LIBRARY OF CONGRESS DDDD37DSDDt. 40. lO* ••:nL% V V •!•*• <^ «. c'S^ .^/5|^^ «^ A^ .>Va:- >. c'^ •^v^'^^ .* .'- ^^^0^ :\ ^oV^ Jil'* V ^^ ♦0*0^ o,^ ^^ * • N O * ^^ ^^. •^»^^^ \r /^K- %.^^ -^afe^o \>s^^ ^' *<» )'^ o«»-*« <^ '<»• .0^ . • r • . ,* .-. Ao \**-\/ v*^*/ v^\/ 4> .i'*. ^ ^^c ^T-€^^ (hvz^i,^ ^^r-'^i^V^ TRANSLATION, COMPOSITION, CONVERSATION. NAPOLfiON, PAB ALEXANDRE DUMAS. FOR THE USE OF COLLEGES AND SCHOOLS. WITH CONVERSATIONAL EXERCISES, EXPLANATORY NOTES, AND REFERENCES TO THE " NEW FRENCH METHOD," ON THE PLAN OF FASQXIELLE'S COLLOQUIAL FRENCH READEB, BY LOUIS^^FASQUELLE, LL.D., rSOTSSSOR OP MODERN LANGUAGES AND LITERATURE, IN THE UNITERSITT Or MICHIQAW, CORRESPONDING MEMBER OF THE NATIONAL INSTITUTE, AUTHOR OF " A NEW METHOD OF LEARNING THE FRENCH LANGUAGE," "THE COLLOQUIAL FRENCH HEADER," ' E L B E 111 lien que je puisse etre, je conserverai toiijours le souvenir des vertus des habitants de Tile d'Elbe.^ " Dalesme." Colloquial 1. Qu'avait dit Napoleon, en per- dant I'empire du monde? 2. Qu'avait -11 prefere a I'lta- lie? 3. Avait-il neglige les interets de ses compngnons ? 4. Dans quels corps les soldats de I'empereur avaient-ils ete choisis ? 5. Quelles stipulations Napoleon avait-il faites pour eux ? 6. Quand la fregate mouilla-t- elle dans la rade de Porto-Fer- rajo ? 7. Que fit le general Dalesme? 8. Que fit le nouveau gouver- neur.de I'ile ? 9. Qui Taccompngnait ? 10. Qu'arriva-t-il encore le soir meme ? 11. Que porta dans la ville, le lendemain matin, un detache- ment de troupes ? 12. Que fit-on du drapeau ? Exercise. 13. Que fit Napoleon vers deux heures ? 14. Comment fut-il salue ? 15. Quel habillement portait I'em- pereur ? 16. Par qui I'empereur fut-il re§u avant d'entrer dans la ville? 17. Que faisaient les troupes de la garnison ? 18. Qu'avait fait la population ? 19. Que ne pouvaient croire les pecheurs ? 20. Que fit Napoleon apr^s avoir repondu an maire ? 21. Que fit Dalesme le meme jour? 22. Quel est le commencement de la proclamation ? 23. Qu'avait dit Napoleon an ge- neral ? 24. Que devait dire le general aux habitants ? 25. Que dit en conclusion la pro- clamation ? Notes and References. — a. Un petit ecu, three francs. — h. M. p. 366.— c. gueule?, gules ; a la bande de gueules, with a red band. — d. entassee, crowded. — e. Elbois, Elhans. SECTION II. Les 400 grenadiers arriverent le 26 mai ; le 28, le gene- ral Dalesme partit avec I'ancienne garnison.^ L'ile etait en- 2 tierement livree a son nouveau souverain. Napoleon ne pouvait rester longtemps inactif. Apres avoir 4 172 NAPOLEON A L'tLE d'eLBE. consacre les premiers jours aiix travaux indispensables de son 2 installation, il monta a cheval le 18 raai^ et visita I'ile tout entiere : il voulait s'assurer par lui-meme de I'etat oii se trou- 4 vait I'agriculture,^ et quels etaient les produits plus ou moins certains de Pile, comme commerce, peche, extraction de mar- 6 bres et de metaux : il visita surtout avec une attention par- ticuliere les carrieres et les mines* qui en sont la principale 8 richesse. De retour a Porto-Ferrajo, apres avoir vu jusqu'au dernier 10 village et avoir donne partout aux habitants des preuves de sa sollicitude, il s'occupa d'oi-ganiser sa cour,^ et d'appliquer 12 les revenus publics aux plus pressants besoins. Ces revenus se composaient : des mines de fer dont on pouvait tirer un 14 million par an f de la peche du thon, qui etait afFermee^ de quatre a cinq cent mille francs ;^ des salines, dont I'exploita- 16 tion accordee a une societe pouvait rapporter a peu pres la meme somme ; enfin, de I'imposition fonciere^ et de quelques 18 droits de douanes. Tons ces produits, reunis aux deux mil- lions qu'il s'etait reserves sur le grand livre, pouvaient lui 20 constituer, a peu pres quatre millions et demi de revenu.® Napoleon dit souvent qu'il n'avait jamais ete si riche. 22 II avait quitte I'hotel de la mairie pour une jolie maison bourgeoises qu'il appelait pompeusement son palais de ville.' 24 Cette maison etait situee sur un rocher, entre le fort Falcone et le fort de I'Etoile, dans un bastion appele le Bastion des 26 Moulins ;^° elle consistait en deux pavilions et un corps de logis qui les reunissait. De ses fenetres, on dominait la ville 28 et le port," couches a ses pieds, de sorte qu'aucun objet nou- veau ne pouvait echapper a I'oeil du maitre. 30 Quant a son palais des champs, il etait situe a San-Mar- tino/'^ Avant son arrivee ce n'etait qu'une chaumiere, qu'il 32 avait fait reconstruire et meubler avec gout :^' au reste, I'em- pereur n'y couchait jamais, c'etait un but de promenade et 34 voila tout. Situee au pied d'une montagne tres-elevee, cdtoyee par un torrent, environn^e d'une prairie, elle embras- 36 sait la ville placee en amphitheatre devant elle," au pied de 1Y3 la ville le port, et a I'horizon, au dela de la surface vaporeuse de la mer, les rivages de la Toscane. 2 All bout de six semaines, Madame-Mere c. traite des blancs, white slave trade. — d. adjudication, sale^ — e. coup do main, sudden attach.— f. Lutece, Paris. SECTION XI, Le general du genie Haxo est charge de cette grande oeuvre: il fortifiera Paris : le general Lery fortifiera Lyon.^ Done, si les souverains allies nous laissent seulement jusqu'au l^r juin, I'effectif de notre armee sera portede 200,000 hommes a 414,000 hommes ;^ et, s'ils nous laissent jusqu'au l^r septembre, nonseulement cet efFectif sera double, mais encore toutes les villes seront fortifiees jusqu'au centre do la France et serviront, en quelque sorte, d'ouvrages avanc6s ^ 264 LES CENT JOURS. la capitale. Ainsi, 1815 rivalise avec 1793, et Napoleon a 2 obtenu le meme resultat que le Comite de salut public,^ sans avoir besoin de le presser avec les doiize guillotines qui fai- 4 saient partie des bagages de I'armee revolutionnaire. C'est qu'anssi, il n'j a pas un instant a perdre : les allies, 6 qui se disputent la Saxe et Cracovie, sont restes I'arme au bras et la jneclie allumee.* Quatre ordres sont donnes, et 8 I'Europe marclie de nouveau centre la France. Wellington et Bluclier rassemblent 220,000 hommes. Anglais, Prussiens, 10 Hanovriens, Beiges et Brunswickois, entre Liege et Courtray ;^ les Bavarois, les Badois, les Wurtembergeois, se pressent dans 12 le Palatinat et dans la Foret-Noire ;^ les Autrichiens s'avan- cent a marches forcees pour les rejoindre ; les Russes traver- 14 sent la Franconie et la Saxe, et, en moins de deux mois,° seront arrives de la Pologne aux bords du Rliin. 900,000 16 bomnies sont prets, 300,000 vont I'etre. La coalition a le secret de Cadmus ; a sa voix, les soldats sortent de terre.' 18 Cependant, a mesure que Napoleon voit grossir les armees ennemies, il sent de plus en plus le besoin de s'appuyer sur 20 cepeuple qui lai a manque en 1814.® Un instant il hesite s'il ne laissera pas de cote la couronne irap-eriale pour ressaisir 22 I'epee du premier consul : mais, ne au milieu des revolutions, Napoleon a peur d'elles ;° il craint I'emportement populaire, 24 parce qu'il sait que rien ne le pent dompter. La nation s'est plainte^ de mariquer de liberte, il lui donnera Facte addition- 26 nel :^° 1790 a eu sa federation, 1815 aura son champ de mai : peut-etre la France s'y trompera-t-elle. Napoleon passe en 28 revue les federes, et, le 1^^ juin, sur I'autel du Champ-de- Mars, il fait serment de fidelite a la nouvelle constitution.'* 30 Le m6me jour, il ouvre les diambres.c Puis, debarrasse de toute cette comedie politique qu'il joue 32 a regret, il reprend son veritable role et redevient general. II a 180,000 hommes disponibles pour ouvrir la campagne." 84 Qu'en fera-t-il ? marchera-t-il au-devant des Anglo-Prussiens, pour les joindre a Bruxelles ou a Naraur ?'' attend ra-t-il les 36 allies sous les murs de Paris ou de Lyon? sera-t-il Anuibal ou Fabius ? LES CENT JOURS. 205 S'il attend les allies, Napoleon gagne jusqu'au mois d'aout, et alors il aura complete ses levees, termine ses pveparatifs, 2 organise tout son materiel :^* il combattra avec toutes ses ressources une armee afifaiblie des deux tiers par les corps 4 d'observation qu'elle aura ete forcee de laisser derriere elle. Mais la moitie de la France, livree a I'ennerai, ne compren- 6 dra pas la prudence de cette manoeuvre.^ ^ On pent faire le Fabius quand on a, comme Alexandre, un empire qui couvre 8 la septieme partie du globe," ou lorsque, comme Wellington, on manoeuvre sur I'empire des autres. D'ailleurs, toutes ces 10 teraporisations ne sont pas dans le genie de I'empereur. Au contraire, en transportant les hostilites en Belgique, on 12 6tonnera I'ennemi qui nous croit hors d'etat d'entrer en cam- pagne :" Wellington et Blucher peuvent etre battus, disperses, 14 aneantis, avant que le reste des troupes allies n'ait eu le temps de les rejoindre. Alors, Bruxelles se declarera, les bords du 16 Rhin reprendront les armes, I'ltalie, la Pologne et la Saxe se souleveront; et ainsi, des le commencement de la campagne, 18 le premier coup, s'il est bien frappe,^® pent dissoudre la coalition. 20 11 est vrai aussi qu'en cas de revers, on attire I'ennemi en France des le commencement de juillet,^" c'est-a-dire pres de 22 deux mois plus tot qu'il n'y viendrait de lui-meme. Mais, est-ce apres sa marcbe triomphale du golfe Juan a Paris que 24 Napoleon pent douter de son armee et prevoir une defaite ? De ces 180,000 hommes, I'empereur doit distraire un quart 26 pour garnir Bordeaux, Toulouse, Chambery, Befort, Stras- bourg, et comprimer la Vendee,'^" cevieux cancer politique 28 mal extirpe par Hoche et par Kleber : il reste done avec 125,000 hommes, qu'il concentre de Philippeville a Mau- 30 beuge. II a 200,000 hommes devant lui, c'est vrai; mais s'il attend seuleraent six semaines encore, il aura a la fois 32 I'Europe tout entiere sur les bras.^ Le 12 juin, il part de Paris; le 14, il porte son quartier general a Beaumont,^^ ou 34 il campe au milieu de 60,000 hommes, jetant a sa droite 16,000 hommes sur Philippeville, et a sa gauche 40,000 36 hommes vers Solre-sur-Sambre. Dans cette position, Napo- 206 LES CENT J OURS. leon a devant lui la Sambre, a sa droite la Meuse, a sa 2 gauche et derriere lui les bois d'Avesne, de Chimay. et de Gedine. 4 De son cote, I'enuemi, place entre la Sambre et I'Escaut, s'echelonne sur un espace de vingt lieues a peu pres.'''' 6 L'armee prusso-saxonne, commandee en chef par Blucher, forme I'avant-garde. Elle compte 120,000 hommes et 300 8 bouches a feu." Elle se divise en quatre grands corps \^* le premier, commande par le general Ziethen, qui a son quar- 10 tier general a Charleroi et Fleurus, et qui forme le point de concentration ; le second, commande par le general Pirsch, 12 cantonne aux environs de Namur; le troisieme, commande par le general Thielmal, et qui borde la Meuse aux environs 14 de Dinant ; le quatrieme, commande par le general Bulow, et qui, place en arriere des trois premiers," a etabli son quar- IG tier general a Liege. Disposee ainsi, l'armee prusso-saxonne a la forme d'un fer a cheval dont les deux extremites s'avan- 18 cent," d'un cote, comme nous I'avons dit, jusqu'a Charleroi et de I'autre jusqu'a Dinant, et sont eloignees, I'une de trois 20 lieues, I'autre d'une lieue et demie seulement de nos avant" postes. Colloquial Exercise. 