Lara: : Zal +DEARTIEICIALEPSPECT VA DESCR PP TEON D'UN GRAPHOMETRE UNIVERSEL, NOUVEL INSTRUMENT, PROPRE À DESSINER TOUTES SORTES D'OBJETS DE LA MANIERE LA PLUS EXACTE, ET LA PLUS PROMPTE:; FN V EN TE P AR A G EC K H A R D T, MEMBRE DE LA Socréré RoyALe À LoNDRESs. 29. F0 PR ON EN D GUN RENE S LFARMDRRF, IMPRIMÉ À LA HAYE, Ches NH MU NINT © H'UNA2 HN. MDCCLXXVIIL DESCRIPTION D'U N GRAPHOMETRE UNIVERSEL. Se CS PREMIERE PARTIE. Concernant l'Urilité de cet Inflrumenr. Es inventions les plus ingénieufes ne font jamais portées; dès leur origine, À un point ; de perfection tel, qu'il n’y aît plus rien à y cortiger däns la fuite. C’eft ainf qu’un grand nombre d’Inftrumens d’Optique, de Phyfique & de Méchäni- que tant fimples que compofés, bien que d’abord fort applaudis & admirés, n’en ont pas moins été depuis augmentés ou perfeétionnés de tems à autre. Il en a été de même de l’Inftrument qui fait le fujet de cette Differtation; il s’eft offert à Pesprit de l’Inventeur fous une forme füusceptible d’amélioration, en forte qu'après des épreu- ves réiterées , il a fenti qu’il lui feroit aifé de le corriger & de le conftruire avec plus de fim- plicité. Cette raifon, jointe à d’autres, a fait différer la publication de cet Ouvrage, malgré line tention & les efforts de l’Auteur ; mais il f flatte qu’elle lui fervira aufli de juftification auprès les Souftripteurs, qu’il efpere dédommager amplement de ce délai, d’un côté, parun plus grand degré de perfection donné à l’Inftrument , &, de l’autre, parce qu’en le retou- chant il a fait une découverte, par lexpofition de laquelle il & promet de furprendre agréa- blement le Public, Pour faire mieux fentir lutilité générale de cet Iriftrument, il ne fera pas hors de propos de donner d’avance une legère idée des grandes difficultés que l’on rencontre dans le Deffin, lorsqu'il eft queftion de repréfenter des objets de toute efpèce, conformément aux proportions & à la figure fous lesquelles ils fe préfentent à nos yeux. Perfonne, pour peu qu'il foit verfé dans les principes de la PerspeËtive, n’ignore, combien on eft gêné, même lors qu'il ne $a- git que de defliner des objets fimples & rectilignes. À x Il fr ( 2 ) fe TI faut pour cela, dans bien des cas, des papiers fort étendus & des règles très longues ; puisque l’on eft hors d’état de mettre en perspective sun objet, à moins d’en avoir levé le Plan par une mefure geométrique. Il faut, outre cela, fe fervir de la même méthode pour avoir la figure de l’objet en élévation ou en profil. Ehnfüite l’on eft obligé de mettre ces deux Plans, tant du profil que de la bafe de l’objet, en perspective, par un grand nombre de lignes parallèles &e obliques qui concourrent vers un point; l’on décrit & détermine enfin, au moyen de leurs points d’interfeétion & de plufieurs lignes ver- ticales & horizontales, la perspeétive de la figure de l’objet donné. Or tout cela devient fouvent impraticable, même à l'égard d’objets tout fimples, à raifon des circonftances: car il arrive quelquefois que lon ne fauroit lever le Plan ou le Profil convenablement d’une manie- re geométrique, lorsque les objets font inacceflibles, ou qu'ils ne peuvent être repréfentés ré- guliérement par le Deflin, comme plufeurs Edifices, Eglifes, Clochers & autres objets fem- blables, néceflaires cependant dans un Deflin ou un Tableau de perspeétive. D'ailleurs les points de diftance & principalement les points accidentels peuvent quelquefois couper la ligne de l'horizon par des angles fi aigus, c’eft-à-dire fe trouver placés tellement hors du Desfin, que l’on a beaucoup de difficulté à y atteindre avec les règles les plus longues, en forte qu’en ce cas l’on a befoin d’une trop grande furface de papier ou de tablette, pour fe met- tre en état de former la figure réelle ou apparente des objets, en n’y épargñant ni tems ni peine. Or s’il faut un