* s ^ ^0- -o . O CL V - o ^ . - ^ * D s ^ .nO- X^<=i.. ,.0> ^-^"* ■1 1 ' *-* .^ ^?>' '^> '* ^- ,' ,0 .-^ r^^' .c 1^ J N *' .0-' "O, %.' \>\ : "%4 cS" %, ■\ .•-i'' S<^ , o s c , ^1, ' /• C- ,1^ ' « ♦ -^^ S^ . = V .\X^ ^#^f^%" S^ %. « I ^ .^ ^^. "^c^-^^ Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from The Library of Congress http://www.archive.org/details/relationofdiscovOOIasa 1'he Publication Committee of the Caxton Club certifies that this copy of the Relation of the Dis- coveries and Voyages of Cavelier de La Salle is one of an edition of two hundred and twenty f^our copies on American hand-made paper ^ and three copies on Japanese vellum^ printed from type^ and completed in the month of January y nineteen hundred and one. RELATION OF THE DISCOVERIES AND VOYAGES OF CAVELIER DE LA SALLE FROM 1679 TO 1681 Relation of the Discoveries and Voyages of Cavelier de La ^2^^ from 1679 ^^ 168 1 THE OFFICIAL NARRATIVE THE TRANSLATION DONE BY MELVILLE B. ANDERSON CHICAGO THE CAXTON CLUB 1901 {iuï: br-ar J-y of Conar.srî^i ^v^o Copies Received M 28 1901 Coi yrijrht entry I Sllundc"" COPYRIGHT BY THE CAXTON CLUB NINETEEN HUNDRED AND ONE ^ ' V^ ^ 7 \ ^ J Hiver de Le lac Supérieur et celuy des Illinois sont ^^79- les plus esloignez du costé du couchant. Le premier, qui s'estend de Test à l'ouest, a cent cinquante lieues de longueur, soi- xante de largeur et environ près de cinq cents lieues de tour. Le second, qui est situé au nord et au sud, a cent vingt ou cent trente lieues de longueur, quarante ou cin- quante de largeur et près de quatre cents lieues de tour. Ces deux lacs se dégorgent dans celuy des Hurons, le premier par un rapide rempli de rochers et où l'on ne peut naviguer, et l'autre par le destroit de Mis- silimakinak. Le lac des Hurons se descharge par un long canal navigable dans le lac Erié, en sorte que comme ces deux derniers lacs sont à peu près égaux à celuy des Illinois, et qu'ils ne sont séparez par aucun rapide incommode, on peut aller en barque depuis le fond du lac des Illinois, par un espace de quatre cents lieues, jusqu'au bout du lac Erié, où la navigation est interrompue. Le lac Erié se jette dans le lac de Fron- tenac; mais à quatorze lieues de ce dernier lac il se resserre, et ce rétrécissement s'ap- pelle la rivière de Niagara, qui, après un cours de quatorze lieues, se jette dans le lac de Frontenac à 42 degrés 20 minutes de latitude. Les eaux de cette rivière ou de cette partie du lac Erié ont un courant difficile à surmonter, à la voile principale- ment; à une lieue du mesme lac, à quatre lieues Cavelier de La Salle. 19 about five hundred in circuit. The second, winter of extending north and south a distance of one ^9- hundred and twenty or one hundred and thirty leagues, is forty or fifty in breadth, and nearly four hundred in circuit. These two lakes empty into that of the Hurons, the former by a rocky rapid which is not navigable, and the latter by the strait of Missilimakinak. Lake Huron empties by a long navigable channel into Lake Erie, so that, as these two lakes are nearly equal to that of the Illinois, and as they are separated by no dangerous rapid, one can sail in a ship from the extreme end of Lake Illinois, a distance of four hundred leagues, to the end of Lake Erie, where navigation is interrupted. Lake Erie pours into Lake Frontenac; iji^zara. but at a distance of fourteen leagues from the latter lake, it contracts, and this con- traction is called the Niagara River, which pours into Lake Frontenac in the latitude of 42 degrees, 20 minutes. The waters of this river, or of this part of Lake Erie, have a current difficult to encounter, especially in a sailing-vessel. At a distance of one league from the same lake and of four leagues from Lake Frontenac, there is a fall of extraordinary height, which has not its equal on the earth. Near this place the Niagara River is but an eighth of a league in I 20 Cave LIER de La Salle. Hiver de lieues dii lac de Frontenac, elles forment ^LJ^^ ""e cheute d'une hauteur incroyable, et qui n'a pas sa pareille sur la terre. La rivière de Niagara, près de cet endroit, n'a qu'un demi-quart de lieue de largeur, mais elle est extrêmement profonde et si rapide qu'elle entraisne toutes les bestes qui la veulent traverser sans que pas une puisse résister à son courant. Elle se précipite de plus de six cents pieds de hauteur, et sa cheute ej^t composée de deux nappes d'eau et d'une cascade avec une isle en talus au milieu; ses eaux escument et bouillonnent d'une manière affreuse; elles tonnent con- tinuellement, et lorsque le vent souffle du costé du sud on entend le bruit qu'elles font de plus de quinze lieues; à quatre lieues de ce sault ou de cette cheute, la rivière de Niagara se jette dans le lac Frontenac. C'est à cette embouchure que le sieur de La Salle lit commencer un fort qui auroit pu tenir en bride les Iroquois, et particu- lièrement les Sonnontouans, les plus puissans de tous, et leur empescher le commerce qu'ils font avec les Anglois et les Hollandois de quantité de pelleteries qu'ils sont obligez d'aller chercher dans les pavs occidentaux, et de passer en allant et en revenant par Niagara, où l'on pourroit les arrester à l'amiable en temps de paix et par force en temps de guerre. Mais les Iroquois prirent ombrage de ce fort, en sorte que comme il n'estoit Cavelier de La Salle. 21 in breadth, but it is extremely deep, and so Winter of swift as to sweep down all the animals that ' ''2' . attempt to cross it, none bemg able to breast the current. It rushes from a height . , 1 • 1 ^ A cataract of more than six hundred feet, the fall more than being composed of two sheets of water and ^■P.'^/^^^ a cascade, separated by an island having a talus slope; the waters foam and boil in a frightful manner, making a continual thun- dering which can be heard, when the south wind is blowing, at a distance of more than fifteen leagues. At a distance of four leagues from this fall or cataract, the Niagara River pours into Lake Frontenac. It was at this mouth that M. de La Salle began the building of a fort intended to hold in check the Iroquois, — and especially the Sonnontouans, the most powerful of all, — and to prevent their trade with the English and the Dutch in quantities of furs, for which they are obliged to go to the western country, passing as they go and y,^^ return by way of Niagara, where they iroqmis mig-ht be stopped, — amicably in time o{ prevent the X c ' ' c r> 1- building of peace, by force m time or war. But the a fort. Iroquois took umbrage at this fort to such a degree that, not being in a condition to resist them, he had to content himself with building a palisaded house. The fall of the Niagara River forced him also to have his vessel constructed two leagues higher up, or 22 Cavelier de La Salle. O'^WJ Janvier, n'cstoît pas en estât de leur résister, il se ^'^79- contenta de faire bastir une maison fortifiée de palissades. Le sault de la rivière de Niagara l'obligea aussi à faire construire sa barque deux lieues au-dessus et à six lieues de l'embouchure de cette rivière. Il y alloit de temps en temps visiter ses ouvriers et leur porter des provisions et d'autres choses nécessaires, tantost en barque, tantost en canot; mais il eut plusieurs traverses qui auroient peut-estre fait abandonner cette entreprise à tout autre qu'à luy. Sa barque, chargée de provisions et de quelques marchandises, fit naufrage sur la coste méridionale du lac, à dix lieues de Niagara, par la faute du pilote qui l'aban- donna avec tous les matelots pour aller coucher à terre. Il perdit aussi quelques canots avec beaucoup de marchandises, et un jour qu'il estoit pressé de retourner au fort Frontenac, il entreprit ce chemin de plus de quatre-vingts lieues par terre et à pied, avec un petit sac de bled d'Inde rosti qui mesme luy manqua à deux journées du fort, où il ne laissa pas que d'arriver heu- reusement. Les Iroquois prirent aussi ombrage de la barque qu'il faisoit construire; il leur députa pour les apaiser le sieur de La Motte, avec le Père Louis Henpin, Recollect, et quel- ques autres François. — Ils assemblèrent un conseil Cavelier de La Salle. 23 or six leagues from the mouth of the river. January, He went thither from time to time, some- '^79- times in a vessel, and again in a canoe, to supervise his workmen and to bring them j ^^^ii provisions and other things necessary ; but ship built he had several setbacks which would per- ^^""^^ '^^ haps have caused any other man to give up the enterprise. His vessel, laden with provisions and with shipwreck some merchandise, suffered shipwreck on the southern shore of the lake within ten leagues of Niagara, through the fault of the pilot, who, with all the sailors, left it in order to go ashore to sleep. He lost also some canoes with much merchandise. One day when he was in haste to get back to Fort Frontenac, he undertook the journey ^^^ Saiie's of more than eighty leagues by land and on energy. foot with only a little sack of roasted In- dian corn, — even this becoming exhausted while he was still at a distance of two days' journey from the fort, where, however, he did not fail to arrive safely. The Iroquois also took offence at the building of the vessel; to pacify them he ^^^^^^^y sent M. de La Motte, with Father Louis to the Hennepin, the Recollet, and some other ^''<>^"<'"' Frenchmen. They assembled a council of forty old men, to whom, as representatives of the whole nation, they gave merchandise to the value of about five hundred livres; according 24 Cavelier de La Salle. Automne de conscil de quarante vieillards, à qui, au 1678. j^Qjj^ (jg toute la nation, ils donnèrent pour ^^^^ près de cinq cents livres de marchandises, suivant l'usage de ce pays, où les meilleures raisons ne sont jamais escoutées si elles ne sont accompagnées de présents. Le sieur de La Motte leur parla à leur manière et leur dit qu'il venoit les visiter de la part d'Onontio, qui est le nom qu'ils donnent aux gouverneurs du Canada, et pour fumer avec eux sur leurs nattes; qu'il alloit faire un grand canot de bois pour aller chercher des marchandises en Europe par un chemin plus commode que celuy des rapides de la rivière Saint-Laurent afin de les leur donner à meilleur marché. Il adjousta plusieurs autres raisons, dont toutesfois ces barbares ne furent pas satisfaits. La pluspart des Iroquois estoient allez à la guerre au delà du lac Erie ; mais quoyque leur absence rendist ceux qui estoient restez moins insolents, néantmoins ils ne laissoient pas de venir souvent au chantier où l'on travailloit à la barque et de tesmoigner leur mescontentement ; mesme l'un d'eux, con- trefaisant l'ivrogne, voulut tuer le forgeron; mais la résistance des François et la dispo- sition où ils se mirent de repousser les Iro- quois, les obligea à se retirer. On eut advis quelque temps après qu'ils vouloient mettre le feu à la barque sur le chantier, et Cavelier de La Salle. 25 according to the usage of that country, Fall of where the best arguments are never listened 78. to unless accompanied by gifts. M. de ^"^^^^^ La Motte addressed them in their own manner, saying to them that he had come to visit them in behalf of Onontio, — the name they give to the governors of Canada, — and to smoke with them upon their mats; and explaining that he was going to make a great wooden canoe to go to Europe by an easier route than that of the rapids of the St. Lawrence River, in order to obtain goods which he would be able to let them have at lower prices. He added some further considerations, with which, however, these barbarians were not satisfied. The majority of the Iroquois had gone on the war-path beyond Lake Erie; but although those who had remained at home were rendered less insolent by the absence of the rest, they did not fail to visit fre- j^gç^ois quently the shipyard where the work was annoy the going forward, and to exhibit their dis- '^^'^i^^^^' pleasure. One of them, playing the drunk- ard, had almost killed the blacksmith, but the resistance of the French, and the meas- ures they took to repulse the Iroquois, forced the latter to retire. Word was brought some time afterwards that they meant to set fire to the vessel upon the stocks ; 26 Cavelier de La Salle. Printemps et ils l'auroient exécuté si l'on n'y avoit fait ^^ une garde fort exacte. i^i^^«Jf Des alarmes si fréquentes, la crainte de manquer de vivres après la perte du fort de Frontenac et le refus que firent les Sonnon- touans d'en fournir en payant découragèrent les charpentiers, et ils auroient infaillible- ment déserté, si le sieur de La Salle et le Père Louis n'avoient pris soin de les ras- surer et de les animer à travailler avec plus de diligence pour se délivrer de ces in- quiétudes. En effet, ils s'appliquèrent à leur ouvrage avec tant d'assiduité que peu de temps après ils mirent la barque à l'eau, quoiqu'elle ne fust pas encore achevée, afin de la garantir du feu dont elle estoit me- nacée, et ils la mirent ensuite en peu de jours en estât de naviguer. Les Iroquois en furent extraordinairement surpris, et ils ne pouvoient comprendre comment ils avoient pu construire avec tant de facilité un si grand canot de bois, quoyque ce bas- timent ne fust que d'environ quarante-cinq tonneaux. Cependant les envieux du sieur de La Salle, voyant sa barque achevée nonobstant les difîicultez du transport des agrez à travers tant de rapides et les oppositions des L'o- quois, publièrent que c' estoit une entreprise téméraire, qu'il n'en reviendroit jamais, et beaucoup d'autres choses semblables. Ils soulevèrent par ces discours tous les créan- ciers Cavelier de La Salle. 27 stocks ; and this they would have done had Spring of not a very close watch been kept. 79- Such frequent alarms, the fear of wanting provisions after the loss of Fort Frontenac, and the refusal of the Sonnontouans to fur- nish food for money, discouraged the ship- builders, who would certainly have deserted had not M. de La Salle and Father Louis taken pains to reassure them, and cheer them on to work more diligently in order to be free from these anxieties. Indeed, they devoted themselves to the work with such zeal that a short time afterwards they launched the vessel, as yet unfinished, in order to assure her against the fire with which she was threatened; and in a few days more they had put her in sailing trim. The Iroquois were amazed, being unable to jj^aze- comprehend how the Frenchmen could so ment easily build so large a canoe of wood, — "f '^^ . although the craft was of only about forty- five tons. Meanwhile those who were envious of M. de La Salle — seeing that, despite the difficulties attending the transport of the I'iggii^g through so many rapids, and despite ^^.^^^^ ^^ the opposition of the Iroquois, his vessel was La Salle's finished — ^ave out that the undertaking z°°^lh credttovs was a rash one, that he would never come back, and many other like things. By such talk they aroused all M. de La Salle's cred- itors. 28 Cavelier de La Salle. WV) Août, ciers du sieur de La Salle qui, sans attendre ^^* ^ son retour et sans l'en avertir, firent saisir tous les effets qu'il avoit à Montréal et à Québec, jusqu'au lit de son secrétaire, et se les firent adjuger pour le prix qu'ils voulu- rent, quoyque le seul fort de Frontenac, dont il est propriétaire, fust capable de payer deux fois toutes ses dettes, s'il estoit mort en travaillant à ses descouvertes. Le sieur de La Salle estoit alors au fort Frontenac, où il receut avis de ce désordre ; mais comme il jugea que ce malheur estoit sans remède et qu'on n'avoit point d'autre dessein que de luy faire perdre un voyage dont il avoit fait les préparatifs avec tant de peines et de dépenses, il donna au fort les ordres qu'il jugea nécessaires, et se rendit à Niagara au commencement du mois d' Aoust de la mesme année 1679. Il trouva sa barque preste à naviguer; mais ses gens luy dirent qu'ils n'avoient pu la faire remonter jusques à l'entrée du lac Erie, n'ayant pu surmonter à la voile le courant de la rivière de Niagara. Le sieur de La Salle les fit tous embarquer au nombre de trente personnes avec trois missionaires Recollects, des armes, des provisions, des marchandises et sept petites pièces de canon de fonte. Ensuitte, contre l'opinion de ses gens, il vint à bout de remonter la rivière de Nia- gara. Cavelier de La Salle. 29 itors, who, without awaiting his return and August, without notifying him, made seizure of all 79- the goods he possessed at Montreal and at Quebec, even to his secretary's bed, having them appraised at their own rates, although Fort Frontenac alone, of which he is the proprietor, would suffice to pay all his debts twice over, should he die in the prosecution of his discoveries. M. de La Salle was then at Fort Fronte- ^-^ nac, where this havoc was reported to him; fortitude. but, judging that the harm was done, and that his foes had no other aim than to cause him to miss a journey for which he had prepared with so great effort and expense, he took the measures that seemed required at the fort, and early in the month of August of the same year, 1679, betook himself to Niagara. He found his vessel ready to sail ; but his men told him that they had been unable to run her up to the entrance of Lake Erie, having found it impossible under sail to make head against the current of the Niag- ara River. M. de La Salle made them all embark, to the number of thirty persons, ^^ ^^n^ including three Recollet missionaries, with ascends the arms, supplies, goods, and seven small pieces ^^^S'"'^- of cast cannon. Then, contrary to the opinion of his men, he succeeded in ascending the Niag- ara t^OPO 30 Cavelier de La Salle. Août, gara. Il faisoit aller sa barque à la voile ^^^79- quand le vent estoit assez fort, et il la faisoit fouir' dans les endroits les plus difficiles; et il arriva ainsi heureusement à l'entrée du lac Erié. Il en partit le 7 du mois d'Aoust de la mesme année 1 679, faisant sa route à l'ouest quart surouest, et sa navigation fut si heu- reuse que le 10 au matin, feste de saint Laurent, il aborda à l'entrée du destroit par où le lac des Hurons se descharge dans le lac Erié, et qui est esloigné de cent lieues de la rivière de Niagara. Ce destroit a trente lieues de longueur et presque partout une lieue de largeur, excepté dans son milieu, où il s'eslargit et forme un lac de figure circulaire et de dix lieues de diamètre que les PP. Recollects nommè- rent le lac de Sainte- Claire. Le pays, des deux costez de ce destroit, est garny de belles campagnes descouvertes, où l'on voit quantité de cerfs, de biches, de chevreuils, d'ours peu farouches et très-bons à manger, de poules d'Inde et de toutes sortes de gibier. Le reste est couvert de forests d'arbres fruitiers, comme noyers, chastai- gners, 'Ce terme, parfaitement écrit à ne pas s'y mé- prendre, signifierait-il aller à la perche? sinon faudrait- il voir là une faute de copiste et lire touer^ mot qui a le même nombre de lettres et presque la même configu- ration ? Cavelier de La Salle. 31 ara River. When the wind was sufficiently August, strong, he put his vessel under sail, and in '^79- the most difficult places he had her towed,* thus reaching with safety the entrance to Lake Erie. He set out on the 7th of August of the ^g first same year, 1679, shaping his course west ship upon by south ; and his navigation was so fortu- ^^^^ ^'''^' nate, that on the morning of the i oth, the festival of St. Lawrence, he reached the mouth of the strait through which Lake Huron pours into Lake Erie, — a point dis- tant one hundred leagues from the Niagara River. This strait is thirty leagues in length and ^, almost everywhere one league in width, Detroit. except in the middle, where it widens into a circular lake ten leagues in diameter, which the Recollet Fathers named Lake Sainte-Claire. The country on both sides q^^^ ^^j of this strait consists of fine open fields, in fruit. which are seen numbers of harts, hinds, roes, bears not savage and very good to eat, turkeys, and all sorts of game. The rest is covered * Does this word, unmistakably written, signify to propel by means of poles? or should it be interpreted as a clerical error for tow^ — a word having the same num- ber of letters and almost the same form? — Margry. This note is of interest only as exemplifying Margry's caution as an editor. The reading tow seems the only reasonable one and is supported by the corresponding narrative of Tonty. — Translator. 32 Cavelier de La Salle. Août, gners, pruniers, pommiers, et de bois propres '^79' à bastir. ^^^^^^ Le sieur de La Salle trouva à l'entrée de ce destroit un courant aussi fort que la marée devant Rouen; il le surmonta néant- moins faisant sa route au nord et au nord- est jusques au lac des Hurons. Il y a peu de profondeur à l'entrée de ce lac et à celle du lac de Sainte-Claire, et principalement à la dernière. La descharge du lac des Hurons se divise en cet endroit en plusieurs petits canaux, presque tous barrez par des battures de sable. On fut obligé de les sonder tous, et enfin on en descouvrit un fort beau, pro- fond au moins de deux à trois brasses, et au delà de ces battures, large partout de près d'une lieue. La barque y fust arrestee durant quelques] ours par les vents contraires, et cette difficulté ayant esté surmontée, on en trouva une encore plus grande à l'entrée du lac des Hurons. Le vent de nord, qui avoit soufflé quelque temps avec assez de violence et qui pousse l'eau de trois grands lacs dans le destroit, y avoit augmenté de telle sorte le courant ordinaire qu'il estoit aussi furieux que la barre devant Caudebec. On ne put le remonter à la voile, quoyque alors on fust aidé par un fort vent de sud; mais comme le rivage estoit fort beau, le sieur de La Salle fit descendre à terre douze de ses gens qui halèrent au col le long de la Cavelier de La Salle. 33 covered with groves of fruit trees, such as August, walnuts, chestnuts, the plum, the apple, '^79- and timber suitable for building. M. de La Salle found at the mouth of this strait a current as strong as the tide at Rouen; he however made head against it, bearing north and northeast to Lake Huron. At the entrance to this lake and to Lake Sainte-Claire (especially to the latter) there is little depth of water. The outlet of Lake Huron is divided into several small channels, almost all barred by shoals. It was necessary to sound them all, but finally an excellent channel was discovered at least two or three fathoms deep, and, beyond these shoals, almost a league in width everywhere. Here for some days the ves- sel was forced by head winds to lie to ; and this obstacle being overcome, they found a still greater one at the entrance to Lake <^^^ Huron. The north wind, which drives entrance to the waters of three great lakes into the strait, having prevailed for some time with considerable violence, had increased the usual force of the current so much that it was as furious as the bar outside Caudebec. They could not make head against it by the propulsion of the sails, although favored just then by a strong south wind; but the beach being clear, M. de La Salle sent ashore a dozen men, who towed her for half Lake Huron. 34 Cavelier de La Salle. Août, la grève durant demi-heure, au bout de 79- laquelle on entra dans le lac des Hurons. ^^"^ Le mesme jour, la barque singla le long de la coste orientale du lac, avec bon frais, le cap au nord, quart de nord-est jusques au soir que le vent s' estant jeté au sud- ouest, fort violent, on mit le cap au nord- ouest, et le lendemain le sieur de La Salle se trouva à la veûe de terre ayant traversé la nuit, une grande baye nommée Sakeinam, qui a plus de trente lieues de profondeur du costé du sud. Le 24, il Continua de faire porter au norouest jusqu'au soir que le calme le prit entre des isles où il n'y avoit qu'une brasse et demie ou deux brasses d'eau. Il alla avec les basses voiles une partie de la nuit pour chercher un mouillage; mais, n'en trouvant aucun où il y eust bon fond, et le vent commençant à souffler de l'ouest, il fit mettre le cap au nord pour gagner le large où il se mit à la cape en attendant le jour. Il passa la nuit à sonder au devant de la barque parce qu'il avoit reconnu que son pilote estoit fort négligent, et il continua de veiller de cette manière durant le reste du voyage. Le 25, le calme continua jusqu'à midi, qu'il poursuivit sa route au norouest à la faveur d'un bon vent de sud qui se changea bientost en sud-ouest. A minuit il fut obligé Cave LIER de La Salle. half an hour, when she was able to enter Lake Huron. The same day the vessel scudded before a fresh breeze along the eastern shore of the lake, headed north by east, until even- ing, when, the wind having changed to the southwest, and being very strong, they bore toward the northwest. On the morrow M. de La Salle found himself in sight of land, having crossed during the night a great bay named Sakeinam, which extends southward more than thirty leagues. On the 24th he continued to bear to the northwest until evening, when he was be- calmed among islands where there was but a fathom and a half or two fathoms of water. He ran with shortened sail during a part of the night, seeking anchorage ; but, finding none that was secure, and the wind springing up from the west, he bore to the north to gain the open, where he brought her to until daylight. He spent the night sounding at the bow of the bark, having perceived his pilot to be extremely negli- gent; and he continued to keep a lookout in this way throughout the remainder of the voyage. On the 25th the calm continued until noon, when he resumed his way to the northwest, impelled by a fair south wind which soon altered to southwest. At mid- night 35 August, 1679. The first voyage across Lake Huron. Vigilance of La Salle. U'-V'NJ 36 Cavelier de La Salle. Août, obligé de porter au nord à cause d'une ï679- grande pointe qui s'avançoit dans le lac; mais il l'eut à peine doublée qu'il fut sur- pris d'un furieux coup de vent d'ouest qui le contraignit à louvoyer avec les deux pacfis* et de mettre ensuite à la cape jus- qu'au jour. Le 26, la violence du vent l'obligea de faire amener ses masts de hune, de faire amarer les vergues sur le pont et de de- meurer costé à travers; à midi les vagues devenant trop grandes et la mer trop rude, il fut contraint de relascher. Le soir, ne trouvant point de mouillage ni d'abri, et le vent estant diminué, il fit remettre à la cape toute la nuit et ne dériva qu'une lieue. Le 27, au matin, il fit voile au nord- ouest par un vent du sud-ouest qui se changea le soir en un petit vent du sud-est, à la faveur duquel il arriva le même jour à Mis- silimakinak, où il mouilla à six brasses d'eau dans une anse où il y a bon fond de terre glaise. Cette anse est abriée* du sud sud- ouest jusqu'au nord; une batture de sable la couvre un peu du nord-est, et une grosse isle, qui en est à une lieue, du vent d'est; mais elle est exposée au sud-est qui y est très-violent. Missilimakinak *Le Père Fournier, dans son Hydrographie^ dit que le grand pacfi se nommait ordinairement la cape. On disait indifféremment misaine et petit pacfî. Cavelier de La Salle. 37 night a great headland jutting out into the August, lake forced him to bear off toward the '^79- north ; but scarcely had he doubled it when he was caught in a furious westerly gale, which obliged him to tack under foresail and trysail,* and finally to bring her to until daylight. On the 26th the violence of the wind compelled him to lower his topmasts, to make fast the yards to the deck, and to heave to; but at noon the sea was running too high, and he was obliged to put in. In the evening, finding neither anchorage nor shelter and the wind being fallen, he lay to all night and drifted only a league. On the morning of the 27th he bore Arrival at toward the northwest before a southwest MissiUma- wind, changing toward evening to a light * southeast wind, by the help of which he arrived the same day at Missilimakinak, where he anchored in six fathoms of water in a cove having a good clay bottom. This cove is sheltered from the south-southwest to the north; a sand bank shelters it some- what on the northwest, and a large island a league offshore from the east wind; but it is exposed to the southeast wind, which is there very severe. Missilimakinak ■'^ This note and the next simply explain the meaning of the obsolete nautical terms here used. — Translator. O-^VNJ 38 Cavelier de La Salle. Août, Missilimakinak est une pointe de terre à j^^ /i l'entrée et au nord du destroit, par où le lac des Illinois se descharge dans celuy des Hurons. Ce destroit a une lieue de largeur et trois de longueur, et court à Touest-nord- ouest. A quinze lieues à l'est de Missili- makinak, on trouve une autre pointe qui est à l'entrée du canal par lequel de lac Supérieur se descharge dans le lac des Hurons. Ce canal a cinq lieues d'ouver- ture et quinze de longueur. Il est entre- coupé de plusieurs isles et se rétrécit peu à peu jusqu'au sault Sainte-Marie, qui est un rapide plein de rochers par lequel les eaux du lac Supérieur se précipitent. Il y a des villages de Sauvages en ces deux endroits. Ceux qui sont establis en cet endroit cul- tivent du bled d'Inde, et les Sauvages du sault Sainte-Marie subsistent de la chasse des cerfs, des orignaux ou eslans et de quelques castors et de la pesche du poisson blanc, qui est très-bon et que l'on y trouve en grande abondance, mais dont la pesche est très-dif- ficile à toute autre qu'à ces Sauvages qui y sont élevez depuis leur enfance. Les Jésuites ont une mission dans chacun de ces deux endroits, tant à cause des Sauvages du lieu que parce que c'est le passage de tous ceux de l'ouest et du nord qui vont négocier à Montréal. Après *Vieux mot qui signifiait protéger, défendre. — Furetière dit que Mézeray l'a employé, Cavelier de La Salle. 39 Missilimakinak is a headland at the en- August, trance and to the north of the strait by ^79- which Lake Illinois opens into Lake ^^^*^^ Huron. This strait is a league wide and three leagues long, and trends west-north- west. Fifteen leagues to the east of Mis- silimakinak there is another point of land at the mouth of the channel by which Lake Superior empties into Lake Huron. This channel is five leagues wide at the mouth and fifteen long. It is broken by several islands, and gradually narrows up „ . _ to Sault Sainte-Marie, which is a rocky Marie. descent through which rush the waters of Lake Superior. There are villages of Sav- ages in both these places. Those settled here cultivate Indian corn, while those of Sault Sainte-Marie live by deer-hunting, by the chase of the elk or moose, by trapping some beavers, and by catching whitefish, which are here very good and very abun- dant, but difficult to catch for any one but these Savages, who are trained to it from childhood. In each of these places the ^ . Jesuits have a mission, not only for the sake Missions. of the Savages of the neighborhood, but because all those from the west or from the north who go to trade at Montreal must pass that way. Upon landing at Missilimakinak, M. de La Salle was greatly surprised to find here the V^\^J 40 Cavelier de La Salle. Août, Après que le sieur de La Salle eut mis ^^79- pied à terre à Missilimakinak, il fut extrê- mement surpris d'y trouver la pluspart de ses gens qu'il avoit envoyez devant, au nombre de quinze, et qu'il croyoit depuis longtems chez les Illinois. Ceux qu'il avoit tousjours reconnus pour les plus fidèles luy rapportèrent qu'ils avoient esté arrestez par les discours qu'on leur avoit faits depuis leur départ, qu'on leur avoit dit que son entre- prise était chimérique, que la barque n'ar- riveroit jamais à Missilimakinak, qu'on les envoyoit à une perte certaine, et plusieurs autres choses semblables qui avoient décou- ragé ou desbauché la pluspart de leurs cama- rades, qu'ils n'avoient pu les obliger à continuer le voyage, que mesme six d'entre eux, nommez Sainte-Croix, Minime, le Barbier, Poupart, Hunaut et Roussel dit la Rousselière, avoient déserté, volé et emporté pour près de quatre mille livres de mar- chandises, et que les autres en avoient dissipé mal à propos ou employé pour leur subsis- tance à Missilimakinak, où les vivres sont fort chers, pour plus de mille trois cents livres. Le sieur de La Salle fut d'autant plus mal satisfait du procédé de ses gens qu'il les avoit fort bien traittez et avoit fait à tous de grandes avances ou des partis avantageux, ayant entr'autres payé pour le nommé la Rousselière Cavelier de La Salle. the majority of the men he had sent on in advance, to the number of fifteen, having supposed them to be long since among the Illinois. Those whom he had always known as the most trustworthy reported to him that they had been brought to a stand by the talk they had heard since their depart- ure: they had been told that his enterprise was chimerical, that the vessel would never reach Missilimakinak, that they were being sent to certain destruction, and many other like things which had discouraged or drawn off the majority of their comrades, whom they had not succeeded in forcing to con- tinue the journey. They further informed him that six of them named Sainte-Croix, Minime, le Barbier, Poupart, Hunaut, and Roussel, alias la Rousselière, had deserted, stealing and carrying off goods to the value of about four thousand livres ; and that the rest had spent to no good purpose, or used for subsistence at Missilimakinak, where provisions are very dear, goods to the amount of more than one thousand three hundred livres. M. de La Salle was the more displeased with the course of his men, inasmuch as he had treated them extremely well, and had made them all large advances or favorable terms, — having, for example, advanced for the man called la Rousselière eighteen hundred 41 August, 1679. La Salle finds the advance party dawdling at Missili- makinak. Desertion and robbery. Ingrati- tude of these men. 42 Cavelier de La Salle. Septembre, Roussclière mille huit cents livres qu'il ^^79- devoit à diverses personnes. Il fit arrester ^^^1^^ quatre des plus coupables sans leur faire aucun traitement plus fascheux, et ayant appris que Hunaut et la Rousselière estoient au sault Sainte-Marie, il destacha le sieur de Tonty avec six hommes qui les arresta et se saisit de tous les effet squ'ils avoient entre les mains; mais il n'a pu obtenir aucune justice des autres. Les grands vents ordi- naires en cette saison retardèrent longtems le retour du sieur de Tonty, qui ne revint qu'au mois de Novembre à Missilimakinak, en sorte que le sieur de La Salle, qui crai- gnoit l'approche de l'hyver, résolut de partir sans attendre qu'il fust arrivé. Le 12 du mois de Septembre, il partit de Missilimakinak; il entra dans le lac des Illinois et il arriva à une isle située à l'entrée du lac ou baye des Puans, à quarante lieues de Missilimakinak, et qui est habitée par des Sauvages de la nation des Pouteatamis. Il y trouva quelques-uns de ses gens qu'il avoit envoyez les années précédentes chez les Illinois, d'où ils luy avoient rapporté pour douze mille livres de pelleteries. Il résolut de renvoyer sa barque de cet endroit à cause de l'approche de l'hyver et de con- tinuer sa route en canot; mais comme il n'en avoit que quatre, il fut obligé de laisser dans la barque beaucoup de marchandises et quantité Cavelier de La Salle. 43 hundred livres, which he owed to various September, persons. He caused four of the worst 79- offenders to be arrested, but abstained from any further punishment; and learning that Hunaut and la Rousselière were at Sault Sainte- Marie, he sent M. de Tonty with a detachment of six men, who arrested them and seized all the effects they had in pos- session. From the rest he was able to ^ . rr-ti 1-1 «1 T^offty does obtam no reparation. The high winds not return. prevalent at this season long delayed the return of M. de Tonty, — in fact, he did not get back to Missilimakinak until the month of November, — and M. de La Salle, dread- ing the approach of winter, determined to set out without awaiting his arrival. On the I 2th of September he left Missi- limakinak; entering Lake Illinois, he arrived at an island situated at the opening of Green Bay (or lake); this island, forty leagues from Missilimakinak, is inhabited by Savages of the Pottawattamie nation. Here he found some of his men sent by him in previous years among the Illinois, whence they were bringing back peltry to the value of more than twelve thousand livres. On account j^^ ^^n^ of the approach of winter, he decided to sends back send back the vessel from this place, and to ^" ^^'^* continue his journey in canoes; but having only four canoes, he was compelled to leave in the vessel much merchandise and a quan- tity 44 Cavelier de La Salle. Septembre, quantité d'ustcnsilcs et d'outils de toutes 1679- sortes, et il ordonna au pilote de descharger ^^^^"^'^ toutes ces choses à Missilimakinak, où il les reprendroit à son retour. Il mit aussi toutes ses pelleteries dans la barque avec un com- mis et cinq bons matelots. Ils avoient ordre de se rendre incessamment au magasin qu'il avoit fait bastir au bout du lac Erié où ils laisseroient les pelleteries et se char- geroient de beaucoup de marchandises et d'autres choses qu'une barque du fort de Frontenac, qui les attendoit à Niagara, de- voit leur apporter, et qu'aussitost après ils reprissent la route de Missilimakinak, où ils trouveroient une instruction du lieu où ils mèneroient hyverner la barque. Ils mirent à la voile le 18 Septembre avec un petit vent d'ouest très-favorable. On n'a pu sçavoir depuis la route qu'ils avoient tenue, et quoyqu'on ne doute pas qu'ils n'ayent péri, on n'a jamais pu ap- prendre d'autres circonstances de leur nau- frage que les suivantes. La barque ayant mouillé au nord du lac des Illinois, le pilote, contre l'advis de quelques Sauvages qui l'assuroient qu'il y avoit une grande tempeste au milieu du lac, voulut continuer sa navigation sans con- sidérer que l'abry où il estoit l'empeschoit de connoistre la force du vent. Il fut à peine à un quart de lieue de la coste que Cavelier de La Salle. 45 tity of utensils and tools of all kinds. All September, these thines he ordered the pilot to unlade '^79- as Missilimakinak, where he would get them on his return. He also put on board all the peltry, in charge of a supercargo, and manned the vessel with five good sailors. They had orders to repair immediately to the storehouse which he had built at the end of Lake Erie, where they were to leave the peltry and take on a load of merchan- dise and other things, to be brought from Fort Frontenac by a vessel which would be awaiting them at Niagara. They were then to sail directly for Missilimakinak, where they would find instructions as to the place for wintering the ship. They set sail on the i 8th of September, with a light but very favorable west wind. What route they took has never been ascer- tained; and although there is no doubt they were lost, it has been impossible to learn ^;^^^ any circumstances of their shipwreck, ex- shipwreck. cept the following. The vessel having cast anchor in the northern part of Lake Illinois, the pilot, against the advice of some Savages who warned him there was a great storm outside, persisted in setting sail, without considering that the sheltered position of the ship pre- vented him from perceiving the violence of the wind. Scarcely was the ship a quarter- league 46 Cavelier de La Salle. Septembre, que les Sauvagcs virent la barque agitée 1679- d'une manière si extraordinaire que, ne pouvant résister à la tempeste quoiqu'on eust abattu toutes les voiles, peu de tems après ils la perdirent de veue, et ils croyent qu'elle fut poussée contre les battures qui sont près des isles, Huronnes, où elle est demeurée ensevelie. Le sieur de La Salle n'apprit toutes ces choses que l'année sui- vante, et il est certain que la perte de cette barque luy couste plus de quarante mille livres tant en marchandises, outils et pelle- teries qu'en hommes et agrès qu'il avoit fait venir de France en Canada, et voiturer de Montréal au fort de Frontenac dans des canots d'escorce, ce qui paraissoit impos- sible à ceux qui connoissoient la foiblesse de ces sortes de bastimens et la pesanteur des ancres et des câbles. Il partit le jour suivant, 19 Septembre, avec quatorze personnes en quatre canots chargez d'une forge avec toutes les fourni- tures d'outils de charpentiers de maison et de navire, de menuisiers et scieurs de long, d'armes et de marchandises. Il prit sa route au sud vers la terre ferme, esloignée de quatre grandes lieues de l'isle de Pouteatamis. Au milieu de la traversée et du plus beau calme du monde, il s'éleva un orage qui le mit en danger et qui luy fit craindre pour sa barque, parce qu'il dura quatre Cavelier de La Salle. 