1. De quoi les generaux Haxo et Lery furent-ils charges ? 2. A quel nombre I'effectif de Tarmee pouvait-il 6tre porte au 1" juin? 3. Qu'avait obtenu Napoleon 1 4. Pourquoi n'y avait-il pas un instant i perdre ? 5. Que fiirent Wellington et Blucher? 6. Que firent les Russes ? 7. Quel secret avait la coalition? 8. Que sentait Napoleon? 9. Pourquoi hesitait-il ? 10. Que devait-il donner k la na- tion ? 11. Que fit-il le l^"- juin? 12. Coinbien d'hommes disponi- bles avait-il ? 13. Quelle alternative avait- il? 14. Que pouvait-il fairs avant le mois d'aout? 15. Quels inconvenientspr6sentait ce parti ? 16. Quand peut-on faire le Fa- biiis? 17. Quels avantages offrait le parti contraire? 18. Qu'est ce qui pouvait arriver d^s le commencement de la campagne? LES CENT JOURS. 207 19. Quels evenements pouvaient suivre un revers ? 20. A quoi I'empereur devait-il employer un quart de ses troupes ? 21. Quefit-il le 12 et le 14? 22. Que fit rennemi,de son cote? 23. Quelles etaient les forces de I'armee prusso-saxonne ? 24. Comment etait-elle divisee? 25. Od etait le corps du general . Bulow? 26. Quelle forme avait cette ar- mee ? Notes and References. — a. La Foret-Noire, the Black Forest. — h. M. p. 878. — c. les chambres, the legislative chambers. — d. sur les bras, on his hands. SECTION XII. L'arm^e anglo-hollandaise est commandee en chef par Wellington; elle compte 104,200 homines/ et forme dix di- 2 visions : ces divisions sent separees'' en deux grands corps d'infanterie et un corps de cavalerie. Le premier corps d'in- 4 fanterie est commando par le prince d'Orange, dont le quar- tier general est a Braine-le-Comte ; le second corps est com- 6 mande par le lieutenant-general Hill, dont le quartier general est a Bruxelles ; enfin la cavalerie, qui stationne autour de 8 Grammont,^ est commandee par le lord Uxbridge ; quant au grand pare d'artillerie, il est cantonne a Gand. 10 La seconde armee presente la meme disposition de lignes que la premiere:* seulement le fer a cheval est retourne, et, 12 au lieu que ce soient les extremites, c'est le centre qui se trouve le plus rapproche de notre front de bataille, dont il est 14 entierement separe par I'armee prusso-saxonne. Napoleon est arrive dans la soiree du 14 a deux lieues des 16 ennemis,^ sans qu'ils aient encore la moindre connaissance de sa marche: il passe une partie de la nuit courbe sur une 18 grande carte des environs," et entoure d'espions qui lui appor^ tent des renseignements certains sur les differentes positions 20 de I'ennemi :'' lorsqu'il les a entierement reconnues, il calcule avec sa rapidite ordinaire qu'ils ont tellement etendu leurs 22 208 LES CENT JOURS. lignes, qii'il leur faut trois jours pour se reunir ;' en les atta- 2 quant a I'improviste, il pent diviser les deux armees et les battre separernent. D'avance il a concentre en un seul corps 4 20,000 chevaux : c'est le sabre de cette cavalerie qui coupera par le milieu le serpent dont il ecrasera ensuite les troncons 6 s^pares.'* Le plan de bataille est trace : Napoleon exf)edie ses difFe- 8 rents ordres, et continue d'examiner le terrain et d'interroger les espions." Tout le confirme dans I'idee qu'il connait par- 10 faitement la position de I'ennemi, et que I'ennemi, au contraire, ignore completement la sienne,-' quant tout a coup un aide 12 decamp du general Gerard arrive au galop : il appoite la nouvelle que le lieutenant-general Bourmont, les colonels 14 Clouet et Willoutrey, du quatriem^ corps, sont passes a^ I'en- nemi. ^'^ Napoleon I'ecoute avec la tranquillite d'un homrae 16 habitue aux trahisons; puis, se retournant vers Ney, qui est debout^ pres de lui : 18 — Eh bieh ! vous entendez, marechal ; c'est votre protege, dont je ne voulais pas/^ dont vous m'avez repondu, et que 20 je n'ai place qu'a votie consideration : le voila passe a I'ennemi. 22 — Sire, lui repondit le marechal, pardonnez-moi ; maisje le croyais si devoue,^* que j'en eusse repondu comme de moi- 24 meme. — Monsieur le marechal, reprend Napoleon en se levant et 26 en lui appuyant la main sur le bras,^^ ceux qui sont bleus restent bleus, et ceux qui sont blancs restent blancs." 28 Puis il se rassied,*' et fait a I'instant meme a son plan d'at- taque les changements que cette defection necessite.'° 80 A la pointe du jour, ses colonnes se raettront en mouve- ment. L'avant-garde de la gauche, formee de la division 32 d'infanterie du general Jerome Bonaparte, repoussera l'avant- garde du corps prussien du general Ziethen,'^ et s'emparera 34 du pont de Marchiennes : la droite, commandee par ie gene- ral Gerard, surprendra de bonne heure le pont du Chatelet,'® 36 tandis que la cavalerie legere du general Pajol, formant l'avant-garde du centre, s'avancera, soutenue par le troisieme LES CENT JOURS. 209 corps d'infanterie, et s'emparera du pont de Charleroi. A dix heiires, I'armee francaise aura passe la Sambre et sera sur 2 le territoire ennemi. Tout s'execute comme Napoleon I'a ordonne.^® Jerome 4 culbute Ziethen et lui fait 500 prisonniers ; Gerard s'empare du pont du Chatelet et repousse I'ennemi plus d'une lieue au 6 dela de la riviere ; il n'y a que Vandamme qui est en retard, et qui, a six heures du matin, n'a pas quitte encore son camp. 8 " II nous rejoindra, dit Napoleon : chargez, Pajol, avec votre cavalerie legere ; je vous suis SECTION I L'empereur coucha le meme soir dans une espece d'au- berge ou il se trouva fort mal.' Le lendemain, a six heures 2 du matin, il partit a cheval avec le grand-mareclial Bertrand et I'amiral Keith, pour Longwood,^ maison que ce dernier 4 avait arretee pour sa residence, comme la plus convenable de I'ile. En revenant, I'empereur s'arreta a un petit pavilion de- 6 pendant d'une maison de campagne' qui appartenait a un ne- gociant de File, nomme M. Balcombe. C'etait son logis 8 temporaire, et il devait demeurer la tant que Longwood ne serait pas en etat de le recevoir.* II avait ete si mal la 10 veille, que, quoique ce petit pavilion fiit presque entierement degarni, il ne voulut pas revenir a la ville. 12 Le soir, quand Napoleon voulut se coucher, il se trouva qu'une fenetre, sans vitrages, sans contrevents et sans rideaux, 14 donnait sur son lit.* M. de Las-Cases et son fils la barrica- derent du mieux qu'ils purent, et gagnerent une mansarde," 16 ou ils se coucherent chacun sur un matelas ; les valets de cbambre, enveloppes de leurs manteaux, s'etaient jetes en tra- 18 vers de la porte. Le lendemain, Napoleon dejeuna sans nappe ni serviette, 20 avec le reste du diner de la veille. Ce n'etait que le prelude de la misere et des privations qui 22 Pattendaient a Longwood. 11 242 NAPOLEON A SAINTE-H^LftNE. Cependant, peu a pen cette position s'ameliora : on fit venir 2 du Northumberland le linge et I'argenterie :' le colonel du o3' avait fait oftVir line tente, que Ton diessa en j^rolongement de 4 la chambre de rempereur ; des-lors, Napoleon, avec sa regu- larite ordinaire, songea a mettre im peu d'ordre dans ses 6 journees." A dix heures, Perapereur faisait appeler M. de Las-Cases, 8 pour dejeuner avec lui :' le dejeuner fini, et apres une demi- heure de conversation, M. de Las-Cases relisait ce qui lui avait 10 ete dicte la veille: cette lecture aclievee, Napoleon continuait de dieter jusqu'a quatre beures. A quatre heures, il s'habil- 12 lait et sortait, pour qu'on put faire sa chambre, descendait dans le jardin, qu'il aflfectionnait beaucoup,^" et au bout du- 14 quel une espece de berceau reconvert en toile, comme une tente, lui offrait un abri contre le soleil ; il s'asseyait ordinai- 16 rement sous ce berceau, ^^ ou I'on avait apporte une table et des chaises ; la, il dictait a celui de ses compagnons qui arri- 18 vait de la ville pour ce travail,^^ jusqu'a I'heure du diner, qui etait fixee a sept heures. Le reste de la soiree, on lisait, ou 20 du Racine, ou du Moliere, car on n'avait pas de Corneille :** Napoleon appelait cela aller a la comedie ou a la tragedie. 22 Enfin, il se couchait le plus tard qu'il pouvait, attendu que, lorsqu'il se couchait de bonne heure,'* il se reveillait au mi- 24 lieu de la nuit et ne pouvait plus se rendormir. En effet, quel est celui des damnes de Dante qui cut voulu 26 troquer son supplice contre les insomnies de Napoleon ? Au bout de quelques jours, il se trouva fatigue et malade. 28 On avait mis trois chevaux a sa disposition, et, pensant qu'une promenade lui ferait du bien, il arrangea, avec le general 80 Gourgaud et le general Montholon, une cavalcade pour le lendemain ;" mais, dans la journee, il apprit qu'un officier 32 anglais avait ordre de ne pas le perdre de vue : aussitot, il renvoya les chevaux, en disant que tout etait calcul dans la 34 vie, et que des que le mal d'apercevoir son geolier'* etait plus grand que le bien que pouvait procurer Fexercice, c'etait un 36 gain tout clair que de rester chez soi. L'empereur rempla^a cette distraction par des promenades NAPOLlfiON A SAINTE-HfiLfeNS. 243 de niiit qui duraient quelquefois jusqu'a deux heures du matin." 2 Enfin, le dimanche 10 decembre, I'amiral fit prevenir Na- poleon que sa maison de Longwood etait pr^te :^® et, le meme 4 jour, I'empereur s'y reudit a cheval. L'objet qui lui causa le plus vif plaisir, dans son nouvel ameublement, fut une bai- 6 gnoire en bois, que I'amiral etait parvenu a faire executer, sur ses dessins, par un charpentier de la ville, une baignoire 8 etant un meuble inconnu a Longwood ; le meme jour, Napo- leon en profita. 10 Lelendemain, le service de I'empereur commenca a s'organi- ser: il se divisait en trois series, chambre, livree et bouche, et 12 se composait de onze personnes." Quant a la haute maison,^ tout fut a peu pres regie comme 14 al'iled'EIbe: le grand-marechal Bertrand conserva le com- mandement et la surveillance generale.'"' M. de Montholon 16 fut charge des details domestiques, le general Gourgaud eut la direction de I'ecurie, et M. de Las-Cases surveilla I'adminis- 18 tration interieure. Quant a la division de la journee, c'etait a peu pres la 20 meme qu'a Briars. ^^ A dix heures, I'empereur dejeunait dans sa chambre sur un gueridon, tandis que le grand-mare- 22 chal et ses compagnons mangeaient a une table de service," ou ils etaient libres de faire des invitations particulieres.' 