^sf Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from The Library of Congress http://www.archive.org/details/protocolsofconfeOOIela F 1415 .L45 [Copy 1 PROTOCOLS OF CONFERENCES OF REPRESENTATIVES OF THE ALLIED POWERS RESPECTING SPANISH AMERICA, 1824-1825 C. liich, IV. 103. The action of the Pari^ conference was in effect to support the Conde de Subserra against the Marquez de Palmella, French and Spanish influence at Lisbon against British. 15 Paris, Aff. fitr., Corresp. tol., Espagne, vol. 728, fol. in. Protocols respecting Spanish America 60 1 Resume de la Conference du 8 Janvier 1825.^'' Les membres presens sont M. Le Ministre des Affaires Etrangeres, les Ambassadeurs d'Autriche et de Russie, et le Ministre Plenipotentiaire de Prusse.'^" Le Ministre des Affaires Etrangeres fait part a MM. les membres de la Conference des communications verbales qui lui ont ete faites par Monsieur I'Ambassadeur d'Angleterre^** sur les dispositions de sa Cour envers I'Amerique Espagnole. Lord Granville lui a declare qu'un Traite de commerce allait etre conclu par son Gouvernement avec le Mexique et la Columbie; il n'y aura pas de reconnaisance formelle, mais ce traite sera ratifie par S. M. Britannique.^^ Mr. I'Ambassadeur expliquant les motifs de cette transaction a rappele que des le 8 fevrier de I'annee derniere son Gouvernement avait annonce par une note officielle qu'il ne reconnaitrait pas les nouveaux Etats, formes en Amerique, avant d'avoir requ des renseignemens precis qui lui permissent de les considerer comme suffisamment constitues. Ces rapports sont arrives: le Mexique et la Colombie ont affermi leur exis- tence : I'Espagne a refuse la mediation qui lui etait offerte par I'Angle- terre pour concilier ses differends avec eux; et les interets commerciaux de la Grande Bretagne exigent de la protection efiicace de la part de son Gouvernement. Si les Anglais ont forme des etablissemens dans ce pays, s'ils y ont augmente les placemens de leurs Capitaux, I'Espagne elle meme ne pouvait pas le desapprouver ; elle avait reconnu la neces- site d'ouvrir le commerce de I'Amerique Espagnole aux autres Nations, et ces relations qui se suivaient, de I'aveu meme de I'Espagne, sont devenues trop importantes pour continuer d'etre dans une situation precaire. La Grande Bretagne ne peut point sacrifier tous les avantages commerciaux qui lui sont offerts. Elle ne pretend pas neanmoins en obtenir d'exclusifs; elle ne veut rien stipuler de contraire aux interets commerciaux de I'Espagne; elle continue de lui offrir sa mediation dans les differends qui subsistent entre I'Espagne et les Etats nouv. formes ; et si elle avait pu attendre du Cabinet de Madrid une prompte determina- tion et une reponse satisfaisante aux propositions d'arrangemens qu'elle avait faites depuis un an, elle aurait pu suspendre encore ses demarches, mais les temporisations habituelles du Gouvernement Espagnol n'ont pas permis de I'esperer ; et les avis que I'Angleterre avait donnes long- tems d'avance justifient pleinement sa conduite envers le Mexique et la Colombie. Buenos-Ayres etant dans la meme situation rend necessaire un arrangement de meme nature. II n'en est pas de meme du Chili dont la situation n'est pas bien connue. Quant au Perou ou la lutte existe encore, le Gouvernement de la Grande Bretagne ne peut mecon- i^Ibid., vol. 731, fols. 55-58 V. 17 Damas, Vincent. Pozzo di Borgo, Werther. King Louis XVIII. had died on September i6; Charles X. was now king. 18 Viscount Granville, afterward the first Earl Granville, had in October suc- ceeded Sir Charles Stuart as British ambassador in Paris. 18 The treaty with Colombia was not signed until April i8, 1825, that with Mexico (rejected by Canning) not until April 6 ; but the intention of the British Cabinet was made known to the foreign ministers on January i, 1825. Hertslet, Treaties, III. 61, 254. Canning to Bagot, December 31, 1824; Bagot,. George Canning and his Friends, II. 277 ; Stapleton, George Canning and his: Times, pp. 425, 428-432. 6o2 Documents naitre les droits de la mere patrie. Apres avoir ainsi expose a MM. les Membres de la Conference les explications donnees par Mr I'Am- bassadeur d'Angleterre, le Ministre des Affaires Etrangeres leur a fait part de la reponse egalement verbale qu'il avait faite a cette communi- cation. Ce Ministre a declare a Mr I'Ambassadeur que, s'il en etai: encore terns, il desirait que I'Angleterre reflechit a toutes les con- sequences d'une mesure si grave avant de I'adopter : mais que si son parti etait irrevocable, le Gouvernement franqais ne pouvait que voir avec peine une Determination qui tendait a briser les liens de I'Espagne avec ses possessions d'Amerique, et qu'il fesait des voeux pour qu'elle n'amenat point une nouvelle complication dans les affaires, en 'favorisant les dechiremens de cette monarchie. Quelqu'importance que I'Angle- terre put attacher a ses interets cortimerciaux, d'autres interets devaient aussi etre menages. Sans pretendre s'ingerer dans les motifs qui dirigeaient la politique du Gouvernement Britannique, il etait permis de ne pas croire que les gouvernemens fussent obliges de ceder sur des questions qui interessent I'ordre social tout entier, aux voeux ardens et peu reflechis d'une classe de mecontens. Le Commerce Anglais paraissait suffisamment protege par les vaisseaux de cette Puissance. Quant aux off res de mediation quele Gouvernement Britannique avait faites, il n'y avait pas lieu de s'etonner que I'Espagne ne les efit point acceptees puisqu'elles etablissaient pour condition premiere I'indepen- dance des nouveaux Gouvernemens d'Amerique. MM. les Ambassadeurs d'Autriche et de Russie et le Ministre Pleni- •potentiaire de Prusse, apres avoir entendu ces communications, ont declare qu'ils n'avaient pas d'Instructions directes de leurs Gouverne- ments sur I'objet de la communication qui venait de leur etre faite, neanmoins ils croient les sentimens de leurs Cours absolument conformes a ceux qui leur. sont exprimes par le Gouvernement franqais. lis pen- sent avec lui qu'il convient moins a I'Espagne de faire eclater ses plaintes et de s'abandonner au ressentiment que peuvent lui inspirer les dis- positions de I'Angleterre envers ses possessions d'Amerique que de pour- suivre avec calme sa restauration, que de relever ses ressources, son credit, sa Puissance et de se mettre en etat de profiter des chances favorables que peut faire naitre I'avenir pour retablir la Souverainete de I'Espagne en Amerique. La prosperite rendue a cette Monarchie ne peut qu'avoir une Salutaire influence sur toutes ses relations, et les mesures qu'elle _ prendra pour mettre en valeur les ressources qui lui restent peuvent seules lui donner les moyens de faire valoir ses droits et de reparaitre en Amerique avec plus d'avantages. Resume de la Conference du 20' Janvier 1825.2" Les Membres presens sont MM. les Abassadeurs d'Autriche et de Russie, le Ministre Plenipotent're de Prusse et le Ministre des Affaires Etrangeres. Apres s'etre mutuellement donne connaissance des nouvelles qu'ils ont reques de Madrid, les Membres de la Conference, penetres des dispositions de leurs Souverains en faveur de I'Espagne, et des obliga- tions qui en resultent pour eux, ont porte particulierement leur attention sur le projet de reponse du gouvernement espagnol a la notification -0 Paris, Aff. 6tr., Corresp. Pol., Espagne, vol. 731, fols. 95-98V. Protocols respecting Spanish America 603 recente du Cabinet anglais, relative aux colonies insurgees de I'amerique.