fi grand appareil, une fi prodigieufe quantité de lignes pour le Deflin, non feulement des objets réguliers, mais encore des machines de toute efpèce, des moulures régu- lières, des vafes & des colomnes des cinq Ordres d’Architeéture , quoique ces derniers deman- dent encore plus d'appareil que les précédens, (comme le prouvent les Ouvrages de JEAN Vrepem Vrisse, de Jacques Scuser & autres ,) combien plus grandes, pour ne pas dire infurmontables, ne feront donc pas les difficultés à l'égard d’objets, dont on ne fauroit con- noître les courbes ni mefurer les plans, les élévations ou les profils? comme, par exemple, ceux du Corps humain ou des Animaux, des Végétaux &c. dont la forme apparente n’eft pas moins füjette à beaucoup d’altération par la hauteur & la diftance de notre œil, d’où réfültent l'allongement ou le raccourciflement des parties, & une difformité apparente de la Figure, ce qu’on voit vérifié entr’ autres par les Planches IL, &IV. La derniere fert au Desfin de Plafond, ou de Tapis de pied. Pour £ former une jufte idée de ces difficultés’, il ne faut que parcourir les Ouvrages de Lronarp DA Vincr, de Jean Cousin & d’'ALBErr Durer; ce dernier, fur- tout, ayant compofé un grand Traité fur les proportions du Corps humain. C’eft pour évicer ces difficultés, que laiffant à l'œil le foin de mefurer la perfpeétive fans le £cours du compas, on f contente d’ordinaire de deffiner ces objets à la main, la mefure geo- métrique , quand elle feroit praticable, ne fervant qu’à diftraire continuellement l’efprit , & exigeant un tems fi long, que le Deflin en contraËte une langueur & un froid qui lui ôtent tout Ju (3) PR tout fon prix. Ce n’eft donc que par une longue pratique & qu’en s’habituant à contempler les objets, que l’on acquiert, avec le favoir néceflaire , [habileté requife pour deffiner les objets au coup d'œil; & quoique l’un y réufliffe mieux que l’autre, le fuccès n’en refte pas moins dans la clafle des chofes incertaines. Les divers jugemens d’un Portrait qui, bien qu’exécuté par le meilleur Maître, eft cependant toujours fujet à critique, en forte que Pun y trouve moins & l’autre plus de reffemblance, font encore une preuve de ce que l’on avance. Qui oferoit d’ailleurs fe vanter d’être en état de defliner un même objet deux fois, dans {a juste proportion des parties, ou parfaitement femblable à la vuë, puisque fans doute l’une des figures fera toujours plus grande ou plus petite que l’autre dans quelques-unes de ces parties? Or comme il eft certain qu’il n’y a, pour chaque poñition de l’œil, qu’une feule repréfenta- tion vraie, il faut abfolument que l’une ou l’autre des figures fit défeétueufe, fi elles ne le font toutes les deux. Et fuppofé qu’on eût atteint une parfaite reffemblance , même au pre: mier Deflin, quel moyen a-t-on alors pour en avoir une certitude mathématique ? Si ces difficultés ont lieu dans le Deffin ordinaire, lorsque les objets font vus direétement de face & que l’œil eft accoutumé à les voir tous les jours, combien plus grandes ne feront-elles pas quand il s'agira d’un Deflin extraordinaire, que l’on ne traite que rarement, favoir lorsque les objets à defliner fe montrent olliqguement au-deffus ou au- deffous du plan de l'œil, & que le Tableau ne peut pas toujours être placé fuivant les règles de la Perfpeétive, comme, par exemple, quand on veut defliner un Plafond? Dans ce cas, le papier ou le tableau doit. fe placer parallèlement à horizon , au- deflus de l’œil, pour que l’on puiffe defliner d’en -bas, à la manière des Stucadeurs; La même chofe a lieu par rapport à des deflus de Por- tes, de Cheminées &c., qui non feulement fe voient obliquement de bas en haut à une grande diftance , mais, à la rigueur, doivent être deflinés comme des Tableaux de Plafond de cette même diftance ; ce qui eft presque impoñfible dans la plupart des cas, à