47 league from land, when the Savages saw it September, tossing frightfully, unable to make head "^79- against the storm, although all the sails had ^^^*^ been struck; a short time after, they lost it from sight, and think it to have been driven upon shallows near the Huron Islands, where it has been buried in the sand. It was not until the following year that M. de La Salle learned all these things. Certain it is that the loss of this vessel cost him more than forty thousand livres, counting not only goods, tools, and peltry, but also the men and the rigging which he had brought from France to Canada, and had transported from Montreal to Fort Frontenac in bark canoes, — a feat seeming impossible to those acquainted with the fragility of such craft, considering the weight of anchors and cables. On the following day, the 19th of Sep- tember, he pushed forward with fourteen persons in four canoes laden with a forge, with all the tools of house and ship car- penters, cabinet-makers, and sawyers, and with arms and merchandise. He took his course toward the mainland, „ ... r 1 r 1-11 "^f^^f^tpi distant forty long leagues from the island and of the Pottawattamies. In the middle of dangers. the passage, there suddenly sprang up out of the deepest calm a dangerous storm, which made him fear for his vessel, inas- much 48 Cavelier de La Salle. Octobre, quatre jours avec une furie pareille aux plus ^^79' grandes tempestes de la mer. Il gagna ^^^*^ néantmoins la terre où, il s'arresta six jours pour que le lac fust apaisé. Le 25, il continua sa route tout le jour et une partie de la nuit à la faveur de la lune le long de la coste; mais le vent s' estant levé un peu trop fort, il mit pied à terre avec son monde. Ils se postèrent sur un rocher pelé, où ils essuyèrent la pluye et la neige durant deux jours à l'abry de leurs couvertures et proche d'un petit feu qu'ils entretenoient du bois que les vagues jetoient à terre. Le 28, sur le midi, ils se remirent dans leurs canots et nagèrent assez avant dans la nuit et jusqu'à ce qu'un tourbillon de vent les força de débarquer sur la pointe d'un rocher couvert de brossailles. Ils y de- meurèrent deux jours et y consommèrent le reste de leurs vivres, c'est-à-dire le bled d'Inde et les citrouilles qu'ils avoient achetez des Pouteatamis et dont ils n'avoient pas fait une plus grande provision, à cause que leurs canots estoient desjà trop chargez et qu'ils espéroient d'en trouver sur leur route. Ils partirent le i^r d'Octobre et arrivèrent, après avoir fait dix lieues à jeun, près d'un autre village des Pouteatamis. La coste estoit haute et escarpée et exposée au nord- est, qui souffloit alors et s'augmentoit de telle Cavelier de La Salle. 49 much as it raged during four days with a October, fury equal to that of the severest ocean ^^'^' storms. Nevertheless he reached land, where he stayed six days, until the storm was spent. On the 25th he continued his course along the coast all day and a part of the night, being favored by the moon; but the wind rising, he landed with his whole party. They found themselves upon a naked rock, where they bore rain and snow for two days, wrapped in their blankets and hovering near a little fire of driftwood. On the 28th, about noon, they again pushed off their canoes and sailed on far into the night, until an eddy of wind forced them to land upon a point of rock covered with brushwood. Here they stayed two days and consumed the rest of their provi- sions, — namely, the Indian corn and the pumpkins they had bought of the Pottawat- tamies, not having brought a greater supply for the reason that their canoes were already overladen and they hoped to procure more food on the way. On the 1st of October they pushed on, and having made ten leagues, fasting, arrived near another Pottawattamie village. The high, steep coast was exposed to the north- east wind, which was then blowing and increasing t^^V>J 50 Cavelier de La Salle. Octobre, telle sorte que les vagues brisoient extra- Ï679. ordinairement contre le rivage. Le sieur de La Salle n'eut point d'autre parti à prendre pour aborder en seureté que de se jeter à l'eau avec ses trois hommes et d'en- lever tous ensemble son canot et sa charge et de le porter à terre, malgré les vagues qui les couvroient quelque fois par-dessus la teste. Il alloit recevoir les autres canots à mesure qu'ils arrivoient, et il les mit tous à terre de cette manière, sans que rien fust gasté. Comme le sieur de La Salle n'avoit aucune habitude avec les Sauvages de ce village, il fit d'abord mettre ses armes en estât et se posta sur une pointe où il estoit difficile de le surprendre et où il pouvoit, avec peu de monde, se défendre contre un plus grand nombre. Il envoya ensuite trois de ses gens pour acheter des vivres au village à la faveur d'un calumet de paix que les Pouteatamis de l'isle lui avoient donné. Ce calumet est une espèce de grande pipe à fumer dont la teste est d'une belle pierre rouge bien polie et le tuyau, long de deux pieds et demi, est d'une canne assez forte ornée de plumes de toutes sortes de couleurs, meslées et rangées fort proprement avec plusieurs touffes de cheveux de femmes tressées de diverses manières, chaque nation l'embellissant selon son usage particulier. — Un Cavelier de La Salle. 51 increasing at such a rate as to cause enor- October, mous waves to break against the shore. The 79- only course that M. de La Salle could take, in order to effect a landing safely, was to throw himself, in company with his three men, into the water, and to carry the canoe, laden as it was, to shore, in spite of the breakers which sometimes rolled over their heads. He waded out to meet the other canoes as they arrived, and landed them all in this way without any damage. As M. de La Salle had no acquaintance with the Savages of this village, he first had his men look to their arms, and took up his position upon a headland where it would have been difficult to take him by surprise, and where he could defend himself with a few men against a much larger number. He next sent three of his men to the village to buy food, bearing with them a calumet of peace, which had been given him by the Pottawattamies of the island. This calumet is a kind of large pipe for q-j^^ smoking; the bowl is of handsome red Calumet. stone, well polished; the stem, which is two feet and a half long, is of rather strong cane adorned with feathers of all colors, disposed very tastefully, and mingled with women's hair braided in various ways, — each nation having its peculiar style of ornamentation. This sort of a calumet is torv; 52 Cavelier de La Salle. Octobre, Un calumet de cette sorte est un passe-port ^*^79- assuré chez tous les alliez de ceux qui l'ont donné, et ils sont persuadez qu'il leur ar- riveroit de grands malheurs s'ils avoient violé la franchise du calumet. Les trois hommes avec cette sauve-garde et leurs armes arrivèrent au village, esloigné de trois lieues du débarquement, mais ils n'y trouvèrent personne. — Les Sauvages à la veue des canots avoient pris l'espouvante et avoient abandonné leurs maisons. Ainsi ces hommes, après avoir fait en vain leurs diligences pour parler à quelques-uns de ces Sauvages, se chargèrent de bled d'Inde dans leurs cabanes, où ils laissèrent des mar- chandises pour la valeur de ce qu'ils empor- toient, et se mirent en chemin pour rejoindre le reste de la troupe. Cependant vingt de ces Sauvages armez de fusils, de haches, d'arcs, de flesches et d'une espèce de massue qu'on appelle casse- teste, s'approchèrent du lieu ou estoit le sieur de La Salle, qui s'avança pour leur parler avec quatre de ses gens armez de fusils, de pistolets et de sabres. Il leur de- manda ce qu'ils desiroient, et voyant qu'ils paroissoient interdits, il leur dit de s'ap- procher de peur que ses gens qu'il feignit estre allez à la chasse ne les tuassent s'ils les trouvoient à l'escart. Il les fit asseoir au bas de 1' eminence où il s'estoit campé, d'où ses gens pouvoient descouvrir tous leurs mouvemens. Cavelier de La Salle. 53 a safe passport among all the allies of those October, who have given it, as they are convinced 79- that great misfortunes would overtake them if they were to violate the right of the calumet. With their arms and this safeguard the three men reached the village at a distance of three leagues from the place of landing, but found no one there. At sight of the canoes, the Savages had taken fright and had abandoned their cabins. After having vainly sought to speak with some of these Savages, the men loaded themselves with Indian corn, leaving in the lodges goods of the value of what they were carrying away, and set out to rejoin the rest of the com- pany. Meanwhile twenty of these Savages, i^ saile's armed with guns, hatchets, bows, arrows, address and and with a kind of war-club called the ;^'/ ^^'^ casse-tête, approached the encampment of Indians. M. de La Salle, who advanced to speak to them, with four men armed with guns, pistols, and sabers. He asked what they wished, and seeing that they seemed to be taken aback, told them to draw near lest his men, — whom he feigned to be out hunting, — finding them apart, should kill them. He made them sit down at the foot of the hill where he was encamped, so that his men could see all their move- ments, ^•-\ro 54 Cavelier de La Salle. Octobre, mouvemens, et il commença de les entretenir '^79- de diverses choses pour les amuser jusqu'à ce que les trois hommes fussent revenus du village. — Ils parurent quelque tems après, et ces Sauvages n'eurent pas plus tost aperceu le calumet de paix que l'un d'eux portoit, qu'ils se levèrent, faisant un grand cry de joye et se mirent à danser à leur manière. — Ils ne se faschèrent point du bled qu'ils virent qu'on leur avoit pris; au contraire, ils envoyèrent au village pour en apporter d'autre, et ils en donnèrent le lendemain autant qu'on en voulut. Toutefois le sieur de La Salle fit abattre les arbres des environs, et obligea ses gens à passer la nuit sous les armes de peur de quelque surprise. — Le jour suivant, sur les dix heures, les anciens du village arrivèrent avec leur calumet de paix et firent festin à tous les François. — Le sieur de La Salle les en remercia par un présent de dix haches, de deux douzaines de couteaux et de quelque quantité de ras- sade pour les femmes, et les laissa très- satisfaits. Il partit le mesme jour, 2 Octobre, et navigua durant quatre jours de long du rivage. Il estoit bordé de grands costeaux escarpez jusques dans le lac et où l'on trou- voit à peine de la place pour débarquer. — On estoit mesme obligé tous les soirs de grimper sur leurs sommets et d'y porter les canots et leurs charges pour ne pas les laisser la Cavelier de La Salle. 55 ments, and began to talk with them on October, various subjects, to hold their attention until ^^79- the three men should have returned from the village. Some time afterwards the lat- ter appeared, and no sooner had the Savages caught sight of the calumet of peace, which one of the three carried, than they leaped up with a yell of joy and began to dance after their fashion. They were not angry about the corn which, they saw, had been taken from them; on the contrary, they sent to the village for more, and the next day gave as much of it as was wanted. However, M. de La Salle caused an abatis to be made, and ordered his men to pass the night under arms for fear of surprise. On the morrow at about ten o'clock, the elders of the village came with their calu- met of peace and made a feast to all the Frenchmen. M. de La Salle thanked them with a gift of ten hatchets, two dozen knives, and some glass beads for the women, leaving them well satisfied. On the same day, the 2d of October, , he resumed his journey, sailing for four bluffs. days along shore. There were high, steep bluffs running close to the lake, so that it was hard to find a landing-place. They were even compelled at evening to climb to the top of the bluff, carrying up the canoes and their loads, in order not to leave them i679 56 Cavelier de La Salle. Octobre, la nuit exposez aux vagues qui battoient au pied. — On fut aussi obligé, par les vents contraires ou trop violents pendant ces quatre jours et beaucoup de fois depuis, à prendre terre avec de grandes incommoditez. — Il falloit, pour se rembarquer, que deux hommes se missent à l'eau jusqu'à la cein- ture et qu'ils vinssent, le canot debout, à la vague, l'avançant ou le reculant selon que la vague s'approchoit ou s'esloignoit de terre jusqu'à ce qu'il fust chargé; ensuite on le menoit au large, en attendant que les autres fussent aussi chargez de la mesme manière, et l'on avoit autant de peine au débarque- ment. Cette petite flotte avançoit ainsi vers le sud, où elle trouvoit toujours le pays plus beau et plus tempéré. — Le 16 Octobre, elle commença à trouver une grande abon- dance de chasse dont on avoit manqué jusques là, contre l'ordinaire, en sorte que le bled d'Inde ayant manqué, toute la troupe fut réduite à une si grande disette de vivres que le père Gabriel, Recollect, âgé de 64 ans, tomba deux ou trois fois en foiblesse. On tua en cet endroit des cerfs, chevreuils et des poules d'Inde, et enfin le 28 du mesme mois d'Octobre, le sieur de La Salle arriva au fond du lac des Illinois, où le vent l'obligea de mettre pied à terre. Il alla à son ordinaire à la descouverte dans les bois, où il trouva partout des raisins meurs et fort Cavelier de La Salle. ^y them exposed all night to the waves which October, beat at the foot. They were also com- "^79- pelled during these four days, and often since, to land with great inconvenience by reason of head winds or gales. In order to re-embark, two men had to go into the water to the waist to hold the canoe up- right until it was loaded, pushing it out or drawing it back as the waves advanced or retreated; then they pushed out beyond the breakers, to wait until the others were loaded in like manner; and there was as much difficulty in disembarkation. Thus the little fleet advanced toward the jh^ndance south, finding the country ever fairer and after more temperate. On the 1 6th of October ''''^'''■''^• they began to find abundance of game, of which hitherto there had been an excep- tional lack, — -to such a degree that, the Indian corn having given out, the whole company was reduced to such scarcity of food that Father Gabriel, the Recollet, who was sixty-four years of age, had fallen two or three times from weakness. Here however they killed harts, roedeer, and turkeys, and at last, on the 28th of the same month of October, M. de La Salle arrived at the end of Lake Illinois, where the wind forced him to land. He took his usual walk of observation in the woods, where he found on all sides ripe and very good grapes, of which ^8 Cavelier de La Salle. Octobre, fort bons, dont les pères Recollects firent 1679- du vin pour célébrer la Messe. Il observa ^^'^^^ aussi des pistes fraisches d'hommes qui l'obligèrent à rejoindre ses gens pour leur recommander de se tenir sur leurs gardes sans faire aucun bruit. Ils lui obéirent durant quelque temps; mais, ayant aperceu un ours et un cerf, ils ne purent s'empescher de tirer dessus. Ce bruit les fit descouvrir à cent vingt- cinq Sauvages de la nation des Outagamis qui habitent vers l'extrémité de la baye des Puans, et qui estoient alors cabanez près du lieu où les François, qui ne croyoient pas avoir de tels voisins, s'estoient postez. Le sieur de La Salle, à qui les pistes qu'il avoit veues donnoient de l'inquiétude, blasma ses gens de leur peu de prudence, et ensuite, pour empescher les surprises, il mit une sentinelle auprès des canots, sous lesquels on avoit mis toutes leurs charges pour les garantir de la pluye, et l'autre auprès des cabanes. Ces précautions n'empeschèrent pas que la nuit, 30 Outagamis, favorisez par la pluye qui tomboit en abondance et par la négligence de la sentinelle, ne se glissassent avec leur adresse ordinaire le long du cos- teau où estoient les canots, et que l'un, se couchant sur le ventre auprès du plus esloigné, ne dérobast une bonne partie de ce qui estoit dessous, le donnant au Sauvage w le Cavelier de La Salle. 59 which the Recollet Fathers made wine October, for the celebration of the Mass. He also '^79- observed fresh human tracks, whereupon he returned to his men, and commanded them to be on their guard and to make no noise. They obeyed him for a time; but seeing a bear and a stag, they could not forbear firing at them. This noise made their presence known j^^gnture to a band of one hundred and twenty-five with the Savages of the Outagami tribe, whose home ^'^^'^g''"^"- is near the end of Green Bay, but who were then encamped near where the French, unaware of such neighbors, had landed. M. de La Salle who had been made anxious by the tracks he had seen, rebuked his men for their heedlessness; and in order to guard against surprise, posted a sentinel near the boats, under which the goods were stored to keep off the rain, and posted another sentinel near the camp. In spite of these precautions, during the night thirty Outagamis, taking advantage of a hard rain-storm and of the sentinel's negligence, crept with their usual stealthi- ness along the bluff where the canoes were, and one of them, lying on his belly near the canoe farthest from camp, drew out a good part of what was beneath it, handing the booty to the Savage nearest him, and so on from hand to hand to the last. M. de La Salle 6o Cavelier de La Salle. Octobre, le plus prochc et celuy-là aux autres de 79- main en main jusqu'au dernier. Le sieur de La Salle se réveilla dans ce moment, et s'estant levé pour observer si ses sentinelles faisoient leur devoir, il aper- cent remuer quelque chose, ce qui l'obligea à faire prendre les armes à ses gens avec lesquels il occupa une eminence par où les Sauvages estoient obligez de repasser. Une partie de ces barbares, se voyant descouverts, crièrent qu'ils estoient amis. Le sieur de La Salle leur respondit que l'heure étoit indeue et qu'on ne venoit ainsi la nuit que pour voler ou tuer ceux qui ne seroient pas sur leurs gardes. Ils répliquèrent qu'à la vérité les coups qu'on avoit tirez leur avoient fait croire que c'estoit un party d' Iroquois, leurs ennemis, les autres Sau- vages leurs voisins ne se servant point de pareilles armes, et qu'ainsi ils s'estoient avancez à dessein de les tuer; mais qu'ayant reconnu que c'étoient des François, qu'ils regardoient comme leurs frères, l'impatience qu'ils avoient de les voir les avoit empeschez d'attendre le jour. Le sieur de La Salle feignant de se rendre à ces raisons leur dit de s'approcher au nombre de quatre ou cinq seulement, parce que leur jeunesse estoit accoutumée à voler et que ses gens n'es- toient pas d'humeur à le souffrir. Quatre ou cinq vieillards s'avancèrent et il les entre- tint Cavelier de La Salle. 6i M. de La Salle, awakening at this mo- October, ment, and rising in order to observe whether ^^9* his sentinels were doing their duty, per- ceived some moving object. Making his men take arms, he occupied a high point over which the Savages would have to pass. Some of these barbarians, seeing themselves Hgii^^ discovered, cried out that they were friends, friends. M. de La Salle replied that the hour was unseasonable, and that friends did not come thus at night to rob or kill those who were not on their guard. They replied that, in truth, the shots which had been fired had led them to believe the encampment to be one of a band of Iroquois, their enemies, — the other Savages, their neighbors, not making use of such arms, — and therefore they had advanced for the purpose of killing them; but having discovered the party to consist of Frenchmen, whom they re- garded as their brethren, their impatience to see their friends had not allowed them to await the day. M. de La Salle, feign- ing to yield to these reasons, asked them to draw near, to the number of four or five only, inasmuch as their young men were in the habit of stealing, and his men were not disposed to bear it. Four or five old men came forward, and with them he conversed until daylight, when he gave them permis- sion to withdraw. After 02 Cavelier de La Salle. ^•VNJ Octobre, tint jusqu'au jour, qu'il leur donna permis- ^'^79- sion de se retirer. Après leur départ il s'aperceut qu'il avoit esté volé. Il connoissoit parfaitement l'humeur des Sauvages, et il sçavoit qu'ils feroient toutes les nuits de pareilles entre- prises s'il dissimuloit en cette recontre; ainsi il résolut d'en avoir raison. Il fit occuper par ses gens une eminence en forme de presqu'isle, et il sortit ensuite luy mesme pour essayer de trouver quelques Sauvages à l'escart. A peine eut-il marché durant une demi-heure qu'il trouva la piste toute fraische d'un chasseur. Il le suivit le pis- tolet à la main et l'ayant joint bientost après, il l'amena à ses gens à qui il le laissa en garde après avoir appris de luy toutes les circonstances du vol. Il se remit ensuite en campagne avec deux de ses gens, et ayant arresté encore un Sauvage des plus considé- rables de sa nation, il luy montra de loin celuy qu'il tenoit desjà prisonnier, et le renvoya dire à ses gens qu'il feroit tuer leur camarade s'ils ne rapportoient tout ce qu'ils avoient volé. Cette proposition embarrassa ces barbares parce qu'ils avoient coupé en morceaux quelques hardes pour les partager entr'eux, et qu'ainsi ils ne pouvoient pas les rendre entières. Toutefois, comme ils ont beau- coup d'amitié les uns pour les autres, ils résolurent Cavelier de La Salle. 63 After their departure, he perceived that October, he had been robbed. Knowing perfectly ^^''^' the disposition of these Savages, he was aware that they would undertake similar exploits every night should he dissimulate on this occasion; he therefore resolved to la Saik's bring them to terms. Making his men resolute occupy a peninsular height, he himself ^^^'''"S- sallied forth for the purpose of finding some Savages alone. He had scarcely been out half an hour when he found the warm trail of a hunter. Following, pistol in hand, he soon overtook the Savage, brought him back to camp, and left him under guard, after having learned from him all the details of the robbery. He then took the field with two of his men, and having arrested another Savage, — one of the most important men of the tribe, — showed him from a distance the man he already held captive, and sent him back to tell his people that their comrade would be killed if they failed to return all that they had stolen. This proposition embarrassed these bar- barians, for they had cut up some cloth in order to divide it among themselves, so that they could not return it entire. However, as they are much attached to one another, they determined to deliver their companion by force. On the morning of the next day, the 30th 64 Cavelier de La Salle. Octobre, résolurent de délivrer leur camarade par ^^^'^- force. ^^^*^ Le lendemain au matin, 30 du mois d'Octobre, ils s'avancèrent tous les armes à la main pour commencer l'attaque. La presqu'isle où les François estoient logez estoit séparée du bois, où les Sauvages parais- soient par une plaine de sable longue de deux portées de fusil. Le sieur de La Salle remarqua qu'au bout de cette plaine du costé du bois, il y avoit plusieurs petits tertres dont le plus près de luy commandoit aux autres. Il s'avança pour s'en emparer avec cinq hommes portant leurs couvertures à demi-roulées autour du bras gauche pour se couvrir contre les flesches des Sauvages qui s'estoient desjà saisis de toutes ces emi- nences. Mais ces barbares voyant que les François s'approchoient pour les charger abandonnèrent les plus proches et donnèrent le temps au sieur de La Salle de monter sur la plus haute. Une action si hardie intimida de telle sorte ces Sauvages, qu'aussitost après deux anciens présentèrent de loin le calumet de paix, et s'estant approchez sur l'assurance qu'on leur donna qu'ils le pouvoient faire sans rien craindre, ils dirent qu'ils ne s'es- toient portez à cette extrémité qu'à cause de l'impuissance où ils estoient de rendre ce qu'ils avoient dérobé en Testât où ils l'avoient Cavelier de La Salle. 65 30th of October, they advanced all armed October, for an attack. The peninsula held by the '^^9- French was separated from the wood where the Savages were seen by a stretch of level sand two musket-shots in length. M. de La Salle noticed that on the side of this plain next the wood there were some small mounds, the nearest of which overlooked the rest. He advanced to take possession of this, accompanied by five men with their blankets half-rolled about the left arm to shield them against the arrows of the Sav- ages, who had already occupied all these points of vantage. But seeing the French advancing to the charge, the Savages aban- doned the nearest points, giving M. de La Salle time to ascend the highest one. This bold action so intimidated the Sav- ages, that immediately thereafter two old men offered the calumet of peace from afar; p^^^g and having drawn near, on the strength of restored, the assurance that they might do so with- out fear, they said that they had been driven to this extreme course only by their inability to return intact what they had taken; and that they were ready to return all that had been left entire and to make payment for the remainder. At the same time they presented some beaver robes to M. de La Salle in order to incline his mind to peace, excusing the small value of their gift by the 66 Cavelier de La Salle. Octobre, l'avoient pris, et qu'ils estoient prests à re- ^^79- stituer ce qui estoit en son entier et à payer le reste. Ils présentèrent en mesme temps quelques robes de castor au sieur de La Salle, pour disposer son esprit à la paix, s' excusant du peu de valeur de leur présent sur la sai- son trop avancée. Le sieur de La Salle se contenta de leurs excuses; ils exécutèrent ce qu'ils avoient promis et ainsi la paix fut restablie. Le jour suivant se passa en danses, festins et harangues dans lesquelles ils exhortoient le sieur de La Salle à demeurer avec eux et à ne point aller chez les Illinois, à qui il luy seroit impossible de résister et qui estoient résolus de massacrer tous les François, depuis qu'un Iroquois, qu'ils avoient pris et bruslé, les avoit assurez que la guerre que sa nation leur vouloit faire avoit esté con- seillée par les François qui haïssoient les Illinois. Ils adjoustèrent beaucoup de rai- sons semblables, qui alarmèrent les gens du sieur de La Salle et luy donnèrent à luy- mesme beaucoup d'inquiétude, parce que tous les Sauvages qu'il avoit rencontrez sur sa route luy avoient dit à peu près les mes- mes choses. Toutesfois, comme il sçavoit que ces raisons pouvoient leur avoir esté inspirées par ceux qui s'opposoient à son entreprise et par la jalousie des Sauvages, à qui les Illinois estoient redoutables par leur valeur X Cavelier de La Salle. 67 the advancement of the season. M. J Janvier, chcz les Iroquois une fontaine de sel, de '^^°- l'alun et du soufre. Le sieur de La Salle continua sa route vers la rivière des Illinois durant le reste du mois de Décembre, et enfin après avoir navigué durant 120 ou 130 lieues, depuis le lac des Illinois, et tué le long de la rivière du mesme nom deux bœufs et beaucoup de poules d'Inde, il arriva au village des Illinois le premier du mois de Janvier de l'année 1680. Ce village est situé à 40 degrez de lati- tude, dans une plaine un peu marescageuse et sur la rive droite de cette rivière, ausi large en cet endroit que la Seine devant Paris, et divisée par de fort belles isles. Il contient 460 cabanes, faites comme de longs berceaux et couvertes de doubles nattes de joncs plats si bien cousues qu'elles ne sont jamais pénétrées du vent, de la neige, ny de la pluye. Chaque cabane a 4 ou 5 feux, et chaque feu une ou deux familles qui vivent tous ensemble en bonne intelligence. Le sieur de La Salle trouva, comme il l'avoit préveu, le village vuide. Tous les Sauvages estoient allez passer l'hyver à la chasse en divers endroits, suivant leur coustume; leur absence néantmoins le mit dans un grand embarras, les vivres luy manquoient et il n'osoit prendre du bled d'Inde que les Illinois cachent dans des fosses i68o. Cavelier de La Salle. 87 As he had foreseen, M. de La Salle found January, the village deserted. According to their cus- tom, all the Savages had gone away to spend the winter in hunting. Their absence, how- ever, put him in great perplexity. He was in want of food, but he dared not supply if^arth himself from the Indian corn which the o/fooi/. Illinois hide in trenches underground to pre- serve it during their absence in the chase, on returning from which they make use of it for seed and for subsistence until harvest. This store is extremely precious to them, and no greater offence could be offered them than to disturb it in their absence. How- ever, as it was out of the question to go farther down the river without provisions, the prairie fires having driven all the game out of the country, he decided to take thirty minots of Indian corn, hoping that he might find some means of satisfying the Illinois. With this new supply, he re-embarked on the same day, and for four days descended the river, which runs south by west. Tow- ard the close of the fourth day, while traversing a small lake formed by the river, they noticed wreaths of smoke, which told them that the Savages were encamped near by. On the fifth, about nine o'clock in the morning, a number of pirogues* were seen on * In this Description of Louisiana we have been far from wishing to follow the alterations made by Father 88 Cavelier de La Salle. Janvier, fosscs SOUS terre pour le conserver et s'en 1680. servir à leur retour de la chasse pour semer et pour subsister jusqu'à la récolte. Cette provision leur est extrêmement précieuse, et on ne sçauroit leur faire un plus grand déplaisir que d'y toucher en leur absence. Toutesfois, comme il n'y avoit aucune ap- parence de s'exposer à descendre plus bas sans vivres, et que le feu qu'on avoit mis dans les campagnes avoit fait fuir toutes les bestes, il résolut de prendre 30 minots de bled d'Inde, espérant qu'il pourroit par quelque moyen apaiser les Illinois. Il se rembarqua le mesme jour avec cette nouvelle provision et descendit durant quatre jours sur la mesme rivière, qui cou- roit au sud quart de sud-ouest. Sur la fin du quatriesme jour, en traversant un petit lac que forme la rivière, on remarqua des fumées qui firent connoistre que les Sauvages estoient cabanez près de là. En effet, le cinquiesme, sur les neuf heures du matin, on vit des deux costez de la rivière quantité de pirogues" et environ quatre-vingts cabanes pleines ^Nous n'avons pas voulu suivre, dans la Description de la Louisiane^ les changements que le père Hennepin fait pour dissimuler ses plagiats ou pour mettre en évidence sa vaniteuse personne ; mais il est plaisant de noter comment il remplace ici le mot pirogue : "On vit (écrit il), des deux costés de la rivière, quantité de perroquets.'^ Ailleurs Hennepin avait substitué le mot tortues à celui de tourtres ou tourterelles. (Voir page 82.) Cavelier de La Salle. 89 on both sides of the river, and about eighty January, lodges swarming with Illinois, who did not '^^°' catch sight of the canoes until they had doubled a point behind which was the en- campment, at a distance of half a gunshot. The French were in light canoes, in single file, all armed, and letting themselves float with the stream. According to the custom of these nations, j dramatic M. de La Salle caused the first cry to be encounter, raised, as if to inquire whether it should be peace or war, for it is of great impor- tance to exhibit resolution at the outset. Instantly the old men, the women, and the children took flight through the woods bordering the stream; the warriors flew to arms, but with so much confusion that the canoes had touched the bank before they were aware. M. de La Salle was the first to leap ashore, and he might have defeated the Savages in the disorder in which they were; but this not being his aim, he halted his men in order to restore confidence to the Illinois. One of their chiefs, who was on the other side of the river, and had noticed that Hennepin, to conceal his plagiarisms or to parade his vain person; but it is droll to note how he here dis- places the word pirogue. "They saw," he writes, "on both sides of the river, a number oi paroquets.'''' Else- where Hennepin substituted the word tortues (turtles) for the word tourtres (turtle-doves). See p. 83. — Margry. 90 Cavelier de La Salle. Janvier, pleines de Sauvages qui n'aperceurent les 1680. canots qu'après qu'ils eurent doublé une ^^'^ pointe derrière laquelle les Illinois estoient cabanez à demi-portée de fusil. Les Fran- çois estoient dans huit canots, sur une ligne, tous les armes à la main et se laissant aller au courant de la rivière. Le sieur de La Salle fit faire un cry le premier, suivant la coustume de ces nations, comme pour demander si l'on vouloit la paix ou la guerre, parce qu'il estoit très- important de tesmoigner de la résolution dans ces commencements. D'abord les vieillards, les femmes et les enfants prirent la fuite au travers des bois dont la rivière est bordée; les guerriers coururent aux armes, mais avec tant de confusion qu'avant qu'ils se fussent reconnus, les canots avoient pris terre. Le sieur de La Salle y sauta le premier, et il auroit pu défaire ces Sauvages dans le désordre ou ils estoient ; mais comme ce n'estoit pas son dessein, il fit faire halte à ses gens afin de donner aux Illinois le temps de se rassurer. Un de leurs chefs qui estoit de l'autre costé de la rivière et qui avoit remarqué que le sieur de La Salle avoit empesché de tirer sur 7 ou 8 Sauvages que l'on pouvoit tuer aisément, se mit à haranguer pour arrester la jeunesse qui se préparoit à tirer des flesches au travers de la rivière. Ceux qui estoient campez du costé ou i68o. Cavelier de La Salle. gi that M. de La Salle had refrained from fir- January, ing upon seven or eight Savages, who might easily have been killed, began a harangue to check the young men, who were about to shoot arrows across the river. Those en- camped on the side on which the French had disembarked, recovering from their first consternation, sent two of their chiefs to display the calumet of peace from the top of a hill; soon those on the other side did the same, and then M. de La Salle gave them to understand that he accepted peace. Their joy was as great as their fear had been strong, — that of some having been such that they were three days in returning from their hiding-places. After the rejoicings, the dancing, and the feasting in which the rest of the day was spent, M. de La Salle called together the chiefs of the villages from both sides of the council, river. First making them a present of to- bacco and some hatchets, he began by say- ing that he had convoked them for the consideration of a matter which he wished to explain before speaking of anything fur- ther. He was aware, he said, how essential to them was their reserve of corn ; never- theless, he continued, his need of food upon his arrival at their village, and the lack of game in the land, had compelled him to take a certain amount of Indian corn, which was Friends in i68o 92 Cavelier de La Salle. Janvier, OU Ton avoit débarqué et qui avoient d'abord pris la fuite s'estant reconnus, en- voyèrent deux des principaux d'entre eux présenter le calumet de dessus un costeau; peu de temps après, ceux qui estoient de l'autre costé firent la mesme chose, et alors le sieur de La Salle leur fit connoistre qu'il acceptoit la paix. Leur joye fut aussi grande que leur appréhension avoit esté forte; celle de quelques-uns ayant esté telle qu'ils furent trois jours à revenir des lieux où ils estoient allez se cacher. Après les resjouissances, les danses et les festins auxquels on employa le reste du jour, le sieur de La Salle fit assembler les capitaines des villages qui estoient des deux costez de la rivière. Il leur fit d'abord un présent de tabac et de quelques haches, et ensuite il leur dit qu'il les avoit convoquez pour traiter d'une affaire qu'il vouloit leur expliquer avant que de leur parler d'aucune autre. Qu'il sçavoit combien le bled qu'ils avoient en réserve leur estoit nécessaire; que, néantmoins, la nécessité de vivre où il s' estoit veu en arrivant à leur village, et l'impossibilité de trouver des bestes à la campagne, l'avoient obligé à prendre quel- que quantité de bled d'Inde, qu'il avoit dans les canots, et auquel on n'avoit pas encore touché. Que s'ils vouloient le luy laisser, il leur donneroit en eschange des haches Cavelier de La Salle. was now in the canoes and still untouched. If they would let him have it, he would give them in exchange the hatchets and other things they had need of; if, on the other hand, they could not dispense with it, they were free to take it back ; but if they were unable to provide him with the pro- visions necessary for the subsistence of him- self and his men, he would go to their neighbors, the Osages, of whom he could buy food, in return for which he would leave with them the blacksmith whom he had brought, who would repair their hatchets and other tools. M. de La Salle addressed the Illinois in this manner, because he knew they would not fail to be jealous of the advantages which the French might bring to their neighbors, especially the advantage of having a black- smith, of whose services they stood them- selves in extreme need. They therefore accepted with many signs of gladness the payment offered for the Indian corn; they gave him still more, and entreated him to establish himself among them. He an- swered that he would willingly do this, but that, as the Iroquois were subjects of the King, and consequently his brethren, he could not wage war against them. He therefore exhorted the Illinois to make peace with the Iroquois, to which end he would 93 January, 1680. La Salle invited to establish himself among the Illinois. i68o 94 Cavelier de La Salle. Janvier, hachcs et les autres choses dont ils avoient besoin; et s'ils ne pouvoient s'en passer, il leur estoit libre de le reprendre; mais que, s'ils n'estoient pas en estât de luy fournir les vivres nécessaires pour sa subsistance et celle de ses gens, il iroit chez leurs voisins les Osages, qui luy en fourniroient en pay- ant, et qu'en revanche il leur laisseroit le forgeron qu'il avoit amené pour raccom- moder leurs haches et leurs autres instru- mens. Le sieur de La Salle leur parla de cette sorte parce qu'il sçavoit que les Illinois ne manqueroient pas d'estre jaloux des avan- tages ques les François pouvoient procurer à leurs voisins, et principalement de ceux qu'ils pouvoient tirer du forgeron, dont ils avoient eux-mesmes un extrême besoin. Aussi ils acceptèrent avec beaucoup de tesmoignages de joye le payement qu'il leur offroit pour le bled d'Inde; ils luy en donnèrent encore d'autre, et le prièrent instamment de s'establir parmi eux. Il leur respondit qu'il le feroit volontiers, mais que comme les Iroquois estoient sujets du Roy, et par conséquent ses frères, il ne pouvoit pas leur faire la guerre; qu'ainsi il les ex- hortoit à faire la paix avec eux, qu'il les y serviroit, et que, si malgré ses remontrances cette iière nation venoit les attaquer, il les défendroit, pourveu qu'ils luy permissent de Cavelier de La Salle. 