-i Les Membres de la Conference en approuvant les sentimens qui ont dicte ce projet, ne peuvent adherer a toutes les dispositions qu'il ren- ferme. lis pensent que dans I'etat actuel des choses, I'Espagne ne peut, sans manquer a sa dignite et a ce qu'elle doit a ses allies, accepter, par des arrangemens avec ses colonies, la mediation isolee de I'Angleterre. En efifet, S. M. C'que, en declarant qu'Elle est prete a assurer aux Colonies qui rentreraient dans I'oheissance, tons les avantages de com- merce et d' administration interieure qu'elles pourront raisonnablement desirer, oil que I'on jugera utile de leur accorder, veut et entend que ses Colonies, rentrent sous son autorite. Le souverain qui a refuse jusqu'a present la mediation de I'Angleterre parce qu'elle etait offerte sous la condition qu'il reconnaitrait Findependance de ses colonies, ne pourrait convenablement accepter cette mediation aujourd'hui qu'elle serait pre- cedee de la reconnaissance meme. Le gouvernement espagnol doit done a sa propre dignite de chercher de plus en plus a resserrer ses liens avec I'alliance, et a s'engager dans les voies salutaires qu'elle lui a indiquees. Les Membres de la confe- rence sont d'avis que sans attendre les determinations qui poui^ront etre prises par le Gouvernement britannique apres qu'il aura requ la reponse de I'Espagne, celle-ci doit se hater, ainsi qu'elle le propose, de mettre a execution le decret qui proclame la liberte du commerce de ses colonies, et d'adopter toutes les consequences qui en resultent. Les droits legitimes des peuples autant que I'interet de la Peninsula exigent encore que I'Espagne assure des aujourd'hui aux colonies restees sous son obeissance les avantages d'administration interieure qu'elles peuvent desirer et qu'il sera juge utile de leur accorder. Ces mesures proposees par le Gouvernement espagnol lui meme dans le projet de reponse qui est sous les yeux de la Conference, sont con- formes aux voeux de I'alliance, parce que S. M. C'que ne peut rien faire qui s'accord'e mieux avec les interets de ses peuples comme avec les sentiments de son coeur, ni qui soit plus propre a consolider son autorite. L'opinion des Membres de la Conference est que ces mesures doivent etre prises independamment de tout sentiment personnel pour ou contre la nation qui reconnait I'emancipation des colonies espagnoles; et que si I'Espagne effectuait I'espece de menace renfermee dans son projet de reponse en refusant a I'Angleterre les avantages commerciaux qui seront offerts aux autres nations, elle compliquerait d'une maniere nuisible I'importante question qui occupe la Conference. Par ces motifs, les Membres de la Conference se determinent a prier le Chevalier de Los Rios, Ministre de S M. C'que a Londres de sus- pendre son depart jusqu'a I'arrivee du courrier qui doit lui apporter la reponse de son Cabinet,-^ afin que cette reponse dont ils pensent que le gouvernement espagnol voudra leur donner communication puisqu'elle louche aux grands interets sur lesquels ils sont consultes puisse, pour I'avantage meme de I'Espagne, etre examinee par les Ministres de ses allies, avant d'etre remise au Gouvernement britannique. 21 Zea Bermudez wrote to the British charge d'affaires at Madrid, January 21, an official response to this same notification ; Canning's rejoinder, of March 25, is in British and Foreign State Papers, XII. 909-915. 22 Of January 21. Same account of it will be found in Stapleton, Political Life of George Canning, II. 81-82 ; extracts in Paxson, The Independence of the South American Republics, (second ed.). pp. 245-246. 6o4 Documents II a ete egalement decide dans la Conference que les Representans des Cours alliees a Madrid seront invites a insister aupres du gouverne- ment espagnol pour qu'il s'empresse de suivre le systeme dont il a deja reconnu lui-meme la necessite et pour qu'il determine promtement les mesures qu'il se propose de prendre, soit afin d'ameliorer Fadministration de ses colonies, soit afin d'assurer I'effet de son decret sur la liberte du commerce, par I'etablissement d'un tarif de douanes et par les autres dis- positions qui doivent resulter de ce decret. Les Membres de la Confe- rence desirent que ces dispositions puissent leur etre communiquees avant de recevoir leur execution. lis reconnaissent que pour negocier eiBcace- ment avec les populations insurgees de I'Amerique il faut que les Colonies fideles commencent a jouir des auj,ourd'hui des bienfaits d'une adminis- tration meilleure, et d'une liberte de commerce qui est devenue un besoin pour les peuples. 11 faut que les actes d'une Administration sage et eclairee fassent regretter aux Insurges Fautorite paternelle et bien- veillante a laquelle ils se sont soustraits. Une trop funeste experience a dii apprendre au gouvernement espag- nol tous les maux qui resultent de I'inaction ou il est reste jusqu'a present. Si le Cabinet de Madrid, plus confiant dans les conseils de ses allies, avait adopte franchement, des I'annee derniere, les consequences du decret qu'ils avaient obtenu de lui par [pour] la liberte du com- merce ; s'il avait, des lors, accorde a ses colonies les avantages admin- istratifs que ses allies lui ont tant de fois demandes, il y a lieu de croire que le gouvernement brittannique n'aurait point reconnu I'independance des Insurges, peut-etre meme les populations rebelles, loin de perseverer dans leur revolution, ne songeraient maintenant qu'a rentrer sous la domination legitime. II est done essentiel que le gouvernement espagnol adopte promtement la marche que ses allies lui indiquent, car le moindre retard entrainerait de nouveaux malheurs aux quels il ne serait pas possible de porter remede. Les Membres de la Conference parlent avec d'autant plus- d'assurance, qu'ils ont obtenu Fapprobation de leurs augustes maitres pour tout ce qui a ete dit et fait dans les reunions de Paris. A ce sujet, Mr I'ambas- sadeur de Russie a lu une depeche du 18/30 