caufe des grandes diftances, puisqu’alors la main du Deflinateur ne fauroit atteindre au Tableau. Lorsqu’en pareil cas le Deflinateur fe place plus près du Tableau, ou bien avance celui-ci vers fon œil, ce qui fait encore une différence confidérable, les traits de fon pinceau ou_de fon crayon fe trouvent par-là changés & rendus difformes devant fon œil, au-lieu qu'ils auroient repréfénté les contours parfaitement conformes à l’objet, s’ils avoient été vus & desii- nés à la vraic diftance. C’eft dans l’efpérance de furmonter ces difficultés autant qu'il eft posfible, que l’Inventeur de cet Inftrument s’eft appliqué à découvrir s’il n’y auroit pas moyen de desfiner, fuivant des principes plus furs, les contours des Corps irréguliers, & particuliérement fi l’on ne pourroit pas donner à un Peintre en Portraits, qui, plus que perfonne, doit vifer à la reffemblance, plus de certitude d'atteindre fon but. D’abord il eft imposfble, ainfi que le remarque M1- cHEL ANGE, de mefurer des objets irréguliers par le compas ordinaire, & quand cela fe- roit posfble, la multiplicité des opérations répandroit fur le travail trop de diftraction pour ne pas étouffer le génie. À 2 Ces PR (4 ) Fe Ces raifons ont conduit l’Invénteur à penfer ; (avec quelques Maîtres de l'Art, comme Scneinerus & SancroCLaro) qu'il feroit très utile de fe fervir d’un Inftrument à desfii ner, pour obtenir uné mefure exacte des objets; mais en même tems il a jugé que cet In- ftrument doit fatisfaire aux fept conditions fuivantes. 4. Qu'il puifle prendre des mefures mathématiques ou fures de toutes fortes d’objets. 2. Que la mefure puifle fe faire d’une maniere fi aifée, qu’elle donne au Desfinateur le moins de peine, lui prenne le moins de tems, & lui caufe le moins de diftraction posfible, afin que la marche de fon génie n’en foit pas retardée. 3. Qu'au moyen d’un tel Inftrument l’on puiffe non feulement mefurer les grandeurs, mais ausfi déterminer tous les raccourciflemens de Ieuts contours, avec leurs proportions dans une grandeur donnée, & pour cet effet que l’on puifle changer à volonté les points d'horizon & de diftance qu’il faut prendre. 4. Qu’après avoir pris ces mefures, l’on puiffe, l’inftant d’après, enlever l’Inftrument de deflus le papier, pour en laiffer l'accès libre au Desfinateur, comme aus le remettre d’abord, avec la dernière précifion, au point où il a été pendant qu’on a pris la mefure précédente. 5. Que la mefure des grandeurs en longueur, largeur ou hauteur, foit indiquée feulement par des points ;- fans qu’il faille en tracer la liaifon par des lignes ou des contours füivis, afin que le Desfinateur ne foit pas gêné par des traits, tandis qu'il dépend au refte de fon talent ou des feflorts de fon génie, de donner à fa figure les traits & ces touches vives & gracieufes que Von ne peut fe procurer par aucunes Rêgles ni par aucun Inftrument. 6: Que pendant la détermination des points l’Inftrument puifle commodément être arrêté chaque fois, pour que le Desfinateur, dans des mefures qui exigent une grande précifion, aît le tems de S’aflurer pleinement de la juftefle de fi mefure. 7- Qu’enfin en cas de befoin l’on puifle, dans l’ufage que l’on fait de l’Inftrument, fixer la per- fonne dont on tire le Portrait ou bien la Figure entière , après qu’elle a pris une certaine attitude. Pour démontrer maintenant que Le Graphometre univerfel eft conftruit de maniere à remplir ces conditions, & conftater ainfi fon utilité, il ne fera pas néceflaire de détailler ici toutes fes qualités; il faudroit pour cela avoir recours aux expériences, c’eft-h-dire mettre l’Inftrument lui- même fous les yeux. Les Planches ci-jointes doivent y fuppléer, de même que la Defcription complette des Machines qui le compofent, & que nous réfervons pour la feconde Partie; ainfi nous nous bornérons à préfent à faire l'expoñition de fes