24 Comme il n'y avait pas d'heure fixe pour la promenade, la chaleur etant tres-forte le jour, I'humidite prompte et grande 26 le soir," et que les chevaux de selle et la voiture, qui devaient toujours venir du cap, n'arrivaient jamais, I'empereur travail- 28 lait une partie de la journee, soit avec M. de Las-Cases,'* soit avec le general Gourgaud ou le general Montholon. Dehuit 30 a neuf heures on dinait rapidement, la salle a manger ayant conserve une odeur de peinture insupportable a I'empereur:" 32 puis on passait au salon, ou etait prepare le dessert. La, on lisait Racine, Moliere ou Voltaire, en regrettant de plus en 34 plus Corneille.-" Enfin, a dix heures, on se mettait k une ta- ble de reveisis, jeu favori de I'empereur,'^ et auquel on restait 36 ordinairement jusqu'a une heure du matin. 244 NAPOLEON A SAINTE-HfiL^NE. Toute la petite colonie etait logee a Long wood, a I'excep- 2 tion du marechal Bertrand et de sa famille, qui habitaient Hut's Gate, mauvaise petite maison situee sur la route de la 4 ville." L'appartement de I'empereur etait compose de deux cham- 6 bres, chacune de quinze pieds de long sur douze de large et environ sept de haut:" des pieces de nankin, tendues en 8 guise de papier, les garnissaient toutes deux : un mauvais tapis en couvrait le plancher. 10 Dans la cbambre a coucber etait le petit lit de campagne ou coucbait l'empereur,'° un canape, sur lequel il reposait la 12 plus grande partie de la journee, au milieu des livres dont il etait encombre ; a cote, un petit gueridon sur lequel il de- 14 jeunait et dinait dans son interieur, et qui, le soir, portait un chandelier a trois branches reconvert d'un grand chapiteau. 16 Entre les deux fenetres, et a I'opposite de la porte, etait une commode contenant le linge de I'empereur,'' et sur la- 18 quelle etait son grand necessaire.^ La cheminee, surmontee d'une fort petite glace, etait ornee 20 de plusieurs tableaux." A droite, etait le portrait du roi de Rome, a cheval sur un mouton ;" a gauche, et en pendant, 22 etait un autre portrait du roi de Rome, assis sur un coussin et essayant une pantouffle ; au milieu de la cheminee, etait 24 un buste en marbre du meme enfant royal ; deux chandeliers, deux flacons et deux tasses de vermeil, tires du necessaire de 26 I'empereur, completaient la garniture de ]a cheminee. Enfin, aupres du canape, et precisement en face de I'em- 28 pereur quand il y reposait etendu, ce qui avait lieu une grande partie du jour, etait le portrait de Marie-Louise," 30 tenant son fils entre ses bras, peint par Isabey. En outre, sur la gauche de la cheminee, et en dehors des 32 portraits, etait la grosse montre d'argent du grand Frederic," espece de reveille-matin pris a Postdam, et, en regard, la 34 propre montre de I'empereur, celle qui avait sonne I'heure de Marengo et d'Austerlitz, recouverte en or des deux c6tes, et 36 portant la lettre B. NAPOLlfiON A SAINTE-H]6l6nE. 245 Colloquial Exercise. 1. Oil coucha Tempereur, le m^me soir? 2. Que fit-il le lendemain ma- tin? 3. Ou s'arreta-t-il en revenant? 4. Devait-il y demeurer long- temps ? 6. Que trouva-t-on le soir ? 6. Que firent MM. de Las-Cases ? 7. La position de I'empereur s'ameliora-t-elle 1 8. A quoi songea-t-il dfes-lors ? 9. Que faisait-il a dix heures ? 10. Que faisait-il a quatre heures 1 11. Ou s'asseyait - il ordinaire- ment? 12. Que faisait-il sous le berceau ? 13. Que faisait-on le reste de la soiree ? 14. Pourquoi I'empereur se cou- chait-il tard? 15. Qu'arrangea-t-il avec Gour- gaud et Montholon ? 16. Que dit-il en renvoyant les chevaux 1 17. Comment rempla§a-t-i] cettc distraction ? 18. Que fit I'amiral le 10 decem- bre ? 19. De combien de personnes se composait le service de I'em- perejir ? 20. Comment la haute maison etait-elle reglee ? 21. Quelle etait la division de la journee ? 22. Oil dejeunait-on? 23. Pourquoi n'y avait-il pas d'heure fixe pour la prome- nade ? 24. Avec qui I'empereur travail- lait-il une partie de la journee 1 25. Pourquoi dinait-on rapide- ment? 26. Que faisait-on dans le salon ? 27. A quel jeu jouait-on a dix heures ? 28. Ou logeaient le general Ber- trand et sa famille ? 29. De combien de pieces etait compose I'appartement de Na- poleon ? 30. Que voyait-on dans la cham- bre a coucher ? 31. Qu'y avait-il entre les deux fenetres 1 32. Quels etaient les ornementa de la cheminee ? 33. Que voyait-on a droite et k gauche ? 34. Qu'y avait-il en face du ca- nape ? 35. Que voyait-on sur la gauche de la cheminee 1 a. haute maison, high officers. — b. necessaire, dressing-box. 246 NAPOLEON A SAINTE-h6l6nE. SECTION II. La seconde piece, servant de cabinet, n'avait d'abord pour 2 tout meuble que des planches brutes,^ posees sur de simples treteaux, supportant un bon norabre de livres epars et les 4 divers cbapitres ecrits par chacun des generaux ou secretaires sous la dictee de I'empereur;^ ensuite, entre les deux fen^tres, 6 une armoire en forme de bibliotheque ;^ a I'opposite, un lit, semblable au premier, et sur lequel I'empereur reposait par- 8 fois le jour et se couchait meme la nuit,* apres avoir quitt6 le premier dans ses frequentes et longues insomnies : enfin, 10 dans le milieu etait la table de travail,^ avec Findication des places qu'occupaient ordinairement I'empereur, lorsqu'il dic- 12 tait, et MM. de Montholon, Gourgaud ou de Las-Cases, lors- qu'ils ecrivaient. 14 Tels etaient la vie et le palais de Thomme qui avait tour a tour babite les Tuileries, le Kremlin et FEscurial. 16 Cependant, malgre la chaleur du jour, malgre l'humidit6 du soir, malgre I'absence des choses les plus necessaires a la 18 vie commune, I'empereur eut supporte avec patience toutes ces privations si I'on n'avait pris a tache de I'entourer, de le 20 traiter,^ non-seulement comme prisonnier dans Tile, mais en- core comme prisonnier dans sa maison. On avait decide, 22 comme nous I'avons dit, que lorsque Napoleon monterait k clieval,' un ofiicier I'accompagnerait toujours : Napoleon 24 avait pris le parti de ne plus sortir.' Alors sa Constance avait lasse ses geoliers, et on avait leve cette consigne, pourvu 26 qu'il demeurat dans certaines limites ;' mais, dans ces limites, il etait enferme par un cercle de sentinelles : un jour, une de 28 ces sentinelles coucha I'empereur en joue,'" et le general Gourgaud lui arracha son fusil au moment oii probableraent SO elle allait faire feu. Cette enceinte ne permettait guere, au reste, qu'une demi-lieue de course, et comme Tempereur ne 32 voulait pas la depasser, pour s'epargner la compagnie de spn gardien," il prolongeait sa promenade en descendant, par des NAPOLEON A sainte-h]6lI:ne. 247 cbemins a peine frayes, dans des ravins profonds ou il est incroyable qu'il ne se soit pas dix fois precipite. 2 Malgre ce changement dans ses habitudes, la sant6 de . I'empereiu' se maintint assez bonne pendant les six premiers 4 mois." Mais I'hiver suivant, le temps etant devenii constamment 6 maiivais," I'bumidite et la pluie ay ant envahi les apparte- ments de carton qu'il babitait, il commenca a eprouver de 8 frequentes indispositions/* qui se manifestaient par des lour- deurs et des engoiirdissements. Au reste, Napoleon n'igno- 10 rait pas que Fair etait des plus insalubres," et qu'il etait rare de rencontrer dans I'ile une personne ay ant atteint Tage de 12 cinquante ans. Sur ces entrefaites, un nouveau gouverneur" arriva et fut 14 presente par I'amiral a I'empereur : c'etait un bomme d'envi- ron quarante-cinq ans, d'une taille commune, mince, maigre, 16 sec, rouge de visage et de cbevelure/^ marquete de tacbes de rousseur, avec des yeux obliques, se fixant a la derobee, ne re- 18 gardant que rarement en face, et reconverts de sourcils d'un blond ardent, epais et fort proeminents. II se nommait sir 20 Hudson Lowe. A partir du jour de son arrlvee, de nouvelles vexations 22 commencerent,^* qui devinrent de plus en plus intolerables. Son debut fut d'envoyer a I'empereur deux pamphlets contre 24 lui.^' Puis il fit subir a tons les domestiques un interroga- toire, pour savoir d'eux si c'etait librement et de leur pleine 26 volonte qu'ils demeuraient avec I'empereur.'^'* Ces nouvelles contrarietes lui occasionnerent bientot une de ces indisposi- 28 tions"^ auxquelles il devenait de plus en plus sujet : elle dura cinq jours, pendant lesquels il ne sortit pas,^^ mais cependant 30 continua de dieter sa campagne d'ltalie. Bientot, les vexations du gouverneur s'augmenterent en- 32 core: il porta I'oubli des plus simples convenances jusqu'a inviter a diner chez lui le general Buonaparte, ^'^ pour le faire 34 voir a une Anglaise de distinction qui avait relache a S*®-He- lene. Napoleon ne repondit pas m6me a I'invitation. Les 36 persecutions redoublerent. 248 NAPOLlfiON A SAINTE-H^L^NE. Personne ne put desormais ecrire sans avoir prealablement 2 communique la lettre an gouverneur, et toute lettre donnant a Napoleon le litre d'empereur etait confisquee. 4 On fit signifier au general Buonaparte que la depense qu'il faisait etait trop grande,*^* que le gouvernement n'avait entendu 6 lui donner qu'une table journaliere de quatre personnes au plus, une bouteille de vin par jour pour cbaque personne, et 8 un diner prie par semaine : s'il y avait des depenses exce- dantes, le general Buonaparte et les personnes de sa suite 10 devaient les payer. L'empereur fit briser son argenterie et I'envoya a la ville :" 12 mais le gouverneur fit dire qu'il entendait qu'elle ne fut ven- due qu'a rhomme qu'il presenterait ;^° I'homme qu'il pre- 14 senta donna six mille francs du jDremier envoi qui avait ete fait :" c'etaient les deux tiers a peine de la valeur de cette 16 argenterie prise au poids. L'empereur prenait un bain tons les jours : on lui fit dire 18 qu'il devait se contenter d'un bain par semaine, I'eau etant rare a Long wood. '^^ II y avait quelques arbres sous lesquels 20 il allait parfois se promener, et qui donnaient la seule ombre qu'il y eut dans la limite assignee a ses promenades : le gou- 22 verneur les fit abattre f^ et comme l'empereur se plaignait de cette cruaute, il repondit qu'il ignorait que ces arbres fussent 24 agreables all general Buonaparte, mais que, du moment qu'il les regrettait, on enplanterait d^autres.^° 26 Alors, Napoleon avait parfois des mouvements d'emporte- ment sublime. Cette reponse en excita un. 28 "Le plus mauvais procede des ministres anglais, s'ecria- t-il, n'est plus desormais de m'avoir envoye ici, mais de m'y 30 avoir place en vos mains.^^ Je me plaignais de I'amiral ; mais, au moins, il avait du cceur, lui : vous, vous deshonorez 32 votre nation, et votre nom restera une fletrissure." Enfin, on s'apercut a la qualite de la viande, qu'on four- 34 nissait a la table de l'empereur des betes mortes et non tuees." On fit demander a les avoir vivantes: cette demande fut 36 refuse e. Des-lors, I'existence de Napoleon n'est plus qu'une lente et NAPOLEON. A S AINTE -Hl^LilNE. 