decembre dernier par la- quelle S. M. Imp'le donne une entiere approbation aux avis donnes par la Conference, regrette vivement que le gouvernement espagnol ait suivi trop long-tems un systeme si nuisible, et ordonne a son Ministre de redoubler d'efforts pour que ce gouvernement entre enfin avec une volonte ferme et une entiere perseverance dans les vues de ses allies, pour le bonheur des peuples espagnols et pour le retablissement du trone de leur Roi sur des bases inebranlables. Les Membres de la Conference, heureux d'avoir rempli la mission qui leur etait confiee, reconnaissent que S. M. C'que seconde efficace- ment leurs efforts: deja, grace a sa solicitude, on a vu s'affaiblir la domi- nation des partis, domination qui resulte presque toujours du trouble et du desordre, mais qu'une main ferme salt arreter; et le gouvernement espagnol, plus libre de leur influence, suit moins lentement la ligne de restauration qui lui est tracee. Un ordre royal a soustrait recemment les officiers appeles Indefinidos-^ aux mesures vexatoires aux quelles ils 23 Army officers whom an ultra-reactionary administration had suspended from the service for the benefit of extremists 'of their own party, while the former were compelled to await a prejudiced inquisition into their politics. Protocols respecting Spanish America 605 etaient en butte. Cette mesure et plusieurs autres semblables qui se sont succede[es] depuis pres de trois mois, annoncent la ferme determination d'arreter les reactions : elles amortiront, si elles se multiplient, les haines particulieres et oteront aux factieux tout pretexte pour agiter les peu- ples. Sans doute des mesures si salutaires ne peuvent etre prises sans quelques efforts; mais ces courageaux essais accroitront I'autorite de S. M. C'que. En degageant le gouvernement espagnol d'une foule de soins, ils lui permettront de reconnaitre et de detruire les nombreux abus de I'administration, de retablir les finances et de preparer pour I'Espagne une restauration complete et generale. Resume de la Conference du 28 Janvier 1825. ^^ Les Membres Presens sont MM. les Ambassadeurs d'Autriche et de Russie, le Ministre Plenipotentiaire de Prusse, Monsieur le Chevalier de Los Rios, Ministre Plenipotentiaire d'Espagne a Londres et le Ministre des Affaires Etrangeres. Les Membres de la Conference se sont entretenus de la reponse faite par le Cabinet de Madrid a la communication qu'il avait reque de I'Angle- terre sur la reconnaissance des Colonies. lis ont remarque la dignite de cette reponse, la force des motifs que I'Espagne y fait valoir sur la legitimite de ses droits, sur les dangers de toute nature que leur violation peut entrainer sur les avantages commerciaux dont les Etrangers etaient admis a jouir dans ses Colonies en vertu de ses ordonnances Royales, avantages d'autant plus assures que ces Colonies seraient plus tranquilles sous I'autorite de la Mere-patrie. Cette note qui a ete remise a Monsieur Bosanquet, charge d'affaires de la Grande Bretagne, a Madrid,-^ et qui doit etre egalement remise a Mr Canning par Mr De Los Rios a ete approuvee par MM. les Membres de la Conference. lis inviteront les Ministres des Cours alliees pres du Gouvernement Britannique a chercher les moyens d'appuyer les demarches de Mr De Los Rios. Le Ministre des Affaires Etrangeres a communique aux Membres de r Alliance le sujet de sa derniere Conference avec Mr I'ambassadeur d'Angleterre. Lord Granville lui a remis I'extrait d'une depeche adressee par Mr Canning a Mr Bosanquet, portant que I'Angleterre s'engage a ne demander aux nouveaux gouvernemens de I'Amerique Espagnole aucun privilege en sa faveur. II I'a informe des instructions que doivent rece- voir les Commissaires anglais pour traiter avec ces Gouvernemens. ^° Le Sens de ces instructions est que I'on ne traitera avec les nouveaux Etats qu'autant qu'ils auront la volonte ferme et inebranlable de ne jamais se soumettre a la Mere-patrie; qu'ils auront des moyens sufifisans pour s'opposer a toutes les tentatives que I'Espagne pourrait faire, et que leur existence sera assez solidement garantie pour qu'on puisse etablir avec eux des relations durables. Une ancienne Depeche qui remontait au commencement de 1823, a encore ete communiquee par Mr. I'ambassadeur d'Angleterre. Son gouvernement offrait alors a I'Espagne de garantir I'isle de Cuba de 24 Paris, Aff. fitr., Corresp. Pol., Espagne, vol. 731, fols, 163-164. 25 Bosanquet was charge at Madrid from the time when A'Court went to Lisbon until the arrival of Frederick Lamb, appointed' minister to Spain February 18, 1825. As to the reply of the Spanish Cabinet, see above, notes 21 and 22. 26 See Bagot, p. 277. AM. Hisr. KEV., vol . xxn. — 39. 6o6 Documents toute attaque exterieure, il proposait de le faire avec ses vaisseaux, a ses depends, sans demander I'occupation de quelque point de I'isle et sans stipuler aucun avantage en sa faveur. L'Espagne ne repondit pas, et cette proposition n'eut aucune suite. L'Angleterre ne communique aujourd'hui cette Depeche que comme un gage de sa bonne foi, et afin de la constater par des faits. Les Membres de la Conference rendront compte a leurs Cours de cette communication. Resume de la Conference du 17 fevrier/i Af ars 1825.^' Presens : M. M. ' ' L'Ambassadeur d'Autriche Le Ministre des affaires Etrangeres de France L'Ambassadeur de Russie Le Ministre de Prusse. M. L'Ambassadeur de Russie a fait lecture a la conference d'une depeche de sa cour en date du 9 fevrier dans laquelle sont articules les motifs qui doivent decider les souverains allies a persister dans les prin- cipes constitutifs et conservateurs de I'alliance et par consequent dans la resolution prise, non seulement de ne pas reconnaitre I'independance des Gouvernemens revolutionnaires qui se sont formes dans les dif- ferentes parties de I'Amerique Espagnole, mais de continuer a I'Espagne leur secours moral et de la mettre a pbrtee de profiter de toute leur influ- ence afin qu'elle parvienne a faire valoir et a retablir ses droits de pos- session et de souverainete sur les contrees insurgees. Les Membres de la Conference ont remarque que cette depeche indi- quait I'urgente necessite ou se trouve le Gouvernement Espagnol de reorganiser le plus promptement possible 1' administration interieure du royaume ; de reconcilier les habitants, d'etablir I'ordre dans les finances, de coordonner enfin les forces de la Monarchic, de maniere a les rendre disponibles et a les mettre en etat de se porter partout 6u elles pourraient soutenir les droits de sa Majeste Catholique. En consequence ils ont juge qu'il sera infiniment utile de faire parvenir a M. le Ministre de Russie a Madrid^^ le contenu de la meme depeche avec priere de la com- muniquer a ses collegues dans le but de se concerter ensemble et d'arri- ver aux expediens les plus propres a porter Sa Majeste Catholique et son Ministere a en adopter les maximes. La Conference a egalement pris connaissance de la depeche du Cabi- net de St. Petersbourg adressee a M. le Comte de Liewen et destinee a servir de reponse verbale a la communication faite sous la meme forme par le Ministere Britannique relativement aux traites de commerce qu'il fait negocier avec les Gouvernemens revolutionnaires de Buenos-Ayres, de la Columbie, et du Mexique, et a la reconnaissance de fait qui en serait le resultat.