95 would use his influence; and promised that January, if, despite his remonstrances, that proud nation should attack them, he would defend them, provided they would permit him to build a fort where he could stand out against the Iroquois with the few Frenchmen he had; and that he would even furnish the Illinois with arms and munitions, provided they would not use these against the nations living under the protection of the King. He added that it was his purpose to bring broaches other Frenchmen, who would secure them Ms plan of from the insults of their enemies, and would "^^^ë^^'"K furnish them with everything they required ; River. that the only impediment was the length and difficulty of the road; that, in order to overcome this obstacle, he purposed to build a great canoe to sail down to the sea, so as to bring them all sorts of goods by this shorter and easier route. This undertaking being, however, an expensive one, he desired first to be informed whether indeed their river was navigable to the sea, and whether there were other Europeans living near its mouth. They replied that they accepted all his proposals, and would aid him so far as in them lay. Then they made a description of the great River Colbert, or Mississipi, telling him wonders of its breadth and beauty, assuring him that it was everywhere open and easy of navigation, and that no Europeans 96 Cavelier de La Salle. Janvier, de faire un fort dans lequel il pust faire 1680. iQsiQ aux Iroquois avec le peu de François qu'il avoit, et que mesme il les fourniroit d'armes et de munitions, pourveu qu'ils ne les employassent pas contre les nations qui vivoient sous la protection du Roy. Il adjousta qu'il avoit aussi dessein de faire venir d'autres François qui les met- troient à couvert des insultes de leurs ennemis, et leur fourniroient tout ce qui leur estoit nécessaire; qu'il n'en estoit em- pesché que par la longueur et la difficulté des chemins; que, pour surmonter cet, obstacle, il avoit résolu de faire bastir un grand canot pour descendre jusqu'à la mer, et leur apporter toutes sortes de marchandises par cette voye, plus courte et plus facile. Mais, comme cette entreprise estoit d'une grande despense, il vouloit apprendre aupa- ravant si leur rivière estoit navigable jusqu'à la mer, et si d'autres Européens habitoient vers son embouchure. Ils luy respondirent qu'ils agréoient toutes ses propositions et qu'ils l'assisteroient en tout ce qu'ils pourroient. Ensuite ils firent la description de la grande rivière Colbert ou Mississipi, ils luy dirent des merveilles de sa largeur et de sa beauté, et l'asseurèrent que la navigation y estoit libre et facile partout et qu'il n'y avoit aucuns Européens auprès de son embouchure. Mais ce qui persuada O-^WJ Cavelier de La Salle. 97 Europeans were settled near its mouth. But January, what more than all else convinced M. de '^ ^' La Salle that this river is navigable was their mention of four nations referred to in the Relation of the Journey in Florida of Ferdinando de Soto, — namely, the Tula, the Casquia, the Chickasaw, and the Aminoia nations. They added that slaves from the country near the seacoast, whom they had taken in war, had told them of seeing ships which fired volleys resembling thunder; but that these ships had effected no settlement on the coast, for had this been done they themselves would not have failed to go thither to trade, the sea being at a distance of but twenty days' journey in their piroques. On the next day there arrived a Miami chief named Monso, with five or six men diplomacy. carrying kettles, hatchets, and knives, these gifts being intended to incline the minds of the Illinois to believe what he was going to tell them. He secretly convoked the elders, and assured them that M. de La Salle wished to ally himself with their enemies on the banks of the Great River, to whom he would furnish arms and munitions, and that, after calling them together, they would all co-operate with the Iroquois to hem in the Illinois on all sides; that La Salle was a friend of the Iroquois, having a fort in the midst Indian ^•"W) 98 Cavelier de La Salle. Janvier, pei'suada le plus au sieur de La Salle que 1680. cette rivière estoit navigable, c'est qu'ils luy nommèrent quatre nations dont il est parlé dans la Relation du voyage de Ferdi- nand Soto dans la Floride, qui sont celles de Tula, de Casquia, de Cicaca et d'Ami- noia. Ils adjoustèrent que des esclaves qu'ils avoient faits en guerre du costé de la mer disoient qu'ils avoient veu des navires au large que tiroient des coups qui ressem- bloient au tonnerre, mais qu'ils n'estoient point establis sur la coste, parceque s'ils y estoient, ils ne manqueroient pas d'y aller en traite, la mer n'estant esloignée que de 20 journées de leurs pirogues. Le lendemain, un des chefs des Miamis, nommé Monso, arriva accompagné de cinq à six autres chargez de chaudières, de haches et de couteaux, pour préparer par ces pré- sents l'esprit des Illinois à croire ce qu'il leur devoit dire. Il assembla secrètement les anciens et les asseura que le sieur de La Salle vouloit aller se joindre à leurs ennemis qui demeuroient sur le bord de la Grande- Rivière; qu'il leur fourniroit des armes et des munitions, et qu'après les avoir assem- blez, ils se rejoindroient aux Iroquois et les enfermeroient de tous costez pour les ex- terminer entièrement ; qu'il estoit amy des Iroquois, qu'il avoit un fort au millieu de leurs pays, qu'il leur fournissoit des armes et Cavelier de La Salle. 99 midst of their country, and was furnishing January, them with powder and arms; that the IIU- '^^°' nois had no other means of avoiding ruin than by hindering La Salle's journey or by delaying him, for a part of his men would soon forsake him; and finally, that the Illi- nois should believe nothing of all that La Salle might tell them. After repeating many such things, Monso departed at night as mysteriously as he had come, lest M. de La Salle should discover the secret. However, one of the Illinois chiefs named Omoahoha, who had been gained over at the first by a gift of two hatchets and some knives, came to M. de La Salle the next morning and secretly in- formed him of all that had taken place. M. de La Salle thanked him, and in order to induce him to continue his good offices, made him a new present of powder and lead. M. de La Salle and all his men saw , 1-11 1 • n /r • • T^ 1 .An emis- plamly that this Miami was a rrench emis- sary of sary, inasmuch as Monso had no acquaint- ^'^ Sailers ance with him, and had never been within four hundred leagues of Ft. Frontenac, although he had talked of M. de La Salle's affairs with the circumstantial detail of a lifelong intercourse. This occurrence gave La Salle, however, the more anxiety, because he knew the Savages to be naturally suspicious, and more- over L.ofC. ^oo Cavelier de La Salle. Janvier, et de k poudre, et qu'il n'y avoit point ^^^.^^ d'autre moyen d'éviter leur ruyne qu'en empeschant son voyage ou en le retardant, parceque une partie de ses gens l'aban- donneroient bientost, et qu'ils ne creussent rien de tout de qu'il leur diroit. Après avoir dit beaucoup d'autres choses pareilles, il s'en retourna la nuit avec autant de secret qu'il estoit venu, de peur que le sieur de La Salle ne descouvrist tout ce mystère. Toutesfois un des chefs Illinois, nommé Omoahoha, qu'il avoit gagné en arrivant par un présent de deux haches et de quelques couteaux, le vint trouver le lendemain matin et l'advertit secrètement de tout ce qui s'estoit passé. Le sieur de La Salle le remercia et, pour l'obliger à continuer de luy donner advis de toutes choses, il luy fit un nouveau présent de poudre et de plomb. Le sieur de La Salle et tous ses gens jugèrent aisément que ce Miamis avoit été instruit et envoyé par des François, parce que ce Monso ne le connoissoit pas et n'avoit jamais mesme approché du fort de Frontenac plus près que de 400 Heues, et que néantmoins il avoit parlé de ses affaires avec autant de détail et de circonstances que s'il l'avoit fréquenté toute sa vie. ^ Cette affaire néantmoins luy donna d'autant plus d'inquiétude qu'il sçavoit que les Cavelier de La Salle. ioi over because of the bad reports that had January, been circulated among his men in order to ^^^°' induce them to desert, as their comrades had done at Missilimakinak. In the afternoon Nicanapé, the brother cj-^^^ of the principal Illinois chief, Chassagoac, Indians who was then absent, invited M. de La ''^'^''^^''^ Salle and all his men to a feast; and when all were seated in the lodge, Nicanapé be- gan and held forth in very different terms from those with which all the Elders had addressed M. de La Salle upon his arrival. The chief said that he had invited M. de La Salle less to set before him good cheer than to cure him of his disease of wishing to descend the Great River; that no one had ever done this without perishing; that its banks were peopled with a multitude of savage tribes, who, by force of numbers, would overwhelm the French, whatever arms and valor the latter might possess; that the waters of this river were full of monsters and serpents; and if the size of his canoe should shelter him from all these dangers, there would be another inevitable chimeras one, inasmuch as the lower part of the river dire. was full of falls and precipices, over which the current was so violent that it would be impossible to escape being drawn down ; and that all these precipices ended in a gulf in which the river was lost underground, no I02 Cavelier de La Salle. Janvier, les Sauvages sont naturellement soupçon- neux et qu'on avoit desià donné beaucoup • de mauvaises impressions a ses gens pour les obliger à déserter, ainsi que leurs cama- rades avoient fait à Missilimakinak. L'après-disnée de ce mesme jour, Nica- napé, frère de Chassogoac, le plus con- sidérable des capitaines Illinois, qui estoit pour lors absent, invita le sieur de La Salle et tous ses gens à un festin, et lorsque tout le monde fut assis dans la cabane, Nicanapé prit la parole et fit au sieur de La Salle un discours bien différent de ceux que tous les Anciens lui avoient tenu à son arrivée. Il luy dit qu'il ne l'avoit pas tant convié pour luy faire bonne chère que pour le guérir de la maladie qu'il avoit de vouloir descendre la Grande-Rivière ; que jamais personne ne l'avoit fait sans y périr; que les bords estoient peuplez d'une infinité de nations barbares qui par leur nombre accableroient les François, quelques armes et quelque valeur qu'ils pussent avoir; que les eaux de ce fleuve estoient pleines de monstres et de serpents; et quand la grandeur de son canot le mettroit à couvert de tous ces dangers, il y en auroit un autre inévitable, que le bas de la rivière estoit plein de saults et de précipices avec un courant au-dessus si violent qu'on y tomboit sans remède, et tous ces précipices aboutissoient à un gouffre où la Cavelier de La Salle. 103 110 one knowing where it went. To all this January, he added so many details, and pronounced "^^°* his speech so seriously and with so many ^^^^^^^ signs of emotion, that M. de La Salle's men, who were not adepts in the manners of the Savages, and two or three of whom under- stood the language, were staggered. M. de La Salle saw their fear in their ^^ sa/k's faces; but as it is not the custom to inter- masterly rupt, and as, even had he done so, he would ^P^^^^- only have increased the suspicions of his men, he permitted the chief to end his dis- course in peace. He then replied imper- turbably that he and his men were much obliged for the information that had been imparted to them, inasmuch as the greater the obstacles to be surmounted the greater the glory they would gain ; that they served the greatest of all the captains who com- mand beyond the sea, and that they thought themselves happy to die in the act of bear- ing his name to the ends of the earth; but that he feared all that had been said was but a friendly fiction intended to prevent him from leaving the nation, — or rather that it was a trick of some evil spirit filling them with distrust of his purposes, which were full of sincerity; that if the Illinois had a true friendship for him they should not conceal the cause of their fears, from which he would try to set them free; that otherwise I04 Cavelier de La Salle. Janvier, la rivière se perdoit sous terre sans que l'on ^'^^°- sceust où elle alloit. Il ioienit à tout cela tant de circonstances, et prononçoit son discours si sérieusement et avec tant de marques d'affection, que les gens du sieur de La Salle, qui n'estoient pas accoustumez aux manières des Sauvages et dont deux ou trois entendoient la langue, en furent esbranlez. Le sieur de La Salle conneut leur appré- hension sur leurs visages, mais comme ce n'est pas la coustume d'interrompre les Sauvages, et que mesme en le faisant il auroit augmenté le soupçon de ses gens, il le laissa paisiblement achever son discours, et ensuite il luy respondit sans s'esmouvoir que luy et ses gens luy estoient bien obligez des nouvelles qu'il leur apprenoit, parce qu'ils acquerroient d'autant plus de gloire qu'ils trouveroient plus de difficultez à sur- monter; qu'ils servoient le plus grand de tous les capitaines qui commandent au delà de la mer, et qu'ils s'estimoient heureux de mourir en portant son nom jusqu'au bout de la terre; mais qu'il craignoit que tout ce qu'il avoit dit ne fust une invention de son amitié pour l'empescher de quitter sa nation, ou plustost que ce ne fust un artifice de quelque meschant esprit qui leur eust donné de la défiance de ses desseins quoy- que plein de sincérité; que si les Illinois avoient Cavelier de La Salle. 105 otherwise he would have reason to think January, that the friendship they had professed at ^^^°- the beginning was upon their Hps only. Nicanapé had no reply to make, and changed the subject by offering him food. The feast being over, M. de La Salle re- sumed his discourse, saying that he was not surprised that their neighbors should be- come jealous of the advantages the Illinois would derive from the trade they were go- ing to have with the French, nor that re- ports to the disadvantage of the latter should be circulated; but he was surprised that the Illinois were so ready to give credence to these reports, and that they should dissimu- late with a man who had so frankly told them all his purposes. " I was not asleep, my brother," he added, q-^^ ^^^^^ addressing Nicanapé, "when Monso talked chief does to you at night and in secret against the "°^ ^^^^^' French, whom he described as spies of the Iroquois. The gifts he gave to make you believe his lies are now buried in this lodge. Why did he take immediate flight? Why did he not speak by day, if he had only the truth to tell ? Did you not see, that on my arrival I might have killed your children in their bewilderment? And will you let yourself be persuaded that what I might have done alone I shall carry out with the aid of the Iroquois, after having established myself io6 Cavelier de La Salle. O-^NTSJ Janvier, avoicnt unc véritable amitié pour luy, ils 1680. j^g dévoient point luy dissimuler les sujets de leurs inquietudes, dont il tascheroit de les délivrer ; qu'autrement il auroit lieu de croire que l'amitié qu'ils luy tesmoignoient à son arrivée n'estoit que sur leurs lèvres. Nicanapé demeura sans repartir et, lui présentant à manger, changea de discours. Après le repas, le sieur de La Salle reprit la parole et luy dit qu'il n'estoit pas surpris que leurs voisins devinssent jaloux des com- moditez qu'ils recevroient du commerce qu'ils alloient avoir avec les François, ny qu'ils leur lissent des rapports à leur désa- vantage; mais qu'il s'estonnoit de ce qu'ils estoient si faciles à v donner créance et de ce qu'ils se cachoient à un homme qui leur avoit communiqué tous ses desseins avec tant de franchise. **Je ne dormois pas, mon frère, adjousta-t-il, en s'adressant à Nicanapé, quand Monso vous a parlé la nuit et en cachette au désavantage des François, qu'il vous a dépeints comme les espions des Iroquois. Les présents qu'il vous a faits pour vous persuader ses mensonges sont encore enfouis dans cette cabane. Pourquoy a-t-il pris la fuite aussitost après? pourquoy ne parloit-il pas de jour, s'il n'avoit que des véritez à dire? N'as-tu pas veu qu'à mon arrivée, j'ay pu tuer tes neveux et que dans la confusion où ils estoient, j'aurois pu faire seul Cavelier de La Salle. 107 myself among you and made friends with January, your nation? At this very moment, could '*^^°' not my men slaughter all of you old men, your young warriors being away hunting? Do you not know that the Iroquois, whom you fear, has felt the valor of the French, and that we should have no need of his help were it our purpose to make war upon you? But in order wholly to cure your wits, hasten after this impostor, — I will wait here to convict him and put him to shame. How can he be acquainted with me, never hav- ing seen me? and how can he know of the plots which he tells you I have made with the Iroquois, being as little acquainted with them as with me ? Look at our equipment ! Here are nothing but tools and goods which can aid us only by being of service to you, and which are useless either for attacks or for retreats." This speech stirred them, and prompted them to send after Monso to bring him back. But the snow falling heavily that night and covering his tracks, they were unable to overtake him. M. de La Salle's men, however, who had been half tempted before, were not cured of their baseless tears. Six of them, who were on guard ^^^^ the following night, took flight, carrving desertion. off whatever they thought would be of use to them, — thus exposing themselves to a risk io8 Cavelier de La Salle. Janvier, scul cc qu'on te vcut persuader que j'exécu- teray avec l'assistance des Iroquois, après que je me seray estably chez toy et que j'auray fait amitié avec ta nation? A l'heure que je parle, mes gens ne pourroient-ils pas esgorger tout ce que vous estes d'Anciens pendant que vostre jeunesse est à la chasse ? Ne sçais-tu pas que l'Iroquois que tu re- doutes a esprouvé la valeur du François, et que par conséquent il n'auroit pas besoin de son secours s'il avoit dessein de vous faire la guerre ? Mais, pour te guérir entière- ment l'esprit, cours après cet imposteur que j'attendray icy pour le convaincre et le con- fondre. Comment me connoist-il, puisqu'il ne m'a jamais veu, et comment peut-il sçavoir les complots qu'il dit que j'ay faits avec les Iroquois, qu'il connoist aussi peu que moy ? Regarde notre équipage. Ce ne sont que des outils et des marchandises qui ne nous peuvent servir que pour vous faire du bien, et qui ne sont propres ny pour les attaques ny pour les retraites." Ce discours les émut et les obligea à faire courir après Monso pour le ramener. Mais la neige, qui tomba la nuit en abon- dance et qui couvroit ses pistes, empescha qu'on ne le pust joindre. Toutesfois, les gens du sieur de La Salle, qui avoient esté auparavant à demi séduits, ne furent pas guéris de leurs fausses craintes. Six d'entre eux. i68o. Cavelier de La Salle. 109 risk of destruction or of starvation much January, more certain than that which they thought to escape. Stepping out of his lodge an hour later and finding no one on guard, M. de La Salle inspected the lodges of his men. He found one in which there remained but a single man, whom his companions had not noti- fied for want of confidence in him. Call- ing together all his men, he asked for in- formation about these deserters. He did not conceal his chagrin that these men, contrary to the commands of the King and to all justice, should have deserted, thus forsaking him after he had done everything for them, at a time when he needed them most sorely. In order to neutralize the bad efl^ect which ^^ saiie's this desertion might have upon the spirit of subterfuge the Illinois, he urged his men to report that their comrades had been detached by his order. He might indeed pursue them and make an example of them, but he did not wish to allow the Savages to know the faith- lessness of the French. He exhorted those who remained to be truer to him than these fugitives, and not to resort to such extrem- ities for fear of the dangers falsely depicted by Nicanapé; assuring them that he in- tended to take with him only those who might be willing to go, and pledging his word to leave the rest free the following spring iio Cavelier de La Salle. Janvier, eux, qui cstoicnt de garde, s'enfuirent la 1680. j^^j^ suivante, après avoir enlevé ce qu'ils ^^^^^■^ jugèrent leur devoir estre nécessaire, et s'ex- posèrent à un danger de périr et de mourir de faim, beaucoup plus certain que celuy qu'ils vouloient éviter. Le sieur de La Salle estant sorti de la cabane une heure après, en n'ayant trouvé personne en faction, entra dans la cabane de ses gens. Il en trouva une où il n'estoit resté qu'un seul homme, que ses camarades n'avoient pas adverti, parce qu'il leur estoit suspect. Il les assembla tous, et leur de- manda des nouvelles de ces déserteurs. Ensuite il leur tesmoigna le déplaisir qu'il avoit de ce que, contre les ordres du Roy, et contre toute justice, ils avoient déserté et l'avoient abandonné dans le temps qu'ils luy estoient le plus nécessaires, et après qu'il avoit fait toutes choses pour eux. Il leur recommanda, pour empescher le mauvais effet que cette désertion pourroit produire dans l'esprit des Illinois, de leur dire que leurs camarades estoient partis par son ordre; qu'il auroit pu bien les faire pour- suivre et les punir pour faire un exemple, mais qu'il ne vouloit pas faire connoistre aux Sauvages le peu de fidélité des François. Il les exhorta à luy estre plus fidèles que ces fugitifs, et de n'en pas venir à de pareilles extrémitez par la crainte des dangers que Nicanapé Cavelier de La Salle. i i i spring to return to Canada, whither they January, could go in canoes without risk; while, on '^^°* the other hand, they could not now under- take the journey except on manifest peril of their lives, and with the shame of hav- ing forsaken him like cowards in conse- quence of a conspiracy which could not remain unpunished upon their arrival at Quebec. In this way he endeavored to reassure his men; but, aware of their fickle- ness and concealing his chagrin on account of their lack of firmness, he determined to , , . A separate separate them rrom the bavages, in order establish- to cut oft' the means of future insubordina- ^^'^"^ tion. To secure their consent without a murmur, he told them they were not safe among the Illinois; that moreover their continuance here might expose them to the attack of the Iroquois, who would perhaps make a descent upon the villages during the winter; that the Illinois were incapable of resistance, since they would evidently flee at the first encounter; and that the Iroquois, unable to overtake the Illinois on account of the superior fleetness of foot of the latter, would vent their wrath upon the French, who, being so few, would be unable to make head against those bar- barians; that there was but one way of escape, which was to fortify themselves at an easily defensible point, such as he had found decided upon. 112 Cavelier de La Salle. Janvier, Nicanapé leur avoit faussement exagérez; qu'il ne prétendoit mener avec luy que ceux qui le voudroient accompagner, et qu'il leur donnoit sa parole de laisser aux autres, au printemps, la liberté de retourner en Canada, où ils iroient sans risque et en canot, au lieu qu'ils ne pouvoient alors l'entreprendre qu'avec un péril manifeste de leur vie, et avec la confusion de l'avoir laschement abandonné par une conjuration qui ne pouvoit pas demeurer impunie à leur arrivée à Québec. Il tascha de les rassurer de cette manière ; mais, connoissant leur inconstance, et dissimulant le chagrin qu'il avoit de leur peu de résolution, il résolut de les esloigner des Sauvages pour couper le chemin à de nouvelles insubordi- nations. Et pour les faire consentir sans murmurer, il leur dit qu'ils n'estoient pas en seureté parmi les Illinois ; que, d'ailleurs, un pareil séjour les exposoit aux armes des Iroquois, qui peut-estre viendroient durant l'hyver attaquer les villages ; que les Illinois . n'estoient pas capables de leur faire résis- tance, qu'apparemment ils s'enfuiroient au premier choc, et que les Iroquois, ne les pouvant joindre parce que les Illinois sont beaucoup plus vistes qu'eux, deschargeroient leur furie sur les François, dont le petit nombre seroit incapable de faire teste à ces barbares ; qu'il n'y avoit qu'un seul remède, qui Cavelier de La Salle. i i 3 found near the village, where they would January, be exempt from the insolence of the Illi- nois and from fear of the Iroquois, who, ^^ finding themselves unable to storm such a fortress, would refrain from an attack. By these arguments and some others of like nature, M. de La Salle persuaded his men, who willingly engaged in a task very arduous for so small a company. A great thaw having occurred on the p^^^ 15th of January, leaving the river open Crevecaur. below the village, M. de La Salle repaired with all his canoes to the place he had se- lected for his fort. It was a hillock, at a distance of about two hundred paces from the bank of the river which, in the season of heavy rains, washed its foot. Two broad, deep ravines secured two other sides and a part of the fourth side, which last M. de La Salle protected by a ditch connecting the two ravines. Their exte- rior slope, which served as a counterscarp, he lined with good chevaux de frise. He escarped the height on every side, support- ing the earth, wherever necessary, with massive uprights to which planks were fastened; and, to guard against being sur- prised, he surrounded the whole with a palisade, the piles of which were twenty feet long and thick in proportion. He left V^^VNJ 114 Cavelier de La Salle. Janvier, qui cstoit de sc fortifier dans quelque poste 2f ^* , facile à défondre, qu'il en avoit trouvé un de cette sorte près du village, où ils seroient à couvert des insultes des Illinois et des armes des Iroquois, qui ne pourroient les y forcer, et qui, par cette raison, n'entre- prendroient pas de les attaquer. — Ces raisons et quelques autres semblables per- suadèrent les gens du sieur de La Salle, et ils s'engagèrent de bonne grâce à un travail bien rude pour une si petite troupe. Un grand dégel estant survenu le 1 5 Jan- vier et ayant rendu la rivière libre au-dessous du village, le sieur de La Salle se rendit avec tous ses canots au lieu qu'il avoit choisy pour y faire un fort. C'estoit un petit tertre esloigné d'environ deux cents pas du bord de la rivière qui s'estendoit jusqu'au pied dans le temps des grandes pluyes. Deux ravines larges et profondes fortifioient deux autres costez, et une partie du quatriesme, que le sieur de La Salle fit achever de re- trancher par un fossé qui joignoit ensemble les deux ravines. Il fit border leur talus extérieur, qui luy servoit de contrescarpe, de bons chevaux de frise. Il fit escarper de tous costez cette eminence, dont il fit soutenir la terre autant qu'il luy estoit nécessaire par de fortes pièces de bois avec des madriers, et il fit planter autour, de peur de quelque surprise, une palissade dont les pieux Cavelier de La Salle. 1 15 left the top of the hill in its natural shape January, of an irregular quadrangle, contenting him- '^^°* self with a good parapet of earth sufficient ^^^'^*^ to shelter his men, whose lodgings were in two angles of the fort, in order that they might be always ready in case of attack. The Recollets were lodged in the third angle. The magazine, solidly built, was placed in the fourth angle, and the forge along the curtain opposite the woods. For himself and M. de Tonty he made a dwell- ing in the middle. While engaged upon this work, M. de ^ ^y^p g„ La Salle — who had constantly in view the the stocks. success of his discovery, and who foresaw the difficulty of building his vessel, be- cause of the desertion of his sawyers — bethought himself one day to remark to his men that he had determined to try to saw planks, provided there was a man among them with the good-will to help him ; that he hoped, with a little more time and trou- ble, to succeed, and that at worst they could but spoil a few planks. Two of his men immediately volunteered ; the trial was made, and although they had never done such work, they succeeded very well ; so he made a beginning upon a vessel forty- two feet in length of keel, and only twelve feet in breadth of beam. The work went on ii6 Cavelier de La Salle. iy\^sj Janvier, pieux estoient longs de vingt pieds, et gros 1680. ^ proportion. Il laissa le haut du tertre en sa figure naturelle, qui formoit un quarré irrégulier, et il se contenta de le border d'un bon parapet de terre, capable de couvrir ses gens, dont il fit faire le logement dans des angles de ce fi3rt, afin qu'ils fussent tou- jours prests en cas d'attaque. Les Recollects furent logez dans le troisiesme. Le maga- sin, solidement construit, fut placé dans le quatriesme, et la forge, le long de la cour- tine qui regardoit le bois. Pour luy, il se posta au milieu avec le sieur de Tonty. Pendant qu'il travailloit à cet ouvrage, le sieur de La Salle, qui songeoit continuelle- ment à faire réussir sa descouverte, et qui voyoit la construction de sa barque très- difficile par la défection de ses scieurs de long, s'advisa de dire un jour à ses gens qu'il avoit résolu, s'il y avoit entre eux un homme de bonne volonté qui voulust l'ayder, d'essayer à faire des planches de bordage; qu'il espéroit d'en venir à bout avec un peu plus de peine et de temps, et qu'au pis aller il en seroit quitte pour en gaster quelques-unes. Aussitost deux de ses gens s'offrirent à s'y employer; on en fit 1' essay, et ils réussirent assez bien, quoy- qu'ils n'eussent jamais entrepris un pareil ouvrage; et il fit commencer une barque de quarante-deux pieds de quille, et de douze Cavelier de La Salle. 117 on so actively that, notwithstanding the February, labors upon the fort, all the planking was sawed, all the timbers ready, and the ship ^^^*^^ on the stocks by the first of March. Meanwhile M. de La Salle proposed to send some one to discover in advance the route which he was to take to the Missis- sipi River, and the course of this river above and below the mouth of the Divine, or Illinois. Father Louis Hennepin of- Hennepin's fered to undertake this voyage, in order voyage. to begin an acquaintance with the tribes among whom he expected soon to settle for the sake of preaching the faith. M. de La Salle was reluctant to intrust this errand to him, but, seeing his determination, con- sented. He was given a calumet and a ca- noe with two men, one of whom, called the Picard, is now at Paris; the other, Michel Accault by name, had a slight acquaintance with the language of the Illinois and that of the Nadouessioux. To the latter were intrusted some goods intended as presents, of the value of from one thousand to twelve hundred livres. They left Fort Crèvecœur on the evening of the 29th of February. On their way they encountered a band of Illinois returning from their village, who tried to induce the little party to return with them; but Michel Accault, who is courageous ii8 Cavelier de La Salle. Février, douze Seulement de largeur; et il y fit tra- ^^°- vailler avec tant de soin que, nonobstant les ^^^f^ travaux du fort, tout le bordage fut scié, tout le bois prest, et la barque mise sur le chantier dans le premier jour du mois de Mars. En mesme temps le sieur de La Salle proposa de faire descouvrir, par avance, la route qu'il devoit tenir jusqu'à la rivière Mississipi, et le cours de cette rivière au- dessus et au-dessous de l'embouchure de la rivière Divine, ou des Illinois. Le Père Louis Henpin (j/V) s'offrit à faire ce voyage pour commencer à faire connoissance avec les peuples chez lesquels il croyoit aller bientost s'establir pour y prescher la foy. Le sieur de La Salle eut peine à le charger de cette commission ; mais, voyant qu'il y estoit résolu, il y consentit; il luy donna un calumet et un canot avec deux hommes, l'un desquels, appelé le Picard, est présente- ment à Paris, et l'autre, nommé Michel Accault, entendoit médiocrement la langue des Illinois et celle des Nadouessioux. Il chargea ce dernier de quelques marchandises destinées à faire des présents, et qui valoient i,ooo ou 1,200 liv. Ils partirent du fort de Crèvecœur le 29 février au soir. Ils rencontrèrent sur leur route une bande d'Illinois qui revenoient de leur village, et qui voulurent les obliger à y retourner avec eux; Cavelier de La Salle. 119 courageous and prudent, animated by the March, example of Father Louis, was determined '^^°* to push on, and they persuaded the Picard who had been tempted by the Savages. The Divine River, down which they paddled, is smooth and deep, broad as the Seine at Paris, while in two or three places it spreads out to a width of a league or two. ^.^^ It is bordered with bluffs on both sides, the Illinois slopes of which are covered with fine, large ^^'"^^• trees. These bluffs sometimes run back to a distance of a half-league apart, leaving between the slope and the river a marshy bottom-land subject to overflow, but sup- porting very large trees. Climbing the bluffs, one beholds beautiful prairies stretch- ing beyond eyeshot, here and there diver- sified with little groves of lofty trees which seem to have been planted for a purpose. Except in the season of great rains, the cur- rent of the river is gentle; in all seasons it is capable of floating large vessels as far as the Illinois village, descending from which the course is almost constantly south by west. On the 7th of March they found, at a distance of two leagues from its mouth, a tribe called Tamaroas, or Maroas, composed of two hundred families. These people wished to conduct the Frenchmen to their village I 20 Cavelier de La Salle. Mars, eux; mais Michel Accault, qui est cou- 1680. rageux et prudent, animé par l'exemple du Père Louis, voulut passer outre, et ils le persuadèrent à Picard, que les Sauvages avoient esbranlé. La rivière Divine, sur laquelle ils navi- geoient, est égale et profonde, et large comme la Seine à Paris, et en deux ou trois endroits elle s'eslargit jusqu'à une ou deux lieues. Elle est bordée de deux costeaux, dont la pente est couverte de beaux et grands arbres. Ces costeaux s'esloignent quelquefois d'une demi-lieue l'un de l'autre, et laissent entr'eux et la rivière un terrain marescageux et souvent inondé, mais qui ne laisse pas de nourrir de fort gros arbres. Quand on est monté sur les costeaux, on descouvre de belles prairies à perte de veue, garnies d'espace en espace de petites forests de haute futaye qui semblent y avoir esté plantées exprès. Le courant de la rivière est peu sensible, si ce n'est dans le temps des grandes pluyes; elle est capable, en tout temps, de porter de grandes barques jusqu'au village des Illinois, depuis lequel son cours va presque tousjours au sud quart de sud-ouest. Le 7 de Mars ils trouvèrent, à deux lieues de son embouchure, une nation ap- pelée Tamaroas, ou Maroas, composée de deux cents familles. Ils voulurent les mener Cavelier de La Salle. 121 village, west of the Mississipi or Colbert March, River, and six or seven leagues below the 1680. mouth of the Divine River; but Father ^'^^"^^'^ Louis and his companions preferred to con- tinue their journey. They soon reached the mouth, distant fifty leagues from Fort Crèvecœur, and ninety from the Illinois village. It is between the thirty-sixth and ^-^^ ^^^^^ thirty-seventh degrees of latitude, and there- oft/;e fore at a distance of one hundred and twenty ^'^^^' or one hundred and thirty leagues from the Gulf of Mexico. At the angle made by the junction of the two streams, on the south side, there is a flat-topped rock with steep sides, about forty feet in height, very suit- able for the location of a fort ; opposite the rock, on the north side, there is a prairie extending as far as the eye can reach, all ready to be cultivated, and capable of fur- nishing subsistence to a colony. The ice which was floating down the Great River detained them here until the i 2th of March, when they pushed onward up the stream. Below the Divine, the Mississipi River appears to flow toward the south-southwest; above it comes from the north and the north-northwest. It flows between two chains of rather high mountains, which j-^^ follow the windings of the stream, here cbams of and there receding a little, and leaving semicircular mountaitis. 122 Cavelier de La Salle. Mars, mener à leur village, situé à l'ouest de la 1680. j-ivière Mississipi ou Colbert, et à 6 ou 7 ^^^^^^^ lieues au-dessous de l'embouchure de la rivière Divine; mais le Père Louis et ses compagnons aimèrent mieux continuer leur route. Ils arrivèrent bientost après à cette embouchure esloignée de cinquante lieues de Crèvecœur, et de quatre-vingt-dix du village des Illinois. Elle est située entre le trente-sixiesme et le trente-septiesme degré de latitude, et, par conséquent, à cent vingt ou cent trente lieues du golfe de Mexique. A l'angle que cette rivière fait du costé du sud à son embouchure, on voit un rocher plat escarpé, et d'environ quarante pieds de hauteur, très-propre à y bastir un fort; le costé du nord, vis-à-vis du rocher, est une prairie dont on ne voit pas le bout, toute preste à estre cultivée, et qui seroit très- avantageuse pour la subsistance d'une colonie; les glaces qui dérivoient sur la Grande-Rivière les arrestèrent en cet en- droit jusqu'au i 2 du mois de Mars, qu'ils continuèrent leur route en remontant le long de ce fleuve. La rivière Mississipi, au-dessous de la Divine, paroist aller au sud sud-ouest, et au-dessus elle vient du nord et du nord nord-ouest. Elle coule entre deux chaisnes de montagnes assez hautes qui serpentent comme ce fleuve, dont quelque fois elles s'esloignent Cavelier de La Salle. semicircular spaces covered with grass or trees. Beyond these mountains great plains are to be seen, but the lands are not so fer- tile nor the woods so fine as those of the Illinois country. The Great River is almost everywhere a league or two in width, and is studded with numerous islands covered with trees, which are so entwined with vines that it is difficult to push through them. It has no considerable tributary on the west except the Outoutanta. On the east one comes first to the river called by the Savages Ouisconsing, or Misconsing, which flows from the east and the east- northeast for a distance of sixty leagues, — at which distance from the Mississipi the voyageur leaves it in order to reach Green Bay by another river. It is almost as large as the Illinois, at a distance of one hundred leagues above which it empties into the Mississipi. Twenty-four leagues above is the Black River, called by the Nadouessioux Chaba- deba. It is inconsiderable. Thirty leagues above this, also to the east, is the Rivière des Bœufs, so called from the number of cattle found there. They followed it for ten or twelve leagues, finding it everywhere smooth and without rapids. It is bordered with mountains, which sometimes recede to 123 March, 1680. The Wisconsin. Other trib- utaries of the great river. 124 Cavelier de La Salle. Mars, s'esloignent un peu, et laissent des espaces en demi-cercle couverts d'herbes ou de bois. Au delà de ces montagnes on descouvre de grandes campagnes, mais les terres ne sont pas si fertiles, ny les bois si beaux que ceux du pays des Illinois. Ce grand fleuve a presque partout une ou deux lieues de largeur, et il est divisé par quantité d' isles couvertes d'arbres entrelacez de tant de vignes qu'on a peine à y passer. Il ne reçoit aucune rivière considérable, du costé de l'ouest, que celle des Outoutanta. Du costé du levant, on trouve, premièrement, la rivière appelée Ouisconsing, ou Miscon- sing par les Sauvages, qui vient de l'est et de l'est nord-est durant soixante lieues, au bout desquelles on la quitte pour aller gagner, par une autre rivière, la baye des Puans. Elle est presque aussi large que la rivière des Illinois, et se jette dans le Mis- sissipi, à cent lieues au-dessus de la rivière Divine. A vingt-quatre lieues au-dessus, on trouve la rivière Noire, appelée par les Nadoue- sioux Chabadeba. Elle est peu considé- rable. Trente lieues plus haut, toujours du costé du levant, on trouve la rivière des Bœufs, ainsi nommée à cause de la quantité de ces bestes qu'on y rencontre. On la suivit dix ou douze lieues, où elle est tou- jours égale et sans rapides. Elle est bordée de Cavelier de La Salle. 