient. C'est a compter de fevrier, puis en mars, avril et mai, que la maladie rouge se declare et fait de nombreuses victimes, et plus, dit Thorel, le mois d'avril est plu- vieux, plus elle ravage les troupeaux. La morlalite qu'elle exerce, ajoute cet auteur recommandable, est d'autant plus grande, que les paturages sont plus humides. Plus tot on fait naitre les agneaux , plus 3a maladie rouge en enleve. Dans ce cas, la saison n'etant pas encore assez avancee, les brebis ne trou- vent pas d^herbes aux champs, et ne peuvent four- nir assez de lait a leurs agneaux pour leur subsis- tance. Or, les causes de la maladie rouge, corame on le voit, sont done tout a fait de nature opposee a celles qui determinent la maladie de sang des trou- peaux de la Beauce. Mauvaise habitation pendant I'hiver, respiration Resume des causes. d\in air charge d'humidite, nourriture insuffisante sont tes. 216 et peu nutritive, usage de plantes vertes et aqueuses au printemps, telles sont les conditions qui deter- Le d(Mitan- raiment tout le maL Or, je le demande, ces causes ne sont-elles pas debilitantes ? Ne doivent-elles pas ten- dre a appauvrir le fluide nourricier et contribuer a sa sortie des vaisseaux, en raison de sa trop grande fluidite? Ne doivent-elles pas aussi rendre les organes mous , faibles et frappes d^atonie ? La [nature de la maladie, son siege, s'accordent done avec les causes qui les suscitent, et cela est tellement vrai et d'accord avec Pobservation que la ou la culture est amelioree, et ou on nourrit mieux les troupeaux, comme dans le val de la Loire, le voisinage du Berri, Tarrondis- sement de Romorantin, la maladie rouge est plus rare; et que la aussi, ou les cultivateurs donnent du genet, des feuilles de pins, de sapins, du genievre, du sel, a leurs troupeaux, pour tonifier, stimuler les organes, la maladie fait beaucoup moins de victimes. Regime (Pete. — Apres la recolte des seigles, des avoines, les troupeaux sont conduits dans les chau- mes ; les plantes maintenues fraiches jusqu'a ce mo- ment par les cereales, sont abondantesetsucculentes, et les moutons en mangeraient au point d^en perir, si on les y laissait se rassasier ; mais on a le soin de ne les faire paturer que pendant une demi-heure ou tine heure les premiers jours. Dans ce moment la 217 maladie rouge perd de sa violence et ne fait plus de ° r l La maladie es victimes. « Cet assertion est fondee sur une longue pytu l r t e ge d s ans S uc! r culents. experience, dit Flandrin, elle m'a ete confirmee de toutes parts dans la Sologne. » Ainsi done, e'est la saison des chaumes, des paturages succulents, qui arrete la maladie rouge dans la Sologne, tandis que le contraire se remarque dans la Beauce. — Cepen- dant je dois m^empresser de dire que dans les par- ties du val de la Loire bien cultivees, dans quel- ques bonnes regions de la Sologne, la maladie de sang se declare quelquefois pendant les annees de seche- resse, alors, seulement, que les troupeaux sont conduits dans des chaumes pourvus de beaucoup de bonnes plantes nourrissantes, et lorsque surtont les bergers conduisent, sans discernement, dans ces pacages. Dans cette circonstance la transition su- bite d'un regime pauvre a un regime abondant et succulent, donne rapidement un exces de sang au- quel Forganisation n'est point , en quelque sorte, accoutumee, et les animaux meurent de la veritable maladie de sang, due a Texces de celiquide; et c 1 est sans doute cette observation qui a fait dire a Tessier, que la maladie rouge, affection que cet agriculteur a confondue dans cette saison de Fannee avec la mala- die de sang,etait dans toute sa force au mois de juin et au mois de juillet. 