^^ Les membres reunis regardent les principes consacres par la note du 27 Paris, Afif. £tr., Corresp. Pol., Espagne, vol. 731, fols. 331-332. 28 Count d'Oubril. 29 On this communication, and Canning's evasion of the efforts made with it by Count Lieven, Prince Esterhazy, and Baron Maltzahn, see Canning's amusing letter^of March 4, 1825, to Granville, in Stapleton, George Canning and his Times. pp. 429-431. r=;> xTWsrfJr; , Protocols respecting SpMiish America 607 Cabinet de Russie comme con formes au droit des gens et aux traites qui ont seryi de base a la reconstruction politique et a la pacification de I'Europe, ainsi qu'aux doctrines professees a cet egard par leurs Cours respectives. L'Ambassadeur de Russie a communique en outre a la conference, une depeche en date du 19/31 Janvier dans laquelle I'Empereur son maitre justement frappe des expressions du discours tenu par le Sr. Quartel qui se qualifie d'Agent du gouvernement des Pays bas aupres des au- torites revolutionnaires de la Colombie, invite les cours alliees a faire des demarches par leurs representans pour que Sa Majeste Neerlandaise veuille s'abstenir de tout acte de declaration ou traite tendant a recon- naitre directement ou indirectement I'independance des Gouvernemens revolutionnaires susdits. L'Ambassadeur de Russie a ajoute que son auguste maitre empresse de prevenir toute determination precipitee et contraire aux vues de I'alliance de la part du Roi des Pays bas, venait d^adresser des ordres supplementaires au Comte Gourieff, son charge d'affaires, a Bruxelles,3» afin que celui-ci fasse connaitre a cette Cour d'une maniere amicale et confidentielle les intentions et la juste sollici- tude du cabinet Imperial. Les Membres de la Conference ont observe qu'ils avaient deja pris cette matiere en consideration selon les principes et dans le but indique par la Cour de Russie. M. le Baron de Damas a ajoute que les memes voeux avaient ete emis au nom du Roi, aupres du gouvernement des Pays-bas et que celui-ci ayant desavoue le discours attribue a M. de Quartel semblait desavouer aussi le projet qu'on parais- sait lui supposer de vouloir reconnaitre I'independance des autorites revolutionnaires. M. I'Ambassadeur d'Autriche et M. le Ministre de Prusse ont declare n'avoir pas encore recu de leurs Cours respectives les ordres necessaires pour les autoriser a faire aupres du Gouvernement des Pays-bas les demarches proposees par le Cabinet de Russie. La Conference s'est par consequent reserve de prendre cet objet en consideration lorsque les ordres susmentionnes seront parvenus. Resume de la Conference du 6 mars 1825.^1 Presens M M. Les Ambassadeurs d'Autriche et de Russie, Le Ministre Plenip'e de Prusse et le Ministre des Affaires Etrangeres. Les Membres de la Conference ont remarque que la penible situation de I'Espagne a I'egard de ses colonies d'Amerique se trouvait encore agravee par les discussions de cette Puissance avec les Etats-Unis. Les Americains reclament I'execution pleine et entiere du traite du 22 fevrier 1819, en vertu duquel I'Espagne leur a cede les florides; ils se plaignent de ce que les Archives et documens qui concernent la pro- priete et la Souverainete de ces provinces ne leur ont pas ete remis.^^ 30 It will be remembered that at this time the capital of the kingdom of the Netherlands was Brussels. The young Count Guriev, son of the Russian minister of finance, was Nesselrode's brother-in-law, lately appointed to the diplomatic service. SI Paris, Aff. £tr., Corresp. Pol.. Espagne, vol. 731, fols. 36S-369V. 32 The history of this matter may be traced in Hill, Descriptive Catalogue of the Papeles de Cuba (Carnegie Institution of Washington, 1916), pp. xxii-xxiii ; in Perez, Guide to the Cuban Archives, pp. 76-77; and in American State Papers, Foreign Relations, IV. 740-808. 6o8 Documents Et comme des Corsaires, illegalement armes dans I'isle de Cuba in- festent les mers des Antilles, des propositions ont ete faites au Congres, pour qu'il augmentat le nombre des batimens amies en guerre et pour qu'il autorisat la marine des Etats-Unis a Poursuivre a terre les Pirates, et a bloquer les portes ou ils se seraient refugies.^^ L'opinion des Membres de la Conference est que I'Espagne ne pour- rait pas sans accroitre encore ses embarras prolonger avec les Etats- Unis ses contestations, et qu'Elle doit leur remettre tous les documens indiques dans le traite de Cession. L'impunite des Pirates dans les Colonies qui lui appartiennent ex- poserait I'Espagne a des dangers encore plus graves. Ce Gouvernement ne saurait prendre de trop promptes mesures pour arreter et punir la piraterie. La repression de ce fleau interesse toutes les nations Com- merqantes autant que ses propres sujets: il faut qu'il les rassure par la severite de ses lois centre les forbans, et surtout par des poursuites effectives. L'Espagne ne doit rien epargner pour Conserver I'isIe de Cuba. II est necessaire d'envoyer et d'entretenir dans une Colonic, si importante par sa situation et par sa richesse, un nombre de troupes suffisant, pour faire respecter I'autorite et les droits du Souverain. Les Membres de la Conference ne peuvent trop insister pour que S. M. C. donne a son decret du 9 fevrier 1824, sur la liberie du Com- merce des Colonies,^'' toutes les suites qui dependent encore d'Elle. D'importantes Colonies dans le golfe du Mexique et dans les mers de I'asie, ont ete jusqu'a present inebranlables dans leur fidelite: Des dispositions bienveillantes et avantageuses maintiendront leur f oi ; et pourront avoir encore quelque influence sur les Colonies insurgees. Les Conseils donnes a I'Espagne, pour preserver ses possessions de I'irruption des doctrines qui tendent a les separer irrevocablement de la mere patrie, lui sont renouvelles avec instance; et les Membres de la Conference reconnaissent plus que jamais la necessite de prendre de bonnes mesures en Espagne, pour se retrouver en Amerique dans une position plus respectable. lis esperent que le Gouvernement Espagnol ne se laissera ni dominer ni decourager par les obstacles, et qu'apres s'etre prepare des ressources nouvelles par I'affermissement de la paix interieure et par une bonne Administration, il evitera des mesures isolees, combinera I'emploi de ses moyens, et rendra ses efforts plus efficaces en les suivant avec perseverance. Resume de la Seance du 19 avril 1825.