principaux avantages. Nous remarquons d’abord à l'égard du quatrieme Article, favoir la posfibilité de déplacer & d’enlever l’Inftrument à chaque inftant, qu’il peut l'être au moins trente fois dans une minute ; ce qui ne fait qu’une feconde pour chacun de ces mouvemens. Quant au fecond & au cinquieme Article, favoir de déterminer les mefures par des points, avec le moins de peine, de diftractions & dans le moins de tems , l’on eft en état de faire, avec le Graphometre, très facilement dans une minute ; une centaine de points & davantage, qui dé- ter- Ph ( 5 ) terminent différentes mefures & fervent à fixer même différens contours. On l’a déja véri- fié bien des fois entirant des Portraits en profil. II a de même la propriété indiquée dans l'Article fixieme, c’eft-à-dire qu’on peut aifément vérifier la jufteffe de la mefure qu’on a prife, en fixant l’Inftrument pendant quelque tems, Enfin, pour ce qui concerne la feptieme ou la derniere condition, lPAuteur à imaginé une espèce de Fauteuil, dans lequel s’asfied & fe fixe fins incommodité la perfonne dont on fait le Portrait. C’eft ainfi qu’on s’eft procuré ün nombre de Profils très reffemblans, dont l’Auteur fe pro- pofe de former deux Planches pour être ajoutées à celles qu’il a annoncées dans fon Profpeétus & qui paroîtront avec la féconde Partie de cet Ouvrage. Ce Graphometre univerfel diffère effentiellement de tous les Inftrumens de ce genre, cont nus jusqu’à préfent, principalement par fon mouvement fimple & reétilignesil n°eft point emba- raflé d'un ausfi grand nombre de leviers qu’on en trouve dans la conftruétion de presque tous les autres, qui à caufe de leur mouvement circulaire autour de leurs axes, font füjets à vacillers & à fe déranger continuellement. Il faut encore remarquer le frottement qu’ils fouffrent für le papier, ce qui joint aux inégalités de ce dernier, émoufle Bientôt la pointe du crayon & la cafe fouvent. Le Graphometre n’eft pas füjet à ce défaut, puisqu’en fe mouvant fur le päpier le crayon ne fait que toucher ce papier en pointillant & feulement à l’inftant où l’œil a mefu- ré une grandeur à travers la pinule. L'on a dontié à cet Inftrument le nom de GRAPHoME- TRE, parceque toutes fes mefures fe font par des rayons dont l'œil eft le centre. Ton a cru pouvoir y appliquer le farnom UnivERsEL, puisque par fon moyen l’on eft en état non feu- lement de lever les angles qui font compris dans un même plan, mais encore de déterminer & desfiner les objets dans toutes les directions & dans tous les plans, dans lesquels ils fe préfentent à nos yeux, ce qui le diftingue du Graphometre ordinaire. Dans fes opérations ce Graphometre n’eft pour ainfi dire point borné; du moins il procure plus d’aifance & de certitude qu'aucun autre Inftrument, puisqu'il peut aïder à desfiner de deux manieres différentes toutes les furfaces planes, favoir, füivant leur forme réëlle où apparente. La premiere maniere fe pratique, quand le papier, fur lequel on f propofe de desfiner, eft placé parallèlement à la furface plane de l’objet, ce qui donne un Desfin geométrique où il n’y a point de raccourciflemens; par cette maniere de desfiner l’on eft en état de lever des plans, pourvâû que l’on puifle & placer fur une hauteur convenable au-deflus du terrein: La feconde maniere de desfiner, pour laquelle le Graphometre eft principalement conftruit, s'exécute avec une autre poñition du papier & fert au Desfin en perfpeétive , tant ordinaire, qu’extraordinaire, pour des Plafonds, des Desfins, où Tableaux obliques ou horifontaux, donc la repréfentation, com- me on la dit plus haut, eft extrêmement difficile. Il ne faut pourtant pas s’imaginer que tou- tes les difficultés, dont on a fait mention, foient abfolument levées par cet Inftrument; Von na voulu infinuer que la facilité & le plus haut degré de perfection qu'il procure B dans fr ( 