249 p6nible agonie, qui cependant dure cinq ans :^^ pendant cinq ans encore, le moderne Promethee reste enchaine sur le roc 2 ou Hudson Lowe lui ronge le coeur. Enfin, le 20 mars 1821, jour du glorieux anniversaire de la rentree de Napoleon a 4 Paris, Napoleon eprouva, des le matin, une forte oppression a I'estomac et une sorte de suffocation fatigante a la poi trine ; 6 bientot une douleur aigue se fit sentir a I'epigastre, dans I'hy- pochondre gauche, et s'etendit sur le cote du thorax jusqu'a 8 I'epaule correspondante. Malgre les premiers remedes, la fievre eontinua. Vers cinq heures de I'apres-midi, il j eut 10 un redoublement, accorapagne d'un froid glacial, surtout aux extremites inferieures, et le malade se plaignit de crampes. 12 En ce moment, madame Bertrand etant venue lui faire une visite. Napoleon s'efforca de paraitre moins abattu,^* et eifecta 14 meme un pen de gaiete ; mais bientot, sa disposition melan- colique reprenant le dessus : "II faut nous preparer a la sen- 16 tence fatale :^^ vous, Hortense et moi, sommes destines a la subir sur ce vilain rocher. J'irai le premier, vous viendrez 18 ensuite, Hortense vous suivra. Mais nous nous retrouverons tons les trois la-haut." Puis il ajouta ces quatre vers de 20 Zaire : Mais a revoir Paris je ne dois plus pretendre :^^ Vous voyez qu'au tombeau je suis pret a descendre. Je vais au roi des rois demander aujourd'hui Le prix de tous les maux que j'ai soufferts pour lui. Colloquial Exercise. 1. La seconde pi^ce etait-elle meublee? 2. Que supportaient les planches ? 3. Qu'y avait-il entre les deux fenetres 1 4. Que voyait-on a Topposite '? 6. Qu'y avait-il au milieu? 6. Qu'est-ce qui empechait Tem- pereur de supporter ces priva- tions avec patience ? 7. Qu'avait-on decide ? 8. Quel parti Napoleon avait-il pris? 9. Qu'avait-on fait ensuite 1 10. Qu'arriva-t-il un jour? 11. Que faisait I'empereur ■? 12. Comment se portait-il ? 1 3. Quel temps fit-il I'hiver suivant? 14. Qu'est-ce que I'empereur corn- men §a a 6prouver? 11* 260 NAPOLEON A S AINTE-H^LfeNE. 15. Qu'est-ce qu'il n'ignorait pas ? 16. Qui arriva alors dans Tile ? 17. Quel etait le nouveau gouver- iieur ? 18. Quelles furent les conse- quences immediates de son ar- rivee ? 19. Quelfut son debut? 20. Que fit-il ensuite ? 21. Qu'occasionnerent bient6t, a I'empereur, ces nouvelles con- Irarietes 1 22. Combien de temps cette in- disposition dura-t-elle? 23. Que fitbientot legouverneur? 24. Que fit-on signifier a Napo- leon? 26. Que fit I'empereur ? 26. Que fit dire le gouverneur? 27. Obtint-on la valeurde I'argeii- terie ? 28. Que fit-on dire ensuite a Na- poleon ? 29. Que fit-on a I'egard des ar- bres? 30. Que repondit-on aux plaintes de Napoleon? 31. Que dit Napoleon au gouver- neur? 32. De quoi s'aper^ut-on ? 33. Que devint des-lors I'exis- • tence de Napoleon ? 34. Que fit Napoleon quand Ma- dame Bertrand vint le voir ? 35. Que dit-il ensuite ? 36. Qu'ajouta-t-il a ces paroles? SECTION III. La nuit qui suivit fut agitee, les symptoraes devinrent de 2 plus en plus graves :^ une boisson emetisee les fit disparaitre momentanement, mais ils reparurent bientot. Une consul- 4 tation eut lieu alors, presque malgre I'empereur, entie le doc- teur Antomarchi et M. Arnott,' chirurgien du 20" regiment 6 en garnison dans File. Ces messieurs reconnurent la neces- site d'appliquer un large vesicatoire sur la region abdominale, 8 d'administrer un purgatif, et de verser d'lieure en heure du vinaigre sur le front du malade. La maladie ne continua 10 pas moins a faire des progres rapides. Un soir, un domestique de Longwood dit qu'il avait vu une 12 comete:^ Napoleon I'entendit, et ce presage le frappa. '*Une comete ! s'e.()ria-t-il, ce fut le signe precurseur de la- mort de 14 Cesar."^ Le 11 avril, le froid aux pieds devint excessif. Le docteur NAPOLEON A S AINTE-H^Lfe NE. 251 essaya des fomentations pour le dissiper. " Tout cela est inu- tile, lui dit Napoleon, ce n'est point la, c'est a Pestomac, 2 c'est au foie, qu'est le rnal : vous n'avez point de remede con- tre I'ardeur qui me bmle, point de preparation, point de me- 4 dicaments pour calmer le feu dont jo suis devore." Le 15 avril, il comraenca a rediger son testament,^ et ce 6 jour-la I'entree de sa cbambre fut interdite a tout le monde, excepte a Marchand et au general Montholon, qui resterent 8 avec lui depuis une heure et demie jusqu'a six heures du soir.' A six heures, le docteur entra : Napoleon lui montra son 10 testament commence et cbaque piece de son necessaire eti- quetee du nom des personnes auxquelles elles etaient desti- 12 nees/ " Vous voyez, lui dit-il, je fais mes apprets pour m'en aller." Le docteur voulut le rassurer: Napoleon I'arreta : 14 "Plus d'illusion, ajouta-t-il ; je sais ce qu'il en est, et je suis resigne"^ 16 Le 19 amena un mieux sensible qui rendit I'esperance a tout le monde,® excepte a Napoleon: cbacun se felicitait de 18 ce cbangement : Napoleon nous laissa dire, puis, en souriant : " Vous ne vous trompez pas, je vais mieux aujourd'hui, raais 20 je n'en sens pas moins que ma fin approche.^° Quand je serai mort, cbacun de vous aura la douce consolation de retourner 22 en Eui'ope. Vous reverrez les uns vos parents, les autres vos amis. Moi, je retrouverai mes braves au ciel. Oui, oui, 24 ajouta-t-il, en s'animant et en elevant la voix avec un accent inspire, oui, Kleber, Desaix, Bessieres, Duroc, Ne}^ Murat, 26 Massena, Bertbier, viendront a ma rencontre/^ lis me par- leront de ce que nous avons fait ensemble, je leur conterai les 28 derniers evenements de ma vie : en me revoyant, ils redevien dront tons fous d'enthousiasmeet de gloire. Nous causerons 30 de nos guerres avec les Scipion, les Cesar, les Annibal, et il y aura plaisir a cela ... A moins, continua-t-il en souriant, qu'on 32 ne s'effraye la-baut de voir tant de guerriers ensemble." Quelques jours apres, il fit venir son chapelain Vignali.^'* 34 " Je suis ne dans la religion catbolique, lui dit-il, je veux rem- plir les devoirs qu'elle impose et recevoir les sacrements qu'elle 36 administre." Vous direz tons les jours la messe dans la cba- 262 NAPOLEON A SAINTE-HfiLfeNE. pelle voisine, et yous exposerez le S^-Sacrement pendant les 2 qnarante lieures. Quand je serai mort, vons placerez votre autel a ma tete, dans la chambre ardente,^ puis vous con- 4 tinuerez a celebrer la messe. Vous ferez toutes les ceremo- nies d'usage, et vous ne cesserez que lorsque je serai enterre." 6 Apres le pretre, vint le tour du medecin. "Mon cher docteur, lui dit-il, apres ma mort, qui ne saurait etre eloi- 8 gnee,^* je veux que vous fassiez I'ouverture de mon cadavre, mais j'exige qu'aucun medecin anglais ne mette la main sur 10 moi. Je souhaite que vous preniez mon coeur, que vous le mettiez dans de I'esprit-de-vin, et que vous le portiez a ma 12 chere Marie-Louise :^* vous lui direz que je I'ai tendrement aimee, que je n'ai jamais cesse de I'aimer ;" vous lui racon- 14 terez tout ce que j'ai soufFert; vous lui direz tout ce que vous avez vu ; vous entrerez dans tous les details de ma mort. Je 16 vous recommande surtout de bien examiner mon estomac, et d'en faire un rapport precis et detaille que vous remettrez a 18 mon jBIs. Puis, de Vienne, vous vous rendrez a Kome :^' vous irez trouver ma mere, ma famille ; vous leur rapporterez 20 ce que vous avez observe relativement a ma situation ;^* vous leur direz que Napoleon, celui-la meme que le monde a ap- 22 pele le Grand, comme Charl-emagne et comme Pompee, est mort dans I'etat le.plus deplorable,'^ manquant de tout, aban- 24 donne a lui meme et a sa gloire. Vous leur direz qu'en ex- pirant, il legue a toutes les families regnantes I'horreur et 26 I'opprobre de ses derniers moments.'"" Le 2 mai, la fievre arriva au plus liaut degre d'intensit6 28 qu'elle eut encore atteint:^^ le pouls donna jusqu'a cent pul- sations k la minute, et I'empereur eut le delire : c'etait le 30 commencement de I'agonie. Mais cette agonie eut encore quelques moments de relache.'^^ Dans ces courts moments 82 de lucidite, Napoleon revenait sans cesse a la recommanda- tion qu'il avait faite au docteur Antomarchi ;" " Faites avec 34 soin, lui disait-il, I'examen anatomique de mon corps, de I'es- tomac surtoutc, Les medecins de Montpellier m'ont annonce 36 que la maladie du pylore serait hereditaire dans ma famille ; leur rapport est, je crois, dans les mains de Louis : demandez- NAPOLlfiON A sainte-h]£lI:ne. 253 le, comparez-le avec ce que vous aurez observe vous-meme : que je sauve au moins mon enfant de cette cruelle mala- 2 die ! . . ." La.nuit fut assez bonne ;" mais le lendemain, au matin, le 4 delire reparut avec une nouvelle force." Cependant, vers les huit 'heures, il perdit un peu de son intensite ; vers trois 6 heures, le malade reprit sa raison.^® II en profita pour ap- peler les executeurs testamentaires," et leur recommanda, 8 dans le cas ou il viendrait a perdre completement connais- sance, de ne laisser approcher de lui aucun medecin anglais 10 autre que le docteur Arnott.^® Puis, il ajouta, dans toute la plenitude de sa raison et dans toute la puissance de son 12 genie : " Je vais mourir : vous allez repasser en Europe ;" je vous 14 dois quelques conseils sur la conduite que vous avez a tenir. Vous avez partage mon exil, vous serez fideles a ma me- 16 moire,^" vous ne ferez rien qui puisse la blesser. J'ai sanc- tionne tous les principes, je les ai infuses dans mes lois, dans 18 mes actes; il n'y en a pas un seul que je n'aie consacre. Malheureusement, les circonstances etaient graves : j'ai ete 20 oblige de sevir, d'ajourner ; les revers sont venus, je n'ai pu debander Fare, et la France a ete privee des institutions libe- 22 rales que je lui destinais." EUe me juge avec indulgence, elle me tient compte de mes intentions," elle cherit mon nom, 24 mes victoires ; imitez-la. Sojez fideles aux opinions que vous avez defendues, a la gloire que nous avons acquise : il n'y a 26 hors de la que honte et confusion." Colloquial Exercise. 1. Comment Napoleon passa-t-il la nuit ? 2. Qu'est-ee qui eut lieu alors? 3. Que dit un soir un domestique 1 4. Que repondit Napoleon ? 6. Quefit-il le 15 avrill 6. Combien de temps Marchand et Montholon resterent-ils avec lui? 7. Que montra Napoleon au docteur? 8« Que lui dit-il ensuite ? 9. Qu'arriva-t-il le 19? 10. Que dit Napoleon en souriant? 11. Qu'ajouta-t-il en s'animant et enelevant la voix? 12. Que fit I'empereur quelques jours apr^s ? 254 NAPOL]6oN A s ainte-h6l!:ne. 13. Que dit-il a son chapelain? 14. Que dit-il ensuite au mede- cin? 16. A qui devait-on porter son coeur ? 16. Que devait dire le docteur a Marie-Louise ? 17. Oil devait-il se rendre ensuite ? 18. Que devait-il rapporter a la famille de Napoleon? 19. Que devait-il dire ensuite? 20. Que leguait Tempereur aux families regnantes ? 