218 Regime d'automne. ~ Pendant Pantonine les troupeaux continuant de palurer alternativement sur les chaumes et les landes, trouvent une nourri- ture assez abondante et assez succulente pour arreter toute mortalite. Le mois de septembre, la premiere quinzaine d'octobre, sont les temps ou les moutons se portent le mieux en Sofogne, et ou ils prennent un certain embonpoint. Moyens preservatifs. La nature du sol de la Sologne, son etat inculte, ou tres difficilement cultivable, Timpossibilite de se procurer de bons aliments , la misere des petits fer- miers ou metayers, leur in curie, Tabsence de bons bergers, le peu de valeur des moutons dans beau- coup de parties dece sterile pays, sont des obstacles si grands et si difficiles a surmonter que je me crois oblige a declarer qu^on ne peut, qu'on ne doit point cbercher a prevenir complement la maladie rouge, mais seulement aviser aux moyens d'en diminuer les ravages annuels. Voici done les conseils que je crois utile de donner aux cultivateurs. Regime. \ ° Qn cherchera a se procurer le plus possible de fourrages sees, de branches d 1 arbres garnies de leurs feuilles. Si ces aliments sont de mauvaise qualite, on les aspergera d^eau salee. 219 On fera consommer la provision de fourrage de maniere a ne point laisser les betes souffrir la faim en fevrier, mars et avril. Les branches de pins, de sapins, dont les feuilles sont ponrvues d'une matiere resineuse tonique et excitante , les tiges, les feuilles de genet, de genie- vre, sont tres utiles aux troupeaux. On en donnera une ration deux fois par semaine. 2° On cherchera a clore les bergeries le mieux pos- Ber s eries ' sible, poureviter le froid etThumidite. On pratiquera des jours aux toits, pour faciliter la sortie des ema- nations dues a Fencombrement des animaux. 3* On recoltera des chaumes, des feuilles, des her- bes seches, pour eviter le coucber sur le fumier. 4° Au printemps, on ne sortira point, autant que Paturages. fairese pourra, les troupeaux aux champs, avant la chute de la rosee, et on les rentrera a la bergerie, une heure au moins avant la chute du jour. 5 On evi lera surtout les paturages humides et les brouillards du printemps. 6° On ne traira point les meres lorsqu'elles allaitent les agneaux. 7° \Jiy evitera le passage brusque des aliments Passage brus- que d'un regime aqueux et peu no^rissants du printemps, a Fabon- J.^ autre re- dance des plantes succinates qui vegetent dans les chaumes. 220 La saign^e, les remedes rafraichissants, sont ge~ Bui f s?bies! ssants neralement nuisibles. Ces moyens ne peuvenl etre utiles qu'au moment ou les moutons font trop de sang. Enfin, on cherchera a louer de bons bergers, et toujours on fera bien de ne jamais confier le trou- peau a des enfants. Moyens curatifs. On ne doit tenter la guerison des anirnaux qu'autant que la maladie ne fait que commencer ; plus tard elle est difficile a combaltre et reclame des soins et des depenses que les prop rietaires ne peuvent point faire pour leurs moutons. L'eau de vie camphree, unie au vin de quinquina, a tres bien reussi auprofesseur veterinaireFlandrin, dans le debut et meme Fetat de la maladie. Toniques as- ^ es decoctions concentrees de plantes aromati- ques, telles que celles de sauge, de thym, de serpolet, d'ecorce d'orme, d'ecorce de chene, de seconde ecorce de sureau, a la dose d'un a deux verres par jour, a chaque bete, et dans lesquelles on ajoute un peu de vin ou d'eau de vie, sont des remedes peu couteux, qu'on peut se procurer partout, et qui sont forts utiles. tfingents. 