6 ) % dans bien des cas, en comparaïfon des Inftrumens connus jusqu’à préfent en ce genre. D'ailleurs cet Inftrument fert principalement à lever quelques difficultés très grandes, qui ont lieu dans les cas füivans. Premiérement lors que l’on eft aftreint abfolument à la reflem- blance des objets, comme en tirant des Portraits. En fcond lieu, lorsque l’on eft obligé de repréfenter des objets réguliers par des contours irréguliers & difformes, qui font étranges à l'œil & à la main. A l'égard du premier cas, il faut confidérer qu’à l’aide du Fauteuil, dont on a parlé, l’on peut mettre le Desfinateur en état de prendre, par le Graphometre univerfel, autant de points que bon lui femble des principales parties de la tête ou de la face, foit devant ou en profil, comme par exemple la hauteur & la largeur du front, celle de la tête, la diftance entre les yeux & leur largeur, la groffeur & la largeur des oreilles, ainfi que quelques traits des plus caractéri- ftiques, & les points de l'attitude. Peu de minutes foffifent pour faire cette opération, après quoi le Peintre, lorsqu'il veut achever le Portrait, peut, en remettant la perfonne dans la même atti- tude, non-feulement fe règler fur ces points, avec la plus grande facilité & confiance ; mais ausfi faifir beaucoup mieux la resfemblance & finir le Portrait. Quant au fecond cas, fi l’on faitattention que les contours irréguliers ou difformes font non feulement très difficiles à copier à la main, mais aus peu propres à être vérifiés à l’égard deleur jufteffe, avant qu’on y aît ajouté les enfoncemens néceffaires, c’eftun double avantage qu’on puifle, avec l’Inftrument, multiplier au befoin les me- füres ou les points, afin que les contours difformes paroisfent tout formés, ce qu’on peut faire avec aifance, puisque les contours en queftion fe prennent d'ordinaire de mafles en pierre, en bois ou en plâtre, que l’on peut mettre en une même poftion beaucoup plus longtems, que les objets animés, & qu’on peut pofer d’une certaine maniere oblique ou horifontale, füivant ce qu’il fera indiqué dans la feconde Partie de cet Ouvrage ; Pour en donner un échantillon, on a repréfenté exprès, dans les Planches III & IV, ainfi que dans presque toutes les autres, les contours des Fi- gures par des points, pris pour cet effet en ausf grand nombre par lPInftrument même. On peut conclure par cette opération mathématique , que des gens, qui n’ont même aucune fcien- ce de l'Art de Peinture, peuvent fe procurer le plaifir de desfiner, par le moyen de notre Gra- phometre, les contours des objets d’une maniere facile & fûre. Car nous croyons avoir démon- tré que l'opération ne fouffre point d’inconvénient, & que lon peut s’y fier; c’eft ce qu'indi- que l’admirable reflemblance de ces contours en profil fans aucun enfoncement, que l’on a vu produire par les gens dont on parle. Pour ce qui eft de la façon de déterminer avec AuserT Durer les différentes propor- tions du Corps humain, comme elle eft purement fondée für les principes de la Perfpeétive, Vufage de ce nouvel Inftrument non feulement donne une aïfance confidérable au Desfi- nateur, dans la mefure de ces proportions, mais ausfi le met en état de les déterminer avec une très grande juftefle. Pour cet effet on pourroit f fervir de figures en cire, ou en plâtre, moulées für le vif ou fur les meilleures antiques de grandeur naturelle. Il devroit alors met- fn (7 ) À mettre ces mafles à une diftance convenable fuivant les règles ordinaires de Ia Perfpective & enfuite en lever toutes les parties principales, les faifant pointiller par le moyen du Graphometre par quelqu’un entendu dans l’Anatomie & le Desfin. Par-là non feulement on obtiendroit tou- tes Îes grandeurs & les mefures d’une maniere fure & jufte, mais ausfi toutes les courbes & les contours féroient determinés avec la même exattitude. Lorsqu’enfüite