21. Comment se trouvait I'em- pereur le 2 mai ? 22. Cette agonie fut-elle conti- nuelle ? 23. Que faisait Napoleon dans les courts iutervalles ? 24. Comment passa-t-il la nuit ? 25. Qu'arriva -t - il le lendemain matin ? 26. Le delire dura-t-il long- temps 1 27. Que fit I'empereur lorsqu'il eut repris sa raison ? 28. Que recommanda-t-il k ses exeeuteurs testamentaires ? 29. Qu'ajouta-t-il? 30. Que recommanda-t-il ensuite a ses compagnons? 31. Qui dit-il a I'egard des insti- tutions liberales qu'il destinait i la France ? 32. Comment la France le jugeait- elle? 33. Par quoi la recommandation finit-elle ? a. chambre ardente, or more correctly, cliapelle ardente, tne room in which a dead person lies in state, with lighted tapers round the corpse. SECTION IV. Le 5, au matin, le mal etait parvenu a son comble : la vie 2 n'etait plus cbez le malade qu'une vegetation haletante et doulouieuse ; la respiration devenait de plus en plus insensi- 4 ble ; les yeux, ouverts dans toute leur grandeur, etaient fixes et atones. Quelques paroles vagues, derniere ebullition de 6 son cerveau en delire, venaient de temps en temps mourir sur ses levres. Les derniers mots que Ton entendit furent 8 ceux de tete et d^armee. Puis, la voix s'eteignit, toute intel- ligence parut morte, et le docteur Iui-m6me crut que le prin- 10 cipe de la vie etait eteint. Cependant, vers les huit heures, le pouls se releva : le ressort mortel qui fermait la bouche du 12 moribond sembla se d6tendre, et quelques soupirs profonds NAPOLEON A SAINTE-H^LfiNE. 255 et supremes s'exlialerent de sa poitrine. A dix lieures et de- mie, le pouls etait aneanti : a onze lieures et quelques mi- 2 iiutes, I'empereur avait vecii ... Vingt heures apres la mort de son illustre malade, le doc- 4 teur Antomarchi proceda a son ouverture, ainsi que Napoleon le lui avait si souvent recommande ; puis, il detacha le coeur, 6 qu'il, mit, selon les instructions recues, dans de Fesprit-de-vin, afin de le rendre a Marie-Louise, Mais en ce moment les 8 executeurs testamentaires survinrent avec le refus de sir Hud- son Lowe de laisser sortir de Sainte-Helene, non-seulement le 10 corps, mais aucune partie du corps. II devaitrester dans Tile. Le cadavre etait clone a I'echafaud. 12 On s'occupa des-lors de clioisir la place de la sepulture de I'empereur, et la preference fut donnee a un lieu que Napo- 14 leon n'avait vu qu'une fois, mais dont il parlait toujours avec complaisance : sir Hudson Lowe consentit a ce que la tombe 16 fut creusee en cet endroit. L'autopsie terminee, le docteur Antomarchi reunitpar une 18 suture les parties separees, lava le corps, et I'abandonna au valet de chambre qui le revetit du costume que I'empereur 20 avait rhabitude de porter, c'est-a-dire, d'une culotte de casi- mir blanc, de bas de sole blancs, de longues bottes a I'ecuyere 22 avec de petits eperons, d'un gilet blanc, d'une cravate blanche recouverte d'une cravate noire bouclee par derriere, du grand 24 cordon de la Legion d'honneur, de I'habit de colonel des chas- seurs de la garde decore des ordres de la Legion d'honneur 26 et de la Couronne de fer, enfin, du chapeau a trois cornes. Ainsi vetu. Napoleon fat enleve de la salle, le G mai, a cinq 28 heures trois quarts, et expose dans la petite chambre a coucher, que Ton avait convertie en chapelle ardente. Le 30 cadavre avait les mains libres ; il etait etendu sur son lit de campagne ; son epee etait a son cote ; un crucifix reposait 32 sur sa poitrine, et le manteau bleu de Marengo etait jete sur ses pieds. II resta ainsi expose pendant deux jours. 34 Le 8 au matin, le corps de I'empereur, qui devait reposer sous la colonne, et le coeur, qui devait etre envoye a Marie- 36 Louise, furent d6pos6s dans une caisse de fer-blanc, garuie 256 NAPOLEON A SAINTE-H^LIJNE. d'une espece de matelas et d'un oreiller reconverts de satin 2 blanc. Le chapeau ne pouvant, faute d'espace, rester a la tete du mort, fut place a ses pieds. Aiitour de lui on sema 4 des aigles et des pieces de toutes les monnaies frappees a son effigie pendant le cours de son regne : on y deposa encore 6 son convert, son couteau, et une assiette a ses armes. Cette premiere caisse fut enfermee dans une seconde caisse en aca- 8 jou, que I'on mit dans une troisieme en plomb, laqiielle fut enfin placee dans une quatrieme caisse en acajou, pareille a 10 la seconde, mais de plus grande dimension: puis, on exposa le cercueil a la meme place oii avait ete expose le corps. 12 A midi et demi, le cercueil fut transports par les soldats de la garnison dans la grande allee du jardin, oii le corbillard 14 attendait : on le couvrit d'un velours violet, sur lequel on jeta le manteau de Marengo, et le cortege funebre se mit en route 16 dans Ford re suivant : L'abbe Vignali, revetu des ornements sacerdotaux, ayant 18 a ses cotes le jeune Henri Bertrand, portant un benitier d'ar- gent avec son goupillon : 20 Le docteur Antomarchi et le docteur Arnott : Les personnes chargees de surveiller le corbillard, traine par 22 quatre chevaux conduits par des palefreniers, et escorte par douze grenadiers sans armes de chaque cote : ceux-ci devaient 24 porter le cercueil sur leurs epaules des que le mauvais etat du cliemin empecherait le char d'avancer : 26 Le jeune Napoleon Bertrand et Marchand, tons les deux i pied et sur les cotes du corbillard : 28 Les comtes Bertrand et Month olon, a cheval, immediate- ment derriere le corbillard : 30 Une partie de la suite de I'empereur : La comtesse Bertrand, avec sa fille Hortense, dans une 32 cal6che attelee de deux chevaux conduits a la main par ses domestiques, qui marchaient du cote du precipice : 34 Le cheval de I'empereur, conduit par son piqueur Ar- chambaud : 36 Les officiers de marine, a pied et a cheval : Les officiers de l'6tat-major, k cheval ; NAPOLEON A S AINTE-HlELfi NE. 257 Le general Coffin et le marquis de Monchenu, a cheval : Le contre-amiral et le gouverneur, a cheval : 2 Les habitants de I'ile : Les troupes de la garnison. 4 La tombe etait creusee a un quart de mille a peu pres au del a de Hut's Gate. Le corbillard s'arreta pres de la fosse, 6 et le canon commenca a tirer cinq coups par minute. Le corps fut descendu dans la tombe pendant que I'abbe 8 Vignali disait les prieres; ses pieds tournes vers I'Orient, qu'il avait conquis; sa tete tournee vers I'Occident, oii il 10 avait regne. Puis, une enorme pierre, qui devait servir a la nouvelle 12 maison de I'empereur, scella sa demeure derniere, et passa du temps a I'eternite. 14 Alors on apporta une plaque d'argent sur laquelle etait gravee I'inscription suivante : * 16 NAPOLEON, St A AJACCIO, LE 15 AOUT, 1*7 6 9, 18 MORT A Ste-HELENE 5 LE MAI 1821. Mais, au moment oii on allait la clouer sur la pierre, sir 20 Hudson Lowe s'avanca et declara, au nom de son gouverne- ment, que Ton ne pouvait mettre sur la tombe d'autre ins- 22 cription que celle-ci: LE GENERAL BUONAPARTE. 24 TESTAMENT DE NAPOLifcON, Napol]6on. Cejourd'hui, 15 avril 1821, a Longwood, ile de Sainle-Hfeldue. Ceci est mon testament, ou acte de ma derniere volonte. T. 1° Je nieurs dans la religion apostolique et romaine, dans le sein de laquelle je suis ne, il y a plus de cinquante ans. 2° Je desire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple francais que j'ai tant aime.* 3* J'ai toujours eu a me louer de ma tr^s-ehere epouse, Marie- Louise ; je lui conserve jusqu'au dernier moment les plus tendres sentiments; je la prie de veiller pour garantir mon fils des embuches qui environnent encore son enfance. 4" Je recommande a mon fils de ne jamais oublier qu'il est n^ prince francais, et de ne jamais se preter a etre im instrument entre les mains des triumvirs qui oppriment les peuples de I'Europe. II ne doit jamais combattre, ni nuire en aucune autre mani^re k la France; il doit adopter ma devise : Tout pour le peuple frangais. 5" Je meurs prematurement, assassine par I'oligarchie anglaise et son sicaire ; le peuple anglais ne tardera pas a me venger. 6° Les deux issues si malheureuses des invasions de la France, lorsqu'elle avait encore tant de ressources, sont dues aux trahisons de Marmont, Augereau, Talleyrand et La Fayette. Je leur pardonne ; puisse la posterite fran9aise leur pardonner comme moi ! 7* Je remercie ma bonne et tr^s-excellente m^re, le cardinal,** mes fr^res Joseph, Lucien, Jerome, Pauline, Caroline, Julie, Hortense, Catarine, Eugene, de I'interet qu'ils m'ont conserve; je pardonne St 260 TESTAMENT DE NAPOLEON. Louis le libelle qu'il a public en 1820 : il est plein d'assertions fausses et de pieces falsifiees. S" Je desavoue le Manuscrit de Saint-Helene et autres ouvrages sous le titre de Maximes, Sentences, etc., que Ton s'est plu i publier depuis six ans: ce ne sent pas la les regies qui ont dirige ma vie. J'ai fait arreter et juger le due d'Enghien, parce que cela etait neces- saire a la surcte, a I'interet, et a Thonneur du peuple frangais, lors- que entretenait, de son aveu, soixante assassins a Paris. Dans une semblable circonstance, j'agirais encore de meme. II. 1" Je 15gue a mon fils les boites, ordres, et autres objets tels qu'ar- genterie, lit de camp, arraes, selles, eperons, vases de ma chapelle, livres, linge qui a servi a mon corps et a mon usage, conformement k I'etat annexe, cote (A). Je desire que ce faible legs lui soit cher comme lui retragant le souvenir d'un p5re dont I'univers I'en- tretiendra. 2° Je l^gue a lady Holland le camee antique que le pape Pie VI m'a donne a Tolentino. 3" Je l^gue au comte Montholon deux millions de francs, comme une preuve de ma satisfaction des soins filiaux qu'il m'a rendus de- puis six ans, et pour I'indemniser des pertes que son sejour a Sainte- Hel^ne lui a occasionnees. 4° Je l^gue au comte Bertrand cinq cent mille francs. 5° Je legue a Marchand, mon premier valet de chambre, quatre cent mille francs. Les services qu'il m'a rendus sont ceux d'un ami. Je desire qu'il epouse une veuve, soeur ou fille d'un officier ou soldat de ma vieille garde. 6" Idem, a Saint-Denis, cent mille francs. 7° Idem, a Novarre (Noverraz), cent mille francs. 8° Idem, a Pieron, cent mille francs. 9° Idem, a Archambaud, cinquante mille francs. 10*> Idem, a Coursot, vingt-cinq mille francs. 11° Idem, k Chandelier, vingt-cinq mille francs. 12° A I'abbe Vignali, cent mille francs. Je desire qu'il b^tisse sa maison pres de Ponte Nuevo di Eostino, 13° Idem, au comte Las-Cases, cent mille francs. 14° Idem, au comte Lavallette, cent mille francs. 15° Idem, au chirurgien en chef Larrey, cent mille francs. C'est I'homme le plus vertueux que j'aie connu. TESTAMENT DE NAPOLEON. 261 16" Idem, au general Brayer, cent mille francs. 17" Idem, au general Lefevre-Desnouettes, cent mille francs. 18* Idem, au general Drouot, cent mille francs. 19" Idem, au general Cambronne, cent mille francs. 