^^ Presens, MM. L'Ambassadeur de Russia L'Ambassadeur d'Autriche L'Ministre Plenipotentiaire de Prusse et le Ministre des Affaires Etrangeres. Apres s'etre mutuellement communique les nouvelles qu'ils avaient reques de Madrid, les Membres de la Conference, constamment penetres des dispositions amicales de leurs Souverains envers I'Espagne, ont examine si, dans I'etat actuel des choses, il pouvait etre utile au service 33 See American State Papers, For. Rel., V. 489-505, 585, 589, and Senate Journal, January 13, 1825. *34 See note 10, above. 35 Paris, Aff. £tr., Corresp. Pol., Espagne, vol. 732, fols. 141— 144V. Protocols respecting Spanish A77ierica 609 de S. M. C. qu'ils donnassent quelque direction nouvelle aux Repre- sentans de leurs Cours a Madrid. lis ont reconnu avec une vive satisfaction que les conseils de ce Gouvernement etaient diriges avec plus d' ensemble, plus d'unite, et ten- daient a un but mieux defini. C'est a cette direction que I'Espagne doit Tamelioration sensible qu'on pent deja remarquer dans plusieurs branches de son administration. L'effet des mesures recemment adoptees, pour donner plus de regu- larite aux deliberations du Conseil, et pour conserver la trace de ses discussions, est d'assurer avec plus de certitude cette unite de vues et cette perseverance d'action, qui ont ete constamment I'objet des voeux et des demarches des Cours alliees, et qui sont si necessaires a la restaura- tion complete de la Monarchic. Les Representans de I'alliance a Madrid continueront done d'em- ployer tons leurs soins, pour que S. M. C, libre de toute influence personnelle et interessee, puisse immuablement suivre la voie qu'elle s'est ouverte, malgre des oppositions aussi hostiles que vives et multi- pliees. La Conference ne saurait trop insister sur une liberte d'action. sans laquelle le Gouvernement perdrait le pouvoir de faire le bien : Elle ne peut d'ailleurs qu'exprimer ses voeux sur les mesures d'adrainistration interieure ou exterieure, qui lui semblent devoir plus specialement oc- cuper le Gouvernement espagnol. L'etat de I'Administration, celui des finances, la Conservation des Colonies soumises, la situation de I'Espagne relativement a ses Colonies insurgees, Les relations de ce Gouvernement avec les Etats unis d'Amer- ique et avec la Regence d'Alger,^^ devaient particulierement attirer Tattention de la Conference. L'accord qui tend a s'etablir dans les Conseils de S. M. C. a deja produit d'heureux resultats. Ainsi le Gouvern't Espagnol s'est vu en etat d'occuper plusieurs Places, ou jusqu'alors des troupes franqaises avaient ete jugees necessaires : la paix publique n'a point ete troublee ; et quelque peu satisfaisant que soit le taux actuel des revenus de I'Espagne, neanmoins sa situation financiere parait amelioree. Rien ne prouve mieux la justesse des mesures prises par S. M. C, et les ressources qu'offrira I'Espagne, si les sujets fideles de S. M. C. continuent de remplir ses vues, avec cette Constance qui devient encore plus necessaire, dans un pays ou tant de troubles et d'agitations se sont succede[s]. Jusqu'a ce moment les banquiers etrangers se sont refuses aux propositions qui leur etaient faites au nom de I'Espagne pour obtenir un emprunt. II est probable que si le Gouvernement espagnol leur offrait enfin des garanties suffisantes pour assurer le payement de I'interet et un certain amortissement, Cet emprunt serait facilement conclu. Apres tant d'essais infructueux, il est difficile de croire que l'etat actuel de la legislation financiere de I'Espagne soit de nature a procurer aux Capita- listes les siiretes qu'ils recherchent avec tant de raison. Le Gouverne- ment espagnol devrait done employer tous ses soins a trouver des garanties dif¥erentes, et il semble qu'il pourrait les obtenir, soit par des 36 The relations between the Regency of Algiers and the French government were particularly strained at this time, on account of exorbitant demands by the Dey in connection with the French concessions and because of affronts to the French consul. At the same time relations with other European governments were hardly less critical. Five years later came the French conquest of Algeria. 6 1 o Documents moyens d' Administration, soit en recourant.au zele du Clerge, soit en assurant mieux la valeur et le recouvrement de tous ses revenus publics. Les Membres de la Conference sont convaincus que I'Espagne renferme en elle meme toutes les ressources dont elle a besoin, et qu'elles de- meureront comme ensevelies tant que des mesures administratives n'en favoriseront pas I'essor, en secondant le genereux devouement et I'en- ergie dont la nation espagnole a donne de si honorables exemples. Les Representans de I'Alliance a Madrid devront saisir toutes les occasions, pour appeller I'attention du Gouvernement de sa M'te C'que sur cet objet important. La Situation de I'lsle de Cuba merite egalement toute sa sollicitude. Quelques renforts ont ete envoyes ■a la havane;^'' mais les Membres de la Conference croient que, dans I'etat actuel des choses en Amerique, I'Espagne doit faire de nouveaux efforts pour mettre cette Colonie a I'abri d'une attaque etrangere ou d'une tentative de factieux, ej: pour rassurer le Commerce, effraye par les actes de piraterie, dont la mer des Antilles est devenue le theatre. Quelles que soient les vues du Gouvernemefit Espagnol, a I'egard de ses autres possessions d' Amerique, leur accomplissement dependra beau- coup de I'efificacite des mesures qu'il aura prises dans I'isle de Cuba. En se fortifiant sur ce point, il peut infiuer puissamment sur le sort des autres possessions ; mais si ses efforts se divisaient la conserva- tion meme de cette importante colonie deviendrait incertaine. Depuis longtems les Ministres de I'Alliance ont engage le Gouverne- ment espagnol a s'occuper du sort de ses Colonies et a leur accorder toutes les facilites que doit faire desirer et que rend indispensables I'etat actuel du Commerce. lis ont souhaite que Ce Gouvernement adoptat toutes les consequences de son decret du 9 fevrier 1824; et en recon- naissant qu'il est entre dans cette voie, ils apprecient les dispositions genereuses et utiles que Sa M'te C'que a proclamees, mais le malheur des terns, de nombreux changemens d'administration, I'interruption fre- quente des relations entre les Colonies et la Mere Patrie, la necessite ou se sont yues les autorites locales d'adopter des mesures que les circonstances exigeaient, et sur lesquelles on n'avait pas le tems de consulter un Gouvernement trop eloigne, ont amene dans la marche des affaires, non seulement la Complication mais la Confusion. Ces cir- constances ont prive de toute action reguliere I'Administration, elles relachent, avec une progression effrayante, les liens qui unissaient les Colonies a la Mere patrie et elles finiront par les aneantir, si le Gouverne- ment Espagnol ne s'empresse d'y remedier. Les Membres de la Conference sont vu avec plaisir les dispositions de la Cour de Madrid envers les Etats Unis d' Amerique, ils' esperent que le prochain depart de M. Heredia pour Washington,^^ et I'adoption des Mesures qui seront prises pour I'encouragement du Commerce et la repression de la piraterie, mettront bientot un terme aux discussions de cette Puissance avec I'Espagne. 