221 BIBLIOGRAPHIE. 1776. Tessier, — Memoires de la faculte de medecine; 1776, p. 335. 1782. Tessier, — Memoire sur plusieurs maladies cles bestiaux. 1790. Flandrin, — Instructions veterinaires; 4 8 edit., t. I er , p. 328. 1796. Thorel, — Cours complet d'agriculture de Rosier; art. Mai. rouge, t. VI, p. 380. — Arthur Young, — Voyage en France, art. Maladie de Sologne. 1804. Lullin, — Observations sur les bfites a laine ; p. 167. 1810. Tessier, — Instruction sur les merinos; p. 260. 1815. Guehsent, — Essai sur les epizooues; p. 80. 1820. Huzard fils, — Esquisse de nosographie veterinaire; p. 317. 1823. Desplas, — Nouveau cours complet d'agriculture; t. XIII, p. 396, art. Maladie de sang. 1839. Delafond. — Memoire sur les alterations essentielles du sang des animaux domestiques. Recueil de medecine veterinaire ; t. XVI, p. 345. 1839. D'Arboval, — Dictionnaire de medecine et de chirurgie vete- rinaire^ 6 edit., t. IV, p. 58. 222 TABLE DES KATIERES. CHAPITRE PREMIER. Description de la maladie de sang 1 Lieux oil la maladie a ete etudiee 4 Race, qualites des betes a laine en Beauce 5 Nombre de betes a laine dans les arrondissements d'Orleans et de Pithiviers ,. ....... 6 Betes que la maladie attaque plus particulierement . ... 7 Mortalile pour l'annee 1842 8 Synonymie et description de la maladie ; 9 Signes avant-coureurs 10 Circonstances qui en exasperent la marche - 12 Signes mortels, duree et terminaison . 12 Lesions laissees par la maladie sur les cadavres ...... 13 Resume des alterations cadavdriques 24 Nature et siege de la maladie 26 CHAPITRE II. Causes de la maladie ......... 29 Situation topographique de la Beauce orleanaise 30 Constitution geologique de son sol 33 Hygiene des betes a laine pendant l'hivernage 41 Re'gime alimentaire, abus des aliments sees et succulents, 42 analyse de ces aliments 47 Inconvenients etfaits demontrant qu'ils occasionnent la ma- ladie desang. 52 Stabulation, bergeries, leur constitution, leur insalubrite, inconvenients 68 Regime du printemps et de l'ete .- 69 Tonte des troupeaux . . 72 Paturages sur les chaumes 73 Parcage , insolation , inconvenients 77 Boissons pendant l'ete, usage de i'eau salee, inconvenients . 79 Hygiene de l'automne 83 Instruction des cullivateurs et des bergers sur l'bygiene des betes a laine ; avantages que les bergers retirent de la mortalile; inconvenients 83 CHAPITRE IU. Moyens curatifs et preservatifs de la maladie de sang . -. . r r Moyens curatifs .• .- 89 Moyens preservatifs 90 Conditions a remplir par les cultivateurs pour prevenir la maladie . .,...; 92 Modifications a apporter dans le regime d'hiver . . . . . .: 93 Culture de la betterave ; sou emploi ; ses avantages ..._•... ._,i 94 223 page Culture et eraploi de la pomme de terre ; avantages .~ . . . 99 Diminution dans la ration des aliments ordinaires 102 Moyens preservatifs applicables au regime du printemps . . 107 Moyens preservatifs a employ erpendant les cbaleursde l'ete. 110 Tonte 110 Parcage. . Ill Boissons des animaux. . . 113 Paturages des cliaumes apres la moisson. 