la main d’un Peintre, guidée par ces dimenfions, les liera par des traits pleins de grace & de vie, les modèles, qui fe feront ainfi, montreront plus furement aux Apprentifs la Nature dans fs proportions, & pourront leur férvir de leçons fondamentales de Peinture. Mais malgré ce que nous venons de dire, l’on objeétera peut-être, que l’ufâge de tous les Infirumens en général & par conféquent de celui-ci, eft plutôt nuifible qu'avantageux au Peintre, par la contrainte où il met le génie: peut-être nous repétera-t-on, d’après Micner ANGE, que les yeux des grands Maîtres font leur ful & vrai Compas: Sans.entrer dans une longue discuffion à cet égard, nous prierons feulement le Leéteur de confidérer, fi la Poéfie & la Mufique ne demandent pas, aufli bien que la Peinture, un certain enthoufasme & un génie libre? Or a-t-on jamais dit ou penfé relativement à ces deux Arts liberaux, que létabliffement de règles conftantes mit des entraves au génie & l’empéchât de déployer toute fa faculté? Pourquoi donc une méthode fre pour mefürer les grandeurs & les proportions, qui coute fi peu à l’efprit, feroit-elle préjudiciable au Peintre 2 Cependant lorsqu'on fuppo- fe que le Graphometre univerfel ne feroit d’aucune utilité pour un Peintre , nous penfons qu'il lui refte encore aflez de prérogatives qui établifint fon utilité de la maniere la plus claire & doivent convaincre de fa valeur tous ceux qui jugent fans préjugés: on a en vue ici principale- ment le deflin & la repréfentation en perfpeétive de tous les objets réguliers, comme aufli d’Edi- fices, Clochers, &c. même de toute fortes de Machines, qui font repréfentées d’abord en perfbec- tive par le Graphometre, fans l'embarras d’aucunes lignes, finon celles qui appartiennent réël- lement à la figure, & fans aucune mefure avec le Compas, comme on le voit clairement par l'exemple de la Vue perfpeétive du Vivier, on Planche XI, laquelle a été faite, par cet Inftru- ment , dans toute fon étendue, en moins d’une demi journée, de la fenêtre d’une Maifon fituée au milieu du Xorren Vyverberg ici à la Haye. Voyez encore les Planches VI, VII, VIII & IX. Tout ceci, ainfi que l’ufage, le manîment & la conftruétion de Pnftrument même, fera décrit amplement dans la feconde Partie. Il réfülte de ce qui a étédit, que l'ufage de cet Inftrument eft général, mais principalement que fon utilité confifte plus à perfeétionner l’Art de defliner, qu’à apprendre le Deffin ; par confé- quent qu'il ef plus propre à des gens experts dans l'Art, qu’à des disciples: les premiers étant plus capables de faifir fà vraie deftination, d’en tirer le plus de profit, de découvrir & de fuivre mieux par fon moyen les loix de la Nature, & de vérifier avec plus de juftefle le degré de per- feétion ou d’habileté qu’ils ont acquis dans l’Art, en comparant les Deflins qu’ils ont fait à Ja main, avec Ceux qui ont été produits par l’Inftrument. B 2 Par fl ( 8 ) Fe ode les gens les plus inftruits & les plus experts pourront fe fervir de cet In- Par cette méth ftrument comme d’un moyen infaillible , pour découvrir & confulter la Nature elle-même. Car quoiqu'il foit certain, qu'avec un peu d’acquit dans le manîment de cet Inftrument, chacun fera capable d fices, des Clochers, &c. & en tirera ainfi un avantage réel, il ne refte pas moins certain que e deffiner par fon moyen tous les objets immobiles, tels que font des Edi- ceux, qui font experts dans l'Art, en tireront encore un plus grand avantage, vû qu’il eft indubi- table, que chacun ne verra ni n’obfervera, par exemple , les muscles du Corps humain , aufli fa- cilement & juftement qu’une perfonne qui s’eft appliquée particuliérement à cette étude. Ausf eft-il impolible, que tout le monde indifféremment tire le même avantage de cet In- ftrument: la différence entre la vue perçante de l’un & la vue foible de l’autre, avantage d’une