37 Reinforcements consisting of 900 men from the Canary Islands and of two battalions from Spain were sent to Cuba in 1S25. Guiteras, Historia de la Isla de Cuba, II. 296. 38 Heredia, for private reasons, declined to go to Washington, somewhat embarrassing his government. Before the departure, however, of the American minister, Hugh Nelson, he was informed that Francisco Tacon, a naval officer, then in London, would be sent out. Boislecomte to Damas, July 12, 1825, MSS. Aff. £tr., Corr. Pol., Espagne, vol. 773, fols. 53—59. Tacon did not come till 1827. Protocols respecting Spanish America 6 1 1 La Conference emet aussi le voeu que les differends entre I'Espagne et la Regence d' Alger soient termines a I'amiable. Tout espoir de negociation ne parait pas perdu, et dans la situation actuelle du Gouv- ernement espagnol, il senible qu'un arrangement pecuniaire devrait etre prefere. Resume de la Conference du 26 Juin 1825.^" Presens : L'Ambassadeur d'Autriche L'Ambassadeur de Russie Le Ministre des Aff. Etrang. de France Le Ministre de Prusse. Cette Conference avait pour objet de s'occuper du danger qui menace les Isles de Cuba et de Porto Ricco, comme aussi des propositions que le gouvern't. des Etats unis a I'intention de faire a I'Espagne relativement a ces Colonies. Le Ministre des affaires etrangeres a fait un expose succinct des informations parvenues sur ces differens points au gouvt. de S. M. T. C. et de I'opinion qu'il s'en est formee. II a annonce a la Conference qu'il se faisait un devoir de I'informer .que les Etats-unis ont propose a I'Angleterre de se concerter avec la france, pour offrir a I'Espagne la garantie des lies de Cuba et de Porto-Ricco, fortement menacees par les independans de I'Amerique espagnole, sous la condition que I'Espagne accepterait aussi la media- tion des trois puissances entre elle et ses colonies insurgees.'"* Le Ministre a ajoute qu'en effet les nouvelles re(;ues depuis quelque tems s'accordaient a representer File de Cuba comme placee dans une situation tres inquietante, tant a I'interieur qu'a I'exterieur. A I'interieur, les impots indirects sont fort eleves, et s'il faut en croire quelques rapports, fentretien des dernieres troupes arrivees d'Es- pagne a necessite I'etablissement d'un impot foncier inconnu jusques la [et a servi] par la meme fait pour augmenter les mauvaises disposi- tions des habitans. II parait d'ailleurs que les habitans de Cuba lies d'interets et d'habi- tudes avec Ceux du Mexique et tentes par les succes des independans montreraient quelques dispositions a rompre avec une metropole qui ne pent plus accorder que faiblement a cette colonie la protection qui lui devient tous les jours plus necessaire. Les dangers exterieurs, dans I'opinion du gouvernement des Etats- unis, ne semblent pas moins menaqans, attendu que les succes obtenus dernierement par les independans leur permettent de disposer de forces suffisantes pour attaquer I'lle de Cuba avec avantage. Le Gouvernement des Etats-unis pense done que I'Espagne ne doit plus songer a reconquerir ses colonies ; qu'elle est incapable de con- server Cuba avec ses propres forces, qu'en consequence elle doit desirer une garantie etrangere, et que cette garantie ne pent etre exercee utile- ment que par I'accord de la france, de I'Angleterre et des Etats-unis. La conference ayant exprime le desir de connaitre la pensee du gouvernement de S. M. T. C. sur cette proposition, le Ministre des 39 Paris, Aff. fitr., Corresp. Pol., Espagne, vol. 732, fols. 399-404V. 41 See J. M. Callahan, " Cuba and Anglo-American Relations ", in Annual Report of American Historical Association for 1897, pp. 195-215. 6 1 2 Documents affaires etrangeres a repondu que quelle que soit la situation de FEspagne vis-a-vis de ses colonies, son honneur et sa siirete exigent qu'elle n'ac- cepte point la garantie qui lui est offerte ; I'honneur parce que 1' Angle- terre et les Etats-unis ayant reconnu, malgre elle, I'independance des Colonies insurgees, elle ne peut recourir a leur protection ; la siirete, parce qu'apres la reconnaissance de I'independance de Buenos Ayres, de Colombie et du Mexique par I'Angleterre et les Etats Unis la garantie que ces puissances offrent pour Cuba pouvant necessiter I'emploi de leurs forces contre les principes qu'ils ont ouvertement admis, les met- trait en contradiction avec elles-memes, et quelque bonnefoi qu'elles pussent y apporter, I'ordre naturel des choses les entrainerait ; les principes d'insurrection mal combattus finiraient par dominer et par soustraire irrevocableinent a I'Espagne une colonie qu'il est dans leur interet meme qu'elle conserve encore. L'Espagne ne peut, ne doit done pas accepter la proposition qui lui sera faite; s'il y a jamais, mediation, I'Espagne ne peut prendre pour mediateurs que ses allies. Au reste, a-t-il ajoute, on ne peut dissimuler combien les circon- stances sont facheuses pour I'Espagne et delicates pour I'alliance ; car dans le cas ou celle-ci prendrait sur elle de garantir a I'Espagne la possession de Cuba, si, comme on ne peut s'empecher de le craindre, cette ile vient a suivre I'exemple des autres colonies insurgees, il est difficile de calculer tout ce qu'il en resulterait de penible pour I'alliance et de facheux pour I'interef des principes qu'elle defend. M. I'Ambassadeur de Russie a dit : que dans son opinion les dangers qui menacent les lies de Cuba et de Porto Ricco sont encore eloignes et qu'avant qu'ils puissent se realiser, I'Espagne pourra prendre les mesures necessaires a leur conservation; qu'ainsi I'objet pressant est de savoir si les forces aujourd'hui entretenues dans ces lies doivent suffire a leur defense, et dans le cas contraire d'inviter le gouv't espagnol a y en faire passer de nouvelles ; mais que dans I'etat des choses, c'est au secours des finances de I'Espagne qu'il faut courir. Le gouvernement anglais la presse de satisfaire aux reclamations qui resultent des creances particulieres des