20" Idem, aux enfants du general Mouton-Duvernet, cent millo francs. 21" Idem, aux enfants du brave Labedoy^re, cent mille francs. 22" Idem, aux enfants du general Girard, tue a Ligny, cent mille francs. 23" Idem, aux enfants du general Chartrand, cent mille francs. 24" Idem, aux enfants du vertueux general Travot, cent mille francs. 25" Idem, au general Lallemant I'aine, cent mille francs. 26" Idem, au comte Eeal, cent mille francs. 27" Idem, a Costa de Bastelica en Corse, cent mille francs. 28° Idem, au general Clausel, cent mille francs. 29" Idem, au baron Menneval, cent mille francs. 30" Idem, a Arnault, auteur de Marius, cent mille francs. 31" Idem., au colonel Marbot, cent mille francs. Je I'engage §L continuer a ecrire pour la defense de la gloire des armees fran§aises,. et a en confondre les calomniateurs et les apoStats. 32° Idem, au baron Bignon, cent mille francs. Je I'engage k ecrire I'histoire de la diplomatie fran^aise de 1792 a 1815. 33° Idem, a Poggi di Talayo, cent mille francs. 34° Idem, au chirurgien Emmery, cent mille francs. 35" Ces sommes seront prises sur les six millions que j'ai places en partant de Paris en 1815, et sur les interets a raison de cinq pour cent depuis juillet 1815. Les comptesen seront arretes avec le ban- quier par les comtes Montholon, Bertrand et Marchand. 36" Tout ce que ce placement produira au dela de la somme de cinq millions six cent mille francs, dont il a ete dispose ci-dessus, sera distribue en gratification aux blesses de Waterloo, et aux ofR- ciers et soldats du bataillon de I'ile d'Elbe, sur un etat arrete par Montholon, Bertrand, Drouot, Cambronne et le chirurgien Larrey. 37" Ces legs, en cas de morfc, seront payes aux veuves et enfants, et au defaut de ceux-ci, rentreront a la masse. III. 1® Mon domaine prive, etant ma propriete, dont aucune loi fran- ^aise ne m'a prive, que je sache, le compte en sera demande au baron de la Bouillerie, qui en est le tresprier ; il doit se monter ^ plus de 262 TESTAMENT DE NAPOLEON. deux cents millions de francs ; savoir : 1" Le portefeuille contenant les economies que j'ai, pendant quatorzeansjfaites sur ma liste civile, lesquelles se sont elevees a plus de douze millions par an, si j'ai bonne memoire ; 2° le produit de ce portefeuille ; 3° les meubles de mes palais, tels qu'ils etaient en 1814 ; les palais de Rome, Florence, Turin compris. Tous ces meubles ont ete achetes des deniers des revenus de la liste civile; 4° la liquidation de mes maisons du royaume d'ltalie, tels qu'argent, argenterie, bijoux, meubles, ecuries; les comptes en seront donnes par le prince Eugene et I'intendant de la couronne, Campagnoni. Napoleon. Deuxieme feuille. 2° Je legue mon domaine prive, moitie aux officiers et soldats qui restent de I'armee fran9aise, qui ont combattu depuis 1792 a 1815 pour la gloire et I'independance de la nation; la repartition en sera faite au pro-rata des appointements d'activite; moitie aux villes et campagnes d'Alsace, de Lorraine, de Franche-Comte, de Bourgogne, de rile de France, de Champagne, Forez, Dauphine, qui auraient souffert par I'une on I'autre invasion. II sera de cette somme pre- leve un million pour la ville de Brienne, et un million pour celle de Meri. J'institue les comtes Montholon, Bertrand et Marchand mes exe- cuteurs testamentaires. Ce present testament, tout ecrit de ma propre main, est sign6 et scelle de mes armes. Napoleon. (Sceau.) £TAT (A) JOINT A MON TESTAMENT. Longwood, ile de Sainte-Hfelene, ce 15 avril 182L I. 1° Les vases sacres qui ont servi k ma chapelle a Longwood. 2° Je charge I'abbe Vignali de les garder et de les remettre k mon fils quand il aura seize ans. XL 1° Mes armes; savoir: Mon 6pee, celle que je portals ^ Austerlitz, le sabre de Sobieski, mon poignard, mon glaive, mon couteau de chasse, mes deux paires de pistolets de Versailles. TESTAMENT D E NAPOLEON. 263 2° Mon necessaire d'or,' celui qui m'a servi le matin d'Ulm, d'Aus- terlitz, d'lena, d'Eylau, de Friedland, de Tile de Lobau, de la Mos- kowa et de Mont-Mirail ; sous ce point de vue, je desire qu'il soit precieux a mon fils. (Le eomte Bertrand en est depositaire depuis 1814.) 3** Je charge le comte Bertrand de soigner et conserve! ces objets, et de les remettre a mon fils lorsqu'il aura seize ans. III. 1° Trois petites caises d'acajou, contenant; la premiere, trente- trois tabatieres ou bonbonni^res; la deuxieme, douze boites aux armes imperiales, deux petites lunettes et quatre boites trouvees sur la table de Louis XVIII, aux Tuileries, le 20 mars 1815; la troisi^me, trois tabatieres ornees de medailles d'argent, a I'usage de I'empereur, et divers effets de toilette, conformement aux etats numerotes I, II, IIL 2° Mes lits de camp dont j'ai fait usage dans toutes mes cam- p agues. 3° Ma lunette de guerre. 4** Mon necessaire de toilette, un de chacun de mes uniformes, une douzaine de chemises, et un objet complet de chacun de mes habillements, et generalement de tout ce qui sert k ma toilette. 6° Mon lavabo.'^ 6° Une petite pendule qui est dans ma chambre a coucher de Longwood. 7° Mes deux montres et la chaine de cheveux de I'imperatrice. 8° Je charge Marchand, mon premier valet de chambre, de garder ces objets, et de les remettre k mon fils lorsqu'il aura seize. IV. 1® Mon medailler. 2° Mon argenterie et ma porcelains de Sevres dont j'ai fait usage k Sainte-Hel^ne (etat B et C). 3° Je charge le comte Montholon de garder ces objets, et de les remettre a mon fils quand il aura seize ans. V. 1<* Mes trois selles et brides, mes §perons qui m'ont servi k Sainte- Hel^ne. 2° Mes fusils do chasse an nombre de cinq. 264 TESTAMENT DE NAPOLEON. -, 3° Je charge mon chasseur Noverraz de garder ces objets, et de les remettre a mon fils quand il aura seize ans. VI. 1° Quatre cents volumes choisis dans ma biblioth^que, parmi ceux qui ont le plus servi a mon usage. 2° Je charge Saint-Denis de les garder, et de les remettre a mon fils quand il aura seize ans. Napoleon. ETAT (A). 1® II ne sera vendu aucun des effets qui m'ont servi; le surplus sera partage entre mes executeurs testamentaires et mes fr^res. 2° Marchand conservera mes cheveux, et en fera faire un bracelet avec un petit cadenas en or, pour 6tre envoye a I'imperatrice Marie- Louise, a ma m^re, et a chacun de mes fr^res, sceurs, neveux, nieces, au cardinal, et un plus considerable pour mon fils. 3° Marchand enverra une de mes paires de boucles a souliers, en or, au prince Joseph. 4° Une petite paire de boucles, en or, a jarreti^res, au prince Lucien. 6° Une boucle de col, en or, au prince Jerome. tTAT (A). Inventaire de mes effets, que Marchand gardera pour remettre d monjils. 1^ Mon necessaire d'argent, celui qui est sur ma table, garni de tons ses ustensiles, rasoirs, etc. 2° Mon reveille-matin : c'est le reveille-matin de Frederic II, que j'ai pris a Postdam (dans la boite n° III). 3° Mes deux montres, avec la chaine des cheveux de I'imperatrice, et une chaine de mes cheveux pour I'autre montre, Marchand la fera faire a Paris. 4° Mes deux sceaux (un de France, enferme dans la boite n" III). 6° La petite pendule doree qui est actuellement dans ma chambre k coucher. 6° Mon lavabo, son pot a eau et son pied. 7° Mes tables de nuit, celles qui me servaient en France, et mon bidet de vermeil. 8° Mes deux lits de fer, mes matelas et mes couvertures, s'ils se peuvent conserver. TESTAMENT DE NAPOLEON, 265 9° Mes trois flacons d'argent ou Ton mettait mon eau-de-vie que portaient mes chasseurs en campagne, 10° Ma lunette de France, 11° Mes eperons (deux paires). 12° Trois boites d'acajou, n°» I, II, III, renfermant mes tabati^rea et autres objets. 13° Une cassolette en vermeil. 6 chemises, 6 mouchoirs. 6 cravates. 6 serviettes. 6 paires de bas de soie. 4 cols noirs. 6 paires de chaussettes. 2 paires de draps de batiste, 2 tales d'oreillers. 1 boucle de col en or, 1 paire de boucles a jarreti^res en or 1 paire de boucles en or a souliers, Linge de toilette. I 2 robes de chambre. 2 pantalons de nuit. 1 paire de bretelles. 4 culottes-vestes de casimir blanc. 6 madras. 6 gilets de flanelle, 4 cale9ons, 6 paires de gu^tres, 1 petite boite pleine de raon tabac. Renfermees dans la petite boite n* III. Habillement. 1 zibeline pelisse vertex 2 paires de souliers. 2 paires de bottes* 1 paire de panto ufles. 6 ceinturons. 1 uniforme de chasseur. 1 diio grenadier, 1 dito garde nationale* 2 chapeaux, 1 capote grise et verte. 1 manteau bleu (eel ui que j'avais a Marengo). Napoleon. £TAT (B). Inventaire des effets que fai laisses chez M. U comte de Turenne. 1 sabre de Sobieski. (C'est par erreur qu'il est porte sur I'etat A ; c'est le sabre que I'empereur portait a Aboukir qui est entre les mains de M. le comte Bertrand.) 1 grand collier de la Legion d'honneur. 1 epee en vermeil. 1 glaive de consul. 1 ep^e en fer. i ceinturon de velours. 12 268 TESTAMENT DE NATOLfiON. 1 collier de la Toison d'or.« 1 petit necessaire en acier. 1 veilleuse en argent. 1 poignee de sabre antique. 1 chapeau a la Henri IV et une toque, les dentelles de rempereur. 1 petit medailler. 2 tapis tares. 2 manteaux de velours craraoisi brodes, avec vestes et culottes. 1° Je donne a mon fils le sabre de Sobieski. Idem, le collier de la Legion d'honneur. Idem, I'epee en vermeil. Idem, le glaive de consul. Idem, I'epee en fer. Idem, le collier de la Toison d'or. Idem, le chapeau a la Henri IV et la toque. Idem, le necessaire d'or pour les dents, rest6 chez le dentiste, 2° A I'imperatrice Marie-Louise, mes dentelles. A Madame, la veilleuse en argent. Au cardinal, le petit necessaire en acier. Au prince Eugene, le bougeoir en vermeil. A la princesse Pauline, le petit medailler. A la reine de Naples, un petit tapis turc. A la reine Hortense, un petit tapis tuvc. Au prince Jerome, la poignee de sabre antique. Au prince Joseph, un manteau brode, veste et culotte. Au prince Lucien, un manteau brode, veste et culotte. Napoleon. Ce 24 avril 1821, Longwood. Ceci est mon codicille, ou acte de ma derniere volonte. Sur les fonds remis en or a I'imperatrice Marie-Louise, ma tr^s- chere et bien-aimee epouse, a Orleans, en 1814, elle reste me devoir deux millions, dont je dispose par le present codicille, afin de recom- penser mes plus fiddles serviteurs, que je recommande du reste a la protection de ma ch^re Marie-Louise. 1° Je recommande ^ I'imperatrice de faire restituer au comte Ber- trand les trente mille francs de rente qu'il poss^de dans le duche do Parme, et sur le mont Napoleon de Milan, ainsi que les arrerages 6chus. TESTAMENT DE NAPOLEON. 267 2o Je lui fais la meme recommandation pour le due d'lstrie, la fiUe de Duroc, et autres de mes serviteurs qui me sont restes fiddles et qui me sont toujours chars ; elle les connait. 