125 to form prairies. Its mouth, which is March, wooded on both sides, is as wide as that of '^^°" the Divine River. Forty leagues farther up is a river full of rapids, which can be ascended to Lake Superior; the route being northeastward to a point near the spring Nemitsakanat, which runs into Lake Supe- rior. This stream has been called the Rivière du Tombeau, from the grave of a Savage chief which was found there. Twenty-four leagues farther up the Great River navigation is interrupted by a fall which Father Louis named in honor of St. Anthony of Padua. This fall is thirty or forty feet in height, and is divided by an island. At this point the mountains border- ing the river end, and it begins to flow from the west and northwest; but they were un- able to learn from the Savages, who have ascended it very far, at what place it takes its rise. Eight leagues above the fall is the River of the Nadouessioux, narrow at its mouth, which can be ascended northward for fifty leagues to the Lake of the Issati, where it takes its rise. This lake spreads out into great marshes where wild oats grow, — as in many other places from there to the head of Green Bay. This sort of grain springs up naturally, without being sown, in marshy lands. It resembles oats, but I 26 Cavelier de La Salle. (•VXJ Mars, de montagnes qui s'en esloignent quelque- 1680. £^^-g pQ^J. former des prairies. Son embou- chure, qui a des bois des deux costez, est aussi large que la rivière Divine. Quarante lieues au-dessus, on trouve une rivière pleine de rapides, par laquelle on peut aller au lac Supérieur, faisant route au nord-est jusqu'- auprès de la source Nemitsakouat, qui tombe dans ce lac. Cette rivière a été appelée la rivière du Tombeau, à cause de celuy d'un capitaine Sauvage qu'on y trouva. En continuant de remonter encore quatre- vingts lieues sur la Grande-Rivière, la navi- gation est interrompue par un sault, que le Père Louis a nommé de Saint-Antoine de Pade. Ce sault a trente ou quarante pieds de hauteur, avec un islet au milieu de la cheute. Les montagnes qui bordent la rivière finissent en cet endroit, et elle com- mence de couler de l'ouest et du nord- ouest, sans que l'on ait pu apprendre des Sauvages, qui l'ont remontée fort loin, le lieu où elle prend sa source. Huit lieues au delà du sault, on trouve la Rivière des Nadouessious, estroite à son entrée, et qu'on remonte allant au nord durant cinquante lieues jusques au lac des Issati, duquel elle tire son origine. Ce lac se respand dans de grands marais où croist la folle avoine, ainsi qu'en plusieurs autres lieux, jusqu'au bout de la baye des Puans. Cette sorte de grains Cavelier de La Salle. 127 but is of decidedly better taste, and is much April, longer, both head and stem. The Savages '^^°- gather it in the season, and lay up a store of it for the whole year. The Lake of the Issati is about sixty leagues westward of Lake Superior. Its islands, and the lands surrounding it and other neighboring lakes, the sources of several rivers, are inhabited by the Issatis, the Nadouessioux, the Tintonhas, the Oiia- debatons, the Chougasketons, and other tribes which are all comprised under the one name of Sioux, or Nadouessioux. These barbarians can muster eight or nine thou- sand very brave warriors, great runners and good bowmen. A party of these it was which captured Father Louis and his two companions in the following manner: — They were going up the River Colbert, or Mississipi, with much pleasure and with- out hindrance, when, on the i ith of April, 1680, they found themselves surrounded by Hemepin five or six score Nadouessioux braves, who taken by were on their way down the river in thirty- ^^^ ^""''' three canoes to make war upon the Tchat- chakigouas. Father Louis at once offered them the calumet, which they took, but would not smoke it — this being their token of peace — until after having brought the Frenchmen to the other side of the river. 128 Cavelier de La Salle. Avril, grains est produite naturellement dans les 1680. terres marescageuses et sans qu'on la sème. Elle ressemble à l'avoine, mais elle est de bien meilleur goust et de beaucoup plus longue, ainsi que la tige. Les Sauvages la recueillent dans la saison, et ils en font leur provision pour toute l'année. Le lac des Issati est situé à 60 lieues à l'ouest du lac Supérieur. Les isles et les terres qui l'environnent et d'autres lacs voisins d'où sortent plusieurs rivières sont habitez par les Issati, les Nadouessans, les Tintonha, les Oiiadebaton, les Chougaske- ton, et par d'autres peuples que l'on com- prend sous le mesme nom de Sioux ou de Nadouessious. Ces barbares sont au nombre de huit ou neuf mille guerriers fort vail- lants, grands coureurs et très-bons archers, et ce fut un parti de cette nation qui prit le Père Louis et ses deux compagnons de la manière suivante: Ils remontoient la rivière Colbert ou Mississipi avec beaucoup de plaisir et sans aucun obstacle, lorsque le 11 d'avril 1680 ils se virent investis par cent ou six vingts guerriers Nadouessious qui descendoient dans 33 canots pour aller faire la guerre aux Tchatchakigouas. Le Père Louis leur présenta aussitost le calumet qu'ils receu- rent, mais ils ne voulurent y fumer, ce qui est une marque de paix, qu'après les avoir fait i68o. Cavelier de La Salle. 129 river, whither they followed with loud April, yells, in order, as is their custom, to give some satisfaction to their dead. However, these barbarians stole some clothing, and although Michel Accault made them a present of two cases of mer- chandise, compelled the Frenchmen to go with them to their village, having broken off their journey in consequence of this en- counter. But they did not maltreat the Frenchmen, — who were not sorry for this opportunity to prosecute their discoveries, — except by forcing them to march on foot, with very scanty food and subject to great hardships, a distance of fifty leagues from the Great River. True it is, that upon ap- proaching their village they divided all the goods, partly by consent and partly by force, at the same time promising to pay for them ; the cause of this violence being that the party was composed of two different tribes, the most distant of which, fearing that the others, upon reaching the village, would retain all the goods, insisted upon taking their share in advance. Some time later, indeed, they offered par- tial payment to Michel Accault, who would accept nothing until they were ready to give him the value of all the goods, — and M. de La Salle has no doubt that the Savages paid 130 Cavelier de La Salle. Avril, fait passer de l'autre costé de la rivière, où 1680. -jg jgg poursuivirent avec de grands cris. g^v>J pour donner, suivant leur coustume, quelque satisfaction à leurs morts. Toutefois ces barbares leur pillèrent quelques hardes, et quoyque Michel Ac- cault leur eust fait présent de deux caisses de marchandises, ils les emmenèrent à leur village où ils retournèrent, cette rencontre leur ayant fait rompre leur voyage. Ils ne firent pourtant aucun autre mauvais traite- ment aux François, qui n'estoient pas faschez de cette occasion de continuer leurs descouvertes, que de les faire marcher avec eux à pied depuis la Grande-Rivière durant 50 lieues, avec beaucoup de peine et très- peu de vivres. Il est vray néantmoins qu'en approchant de leur village, ils se partagèrent toutes les marchandises, moitié de gré, moitié de force, mais ils promirent en mesme temps de les payer; et la raison de cette violence est que cette bande estoit composée de deux peuples différents, dont les plus esloignez, craignant que les autres ne retinssent toutes les marchandises quand elles seroient dans leur village, voulurent par avance en prendre leur part. En effet, quelque temps après ils offrirent une partie du payement à Michel Accault, qui ne voulut pas le recevoir jusqu'à ce qu'on luy donnast la valeur de toutes les marchandises. i68o. Cavelier de La Salle. 131 paid him in full. They also stole Father July, Louis's ornaments, with the exception of the chalice, which they durst not touch, be- cause, seeing it shine, they said it was a spirit which would kill them. This treatment made the Father believe Hennepin'' they meant to put him to death, inasmuch alarm. as they performed some rites which they are also in the habit of practising when about to burn their enemies; for Michel Accault, who did not then understand their language, though acquainted with several others, could not tell what they would be at. However, they left the Frenchmen quite unmolested in their village. Three months later the three Frenchmen went cattle-hunting with the Savages in the neighborhood of the Colbert River, where, at a distance of about one hundred and fifty leagues from the village, they met M. du Luth, who was on his way to the Nadoues- sioux, under the conduct of a soldier of M. de La Salle's named Faffart, who had de- serted from Fort Frontenac. All together they went back to the Nadouessioux villages, remaining there some four months; and finally all returned to Canada by way of the Ouisconsing River and Green Bay. During the stay of Father Louis and the two Frenchmen among the Nadouessioux, they i68o 132 Cavelier de La Salle. Juillet, marchandises, et le sieur de La Salle ne doute pas que ces Sauvages ne luy donnèrent une entière satisfaction. Ils pillèrent aussi les ornements du Père Louis, excepté le calice qu'ils n'osèrent toucher parce que, le voyant reluire, ils dirent que c'estoit un esprit qui les feroit mourir. Ce traitement fit croire au Père qu'ils vouloient le faire mourir à cause qu'ils firent plusieurs cérémonies, qu'ils ont aussi accoustumé de pratiquer quand ils veulent brusler leurs ennemis, et que Michel Ac- cault, qui lors n'entendoit pas leur langue, quoiqu'il en sceust plusieurs autres, ne pouvoit s'expliquer avec ces Sauvages. Néantmoins ils laissèrent les François dans leur village dans une entière liberté. Trois mois après ils allèrent avec les Sauvages à la chasse aux bœufs le long de la rivière Colbert, à environ 150 lieues de leur village, où ils rencontrèrent le sieur du Luth qui alloit chez les Nadouessious, sous la conduite d'un soldat du sieur de La Salle nommé Faffart, qui avoit déserté du fort Frontenac. Ils remontèrent tous en- semble aux villages des Nadouessious, où ils demeurèrent environ quatre mois, et enfin ils retournèrent tous en Canada par la rivière Ouisconsing et par la baye des Puans. Durant le séjour du Père Louis et des deux Cavelier de La Salle. 133 they saw an embassy of Savages from some February, five hundred leagues to the v^est, and learned ^^^ that the Assinipoualacs, who dwell some seven or eight days' journey to the northwest of the Sioux, and all the other known tribes of the west and northwest, inhabit. immense prairies, where there are multitudes of wild cattle and much peltry, and where it is sometimes necessary, for lack of wood, to use the dung of cattle for making fire. During the voyage of Father Louis, M. de La Salle had new troubles, and was obliged i^ ^j^//^.^ to incur fatigues which would perhaps ap- new pear incredible. He had finished his fort '''"^^''^ and prepared all the timber required for the building of his ship, but still he found himself wanting iron, ropes, and sails; he heard nothing of the other vessel, the men whom he had sent back for information not having returned. Meanwhile he reflected that summer was coming on, and that, if he consumed some further months in useless waiting, his en- terprise would be delayed a year, — perhaps two or three years, — because, being so far away, he was unable either to put his aflFairs in order or to obtain the articles of which he stood in need. In this extremity he formed a determi- ^j^ heroic nation as extraordinary as it was difficult to resolve. carry i68o 134 Cavelier de La Salle. Février, dcux François chez les Nadouessious, ils virent des Sauvages venus en ambassade, qui demeuroient à près de 500 lieues du costé de l'ouest, et ils apprirent que les Assinipoualac, qui sont à sept ou huit jour- nées des Sioux du costé du nord-ouest, et tous les autres peuples que l'on connoist à l'ouest et au nord-ouest, habitent dans des prairies immenses, où il y a quantité de bœufs sauvages et de pelleteries, et où quel- quefois ils sont obligez de faire du feu avec de la fiante de bœuf, faute de bois. Pendant le voyage du Père Louis, le sieur de La Salle se vit exposé à de nou- velles peines et à des fatigues qui peut-estre paroistroient incroyables. Il avoit achevé son fort et préparé tout le bois nécessaire pour la construction de sa barque, mais il n'avoit ni fer, ni cordages, ni voiles ; il n'apprenoit aucunes nouvelles de l'autre barque, et il ne voyoit point revenir ceux qu'il avoit envoyez pour s'informer de ce qu'elle estoit devenue. Cependant il considéroit que l'esté s'ap- prochoit et que s'il attendoit encore quel- ques mois inutilement, son entreprise seroit retardée d'une année et peut-estre pour deux ou trois, parce qu'il ne pourroit, estant si loin, donner aucun ordre à ses affaires, ny faire amener les choses dont il avoit besoin. Dans Cavelier de La Salle. 135 carry out; namely, to go on foot all the February, way to Fort Frontenac, a distance of more than five hundred leagues. The winter, which had been as severe in America as in France,* was drawing to a close; the ground was covered with snow, neither melted nor of sufficient firmness to bear up a man upon snowshoes. It would be necessary to carry the usual out- fit; namely, a blanket, linen, a kettle, a hatchet, a gun, powder and ball, and dressed hardships skins to make moccasins, which last but a and perils day, — the shoes in use in France being of "-^'^^ no service in this country. He had, more- taking, over, to make up his mind to push through thickets and brushwood; to wade for whole days, sometimes up to the waist, through marsh-water and melted snow; to go sometimes without eating, because he could carry no provisions, it being necessary to subsist upon what he could kill with his gun or could draw from the water; finally, to run the risk every day, and especially at night, of being surprised by some band of the four or five nations who were at war along his route. But all these difficulties did not dismay him, his only care being to find among his people some men resolute enough *This comparison would suggest that this relation was made in France. — Margry. O'-W) 136 Cavelier de La Salle. Février, Dans Cette extrémité, il prit une résolu- 1680. ^-Qj^ aussi extraordinaire qu'elle estoit diffi- cile à exécuter, c'est à sçavoir d'aller à pied jusqu'au fort Frontenac, esl oigne de plus de 500 lieues. On estoit alors à la fin de l'hyver, qui avoit esté aussi rude en Amérique qu'en France*; la terre estoit couverte de neige qui n' estoit ny fondue, ny capable de porter un homme avec des raquettes. Il falloit se charger de l'équipage ordinaire en ces occasions, c'est-à-dire d'une couverture, de linge, d'une chaudière, d'une hache, d'un fusil, de poudre, de plomb et de peaux passées pour faire des souliers à la Sauvage, qui ne durent qu'un jour, ceux dont nous nous servons en France n'estant d'aucun usage dans ce pays; il devoit, outre cela, se résoudre à brosser au travers des halliers et des buissons, à marcher dans l'eau, dans des marais et dans les neiges fondues, quel- quefois jusqu'à la ceinture et durant des journées entières, à coucher sur la terre, quelquefois sans manger parce qu'il ne pouvoit porter aucuns vivres, et qu'il devoit tirer sa subsistance de ce qu'il tueroit avec son fusil et de l'eau qu'il rencontreroit sur sa route. Et enfin à être exposé tous les jours, et principalement la nuit, aux sur- prises * Cette comparaison porterait à croire que cette re- lation a été faite en France. Cavelier de La Salle. i 37 enough to accompany him, and to prevent February, the rest, already much unsettled, from de- sertmg atter his departure. Fortunately a means offered itself, within a few days, of disabusing their minds of the ^-^^ ^^^^^ misconceptions which the Illinois, at the comes to instigation of Monso, had instilled. Some ^^^^^' Savages from five remote nations, arriving at the village, confirmed the reports of the beauty of the Great River which had been made to him by many Savages, as well as, at first, by the Illinois themselves. This story was, however, not quite sufficient to disabuse them ; in order entirely to restore their confidence, he purposed to draw a confession from the Illinois themselves, — although he had been informed that they had resolved in council always to tell the same story. It was not long before a favorable opportunity presented itself. One day when he was some two leagues from the fort, carrying four turkeys, which he had killed, he met a young Illinois war- rior, — one of a party returning with pris- oners from the south, — who had hurried on in advance of the rest in order to an- nounce their return at the village. Being very tired and hungry he begged food of M. de La Salle, who gave him one of his turkeys. Lighting ^•VSJ 138 Cavelier de La Salle. Février, prises de quatre ou cinq nations qui se 1680. faisoient la guerre. Néantmoins toutes ces difficultés ne Festonnèrent pas, et il estoit seulement en peine de trouver parmy ses gens quelques hommes assez résolus pour l'accompagner, et d'empescher que les autres, desjà fort esbranlez, ne désertassent tous après son départ. Il trouva heureusement, quelques jours après, le moyen de désabuser ses gens des fausses impressions que les Illinois leur avoient données à la sollicitation de Monso. Quelques Sauvages de cinq nations esloi- gnees arrivèrent au village, qui luy con- firmèrent ce qu'il sçavoit desjà de la beauté de la grande Rivière par le rapport de plusieurs Sauvages et par ce que les Illinois mesmes luy en avoient dit à son arrivée. Toutesfois ce récit ne suffisoit pas pour désabuser ses gens, et pour les rasseurer entièrement il vouloit le faire avouer aux Illinois mesmes, quoyqu'il eust appris qu'ils avoient résolu, dans un conseil, de dire tousjours la mesme chose, et il s'en présenta peu de temps après une occasion favorable. Un jour qu'il estoit à plus de deux lieues du fort, chargé de quatre poules d'Inde qu'il avoit tuées à la chasse, il rencontra un jeune guerrier Illinois qui venoit de faire des prisonniers du costé du sud et qui avoit devancé ses camarades pour donner advis au Cavelier de La Salle. 139 Lighting a fire, the Savage put the tur- February, key in the kettle he was carrying. While it was cooking, M. de La Salle questioned him about his journey, asking news from the lower river country, with which he pretended to have considerable acquaint- ance. With a bit of charcoal the young man drew upon a sheet of bark a very ac- curate map, stating that he had been every- where in his pirogue, that one could reach the sea without encountering either falls or rapids, but that, where the river became very wide, there were occasional sand bars and mud banks, which would choke some part of the channel. He also gave the names of the tribes living along its banks, and the names of its tributaries. M. de La Salle, having written down these facts, thanked him by a small gift for having revealed the truth which the chiefs of his nation had withheld. Then, begging him to say nothing of their conversation, M. de La Salle gave him a hatchet to close his mouth, — this being among the Savages a sign to impose secrecy. Early on the morrow he hastened to the ^^ ^^n^ village, where he found Savages assembled outwits the in the lodge of one of the chiefs feasting ^^j^!'"" on bear's meat, which is held in special es- teem. Taking his place among them, he told i68o 140 Cavelier de La Salle. Février, au village de leur retour. Comme il estoit très-fatigué et affamé, il demanda à manger au sieur de La Salle, qui luy donna une de ses poules d'Inde. Le Sauvage alluma du feu et et la mit dans là chaudière qu'il portoit. Pendant qu'elle cuisoit, il l'interrogea sur son voyage et luy demanda des nouvelles du pays situé au bas de la rivière, dont il feignit avoir beaucoup de connoissance. Ce jeune homme lui en fit, avec du charbon sur une escorce, une carte assez exacte, l'asseura qu'il avoit esté partout dans sa pirogue, qu'il n'y avoit jusqu'à la mer ny saults ny rapides, mais que, comme elle devenoit fort large, il y avoit en quelques endroits des battures de sable et de vase qui en bar- roient une partie. Il luy dit aussi les noms des nations qui habitent sur son rivage et des rivières qu'elle reçoit, que le sieur de La Salle escrivit. Il le remercia ensuite, par un petit présent, de luy avoir descouvert la vérité que les principaux de la nation luy avoient déguisée. Il le pria de ne leur point dire qu'il luy eust parlé, et il luy donna une hache pour luy fermer la bouche, ce qui est la manière dont les Sauvages s'expriment pour recommander le secret. Le lendemain de bon matin il alla au village, où il trouva des Sauvages assemblez dans Cavelier de La Salle. 141 told them he wished to give them a proof February, that the Maker of All has a special watch- '^^°- care over the French, having favored him with information about the Great River, concerning which he had been most de- sirous of knowing the truth since the fright- ful description they had given him. He then told them what he had learned the day before. Believing that he had learned all these things in some extraordinary man- ner, these barbarians clapped their hands over their mouths, this being their way of showing amazement. They then told him that their desire of keeping him among them was the sole cause of their conceal- ment of the truth. They admitted the truth of all that he had learned from the young brave, and since that time have never changed their story. This occurrence purged the minds of M. de La Salle's men of a portion of their fears, from which they were quite relieved by the arrival of some Osages, Chicasaws, and Akansas, who had come from the south fri^itors to see the Frenchmen and to buy hatchets, from the They bore witness that the river was navi- •^'^^ ^°"^^- gable to the sea, adding that the coming of the Frenchmen was everywhere announced, and that they would be well received. M. de La Salle made them all small presents to 142 Cavelier de La Salle. Février, daiis la cabatie de Tun des plus considérables '^'^' qu\ faisoit festin d'un ours, qui est un mets dont ils tout beaucoup d'estime. Il prit place au milieu d'eux, et leur dit qu'il vouloit leur taire connoistre que celuv qui a tout t'ait prend un soin particulier des François, qu'il luy avoit fait la grâce de l'instruire de Testât de la Grande- Rivière, dont il estoit en peine de connoistre la vérité depuis qu'ils luy en avoient fait une description etîi-ovable, et ensuite il leur dit ce qu'il avoit appris le jour précédent. Ces barbares creurent qu'il avoit appris toutes ces choses par quelque voye extraordinaire, et après s'estre fermé la bouche avec la main, ce qui est la manière dont les Sau- vages se servent pour tesmoigner leur ad- miration, ils luy dirent que la seule envie qu'ils avoient de l'arrester avec eux les avoit obligez de luv cacher la vérité. Ils luv avouèrent tout ce qu'il avoit appris du jeune guerrier, et depuis ils ont tousjoui"S persisté dans les mesmes sentiments. Cette rencontre guérit l'esprit des gens du sieur de La Salle d'une partie de leurs craintes, et ils en furent entièrement dé- livrez par l'arrivée de plusieurs Osages, Sicacas et Akansas, qui estoient venus du costé du sud pour voir des François et acheter des haches. Ils tesmoignèrent tous que la rivière estoit navigable jusqu'à la mer ^•VNJ Cavelier de La Salle. 143 to show their countrymen, and promised to February, bring them hatchets, knives, needles, and '^'^°" awls, which are the merchandise held by them in best esteem; telling them that, as his nation had a great abundance of these things, he would furnish the like to their neighbors also, whom he begged them to inform of his intention. Some days before, on the 17th of Feb- ruary, two chiefs of the Matoutenta tribe, living eighty or a hundred leagues west of the Great River, came to see the Frenchmen. One of these had at his belt a horse's hoof, and the skin of part of the leg, serv- ing as a petun pouch. He said he had brought it from a country five or six days' journey to the west of his own, where the inhabitants fought on horseback with lances and had long hair. These details showed that he spoke of the Spaniards of New Mexico, since the Savages of those regions let their hair grow to the length of but a finger's breadth. This new information increased M. de La Salle's desire to complete his discoveries, and determined him to carry out the plan he had formed. But before speaking of his departure from this country, it is neces- sary to describe, in a few words, the man- ners of its inhabitants. The 144 Cavelier de La Salle. Février, mer et que la venue des François estant 1680. publiée partout, ils seroient très-bien receus. Le sieur de La Salle leur fit à tous de petits présents pour montrer à leurs compatriotes et promit de leur porter des haches, des couteaux, des aiguilles et des alesnes qui sont les marchandises qu'ils estiment le plus, et leur dit que comme nostre nation en avoit une très-grande abondance, ils en fourniroient aussi à leurs voisins à qui il les pria de la faire sçavoir. Quelques jours auparavant et le 17 de Février, deux des plus considérables de la nation des Matoutenta, esloignée de 80 ou 100 lieues à l'ouest de la Grande- Rivière, arrivèrent pour voir les François. L'un d'eux avoit à la ceinture un pied de cheval avec la peau d'une partie de la jambe qui luy servoit de sac à pétun. Il dit qu'il l'avoit apporté d'un pays situé à cinq journées du sien, du costé de l'ouest, et dont les habitants se battoient à cheval avec des lances et avoient de longs cheveux. Ces circonstances firent connoistre qu'il par- loit des Espagnols du Nouveau- Mexique, parce que les Sauvages de ces quartiers ne laissent croistre leurs cheveux que d'un travers de doigt. Ces nouvelles connoissances augmentè- rent l'envie que le sieur de La Salle avoit d'achever ses descouvertes et l'obligèrent à exécuter Cavelier de La Salle. 145 The Illinois are brave, and formidable March, to all their neighbors. In disposition they are more cheerful and open than the other Savages, who are all taciturn and melan- choly. They are impetuous, quarrelling character often among themselves, — an infrequent and man- occurrence among the other tribes of North "Z^. f^^^ . ° 1 n . Illtnots. America, bvery man has several wives, to the number of ten or twelve. It is cus- tomary for a man to marry all the sisters of his first wife. They are very jealous ; when a man learns of his wife's infidelity he cuts off her nose. They are accused of being addicted to the sin against nature, having men set apart from childhood for this detestable purpose. The men go naked in summer, covering themselves only in winter with bufi^alo hides, retaining the fur; but the women are always modestly clad from head to knees in dressed skins. In- stead of bark canoes, they make use of pirogues : that is, boats made of a single great tree-trunk, hollowed out, and capable of carrying forty or fifty men. Their arms and other modes of life are like those of other Savages. The winter, as was said above, was longer than usual ; provisions were falling short at the fort, and the ice covering the river cut ofl^ communication with the great village, where i68o. 146 Cavelier de La Salle. Mars, exécuter la résolution qu'il avoit prise ; mais avant que de parler de son départ de ce pays, il est nécessaire de descrire, en peu de mots les mœurs du peuple qui l'habite. Les Illinois sont vaillants et redoutables à tous leurs voisins ; leur humeur est plus gaie et plus ouverte que celle des autres Sauvages, qui sont tous dissimulez et mélan- coliques. Ils sont prompts et ils se que- rellent souvent entre eux, ce qui arrive rarement parmy les autres peuples de l'Amérique septentrionale. Ils ont tous plusieurs femmes, quelquefois jusqu'à dix ou douze, et ils espousent ordinairement toutes les sœurs de leur première femme, dont ils sont fort jaloux et leur coupent le nez quand ils sçavent qu'elles leur sont in- fidèles. On les accuse d'estre adonnez au péché contre nature et d'avoir des hommes destinez, dès leur enfance, à cet usage détestable. Les hommes sont tout nuds pendant l'esté et ne se couvrent qu'en hiver de robes de peaux de bœuf avec la laine, mais leurs femmes sont tousjours modeste- ment vestues de peaux de bœuf passées depuis la teste jusqu'aux genoux. Ils se servent de pirogues, c'est-à-dire de bateaux faits d'un seul grand arbre creusé et capable de porter de quarante à cinquante hommes, au lieu de canots d'escorce. Leurs armes et Cavelier de La Salle. 147 where the Savages' stores of Indian corn March, were buried. Nevertheless, M. de La Salle '^^°- determined to ascend thither, and to make use of the occasion to go to seek news of his vessel. Leaving in command M. de Tonty, who did not belie the good opinion his chief had formed of his conduct and cour- age, the latter set out on the i st of March, la saik with six of the stoutest of his men and one sets out. Savage, in two canoes. Near the fort the somewhat rapid cur- rent kept the river clear of ice. But after having travelled a league, reaching an en- largement or lake eight leagues in length, formed by the river, they found it frozen over. Unwilling to abandon his canoes, which he purposed to send back to the fort laden with Indian corn, M. de La Salle told his men that beyond the lake the current would have broken the ice so as to leave passage free. So they decided to make two sleds, upon which they placed their loaded canoes and dragged them over the snow to the end of the lake. The next morning they found the river covered with ice too weak to walk upon and too strong for bark canoes to break through. They were therefore compelled to carry the canoes and their contents for four leagues through the woods, constantly midleg deep in snow. At 148 Cavelier de La Salle. Mars, et leurs autres manières de vivre sont pa- 1680. reiUes à celles des autres Sauvages. ^^'^ L'hyver, comme il a esté dit cy-dessus, estoit plus long qu'à l'ordinaire ; les vivres commencoient à manquer au fort, et les glaces qui couvroient la rivière ostoient la communication avec le grand village, où les provisions de bled d'Inde des Sauvages estoient enfermées. Toutesfois, le sieur de La Salle résolut d'y remonter et de se ser- vir de cette occasion pour aller apprendre des nouvelles de sa barque. Il donna ses ordres au sieur de Tonty, qui n'a point trompé la bonne opinion qu'il avoit con- ceue de sa conduite et de son courage, et il partit le i^^" du mois de Mars avec six des plus robustes de ses gens et un Sauvage, en deux canots. Le courant, assez rapide, tenoit la rivière libre de glaces auprès du fort. Mais après une lieue de navigation et à l'entrée d'un eslargissement ou d'un lac de huit lieues de long, que forme la rivière, ils la trouvèrent glacée. Le sieur de La Salle, qui ne vou- loit pas abandonner ses canots, ayant dessein de les renvoyer au fort chargez de bled d'Inde, dit à ses gens qu'au bout de ce lac, le courant acroit fondu les glaces et leur ouvriroit le passage. Ainsi ils résolurent de faire deux traisneaux sur lesquels ils mirent leurs canots et tout leur équipage, et les traisnèrent Cavelier de La Salle. 149 At nightfall they reached huts of Savages, March, where they were sheltered from the heavy rain that fell all night. y^ ^ ^ On the 3d of March they embarked upon the river, which they found covered f^ificuities with ice in seven or eight places, where of canoeing they had to break a passage with poles. '" «"'^^^'"• At length, about four o'clock in the after- noon, they found ice more than a foot thick, but having such inequalities and holes that they could not walk upon it; they were therefore forced to make a cir- cuit of almost two leagues, and to drag their canoes over frozen swamps, beyond which the river was open. Here they paddled until noon, when masses of ice, covering the whole stream, forced a landing from time to time to let them float by; then they would embark again; and this they repeated several times until nightfall. The following day they made a portage of half a league, and then continued their journey for two leagues upon a small chan- nel or arm of the stream, now paddling, now breaking the ice with flails and hatch- ets, and again in the water to their knees dragging the canoes. Then they dragged them over the snow through the woods until the next evening, when they were stopped i68o 150 Cavelier de La Salle. Mars, traisnèrent sur la neige jusqu'au bout du lac. Ils y trouvèrent, le lendemain, la rivière couverte de glace trop foible pour pouvoir marcher dessus, et trop forte pour y exposer des canots d'escorce. Ils furent donc contraints de porter les canots et tout le reste durant quatre lieues, tousjours dans la neige jusqu'à mi-jambes, et à travers les bois. Ils arrivèrent le soir à des cabanes des Sauvages, où ils se mirent à couvert d'une forte pluye qui tomba toute la nuit. Le troisiesme de Mars ils s'embarquèrent sur la rivière, qu'ils trouvèrent glacée en sept ou huit endroits, où ils se firent passage à coups de perche. Sur les quatre heures du soir, la glace estant espaisse de plus d'un pied avoit tant d'inègalitez et de trous qu'on ne pouvoit y marcher; ils furent contraints de faire un circuit de près de deux lieues et de traisner leurs canots sur des marais glacez, à l'extrémité desquels la rivière estoit libre. Ils y voguèrent jusqu'à midi, que de grandes glaces qui couvroient toute la rivière les obligeoient de temps en temps à se mettre à terre pour les laisser passer, et ensuite à se remettre à l'eau, ce qu'ils firent diverses fois jusqu'au soir. Le jour suivant ils firent un portage de demi-lieue, au bout de laquelle ils continuèrent leur route sur un petit canal, ou bras de la rivière, durant deux lieues, tantost en ramant et tantost en rompant Cavelier de La Salle. 151 stopped by a heavy snowfall. On the March, 9th of March, the snow being frozen, they '^^°- set out on snowshoes, which are made use of to keep from breaking through. That day they made seven or eight leagues ; and the next day, after making ten leagues, they reached the village. During the next two days a heavy rain loosened the ice in the river. But the ice, being stopped by the islands and bars which they had passed below the village, formed great jams in which it kept piling up with prodigious noise, so that M. de La Salle lost hope of being able to revictual the fort immediately. Indeed, he found no one from whom to buy, nor did it seem likely that anyone would return to the vil- lage at a season so inclement. Having, however, observed tracks in the snow, he thought there must be some Illinois in the neighborhood engaged in hunting, and therefore set fire to some frost-dried reeds, in the hope that the smoke, which could be seen at a great distance in this open countrv, would attract some Savage. He was not disappointed. The next day, M. de La Salle, having interview left camp while his men were bucaning or with smoke-drying the flesh of a bullock they Chassagoac. had killed, saw two Savages approaching, closely v^v>o 152 Cavelier de La Salle. Mars, rompant des glaces avec des fléaux et des 1680. haches ou en traisnant leurs canots dans Teau jusqu'à mi-jambes. Ils les traisnèrent ensuite sur la neige dans les bois jusqu'au lendemain au soir, que la neige, qui tomba en abondance, les obligea de s'arrester. Le 9 Mars, la gelée ayant afFermy la neige, ils se mirent en marche avec leurs raquettes, dont on se sert pour s'empescher d'enfoncer. Ils firent ce jour-là sept à huit lieues, et le lendemain, après en avoir fait encore dix, ils arrivèrent au village. Une grande pluye qui tomba les deux jours suivants destacha les glaces dont la rivière estoit couverte. Mais, comme elles furent arrestees par les isles et par des bat- tures qu'elles recontrèrent au dessous du village, et qu'il s'en fit de grands amas qui s'élevoient l'un sur l'autre avec un bruit extraordinaire, le sieur de La Salle perdit l'espérance de pouvoir envoyer sitost des vivres au fort. Il ne trouva mesme per- sonne de qui il en peust acheter, et il n'y avoit point d'apparence qu'aucun Illinois revinst au village dans une si fascheuse saison. Toutesfois, comme il avoit re- marqué des pistes sur la neige, il creut qu'il y en avoit quelques-uns aux environs à la chasse, et dans cette pensée, il fit mettre le feu à des roseaux que la gelée avait séchez, espérant que la fumée qui paroistroit 68o. Cavelier de La Salle. 153 closely followed by Chassagoac, the prin- March, cipal chief of the Illinois, and the best dis- posed toward our nation. After presenting him with a red blanket, a kettle, some hatchets, and some knives, M. de La Salle told him that the Frenchmen left at the fort were in need of provisions, and begged him to furnish them some, promising to repay the service upon returning from the journey he was about to make. Chassagoac promised to use all his in- fluence in favor of the French, and to load with Indian corn the canoe which M. de La Salle would leave with two men to take it back to the fort. They then had a long conversation, in the course of which M. de La Salle told him all that had taken place at the other village in the absence of Chas- sagoac. M. de La Salle told him also the object of his journey, explaining that it was his purpose to put the Illinois upon good terms with the Iroquois, and promis- ing to return soon with a large supply of arms and goods and a greater number of Frenchmen, for the purpose of establishing a colony among the Illinois as soon as he should have discovered the mouth of the Great River. At this news Chassagoac showed as much joy as he had before shown of concern at the departure of his friend. 154 Cavelier de La Salle. Mars, paroistroit de loin dans ces campagnes at- 1680. tireroit quelque Sauvage, ce qui luy réussit. ^^^^^ Le lendemain, le sieur de La Salle estant sorti pendant que ses gens boucanoient ou séchoient à la fumée la chair d'un bœuf qu'ils avoient tué, il vit venir deux Sauvages qui furent suivis d'assez près par Chassagoac, le plus considérable des Illinois et le plus affectionné pour notre nation. D'abord il luy fit présent d'une couverture rouge, d'une chaudière, de quelques haches et de quel- ques couteaux, et ensuite il luy dit que les François qu'il avoit laissez au fort avoient besoin de vivres, qu'il le prioit de leur en fournir et qu'au retour du voyage qu'il alloit faire, il reconnoistroit le service qu'il luy rendroit en cette occasion. Chassagoac lui promit d'employer tout son crédit en faveur des François et de charger de bléd le canot que le sieur de La Salle laissoit avec deux hommes pour le ramener au fort. Ils eurent ensuite une longue conférence dans laquelle le sieur de La Salle luy raconta tout ce qui s'estoit passé à l'autre village où Chassagoac ne s'estoit pas trouvé. Il luy dit aussi le sujet de son voyage, qu'il avoit dessein de les remettre en bonne intelligence avec les Iroquois, qu'il reviendroit bientost avec beaucoup d'armes et de marchandises et un plus grand nombre de François, à des- sein Cavelier de La Salle. friend. Chassagoac confirmed all that had been learned touching the course of the River, and promised to contribute every- thing in his power to the success of the enterprise. Meanw^hile the four Frenchmen and the Savage, whom M. de La Salle had chosen to accompany him, carried his canoe and his effects as far as to a rapid four leagues above the village. There, after parting with Chassagoac, he joined them, and as the river appeared to be open, he embarked and made twelve leagues on the i6th and 17th, although the masses of floating ice frequently forced him to land. On the 1 8th he found the river so solidly frozen that he gave up the hope of further progress by boat. They accordingly hid the canoe on an island, and set out on foot, burdened with their whole outfit. In two days they crossed a prairie twenty-five leagues wide, and of in- definite length, marching constantly through the water formed by the snow melted by the sun's heat, which was strong in the middle of the day. The whole of the 2 1 st, and until noon of the 2 2d, they continued their journey through great swamps, beyond which was a very deep, swift stream. Wishing to make a raft, they found no wood except oak, which ^55 March, 1680. Abandons his canoe. 