sujets de la grande Bretagne ; il est a craindre que, se trouvant hors d'etat d'y satisfaire, le gouv't espagnol ne se croie oblige a quelques concessions nuisibles a ses interets presens, plus encore a ses interets futurs. Douze millions environ suffiraient pour "^'acquitter envers I'angle- terre. L'ambassadeur de Russie a demande si la france ne pourrait pas en faire I'avance. Le Ministre des- affaires etrangeres a fait observer que la france ne pouvait etre dans I'intention d'offrir a I'Espagne une somme qui n'aurait d'autre destination que le payement de quelques crc- anciers anglais ; que si une somme quelconque devait tirer le gouv't espagnol de la triste situation ou il est, il serait facile de la fournir; mais qu'il est malheureusement certain que dans I'etat ou se trouve I'Espagne, cette ressource, tres precaire, ne remplirait pas son objet. Les sommes pretees seraient sacrifices aux exigeances du moment qui se renouvelleront tant que I'ordre ne se retablira pas dans les finances et I'on ne doit pas esperer qu'il en soit fait un emploi veritablement utile. Un palliatif ne pourrait suffire, il rendrait la position mutuelle des deux gouvernemens plus penible et n'aurait aucun resultat satisfaisant. Le Ministre a fait connaitre qu'au reste la france n'en est pas moins disppsee a aider I'Espagne. et qu'elle est prete a lui offrir de nouveau, et sous les memes garanties, I'arrangement qu'elle lui proposa I'annee ■ Protocols i^especting Spanish Afnerica 613 derniere (conference du 31 aout 1824) et qui consistait a prendre, en payement des sommes dont I'Espagne est redevable envers elle, un fonds en rentes dont le gouvernement franqais aurait fait la negociation. Cette mesure aurait I'avantage de creer pour I'usage du tresor d'Espagne une valeur qu'il dependrait de lui d'accroitre en mettant de I'exactitude dans le service des arrerages. Au surplus, I'Espagne entre depuis quelque tems dans les voies qui doivent la conduire a une meilleure situation, et la marche du ministere actuel peut donner I'espoir de voir retablir I'ordre dans les finances et consequemment le credit public. A la suite de ces explications, I'opinion unanime de la conference a ete : que I'Espagne ne doit point accepter la garantie qui sera proposee par les Etats-unis et par I'angleterre ; Qu'il convient de I'inviter a completer les moyens de defense de Cuba et de Porto-Ricco ou a entretenir ceux qui y existent, s'ils parais- sent suffisans, et enfin a prendre toute autre mesure propre a garantir ces colonies du danger qui les menace; Que toutes les tentatives pour obtenir de I'argent par la voie des emprunts ordinaires ayant manque, et les efforts inutiles qu'on ne cesse de faire depuis deux ans a cet egard contribuant a augmenter le discredit de I'Espagne, il semble indispensable d' avoir recours a quelque autre moyen propre a detruire par le fait les preventions fausses ou sinistres existantes contre le gouvernement espagnol ; Que parnii ces moyens le projet deja propose de creer des inscrip- tions de rentes affectees au payement de la dette envers I'Angleterre et la france aux conditions qui seront arretees avec ces deux puissances, semble devoir etablir un commencement de credit susceptible de se deve- lopper par la suite d'une maniere avantageuse; Que I'interet de ces inscriptions serait payable a Londres et a Paris, par consequent les inscriptions elles memes negociables principalement sur ces deux places, avec la faveur du public et celle des gouv'ts re- spectifs interesses a les faire valoir ; Qu'a I'aide de cette emission I'Espagne pourrait en mettre en circu- lation pour son propre Compte, et moyennant I'exactitude a payer I'interet dans les lieux et aux epoques convenues, etablir un credit nou- veau qui ferait oublier les inconveniens resultant des evenemens passes; Que cette operation, apres avoir ete concertee avec la france et I'Angleterre chacune pour ce qui la concerne, devrait etre confiee a des maisons de banque d'un credit reconnu dans les deux pays, qu'il con- viendrait de charger aussi de toutes les autres operations financieres de I'Espagne a I'etranger, afin d'etablir I'unite et la solidite des operations susmentionnees ; Que le preliminaire de ce systeme ou de tout autre qu'il plaira au Roi Catholique de prendre, doit etre I'accord parfait du ministre des finances avec les autres ministres, et leur cooperation commune et sin- cere en faveur de ce qui aura ete delibere et arrete. Les membres de la conference sont convenus que le present protocole sera communique aux representans des cours a Madrid, afin qu'ils en fassent I'usage qu'ils jugeraient le plus convenable pour le maintien des principes qu'il contient et pour I'adoption des mesures qui y sont indiquees. 6 1 4 Documents Resume de la Conference du 17 Juillet 1825.*! , Presens : MM : L'Ambassadeur d'Autriche L'Ambassadeur de R'ussie Le Ministre des affaires etrangeres de france Le Ministre de Prtisse. Le Ministre des affaires etrangeres a donne connaissance a MM. les representans de I'Alliance d'une communication qu'il a regue de M. le Ministre des Etats-unis le 12 Juillet, et de la reponse qu'il y a faite : en voici la substance. Le Ministre des Etats-Unis a dit au nom de son gouvernement •^- " Personne n'ignore la situation respective de I'Espagne, et de ses colonies : a la verite I'ambition de Buonaparte a pu hater la separation qui s'est operee entre les colonies espagnoles et la mere-patrie : Mais cette separation meme etant dans la nature des choses ne pouvait man- quer de se realiser un jour; et I'Europe a du la prevoir, afin de s'eviter les complications qu'une revolution si importante devait amener a sa suite. " Le gouvernement des Etats-unis a cependant vu avec peine la sepa- ration de fait qui s'est operee entre I'Espagne et ses colonies ; II a em- ploye tons ses efforts pour empecher ses citoyens de preter des secours aux rebelles ; mais I'Espagne ayant successivement perdu toutes ses pos- sessions du continent, les interets du Commerce, I'esprit des peuples et la nature des institutions qui regissent le pays ne permettaient point a rUnion de meconnaitre un fait devenu irrevocable. " Le gouvernement des Etats-unis a done traite et [a] du traiter avec les nouveaux etats, Mais, comme la paix est le premier besoin des peu- ples, il fait des voeux pour que I'Espagne, en reconnaissant I'indepen- dance de ses colonies, consolide un etat de choses qu'il ne lui est plus pos- sible de changer. " Ce sacrifice, bien penible sans doute, pourrait cependant avoir de I'utilite pour I'Espagne, si, par la mediation de ses allies, elle y trouvait des compensations qui I'aidassent a sortir de I'etat de gene ou elle se trouve. " L'Espagne, d'ailleurs, doit mettre un grand prix a