30 Je legue, sur les deux millions ci-dessus mentionnes, trois cent mille francs au comte Bertrand, sur lesquels il versera cent mills francs dans la caisse du tresorier, pour etre employes, selon mes dis- positions, a des legs de conscience. 40 Je legue deux cent mille francs au comte Montholon, sur les- quels il versera cent mille francs dans la caisse du tresorier, pour le meme usage que ci-dessus. 50 Idem, deux cent mille francs au comte Las-Cases, sur lesquels il versera cent mille francs dans la caisse du tresorier, pour le meme usage que ci-dessus. 60 Idem, a Marchand, cent mille francs, sur lesquels il versera cinquante mille francs dans la caisse, pour le meme usage que ci- dessus. 7° Au maire d'Ajaccio, au commencement de la revolution, Jean- Jerome Levi, ou a sa veuve, enfants ou petits-enfants, cent mille francs. 8° A la fille de Duroc, cent mille francs. 90 Au fils de Bessi^res, due d'lstrie, cent mille francs. 10© Au general Drouot, cent mille francs. 11° Au comte Lavallette, cent mille francs. 12° Idem, cent mille francs ; savoir : Vingt-cinq mille francs a Pieron, mon maitre d'hotel ; Vingt-cinq mille francs a Noverraz, mon chasseur; Vingt-cinq mille francs a Saint-Denis, le garde de mes livres; Vingt-cinq mille francs a Santini, mon ancien huissier. 13° /c/eTw, cent mille francs ; savoir: Quarante mille francs a Planat, mon ofEcier d'ordonnance ; Vingt mille francs a Hebert, dernierement concierge a Eambouillet, et qui* etait de ma chambre en Egypte ; Vingt mille francs a Lavigne, qui etait dernierement concierge d'une de mes ecuries, et qui etait mon piqueur en Egypte; Vingt mille francs a Jeannet-Dervieux, qui etait piqueur des ecuries, et me servait en £gypte. 140 Deux cent mille francs seront distribues en aumone aux habi- tants de Brienne-le-Chateau qui ont le plus souffert. Les trois cent mille francs restant seront distribues aux oflSciers et soldats du bataillon de ma garde de I'ile d'Elbe, actuellement vi- vants, ou a leurs veuves ou enfants, au prorata des appointements, 268 TESTAMENT DE NAPOLEON. et selon I'etat qui sera arrete par mea executeurs testamentaires, le3 ampules ou blesses gri^vement auront le double. L'etat en sera arrete par Larrey et Emmery. Ce codicille est 6crit tout de ma propre main, signe et scelle de mes armes. Napoleon. Ce 24 avril 182], Lonj!;wood. Ceci est mon codicille, ou acte de ma derniere volonte. Sur la liquidation de ma liste civile d'ltalie, telle qu'argent, bijoux, argenterie, linge, meubles, ecuries dont le viee-roi est depositaire, et qui m'appartiennent, je dispose de deux millions que je legue a me3 plus fiddles serviteurs. J'esp^re que, sans s'autoriser d'aucune rai- son, mon fils Eugene Napoleon les acquittera fidelement; il ne peut oublier les quarante millions de francs que je lui ai donnes, soit en Italic, soit par le partage de la succession de sa m^re. 1° Sur ces deux millions, je l^gue au comte Bertrand trois cent mille francs, dont il versera cent mille francs dans la caisse du tre- sorier pour etre employes, selon mes dispositions, a I'acquit de legs de conscience. 2° Au comte Montholon, deux cent mille francs, dont il versera cent mille francs a la caisse, pour le m^me usage que ci-dessus. 3° Au comte Las-Cases, deux cent mille francs, dont il versera cent mille francs k la caisse, pour la menie usage que ci-dessus. 4° A Marchand, cent mille francs, dont il versera cinquante mille francs a la caisse, pour le meme usage que ci-dessus. 6° Au comte Lavallette, cent mille francs. 6° Au general Hogendorf, Hollandais, mon aide de camp r§fugi6 au Bresil, cent mille francs. 7° A mon aide de camp Corbineau, cinquante mille francs. 8° A mon aide de camp Caffiirelli, cinquante mille francs. 9° A mon aide de camp Dejean, cinquante mille francs. 10° A Percy, chirurgien en chef a Waterloo, cinquante mille francs. 11° Cinquante mille francs; savoir: Dix mille francs a Pieron, mon maitre d'hotel ; Dix mille francs ii Saint-Denis, mon premier chasseur; Dix mille francs a Noverraz ; Dix mille francs a Cursot, mon maitre d'office ; Dix mille francs a Archambaud, mon piqueur. 12° Au baron Menneval, cinquante mille francs. TESTAMENT DE NAP0L:^0N. 269 13°. Au due d'Istrie, fils de Bessi^res, cinquante mille francs. 14° A la fille de Duroe, cinquante mille francs. 16° Aux enfants de Labedoyere, cinquante mille francs. 16° Aux enfants de Mouton-Duvernet, cinquante mille francs. 17° Aux enfants du brave et vertueux general Travot, cinquante mille francs. 18° Aux enfants de Chartrand, cinquante mille francs. 19° Au general Cambronne, cinquante mille francs. 20° Au general Lefevre-Desnouettes, cinquante mille francs. 21° Pour etre repartis entre les proscritsqui errentenpays stran- gers, Fran§ais, ou Italiens, ou Beiges, ou Hollandais, ou Espagnols, ou des departements du Rhin, sur ordonnances de mes executeurs testamentaires, cent mille francs, 22° Pour etre repartis entre les amputes ou blesses grievement de Ligny, Waterloo, encore vivants, sur des etats dresses par mes exe- cuteurs testamentaires, auxquels seront adjoints Cambronne, Larrey, Percy et Emmery, 11 sera donne double a la garde, quadruple a ceux de I'ile d'Elbe, deux cent mille francs. Ce codicille est ecrit enti^rement de ma propre main, signe et scelle de mes armes. Napol]&on. Ce 24 avril 1821, Longwood. Ceci est un troisieme codicille a mon testament du lb avrit. 1° Parmi les diamants de la couronne qui furent remis en 1814, il s'en trouvait pour cinq a six cent mille francs qui n'en etaient pas, et faisaient partie de mon avoir particulier ; on les fera rentrer pour acquitter mes legs. 2° J'avais chez le banquier Torlonia de Rome deux a trois cent mille francs en lettres de change, produits de mes revenus de Tile d'Elbe, depuis 1815; le sieur de la Perruse, quoiqu'il ne fut plus mon tresorier, et n'eCit pas de caractere, a tire a lui cette somme ; on la lui fera restituer. 3° Je l^gue au due d'Istrie trois cent mille francs dont seulement cent mille francs reversibles a la veuve, si le due etait mort lors de I'execution du legs. Je desire, si cela n'a aucun inconvenient, que le due epouse la fille de Duroc. 4° Je l^gue a la duchesse de Frioul, fille de Duroc, deux cent mille francs ; si elle 6tait morte avant I'execution du legs, 11 ne sera rien donn6 a la m^re. 270 TESTAMENT DE NAPOLEON. 5° Je l^gue au general Rigaud, celui qui a ete proscrit, cent mills francs. 6° Je l^gue a Boisnoid, commissaire ordonnateur, cent mille franca. 1° Je legue aux enfants du general Letort, tue dans la campagne de 1815, cent mille francs. 8° Ces huit cent mille francs de legs seront comme s'ils etaient portes a la suite de I'article 36 de mon testament, ce qui porterait k six millions quatre cent mille francs la somme des legs dont je dis- pose par mon testament, sans comprendre les donations faites par mon second codicille. Ceci est ecrit de ma propre main, signe et scelle de mes armes. Napoli^on. (Sceau.) .du dos : Ceci est mon troisieme codicille a mon testament, tout entier de ma main, sign6 et scelle de mes armes. Sera ouvert le meme jour et immediatement apr^s I'ouverture de mon testament. Napoleon. Ce 24 avril 18-31, l.ongwood. Ceci est un quatrieme codicille a mon testament. Par les dispositions que nous avons faites precedemment, nous n'avons pas rempli toutes nos obligations, ce qui nous a decide k faire ce quatrieme codicille. 1° Nous leguons au fils, ou petit-fils du baron Dutheil, lieutenant- general d'artillerie, ancien seigneur de Saint-Andr6, qui a command^ r^cole d'Auxonne avant la revolution, la somme de 100,000 (cent mille francs), comme souvenir de reconnaissance pour les soins que ce brave general a pris de nous, lorsque nous etions comme lieute- nant et capitaine sous ses ordres. 2° Idem, au fils, ou petit-fils du general Dugommier, qui a com- mando en chef I'armee de Toulon, la somme de cent mille francs (100,000) ; nous avons, sous ses ordres, dirige ce siege, et commande rartillerie ; c'est un temoignage de souvenir pour les marques d'es- time, d'affection et d'amitie que nous a donn6es ce brave et intrepide general. 3° Idem. Nous leguons cent mille francs (100,000) au fils ou petit-fils du d6put6 ik la Convention, Gaspann, repr^sentant du peu- TEST a]m ENT DE NAPOLEON. 2Yl plc k I'armee de Toulon, pour avoir protege et sanctioune de son autorite le plan que nous avons donne, qui a valu la prise de cette ville, et qui etait contraire a celui envoye par le comite de salut pu- blic. Gasparin nous a mis par sa protection a I'abri des persecutions de I'ignorance des etats-majors qui commandaient I'armee avant I'ar- rivee de mon ami Dugommier. 4° Idem. Nous Jeguons cent mille francs (100,000) a la veuve, fils ou petit-fils de notre aide de camp Muiron, tue a nos cotes a Ar- cole, nous couvrant de son corps, 6° Idem, (10,000) dix mille francs au sous-ofBcier Cantillon, qui a essuye un proems comme prevenu d'avoir voulu assassiner lord Wel- lington, ce dont il a ete declare innocent. Cantillon avait autant de droit d'assassiner cet oligarque, que celui-ci de m'envoyer pour perir sur le rocher de Sainte-Helene. Wellington, qui a propose cet at- tentat, cherchait a le justifier sur I'interet de la Grande-Bretagne, Cantillon, si vraiment il eut assassine le lord, se serait couvert, et aurait ete justifie par les memes motifs, I'interet de la France, de se defaire d'un general qui d'ailleurs avait viole la capitulation de Paris, et par la s'etait rendu responsable du sang des martyrs Ney, Labe- doyere, etc., et du crime d'avoir depouille les Musees, contre le texte des traites. 6° Ces 400,000 fr. (quatre cent mille fr.) seront ajoutes aux six millions quatre cent mille francs dont nous avons dispose, et porte- ront nos legs a six millions huit cent dix mille francs ; ces quatre cent dix mille francs doivent etre consideres comme faisant partie de notre testament, article 35, et suivre en tout le meme sort que les autres legs. 7° Les neuf mille livres sterling que nous avons donnees au comte et k la comtesse Montholon, doivent, si elles ont ete soldees, etre deduites et portees en compte sur les legs que nous leur faisons par nos testaments ; si elles n'ont pas ete acquittees, nos billets seront annules. 8° Moyennant le legs fait par notre testament au comte Montho- lon, la pension de vingt mille francs accordee a sa femme est annu- lee ; le comte Montholon est charge de la lui payer. 9° L'administration d'une pareille succession, jusqu'a son enti^re liquidation, exigeant des frais de bureau, de courses, de missions, de consultations, de plaidoiries, nous entendons que nos executeurs testamentaires retiendront trois pour cent sur tous les legs, soit sur lea six millions huit cent mille francs, soit sur les sommes portees wy 'J' 2*72 TESTAMENT DE NAPOLEON. dans les codicilles, soit sur les deux cents millions de francs du do- maine prive. 