115 Paturages particuliers pour rafraichir les troupeaux pendant les chaleurs et apres la moisson 117 Soins a prendre pendant ie pafurage d'automne 119 Cequ'il conviendrait de faire a I'egard des bergers 120 Moyens preservatifs a mettre en pratique lorsque la maladie sevit violeinment dans un troupeau . . . . * 122 Saignees 123 Diete 124 Emigration 124 Faitsconstatant les bons resultats de Immigration 125 Bibliographic de la maladie de sang , 137 CHAPITRE IV. Fievre charbonneuse des betes a laine comparee avec la maladie desang 139 Causes de eelte maladie; emanations pulrides 139 Emanations dues aux engrais dans les terres de la Beauce; opinions ; refutation 142 Eaux vaseuses et croupies -> ; 145 Insalubrite des bergeries ■•. . . 147 Contagion des troupeaux malades aux troupeaux sains . . 148 Contagion aux homines 150 Symptftmes de la fievre charbonneuse . •■ i51 Lesions cadaveriques 154 Nature et siege de la maladie compares avec la maladie de sang 155 Moyens preservatifs airieltre en pratique lorsque la maladie est declaree (talis un troupeau , 156 Moyens curates- 159 Bibliogvap'nie de la fievre charbonneuse 101 CHAPITRE V. De I'empoisonnement des betes a laine parlesplantesveneneuses compare a la maladie de sang^ 163 A. Plantes qui occasionnent l'empoisonnement des trou- peaux au printemps . 164 Renoncules 164 Adonides 170 Dauphinelles 172 Anemones pulsatilles 174 Euphorbes 174 Aconits 176 Bourgeons de chene, de frene 176 B. Plantes qui occasionnent l'empoisonnement pendant l'ete 177 Plantes citees par M. de Gasparin ; ivraie ; potentilles ; •robanches ; adonides -, refutation . , ......._.:- 177 224 page C. Plantesqui determinent l'empoisonnement pendant l'au- tomne .... 181 Plantes qui suscitent l'empoisonnement pendant l'hiver . 181 Fourrages rouilles par les champignons veneneux. . . . 182 1° Uredo des cereales ....... 182 2° Uredo— carbo ; charbon des graminees ; . . . . 183 3° Puccinie . [m •.. [.-r^r. -.-: :.- . r-f- 183 4° Puccinie des graminees. . . 184 5° Puccinie des trefles . . .... . . . . . 184 6° Fourrages moisis par le mucor mucedo . . . . . . . . 185 7° Fourrages vases $% , i . 187 8° Vegetaux acres et astringents 187 Sympt6mes communsdes empoisonnements 189 Symptdmes particuliers aux renoncules , adonides , dauphi- nelles, aconits et bourgeons de ch&ne 191 Aux champignons >eneneux 192 Alterations cadaveriques generales 193 Alterations cadaveriques particulieres aux renoncules; adonides; dauphinelles; auxpoussesde genet; aux cham- pignons veneneux 194 Moyens preservatifs pour les plantes veneneuses. . .... 196 Moyen de remedier a l'alteraiion des fourrages paries cham- pignons veneneux. . . 197 Fourrages moisis et fourrages vases 198 Moyens curatifs contre l'empoisonnement par les renon- cules, les adonides, les dauphinelles, les aconits, etc.. 199 Bourgeons de ch^ne, de frene 201 Champignons [veneneux. . . r»u..< 201 Bibliographic de l'empoisonnement. . . . . ... • • • • • 202 CHAPITRE VI.* De la maladie rouge comparee a la maladie de sang. . . ... 205 Opinions sur cette maladie r-» 205 Symptdmes . .^. r . . . . . . . . ... 206 Lesions morbides. . . .%►. . 208 Nature et siege ■.>.:-.-. . . . . *. 209 Auteurs qui ont distingue et confondu la maladie rouge avec la maladie de sang 210 Elle est de nature opposee a la maladie de sang de la Beauce 211 Causes generales 212 Constitution du sol; bergeries; regime d'hiver t« 213 Regime du printemps '• . 214 Regime d'ete . 216 Regime d'automne , 218 Moyens preservatifs 218 Moyens curatifs 2-0 Bibliographic de la maladie de sang 221 Table des matieres Sa- ?HWMCf-U,VV> 'm^m^m 'iHMHiCaY.WV- jOQyyrj iyyui Mi WW. M l^pv^m»v!!i 5 e « « w X u « u m M X X, M y M o u w 55. V M w v w.; ; ^ ,\ , „ u 'Rfleovwowtf y.r^ : ySStfgff^i ill ^e ww ^Hi ^O^VATA^VO'.gVW ■vvvv^v^ Hitt 1 smm«i LIBRARY OF CONGRESS 002 865 032 2 A* i Aiiyftr^y M wzmwfmrw ^$h lAtiiyiH iii sfcfyra^ ; M ijfct>