156 Cavelier de La Salle. Mars, sein de s'establir parmy les Illinois, sitost 1680. qu'il auroit descouvert l'embouchure de la Grande-Rivière. Chassagoac fit paroistre autant de joye de cette nouvelle qu'il luy avoit d'abord tesmoigné de chagrin de son départ. Il luy confirma tout ce qu'il avoit appris depuis peu touchant le cours de la rivière, et l'assura qu'il contribueroit de tout son pouvoir à l'heureux succès de son entreprise. Cependant les quatre François et le Sau- vage que le sieur de La Salle avoit choisis pour l'accompagner portèrent son canot et ses hardes jusqu'à un rapide situé quatre lieues au-dessus du village. Il les y alla rejoindre après qu'il se fut séparé de Chas- sagoac, et comme la rivière paroissoit belle, ils s'embarquèrent dessus et firent douze lieues les 16 et 17, quoyque les bancs de glace qui descendoient les obligeassent à mettre souvent pied à terre. Le 1 8, ils trouvèrent la rivière tellement glacée qu'ils perdirent l'espérance de naviguer davan- . tage. Ainsi ils cachèrent le canot dans une isle et commencèrent à marcher à pied chargez de tout leur équipage. Ils tra- versèrent en deux jours une campagne large de vingt-cinq lieues et longue à perte de veue, marchant tousjours dans l'eau de la neige fi^ndue par l'ardeur du soleil, assez fierté au milieu du jour. Le Cavelier de La Salle. 157 which was unsuited to their purpose; they March, were, however, obliged to make use of it. ^^^°- Choosing the drier branches and filling in with bundles of reeds, they made the whole fast by means of withes, and so passed over in water to the knees. On the 23d they crossed in the same manner three streams. That evening they reached the shore of Lake Illinois, and on the 24th the Miami River, where M. de La Salle found intact the fort he had built the preceding fall. Here he met the two men he had sent back from this place to look for his vessel, and his anxiety was increased by Tbe lost learning that they had heard no news of it ^^'^' nor seen any fragment of it, although they had made the circuit of the lake. The continuous rain all that day, together with the necessity of building a raft to cross this river, which is very wide, detained him here until noon of the 25th, when he continued his eastward course toward Lake Erie, through forests so thickly interlaced with thorns and brambles that in two days and a half he and his men got their cloth- ing torn to shreds, and their faces so scratched and bloody that they were not recognizable. On the 28th they came to fine woods where they found plenty of food. Before that 158 Cavelier de La Salle. Mars, Le 21 et le 22 jusqu'à midi, ils continu- 1680. èrent leur voyage à travers de grands marais ^^'^ terminez par une rivière fort profonde et très-rapide. Ils voulurent faire un radeau, mais ils ne trouvoient que des chesnes peu propres à leur dessein. Ils furent néant- moins obligez de s'en servir. Ils choisirent les branches les plus sèches, ils y meslèrent des faisceaux de joncs, lièrent tout l'ouvrage avec des harts et passèrent de cette sorte dans l'eau jusqu'au genouil. Le 23, ils tra- versèrent trois autres rivières de la mesme manière. Le soir ils arrivèrent au bord du lac des Illinois, et le lendemain 24 à la rivière des Miamis, où le sieur de La Salle trouva encore dans son entier le fort qu'il avoit fait construire l'automne précédent. Il y rencontra les deux hommes qu'il avoit envoyez de ce mesme lieu au-devant de sa barque, qui redoublèrent ses inquiétudes en luy disant qu'ils n'avoient peu en apprendre aucune nouvelle ny en voir aucun débris quoyqu'ils eussent fait le tour du lac. La pluye qui dura tout le jour et le radeau qu'il fut obligé de faire pour tra- verser cette rivière, qui est fort large, l'ar- restèrent jusqu'au 25 a midi, qu'il continua sa route à l'orient et vers le lac Erie, dans des bois tellement entrelacez de ronces et d'espines qu'en deux jours et demi, luy et ses gens eurent leurs habits tout déchirez et Cavelier de La Salle. 159 that time they had lacked food more than March, once, and had often been forced to march ^^°* until nightfall without eating; but from this point on they suffered no lack either of small game or of venison. No sooner had they killed a deer, a bear, or a turkey, than they roasted a portion, eating it with- out bread, wine, salt, or any seasoning. They were in a country where the Savages did not hunt, because it was a borderland ^ border- between five or six nations who were at land. war, and who did not enter it save by stealth, in order to surprise and kill some of their enemies. Consequently, the shots fired by the Frenchmen and the carcasses which they left on the ground soon put some of these barbarians upon their trail. A band of Wapoos followed them and poUowed discovered them on the evening of the b'^ Wapoos. 28th, because of a fire which they had lighted on the edge of a beautiful prairie four or five leagues in width and stretch- ing lengthwise beyond eyeshot. These bar- barians had already surrounded them, and would certainly have taken them by sur- prise had not the one on guard awakened the rest, whereupon each man quickly slipped behind a tree, gun in hand. The Savages mistook them for Iroquois, and thinking them to be in great force because they i6o Cavelier de La Salle. Mars, et le visage ensanglanté et découpé de telle 1680. sorte qu'ils n'estoient pas reconnoissables. Le 28, ils entrèrent dans de beaux bois où ils trouvèrent des vivres en abondance. Ils en avoient auparavant manqué plusieurs fois et s'estoient veus obligez souvent à marcher jusqu'à la nuit sans manger; mais depuis cet endroit ils ne manquèrent pas de gibier ny de venaison. Sitost qu'ils avoient tué un cerf, un ours ou une poule d'Inde, ils en faisoient rostir une partie et la man- geoient sans pain, sans vin, sans sel et sans aucun autre assaisonnement. Ils estoient dans un pays où les Sauvages ne chassoient point, parce qu'il est situé entre cinq ou six nations qui se faisoient la guerre et qui n'y entroient qu'avec de grandes précautions, pour surprendre et tuer quelqu'un de leurs ennemis. Ainsi les coups de fusil que tiroient les François et les bestes mortes qu'ils laissoient dans les champs firent bien- tost trouver leurs pistes à ces barbares. Une bande d'Ouapous les suivit et les descouvrit le 28 au soir, à cause du feu qu'ils avoient allumé à l'entrée d'une belle plaine large de quatre ou cinq lieues et longue à perte de veue. Ces barbares les avoient desjà investis et les auroient infailli- blement surpris, si celuy qui faisoit le guet ne les eust esveillez et s'ils ne se fussent promptement postez chacun derrière un arbre Cavelier de La Salle. i6i they did not conceal their march according March, to the custom of these tribes when they go '^^°- in small bands, took flight without dis- ^^^*^ charging their arrows, fearing to be them- selves surrounded, and spread such an alarm on all sides that the Frenchmen met no one for two days. Perceiving their terror and guessing the l^ saiie's reason of their fright, M. de La Salle left ^^'^i'^^ to the same marks that an army of Iroquois ^^iatT es would have made, lighting several camp- fires, and depicting on the bark of trees slaves and scalps, according to the custom of the Iroquois. Being in the middle of this plain, he bethought himself, the better to conceal his trail, to set fire to the dry grass which grew on all sides and which was soon consumed. He made use of the same stratagem until they reached the end of the open country; but on the 30th, coming to great swamps flooded by the thaw, and being obliged to cross these in mud and water to the waist, the tracks they left soon made their number known to a band of Mascoutins who were on the lookout for Iroquois. During the three days they waded through the swamps the Mascoutins followed them, but were unable to overtake them, inasmuch as the Frenchmen made no fires, simply taking oflF their wet clothes upon 102 Cavelier de La Salle. Mars, arbre un fusil à la main. Les Sauvages les 1680. prirent pour des Iroquois, et les croyant en grand nombre parce qu'ils ne cachèrent pas leur marche suivant la coustume de ces peuples quand ils vont en petites troupes, s'enfuirent sans tirer leurs flèches, de peur d'estre eux-mesmes enveloppez, et donnè- rent une telle alarme de tous costez, que les François furent deux jours sans rencon- trer personne. Le sieur de La Salle devina le sujet de leur fuite, et voyant leur espouvante, fit les mesmes marques qu'auroit faites une armée d' Iroquois, allumant plusieurs feux et peignant sur l'escorce des arbres des esclaves et des chevelures suivant leur coustume. Quand il fut au milieu de cette plaine, il s'advisa, pour mieux cacher sa marche, de mettre le feu aux herbes sèches dont elle estoit couverte, qui furent bientost con- sumées. Il se servit du mesme stratagème jusqu'au bout de ces campagnes; mais le 30, ayant trouvé de grands marais inondez par le dégel que luy et ses gens furent obligez de traverser dans la boue et dans l'eau jusqu'à la ceinture, les traces qu'ils laissèrent firent bientost descouvrir leur nombre à une bande de Maskoutens qui cherchoient à tuer des Iroquois. Ils les suivirent durant les trois jours qu'ils mar- chèrent dans les marais, mais ils ne purent les i68o. Cavelier de La Salle. 163 upon some high knoll to dry overnight while Apn they slept wrapped in their blankets. But on the night of the 2d of April, the frost was so heavy that they were forced to light a fire in order to dry their clothing, which was frozen stiff. The light discovered them to the Mascoutins, who were not far off, and who came running with loud yells to within a hundred paces of the Frenchmen, where they were stopped by a deep stream which they could not cross. Perceiving this, M. de La Salle advanced to within gunshot of them, whereupon, either restrained by the nature of the ground and by the sight of firearms, or perhaps recognizing their error, the Savages called out that they were brothers to the Frenchmen, whom they had mistaken for Iroquois, and then withdrew. M. de La Salle continued his journey Guilds a without hindrance until the 4th of April, canoe. when two of his men, worn out, fell sick, and were unable to walk, so that it became necessary to look for some river flowing into Lake Erie, and build a canoe. Find- ing a suitable stream, he felled on its bank a species of elm-tree called by the Iroquois Carondagaté, from which the bark can always be peeled, — but at this season only with much difficulty by the constant appli- cation of boiling water, great care being needed 164 Cavelier de La Salle. Avril, les joindre parce que les François ne fai- ^^^°' soient point de feu, se contentant de quitter leurs habits mouillez pour les faire sécher sur quelque butte élevée où ils passoient la nuit enveloppez dans leurs couvertures. Toutefois la gelée ayant été forte la nuit du 2 du mois d'Avril, ils furent contraints d'allumer du feu, afin de se pouvoir servir de leurs bardes glacées. La lumière les descouvrit à ces Sauvages qui n'estoient pas fort esloignez et qui accoururent avec de grands cris jusqu'à cent pas des François, où ils furent arrestez par une rivière assez creuse qu'ils ne purent traverser. Le sieur de La Salle, qui s'en apercent, s'avança vers eux jusqu'à la portée du fusil, et alors soit que les Sauvages fussent retenus par l'avan- tage du lieu et des armes à feu, ou parce qu'ils les reconneurent pour François, ils leur crièrent qu'ils estoient leurs frères et qu'ils les avoient pris pour des Iroquois, et ensuite ils retournèrent sur leurs pas. Le sieur de La Salle continua son voyage sans obstacle jusqu'au 4 Avril, que deux de ses gens, abattus de travail, estant tombez malades et ne pouvant plus marcher, il fut obligé de chercher quelque rivière qui allast se jeter dans le lac Erié, pour y faire un canot. Il en trouva une et il fit abattre auprès une espèce d'orme que les Iroquois appellent Carondagaté dont on lève l'escorce en Cavelier de La Salle. 165 needed not to crack the bark. The canoe April, being soon finished, they all embarked, but '^^°' navigation was soon interrupted. Trees which had been brought down by the floods, or had fallen on the bed of the stream, barred the passage to the canoe, and forced them frequently to debark; moreover, the course of the river was so circuitous that in five days they found they had not got on as far as they were accustomed to go on foot in a single day. So, as the sick men began to feel better, they abandoned the canoe, and in a few days reached in safety the bank of the Detroit, through which Lake Huron pours into Lake Erie, and which is here quite uniformly a league in width. Here M. de La Salle left two of his men, directing them to make a canoe and go to Missilimakinak to get news of the vessel; then, accompanied by the two other French- men and the Savage, he crossed the Detroit crosses the on a raft. They followed on foot the shore Detroit on of Lake Erie; but the continual rains and ^ ^^■^^' the thaw having flooded almost all the woods through which they marched, one of his men and the Savage were seized with a severe fever, accompanied bv inflammation „ r 1 1 11 111 r-r-11 • Pneumonia. or the lungs, so that they spat blood. This occurrence compelled M. de La Salle, with the help of the one man who remained in health, 1 66 Cavelier de La Salle. Avril, en tout temps, mais plus difficilement en ''°^°- cette saison, dans laquelle il faut con- tinuellement l'arroser d'eau bouillante et prendre un grand soin de ne pas la casser. Le canot ayant esté bientost achevé, ils se mirent tous dedans, mais leur navigation ne fut pas longue. Des arbres que les grandes eaux avoient entraisnez ou fait tomber dans le lit de cette rivière bouchoient le passage au canot et les obligeoient souvent à des- barquer; d'ailleurs ils remarquèrent que cette rivière faisoit de si grands destours, qu'en cinq jours ils n'avoient pas fait au- tant de chemin qu'ils avoient accoustumé d'en faire en une journée à pied. Aussi les malades se trouvant soulagez, ils abandon- nèrent le canot et arrivèrent heureusement peu de jours après au détroit par où le lac Huron se descharge dans le lac Erié, et qui en cet endroit a presque partout une lieue de largeur. Le sieur de La Salle ordonna à deux de ses gens de faire un canot et d'aller a Mis- silimakinak apprendre des nouvelles de la barque, et ensuite il traversa le détroit sur un radeau avec les deux autres François et le Sauvage. Ils suivirent à pied les rivages du lac Erié jusqu'à ce que, les pluyes con- tinuelles et le dégel ayant inondé presque tous les bois où ils marchoient, un de ses gens et le Sauvage furent attaquez d'une fièvre Cavelier de La Salle. 167 health, to build a canoe to transport the May, sick. Finishing it within two days, and embarking, they reached Niagara on the 2 1 St of April, the day after Easter. Here he found some of his men who had wintered in a cabin above the Falls. They gave him new grounds for discouragement by informing him of the loss in the Gulf of St. Lawrence of the ship St. Peter^ on which had been sent him from France goods to the value of more than twenty thousand livres. He further learned, that of twenty workmen whom he had sent for only four remained, one of these having been detained by the authority of the In- tendant; the others, discouraged by the false reports which were circulated to the effect that he would never come back, had re- turned to Europe. This bad news compelled him to go on to Fort Frontenac, and his men being no longer able to follow him, he took with him three fresh men from the Falls and pushed on. The continual rains, lasting until the loth of May, caused him much inconvenience and delay, so that he was unable to reach Fort Frontenac until the 6th of that month, thus finishing a journey ^^^j . ^^^ of more than five hundred leagues, — the toilsome most toilsome that ever any Frenchman J°"^"^y- has undertaken in America. Not i68 Cavelier de La Salle. ^•VNJ Mai, fièvre très-violente avec une inflammation 1680. ^^g poitrine et crachèrent le sang. Cet acci- dent obligea le sieur de La Salle de faire, avec celuy qui luy restoit en santé, un canot pour les emmener. Ils en vinrent à bout en deux jours et s'y estant embarquez, ils arrivèrent à Niagara le lendemain de Pasques, 21 d'Avril. Quelques-uns de ses gens qu'il y trouva et qui avoient hyverné dans une cabane au- dessus du Sault luy donnèrent de nouveaux sujets de chagrin en luy apprenant la perte, dans le golfe Saint-Laurent, du navire Saint- Pierre, dans lequel on luy envoyoit de France pour plus de vingt mille francs de marchan- dises, et que de vingt ouvriers qu'il avoit fait venir, il n'en estoit resté que quatre dont l'un avoit esté retenu d'autorité par le sieur Intendant, les autres estant retournez en Europe découragez par les faux bruits qu'on faisoit courir qu'il ne reviendroit jamais. Ces mauvaises nouvelles l'obligèrent à aller au fort Frontenac, et ses hommes ne pouvant plus le suivre, il prit au Sault trois hommes frais pour continuer sa marche. Les pluyes continuelles qui durèrent jus- qu'au dixiesme de May le retardèrent et l'incommodèrent beaucoup, en sorte qu'il ne peut arriver que le 6 du mesme mois au tort Frontenac, où il acheva un voyage de près de cinq cents lieues et le plus pénible que Cavelier de La Salle. 169 Not long after he went on to Montreal, July, where he hnished his business in a week, '^^°' returning immediately to Fort Frontenac. He was making preparations for his final expedition of discovery when news reached him from the Illinois country which com- pelled him to put off his departure. On the 2 2d of July arrived Jacques Messier and Nicolas Laurent, messengers from M. Bad news de Tonty, who had been left in command f^°^'^<>"^y- at Fort Crèvecœur. They brought an offi- cial statement of the desertion of the ship- wrights, the blacksmith, the joiner, and the majority of the others, who, in the absence of M. de Tonty, had pillaged the storehouse, carrying off the peltries, goods, and muni- tions, and had overthrown the palisade of the fort, leaving helpless and defenceless their commandant, who had been reduced to going to the great village for provisions. It is easy to imagine the chagrin oï M. de La Salle at seeing his enterprise almost a failure, his pains and expense made of no avail, through the malice of these deserters. Yet, undismayed by all these misfortunes, he was resolved to spare no effort to carry out his discovery. Learning that the de- serters had appeared on the shore of Lake Frontenac, he promptly took ship with nine men to look for them, commanding fifteen others 170 Cavelier de La Salle. Juillet, que jamais aucun François ait entrepris *^^°- dans l'Amérique. ^^^^*^^ Il alla peu de temps après à Montréal où il termina ses affaires en huit jours, et revint aussitost après au fort de Frontenac. Il y faisoit ses préparatifs pour aller achever sa descouverte, lorsqu'il receut des nouvelles du pays des Illinois qui l'obligèrent à re- tarder son départ. Jacques Messier et Nicolas Laurent, envoyez par le sieur de Tonty, qui commandoit au fort de Crève- cœur, arrivèrent le 22 Juillet. Ils estoient chargez d'un procès-verbal de la désertion des charpentiers de navire, du forgeron, du menuisier et de la pluspart de ceux qu'il avoit laissez, qui, en l'absence du sieur de Tonty, avoient pillé le magasin, emporté les pelleteries, les marchandises et les muni- tions, renversé les pieux du fort et privé de toutes sortes de secours et de défense leur commandant qui leur estoit allé chercher des vivres au grand village. Il est aisé de juger quel déplaisir le sieur de La Salle receut de voir son entreprise presque ruinée, ses peines et ses despenses perdues par la malice de ses déserteurs. Toutefois il ne fut pas découragé par tant de malheurs, el il résolut de ne rien espar- gner pour achever sa descouverte. Il ap- prit cependant que les déserteurs avoient paru au bord du lac Frontenac, et cette nouvelle lies in wait for the deserters. Cavelier de La Salle. 171 others to follow; but it was impossible to August, proceed on account of a head wind which ^ ^°" obliged nim several times to lie to. On the 2d of August, the wind falling, u Saiie he reached a point between Ganeiout and Quinte, to the west of an island five leagues in length, on one side or the other of which the deserters would have to pass, — unless, indeed, they had taken the New York route along the south shore of Lake Frontenac. At about four o'clock in the afternoon, two of his settlers came along in a canoe and told him that, having encountered the deserters, they had pushed on in advance, night and day, in order to warn him. The deserters, so these settlers reported, num- bered twenty men, who, not content with the mischief they had done in the Illinois country, had also demolished the fort at the mouth of the Miami, had taken the peltries that had been left at Missilimakinak, and had pillaged the storehouse at Niagara Falls. Here they had divided into two parties, one of which, composed of eight men, had taken the route south of Lake Frontenac to New York; and the other, which could not be far ofl^, was on its way along the north shore, purposing to kill him, — and in order not to miss him, to fire only upon him, — in order, by a new crime, to deliver themselves from his pursuit. Hereupon i68o 172 Cavelier de La Salle. Août, nouvelle l'obligea à se mettre promptement sur sa barque avec neuf hommes pour les aller chercher et de commander à quinze autres de le suivre, mais ils ne peurent ar- river à temps à cause du vent contraire, qui l'obligea luy-mesme plusieurs fois à relascher. Le vent ayant un peu diminué le 2 d'Aoust, il arriva le mesme jour entre Ganeiout et Kenté, à l'ouest d'une isle de cinq lieues de longueur, par un des costez de laquelle les déserteurs dévoient néces- sairement passer, à moins qu'ils n'eussent pris la route de la Nouvelle-York le long de la coste méridionale du lac Frontenac. Sur les quatre heures du soir deux de ses habitants arrivèrent dans un canot, qui luy dirent qu'ayant rencontré ses déserteurs, ils estoient venus devant, nuit et jour, pour l'en advertir; qu'ils estoient au nombre de vingt, qui, non contents de ce qu'ils avoient fait chez les Illinois, avoient encore démoli la redoute qu'il avoit faite à l'embouchure de la rivière des Miamis, pris à Missili- makinak les pelleteries qu'il y avoit mises en dépost et pillé le magasin du sault de Niagara; qu'en cet endroit ils s'estoient sé- parez en deux bandes dont l'une, composée de huit hommes, avoit pris sa route par le sud du lac Frontenac pour aller à la Nou- velle-York, et l'autre qui estoit de douze, venoit <-nro Cavelier de La Salle. 173 Hereupon M. de La Salle sent the two August, settlers on to the Fort, with orders to all his ^ ^^^° men to take arms and lie in wait for the deserters in three different channels, in order to arrest them in case they escaped him under cover of night. Then, leaving his vessel in charge of five well-armed men, he went with five men in a canoe to the other side of the island, hoping to come upon them there. Pushing on for three leagues during the night, he reached at daybreak a headland named Okoui, where canoes usually pass; and soon caught sight of two canoes steer- ing straight toward him without seeing him, as his party was hidden by some trees. The canoes were about half a league apart. When the first one, containing five men, was within a quarter of a league of M. de La Salle, he darted out upon them. Having very good canoemen, he ordered a stern-chase, in order to render the deserters defenceless ; in case the latter fired first. La Salle's men were to aim at the steersman, — he being disabled, the canoe would be likely to capsize, for men cannot change places in these small craft without upsetting. His orders were perfectly carried out: soon overtaking the deserters, he and two of his men levelled their cocked guns and com- manded The encounter. i68o 174 Cavelier de La Salle. Août, venoit par le nord du mesme lac, à dessein de le tuer et de ne tirer que sur luy pour ne le pas manquer et se délivrer de ses poursuites par un nouveau crime, et qu'ils ne pouvoient pas estre loin. Le sieur de La Salle, sur cet advis, en- voya ces deux habitans au fort donner ordre à tous ses gens de prendre les armes et d'attendre ces déserteurs en trois divers passages, afin de les arrester, s'ils luy eschappoient pendant la nuit. Ensuite il laissa la barque avec cinq hommes bien armez, et luy avec cinq autres alla en canot par l'autre costé de l'isle pour les y mieux descouvrir. La nuit, il s'avança encore de trois lieues, et estant arrivé au point du jour à une pointe appelée Okouï, où les canots ont accoustumé de faire la traversée, il aperçeut deux canots qui venoient droit à luy sans le voir parce que quelques arbres le cachoient. Ils venoient l'un après l'autre esloignez entre- eux d'environ une demi-lieue, et quand ils se furent approchez à un quart de lieue du sieur de La Salle, il fit donner sur le plus avancé dans lequel il y avoit cinq hommes. Comme il avoit de très-bons canoteurs, il leur avoit donné ordre de leur donner chasse en les suivant toujours en poupe afin de leur oster le moyen de se mettre en défense, et que si ces déserteurs tiroient Cavelier de La Salle. 175 manded the culprits to approach and lay August, down their arms. Thev were compelled '^'^°' to obey. Having taken their arms, pro- visions, and effects, M. de La Salle turned to attack the second canoe, which yielded still more easily, as it contained but two men. He learned from them that the five others had remained behind to make a third canoe, and would not arrive until the next day. So he returned to the Fort, where he imprisoned them, first hearing their confes- sion of all that has been here narrated. Immediately afterwards, M. de La Salle reëmbarked with eight men in two canoes, for the purpose of capturing the others. On the 4th of August, at about six o'clock in the evening, he discovered them at the distance of a league. He pushed toward them with all speed, but the deserters, being within half a league of land, succeeded, be- fore being overtaken, in gaining a point where there was a good landing-place. Here they stationed themselves behind The second trees, — each man having his gun loaded p^rty shows with three balls, as was afterwards learned. * This spot was the more favorable to them, inasmuch as there was no other possible landing-place within a league, on both sides being rocky cliffs beaten by the waves of the lake. M. de La Salle i68o 176 Cavelier de La Salle. Août, tiroient les premiers, ils fissent leurs de- scharges sur celuy qui gouvernoit, parce que celuy-là estant hors de combat, le canot ne feroit plus que tourner, à cause qu'on ne peut pas changer de place dans ces petits bastimens sans les renverser. Son ordre fut parfaitement bien exécuté, et comme il les eut bientost joints, il leur commanda, leur présentant le fusil bandé luy et deux de ses gens, de venir à luy et de mettre bas les armes. Ils furent contraints d'obéir. Et le sieur de La Salle, après leur avoir osté leurs armes, leurs vivres et leur bagage, fit tour- ner pour aller attaquer le second canot, qui se rendit encore plus facilement que le premier, parce qu'il n'y avoit que deux hommes. Il apprit d'eux que les cinq autres, ayant voulu faire un troisiesme ca- not, estoient demeurez derrière et ne dé- voient arriver que le lendemain. Ainsi il fit prendre la route du fort, où il les fit mettre en prison après qu'ils luy eurent ad- voué tout ce qui a esté rapporté cy-devant. Aussitost après, le sieur de La Salle se rembarqua luy neufviesme dans deux ca- nots pour attraper les autres, qu'il descouvrit le 4 d'aoust sur les six heures du soir, à une lieue de luy. Il fit aller à eux avec toute la diligence possible, mais comme ces dé- serteurs n'avoient qu'une demi-lieue à faire pour gagner terre, ils arrivèrent, avant qu'il peust Cavelier de La Salle. 177 M. de La Salle had difficulty in restrain- 1680. ing his men, who wished to force the posi- ^«^"WJ tion by direct assault; but at length they obeyed. Remaining with four men within gunshot in order to prevent the deserters from re- ëmbarking, he sent the other four to go ashore at some distance, in order to make a land attack. They carried out his orders, but being unable to find a suitable landing- place within more than a league, night fell as soon as they had got ashore. Judging that their land attack would be useless, they reëmbarked in order to return to their former position. They did not sail far be- fore meeting those they were seeking, who had embarked unobserved under cover of the night, which was very dark. Calling out to them two or three times to stop and sur- render, and seeing that instead of comply- ing they had taken their guns and were getting ready to fire, La Salle's men fired first, killing two and capturing the three Two men others, whom they brought to M. de La ^ijj^d ^"'^ Salle. These deserters he imprisoned along ^^^^„^ with the rest, pending the arrival at the Fort of Count Frontenac, who was expected soon. M. de La Salle purposed next to intercept the deserters who had taken the route to New York, but the prevailing south wind was against him; and therefore, being in 178 Cavelier de La Salle. 1680. peust les joindre, à une pointe où il y avoit ^«^•^V^ un lieu propre pour desbarquer, et où ils se postèrent chacun derrière un arbre avec leurs fusils chargez de trois balles, comme on le sceut après. Cet endroit leur estant d'autant plus favorable, qu'à une lieue près il estoit impossible de mettre pied à terre, parce que des deux costez ce n'estoit que des rochers escarpez, battus des eaux du lac. Le sieur de La Salle eut peine à retenir ses gens qui vouloient les aller forcer à descouvert, mais enfin ils luy obéirent. Il demeura avec quatre hommes à la portée du fusil pour empescher les déser- teurs de se rembarquer, et il envoya les quatre autres desbarquer plus loin pour les attaquer à terre. Ils firent ce qui leur avoit esté ordonné, mais comme ils ne peurent trouver de lieu propre qu'à plus d'une lieue de là, la nuit les surprit sitost qu'ils eurent gagné le rivage. Ils jugèrent que leur attaque, par terre seroit inutile, et ainsi ils se rembarquèrent pour revenir à leur premier poste. Ils n'eurent pas vogué longtemps qu'ils rencontrèrent ceux qu'ils cherchoient qui s'estoient embarquez sans estre veus à la faveur de la nuit qui estoit fort obscure. Ils leur crièrent deux ou trois fois de s'arrester et de se rendre, et voyant qu'au lieu d'obéir ils avoient pris les armes et se préparoient à tirer, ils firent les pre- miers Cavelier de La Salle. 179 in haste to go to the Illinois country in August, order to succor M. de Tonty, he contented '^^°- himself with leaving orders for a sergeant ^^^^^ to go and lie in wait for them in the places where they would be obliged to pass. On the I oth of August, 1 680,* he set out The second from Fort Frontenac upon a second journey jo^'me^j to to the Illinois country. He had with him ^ ^ ^"°"' twenty-five men, shipwrights among the rest, with all things requisite to finish the vessel he had begun at Fort Crèvecœur, which vessel he intended to use in order to descend with greater security to the mouth of the Great River. On the 15th he arrived at Teioiagon, an Iroquois village about sixty leagues from the Fort and near the extremity of the north shore of Lake Frontenac. Here he re- The To- mained until the 2 2d, as it was necessary ronto port- to transport the whole equipment by land ^^^' to Lake Toronto, the outlet of which is a river running westward into the eastern portion of Lake Huron, and navigable only to canoes. Here he got certain news of the loss of his vessel from two deserters whom he arrested, one of whom, Gabriel Minime, obtained permission to return with him, making complaint against those who had led *The date given in the French text (1681) does not harmonize with the context. — Translator. i8o Cavelier de La Salle, {^<^\r\) Août, miers leur descharge sur eux, de laquelle ils ' en tuèrent deux et prirent les trois autres qu'ils amenèrent au sieur de La Salle. Il les fit mettre en prison ainsi que leurs camarades jusqu'à l'arrivée du sieur comte de Frontenac qui devoit venir au fort et qu'on attendoit incessamment. Il voulut en- suite aller couper chemin aux déserteurs qui avoient pris la route de la Nouvelle- York, mais le vent qui souffloit du sud luy estoit contraire, et estant pressé d'aller chez les Illinois secourir le sieur de Tonty, il se contenta de laisser ordre à un sergent d'aller les attendre à leur retour dans les lieux où ils estoient obligez de passer. Il partit du fort de Frontenac le lo d'Aoust de l'année 1681 pour faire un second voyage au pays des Illinois. Il avoit avec luy 25 hommes, et entr'autres des charpentiers de barque avec les choses nécessaires pour achever celle qu'il avoit commencée à Crèvecœur, de laquelle il prétendoit se servir pour descendre avec plus de seureté jusqu'à l'embouchure de la Grande-Rivière. Il arriva le 1 5 à Téïoiagon, village d' Iro- quois situé à 60 lieues du fort et vers l'ex- trémité de la coste septentrionale du lac Frontenac. Il y séjourna jusqu'au 22 à cause qu'il fallut transporter par terre tout son équipage au lac Toronto, qui, par une rivière Cavelier de La Salle. i8i led him astray. The other, Grandmaison August, by name, fled, carrying off with him the pehries which M. de La Salle had seized and placed in the safe-keeping of a Savage. On the 23d, M. de La Salle reached Lake Toronto, upon which he embarked with all his men, and descended the river which flows from this lake to an islanded bay into which it empties. Thence turning northward, he followed the north shore of The north Lake Huron, because there are more ports (^^^^^el. and sheltered spots than on the south side, — this coast being sheltered against high winds by three long islands six or seven leagues off shore. These islands extend westward to a great headland separating the strait of Missilimakinak from the Sault Sainte-Marie. On the 1 6th of September he reached the settlement of the Sault Sainte-Marie, whither he went in order to seize some peltries which the deserters had left there; but being unable to secure anything, he was obliged to start back the next day tow- ard Missilimakinak, where he purposed to obtain a supply of food. For a long while, upon various pretexts, the Savages of the place refused to sell him any food, although they several times ofi^ered to sell him beaver skins; but in his turn he refused to i82 Cavelier de La Salle. Août, rivière navigable seulement à des canots et 1680. q^j (^Qm-j- (Je y^^^ ^ l'ouest, se descharge dans la partie la plus orientale du lac des Hurons. Il apprit en cet endroit des nouvelles certaines de la perte de sa barque par deux déserteurs qu'il fit encore arrester, dont l'un, Gabriel Minime, obtint la permission de retourner avec luy, se plaignant de ceux qui l'avoient desbauché de son service. L'autre, nommé Grandmaison, s'enfuit et emporta les pelleteries que le sieur de La Salle avoit fait saisir et qu'il avoit mises en dépost chez un Sauvage. Le 23, le sieur de La Salle arriva au lac Toronto, sur lequel il s'embarqua avec tous ses gens et descendit sur la rivière qui en sort jusqu'à une baye pleine d'isles où elle se jette. De là il tourna au nord pour suivre la coste septentrionale du lac des Hurons, parce qu'il y a plus de ports et de retraites que du costé du sud, et qu'on y est couvert contre les grands vents par trois longues isles esloignées de six ou sept lieues de la coste. Ces isles s'estendent vers le couchant jusqu'à une grande pointe de terre qui sépare le détroit de Missili- makinak du sauît Sainte-Marie. Le 16 Septembre il arriva à l'habitation du sault Sainte-Marie, où il estoit allé pour se saisir de quelques pelleteries que ses déser- teurs Cavelier de La Salle. 183 to buy, because the countries to the west September, and northwest of Missilimakinak are not '^^°' included in his patent, being reserved for the Canadian trade. It is therefore certain that, often as he has passed, he has never a scrupu- permitted the purchase of a single beaver lous trader. skin. Finally, after a delay of three weeks, he acquired such ascendency with the Sav- ages that they brought him thirty sacks of Indian corn, of which he took but ten. Meanwhile he was surprised to find at Missilimakinak no news of M. de Tonty ; and he was the more anxious forasmuch as he knew Tonty to be destitute of every- thing, and as the Iroquois had gone on the war-path against the Illinois. In order to explain all these things, it is necessary to begin farther back. When M. de La Salle departed from the Tontfs Illinois country, there remained with M. ^''^^• de Tonty but fifteen persons, to wit: Two Recollet fathers, M. de Boisrondet, three shipwrights, one blacksmith, two joiners, two sawyers whom La Salle had trained at Fort Crèvecœur, and four soldiers. M. de La Salle promised to send him others in place of the four Frenchmen whom he took away with himself. In fact, as soon as he had reached Niagara, he despatched M. d'Autray, a prudent and courageous young 184 Cavelier de La Salle. Septembre, teurs y avoicnt laissées, mais il n'en peut 1680. retirer aucune chose; ainsi il fut obligé d'en ^^^'^^^^ partir le lendemain pour reprendre la route de Missilimakinak, où il avoit dessein de se fournir de vivres. Les Sauvages du lieu refusèrent longtemps de luy en vendre sous divers prétextes, quoyqu'ils lui offrissent plusieurs fois de luy vendre du castor; mais il refusa à son tour d'en acheter parce que les pays situez depuis Missilimakinak, en allant au nord et au nord-ouest, ne sont pas compris dans sa commission et sont réservez pour le commerce de Canada; aussi est-il certain que dans tous ces passages il n'a jamais voulu souffrir qu'on y traitast une seule peau de castor. Enfin, après un retarde- ment de trois semaines, il gagna de telle sorte l'esprit des Sauvages qu'ils luy appor- tèrent trente sacs de bled d'Inde, dont il n'en prit que dix. Cependant il estoit surpris de n'avoir trouvé à Missilimakinak aucunes nouvelles du sieur de Tonty, et il en estoit d'autant plus en peine qu'il sçavoit qu'il estoit dé- pourveu de toutes choses et que les Iroquois estoient partis pour aller faire la guerre aux Illinois. Pour expliquer toutes ces choses, il faut les reprendre de plus haut. Lorsque le sieur de La Salle partit du pays des Illinois, il ne resta que quinze per- sonnes avec le sieur de Tonty; c'est à sça- voir Cavelier de La Salle. 