10** Les sommes provenant de ces retenues seront deposees dans les mains d'un tresorier, et depensees sur mandat de nos executeurs testamentaires. 11° Si les sommes provenant desdites retenues n'etaient pas suffi- santes pour pourvoir aux frais, il y sera pourvu aux depens des trois executeurs testamentaires et du tresorier, chacun dans la proportion du legs que nous leur avons fait par notre testament et codicille. 12° Si les sommes provenant des susdites retenues sont au-dessus des besoins, le restant sera partage entre nos trois executeurs testa- mentaires et le tresorier, dans le rapport de leurs legs respeetifs. 13° Nous nommons le comte Las-Cases, et a son defaut, son fils, et a son defaut, le general Drouot, tresorier. Ce present codicille est entierement ecrit de notre main, signe et Bcelle de nos armes. Napol^oNc Premiere leitre. — A M. Laffitle. Monsieur Laffitte, je vous ai remis en 1815, au moment de mon depart de Paris, une somme de pr6s de six millions, dont vous tn'avez donne un double re9U ; j'ai annule un des re^us, et je charge le comte Montholon de vous presenter I'autre re9u, pour que vous ayez a lui remettre, apr^s ma mort, ladite somme, avec les inter^ts u raison de cinq pour cent, a dater du l*' juillet 1815, en defalquant les paye- ruents dont vous avez ete charge en vertu d'ordres de moi. Je desire que la liquidation de votre compte soit arretee d'accord entre vous, le comte Montholon, le comte Bertrand, et le sieur Mar- chand, et, cette liquidation reglee, je vous donne, par la presente, d4- charge enti^re et absolue de ladite somme. Je vous ai egalement remis une boite contenant mon mMailler ; je vous prie de le remettre au comte Montholon. Cette lettre n'etant a autre fin, je prie Dieu, monsieur Laffitte, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde. Napolj^on. Longvvood, ile Sainte-H61^ne, 25 avril. TESTAMENT DE NAPOLJSON. - 273 Seconde leiire. — A M. le baron Lahouillerie. Longwood, lie Sainte-Helene, ce 25 avril 1821. Monsieur le baron Labouillerie, tresorier de mon domaine prive, je vous prie d'en remettre le compte et le montant, apr^s ma mort, au comte Montholon, que j'ai charge de Texecution de mon testament. Cette lettre n'etant a autre fin, je prie Dieu, monsieur le baron Labouillerie, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde. Napoleon. NOTES. a. The wish of the emperor was fulfilled in 1840; his remains are in the church of the Invalids in Paris. The magnificent tomb erected to Napoleon bears as an inscription the words of the second clause of his ■will. — h. Cardinal Fesch. — c. necessaire, dressing-case. — d. lavabo, wash' stand. — e. de la toison d'or, of the order of the Golden Fleece. 12* \ PUBLISHED BY IVISON AND PHINNEY, NEW YOEK. I FllEi\CH laspHU'5 ixtntl) ^txxts. I I. FASQUELLE'S NEW FEENCH COUESE. { j |1 25. j j II. A KEY TO THE EXEECISES IN FAS- j ♦ quelle's French Course. '75 cents. j i III. FASQUELLE'S COLLOQUIAL FEENCH | I Course. 75 cents. ♦ j IV. FASQUELLE'S TELEMAQUE. 62 1-2 cents, i T. HAPOLEON. BY ALEXANDEE DmiAS. { Witli Notes, etc. by Louis Fasquelle, LL.D. 75 cents. In press I YL HOWAED'S AIDS TO FEENCH COMPOSI- \ tion. A Companion to Fasquelle's French Course. $1. YII. TALBOT'S FEENCH PEONUNCIATION. 75 ] cents. i ^^ , L FASQUELLE'S NEW FEENCH COUESE. $1 25. Fasquelle's French Course is on the plan of " Woodbury's Method with German." It pursues the same gradual course, and comprehends the same wide scope of instruc- tion. It is most eminently practical; works admirably in the class-room. It will be found everywhere equal alike to the wants of the teacher and the pupil, indicating in the author a clear and profound knowledge of his native tongue, added to consvimmato skill in the art of imparting it. NOTICES. From the JVew York Evangelist, " It is a very copious and elaborate work, supplying the pupil with the material for all his necessary elementary study, and going over the ground with great thorough- ness." From the J^Tew York Commercial Advertiser. "This grammar is designed to teach reading, speaking, and writing the French language, upon the same system which Mr. Woodbury has so successfully applied to German. Combining the analytic and synthetic principles of instruction, it will perhaps be more generally useful than any other on the same subject." ♦ From the Philadelphia Enquirer. I \ "Fasquelle's New French Course is evidently a work of more than ordinary \ I ability, and is the result of much labor and research." J .^ PUBLISHED BY IVISON AND PHINNEY, NEW YORK. FASQUELLE'S NEW FREICH COURSE. NOTICES. From the JVeto York Courier and Enquirer. '•This work embraces both the analytical and synthetic modes of instruction, on the plan of Woodbury's Method with German. It is the product of a great deal of skill and labor, and appears to us eminently adapted to its purpose. The book presents every facility the French learner can ever reasonably hope for." From the JAterary World. " Mr. Woodbury's New Method with German, upon the plan of which the present I work is constructed, met with the approval of our best scholars. Our author takes up I the subject of the French tongue with the zeal of an enthusiast, and evidently has \ labored diligently in reconciling its difficulties, in the way of students, with the * English." t From the JVew York Mirror. t \ " It strikes us as being one of the best-arranged books for beginners that we have » From the Philadelphia Evening Bulletin. t I " This work seems to us to be all that can possibly be needed, in the way of book t I instruction, in acquiring the French language. The learner is carried forward, from | J the rudiments of the study, by progressive steps, to the complete art of composition J { and conversation in French." ' I t # F-om Professors of F-ench in Boston. i i " With a view of promoting the diffusion of whatever may tend to facilitate a \ I knowledge of the French language, and as a just tribute of acknowledgment to the { } merits ot Prof. Fasquelle's Grammar, we, the undersigned, Professors of French in the ♦ t city of Boston, would heartily and unanimously testify, that the said work is held in > # high esteem and approbation among us, and that we consider it the very best hereto- t i fore published on the subject of which it treats. For the true interest of all engaged J I in the study of the spoken French, we would advise its universal adoption. { ! «GUILLAUME H. TALBOT, j i «T. A.PELl.ETIER, { i «E. H. VIAN, t \ "H.SEST, J J «N. B. M. DEMONTRACHY." J I From Prof. D. O. Mallenj, Clarke Fem. Sem., Berryville, Va. \ I " I have used various books on the Ollendorf system, and still have classes in two | \ of them, but as soon as possible shall exclude all but Fasquelle, which, after thorough J \ trial, I consider the best book in the market." t \ From Jiliss S. Wood, Principal of Fem. Department, Whitestown Seminary. ♦ * "The progress which our classes in French have made during the past year, has ' J given us abundant evidence of the superiority of Fasquelle." < t i I From E. L.Avery, Esq., Principal of Ward School, Mo. 42, Jfew York City. | I " A careful examination of FasquelWs French Cowrse has convinced me that it ' ) proposes the best method I have ever seen for acquiring a complete mastery of the ' i difficulties of pronunciation, the intricacies of construction, and also a just appreciaiiou i I of the beauties of expression of the French language." { J Fro7n P. JV. Legendcr, Professor of French, JVew Haven, Ct. *, ♦ " Never has a work come under my notice that blends so happily and harmoniously ♦ I the great rival elements uf the language. My pupils stady it with pleasure." \ 4. ^ ^*^**^ *^^*,^ **..,^ ^-^.A. 3* 57 PUBLISHED BY IVISON AND PHINNEY, NEW YORK. FASQUELLE'S NEW FRENCH COURSE. \ NOTICES. From F. J, P. Wehrung^ Prof, of Modern Languages in J^eio York Central College. " The learned author has brought before the public a text-book for the acquisition of that (the French) language, at the same time original and complete in itself, super- seding any system heretofore in use." From the Philadelphia J^Torth American and U. S. Oazette. ''It is elaborated in a very full and thorough manner, calculated to render his volume of great value to both teachers and learners." From the Philadelphia Ledger. " The student will find it a very excellent assistant in acquiring a knowledge of the French." Fi-om Prof. J. Wilson^ of Wes. Female Institute, Staunton, Va. "The French Course is an unusually thorough and comprehensive work, evidently prepared with great care, by one fully qualified for the task. I am satisfied that it is by far the best work of the kind published in this country, and its general circulation and use in Schools will do much to. facilitate the acquisition of the French language." From Cyrus Knowlton, Principal of the Hughes High School, Cincinnati, Ohio. "It is sometime since I began to make inquiry for a treatise on the French lan- guage, which should, in my opinion, meet the wants of pupils and teachers. Fas- quelle's grammar satisfies me. It is evidently the work of a thorough teacher as well as a thorough scholar. ♦ * * yot the advent of such a work I shall ever be thankful, for it places in the hand of both tutor and student a new power for the conquest of knowledge. It the remainder of the series be as well prepared as this, I see nothing more for the student of French to hope or require." From W. W. Howard.^ Prof, in the Military Institute^ J^Teiccastle^ Ky. "The progress which my pupils have made in three months has highly gratified themselves, their parents, and their teachers, and I attribute it wiih justice to the sys- tematic and practical, yet simple plan of the work." Prom H. J. Doucet, Teacher of French in S. C. A., Vt. "The author has, in my opinion, rendered a great service to the teacher ns well as to the student of the French language, in presenting them with this valuable guide. The skillful and ample manner in which the verbs are treated in this book would'alone make it the best extant on the French language." From the Watchman and Reflector, Vt. "This work, as stated in the title-page, follows the plan of Mr. Woodbury's suc- cessful book for learning German. Its aim is to make progress thorough in the same way, by teaching the science and the art of the tongue. Like that book, it embraces reading-lessons and a vocabulary." From the Methodist Quarterly Review. " The work is done everywhere with conscientious thoroughness.*' Fi-om the JVcw Haven Palladium. " The work is exceedingly valuable, and will have an immense sale." From the Detroit Free Press. " It seems to us most decidedly superior to any work of its kind ever published. 68 C 2 8'1 • ^..*" ' " %.<•* * * •©, '^ o ' • o, .5^ ,«^\»;^'. > °. *^^<^ Deacidified using the Bookkeeper process, o