main ferme qu’un Deflinateur expert a fur un Disciple, la peine que ce dernier eft obligé de £ donner däns le grand nombre de mefures qu’il lui faut, tandis qu’une perfonne plus avancée peut fe contenter de très peu de points, pour mefurer & pour defliner les figures: font autant de raifons qui mettront toujours une différence confidérable entre l’habileté de Pun ou de l’autre, fans que cela touche en aucune façon au mérite de l’Inftrument. Enfin, pour dire un mot des Planches qui font publiées dans cet Ouvrage, le feul but de PAuteur a été de démontrer, par leur moyen, les opérations du Graphometre univerfel & non de les donner comme des Chefs-d’œuvre ; c’eft par cette raïfon que les diftances & au- tres pofñtions ont été prifes quelquefois tout autrement qu’elles ne l’eûflent été par les Maîtres de l'Art. Ce ne font que des épreuves & des échantillons dans lesquels il ne faut pas même chercher toutes les proportions exactes des figures , puisqu'elles ont été desfinées d’après des plâtres de dix-huit jusqu'à trente pouces de hauteur , lesquels encore font toujours dé- fe6tueux, par les fréquentes copies & par l’adhéfion des parties dans la fufion; Il auroit été à fouhaiter d’avoir eu les plus parfaits de grandeur naturelle. Il faut encore confidérer que les Desfins ont été pris par une perfonne qui n’eft point verfée dans l’Art du Desfin, ce qui a été fait exprès, afin de convaincre par-là chacun, qu’ils n’ont pas été fait artiftement, mais {eu- lement par le fimple ufage & l'opération de l’Inftrument , & encore dans le rems qu’il n’avoit pas acquis le degré de perfeétion qui lui a été donné enfuite par l’Inventeur. L’on à fait ajouter, à quelques-uns d’entreux, les fonds & les ombres par des Artiftes, afin de faire mieux fortir les contours formés par fes mefures. vs “auvoin] sqoubIT V1 40Û 1491004 uno sl osoue atuotupp af inb 29 Suivi sduon np stand soumt so sainot suotuavSp seutuaosgp 4n0d & ‘end upuoss au aunp SoAfnii So Sn04 ougadlteg Uo 241404 anod osauoqdoss np pan op 428n£ vjpp 1ned u07 10 ssanpoud » say tuounagfuyg anb ser tuaupfiogad tuof sanos -409 527 ÉSnu24 au D UP P1 20 Wifsa 2 JsnP ouHu0o osmivu audop pirou D Sup 19G0 2448199 91 nb Soul 1 Q sun 9j 42u840d9 unod ana Ssanomuor Sap AWauaspituo auto] « aspuasd op ‘aallo 120 à ‘uofog sud vu uo sauge SIP *HU21G0] 2P A] suounaf-uou yo no auauoqdr4 np uoGou 2 #4 ph SQIUVIT SAN] SUP < 4004 Juos cpouvjquolfes 2j tuouuop 1nb “suorrsodoid so sainot *Serinl Csanoav.u) Sap A0 PU OPUPAS 2Unp quonbpfuos 404 vof 2412404004) 2T ap pufsaopu auguixe ounp {fe 472 inbsind rauvanol 4 uonb auod 101 @ 2Np?4 SA sanopuvaS sainot ap Sufsaqg Sp © ANPUL SEP 421402 Fe aned uo suounayfur 122 ap apioy Pub 00 ouf 4n0d Casouoqdvas op 40 pinopxo Suntusedrs 2P A421424427) PP É % aofsauon v, Île ‘sr A] MP 744 sofnf a 100p “jouiStao nveIQPI UnP usaqg 2 aaus/p4des eqourid ALLA 2 2 À ZHONVTId'X IT [ run 52772 #84 “so5nfCog sp © san4 sep souifsap anod tuaunufur 122 ap ping 2p 428 =nfinad uoy nop :epuunol-1uep aunp suiou- ua uisa(g, 29 pinopxa D au4awu0q{v.4) 27 ‘“jnan.4 2p sius1 9p dnoomveg ut sosopuvusp 1ub Sppuoip uvigi un atnop sur] no1pnof 1: “ocgodfaag v1 op so8es say auvoin] an: apjet aun soufsop 407 AH ON # TL d ‘EX din) 2 cop 22724 vasunfour no0 uonb ut2144T MP 2NPUIS 2P u01140044 opu imotunf gfe 18 “tele 109 anod “stop ‘senbiaspioon) Subid s1240] 3p 4203 r: tfc 1009 19/2. @ oxJ uonfod un 400,9 240] an onbnp usousaz np shfep-nb sjgvuenuor Anintq, sun # 722]? 1? 241214040047) 4 1 4 ÿ £ JÙ 2417 110P Aadod gsnv anad uog *ejeilt pa9 Cusoasog m0, evaofuo {fe uvid 2 nb sep anb suoupwo 10800 uQ 2 onbsaoy Juivnb & ‘aug nv 1U71004 aunfout 211 nfpa304 12 Sbd vu 007 anb 92 Saugua WI2442L 81 An] 42027 2 ane uonb 24ouvuw au CHU ) ( sy 2p ‘pufsap urjq Puv45 smd unp sud 204 urastoz Unp onbr4pu02s) ufsoq 2 121002 url ALL 1Ë D) 4 GA D 4 IH 9 N V I d ‘HX Pan