185 young man, son of the first attorney-general 1680. of Quebec,* with four men in two canoes ^«-^V^J laden with arms and munitions, and with all things required for completing the ves- sel. He was instructed to take with him the men named Messier, Hunaut, and Crevel, whom he would be likely to meet on the way, and two other men who had been sent to Missilimakinak from the Detroit, as has been already stated. M. de La Forest was sent from Fort Frontenac with four or five men. M. de Tonty was at the same time informed of the march of the Iroquois, and was advised to keep out Tonty ad- of their way, without declaring either for ^i^eim ScpicmNrr, trynuMi that lu- liail hvcu waiiicil In' '''^"' Imimu IniuM» lo lu-waic o[ M. ilc* I ,a vS.illf. This rc[H)rt was rciicwcil ami luiuli con- lîriiUHl hy rcasoii of the* tollowiiii; orciir- rciuc- : On the nuMiuiii^ol the n^thol Si-ptcin- hvv some Illinois wcvc si-nt out to itnoii- iioiter the lioijuois. They h)uiul the lat- ter on the hank ol the Arainoni River. Notieinu, that Tei^iiieout, the lioijiiois chief, wore a hlaek jacket, with h.it ami stoekiiigs of the same color, the Illinois scouts tiu)k him tor a )esuit, ami immeili- ately returneil to the village to aiim>ume it, adiliiig that M. ile La Salle was also there, ami that all l-'ienchmen \\c\c tiaitors. No nu>rc was neeiled to stir up these Savages, naturally very hot-tempereil, to avenge themselves upon M. ile 'i'onty ami those who were with him loi the wrong they supposed themselves to have received Irom the I'^rench ; and they wi>uld exidently liave executed this wngeame hail he not instantly taken the oidv course Ic-lt to him /,>,•, ,V///r- at this juncture. In order to dispel this -ht ion of suspicion, he otVereil to leail them against "'"''' the Iroipiois; ami this proposal having upi^n their minds the etiect which he hoped, all the young nun prepared lor hat tie. The 202 Cavelier de La Salle. «•-NPO Septembre, Illinois furent destachez pour aller recon- 1680. noistre les Iroquois, Ils les trouvèrent sur le bord de la rivière Aramoni, et ayant veu que Teganeout, chef des Iroquois, avoit un justaucorps noir, avec un chapeau et des bas de mesme couleur, ils le prirent pour un Jésuite; ils vinrent en mesme temps le pub- lier dans le village, et ils adjoustèrent que le sieur de La Salle y estoit aussi et que tous les François estoient des traistres. Il n'en falloit pas davantage pour animer ces Sau- vages, naturellement fort prompts, à se venger de l'injure qu'ils croy oient recevoir des François sur le sieur de Tonty et sur ceux qui l'accompagnoient, et ils l'auroient ap- paremment exécuté s'il n'avoit pris sur-le- champ le seul party qu'il pouvoit prendre en cette conjoncture. Il offrit aux Illinois, pour leur oster la pensée qu'ils avoient, d'aller à leur teste combattre les Iroquois, et cette proposition ayant fait sur leur esprit l'effet qu'il en avoit espéré, toute la jeunesse se prépara pour le combat. La rive gauche de la rivière du costé du sud est occupée par un long rocher fort estroit et escarpé presque partout, à la ré- serve d'un endroit de plus d'une lieue de longueur, situé vis-à-vis du village, où le terrain, tout couvert de beaux chesnes, s'estend par une pente douce jusqu'au bord de la rivière. Au delà de cette hauteur est une Cavelier de La Salle. 203 The left or south bank of the river is September, formed by a long cliff, almost everywhere • very narrow and steep, except for a dis- tance of more than a league just opposite the village, where the ground, covered Thebattk- with fine oaks, slopes gently to the water's ground. edge. Beyond this height is a vast plain extending far toward the south and trav- ersed by the Aramoni River, whose banks are marked by a fringe of woods of no great width. It was into this champaign that the Illinois marched very early on the same day, with M. de Tonty, followed by M. de Boisrondet and another Frenchman, the third having been ordered to remain at the village to guard M. de La Salle's papers. Beholding the Iroquois in a body be- yond the woods bordering the Aramoni River, they ran instantly to charge them; but M. de Tonty, seeing how unequally the double they were matched, wished to make an rôle ofcap- effort to brin? about some compromise be- ^^"' o ^ , ^ peace- tween the hostile parties. He first checked maker. the Illinois by his remonstrances; then, in- trusting his arms to an Illinois brave, he advanced with one man toward the Iro- quois, displaying a porcelain necklace, — which is a token of peace among the tribes of the East, just as is the calumet among those of the West. These porcelain neck- laces 204 Cavelier de La Salle. Septembre, une vaste plaine qui s'estend bien loin du ^°^°- costé du sud et qui est traversée par la rivière Aramoni, dont les bords sont couverts d'une lisière de bois peu large. C'est dans cette campagne que les Illinois se rendirent le mesme jour de fort bonne heure avec le sieur de Tonty, suivi par le sieur de Bois- rondet et par un autre François, le troi- siesme ayant eu ordre de demeurer au village pour garder les papiers du sieur de La Salle. Ils virent les Iroquois tout en un gros au deçà du bois qui borde la rivière Aramoni et coururent aussitost pour les charger; mais le sieur de Tonty, qui vit que la partie estoit inégale, voulut essayer de faire quelque accommodement entre ces barbares. D'abord il arresta les Illinois par ses remontrances, et, ayant laissé ses armes à un Illinois, il s'avança suivi d'un autre vers les Iroquois, un collier de porcelaine à la main, ce qui est une marque de paix entre les peuples orientaux de mesme que le calumet parmi les Sauvages de l'Occident. Ces colliers de porcelaine ne sont autre chose que des mor- ceaux de coquillage percez et polis en divers formes et qui servent de monnoye à ces nations. Cependant, comme les Iroquois continu- oient de tirer, le sieur de Tonty renvoya rillinois qui l'accompagnoit et s'avança seul jusqu'aux Iroquois nonobstant leurs des- charges Cavelier de La Salle. 205 laces are merely bits of shell of various September, forms, pierced and polished, and serve '^^°" among these nations as money. Meanwhile, as the Iroquois continued to shoot, M. de Tonty sent back the Illinois who was with him, and advanced alone to the Iroquois, notwithstanding their contin- ual firing. He was surrounded by some of these barbarians, and one of them, perhaps Tonty not recognizing him as a Frenchman, staèéed. stabbed him below the left breast, inflicting a deep and dangerous wound. The others interfered, gave him a drink which at once checked the flow of blood, and dressed the wound. In this interval, an Iroquois hav- ing displayed M. de Tonty's hat on the end of his gun, M. de Boisrondet and ^ . , IfitrÉpiatt^ the Illinois believed him to be dead, and of young charged upon the Iroquois with such en- Boisrondet. ergy as to make them waver and fall back almost half a league. In this encounter the Illinois lost one man killed and seven wounded. The Iroquois then complained to M. de Tonty that the Frenchmen were fighting on the side of their enemies. He offered to cause the battle to cease, and his proposal being accepted, he caused the Illi- nois and the French to retire. The two armies separated, the Iroquois pretending to take the road back to their own country. Returning 2o6 Cavelier de La Salle. Septembre, charges continuelles. Aussitost il fut en- 1680. vironné de plusieurs de ces barbares et l'un deux, qui peut estre ne 1 avoit pas reconnu comme François, luy donna un coup de couteau au-dessous de la mamelle gauche qui luy fit une playe profonde et dangereuse. Les autres se mirent au devant, luy donnèrent un breuvage qui d'abord luy arresta le sang et le pansèrent. Mais dans cet intervalle un Iroquois ayant mis le chapeau du sieur de Tonty au bout de son fusil, le sieur de Boisrondet et les Illinois le creurent mort et chargèrent les Iroquois avec tant de vigueur qu'ils les firent plier et reculer près d'une demi-lieue. Les Illinois en cette ren- contre perdirent un homme tué et sept blessez. Ces derniers vinrent alors se plain- dre au sieur de Tonty de ce que les Fran- çois combattoient en faveur de leurs en- nemis. Il s'offrit à faire cesser le combat, et sa proposition ayant esté acceptée, il alla faire retirer les Illinois et les François. Les deux armées se séparèrent et les Iroquois feignirent de reprendre le chemin de leur pays. Le sieur de Tonty, retournant au village avec les Illinois, rencontra le père Zénobe qui venoit pour le secourir ayant esté adverti du combat et de sa blessure. Les Iroquois s'avancèrent peu de temps après, sous pré- texte de chercher des vivres; mais les Illi- nois, Cavelier de La Salle. 207 Returning to the village with the Illi- September, nois, M. de Tonty met Father Zénobe, -jf^ who, having been notified of the battle and of Tonty's wound, was going to his relief. Shortly afterward the Iroquois advanced, upon pretext of obtaining food; but the Illinois, easily guessing the enemy's pur- pose, set fire to some huts, and retired to the place where the women and the old men had been sent. The Iroquois burned the rest of the village, after making use of the wood of the huts to make a paltry fortification, within which they shut them- selves up, for fear of being surprised. M. de Tonty and the other Frenchmen stayed in their cabin, which had not been burned, until the Iroquois invited them, for greater security, to come into the fort. This invi- tation they accepted. In this way passed eight or ten days, Tonty spent by M. de Tonty in the endeavor to ^^^^&^ b< 11- about a rmg about peace between the two nations, short truce. By night both parties would go into the fields to gather Indian corn. Finally the Iroquois, wishing to take advantage of the weakness of the Illinois, made presents to M. de Tonty in order to induce him to consent to the defeat of the latter. But, as he constantly refused, he was urged by the Iroquois to withdraw, lest he and his men should 2o8 Cavelier de La Salle. ^•-\rsj Septembre, nois, qui devinèrent aisément leur dessein, 1680. mirent le feu à quelques cabanes, et se re- tirèrent au lieu où ils avoient envoyé les femmes et les vieillards. Les Iroquois brus- lèrent le reste du village et se servirent du bois des cabanes pour faire un meschant re- tranchement où ils s'enfermèrent de peur d'estre surpris. Le sieur de Tonty et les autres François demeurèrent dans leur ca- bane, qui n'avoit pas été bruslée, jusqu'à ce que les Iroquois les invitèrent à entrer dans leur fort, où ils seroient plus en seureté, ce qu'ils acceptèrent. Huit ou dix jours se passèrent de cette sorte, durant lesquels le sieur de Tonty tascha de conclure la paix entre ces deux peuples, et la nuit les uns et les autres alloi- ent amasser du bled d'Inde dans les champs. Enfin les Iroquois, qui vouloient profiter de la foiblesse des Illinois, firent des présens au sieur de Tonty pour le faire consentir à leur défaite; mais comme il les refusa toujours, ils l'exhortèrent à se retirer de peur que luy et ses gens ne fussent tuez pendant le com- bat ou par leur jeunesse ou par les Illinois. Alors le sieur de Tonty, considérant qu'il ne recevoit aucunes nouvelles du sieur de La Salle, dont on lui avoit assuré la mort, que l'hyver s'approchoit, qu'il n'avoit ny marchandises ny vivres, ny munitions, et qu'il estoit exposé à la discrétion de ces deux Cavelier de La Salle. 209 should be killed in the battle either by their October, young men or by the Illinois. "^^°* Then M. de Tonty, considering that he got no news from M. de La Salle, of whose death he had been assured; considering, Tonty' s moreover, that winter was coming on, that reluctant he had neither merchandise, nor food, nor ^P^''^"''^- ammunition, and that he was at the mercy of these two barbarous nations, — finally determined to depart. With the two Re- collet Fathers and the three other French- men he embarked, and having many beaver skins, he abandoned a portion and carried along the rest, intending, in case M. de La Salle were dead, to use them for the purchase of arms, ammunition, and some goods, for the purpose of completing this great discovery. Having no good canoemen, he ascended the Illinois River with great difficulty. On Loss of the third day after the departure. Father F^'ther Gabriel landed in order to be able to pray with more tranquillity, and to solace him- self by walking along the river; but he was seen by some Kickapoo Savages, who, them- selves unperceived, killed him with their arrows. M. de Tonty stopped at noon to await him, and seeing that he was belated, turned back to look for him. He awaited the Father the next day also, but all effiDrt being 21 o Cavelier de La Salle. O^VNJ Octobre, dcux nations barbares, résolut enfin de par- 1680. ^-j.^ jj s'embarqua avec les deux Pères Re- collects et les trois autres François, et comme il avoit beaucoup de castors, il en abandonna une partie et il embarqua le reste, à dessein, si le sieur de La Salle estoit mort, d'en acheter des armes, des munitions et quel- ques marchandises pour achever une si belle descouverte. Il remonta la rivière des Illinois avec beaucoup de peine parce qu'il n'avoit point de bons canoteurs. Le troisiesme jour de- puis son départ, le Père Gabriel mit pied à terre pour prier Dieu avec plus de tranquil- lité et se désennuyer en marchant le long de la rivière, mais ayant esté descouvert par quelques Sauvages de la nation des Kika- pous, ces barbares le tuèrent à coups de flèches sans qu'on s'en aperceust. Le sieur de Tonty s'arresta à midy pout l'attendre, et voyant qu'il tardoit trop, rebroussa chemin pour le chercher. Il l'attendit encore le lendemain mais tous ses soins estant inu- tiles, il fut contraint de continuer sa route avec le regret d'avoir perdu un homme estimé de tous ceux qui le connoissoient. Peu de temps après il arriva à l'endroit où la rivière Téatiki, qui vient du pays des Miamis et par laquelle le sieur de La Salle estoit descendu, reçoit la rivière Divine. Il remonta par celle-cy sans laisser aucune marque Cavelier de La Salle. 211 being useless, Tonty was compelled to con- October, tinue on his way, with sorrow for the loss of a man respected by all who knew him. A short time afterward he reached the place where the Téatiki River, which comes from the country of the Miamis, and by which M. de La Salle had descended, re- ceives the waters of the Divine River. Up ^J^'-J ^^ the latter he turned, leaving no token of monument. his passage, — wherein he committed a grave blunder, causing both to himself and M. de La Salle grievous trouble, as will be seen hereafter. In a few days he reached Lake Illinois, upon which he embarked, proceeding northward along the west shore. In this voyage he suffered incredible hard- ships, he and all his company having been like to die for want of food. Nevertheless he finally came among the Pottawattamies, where he was compelled to winter. Meanwhile, immediately upon the de- iroquois parture of M. de Tonty, the Iroquois vented savagery. their rage upon the dead bodies of the Illi- nois, which they dug up from the ground, or beat down from the scaffolds where the Illinois are accustomed to leave their dead hanging for a long while before burial. The Iroquois burned the greater part, some they even ate, and the rest they threw to the dogs. They set up on stakes the half- denuded 212 Cavelier de La Salle. t>^v%J Octobre, marque de son passage, en quoy il fit une 1680. grande faute, et qui donna beaucoup de peine à luy et au sieur de La Salle, ainsi que l'on verra cy-après. Il arriva dans peu de jours au lac des Illinois, sur lequel il s'embarqua allant du sud au nord de long de la coste occidentale de ce lac. Il eut des peines incroyables dans cette navigation, ayant esté avec tous ceux de sa compagnie réduit à l'extrémité faute de vivres. Toute- fois il arriva enfin chez les Pouteatamis, où il fut contraint d'hyverner. Cependant les Iroquois, aussitost après le départ du sieur de Tonty, exercèrent leur rage sur les corps morts des Illinois qu'ils déterrèrent ou abattirent de dessus les escha- fauts où les Illinois les laissent longtemps exposez avant que de les mettre en terre. Ils en bruslèrent la plus grand partie, ils en mangèrent mesme quelques-uns et jetèrent le reste aux chiens. Ils plantèrent les testes de ces barbares à demi descharnées sur des pieux. Ils firent le dégast dans les champs et enfin ils n'oublièrent rien de ce qui pou- voit satisfaire leur vengeance. Ils décampèrent quelques jours après pour suivre les Illinois qui avoient pris la fuite aussitost après le départ des François. Ils n'osèrent toutefois attaquer les Illinois tant qu'ils les virent unis et résolus de se dé- fendre, et ils se contentoient de démolir les sépulcres Cavelier de La Salle. 213 denuded skulls of the Illinois dead, devas- October, 1680. tated the fields, and omitted nothing that '^^°- might serve to glut their vengeance. Some days later they broke camp to fol- low the Illinois, who, immediately after the ^ , , departure of the French, had taken flight, retreat of As long, however, as they beheld the Illi- the Illinois. nois united and resolutely on the defensive, the Iroquois dared not attack them, con- tenting themselves with destroying the burial-places along their route, and encamp- ing every day in sight of the Illinois, the river between. With their usual cunning, the Iroquois endeavored to persuade the Illinois that they were satisfied, and that they now desired nothing more than the glory of having driven the Illinois out of their country. The Illinois long held out against the craft of the enemy, and so fell back upon the Great River, always retreat- ing in good order; but at last they allowed themselves to be taken in by the smooth words of the Iroquois. When the two armies had arrived near the mouth of the river, the Illinois, wearied Outworn by the long retreat and deceived by the ^^nd out- ofFers of the Iroquois to withdraw as soon as they saw the Illinois disbanded, resolved to separate. All these peoples are divided by tribes, and accordingly, this determina- tion 214 Cavelier de La Salle. Octobre, sépulcres qu'ils trouvoient sur leur route, et *^^°* de se camper tous les iours à leur veue, la rivière entre deux. Ils essayoïent mesme, selon leurs ruses ordinaires, de persuader aux Illinois qu'ils estoient satisfaits et qu'ils ne vouloient plus que la gloire de leur avoir fait quitter la campagne. Les Illinois ré- sistèrent longtemps à leurs artifices et recu- lèrent de cette sorte jusqu'à la Grande- Rivière, faisant toujours leur retraite en bon ordre, mais il se laissèrent enfin surprendre aux belles paroles des Iroquois. Lorsque les deux armées furent arrivées auprès de l'embouchure de la rivière, les Illinois, lassez d'une si longue retraite et trompez par les assurances que les Iroquois leur donnoient de se retirer sitost qu'ils ne les verroient plus ensemble, résolurent de se séparer. Tous ces peuples sont divisez par tribus, et ainsi, après cette résolution prise, les Cascacia, qui sont les plus braves de tous avec les Caokia et les Chinkoa, remontè- rent la Grande-Rivière. Les Peoucaria, qui composent la tribu la plus nombreuse se re- tirèrent dans les campagnes qui sont au delà de la mesme rivière. Les Omouahoa, les Coiraobitanon, les Moingoana et les Che- pousca, descendirent la Grande-rivière, et les Maroa ou Tamaroa, les Tapouaro et les Ispeminkia, plus crédules que tous les autres Illinois, demeurèrent auprès de l'embou- chure Cavelier de La Salle. 215 tion being made, the Kaskaskias, who are October, the bravest of all, with the Kahokias and '^^°- the Chinkoas, ascended the Great River. The most populous tribe, the Peoucarias, crossed the prairies beyond the same river. The Omouahoas, the Coiraobitanons, the Moingoanas, and the Chepouskas descended the Great River; and the Maroas or Tam- aroas, the Tapouaros, and the Ispeminkias, more credulous than any of the other Illi- nois, remained near the mouth of their river, intending to hunt in that neighbor- hood. The Iroquois, who were only awaiting such an opportunity, attacked these last, ji,aster'! who, after a long resistance, finding them- selves the weaker in numbers and in arms, took flight. The Illinois braves being very fleet of foot, few were killed, and but three of the Iroquois; but some seven hundred women and children remained exposed to the wrath of the Iroquois. About half were put to death with frightful tortures, grim traces of which M. de La Salle saw twelve days later, and the rest were led into slavery. While these events were taking place, M. t ^ ,, j de La Salle was at Missilimakinak, where tained at he had much difficulty in obtaining: pro- MissHi- mnhlnah visions from the Savages. He awaited with much 21 6 Cavelier de La Salle. ^y^sro Octobre, chure de leur rivière pour chasser aux en- 1680. virons. Les Iroquois, qui n'attendoient qu'une pareille occasion chargèrent ces derniers, qui, se voyant plus foibles en nombre et en armes, prirent la fuite après une longue ré- sistance. Il y eut peu d' Illinois tuez parce qu'ils sont fort vistes à la course, et seule- ment trois du costé des Iroquois; mais en- viron sept cents femmes ou enfans demeu- rèrent exposez à la rage de ces derniers. Ils en firent périr près de la moitié avec des cruautez inouïes, dont le sieur de La Salle vit douze jours après de funestes marques, et ils emmenèrent le reste en esclavage. Pendant que toutes ces choses se pas- soient, le sieur de La Salle estoit à Missili- makinak, où il avoit eu beaucoup de peine à obtenir des vivres des Sauvages. Il at- tendoit avec beaucoup d'inquiétude l'arrivée d'un forgeron, de deux matelots, d'un cor- dier et deux soldats qui luy dévoient ap- porter trois cents livres de poudre, de plomb, des fusils, du fer, des estoupes, du bray, des voiles et des outils pour achever sa barque. Il leur avoit donné ordre de venir par le lac Érié, tant afin de rencontrer le sieur de Tonty, s'il revenoit par cette route, que pour éviter de faire transporter des choses si pesantes durant treize lieues, et par de hautes montagnes qu'il faut traverser en allant de Teïoiagon Cavelier de La Salle. 217 much anxiety the arrival of a blacksmith, October, two sailors, a rope-maker, and two soldiers, ^^^°' who were to bring him three hundred pounds of powder, and lead, guns, iron, oakum, resin, sails, and tools for finishing his vessel. He had directed them to come by way of Lake Erie, both in order that they might meet M. de Tonty in case he returned by that route, and in order to avoid the trans- portation of articles of such weight a dis- tance of thirteen leagues over the moun- tains between Teioiagon and Lake Toronto, where M. de La Salle had embarked. But the winds, which are very dangerous in Lake Erie and in the southern part of Lake Huron, where they were obliged to pass, and which were especially violent that De/ays due autumn, prevented them from reaching to wind and Missilimakinak. M. de La Salle was there- "' fore obliged to send back one canoe by the route they were to take, to hasten them, and in case of need, to relieve them ; and another by the north shore of Lake Huron ; but they were both compelled by the weather to winter on the way. He also left at Missilimakinak M. de La Forest with three soldiers, with orders to await them only until the 20th of October. On the 4th of this month of October he set out with twelve men who remained to him; namely, M. d'Autray; a shipwright, who. 21 8 Cavelier de La Salle. (•V>0 Octobre, Teïoiagon au lac Taronto, où le sieur de 1680. Lg^ Salle s'estoit embarqué. Mais les vents, qui furent violents pendant cet automne, et qui sont très-dangereux dans le lac Erié et dans le lac Huron du costé du sud, par où ils estoient obligez de passer, les empes- chèrent d'arriver à Missilimakinak. Ainsi le sieur de La Salle fut obligé d'envoyer, par la route qu'ils tenoient, un canot pour les faire haster et pour les soulager s'ils en avoient besoin, et un autre par le nord du lac Huron; mais ils furent tous deux con- traints par le temps à hyverner en chemin. Il laissa aussi le sieur de La Forest avec trois soldats à Missilimakinak pour les attendre jusqu'au 20 d'Octobre seulement. Il partit le 4 du mesme mois d'Octobre avec douze hommes qui luy restoient, sçavoir le sieur d'Autray, un charpentier de barque qui, après avoir déserté, estoit revenu à son service, un chirurgien, trois soldats, deux scieurs de long, deux massons et deux hommes de travail. Il fut si souvent incom- modé du vent et de la pluye qu'il ne peut arri- ver que le 4 de Novembre à l'embouchure de la rivière des Miamis. Il croyoit que le sieur de La Forest y arriveroit aussitost que luy, parce qu'il estoit moins embarrassé d'équi- page; mais, contre l'ordre qu'il avoit receu, il alla au-devant de ceux qu'il attendoit et qu'il ne rencontra point, et ne fut de retour que Cavelier de La Salle. 219 who, after deserting, had returned to his November, service; a surgeon, three soldiers, two saw- ^^^°' yers, two masons, and two laborers. So ^^^*^^ often was he impeded by wind and rain, that he found himself unable to reach the Reaches the mouth of the Miami River before the 4th St. Joseph. of November. He thought that M. de La Forest, being less encumbered with lug- gage, would have arrived there as soon as himself; but, contrary to orders. La Forest went to meet those whom he was expect- ing, and whom he did not meet, not getting back to Missilimakinak until the 4th of November, whence he was prevented by head winds from setting out before the 1 1 th of the same month. This delay was a new embarrassment to M. de La Salle. The carpenter was use- New per- less to him without the blacksmith; with plexities. so small a force he could not transport the many heavy articles he had brought; yet he could not leave M. de Tonty without help all winter among the Illinois, where the latter was still supposed to be. M. de La Salle therefore left the heaviest things in charge of the carpenter and of five other Frenchmen, the least suitable to accompany him, with orders to push forward in case M. de La Forest arrived soon ; and in case he delayed too long, to await him, and to spend 220 Cavelier de La Salle. Novembre, que le 4 de Novembre à Missilimakinak, 1680. ^>Q^ Ycs vents l'empeschèrent de partir avant 1 onziesme du mesme mois. Ce retardement causa un nouvel embar- ras au sieur de La Salle. Le charpentier lui estoit inutile sans le forgeron; il ne pouvoit avec si peu de gens se charger de beaucoup de choses pesantes qu'il avoit amenées, ny laisser le sieur de Tonty chez les Illinois, où il le croyoit encore, sans secours durant l'hyver. Ainsi il laissa les fardeux les plus embarrassans à la garde du charpentier et de cinq autres François, les moins propres à le suivre, avec ordre de partir si le sieur de La Forest arrivoit bien- tost, et, s'il tardoit trop longtemps, de l'at- tendre et de s'occuper cependant à couper du bois pour bastir un fort et pour construire une barque. Il leur laissa aussi un Sauvage fort habile chasseur pour les fournir de vivres. Il partit ensuite le 8 de Novembre avec six François et un autre Sauvage, et il arriva le 1 5 au village des Miamis, où il ne trouva personne. Le jour suivant il remonta jus- qu'au portage par où l'on va à la rivière Teatiki; il reconneut que les Miamis y avoient campé, et il sceut depuis qu'ils en estoient partis huit ou dix jours auparavant afin de poursuivre les restes des Illinois, dont les Iroquois leur avoient appris la défaite. Le Cavelier de La Salle. 221 spend the interim in cutting wood for the November, purpose of building: a fort and a vessel. He left them also a very expert Savage hunter to provide them with food. He then set out on the 8th of Novem- ber, with six Frenchmen and another Sav- age, reaching on the 15 th the Miami vil- lage, where he found no one. The next day he ascended to the portage between the Miami and the Teatiki; he saw that the Miamis had encamped here, and afterward learned that they had set out eight or ten days before for the purpose of pursuing the rest of the Illinois, of whose overthrow the Iroquois had informed them. On the 17th jo^gph he made this portage, which is a matter of portage. two leagues when the streams are low; and on the 23d reached a place called the Fork of the Iroquois, where the Kickapoos, who were also at war, had recently encamped upon a hill to the number of two hundred. Pushing on, he found game everywhere very abundant, — a circumstance which gave much pleasure to his men, but aroused his apprehensions, as he was unable to ., . . • 11 1 1 Til- • A bad Sign. imagme what had prevented the Illmois from setting the prairies on fire as usual, in order to hunt the wild cattle. On the 27th, being arrived at the junc- tion of the Divine River with the Teatiki, he 222 Cavelier de La Salle. Novembre, Le 1 7, il fit ce portage, qui est de deux 1680. lieues lorsque les eaux sont basses, et le 23 ^^^^■^ il arriva à un lieu appelé la Fourche des Iroquois, où les Kikapous, qui estoient aussi en guerre, avoient campé depuis peu sur un costeau au nombre de deux cents. Il con- tinua sa route trouvant partout une chasse très-abondante qui donnoit beaucoup de plai- sir aux gens du sieur de La Salle, mais qui luy causoit une grande inquiétude, parce qu'il nepouvoit s'imaginer la raison qui avoit empesché les Illinois de brusler ces cam- pagnes à l'ordinaire pour chasser aux bœufs sauvages. Le 27, estant arrivé à l'embouchure de la rivière Divine dans celle de Teatiki, il mit pied à terre pour examiner s'il ne trouveroit point de marques du passage du sieur de Tonty, qui ne pouvoit revenir que par l'une de ces deux rivières, et comme il n'en trouva point, parce qu'il avoit négligé d'en laisser aucune, croyant le sieur de La Salle mort, il se persuada qu'il le trouveroit encore au village. Ainsi, estant resjouy par cette es- pérance, il s'arresta trois jours à chasser en cet endroit. On y tua douze Vaches fort grasses, huit chevreuils et beaucoup de poules d'Inde, d'outardes et de cygnes. Comme il n'estoit qu'à quinze lieues du village où il croyoit que toutes choses estoient encore en bon estât, il fit accommoder toutes ces viandes, afin Cavelier de La Salle. 223 he landed to look for signs of the passage December, of M. de Tonty, — who could have returned only by one of these two rivers, — and find- ing none, because Tonty, thinking M. de La Salle dead, had neglected to leave any, Confident the latter was convinced that Tonty would of 'meeting still be found at the village. Delighted with °" ■^' this hope, he stopped at this spot for three days to hunt. They killed twelve very fat cows, eight deer, and many turkeys, bus- tards, and swans. Being but fifteen leagues from the village, where he supposed all to be well, he had all these meats prepared, intending to preserve them and send back for them for the winter's supply; and he loaded a canoe with the choicest parts, prepares a thinking to celebrate his arrival with a feast. feast to M. de Tonty and the other French- men. On the ist of December he reached the village, where he found nothing but signs The ruined of fire and of the rage of the Iroquois, -village. There remained standing only some charred stakes, showing what had been the extent of the village. Upon most of these stakes the heads of the dead had been fixed to be devoured by the crows. There were more skulls at the gates of the Iroquois fort, with a mass of burnt bones and some remains of French utensils and clothing, which he perceived 224 Cavelier de La Salle. Décembre, afin de les conscrver et de les envoyer cher- 1680. cher pour sa provision durant l'hyver, et il ^^^^*^ £t charger un canot de ce qu'il y avoit de meilleur à dessein d'en régaler à son arrivée le sieur de Tonty et les autres François. Le premier jour de Décembre il arriva au village, où il ne trouva que des marques de l'incendie et de la rage des Iroquois. Il ne restoit que quelques bouts de perches bruslées qui monstroient quelle avoit été l'estendue du village, et sur la pluspart des- quelles il y avoit des testes de morts plantées et mangées des corbeaux. Il y en avoit d'autres aux portes du fort des Iroquois avec quantité d'ossemens bruslez et quelques restes des ustensiles et des hardes des Fran- çois qu'il reconneut à plusieurs marques y avoir demeuré quelque temps. On voyoit dans les champs beaucoup de carcasses à demi rongées par les loups, les sépulcres dé- molis, les os tirez de leurs fosses et espars par la campagne, les trous où les Illinois cachent leurs meubles, quand ils vont à la chasse, tous ouverts, leurs chaudières et leurs pots tout brisez. La pluspart du bled d'Inde estoit encore sur pied et on en voyoit en divers endroits des tas à demi bruslez. Enfin les loups et les corbeaux augmentoient en- core par leurs hurlemens et par leurs cris l'horreur de ce spectacle. Il est aisé de juger quelle fut la surprise de sieur de La Salle Cavelier de La Salle. 225 perceived by certain signs to have lain December, there for some time. In the fields were to be seen many carcasses half gnawed by the *>^ wolves; tombs were demolished, bones dragged from the graves and scattered about the plain; the trenches wherein the Illinois hide their utensils when they go away to hunt all opened; their kettles and their pots all broken. Most of the Indian corn was still standing, and in various parts half- burnt heaps of it were seen. The horror of the scene was increased by the howls and screams of the wolves and the crows. It is easy to imagine the astonishment of M. de La Salle at this spectacle. He made the circuit of the Iroquois fort, where he found no marks of gunshots or of arrows, nor any sign that the French had been im- prisoned there. One after another he in- spected all the heads of the dead, which he recognized by the hair to be the heads of women or of Savages, whose coarse hair is worn close-cropped. It was not pleasant business, but he was bound to do it in order to learn the fate of M. de Tonty and his fj^^^ men. Finally, coming by chance to their Tonty and garden, which he easily recognized by its ^" ^^^ . ^ situation a league from the village by the riverside, he found six stakes set up there, painted red, and each one bearing the image of 226 Cavelier de La Salle. Décembre, Salle à Cette veue. Il fit le tour du fort 1680. ^gg Iroquois, où il ne trouva aucune marque ^^'^ de coups de fusil ni de flèche, ny d'appa- rence que les François y eussent esté prison- niers. Il visita l'une après l'autre toutes les testes de morts qui y estoient qu'il recon- neut à leurs cheveux estre de femmes ou de Sauvages, qui les ont tous fort gros et très-courts. C'estoit un examen assez triste, qu'il estoit néantmoins obligé de faire pour sçavoir ce qu'estoient devenus le sieur de Tonty et ses gens. Enfin, estant allé par hasard à leur jardin, qu'il reconneut facile- ment à une lieue du village, près du bord de la rivière, il y trouva six pieux plantez peints de rouge, avec la représentation sur chacune d'un homme noir ayant les yeux bandez. Il creut alors, comme c'est la coustume des Sauvages de mettre de sem- blables pieux aux lieux où ils ont pris ou tué quelques-uns de leurs ennemis, que les Iro- quois, ayant trouvé les six François à l'escart, les avoient massacrez ou faits esclaves. Il remarqua aussi que les cabanes du fort avoient été refaites depuis peu, ce qui luy fit juger que les Illinois s'y estoient retran- chez, et que les Iroquois, les en ayant chassez, avoient refait les cabanes d'une autre manière; mais il sceut quelque temps après que c'estoit l'ouvrage de deux cents Kikapous, qui y avoient campé peu de jours avant Cavelier de La Salle. 227 of a black man with his eyes bandaged. December, Inasmuch as it is the custom of the Savages '^^°- to set up such stakes in the places where '^^^^^ they have taken or slain some o{ their ene- mies, this led him to think that the Iro- quois, finding the six Frenchmen apart, had massacred or enslaved them. Noticing also Inferences. that the huts in the fort had been made over within a short time, he inferred that the Illinois had fortitied themselves there, and that the Iroquois, after driving them out, had rebuilt the huts in a different way ; but he learned some time afterward that it was the work of two hundred Kickapoos who had encamped there a few days before his arrival. He saw a great number of fresh footprints of Savages. However, the severe cold compelled him to make a great lire and to remain here with his men, who took turns in keeping a sharp lookout all night. He passed a sleepless night, filled with j si^gpifss a grief that can easily be imagined, fearing night. the unhappy consequences of so many un- looked-for events, and not knowing what course to take. At length he determined to push on with four men, leaving some of his men here with the goods, in order that those who should follow might get word of him; and that he might not be impeded in his 228 Cavelier de La Salle. Décembre, avant son arrivée. Il vit aussi quantité de 1680. pistes fraisches de Sauvaees. Toutefois la rigueur du froid l'obligea à faire un grand feu et à demeurer en cet endroit luy et ses gens, faisant l'un après l'autre bonne garde durant la nuit. Il la passa toute entière sans dormir, avec le chagrin qu'on peut aisément s'imaginer, craignant des suites très-fascheuses de tant d'accidens impréveus et ne sachant à quoy se déterminer. Enfin il résolut de pour- suivre sa marche avec quatre hommes, et de laisser en ce lieu une partie de ses gens avec les marchandises, afin que ceux qui le dé- voient suivre peussent apprendre de ses nouvelles, et, pour n'estre point embarrassé dans sa marche si l'hyver le surprenoit avant son retour, il fit cacher tout ce qu'il laissoit en un lieu de très-difficile accès, dans un creux de rocher qu'il fit fermer en sorte que rien ne peust estre endommagé, et il donna ordre aux trois hommes qui restoient de se retirer dans une isle voisine, de ne point faire de fumée durant le jour, de ne point tirer et de cacher les canots dans les herbes. Il leur recommanda d'observer exactement toutes ces choses qui les mettroient en une entière seureté, parce que les Sauvages de ces pays, n'ayant point de canots, n'entre- prendroient point d'aller à la nage attaquer des gens dont ils ne sçavoient pas le nombre, et Cavelier de La Salle. 229 his course in case winter should overtake December, him before his return, he caused everything ■^^°* that was left behind to be hidden in a rock- hollow, very hard of access, sealing the cavern in such a way that nothing could be injured; finally he gave orders to the three men who were to remain to retire to a neighboring island, to make no smoke dur- precau- ing the day, not to fire their guns, and to thnsfor hide their canoes in the undergrowth. He ^^^^ ^' pointed out that the exact observance of these directions would insure their entire safety, for the Savages of the country, hav- ing no canoes, would not undertake to swim over to attack an unknown number of men; and this island being between two rapids, the Savages could cross only in the day- time and at the eastern point, where he urged his men to keep a sharp lookout. On the next day, the 2d of December, he embarked at about three o'clock in the afternoon, with M. d'Autray, the men You and Hunaut, and a Savage. Each man had two guns, a pistol and a sword, powder and ^... ball, and some knives and hatchets for près- „ois camp- ents. Making six leagues before nightfall, ifg-pl^ce. he reached the place where the Illinois had at first sent their women and children. It is a landspit fifteen or twenty paces wide, and half a league in length, protected by the i68o. 230 Cavelier de La Salle. Décembre, et quc Cette isle estant située entre deux rapides, ils n'y pourroient aller que de jour et par la pointe orientale, où il leur ordonna aussi de faire bonne garde. Le jour suivant, 2 de Décembre, sur les trois heures après midi, il s'embarqua avec le sieur d'Autray, les hommes You et Hu- naut et un Sauvage. Ils avoient chacun deux fusils, un pistolet et une espée, du plomb, de la poudre et quelques haches et cou- teaux, pour faire des présens. Il fit six lieues avant la nuit et il arriva au lieu où les Illinois avoient d'abord fait retirer les fem- mes et les enfans. C'estoit une langue de terre large de quinze ou vingt pas et longue de demi-lieue. Elle estoit fortifiée par la rivière et par un vaste marais plein de vase, qui ne laissoient qu'une avenue de quatre pas de largeur, fermée par de gros arbres renversez. Toute cette presqu'isle estoit pleine de cabanes des Sauvages, qui avec leurs pirogues avoient fait une espèce de parapet du costé de la rivière, par lequel seul on pouvoit les attaquer. Le sieur de La Salle visita tout ce terrain, espérant y trouver quelque escriture ou quelque indice que ses gens y avoient esté. Il ne trouva en cet endroit, ny aux sept ou huit campcmens suivants, aucune apparence de combat, quoyque les Iroquois eussent toujours campé en face des Illinois. Il tra- versa Cavelier de La Salle. 