la conservation des Isles de Cuba et de Porto-Ricco, de la preiniere surtout qui, riche de ses productions et si heureusement placee pour dominer la mer des Antilles, lui donne le moyen d'influer puissamment sur les transactions commerciales des contrees voisines ; or, si I'etat actuel des choses se prolonge, nul doute qu'avant peu I'lsle de Cuba ne passe aux mains de ■ii Paris, Aff. £tr., Corresp. Pol., Espagne, vol. 733, fols. gg— 103V. ■*2 James Brown was at this time minister of the United States in Paris. An examination of the MS. " Instructions to Ministers " in the State Depart- ment reveals that the only instructions relating to the Spanish colonies sent by Clay to Brown during this period consisted of a copy of the instructions to Mid- dleton, at St. Petersburg, of May 10, 1825, a copy of which was also sent to King at London. These instructions are printed in Am. St. P., For. Rel., V. 846- 84g. A careful reading of them forces the conclusion that in proposing to join with the maritime powers to guarantee the possession of Cuba and Porto Rico to Spain on condition that the latter accept the mediation of those powers be- tween herself and her revolted colonies Brown exceeded the intent of his in- strucfions ; this of course assuming that his communication was correctly re- ported to the conference by Damas. Protocols respecting Spanish America 6 1 5 quelqu'un des nouveaux gouvernemens de la Colombie ou du Mexique, lesquels unis d'interet centre I'Espagne et pouvant disposer d'environ soixante mille hommes ne cesseront pas les hostilites tant que leur exist- ence ne sera pas legalement garantie. " On connait d'ailleurs la fermentation qui regne parmi les habitans de ces lies; on sait que des deputes ont ete envoyes par ceux de Cuba au gouvernement de Colombie ; et I'Espagne dans I'etat ou elle se trouve manque des moyens necessaires pour'conserver cette belle possession. " Les Etats-unis proposent done a la france et aux autres puissances maritimes de garantir a I'Espagne la possession de Cuba et de Porto- Ricco ; mais a condition qu'elle acceptera les memes puissances pour mediatrices entre elle et ses colonies insurgees." Le Ministre des affaires etrangeres a repondu : " Les Etats-unis ne se sont point mepris sur les voeux et les sentimens de la france; elle ne perdra jamais une occasion pour aider I'Espagne de ses bons oflSces, mais dans la circonstance presente, le gouvernement des Etats-unis ne pent ignorer que la france a des engagemens avec ses allies ; que, dans tous les cas, une off re de ce genre ne pourrait etre f aite a I'Espagne qu'avec le concours de 1' Alliance : et que meme en supposant que I'utilite de cette proposition fut reconnue par TAlliance, on n'en pourrait esperer aujourd'hui aucun succes; car on a la certitude qu'elle serait repoussee par le gouvernement espagnol. " L' Alliance attache sans doute un grand prix a .ce que I'Espagne conserve la possession des lies de Cuba et de Porto Ricco : C'est pour maintenir I'autorite de cette puissance et pour diminuer les dangers dont elle est menacee, que I'alliance a conseille a I'Espagne et a obtenu d'elle la suppression des lettres de marque qui jusqu' alors avaient ete de- livrees par les autorites espagnoles de Cuba :*' Mais elle desirerait que le gouvernement des Etats-unis obtint une mesure semblable du gouverne- ment de Colombie. II en resulterait une notable diminution du danger qui nait pour tous les etats commerqans de ce grand nombre de corsaires qui se sont repandus et qui se repandront encore dans toutes les mers ; Cette mesure previendrait une complication que tous les gbuvernemens doivent chercher a eviter." Le Ministre des Etats-unis a reconnu la justesse de cette observation: II a pense toutefois qu'il etait fort difficile de faire aux etats insurges la proposition dont il s'agit par la raison que les peuples de ces contrees regardent I'entretien des corsaires qui composent la presque totalite de leur marine, comme I'unique moyen de forcer I'Espagne a leur accorder les conditions qu'ils desirent. Le Ministre des Etats-unis a d'ailleurs ajoute que son gouvernement connaissait bien les obligations que I'alliance s'etait imposees, et que loin d'y trouver un obstacle aux propositions qu'il adressait au gouvernement franqais il desirait qu'elle se reunit a lui pour I'objet dont il emettait le voeu. Les membres de la Conference ont adhere aux principes qui ont dicte la reponse du Ministre : lis se reservent d'en rendre compte a leurs cours respectives. Apres cette communication les membres de la conference s'etant en- *3 On May 6, 1825, Zea Bermiidez informed Boislecomte, the French charge d'affaires at Madrid, that it was the intention of the king to suppress all letters of marque and to prohibit the issue of privateers' commissions in the West Indies. Paris, Aff. £tr., Corresp. Pol., Espagne, vol. 732, fol. 201. 6i6 Documents tretenus de I'etat actuel de I'Espagne et ayant cherche les conseils qu'il pourrait etre utiles de donner encore a cette puissance, sont tombes d' accord sur ce point: qu'apres les ameliorations deja obtenues dans I'administration, le premier interet du gouvernement espagnol consiste a retablir dans ses finances I'ordre necessaire pour le degager des exi- geances exterieures et des besoins interieurs qui le tourmentent ; qu'aucun des moyens qui ont ete examines jusqu'a present n'est preferable a celui qui a ete indique dans le protocole du 26 Juin; qu'en consequence le g'ouvern't espagnol doit reunir tous ses efforts, toutes ses facultes, pour emettre tant en Angleterre qu'en france les rentes necessaires pour s'acquitter envers ces deux pays : Le placement successif de ces rentes lui permettra d'en emettre pour son propre compte, soit simultanement, soit dans la suite, en continuant d'offrir aux preteurs. les garanties qui seront necessaires, et de fonder ainsi le systeme de credit qui lui est indispensable. Les membres de la Conference reconnaissent les obstacles qu'il faudra vaincre pour obtenir ce resultat si desire : mais il y va du salut de I'Espagne, et des lors, quelles que soient les resistances, il faut les briser. La Conference a arrete que les representans de I'alliance a Madrid seront invites a donner lecture du present protocole a M. le Ministre des affaires etrangeres de S. M. C.''* 44 The protocols of two later conferences, October 7, 1825, and May 26, 1826, are to be found in the same series, vol. 734, fol. 37, and vol. 736, fol. 151, but have not been copied because deemed of insufficient interest. The conference of October 7 dealt with the question of Mn.xican clergy and Spanish opposition to the reception by the pope of their representatives. The conference of May 26 was more general. iii ..ii