231 the river and by a vast muddy morass, which December, left an ingress only four paces wide, closed by great fallen trees. This whole peninsula was full of the huts of Savages, who had made of their pirogues a kind of parapet along the river, from which side only they could have been attacked. M. de La Salle inspected the whole ground, seeking some writing or some sign of his men having been there. Neither here nor in the seven or eight following encampments did he find any indication of a conflict, although the Iroquois had always encamped opposite the Illinois. He crossed the river to examine the Iroquois encamp- , , 111 11 1 Iroquois ment. There had been 1 1 3 lodges at the picture- foot of a hill upon a high and level ground, writing. Here he found upon the bark of trees por- traits of their chiefs, and a statement of the number of braves led by each. There were five hundred and eighty-two, one of whom was shown pierced by a gunshot and nine wounded by arrows. There were also pic- tured an Illinois woman and the scalps of eleven others whom they had killed, but there was no sign of the French. He passed the night in the latter camp, and setting out very early the next morn- ing, made that day about thirty leagues, arriving at Pimiteoui or Crèvecœur, after having 232 Cavelier de La Salle. Décembre, versa la rivière pour visiter aussi les cabanes 1680. Iroquoises. Il y en avoit 1 1 3 au pied d'un ^^*^ costeau, sur un terrain plat et élevé, où il trouva sur l'escorce des arbres les portraits de leurs chefs et le nombre de soldats que chacun menoit. Ils estoient cinq cents quatre-vingt-deux, dont l'un paraissoit percé d'un coup de fusil et neuf blessez à coups de flesches. On y voyoit aussi représentées une femme Illinoise et les chevelures d'onze autres qu'ils avoient tuées, mais il n'y avoit aucune marque des François. Il coucha dans ce dernier camp, d'où il partit de grand matin, et fit ce jour-là en- viron trente lieues, au bout desquelles il arriva à Pimiteoui ou Crèvecœur, après avoir passé et visité six campements d' Illi- nois et autant d' Iroquois toujours postez vis-à-vis des premiers. Le froid avoit esté extraordinaire depuis le 28 de Novembre et tous les marais es- toient desjà glacez. Il trouva à Crèvecœur que le fort avoit esté presque entièrement démoli par les dé- serteurs et que les Iroquois avoient arraché des clous de la barque, pour montrer qu'ils y avoient passé, et rompu un bordage où ces mots estoient escrits: "Nous sommes TOUS Sauvages, ce 15 A ... . 1680." Ce qui manquoit au dernier mot avoit esté em- porté avec la pièce du bordage brisé par les Iroquois. Cavelier de La Salle. 233 having examined six camping-places of the December, Illinois and as many of the Iroquois, the ^^^°* latter being uniformly just opposite the former. Since the 28th of November the cold had Severe been unusually severe, all the swamps being frosts. already frozen. At Crèvecœur he found that the fort had been almost entirely demolished by the deserters, and that the Iroquois had pulled nails out of the vessel to show that they had passed, and had broken a piece of board inscribed with these words: "We are all lateJ"^.'' Savages, this 15TH A 1680." scnpthn. The missing part of the last word had been carried away with the fragment broken off by the Iroquois. M. de La Salle recog- nized the handwriting of the Parisian, and surmised that M. de Tonty had caused the inscription to be set up in the month of August, upon retreating with a party of the Illinois. But he learned afterward that M. de Tonty had caused the inscription to be made in the month of April, when he went to live at the great Illinois village. For the rest, the vessel was uninjured, and might in a short time have been finished but for the loss of the forge and all the tools upon the advent of the Iroquois. On the 4th of December he set out again, i68o 234 Cavelier de La Salle. Décembre, Iroquois. Le sicur de La Salle reconneut I'escriture du Parisien et creut que le sieur de Tonty l'avoit fait escrire au mois d'Aoust en se retirant avec une partie des Illinois. Mais il sceut depuis qu'il a voit fait marquer ces mots au mois d'Avril, avant d'aller de- meurer au grand village des Illinois. Au reste, la barque n'estoit point endommagée et on auroit peu l'achever en peu de temps sans la perte de la forge et de tous les outils à l'arrivée des Iroquois. Le 4 de Décembre il continua sa route et passa le mesme jour quatre des campe- ments des deux armées. Il jugea en visitant le dernier que ces deux peuples n'estoient pas beaucoup esloignez, parce qu'il n'avoit point plu sur les cendres de leurs feux de- puis leur départ. Il fit voguer toute la nuit suivante et le lendemain sur le midi, estant arrivé près de l'embouchure de la rivière, il apercent dans une campagne du costé du nord des restes de cabanes et des figures qui paroissoient comme des hommes et des en- fans, mais qui n'avoient aucun mouvement. Ayant desbarqué pour considérer les choses de plus près, il vit toutes les herbes foulées, et, se destournant un peu, il trouva la car- casse d'une femme à demi bruslée et mangée des loups. Ces commencemens luy firent aisément deviner ce que c'estoit, et le succès qu'avoit Cavelier de La Salle. 235 again, passing on that day four of the camp- December, ing-places of the two armies. On examin- ing the last, he judged that the two nations were not far distant, inasmuch as no rain had fallen upon the ashes of their fires since their departure. All through the fol- lowing night he pushed on, and the next day about noon, when nearing the mouth of the river, saw in a prairie on the north side the remains of lodges and figures like .. . , o ^ o _ Mottonless men and children, but motionless. Going human ashore to examine these things more closely, fgf^res. he found all the grass trodden down, and a little on one side, the body of a woman half burnt and eaten by wolves. From this beginning he could easily infer the rest and could judge of the outcome of the war, which had ended in the manner already described twelve* days before his arrival. This whole plain was covered with hor- j fi^u gf rible traces of Iroquois cruelty. It would horrors. be impossible to describe the ferocity of those madmen, and the tortures they had inflicted upon the miserable Tamaroas. Parts of bodies had been left in kettles over fires that had afterward died out. The Iro- quois had put these hapless people to death by rending out their sinews, by mutilating, by *The word deux in the French text seems a slip. See p. 216. — Translator. i68o 236 Cavelier de La Salle. Décembre, qu'avoit eu Cette guerre deux jours avant son arrivée, ainsi qu'il a été dit. Toute cette campagne luy présentoit un spectacle effroyable et les marques de la cruauté des Iroquois. On ne sçauroit exprimer la rage de ces furieux, ny les tour- mens qu'ils avoient fait souffrir aux mal- heureux Tamaroa. Il y en avoit encore dans des chaudières qu'ils avoient laissées pleines sur les feux qui depuis s'estoient esteints. Ils avoient fait mourir ces mal- heureux en leur arrachant les nerfs, les mutilant, les escorchant et leur faisant en- durer mille autres sortes de supplices. Ce qu'il avoit veu de loin estoit des testes et des corps entiers de femmes et d'enfants em- palez et rostis et laissez debout dans cette campagne. Il vit aussi des boucliers pendus à des perches pour servir de trophées aux Iroquois. Enfin, après une soigneuse et triste recherche, il ne trouva rien qui luy peust faire croire que les François eussent été enveloppez dans ce désastre. Toutefois, pour ne rien oublier de ce qui luy pouvoit donner quelque esclaircissement, il alla jusqu'à la Grande-Rivière sans trouver aucun autre vestige des François ny des Sauvages. Alors il fit esbrancher un petit aubre sur le rocher qui est à la gauche de l'embou- chure de la rivière des Illinois, et il y at- tacha Cavelier de La Salle. by flaying, and by a thousand tortures be- sides. What had been observed from a dis- tance proved to be heads and entire bodies of women and children, empaled and roasted, and then set up in the field. There w^ere also shields hanging upon stakes, to serve as trophies of the Iroquois. But after a careful and sorrowful search, he found nothing to lead him to think that the Frenchmen had been involved in this disas- ter. Nevertheless, to neglect nothing that might afford a clue, he went as far as the Great River, finding no trace either of the French or of the Savages. Then, hewing the branches from a little tree on the rock at the left of the mouth of the Illinois River, he nailed to it a bit of board which he had brought for the purpose. Upon this he depicted his canoe, and a calumet as a sign of peace, and fas- tened to it a letter informing M. de Tonty of his return to the village, and telling him that he would find hidden near by some hatchets, knives, and other articles necessary to him in case he was among the Savages. M. de La Salle did not doubt that any pass- ing Savage would be the bearer of this let- ter, which might be of great service to M. de Tonty. The men now proposed to descend the River 237 December, 1680. No trace of Tonty* s men. Leaves a letter at the mouth of the Illi- nois. 238 Cavelier de La Salle. Décembre, tacha avec un clou un morceau de planche 1680. q^'[\ avoit apporté exprès. Il y peignit ^^^'^^ son canot et un calumet pour marque de paix, et y attacha une lettre par laquelle il advertissoit le sieur de Tonty qu'il retour- noit au village, et qu'il avoit caché près de là des haches, des couteaux et quelques autres choses qui luy estoient nécessaires s'il estoit avec les Sauvages, ne doutant pas que si quelqu'un de ces barbares passoit en cet endroit, il ne luy portast cette lettre qui luy seroit d'un grand secours. Ses gens luy proposèrent alors de de- scendre jusqu'à la mer, s'ofFrant d'exposer leur vie pour satisfaire la passion qu'il avoit d'achever cette descouverte. Il loua leur courage et leur affection, mais il leur dit qu'il n'en vouloit pas abuser, qu'ils estoient trop peu de gens pour entreprendre de pénétrer à travers tant de nations, qu'on at- tribueroit cette action à témérité ou à déses- poir, qu'ils n'avoient pas mesme assez de munitions, et qu'ils le pourroient exécuter avec plus de seureté l'année suivante; et que d'ailleurs il ne pouvoit abandonner les trois hommes qu'il avoit laissez au grand village des Illinois, ny se dispenser de chercher le sieur de Tonty jusqu'à ce qu'il eust appris ce qu'il estoit devenu. Le 7 du mois de Décembre, il commença à remonter la rivière et il arriva en trois jours Cavelier de La Salle. River to the sea, offering to risk their lives for the sake of satisfying his passionate wish to carry out this discovery. He praised their courage and enthusiasm, but told them he would not take advantage of it; they were too few, he explained, to undertake to go among so many nations; their action would be judged the fruit of rashness or despair; they had not even enough ammu- nition, and could carry out the plan with more safety the following year. Moreover, he could not forsake the three men who had been left at the great Illinois village; nor could he abandon the search for M. de Tonty without learning what had become of him. Turning back on the 7th of December, he ascended the river in three days and a half to the village where he had left his men, whom he had found in perfect health. The cold was at this time so extreme that on the 1 3th of December the river was frozen, — a thing that had perhaps never occurred before. He spent the succeeding days in gathering Indian corn in the fields, hiding under ground some three hundred minots for use upon his return. He also had sledges made in order to transport his canoes, provisions, and luggage over the ice. On the 19th of December he observed the 239 December, 1680. Devotion of La Salle' s River al- ready frozen over. 240 Cavelier de La Salle. Décembre, jours et demi au village où il avoit laissé ^^^°- ses gens, qu'il retrouva en parfaite santé. Le froid fut en ce temps-là si extraordinaire que le i 3 de Décembre la rivière fut glacée, ce qui n'estoit peut estre jamais arrivé. Il s'occupa les jours suivants à faire amasser du bled d'Inde dans les champs et il en fit cacher sous terre environ trois cents minots pour s'en servir à son retour. Il fit aussi préparer les traisneaux afin d'amener sur la glace ses canots, ses vivres et son équipage. Le 1 9 de Décembre, il observa la comète pour la première fois. Le village des Illi- nois où il se trouvoit alors est à 40 degrez quelques minutes de latitude. La teste de la comète à l'entrée de la nuit paroissoit à l'horizon, et sa queue avoit environ 30 de- grez de longueur. Il la vit jusqu'au 17 de Janvier, qu'elle se montroit au zénith à minuit, ne l'ayant peu depuis observer fort exactement. Il vit aussi plusieurs fois durant l'hyver des Parelies, et il en remarqua un entr'autres qui représentoit huit soleils outre le véri- table. Le demi-cercle supérieur estoit un peu plus esloigné et plus à droite de celuy du milieu que l'inférieur, à l'extrémité droite du quel il ne paraissoit rien. Ce phénomène dura depuis sept heures et demie du matin jusqu'à onze heures et trois ttons. Cavelier de La Salle. 241 the cornet for the first time. The Illinois December, village is situated in the latitude of 40 '^^°- degrees, some minutes. At nightfall, the ^'^^'^^ nucleus of the comet appeared on the hori- zon, its tail extending in length some 30 degrees. He saw it until the 17th of Jan- uary, when it appeared in the zenith at midnight; after that he did not observe it very accurately. Several times during the winter he also observa- observed parhelia, — among the rest, one which showed eight suns besides the true one. The upper semicircle was a little farther away from the middle one — farther to the right — than was the lower one, the right extremity of which did not appear. This phenomenon lasted from half-past seven o'clock in the morning until a quarter before twelve. The upper arc gradually disappeared first, then the lower, and finally the circle in the middle. On the 26th of December, seeing that the frost continued, and wishing to speak with the Savages in order to obtain some information touching M. de Tonty as well as to notify them of his own departure, — so that if they should find the tracks of his party upon the snow they should not follow them as enemies, — he set fire to the Iro- quois 242 Cavelier de La Salle. <-oro Décembre, trois quarts. L'arc supérieur disparut peu 1680. ^ pg^ jg premier, ensuite l'inférieur et enfin le cercle du milieu. Le 26 du mois de Décembre, voyant que la gelée continuoit, et souhaitant de parler à des Sauvages pour sçavoir des nouvelles du sieur de Tonty et pour les advertir de son départ, afin que, s'ils rencontroient les traces que luy et ses gens laisseroient sur la neige, ils ne les suivissent pas comme ennemis, il fit mettre le feu au fort et aux cabanes des Iroquois; mais cette précaution luy fut inutile quoy qu'il attendist encore deux jours. Enfin il partit le 28 avec trois canots, vingt minots de bled d'Inde et son équi- page, que luy et ses gens traisnoient sur la neige quoyque tout cela pesast plus de quatre milliers, et il arriva le 6 de Janvier de l'année 1681 à l'embouchure de la rivière Divine dans celle de Teatiki. Il résolut de suivre la première parce que six lieues au- dessous il avoit trouvé un cabanage où il jugea que le sieur de Tonty avoit passé et que, ne l'ayant pas rencontré de long de la rivière Teatiki, il falloit nécessairement qu'il eust suivy la rivière Divine. L'envie qu'il avoit de le joindre le fit résoudre à laisser en cet endroit esloigné du passage des Sauvages toutes ses marchandises, afin de faire plus de diligence. Il les cacha le mieux Cavelier de La Salle. 243 quois fort and huts; but this precaution January, turned out to be useless, although he waited ^^^'' two days longer. Finally, on the 28 th, he set out with three canoes, twenty minots of Indian corn, and his luggage, which he and his men dragged over the snow, although it weighed in all more than four thousand pounds ; and on the 6th of January, 1681, he reached the junction of the Divine River with the jj^„ction Teatiki. He decided to follow the former, of the Des havine found a campine-place six leagues -^^'^/^f below, which he judged M. de Tonty to Kankakee. have used; and not having been encoun- tered along the Teatiki River, Tonty must necessarily have followed the Divine. His desire to overtake Tonty prompted M. de La Salle to leave all his merchandise at this spot, far from all resort of the Savages, in order to make more speed. He concealed it as best he could, and upon the offer of M. d'Autray to stay and guard it, left him with the surgeon. Pushing forward on the 6th of January with the other five, he found on the same day a camping-place by the river, where he perceived by the marks of a saw that M. signs oj de Tonty had passed, and by some indica- Tonty. tions he judged that it had been about two months before. It snowed all that day, and this i68 244 Cavelier de La Salle. Janvier, micux qu'il pcut, et y laissa le sieur d' Autray, qui s'offrit à les garder avec le chirurgien. Le 6 de Janvier il partit avec les autres cinq, il trouva le mesme jour le long de la rivière un cabanage, où il reconneut au bois scié que le sieur de Tonty y avoit passé, et il jugea à plusieurs choses qu'il y avoit environ deux mois. Il avoit neigé toute la journée, et cela continua dix-neuf jours de suite avec un très-grand froid et un vent violent qui souffloit dans ces cam- pagnes, où l'on trouvoit à peine du bois pour se chauffer et jamais de celuy dont on levé l'escorce pour cabaner. Il fut cepen- dant obligé de faire soixante lieues avec toutes ces incommoditez, qui furent si grandes que le sieur de La Salle, qui sem- ble estre insensible à ces sortes de fatigues, assure qu'il n'a jamais tant enduré de froid ny de peine. Ces incommoditez auroient esté plus supportables si luy et ses gens avoient peu faire de la diligence et se servir de leurs raquettes; mais la neige estoit en- core trop molle et comme suspendue sur les herbes, en sorte que le sieur de La Salle, marchant devant à son ordinaire pour en- courager ses gens en leur battant le chemin, avoit bien de la peine, quoy qu'il soit assez grand, à enjamber par-dessus la neige où il enfonçoit jusqu'à la ceinture, et estoit sou- vent Cavelier de La Salle. 245 this continued for nineteen days in succès- January, sion, with severe cold, and a violent wind blowing across the prairie, where they could scarcely find wood enough to warm them- selves, and none of the kind from which j'jjg the bark is stripped to make a camp. They prairie in were obliged to march sixty leagues in the "'"^ ^^' face of all these obstacles, which were so great that M. de La Salle, who seems to be hardened to such fatigues, avers that he has never suffered so much from cold and labor. These inconveniences would have been more tolerable, had the party been able to push forward rapidly upon their snow-shoes; but the snow was still too soft, and, as it were, hanging upon the grass; so that M. de La Salle, who as usual walked on ahead to en- la saiie's courage his men and break a path for them, physical had great ado, tall as he is, to step over the ^"^^s^' snow, in which he sank to his waist, and was often obliged to plow it with his body in order to break a passage. The last of January he reached the mouth of the Miami River, where he did not find M. de Tonty, as he had hoped, but only M. de La Forest with the three soldiers. The latter said that the men he had been ordered to wait for had wintered on the Detroit; and that a canoe had been seen to pass Missilimakinak without stopping there. From i68i. 246 Cavelier de La Salle. Février, vent obligé de la pousser avec son corps pour se faire passage. Il arriva à la fin de Janvier à l'em- bouchure de la rivière des Miamis, où il ne trouva pas le sieur de Tonty, comme il l'avoit espéré, mais seulement le sieur de La Forest avec ses trois soldats, qui luy dit que ceux qu'il luy avoit donné ordre d'attendre avoient hyverné au destroit du lac Erié, et qu'on avoit veu passer à Missilimakinak un canot qui ne s'y estoit point arresté. Le sieur de La Salle creut par le rapport du temps que c'estoit le sieur de Tonty, et comme il estoit en impatience de luy don- ner de ses nouvelles et qu'il craignoit le mauvais effet que le bruit de la défaite des Illinois pourroit produire dans l'esprit de ses gens, il demanda à ceux qui estoient auprès de luy s'ils voudroient entreprendre de porter une lettre au sieur de Tonty au destroit du lac Erié. Deux jeunes hommes qui sçavoient que c'estoit le tiers du chemin qu'il avoit fait l'hyver précédent, s'offrirent à y aller, et il leur donna les instructions et les provisions nécessaires, et il les fit partir le 2 du mois de Février. Il eut au milieu de ces inquiétudes beau- coup de joye de ce que ceux qu'il avoit laissez en ce lieu luy avoient esté fidèles et s' estoient occupez utilement suivant ses ordres. Le charpentier avoit commencé une Cavelier de La Salle. 247 From the coincidence of time M. de La February, Salle believed that this was M. de Tonty; '^^'• and being impatient to get word to him, and fearing the bad effect upon the spirits of his men of the report of the overthrow of the Illinois, he asked for volunteers to take a letter to M. de Tonty at the straits yoiu„teer of Lake Erie. Two young men, know- mail-car- ing that it was a third of the distance they "^'^^' had marched the preceding winter, offered to go; so, giving them the necessary in- structions and provisions, he sent them away on the 2d of February. In the midst of these anxieties he was much pleased to find that those he had left here had been faithful to him and had carried out his orders. The carpenter had i„justn of begun a vessel intended to ply upon Lake his men. Erie, as will be hereafter explained, and had hewn all the timber necessary to make the hull-covering; at the same time his fellows had cleared a pretty large piece of ground, and they had all together prepared the materials for building a grange. These preparations were the more to his mind inasmuch as the overthrow of the Illinois compelled him to establish himself among the Miamis until the completion of his discovery; and he was the more inclined to this decision on account of the follow- ing occurrence. Twenty-five i68i 248 Cavelier de La Salle. Février, une barquc qu'il avoit destinée à servir sur le lac Erié, ainsi qu'il sera expliqué cy-après, et esquarri tout le bois nécessaire pour faire le bordage; ses camarades avoient cependant défriché un assez grand espace de terre et ils avoient tous ensemble préparé les maté- riaux pour bastir une grange. Ces prépara- tifs lui furent d'autant plus agréables que la défaite des Illinois l'obligeoit à s'establir chez les Miamis, en attendant que sa des- couverte fust achevée, et il fut encore porté à prendre cette résolution par la rencontre suivante. Vingt-cinq ou trente Sauvages de plusieurs nations qui ont guerre avec les Anglois estoient arrivez avant luy à l'embouchure de la rivière des Miamis, avec leurs femmes et leurs enfants. Ils avoient quitté leur pays tant parce que le castor y estoit devenu très-rare qu'à cause de la hayne qu'ils por- toient aux Anglois, et ils estoient venus chasser en ces quartiers à dessein de se don- ner à leur retour aux Iroquois et de s'incor- porer dans leur nation. Le Sauvage que le sieur de La Salle avoit laissé à l'embouchure de la rivière des Miamis avec ses gens, nommé Nanangoucy, estoit heureusement du pays de ces Sauvages. Comme il avoit beaucoup d'amitié pour le sieur de La Salle, il leur persuada de l'attendre et de luy par- ler avant que d'exécuter le dessein qu'ils avoient Cavelier de La Salle. 249 Twenty-five or thirty Savages of various February, nations which are at war with the Eng- '^^'• lish had arrived before him at the mouth of the Miami River, with their women and children. They had left their coun- prepara- try partly because the beaver had become thnsfor an very scarce and partly because of the hate "^^^^"^- 11 1 T^ 1- 1 111 ment among they bore the bnghsh, and had come to the hunt in these parts, intending, upon their Miamis. return, to go over to the Iroquois and to become merged in that nation. Fortu- nately Nanangoucy, the Savage left by M. de La Salle with his men at the mouth of the Miami, was of the same country. Having a great attachment to M. de La Salle, he persuaded his people to wait and talk with the explorer before carrying out the plan they had formed. Some hours before M. de La Salle's arrival, Nanangoucy — perceiving that he was near by the re- turn of one of his dogs, which had run on before to the house — went to meet him, told him what he had done and promised that if M. de La Salle would form a settle- ment in the Illinois or the Miami country, these Savages would join him, with thirty more who were to follow. Nanangoucy added the promise of faithful service, and asked for no recompense except that of being made chief of his tribe. M. de La Salle i68i 250 Cavelier de La Salle. Février, avoicnt formé. Quelques heures avant l'ar- rivée du sieur de La Salle, Nanangoucy ayant conneu qu'il estoit proche par le retour d'un de ses chiens qui courut devant à la maison, alla à sa rencontre, luy dit ce qu'il avoit fait, et que s'il vouloit s'establir chez les Illinois ou chez les Miamis, ces Sauvages se joindroient à luy avec trente autres qui les dévoient suivre, qu'il le serviroit fidèle- ment en cela, et qu'il ne luy demandoit d'autre récompense que de le faire chef de sa nation. Le sieur de La Salle avoit en sa compa- gnie un autre Sauvage nommé Ouiouilamet, fils d'un chef de village près de Boston, capi- tale de la Nouvelle-Angleterre. C'estoit un jeune homme sage et prudent et en qui le sieur de La Salle avoit une grande con- fiance. Il le suivoit depuis deux ans avec beaucoup d'affection, et il avoit acquis une grande connoissance des langues des nations voisines depuis quatre ans qu'il demeuroit en ce pays. Il luy donna le soin de négo- cier cette affaire avec Nanangoucy et les autres Sauvages, et les chargea de leur re- présenter qu'en Testât où estoient les affaires des Illinois, il estoit plus à propos de s'esta- blir chez les Miamis, parce que les Iroquois ne pourroient pas trouver mauvais qu'on s'establît chez leurs alliez; que les Illinois en seroient aussi très-contens, quand ils sçauroient Cavelier de La Salle. 251 M. de La Salle had in his company an- February, other Savage named Ouiouilamet, son of '^^'• the chief of a tribe near Boston, the capital of New England. He was a good and ^ ^^^ prudent young man in whom M. de La England Salle had great confidence, had followed '^'P^'""''' the latter with much attachment for two years, and during the four years of his stay in this country, had acquired a wide knowledge of the languages of the neigh- boring nations. To him M. de La Salle entrusted the negotiation of this affair with Nanangoucy and the other Savages; in- structing him to tell them that, as matters stood with the Illinois, it would be better to settle in the Miami country, as the Iroquois could not take amiss their settle- ment among allies; moreover, that the Illinois would also be well pleased when they learned that this choice was made only for the sake of inducing the Miamis to make peace with them; and that he hoped to gain the consent of the latter by pointing out to them the interest they had in the preservation of the Illinois, who were capable of occupying the attention of the Iroquois for a long time and so pre- venting them from turning their arms against the Miamis, as they would certainly do as soon as they should have extermi- nated v-or>j 252 Cavelier de La Salle. Février, sçauroicnt qu'on ne choisissoit cette der- ll^yil « i^îè^^ ^^^ pour porter les Miamis à leur accorder la paix; qu'il espéroit d'y faire consentir ces derniers en leur faisant con- noistre l'intérest qu'ils avoient dans la con- servation des Illinois, qui pourroient amuser longtemps les Iroquois et les empescher de tourner leurs armes contre les Miamis, comme ils feroient infailliblement sitost qu'ils auroient exterminé les Illinois; que pour mieux réussir dans ce dessein il vouloit, avant que les Miamis fussent de retour de la chasse, aller trouver les Illinois pour dis- poser leur esprit à la paix et les empescher de prendre jalousie de son séjour chez les Miamis, et que pendant son voyage il estoit nécessaire que luy et ses compatriotes allas- sent trouver les Miamis pour les préparer à faire de leur costé ce qu'il désiroit. Pendant qu'il prenoit ces mesures pour la sécurité de l'establissement qu'il projetoit et pour former une barrière qui tiendroit les Iroquois en respect et aifermiroit le repos du Canada, il arriva une chose qui facilita beaucoup l'exécution de ses desseins. Les Iroquois, après la défaite des Tama- roas, l'une des tribus Illinoises, retournoient avec 400 esclaves en leur pays par la rivière Ohio, qui, prenant sa source à trente ou quarante lieues au sud de Niagara, coule vers l'ouest durant plus de deux cents lieues et ^•-NTO Cavelier de La Salle. 253 nated the Illinois; that, in furtherance of February, this project, he would go, before the Miamis returned from hunting, to visit the Illinois, for the purpose of disposing their minds to peace and of preventing them from conceiving jealousy on account of his stay among the Miamis; and that at the same time Nanangoucy and his fellow- countrymen must go to visit the Miamis in order to induce them to do, on their part, what he proposed. While he was taking these measures for the security of his projected settlement, and in order to form a barrier to hold the Iroquois in check and to secure peace to Canada, an event occurred which promoted the carrying out of his plans. After the overthrow of the Illinois tribe of Tamaroas, the Iroquois, with four hun- dred slaves, were returning to their own country by way of the Ohio River, — which, rising some thirty or forty leagues south of Niagara, runs westward for more than two hundred leagues, and joins the Colbert River twenty-five leagues below the mouth of the Illinois. Coming upon two lodges of Miamis engaged in hunting, the Iroquois killed or captured them all and then marched into the Miami country and encamped there. The winter over- taking An Iroquois incursion. ^••VNJ 254 Cavelier de La Salle. Février, et se jette dans la rivière Colbert, vingt-cinq '^^^' lieues au-dessous de l'embouchure de celle des Illinois. Ils rencontrèrent deux cabanes des Miamis qui chassoient en cet endroit; ils prirent et tuèrent tous ceux qui les com- posoient et vinrent ensuite camper près du pays des Miamis où l'hyver les ayant sur- pris, ils firent trois forts esloignez de deux lieues l'un de l'autre et qui formoient un triangle. Les Miamis, ayant appris la défaite de leurs gens, envoyèrent des députez aux Iroquois pour en demander satisfaction et pour leur porter un présent de trois mille castors, afin d'obtenir plus facilement la liberté de ceux de leur nation qu'ils avoient faits esclaves. Mais les Iroquois, contre la coustume de toutes ces nations, qui n'accep- tent jamais les présens sans accorder ce qu'on leur demande, gardèrent les castors et ne renvoyèrent point les prisonniers. Ce pro- cédé extraordinaire fit assez connoistre aux Miamis que les Iroquois n'estoient que des traistres et qu'ils n'en dévoient pas attendre un meilleur traitement que leurs voisins. Dans le mesme temps, cent Illinois de la tribu des Cascacia, conduits par un de leurs capitaines nommé Paessa, et qui estoient à la guerre lorsque les Iroquois arrivèrent à leur village, retournèrent en leurs pays avec les prisonniers qu'ils avoient faits. Ils trou- vèrent les cruelles marques de la défaite des Tamaroas, Cavelier de La Salle. 255 taking them, they made three forts at a February, distance of two leagues apart, which "^^'' formed a triangle. Hearing of the fate of ^^^'^^ their countrymen, the Miamis sent to the Iroquois to demand satisfaction; and the more readily to effect the liberation of those of their nation who had been made slaves, the Miami delegates carried a pres- ent of three thousand beaver skins. But contrary to the custom of all these nations, who never accept gifts without granting what is asked for, the Iroquois kept the iroquois' beaver skins and did not send back the greed and prisoners. This extraordinary proceeding ^^^'^^"^n- made the Miamis see plainly enough that the Iroquois were perfidious scamps, and that themselves need look for no better treatment than their neighbors. Just at this time one hundred Illinois of the Kaskaskia tribe, led by a chief named Paessa, who had been on the war-path when the Iroquois fell upon their village, returned to their country with the prisoners they had taken. Finding the cruel marks of the overthrow of the Tamaroas, they resolved to have vengeance. Small in number as they were, they pursued the Iroquois and unngi^ took up a position at night between the pursue the three forts, designing to make a desperate ^^°1^°^^' attack upon one of them in the morning. They 256 Cavelier de La Salle. Février, Tamaroas, et, résolus de s'en venger, quoy- 1681. qu'en petit nombre, ils suivirent les Iroquois ^^^^ et vinrent la nuit se poster au milieu de leurs trois forts à dessein d'en insulter un le jour suivant. Il y a mesme apparence qu'ils auroient réussi sans le malheur qui leur arriva. Deux Iroquois revenant de la chasse passèrent au lieu où les Illinois estoient campez et feignirent qu'ils estoient de la nation des Miamis. Les deux chasseurs trompez alloient se mettre entre leurs mains, mais un jeune guerrier, trop impa- tient, tua le premier avant que le second fust entré et rompit ainsi toutes les mesures de ses camarades, car ce dernier se sauva et donna l'alarme aux Iroquois. Le lende- main, les Illinois furent investis de toutes parts; toutefois, ils combattirent vaillam- ment jusqu'à la nuit que Paessa leur chef et treize ou quatorze des plus braves ayant esté tuez et les Iroquois ayant perdu huit hommes, on se retira de part et d'autre. Le jour suivant, les Illinois retournèrent trois fois à la charge, et, se voyant trop foi- bles contre un si grand nombre, ils allèrent tuer des chasseurs Iroquois du costé du lac Erié, ou les guerriers Iroquois, qui ne sont pas aussi vistes qu'eux, n'osèrent les suivre. Cette rencontre estonna les Miamis. Ils conneurent que les Illinois n'avoient pas perdu Cavelier de La Salle. 257 They would have had some show of sue- February, cess but for the mischance that befell them. '^^'" Two Iroquois, returning from the hunt, chanced to pass the encampment of the Illinois, who pretended to be of the Miami nation. The two hunters, suspecting noth- ing, were about to put themselves in the power of their enemies, when a young brave, too impatient, killed the first before the second had entered, thus frustrating all the plans of his comrades, — for the second hunter escaped and gave the alarm to the Iroquois. The next day the Illinois were jmrepidity hemmed in on all sides, but fought bravely of the until night, when Paessa, their chief, and ^^^*"''"' thirteen or fourteen of the bravest having been killed and the Iroquois having lost eight men, both sides retired. The next day the Illinois returned thrice to the charge, and finding themselves too weak in the face of so great a number, they went off toward Lake Erie for the purpose of killing Iroquois hunters; but the Iro- quois warriors, being less fleet of foot, dared not follow them. This event amazed the Miamis. Seeing Qggdgfgcts that the Illinois had not lost courage, the of this. Miamis apprehended an outburst of their wrath after the departure of the Iroquois, fearing that the Illinois would take venge- ance 258 Cave LIER de La Salle. Mars, perdu courage, et ils eurent peur qu'après ^^^^' le départ des Iroquois, ils ne deschargeas- ^^^*^^ sent sur eux leur colère et ne se vengeassent de ce qu'ils avoient embrassé contre eux le party de leurs ennemis. Dans le mesme temps un capitaine Cha- ouenon, qui commandoit à cent cinquante guerriers et qui demeure sur les bords d'une grande rivière qui tombe dans celle d'Ohio, ayant appris que le sieur de La Salle estoit dans le pays des Miamis, luy envoya de- mander la protection du Roy. Il luy fit response que son pays estoit inaccessible aux François, à cause de son grand esloigne- ment, mais que, s'il vouloit le venir joindre à la fin de l'année pour luy aider à des- couvrir l'embouchure de la rivière Missis- sipi,il pourroit alors l'assurer de la protection du Roy et le secourir contre les Iroquois et contre les autres ennemis. Ce capitaine agréa la proposition du sieur de La Salle, et luy manda qu'il ne manqueroit pas, sur la fin de l'automne, de se trouver à l'entrée de la rivière des Miamis. Le sieur de La Salle, voyant ses aflFaires dans une si bonne disposition, résolut d'aller trouver les Illinois pour commencer à traiter avec eux. Il partit le premier jour du mois de Mars avec quinze hommes bien équipez d'armes et de raquettes, parce que la gelée avoit si bien afFermy la neige qu'on y pou- voit Cavelier de La Salle. 259 ance upon those who had taken the part March, of their enemies. ^^^'' At the same time a Shawanoe chief ^^^«^ commanding a hundred and fifty warriors, Uving on the banks of a large river which flows into the Ohio, having heard that M. de La Salle was in the Miami country, sent to ask for the protection of the King. Word was sent him in reply that his coun- try was, on account of its great distance, inaccessible to the French ; but that if he would come at the end of the year to the aid of M. de La Salle in the discovery of the mouth of the Mississippi River, the latter could then assure him of the protec- tion of the King, and would aid him against the Iroquois and against other enemies. This chief accepted M. de La Salle's proposition, sending word that he would not fail, by the end of autumn, to reach the mouth of the Miami River. Seeing his affairs in so satisfactory a con- 2;^ ^^n^ dition, M. de La Salle decided to go among agai7i visits the Illinois and begin negotiations with ^'^^^^^'"°"- them. He set out on the first day of March, with fifteen men well equipped with arms, and upon snow-shoes, the snow being so solidly frozen that they could easily walk over it. The weather was very fine, and his dogs killed before his eyes as many deer 200 Cavelier de La Salle. V^V>J Mars, voit marcher avec facilité. Le temps estoit ^^^^' très-beau et ses chiens tuoient à ses yeux autant de chevreuils et d'autres bestes qu'il vouloit; mais la réverbération des rayons du soleil estoit si forte dans les campagnes des- couvertes, qu'il estoit obligé de traverser, qu'il en fut aveuglé trois jours durant, avec des douleurs si grandes qu'il ne pouvoit reposer ny nuit ny jour. Cette incom- modité l'obligea de s'arrester à l'entrée d'une campagne, d'où, pour ne point perdre de temps, il envoya devant tous ses gens, à la réserve de deux François, d'Ouiouilamek et de deux autres Sauvages incommodez de la veue de mesme que luy. Il destacha en mesme temps un François nommé Hunaut pour luy aller chercher des feuilles de pin, qui sont un souverain remède au mal qu'il enduroit. Hunaut luy dit qu'il avoit trouvé sur sa route les pistes de sept hommes dont les raquettes estoient faites autrement que celles de ses gens. Le sieur de La Salle jugea qu'il estoit absolument nécessaire de leur parler, de peur d'en estre attaquez la nuit avant que d'avoir esté reconneus pour François; et comme il estoit en peine de ce qu'il feroit, parce qu'il ne pouvoit y aller luy-mesme, et qu'il ne vouloit obliger per- sonne de se charger d'une commission si périlleuse, Hunaut et Ouiouilamek s'offri- rent d'eux-mesmes à l'entreprendre, ce qu'il accepta. Cavelier de La Salle. 261 deer and other animals as he wished; but March, the reflection of the sun's rays in the open '^^^• country he was obliged to traverse was so great that he was blinded for three days, smw- sufl^ering such pain that he could not sleep, blindness. night or day. This indisposition compelled him to stop at the edge of a prairie; but, in order to lose no time, he sent all his men on in advance, except two Frenchmen, Ouiouilamek,* and two other Savages, whose eyes were afl^ected in the same way. At the same time he sent out a Frenchman named Hunaut to look for pine-leaves, which are a sovereign remedy for this trouble. Returning, Hunaut reported hav- ing come across the tracks of seven men, whose snow-shoes were shaped differently from those of La Salle's party. M. de La Salle judged that it was absolutely necessary to speak with them, for fear of being at- tacked at night before being recognized as Frenchmen; and as he was at a loss what to do, being unable to go himself and un- willing to compel any one to so dangerous an errand, Hunaut and Ouiouilamek volun- teered to undertake it. Their offer was accepted. They followed for two days the tracks they had seen, and found, on the evening of the third day, eighty lodges of the m * At p. 250, Ouiouilamet. — Translator. 202 Cavelier de La Salle. Mars, accepta. Ils marchèrent deux jours sur les 1681. pistes qu'ils avoient veues, et enfin le troi- t^-v^J siesme au soir ils trouvèrent quatre-vingts cabanes de la nation des Outagamis, qui chassoient en cet endroit. Ces Sauvages les receurent fort bien et leur apprirent l'arrivée du sieur de Tonty chez les Pouteatamis et le retour du Père Louis et des deux autres François du pays des Nadouessious. Ces nouvelles resjouirent le sieur de La Salle, qu'ils trouvèrent à leur retour en estât de j continuer son voyage. Quelques jours après, ayant rejoint ses gens et les glaces estant fondues, il fit faire des canots dans lesquels ils s'embarquèrent tous. Le 15 de Mars, comme il alloit devant avec quatre hommes dans un canot, il vit dix Illinois qui prirent aussitost la fuite ; mais peu après, l'ayant reconneu, ils vinrent.à luy avec beaucoup d'empressement et luy racontèrent tout le détail de leur défaite par les Iroquois. Le sieur de La Salle leur fit un présent pour les consoler ; ensuite il les exhorta à faire la paix avec les Miamis et leur dit le dessein qu'il avoit formé de les réunir ensemble. Il leur représenta que tant qu'ils demeureroient divisez, les Iro- quois les mespriseroient et les déferoient les uns après les autres; mais que, s'ils se vou- loient remettre en bonne intelligence, ils deviendroient invincibles et redoutables à tous Cavelier de La Salle. 263 the Outagami nation, who were hunting March, in this region. These Savag-es received '^^"" them well, and informed them of the ar- rival of M. de Tonty among the Pottawat- Good news. tamies, and of the return of Father Louis and the two other Frenchmen from the land of the Nadouessious. These tidings rejoiced M. de La Salle, whom they found, upon their return, in a condition to con- tinue the journey. A few days afterward he overtook his men, and, the ice being melted, had canoes made, in which all embarked. On the 15th of March, going on before in a canoe with four men, he saw ten Illinois, who instantly fled; but a little later, having rec- ognized him, they approached him very eagerly, and gave him a detailed account of their defeat by the Iroquois. M. de La Salle made them a present to console them; then he urged them to make peace with the Miamis, telling them the plan he had formed of uniting them. He pointed out jj^/ice to to them that, so long as they remained the Illinois. divided, the Iroquois would despise them and would defeat them separately, assuring them that if they would come to terms they would become invincible and formi- dable to all their enemies, as he would come to settle among them with other Savages and many Frenchmen. Thanking 264 Cavelier de La Salle. Mars, tous leurs ennemis, parce qu'il viendroit ' ^^ ^ • s'estahlir parmi eux avec d'autres Sauvages et beaucoup de François. Les Illinois le remercièrent du soin qu'il prenoit de leur conservation et agréèrent les propositions. Le reste du jour se passa à l'ordinaire en festins et en danses. Le jour suivant, il tit charger dans ses canots cent minots de bled d'Inde et remonta avec tous ses gens jusqu'au lieu où, au re- tour de son second vovage, il avoit laissé le sieur d'Autray et le chirurgien à la garde de ses marchandises. Il envova de cet en- droit par la rivière Divine un canot pour aller chercher le sieur de Tontv' chez les Pouteatamis et pour luv rapporter ses papiers en cas qu'il les eust sauvez. Quelques jours après il arriva à la rivière des Miamis, où il trouva toutes choses en bon estât. Il envova de là un autre canot conduit par le sieur de La Forest avec quatre hommes pour aller au-devant du forgeron et des autres qui avoient hvverné en chemin, et pour prier le sieur de Tonty de l'attendre à Missilimaki- nak. Il luv donna aussi ordre, après qu'il auroit exécuté ces deux choses, d'aller au fort Frontenac charger ses canots de muni- tions et de marchandises, et de le venir join- dre incessamment avec quelques hommes nouveaux à Missilimakinak, où il devoit se rendre à la hn de Mav. Le sieur de La Forest Cavelier de La Salle. 265 Thanking him for his care for their March, preservation, the IlHnois accepted his pro- '^^'' posais. The rest of the day was passed as usual in feasting and dancing. On the morrow, loading his canoes with a hundred minots of Indian corn, he as- cended the river with all his men to the place where, on the return from the second journey, he had left M. d'Autray and the surgeon in charge of his goods. Thence he sent a canoe up the Divine River to p^^^ ^^^^ look for M. de Tonty among the Potta- in search wattamies, and to bring back the explorer's °-^ '^""^y- papers, in case they had been saved. Ar- riving a few days later at the Miami River, he found all in good order. Thence he sent off another canoe with four men, com- manded by M. de La Forest, to meet the blacksmith and the rest who had wintered on the way, and to notify M. de Tonty to await him at Missilimakinak. M. de La Salle also instructed La Forest, after carry- ing out these two orders, to proceed to Fort Frontenac, load his canoes with ammu- nition and goods, and return immediately with some new men to Missilimakinak, where the explorer intended to be on the I St of May. Learning at Missilimakinak that M. de Tonty was still among the Pot- tawattamies, M. de La Forest sent him a canoe 206 Cavelier de La Salle. Printemps, Forest apprit à Missilimakinak que le sieur ^^^^' de Tonty estoit encore chez les Pouteata- mis, ou il luy envoya un canot et quelques marchandises pour en faire présent aux Sauvages, en reconnoissance du bon traite- ment qu'ils luy avoient fait et de la nourri- ture qu'ils luy avoient fournie durant l'hy ver. Ce canot fut conduit par trois des hommes que le sieur de La Forest alloit chercher, qu'il trouva à Missilimakinak, et il envoya les autres par le plus court chemin à la rivière des Miamis ; mais le vent fut si con- traire à ces derniers que le sieur de La Salle, retournant quelque temps au fort de Frontenac, les y trouva encore en chemin. Après le départ du sieur de La Forest, le sieur de La Salle s'occupa à faire de nou- veaux défrichements et à faire semer du bled françois, du bled d'Inde et toutes sortes de légumes et d'herbes potagères qui ont parfaitement bien réussi, tout ayant profité au double de ce qu'on voit en Europe dans les meilleures terres. Il luy vint alors deux canots envoyez par les Sauvages de la Nouvelle-Angleterre pour luy dire qu'ils l'attendoient au village des Miamis pour terminer la négociation qu'il leur avoit proposée. — Il laissa une par- tie de ses gens pour travailler à la culture de la terre et s'embarqua avec le reste. Il trouva en arrivant au village trois Iro- quois Cavelier de La Salle. 267 canoe with some goods intended as presents Spring, to the Savages, in recognition of their kind ^^^^' treatment of the Frenchmen and of the ^^^^*^ food they had suppUed them with during the winter. This canoe was entrusted to three of the men whom M. de La Forest had been sent in search of, and whom he met at MissiHmakinak. The rest he sent by the shortest route to the Miami River; but they encountered such contrary winds that M, de La Salle, on his return some time afterward to Fort Frontenac, met them still on the way. After the departure of M. de La Forest, Fertility of M. de La Salle busied himself in making the soil. new clearings and in sowing French corn, Indian corn, and all kinds of vegetables and pot-herbs, all of which have turned out well, having yielded as much again as is produced in the best soils in Europe. At that time two canoes came to him from the New England Savages, to notify him that they were waiting at the Miami village to conclude the negotiation begun by him. Leaving part of his men to cul- tivate the land, he embarked with the rest. Upon arriving at the village he found three Iroquois who had remained there to incite the Miamis to continue the war against the Illinois. They at once called upon 208 Cavelier de La Salle. O'^W? Printemps, quois qui y estoient restez pour animer les 1681. Miamis à continuer la guerre contre les Illinois. Ils visitèrent d'abord le sieur de La Salle et luy tesmoignèrent beaucoup d'amitié et de respect; mais comme il avoit appris qu'ils avoient parlé des François avec bien du mespris et de l'insolence, il les receut froidement et leur dit qu'ils avoient parlé mal à propos d'une nation qu'ils dé- voient respecter, et qui les sçauroit réduire à leur devoir quand ils y manqueroient, et qu'il ne croyoit pas qu'après son arrivée ils osassent parler comme ils avoient fait en son absence. — Ces paroles du sieur de La Salle, qu'ils virent accompagné de François et de Sauvages de la Nouvelle-Angleterre, les es- tonnèrent de telle sorte que la nuit suivante ils s'enfuirent à travers les bois. — Cette fuite fit un très-bon effet dans l'esprit des Miamis, qui furent surpris de voir que ces Iroquois, qui n'avoient pas eu peur de douze cents ou quinze cents hommes, dont la nation des Miamis estoit composée, ny de cinquante Sauvages de la Nouvelle- Angleterre, avoient esté tellement effrayez à la vue d'un petit nombre de François en colère contre eux, qu'ils s'estoient eschappez la nuit presque tout nuds, abandonnant leur castor et ce qu'ils avoient de plus précieux. Dans cette bonne disposition, le sieur de La Salle fit assembler premièrement les Sauvages Cavelier de La Salle. 269 upon M. de La Salle, with many expressions Spring, of friendship and respect ; but, having heard that they had spoken with much contempt ^^^*^ and insolence of the French, he received them coldly, telling them that they had la Sa/U's spoken amiss of a nation they were bound treatment to respect, which would find means of °^ '. ^ ^.''' i * ^ ^ quots emis- bringing them to a sense of their duty if saries. they failed in it; adding that he thought they would hardly venture, now that he had arrived, to talk as they had done in his absence. These words of M. de La Salle, who, as they saw, was accompanied by Frenchmen and by New England Savages, dismayed the Iroquois so much that they took flight through the forest on the fol- ^jj^y lowing night. This flight had an excel- decamp, lent effect upon the minds of the Miamis, who were astonished to see that these Iroquois — who had not feared the twelve hundred or fifteen hundred men, of the Miami nation, nor the fifty Savages from New England — had been so terrified by the sight of a handful of Frenchmen who were angry with them as to escape at night almost naked, abandoning their beaver skins and all their valuables. Such was the good disposition of the Savages when M. de La Salle summoned first those from New England to a council. They 270 Cavelier de La Salle. Printemps, Sauvages de la Nouvelle-Angleterre. Il y ^^^^' en avoit de sept ou huit nations différentes ^^'^^^ des environs de Bristol,* de Manatte ou Nouvelle- Amsterdam et des frontières de la Virginie. Leurs principaux chefs étaient Ouiouilamec, Nanagoucy, Klas, Togien et Kouas. Il leur représenta dans ce conseil la fertilité des campagnes des Miamis et des Illinois, l'abondance des castors, des bœufs sauvages et de toutes sortes de chasse et de pesche; qu'ils y jouiroient d'une parfaite tranquillité, esloignez des Anglois, leurs ennemis, et sous la protection du plus grand ,roy du monde; que sitost qu'il auroit des- couvert l'embouchure de la Grande- Rivière, il leur fourniroit de toutes sortes de mar- chandises à très-bon marché, et qu'il feroit venir des bœufs, des chevaux et toutes les autres commoditez qu'ils avoient eues dans la Nouvelle- Angleterre ; que pour jouir en repos de ce bonheur, il estoit nécessaire qu'ils entrassent tous dans les mesmes in- terests et qu'ils travaillassent de concert à réunir les Illinois et les Miamis, parce que, si ces deux nations continuoient à se faire la guerre, ils ne pourroient ny chasser en seu- reté ny recevoir les marchandises dont ils avoient besoin; et que s'ils vouloient con- tenter leur inclination guerrière, ils dévoient plustost *Le pays du chef indien Philippe, si redouté des colons du Massachusetts. Cavelier de La Salle. They were of seven or eight different tribes, from the neighborhood of Bristol,* from Manhattan or New Amsterdam, and from the borders of Virginia. Their prin- cipal chiefs were Ouiouilamec, Nanagoucy, Klas, Togien, and Kouas. In this council he pointed out to them the fertility of the Miami and Illinois prairies, the abundance of beaver, of wild cattle, and of all kinds of game and fish ; assured them that they would here enjoy perfect peace, far from their enemies, the English, and under the protection of the greatest king in the world; that as soon as he should have discovered the mouth of the Great River, he would furnish them with all sorts of goods very cheaply, and that he would introduce cattle, horses, and all the other commodities they had had in New England; that for the peaceful enjoyment of this happiness it was necessary that they all have common interests and that they work in concert to unite the Illinois and the Miamis, since, in case those two nations should continue to be at war, the rest would be able neither to hunt in safety nor to obtain the goods they had need of; and that, if they must needs give rein to their martial impulse, they might better attack * The land of the Indian king Philip, so much feared by the colonists of Massachusetts. — Margry. 271 Spring, 1681. A council with the New Eng- landers. 272 Cavelier de La Salle. Printemps, plustost attaquer leurs anciens ennemis, contre qui ils avoient de justes sujets de ^^ plaintes, que des gens qui ne les avoient jamais offensez. Ces Sauvages agréèrent d'abord toutes les propositions du sieur de La Salle et approuvèrent avec joye l'ouver- ture qu'il leur faisoit, pour le succès de la- quelle ils prirent durant le reste du jour les mesures nécessaires. Le lendemain, il fit assembler les Miamis à la cabane de leur principal capitaine, d'où l'on osta toutes les escorces qui la couvroient et l'entouroient afin que tout le monde pust entendre ce qu'on diroit. Le sieur de La Salle estoit accompagné de dix François et de trente de ses Sauvages de la Nouvelle- Angleterre, par un desquels il envoya chercher les présents dont il avoit besoin pour faire sa harangue. Ces présents sont tellement nécessaires dans ces occasions que si les paroles n'en sont pas accompagnées et ne s'y rapportent, tout ce qu'on dit ne passe que pour des discours en l'air. — La coustume est aussi que les Sauvages y res- pondent par d'autres présents qui valent du moins autant que les premiers. Le style qu'ils employent dans ces assemblées est tout figuré à leur manière, et aussi le sieur de La Salle, qui peut passer en ce genre pour le plus grand orateur de l'Amérique septentrionale, et qui sçait parfaitement s'accommoder Cavelier de La Salle. attack their ancient enemies, against whom they had just grounds of complaint, than people who had never offended them. These Savages accepted at once all M. de La Salle's proposals and gladly approved the overtures he made them, devoting the rest of the session to the making of pro- vision for the success of the enterprise. The next day he caused the Miamis to be gathered together at the lodge of their lead- ing chief, — all the bark forming the roof and sides of the lodge being removed so that every one might hear what was said. M. de La Salle was accompanied by ten Frenchmen and by thirty of his New Eng- land braves, one of whom he sent to fetch the gifts he had need of in order to make his harangue. These gifts are so necessary on such occasions that, unless words are ac- companied by them and connected with them, all that is said is mere talking to the wind. It is also customary for the Savages to respond with other gifts worth at least as much as the former. The style of speak- ing in vogue in these councils is figurative, after their fashion; accordingly M. de La Salle, who may pass for the greatest orator of North America in this style, and who knows perfectly how to adapt himself to their usages, began in the following man- ner. Presenting 273 Spring, 1681. La Salle's proposals accepted. A grand council with the Miamis. La Salle's oratory. 274 Cavelier de La Salle. Printemps, s'accommoder à leurs usages, commença de ^^^*- cette sorte. ^^^^^■^ Il leur présenta d'abord un rolle de tabac et leur dit qu'il leur donnoit ce pétun, à cause que c'estoit leur coustume d'en prendre quand ils veulent traiter de quelque affaire importante, afin de dissiper les mauvaises vapeurs qui pouvoient leur troubler l'esprit et parce que les François n'avoient pas de ce remède, ayant tousjours l'esprit fort et remply de toutes sortes de connoissances, comme ils le pouvoient juger par les mar- chandises qu'ils leur apportoient. Il leur donna ensuite une pièce d'estoffe bleue, en leur disant que comme ils estoient troublez de la perte de leurs parents tuez nouvelle- ment par les Iroquois, et que la veue de leurs corps demirostis les pourroit empescher d'escouter avec plaisir ce qu'il vouloit leur dire, il les couvroit avec cette pièce d'estoffe pour destourner leurs yeux attachez sur leurs morts et les leur faire lever au ciel, que la paix alloit rendre serein, et le soleil plus clair qu'à l'ordinaire. Le troisiesme présent estoit une piece d'estoffe rouge pour en couvrir la terre, afin qu'ils n'y remarquassent plus le sang de leurs frères, et pour leur marquer par cette couleur, dont ils ont accoustumé de se peindre le visage dans leurs festes, qu'à l'avenir Cavelier de La Salle. 275 Presenting them with a roll of tobacco. Spring, he told them he eave them this petun be- '^^'* cause It was their custom to take it when wishing to discourse upon any very impor- ^^^^ -^^ tant matter, in order to drive away the bad of tobacco. humors that might disturb the mind; but that the French had not this remedy, hav- ing minds always strong and full of all sorts of knowledge, as might be judged from the merchandise he brought. He then gave them a piece of blue cloth, saying that, as Theziftof they were troubled by the loss of their blue doth. relatives recently killed by the Iroquois, and as the sight of the half-roasted bodies might prevent their hearing with pleasure what he wished to say, he would cover them with this piece of cloth in order to turn away their eyes from the dead and direct them to the sky, which peace should make calm and which the sun should brighten more than ever. The third gift was a piece of red cloth Theziftof to cover the ground, so that they should no red doth. longer see the blood of their brethren, and in order to signify by the color, with which they painted their faces for festal occasions, that they should henceforward live together in pleasure and good cheer. The fourth gift was composed of twenty The gift of hoods — a kind of garment used alike by ^oods. Frenchmen 276 Cavelier de La Salle. Printemps, l'avenir ils vivroient tousjours dans le plaisir ^^^^' et dans la joye. ^^^^ Le quatriesme présent estoit composé de vingt capots, qui est une sorte d'habit dont les François et les Sauvages se servent égale- ment. Il leur dit qu'il leur donnoit ces capots pour habiller leurs morts, non pas qu'il creust, comme eux, qu'ils en eussent besoin, mais pour marquer l'amitié qu'il leur avoit portée et l'intérest qu'il prenoit en leur perte. Le cinquiesme présent estoit de cinquante haches pour servir à dresser un tombeau magnifique à leurs parents défunts. Le sixiesme estoit composé de colliers, de bracelets et de canons de porcelaine et de rassade, de peinture rouge, de bagues et de grelots pour parer ces Sauvages, qui n'ont point de plus beaux ornemens durant les festins qu'ils faisoient pour ces morts. Le septiesme estoit de trente lames d'es- pées qu'il planta autour des premiers pré- sents, en disant qu'il faisoit une palissade de fer afin qu'à l'avenir les corps de leurs parents décédez ne receussent aucune injure. Le sieur de La Salle employa de cette sorte ces premiers présents pour gagner la bienveillance des Miamis, parce que rien ne touche davantage l'esprit de tous ces bar- bares que la considération que l'on a pour leurs morts, et que rien ne les excite plus fortement Cavelier de La Salle. 277 Frenchmen and Savages. He told them Spring, he gave them these hoods to dress their ^^^'• dead, not thinking with them that the dead had any need of clothing, but in testimony of his friendship for those who had been killed, and of his sorrow for their loss. The fifth gift was of fifty hatchets, to The gift of be used in the erection of a magnificent hatchets. tomb for their deceased kinsfolk. The sixth gift was composed of neck- The gift of laces, bracelets, and anklets of porcelain and trinkets. glass beads, painted red, of rings and bells to adorn these Savages, who have no finer ornaments for their festivals in honor of their dead. The seventh gift was thirty sword-blades. The gift of which he thrust into the ground about the sword- former gifts, saying that he was making an iron fence in order that the bodies of their deceased kinsmen should henceforth suffer no injury. In this wise M. de La Salle made use of all these first gifts to gain the good will of the Miamis, for nothing touches their hearts sooner than respect shown to their dead, just as nothing arouses them to venge- ance more surely than outrage done to the dead. Then he continued in the fol- lowing terms: — "We have thus, my brothers, performed our blades. 278 Cavelier de La Salle. Printemps, fortement à la vengeance que les outrages 1681. qu'on leur fait. Ensuite il continua en ces termes: "Nous avons, mes frères, rendu nos de- voirs aux morts, ils doivent estre contents, et ils ne nous demandent maintenant autre chose, sinon que nous les laissions en paix, que nous essuyions nos larmes et que nous songions à conserver leurs neveux qui tien- nent icy leur place. — Mais je prétends faire davantage, je veux les ressusciter. Vous regrettez tous les jours Ouabicolcata, le plus considérable de vos capitaines. — -Ne croyez pas qu'il soit mort, j'ai son esprit et son âme dans mon corps, je fais revivre son nom, je suis un autre Ouabicolcata, je prends le mesme soin de sa famille qu'il a eu durant sa vie, et afin que personne ne l'ig- nore, je déclare que je ne m'appelle pas Okimao (c'est le nom que les Sauvages luy donnoient). Je m'appelle Ouabicolcata; il n'est pas mort, il vit encore et sa famille ne manquera plus de rien, puisque son âme est dans le corps d'un François qui peut fournir abondamment à ses parents toutes les choses nécessaires." En mesme temps il fit un huitiesme présent d'une pièce de drap rouge. Cette figure, aussi hardie que nouvelle et néantmoins extrêmement conforme au génie de ces peuples, qui n'ont rien de plus cher que la mémoire de leurs morts, fut receue avec Cavelier de La Salle. 279 our duty to the dead, who must be satisfied, Spring, who now ask nothing except to be left in '^^'• peace, and who desire us to dry our tears, and to think of caring for their children left here in their places. But I mean to do more — I will bring them to life again. ^^ ^^^^ You daily mourn the loss of Ouabicolcata, restores to the greatest of your chiefs. Think him not ^^^ ^ ^^'^^^ dead; I have his mind and soul in my own body; I am going to revive his name and be another Ouabicolcata; I shall take the same care of his family that he took in his lifetime; and that no one may mistake, I declare that my name is not Okimao (the name given him by the Savages). My name is Ouabicolcata; he is not dead; he lives still, and his family shall want for nothing, since his soul is entered into the body of a Frenchman, who can provide his kinsmen abundantly with all things need- ful." Here he made an eighth gift of a piece of red cloth. This metaphor, as bold The gift of as it was new, yet thoroughly suited to the red cloth. character of these people, to whom nothing is dearer than the memory of their dead, was received with such tokens of delight and such unwonted applause as to interrupt for some time the continuance of his speech. He then caused the ninth gift, consisting j,^^^ .^ ^ of three great kettles, to be brought for- kettles. ward, 28o Cavelier de La Salle. Printemps, avcc des marques de joye et des applaudisse- 1681. jnents extraordinaires qui l'obligèrent à ^^•^ interrompre son discours durant quelque tems. Il fit ensuite apporter le neuviesme pré- sent, qui estoit de trois grandes chaudières, en disant que le mort ressuscité devoit faire esclater sa joye par un festin considérable et qu'il donnoit ces chaudières pour le pré- parer. Le dixiesme et le onziesme présents consistoient en quarante capots, quarante chemises et quarante couvertures pour hommes, pour femmes et pour enfants, et une caisse pleine de couteaux, de haches et d'autres marchandises qu'ils estiment le plus, disant que comme il venoit de l'autre monde et qu'il vouloit avoir soin de ses parents, il leur avoit apporté tout ce qui pouvoit leur estre le plus nécessaire, pour leur faire con- noistre par cet eschantillon que tant qu'ils voudroient se gouverner par ses conseils, ils ne manqueroient de rien. Le douziesme présent estoit de six fusils. "Voicy, dit-il en les présentant, une affaire de grande importance que j'ay à vous pro- poser. Celuy qui est le maistre de la vie et de cette terre est un très-grand capitaine. Il est puissant et redouté par tout le monde; il aime la paix et il veut qu'on escoute sa parole, qui ne tend qu'à nostre conservation et à nostre plus grand avantage. — C'est le Roy Cavelier de La Salle. 281 ward, saying that the dead man now Spring, brought to Hfe must display his delight in '^^'* a great feast, and that he gave these kettles for its preparation. The tenth and eleventh gifts consisted of 7-^^ tenth forty hoods, forty shirts, and forty blankets ^nd for men, for women, and for children, and ^ ^J-^"^ a chest filled with knives, hatchets, and other goods highly prized by them, accom- panied by the assurance that, coming back from the other world and wishing to pro- vide for his kinsmen, he had brought what was most needful, in order to show them by this example that, so long as they would be ruled by his counsel, they should want for nothing. The twelfth gift was six muskets. In The gift of presenting these he said: — muskets. **I have now a matter of great impor- tance to propose to you. He who is the master of life and of the whole earth is a very great captain. He is potent and feared throughout the world; he loves peace and desires us to hear his words, which are for our preservation and our greatest good. This is the King of France, the greatest of those who bear sway on the other side. His kindness extends even to your dead, whom his subjects have come here to bring again to life; but he wishes to 282 Cavelier de La Salle. «•vx; Printemps, Roy de France, le plus grand de tous ceux 1681. q^^ commandent de l'autre bord. — Ses bou- tez s'estendent jusques sur vos morts, et ses sujets sont venus icy les ressusciter; mais il veut les conserver, il veut que vous obéissiez à ses lois et que vous n'entrepreniez point de guerre sans la permission d'Onontio, qui commande de sa part à Québec et qui aime également toutes les nations, parce que le Roy le veut ainsi. — Il faut donc que vous viviez en paix avec tous vos voisins, particu- lièrement avec les Illinois. Vous avez eu des différends ensemble, mais vous en estes assez vengez par leur défaite. — Ils veulent faire la paix, quoyqu'ils soyent encore en estât de vous nuire; contentez- vous de la gloire de les avoir obligez à vous la demander. — Vous estes intéressez dans leur conservation, parce que, s'ils estoient destruits, les Iroquois ne manqueroient pas de renouveler les anciens démeslez qu'ils ont eus avec vous. Ne les attaquez pas toutesfois à ma considération. — Je veux obéir aux lois de ce grand capi- taine à qui j'ay l'obligation d'avoir esté res- suscité et dont la protection nous conservera dans un profond repos. — Entrez dans mes sentimens et ne vous servez de ces fusils que pour chasser et pour vous défendre." En achevant ces mots, il leur donna deux colliers de porcelaine, qui sont les présents ordinaires Cavelier de La Salle. 283 to protect them, he wishes you to obey his Spring, laws and to undertake no war without the • consent of Onontio, who commands in the King's name at Quebec and who loves all nations alike, because this is the King's will. You must live in peace with all Maintain your neighbors, especially with the Illinois, peace with You have had dissensions, — but you are ' ^ ^"°"' sufficiently avenged by their overthrow. Although still able to do you harm, they desire to make peace: content yourselves with the glory of having forced them to ask it of you. You are interested in their preservation, since, were they destroyed, the Iroquois would not fail to renew their ancient feud with you. For my sake, at all events, do not attack them. I wish to obey the laws of that great captain to whom I owe it that I have been brought to life again, and whose protection will keep us in unbroken peace. Adopt my views, and make use of these guns only for hunting and for defense." Here he gave them two porcelain neck- The gift of laces, a usual gift among the Savages, and necklaces. continued in the following words: — "Here, my brothers, are other Miamis come to take the places of my kinsmen who were slain by the Iroquois. They have the bodies of New England Savages, but 284 Cavelier de La Salle. Printemps, ordinaires des Sauvages, et continua en ces '^^'- termes: "Voicy, mes frères, d'autres Miamis, qui viennent prendre la place de mes parents tuez par les Iroquois. Ils ont le corps des Sauvages de la Nouvelle-Angleterre, mais ils ont l'esprit et le cœur des Miamis. Recevez-les, comme vos frères, ils veulent demeurer avec moy et ne faire qu'une mesme cabane avec vous. Ils aiment la paix aussi bien que moy, et vous nous chas- seriez si vous vouliez continuer à faire la guerre aux Illinois." On ne sçauroit exprimer avec quel plaisir les Miamis escoutèrent cette figure con- tinuée, et combien ils agréèrent le person- nage que le sieur de La Salle faisoit, parlant tousjours comme s'il avoit esté Ouabicol- cata. Les Sauvages de la Nouvelle-Angle- terre furent aussi fort contents de la manière avec laquelle il les avoit recommandez et aggrégez à cette nation. Ils firent de leur costé quatre présents dont l'explication se rapportoit à celle que le sieur de La Salle avoit donnée aux siens. Ouiouilamec, qui parloit avec facilité la langue des Miamis, que le sieur de La Salle n'entendoit alors qu'imparfaitement, leur servoit à tous d'in- terprète. Le lendemain, les Miamis allèrent à la cabane du sieur de La Salle avec des pré- sents Cavelier de La Salle. 285 but the mind and heart of the Miamis. Spring, Receive them as your brethren; they will '^^'" dwell with me and will share one lodge with you. They love peace as well as I, and you would drive us all away should you continue to make war upon the Illi- nois." The Miamis listened with inexpressible ^n-^^^ ^f delight to this continued hgure of speech, the oration. and accepted with enthusiasm the rôle played by M. de La Salle in speaking con- tinually as if he had been Ouabicolcata. The New England Savages were also well pleased with the manner in which he had introduced them and incorporated them into this nation. They made, on their own account, four gifts, interpreting them with an allusion to the meaning given by M. de La Salle to his gifts. Ouiouilamec, who spoke fluently the Miami tongue, which M. de La Salle then understood but imperfectly, served as interpreter to them all. On the morrow the Miamis flocked to ^^.^ ^y> the lodge of M. de La Salle, bearing près- the ents, in order to reply to his harangue. ^*'^"^"' They began with somewhat long-continued dances, in the course of which they made, after their fashion, a thousand apostrophes to Heaven, to the Sun, and to the King, whom 286 Cavelier de La Salle. Printemps, seiits pour respondrc à sa harangue. Ils *^^^- commencèrent par des danses qui durèrent assez longtemps et pendant lesquelles ils firent à leur manière mille apostrophes au Ciel, au Soleil, et au Roy, qu'ils appeloient le maistre de la terre et de la vie, pour les remercier de ce qu'ils voyoient encore une fois leurs parens qu'ils avoient creus morts. Ces danses estant finies, Ouabibichagan fit un présent de dix robes de castor qu'il expliqua de cette sorte, s'adressant au sieur de La Salle: "Nous n'avions jamais veu, mon fi-ère Ouabicolcata, de morts ressusci- tez. Il faut que celuy qui t'a rendu la vie soit un grand génie, puisque en mesme temps il la redonne à tous tes parents. Il a rendu par ce prodige le ciel plus beau, le soleil plus esclatant et la terre plus ver- doyante. Il t'a donné, avec la vie, des habits pour tous tes frères qui avoient accoustumé d'estre nuds. Ainsi nous avons tous gagné en te perdant, puisque ta mort a excité ce grand capitaine à avoir pitié de nous. Nous sommes honteux de n'avoir rien à luy pré- senter après tant de biens qu'il nous a faits. Mais toy, Ouabicolcata, qui sçais notre pauvreté, excuse-nous puisque tu es notre frère et que tu es cause que nous sommes pauvres, car c'est pour ravoir tes os que nous avons donné cet hyver plus de trois mille Cavelier de La Salle. 287 whom they styled the master of the earth Spring, and of Ufe, thanking these powers for the '^^'" sight of the kinsmen whom they had thought dead. These dances being ended, Ouabibicha- xhegiftof gan made a gift of ten beaver robes, which beaver he explained as follows, addressing M. de ^°^^^' La Salle: — "We had never seen, O brother Ouabi- colcata, the dead restored to life. He who has restored thine must be a good spirit, since he gives back life at the same time to all thy kinsmen. By this miracle he has made the sky fairer, the sun brighter, the earth greener. "Along with life he has given the gar- ments for all thy brethren, who had been used to go naked. Thus in losing thee we have gained all, since thy death has moved the great captain with pity for us. We are ashamed of having nothing to give him y,^^ _ in return for all the good he has done us. nessofthe But thou, Ouabicolcata, knowing our pov- f^^^ tation, where his men were continuing to ^"""y' prepare materials for the construction of a fort. The Savages of New England built their lodges and sowed Indian corn, pump- kins, and other things which it is their wont to cultivate. Meanwhile M. de La Salle — perceiving pians to that these Savages who were under his draw the command were a source of strength to him ^[-J^^ ""' and increased his prestige among the sur- rounding tribes — resolved to add to their number. Therefore, calling them together, he proposed to send delegates with gifts to their nations, to invite them to join the rest in this beautiful country. To this proposal they agreed, and deputed two of their fellows, named Ouabach and Ama- bouso. i68i 296 Cavelier de La Salle. Mai, joindre dans un si beau pays. Ils agréèrent cette proposition et députèrent deux des leurs, nommez Ouabach et Amabouso, à qui le sieur de La Salle donna cinquante castors pour chacune de leurs nations. Après avoir fait toutes ces choses, il creut qu'il estoit temps de songer à la continua- tion de ses descouvertes et d'assembler promptemênt les hommes, les armes et les munitions qui luy estoient nécessaires, dont il croyoit que le sieur de La Forest luy auroit amené la meilleure partie à Missili- makinak. Il s'embarqua le 25 may pour l'y aller joindre. La navigation qu'il faisoit eust esté fort heureuse, mais il fut bien sur- pris en arrivant de ne pas trouver le sieur de La Forest, qui, contre ses ordres et pen- sant bien faire, s' estoit arresté au fort Fron- tenac pour quelques autres affaires dont il n'estoit point chargé, sans considérer les conséquences de ce retardement. Ce contretemps donna bien du chagrin au sieur de La Salle, qui fut obligé d'aller au fort Frontenac, où il se rendit par la route du lac Taronto. Il y trouva le sieur de Tonty en parfaite santé et des lettres du sieur comte de Frontenac qui luy mandoit de descendre à Montréal, où il se rendroit aussi pour converser avec luy. Toutesfois il ne l'y rencontra pas, ce qui luy fit perdre bien du temps inutilement. Sitost Cavelier de La Salle.' 297 bouso, to whom M. de La Salle entrusted May, fifty beaver skins for each of their nations. ^^^'• All these things being done, he deemed ^^^^*^ it time to think of the continuation of his discoveries, — hoping to collect promptly the necessary men, arms, and ammunition, the better part of which he supposed to have been brought to Missilimakinak by M. de La Forest. On the 25th of May he embarked, expecting to meet La Forest there. His voyage was a quick one, but he was much surprised upon his arrival not t7»/r»j/- to find M. de La Forest, — who, contrary worthiness to orders and thinking he was doing right, "-Ç ^^ had tarried at Fort Frontenac to attend to other affairs which were not his business, without realizing the consequences of this delay. This disappointment much chagrined ^i ^g^a- M. de La Salle, who found himself obliged thus to go back to Fort Frontenac, which he J'"^^"^h reached by way of Lake Toronto. At Fort Frontenac he found M. de Tonty in per- fect health. There were also letters from Count Frontenac, directing La Salle to descend to Montreal, where the Governor promised to meet him. This promise, however, the Governor did not carry out, and thus M. de La Salle lost much time to no purpose. No i68i 298 Cavelier de La Salle. Août, Sitost qu'il fut de retour au fort de Frontenac, il fit ses préparatifs pour son voyage. Il arriva au commencement d' Aoust à Teyoyagon, où il employa quinze jours à faire transporter tout son équipage sur le bord du lac Taronto, sur lequel il s'em- barqua à la fin du mesme mois d' Aoust de l'année dernière, 1681. On apprendra à la fin de cette année 1682 le succès de sa descouverte, qu'il avoit résolu d'achever au plus tard le printemps dernier, ou de périr en y travaillant. Tant de traverses et de malheurs tousjours arrivez en son absence l'ont fait résoudre à ne se fier plus à personne et à conduire luy- mesme tout son monde, tout son équipage et toute son entreprise, de laquelle il espé- roit une heureuse conclusion. — Il menoit avec luy le sieur de Tonty, trente bons hommes François, qui sont plus que suffi- sants, quand mesme tous ceux qu'il avoit laissez chez les Miamis luy manqueroient, parce qu'il est assuré de plus de cent Sau- vages choisis, tant Chaouanons que de la Nouvelle-Angleterre, qui sçavent parfaite- ment se servir de fusils, sans parler des Miamis et des Illinois, dont il auroit un grand nombre à sa suite, s'il en avoit besoin. Cavelier de La Salle. 299 No sooner had he returned to Fort Fron- August, tenac than he made his preparations for ^^^'• the journey. Early in August he reached ^^^*^ Teyoyagon, where a fortnight was spent in the transportation of his equipments to the shore of Lake Toronto, on which he em- barked at the end of the same month, August of last year, 1681. The result will be known at the close yr^^ r^ of the present year, 1682, as he had deter- expedition. mined to complete his discovery last spring, at the latest, or to die in the attempt. So many mischances and cross accidents always happening in his absence have made him resolve no longer to trust to any one, but to lead in person all his men with the whole outfit, hoping thus to bring his undertaking to a happy conclusion. He took with him M. de Tonty and thirty good French- men, who are more than sufficient, even should all those fail him whom he left in the Miami country; for he is certain of more than a hundred picked Savages, — some Shawanoes and some from New Eng- land, — who are skilled in the use of fire- arms, to say nothing of the Miamis and the Illinois, of whom he might have a great number in his train if he had need of them. PRINTED FOR THE CAXTON CLUB BY R. R. DONNELLEY AND SONS COMPANY AT THE LAKESIDE PRESS, CHICAGO, ILL. t 94^ * .0 N ' . n;.^ t. \ • 'P ■^'^ vV ^ * ^ ' " < ' .N^^ cf> \\* iV > J :^^- \V,- %'^^ .^^. •N^- ^^ ^^ ''^é : * I 1 A * .^^'\, ■% \>' ^, « ♦ -*-. ' • * ..^^'• % .0 0^ -^^ V, ^ ^' 1.0 °,. • « 1 * ^<^ l'?-' 1 » * \- ■^A * . . "■«^r '>. •.^. .'i-^- .•*^' S^:- .*^.- "o 0^ LIBRARY OF CONGRESS 017 374 454 7